• l’année dernière
Transcription
00:00 Bonjour, aujourd'hui je vais vous raconter comment Sophie a fait l'amour à trois dans le train Venise-Paris.
00:05 Après son divorce, Sophie s'étiole, jusqu'à ce qu'elle s'enflamme follement pour Yvan, au point d'aller très loin.
00:16 Aucun signe depuis des heures, pas de réponse aux quatre textos que j'ai envoyés à l'homme dont je suis folle amoureuse.
00:22 Avec Yvan j'en bave, mais je revis, intensément.
00:27 Je sais que depuis mon divorce d'avec le père de Victor, mon fils de huit ans,
00:31 entre mon travail chez un commissaire priseur qui n'hésite pas à me coller des dossiers le week-end,
00:35 les déménagements, les ajustements de la garde alternée, je n'ai pas eu le temps de penser à moi.
00:40 Je ne compte plus mes soirées télé passées devant des séries à l'eau de rose débiles,
00:44 avec pour tout compagnon un gros pot de glace au caramel.
00:48 Mais en six mois, depuis qu'Yvan a fait irruption dans ma vie, tout ça s'est dû passer.
00:54 Et grâce à lui, je suis en pleine résurrection. J'ai perdu huit kilos,
00:57 je passe des nuits blanches à faire l'amour, et j'enchaîne les journées au bureau sans un soupçon de fatigue.
01:01 Mon secret ? Un solide réseau de baby-sitter pour pouvoir répondre présente quand Yvan m'appelle.
01:07 Ça sonne. Enfin ! Je te dérange, ma belle ?
01:11 La voix d'Yvan dans mon oreille, une vibration qui se propage dans mon ventre, une promesse de volupté.
01:18 Tu as ton fils ce soir ? Je me disais que tu pourrais peut-être venir dormir chez moi.
01:23 Enfin, dormir… Aucune hésitation, juste le temps de prendre ma voix calme et sensuelle.
01:28 J'arrive. Je fonce sous la douche, je textote la baby-sitter, je claque la porte et je me jette dans ses bras.
01:35 Si je culpabilise ? Pas du tout. Je rattrape le temps perdu.
01:39 Si Yvan en vaut la peine ? Jusqu'à présent j'en étais convaincue.
01:43 C'est un félin, un aventurier, un hédoniste.
01:46 Il a plaqué la vie de bureau il y a deux ans pour monter un restaurant gastronomique,
01:51 ne compte pas ses heures pour débusquer des produits rares et délicieux,
01:54 créer des événements, satisfaire sa clientèle huppée.
01:57 J'aime sa sensibilité, son regard sur les choses, le monde qu'il veut défendre, ses démons intérieurs.
02:04 Tout ce qu'il dit résonne en moi.
02:06 Certes, il ne veut pas rencontrer mon fils, mais je me dis que c'est normal.
02:10 Il n'a pas d'enfant et a tellement d'autres choses à faire.
02:13 À 40 ans, je sais que les hommes ont besoin de temps,
02:16 qu'il n'aime pas rendre des comptes et qu'il fuit les jalouses hystériques comme son ex.
02:20 Il continue de le harceler.
02:22 Avec Yvan, je me montre disponible, aimante et compréhensive.
02:26 J'encaisse tout, même si c'est vrai qu'il en profite.
02:29 Mes nuits d'angoisse à attendre ses appels, nos rendez-vous décidés au dernier moment,
02:35 ses faux bons, comment s'amuser.
02:37 Mais je suis tellement accro que je veux croire à cette histoire,
02:41 tout en sachant qu'au fond de moi, elle ne se terminera pas très bien.
02:46 Bon, mais je ne savais pas que la fin allait se profiler d'une façon si… surprenante.
02:50 À l'automne, je devais me rendre pour mon travail à la Biennale d'Art Contemporain de Venise.
02:56 Quelques jours avant le départ, une idée me traverse l'esprit.
02:59 Et si j'y emmenais Yvan ?
03:01 Je lui propose de m'accompagner et, contre toute attente,
03:04 il me répond dans l'heure, acceptant de s'accorder trois jours avec moi.
03:08 Aussitôt dit, aussitôt fait.
03:10 Je me désolidarise instantanément de mes collègues,
03:14 avec lesquels nous avons pourtant réservé depuis des mois billets d'avion et appartement
03:17 pour réduire nos frais de séjour.
03:19 Aux anges, je casse ma tirelire et réserve une cabine-couchette pour deux
03:23 dans le mythique Orient Express Paris-Venise,
03:26 ainsi qu'une suite dans un palace avec vue sur le Grand Canal.
03:29 Le jour du départ, lorsque j'arrive dans notre cabine,
03:33 la banquette est déjà transformée en lit.
03:35 Il est déjà là.
03:37 Magnétique, ardent, intense.
03:40 Il se jette sur moi.
03:43 Nos corps ont besoin l'un de l'autre, nos bouches et nos sexes aussi.
03:46 Cette nuit-là, Yvan me murmure les mots d'amour que j'attendais.
03:50 Nous ne faisons plus qu'un.
03:53 Je suis comblée, transportée.
03:55 Notre séjour à Venise ?
03:57 Amoureux, irréel, au-delà de mes espérances.
04:01 Je suis rassurée, je sens que notre histoire se concrétise et prend un nouvel élan.
04:06 Pendant ces trois jours, Yvan m'accompagne dans les mondanités où je fais bonne figure,
04:12 où je distribue ses cartes de visite.
04:13 Ma peau transpire son odeur, des courbatures me rappellent nos ébats.
04:17 Un fil invisible nous relie.
04:19 Lorsque nous montons dans le train du retour, nous sommes un couple amoureux.
04:24 Pourtant, quand je l'enlâce, il me repousse.
04:26 Un jeu sexuel ? Pas du tout.
04:28 Son ex vient de l'appeler.
04:30 Apprenant qu'il est parti à Venise, elle lui a fait une scène.
04:33 Notre fil est soudain distendu, je sens Yvan s'éloigner à nouveau.
04:38 Je croise mon reflet dans la vitre.
04:41 Une femme au trait tirée, dont les jartelles dépassent de la robe,
04:43 plantée à côté d'un très bel homme qui ne la regarde pas.
04:46 J'étouffe.
04:48 Il faut que je sorte de cette cabine.
04:50 Viens, on va boire un prosecco.
04:52 Dans le wagon-restaurant, une grande liane brune aux yeux violets,
04:56 moulée dans une robe couture, se saoule au bar.
04:59 Yvan est électrisé.
05:01 Étrangement, moi aussi.
05:04 La créature est espagnole, mannequin,
05:07 appelée à Venise pour un événement organisé par un sponsor de la Biennale.
05:10 Elle rentre chez elle à Paris.
05:12 De plus en plus sous,
05:14 elle commence à nous expliquer, avec son charmant accent,
05:18 à quel point sa phobie de l'avion freine sa carrière.
05:21 Cette beauté exotique nous réconcilie, Yvan et moi,
05:24 au point que nous achetons une bouteille de prosecco
05:27 et invitons la belle dans notre cabine.
05:29 En longeant les couloirs étroits qui nous y conduisent,
05:32 nos trois corps, désinhibés par l'alcool, se frôlent,
05:36 se pressent et s'agrippent les uns aux autres,
05:38 au gré du roulis du train.
05:40 À peine la porte refermée,
05:42 la créature se plaque contre Yvan et colle ses lèvres aux siennes.
05:45 Il détourne lentement la tête et, sans la repousser,
05:49 il se penche doucement vers moi et m'embrasse.
05:52 Ce baiser que j'attends depuis des heures,
05:55 et qui me liquéfie, je ne suis que désir.
05:58 J'entre-ouvre les yeux et découvre que la main
06:01 qui se glisse sous ma jupe n'est pas celle d'Yvan,
06:04 car lui-même caresse l'autre poitrine.
06:06 J'embrasse les bouches qui m'embrassent,
06:09 caresse les corps qui s'emmêlent,
06:11 prends du plaisir sans savoir qui me le donne.
06:14 Cette nuit-là, rien ne nous arrête,
06:17 ni les haut-parleurs qui annoncent les gares,
06:20 ni les douaniers qui font leur contrôle de routine.
06:22 Tout semble naturel.
06:24 Mais, soudain, le crissement des freins nous réveille.
06:27 Paris, gare de Lyon.
06:29 Nous découvrons nos corps nus,
06:32 les uns sur les autres, sur l'étroite couchette.
06:34 La belle Espagnole nous sourit.
06:37 Très à l'aise, elle rassemble ses affaires en silence,
06:40 se rhabille et disparaît.
06:42 Je me tourne vers Yvan,
06:44 attendant un mot sur la nuit que nous venons de passer.
06:47 Je veux lui dire que, avec lui,
06:49 je suis désormais prête à tout.
06:51 J'ai envie qu'il souligne ma liberté sexuelle,
06:54 mon ouverture d'esprit,
06:56 qu'il me remercie d'avoir accepté ça.
06:58 Mais il regarde sa montre, l'air occupé,
07:01 "Merde, on a du retard, faut que je file là, on se rappelle."
07:04 Et il me plante sur le quai de la gare,
07:07 sans jamais me téléphoner ni même me faire un signe.
07:10 De quoi a-t-il eu peur ?
07:12 Qu'est-ce qu'il lui a pris ?
07:14 M'aurait-il répondu si je l'avais appelé ?
07:17 Je ne le saurais jamais.
07:19 Pour moi, ça a été la goutte d'eau, terminé, fini, j'avais assez donné.
07:23 "Il t'aimait, mais mal",
07:25 me répètent mes amis qui me soutiennent.
07:27 "Il t'aimait, mais mal",
07:30 me répètent mes amis qui me soutiennent.
07:31 Ce soir, mon fils est couché, la baby-sitter est là.
07:35 Je vais à un dîner organisé par des amis qui ont insisté pour me présenter quelqu'un.
07:40 Un homme sérieux, divorcé, et qui veut, comme toi, reconstruire sa vie, me disent-ils.
07:44 Pourquoi pas ?
07:46 En ce moment, tout est bon pour oublier Venise.
07:49 Et voilà, c'était mon histoire.
07:53 Je vous dis à très bientôt.
07:55 [Musique]
08:04 ♪ ♪ ♪

Recommandations