David Le Bars : «Force est de constater que le policier qui tire n'est pas en situation d'être écrasé par le véhicule»

  • l’année dernière
David Le Bars, secrétaire général SCPN Police : «Dès que j'ai vu les images, en tant que policier, force est de constater que le policier qui tire n'est pas en situation d'être écrasé par le véhicule. C'est incontestable. La question du tir légitime se pose».
Transcript
00:00 Je vais être très prudent pour m'imposer ce que je maintiens depuis hier,
00:05 à savoir de ne pas faire le procès dans les médias, mais pour autant j'ai des yeux.
00:08 Dès que j'ai vu les images, en tant que policier, avec une analyse un petit peu froide,
00:14 force est de constater que les policiers, et notamment celui qui tire,
00:17 n'est pas en situation d'être écrasé par le véhicule.
00:20 C'est incontestable.
00:22 Donc la question du tir légitime se pose.
00:25 La marge d'appréciation va se jouer sur ce qui a pu se passer avant,
00:29 mais ce qui va se passer avant, ce n'est pas non plus ce qui va déterminer ce qui aurait pu se passer après,
00:32 parce que ce n'est pas les policiers eux-mêmes qui étaient en situation de se faire écraser par le véhicule.
00:37 La marge d'appréciation, c'est peut-être ce qu'il y a dans le véhicule, on le saura peut-être dans l'enquête.
00:40 On ne sait pas si le conducteur ou le passager a exhibé une arme,
00:43 ça peut être aussi quelque chose qui sort de l'enquête,
00:45 mais encore une fois, aucun d'entre nous sur ce plateau n'a accès à l'enquête.
00:48 D'ailleurs, je suis un peu sidéré d'entendre autant d'avocats venir annoncer des choses complètement hallucinantes.
00:54 D'abord, autant d'avocats, il y en a plein qui sont autoproclamés avocats de la défense.
00:59 Je rappelle que juridiquement, la famille a le droit à un avocat,
01:02 mais je ne pense pas qu'ils en aient cinq ou six.
01:04 Et puis surtout, ils n'ont pas accès au dossier.
01:06 Donc tout ce que j'entends de la part des avocats, ce sont des déclarations pour certains d'ailleurs qui sont très politisées,
01:10 qui sont des condamnations dans le tribunal médiatique, ce que je ne ferai pas.
01:13 Mais le geste, ce qui nous est donné à la vue de cette image,
01:18 pose gravement question sur l'application du 435-1,
01:22 c'est-à-dire l'usage des armes dans le cadre de la nouvelle loi de 2017 et la légitime défense.
01:26 Il y a incontestablement une énorme question qui se pose.
01:29 Mais la réponse à cette question, c'est à l'issue de la garde à vue,
01:31 la décision qui sera prise et ensuite celle de la justice quand il sera présenté.
01:35 Pour le reste, c'est quand même important de peut-être avoir des éléments de contexte
01:41 quand il y aura une conférence de presse du procureur.
01:43 Parce que moi, ce que je constate, c'est qu'un policier...
01:45 Il est souhaitable qu'il s'exprime d'ailleurs ?
01:47 Oui, c'est souhaitable.
01:48 D'ailleurs, je constate qu'il ne le fait pas.
01:49 Dans d'autres affaires récentes, Annecy, le procureur, avait parlé très vite.
01:51 Là, il y a un silence de la justice.
01:53 On en aurait peut-être besoin dans cette cacophonie médiatique,
01:56 parce que la parole de la justice est très importante.
01:58 C'est la seule qui vaille, je dirais, vérité.
02:01 Peut-être que ce n'est pas le moment, parce que la justice elle-même est dans le flou.
02:04 Si le procureur ne parle pas, c'est aussi un signe.
02:06 On parle quand il y a des éléments à donner.
02:08 Moi, j'analyse aussi ça, non pas comme une peur.
02:11 Il y a aussi des déclarations de certains qui pensent que la justice de Nanterre
02:14 est corrompue et qu'il faut dépayser.
02:16 Je lis et j'entends des choses extrêmement choquantes.
02:19 Mais ce qui est très important, c'est d'analyser le fait qu'un policier de 38 ans
02:23 qui est connu comme étant quelqu'un de solide et de sérieux,
02:25 est visiblement en état de stress et d'énorme excitation.
02:28 Et donc, il a dû se passer des choses avant.
02:30 Alors, ça éclairera l'ensemble du dossier.
02:32 Ça ne justifiera sans doute pas un tir qui n'est pas légitime.
02:35 Mais je prends des précautions, parce qu'encore une fois,
02:37 ce n'est pas moi qui vais le dire.
02:38 Et en plus, je suis policier.
02:39 Il est l'heure de questions que je me substitue à la voix de la justice.
02:42 [Musique]
02:45 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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