Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent des dernières interventions de Vladimir Poutine à propos de la milice Wagner.
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00:00 Europe 1.
00:01 Punchline, Laurence Ferrari sur Europe 1.
00:07 18h36, on se retrouve dans un instant dans Punchline sur CNews.
00:16 On a été rejoint par Vincent Herbette d'Europe 1. Bonsoir Vincent.
00:20 On va parler avec vous de la situation en Russie.
00:22 Simplement une petite information à propos de Nanterre.
00:25 On a évoqué ce refus d'obtempérer et la mort de ce jeune de 17 ans.
00:28 Une source policière indique plusieurs feux de containers sur une partie de la cité Zilina.
00:33 Une sorte de soirée visiblement sous tension qui commence à Nanterre après la mort de ce jeune de 17 ans.
00:38 On revient évidemment à ce sujet dès qu'on a de nouvelles informations.
00:41 Vincent Herbette est avec nous, donc je le disais.
00:43 On va évoquer Vladimir Poutine, mon cher Vincent.
00:45 Deux interventions dans la journée, ça faisait longtemps que ça n'était pas arrivé.
00:49 Tout cela pour parler de Wagner, d'Evgeny Prigozhin qui est désormais exfiltré vers le Belarus.
00:55 On ne sait pas quand est-ce qu'il arrivera.
00:57 Lukashenko, le président Belarus, dit d'ailleurs qu'il a demandé à Poutine de ne pas faire assassiner le patron de Wagner.
01:02 C'est-à-dire que le projet était largement dans les tuyaux.
01:04 On fait juste le point, si vous le permettez, avec Maxime Lavandier.
01:07 Et je vous passe la parole sur ce sujet.
01:09 C'est au Kremlin, devant les forces de sécurité et tapis rouges déroulés, que Vladimir Poutine a pris la parole.
01:16 Le leader russe a commencé par remercier ses soldats qui ont, selon ses termes,
01:20 empêché une guerre civile face aux rebelles de la milice Wagner.
01:23 Vous avez défendu le droit à la Constitution.
01:26 Vous avez défendu l'ordre constitutionnel, la vie, la sécurité et la liberté de nos concitoyens.
01:32 Sauvez notre patrie de turbulences.
01:34 Dans les faits, vous avez empêché une guerre civile.
01:37 Un combat héroïque de ses troupes, même s'il a mis des pertes dans ses rangs.
01:44 Des soldats auxquels le président a voulu rendre un dernier hommage.
01:48 Dans une deuxième allocution, Vladimir Poutine s'est penché plus longuement sur le cas de la milice Wagner.
01:55 Il indique qu'elle est financée entièrement par l'Etat russe.
01:58 Je tiens à ce que vous le sachiez tous.
02:04 Le soutien à l'ensemble du groupe Wagner a été entièrement assuré par l'Etat.
02:09 Rien que de mai 2022 à mai 2023, l'Etat a versé à Wagner près d'un milliard d'euros pour la maintenance et les paiements incitatifs.
02:21 Si le Kremlin a confirmé la levée de l'enquête sur Evgeny Prigojine,
02:25 le chef de la milice, mis à part un message audio, n'a pas été vu depuis la fin de sa rébellion.
02:30 Vincent Herouet, pourquoi est-ce que Vladimir Poutine décrit avec tant de précision face aux Russes
02:36 le fait que ça lui a coûté extrêmement cher d'entretenir Wagner, un milliard d'euros par an, dit-il ?
02:40 C'est pour le décrédibiliser ?
02:42 C'est paradoxal cette revendication.
02:44 La traduction véritable, c'est qu'il dit "on va vérifier que rien n'a été volé ou peut voler".
02:51 Peut voler !
02:53 Ce qui est admirable dans un pays qui est quand même extrêmement corrompu, c'est vrai,
02:57 qu'il le reste même s'il y a des efforts ont été faits.
03:00 Ce qui est important dans ce qu'on vient de voir, c'est le décor.
03:03 Il parle dans cette espèce de décor écrasant, de funérarium solennel, très soviétique de forme.
03:12 C'est l'État, il a besoin de se montrer, il a besoin de s'exhiber.
03:15 On est dans une guerre qui est très curieuse, où les acteurs sont à la fois très dissimulés,
03:21 pour ne pas dire vicieux, c'est du billard à 3-4 bandes à chaque fois,
03:24 et en même temps, donc très secrets, très dissimulés, et en même temps très exhibés.
03:30 Que ce soit Zelensky, que ce soit Prigogine, ce sont des gens qui n'arrêtent pas de se mettre en scène.
03:36 Et Poutine est un peu old-fashioned, il est un peu vieillot par rapport à ces deux créatures
03:43 qui ont une sorte de génie du marketing politique.
03:47 Mais bon, lui, il s'appuie sur l'État, et donc on a eu ces deux prises de parole aujourd'hui.
03:52 Et sur le fond, qu'est-ce qu'il dit ?
03:53 Il dit qu'on a évité de faire couler les sangs russes, c'est Louis XVI qui revendique sa faiblesse,
04:00 et en même temps, qu'il rend hommage à l'armée, c'est l'armée qui nous a sauvés.
04:04 Donc les miliciens, il va falloir qu'ils rentrent dans le rang maintenant.
04:07 Très bien, mais alors en disant le montant de ce que lui a coûté Wagner,
04:11 est-ce que ce n'est pas un aveu de faiblesse, au fond ?
04:13 Il a financé cette milice, qu'il va devoir intégrer.
04:18 Il y avait toujours des mentires, avant tout lien.
04:20 C'est quand même ça qui est fascinant, c'est que jusqu'à présent, Vladimir Poutine disait
04:24 "Wagner est une milice parfaitement privée, aucun lien, ni avec moi, ni avec l'État russe".
04:29 C'est vrai, ça c'est un aveu, c'est un premier aveu, et puis c'est un aveu de faiblesse,
04:33 et puis c'est en même temps un aveu fondamental, c'est-à-dire que
04:36 pour mener cette guerre en Ukraine, il a fallu faire appel à ses troupes irrégulières,
04:40 à ses hommes, des opérations spéciales qu'on avait reversées dans une organisation faite pour ça,
04:48 c'est-à-dire pour mener la guerre...
04:52 Une sale guerre.
04:53 Oui, mais pour mener toutes sortes d'opérations un peu tordues,
04:56 c'est-à-dire à la fois les petits malins qui envahissent le cyberespace,
05:03 les trolls, les drones...
05:08 Non, les trolls.
05:09 C'est sur Internet, ça.
05:10 C'est intéressant, c'est la guerre des trolls et des drones, maintenant.
05:12 Non mais les trolls qui, effectivement, se sont abattus sur l'Europe entière à chaque élection,
05:16 ça c'est quand même...
05:18 C'est Wagner, en premier.
05:19 La guerre, les mercenaires en Afrique qui nous ont en partie chassés,
05:24 d'ailleurs je suis très frappé de voir qu'on accepte les images qui ont été tournées à Rostov
05:30 comme pour "Argent content", c'est-à-dire le triomphe romain de Prigogine se retirant.
05:35 C'est pas un repli, c'est une sorte de plébiscite,
05:38 applaudi par la foule, on trouve ça tout à fait...
05:40 On prend ces images comme si c'était la réalité,
05:42 alors qu'il y a un an, c'était les soldats français qui étaient hués par une foule au Mali,
05:49 et c'était des images, là encore, qui avaient été mises en scène par Wagner.
05:53 Donc il faut être un peu moins naïf, il faut regarder ce que l'on voit,
05:57 mais il faut comprendre que c'est d'abord du marketing politique.
06:01 Justement, Vincent Herouet, ce qui est assez étonnant dans cette histoire,
06:03 c'est qu'on a l'impression que Wagner c'est fini,
06:05 mais en fait pas du tout, parce qu'en Afrique, Wagner ça va continuer.
06:08 La Russie a besoin de Wagner en Afrique.
06:10 C'est un problème un peu compliqué avec les Africains,
06:14 parce qu'ils viennent de se souvenir que tout d'un coup,
06:17 de vieille mémoire du temps de Bob Denard au Comore et puis avant au Zahir,
06:23 ils viennent de se souvenir que parfois il arrive que le chien a mort de son maître,
06:28 que le mercenaire se retourne contre celui qui le paye.
06:33 C'est arrivé sur une histoire de vieille combattant en Centrafrique.
06:37 Les Janissaires, on a toujours connu ça.
06:40 Et ce qui vient de se passer, cette rébellion en Ukraine,
06:44 secoue un peu tous ceux qui, notamment au Mali,
06:48 ont des relations qui deviennent un peu compliquées
06:52 avec ces forces de sécurité qui dépendent théoriquement de Moscou,
06:56 mais dont le lien est de plus en plus lâche.
06:58 En tout cas, ils vont continuer en Afrique, ça on n'y touche pas.
07:01 Ils vont continuer, ils vont se regrouper en Biélorussie, ça non plus on n'y touche pas.
07:06 Et les autres, il faudra qu'ils rentrent dans le rang.
07:08 C'est la grande géopolitique ça Vincent.
07:10 Non, il y a 5-6 000 hommes importants qui vont faire la guerre en Ukraine.
07:14 La relation Prigozhin-Poutine, elle est très intrigante.
07:18 Ils ne sont pas mariés.
07:19 Ils ne sont pas mariés, on l'a appelé le cuisinier Poutine.
07:22 Ils étaient extrêmement proches.
07:24 Il y a quelque chose, non pas proches,
07:27 vous me dites qu'ils n'ont jamais été proches.
07:29 L'un n'a pas pu agir sans le consentement de l'autre.
07:31 On aime les bandes dessinées, donc on aime bien les légendes.
07:34 Le cuistot de Poutine, le cuisinier, on n'en a pas trop.
07:37 Il était vraiment derrière les fourneaux en train de tourner les hot-dogs.
07:40 Il ne faut pas rigoler, ce n'est pas ça.
07:42 Ils ne se sont jamais embrassés sur la bouche.
07:44 Je veux dire, c'est un homme qui a été formé.
07:48 Ils ont tous les deux été éduqués dans les rues de Saint-Pétersbourg.
07:52 Ils ont connu les bagarres de rue.
07:55 Ensuite, il y en a un qui a tourné vers les forces de sécurité, c'est Poutine.
07:59 Et il y a l'autre qui s'est plutôt formé du côté du goulag, dans les camps,
08:03 où il a été rééduqué sévèrement, dix ans, et ça l'a endurci.
08:07 Et ensuite, ils ont trouvé matière de s'associer.
08:11 Mais bon, vous savez, l'amitié...
08:13 D'abord, il n'y a pas beaucoup d'amis quand vous montez...
08:15 En altitude, l'occident se réifie l'amitié aussi.
08:18 Oui, on est d'accord.
08:19 Où il y a des intérêts communs, où il y a des intérêts divergents.
08:21 Et là, ils ont divergé les intérêts.
08:23 Pour des gens qui ne respectent que le rapport de force,
08:25 l'histoire qui est intéressante, parce que Poutine s'appuie sur des forces irrégulières,
08:30 et ça lui revient comme un boomerang dans la figure.
08:32 Un an et demi après.
08:34 Et doublement aujourd'hui.
08:36 Parce qu'aujourd'hui, il y a toujours un fier à bras qui fait des siennes.
08:41 Et aujourd'hui, c'est l'Alexandre Loukachenko.
08:44 Président Mélarus !
08:46 Génie ou laquais, alors ?
08:47 C'est formidable !
08:48 Génie ou laquais ?
08:49 C'est le moujique de service, c'est l'ancien patron de Colcos.
08:53 C'est le type qui, il y a trois ans, aurait dû être renversé par la révolte.
08:58 Et d'ailleurs, il y a eu un moment d'hésitation au Kremlin,
09:01 où visiblement, ils se sont dit "mais après tout, ce Loukachenko,
09:05 il n'arrêtait pas d'essayer de jouer à l'indépendant, de s'affranchir,
09:09 et si on le laissait tomber, il commettait un homme à nous ?"
09:11 Et puis finalement, il l'a repêché, l'autre était à plat ventre et totalement servile.
09:16 Et maintenant, aujourd'hui, non seulement on lui a filé un rôle de médiateur,
09:19 mais alors il en abuse, et devant les siens,
09:21 il a expliqué qu'il avait donc conseillé à Poutine de ne pas assassiner Prigogine,
09:25 du moins pas tout de suite, la double ration de Polonium attendra.
09:28 Et puis il lui a dit aussi "nous avons été débordés".
09:31 Il parle d'un "nous" de majesté, quand il parle de ce qui s'est passé avec Prigogine.
09:35 Il dit "on a mal géré ça", comme s'il était associé à la direction.
09:41 - Alors passons à Jean-Sébastien, peut-être.
09:43 - Il a plus de 20 ans qu'il a signé un traité d'union avec la Russie,
09:46 et qu'il a réussi à ce qu'il ne soit jamais mis en oeuvre en jouant à l'idiot du village.
09:50 Mais Loukachenko, vous vous souvenez, au début de l'invasion aussi,
09:52 il avait dit "non, non, pas depuis la Biélorussie", etc.,
09:55 en se débrouillant pour que derrière lui, il y ait les plans de l'intervention russe.
09:59 Depuis la Biélorussie, il joue toujours, comme si c'était une gaffe, à l'imbécile,
10:03 et il tire toujours, toujours son épingle du jeu.
10:05 - Est-ce que Vladimir Poutine a l'intention de faire assassiner Prigogine ?
10:08 Loukachenko, dont on parle à l'instant, dit qu'il a demandé à Poutine de ne pas le faire assassiner.
10:14 - Oui, oui, il a lui conseillé. - Voilà, on se doute bien que c'est une arrière-pensée.
10:17 - Il lui a dit "on peut le buter, mais évite de le faire".
10:20 La première fois, non, la deuxième fois, on verra, mais bon.
10:23 - D'accord, c'est une tradition.
10:24 - C'est ce qu'il dit à son entourage, et qui est retransmis par la chaîne Télégramme
10:30 liée à la présidence biélorusse.
10:32 Alors là, on est vraiment dans une sorte de feuilleton...
10:36 Il aime beaucoup les feuilletons américains.
10:37 - Loukachenko ? - Loukachenko, il adore ça, il regarde les séries.
10:40 Il a trop vu les séries mafieuses, et vraiment, il reprend à la fois le discours,
10:46 et en même temps, c'est une sorte de concours de virilité, depuis 48 heures,
10:50 depuis la fin, à laquelle on ne comprend rien, parce que le cœur, quand même...
10:55 - Il ne s'est peut-être pas intervenu au départ.
10:56 - Le cœur de l'affaire, c'est quand même ça, c'est-à-dire qu'on ne connaît pas,
11:00 on ne sait pas très bien pourquoi Prigogine est parti à l'assaut,
11:03 et on ne sait surtout pas du tout les termes de l'arrangement qu'ils ont négocié.
11:10 Donc, il y a une partie véritablement énigmatique.
11:12 Mais en tout cas, ce qu'on voit aujourd'hui, c'est que Poutine s'est appuyé
11:16 sur deux subalternes douteux, qui aujourd'hui lui font payer ça très cher.
11:23 - Mais la vie de Prigogine est menacée, donc, si le président Loukachenko
11:27 demande à Poutine publiquement de ne pas l'assassiner.
11:30 - En Sicile, il y a un proverbe qui dit "la vie, c'est comme un bouton sur la veste".
11:35 La vie de Prigogine, à mon avis, elle est effectivement un peu fragile.
11:40 Il doit mal dormir la nuit, ce gars-là.
11:43 - J'en sais mal, ça fait un peu.
11:45 - Il y a quelque chose qui, je trouve, est assez frappant,
11:47 puisque Vladimir Poutine a multiplié les interventions.
11:49 À aucun moment, il n'a commenté ce qui était quand même...
11:51 On ne sait pas si c'est pour ça que Prigogine est intervenu,
11:53 mais en tout cas, il a porté ce discours-là,
11:55 puisque lui, il n'a pas parlé de mutinerie, mais de marche pour la justice,
11:58 en disant que la guerre, c'est ni fait ni à faire, c'est mal géré,
12:02 les soldats ne sont pas protégés, n'ont pas les bons armements,
12:05 pas les bonnes munitions.
12:07 Vladimir Poutine, à aucun moment, ne s'est prononcé,
12:10 justement, sur ce coeur d'accusation-là.
12:12 Cette guerre est à la fois infondée et malmenée.
12:15 Il a totalement zappé ça en ne retenant que la marche.
12:18 Mais bien sûr que c'est son intérêt de le faire.
12:20 En revanche, ça a été mis dans le débat public russe, quand même.
12:22 - Oui, mais la réponse de Poutine, c'est cet après-midi,
12:26 avec cette espèce de petite prise d'armes...
12:30 - Vendémifique.
12:32 - C'est-à-dire qu'il dit à l'armée "Vous avez sauvé la nation".
12:35 Et l'armée, de son côté, commence à dire
12:37 "Oui, il y a des âmes perdues, il y a des soldats qui se sont égarés,
12:41 mais on ne leur en voudra pas, leur patriotisme les sauve,
12:44 ils pourront réintégrer aujourd'hui".
12:46 Il y a 5 à 6 000 hommes qui sont aguerris dans Wagner.
12:50 Il y a les reprises de justice, il y a la valetaille qui se sert de chair à canon,
12:55 mais il y a aussi 5 à 6 000 professionnels
12:58 qui sont d'anciens officiers ou d'anciens sous-officiers,
13:01 il n'y a pas de sous-officiers, mais d'anciens soldats, en tout cas,
13:04 des vétérans de l'armée russe, qui doivent, qui ont à choisir,
13:08 soit de réintégrer des régiments, soit de partir en exil
13:12 ou carrément partir dans le civil.
13:14 Mais il y a la volonté quand même de les réintégrer.
13:17 Et on dit "Mais ces âmes perdues, il y avait sûrement l'Occident derrière
13:21 pour les manipuler".
13:22 Et ça, c'est quand même la grande idée.
13:24 Et d'ailleurs, c'est peut-être pas totalement faux,
13:27 puisque les services américains prétendent avoir su qu'un jour à l'avance,
13:32 ce qui allait se passer, et on a toute raison de les croire,
13:35 puisqu'après tout, ils étaient les seuls, contre tous les spécialistes,
13:38 à avancer la guerre.
13:39 On va tout écouter, si vous voulez, Louis de Ragnel.
13:42 D'abord Catherine Colonne, à la ministre des Affaires étrangères,
13:44 qui donne la vision de la France de cette affaire,
13:47 dont on ne connaît pas vraiment les tenants et les aboutissants.
13:49 Elle estime en tout cas que ça montre les failles russes.
13:52 Ces événements du week-end recèlent de nombreuses zones d'ombre.
13:58 Et sans doute, leurs conséquences n'ont-elles pas fini de se faire sentir.
14:02 Mais ils ont, à l'évidence, mis en lumière des fissures, des fractures,
14:09 et même, j'ai déjà utilisé l'expression, des failles,
14:12 au sein du système russe.
14:14 Et celles-ci sont très largement dues à la guerre que fait la Russie à l'Ukraine.
14:20 Alors d'abord, je le répète, nous n'avons en rien l'intention
14:23 de nous émisser dans ce qui est une affaire intérieure russe.
14:27 Mais notre responsabilité reste plus que jamais
14:32 de continuer d'être extrêmement vigilants
14:35 et de continuer à aider l'Ukraine à se défendre.
14:38 Vigilance et aide qui sont plus que jamais nécessaires
14:42 dans ce moment d'instabilité nouvelle.
14:44 Instabilité qui est causée par la Russie
14:47 et dont elle-même commence à avoir les conséquences sur elle-même.
14:51 Vincent Hergouet, on entend la ministre des Affaires étrangères
14:53 qui dit "on continuera à soutenir l'Ukraine".
14:55 Évidemment.
14:57 Ça, ça va sans dire.
14:59 La question c'est, est-ce que ça avantage l'Ukraine
15:01 ce qui s'est passé en Russie ou pas ?
15:03 En rien sur le terrain, pour l'instant.
15:05 A priori, ils n'ont pas replié de troupes, semble-t-il.
15:08 Moi, je peux vérifier ça, mais il semblerait qu'ils n'aient replié
15:10 aucune troupe de la ligne de front,
15:12 donc ils n'ont pas fragilisé leur défense.
15:14 Mais c'est vrai que c'est l'issue de cette épreuve de force en Ukraine
15:20 qui décidera du sort de Poutine et de Prigogine au bout du compte.
15:23 Ce qui est intéressant, quand même,
15:25 on sent à quel point Catherine Colonna est retenue.
15:29 Elle garde pour elle ce qu'elle sait,
15:32 ce que les services de renseignement savent,
15:34 mais on sent bien que côté occidental,
15:39 tout le monde a soudain mesuré à la fois la fragilité du régime
15:44 et le risque qu'elle représentait.
15:47 Au moins, Poutine, c'est un vieux diable,
15:50 mais on le connaît depuis le temps qu'on le fréquente.
15:52 Il vaut mieux avoir un vieux diable
15:55 que d'en avoir de nouveaux, beaucoup plus féroces,
15:58 et qu'on ne connaît pas.
15:59 Et puis la deuxième chose, c'est que...
16:01 - C'est-à-dire qu'on s'est aperçus tout d'un coup...
16:03 - ...le nouveau Slavie sera un problème de santé par rapport à la Russie.
16:06 - On s'est tout d'un coup aperçus que si Prigogine prenait le pouvoir en Russie
16:08 avec à sa disposition les centaines, voire milliers de givres nucléaires,
16:12 c'était un danger extrêmement grave.
16:15 - Oui, sauf qu'ils ne sont pas disponibles comme ça.
16:18 Ce n'est pas open bar avec les...
16:21 Non, je veux dire, il n'y a pas eu de menace,
16:24 il n'y a pas eu de risque, mais évidemment,
16:27 ce qui pose, après tout, l'éclatement de la Russie
16:30 en 27 républiques qui s'entre-dévorent,
16:33 ça réjouirait les Polonais et ça n'inquièterait personne
16:36 s'il n'y avait pas cet arsenal nucléaire.
16:38 Oui, bien sûr, on ne peut pas se permettre
16:40 de faire un pari comme ça hypothétique sur l'avenir,
16:43 parce que ce qu'on a vu,
16:45 et ce qui est extraordinaire,
16:47 il faut mesurer ça, c'est que Prigogine,
16:50 le boucher Prigogine, le voyou,
16:53 cet homme qu'on nous présentait comme l'abomination,
16:56 vraiment le mal incarné,
16:58 avec ses sbires assassinant à la masse
17:01 les hommes qui avaient trahi,
17:03 et se mettant en scène,
17:05 Prigogine, il a reçu le soutien, ce week-end,
17:08 de Khodorkovsky, vous savez, vous vous rappelez,
17:11 l'oligarque qui a été condamné en Sibérie,
17:14 qui maintenant est en Suisse,
17:16 Khodorkovsky s'est rallié à Prigogine,
17:18 le prisonnier qui a une sorte de masque de fer,
17:20 qui est le prisonnier du Kremlin,
17:22 qui est soumis héroïquement à...
17:24 Il vient de déclarer que Poutine est une menace pour la Russie.
17:27 Oui, l'Europe aussi a dit ça aujourd'hui,
17:29 l'Allemagne a dit ça aujourd'hui,
17:31 mais les deux hommes, ces deux hommes-là,
17:33 se sont ralliés à Prigogine.
17:35 C'est impossible pour des questions de circonstance,
17:37 parce qu'on sait bien que...
17:39 La République n'a aucune sympathie objective
17:41 pour M. Prigogine.
17:43 Oui, mais vous avez bien conscience
17:45 que ce n'est pas un démocrate qui va prendre le pouvoir
17:47 et tomber. - On est bien d'accord.
17:49 - Ce n'est pas un libéral, social-démocrate,
17:51 pratiquant la parrainelle,
17:53 et avec un bilan...
17:55 Non, ce sera un militaire,
17:57 ce sera un homme de la force,
17:59 des organes,
18:01 comme on dit là-bas.
18:03 - Dernier mot, Vincent,
18:05 cet emballement médiatique,
18:07 tout le week-end, tout le monde s'est pris
18:09 à penser que Vladimir Poutine pouvait tomber,
18:11 et pas du tout. - C'est formidable, moi j'adore.
18:13 - Il y a eu une espèce d'emballement...
18:15 - On ne sait pas grand-chose que la Russie... - Mais on s'en bat.
18:17 - ... est une énigme, etc.
18:19 Mais alors, la variation de température
18:21 sur les plateaux,
18:23 le brouillard de la guerre
18:25 sabattant sur les bateaux, fait dire à des gens
18:27 tout, et exactement son contraire
18:29 une demi-heure après dans une...
18:31 C'est vraiment la vérité de l'instant.
18:33 On ne va pas critiquer les médias, on en vit,
18:35 on en est, c'est un merveilleux boulot,
18:37 etc. Mais franchement,
18:39 on s'en a réussi. - Il y a des mots qu'on peut bien assumer.
18:41 - Franchement, on s'en a réussi.
18:43 - On a tout entendu. - C'est extraordinaire.
18:45 On entend tout en même temps.
18:47 Et par les mains. - Des égyptiens du KGB...
18:49 - Ceux qui parlaient de coup d'État...
18:51 Il y a eu le choix des mots, c'est-à-dire qu'à aucun moment
18:53 il n'y a eu de coup d'État, il n'y a pas de généraux
18:55 qui ont fait des fictions.
18:57 Prigogine était seule, il y a eu tout au plus
18:59 une mutinerie. - Oui, une tentative.
19:01 - Mais il n'y a pas eu de coup d'État. - Un poutch.
19:03 - Un poutch, exactement. - Un dernier mot, Vincent.
19:05 - Ce qui est formidable dans les médias, d'un mot, c'est que Prigogine,
19:07 justement, c'était le bouché aventure. - Et c'est la star.
19:09 - On ne le connaissait pas. - Et c'est la star.
19:11 - Et hier, c'était un homme d'affaires.
19:13 L'homme d'affaires, Prigogine.
19:15 - Extraordinaire.
19:17 - C'est une réalité.
19:19 - C'est un des comptes pour enfants.
19:21 - Merci. Mon Dieu. Il ne faut pas leur lire.
19:23 - T'es un homme d'étoile. - Merci beaucoup.