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Sonia Mabrouk reçoit les acteurs de l'info du jour, nos experts et nos journalistes dans #MidiNews

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00:00:00 Et donc au sommaire de votre émission, bâtiments publics dégradés, magasins pillés, véhicules incendiés,
00:00:06 troisième nuit d'émeutes et de violences qui s'étendent désormais à la France entière.
00:00:10 Nous verrons aujourd'hui les images des dégâts causés aux quatre coins du pays, Paris, Nantes ou encore au Bervilliers.
00:00:16 Et vous verrez que malheureusement les premières victimes de cette situation sont les habitants des quartiers eux-mêmes
00:00:21 qui se retrouvent privés de nombreux services publics.
00:00:23 La mobilisation des forces de l'ordre, 40 000 policiers et gendarmes n'aura pas empêché des événements d'une rare violence.
00:00:30 249 agents ont été blessés la nuit dernière, 667 personnes interpellées.
00:00:35 Les forces de l'ordre sont-elles dépassées ? Faut-il craindre une convergence des luttes avec des éléments d'ultra gauche la nuit prochaine ?
00:00:42 Je poserai bien sûr la question à mes invités et à mes spécialistes.
00:00:45 L'exécutif qui est évidemment sous pression à un an des JO, pour la deuxième fois en deux jours,
00:00:50 Emmanuel Macron va présider une cellule interministérielle de crise à 13h.
00:00:54 La première ministre Elisabeth Borne et son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin étaient tout à l'heure dans un commissariat d'Evry-Courcouronnes.
00:01:01 À droite, certains politiques réclament la mise en place de l'état d'urgence.
00:01:05 On va en parler avec tous mes invités dans quelques instants.
00:01:07 Mais tout d'abord, le journal, avec vous Barbara Durand-Karmona. Bonjour.
00:01:12 Bonjour Anthony, bonjour à tous.
00:01:14 À la une de ce vendredi 30 juin, la France sonnait après une nouvelle nuit marquée par les violences.
00:01:20 Le président de la République, Emmanuel Macron, a quitté le sommet européen de Bruxelles il y a une dizaine de minutes
00:01:25 et par conséquent annulé sa conférence de presse finale pour la deuxième fois en deux jours.
00:01:30 Vous l'avez dit, Emmanuel Macron va présider une cellule interministérielle de crise à 13h à Paris.
00:01:35 Et puis on l'a appris en fin de matinée, l'ONU demande à la France de se pencher sérieusement sur les profonds problèmes de racisme parmi ses forces de l'ordre.
00:01:44 La première ministre Elisabeth Borne et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin se sont rendus ce matin dans un commissariat d'Evry-Courcouronnes.
00:01:52 L'occasion pour le gouvernement de réitérer son soutien aux forces de l'ordre qui ont procédé la nuit dernière à 667 interpellations.
00:02:00 Au cours des violences survenues dans plusieurs villes du pays, 249 policiers et gendarmes ont été blessés.
00:02:07 Nous sommes venus apporter notre soutien à nos forces de l'ordre et saluer leur intervention tout au long de la nuit dernière.
00:02:16 Je veux vraiment rendre hommage à nos policiers, à nos gendarmes, à nos pompiers qui, ici comme dans d'autres villes, ont été très mobilisés ces dernières heures.
00:02:28 Ce sont en fait des individus très violents, notamment très jeunes, qui s'en prennent à nos commissariats, à des mairies, à des équipements publics.
00:02:39 Et je veux vraiment souligner que ces individus ne sont évidemment pas représentatifs des habitants qui sont tout aussi choqués que nous
00:02:48 et des élus qui sont eux-mêmes pris à partie par ces individus violents.
00:02:53 L'année dernière, à Aubervilliers, 13 bus ont été visés, 12 ont été complètement incendiés.
00:02:59 Un acte totalement scandaleux pour le ministre des Transports Clément Beaune. Écoutez-le.
00:03:04 Quand on voit nos services publics qui sont touchés, ça ne peut ajouter que l'injustice à l'injustice et que la colère à la colère.
00:03:11 Ça n'apporte évidemment aucune solution. Et donc il faut condamner extrêmement clairement et fermement ces violences.
00:03:17 Je vous le dis aussi, ici, Madame la maire, auprès de vous, parce que rien ne peut le justifier.
00:03:22 Et donc nos services publics, je le redis, sont au service de tous et notamment aux services les plus modestes.
00:03:27 Les transports du quotidien, les commissariats, les écoles apportent des solutions, apportent des réponses et les détruirent.
00:03:33 C'est au fond ajouter des difficultés à une situation déjà très difficile. On ne peut pas le tolérer, on ne peut pas le laisser passer.
00:03:39 Et puis pour les utilisateurs des transports en commun en Ile-de-France, c'est bien à noter que la circulation des bus et des tramways restera très perturbée.
00:03:47 Ce vendredi, c'est ce qu'a indiqué l'Aératp à Noisy-le-Grand en Seine-Saint-Denis.
00:03:52 Un collège également pris à partie, attaqué, incendié. Vous allez le voir sur ces images des actes de vandalisme dans l'établissement,
00:04:00 mais aussi aux abords avec, vous le voyez, ces voitures brûlées.
00:04:04 À Paris, des pillages et des dégâts ont également été signalés. Du côté de Châtelet, c'est en plein centre de la capitale.
00:04:10 Regardez ces images d'une vitrine d'un magasin de basket totalement caillassé.
00:04:14 Nos équipes ont pu rencontrer un jeune homme, témoin de cette scène. Il déplore des actes de vandalisme commis dans la boutique. Écoutez-le.
00:04:21 On se baladait du coup sur Châtelet et on se trouvait dans l'intérieur du forum.
00:04:26 Et on a entendu des cris et des émeutes, des gens qui commençaient à brûler des poubelles.
00:04:31 Et en fait, on s'est dirigé devant le Nike. Et c'est là où on a commencé à voir qu'ils essayaient d'enfoncer le Nike.
00:04:38 Ils sont rentrés et malheureusement, ils sont pris plein de vêtements.
00:04:42 Ça a été bizarre de se dire que, à ce qu'il paraît, c'est pour un bon geste.
00:04:50 Mais au final, ça se transforme en néant et ce n'est pas une bonne image que ça donne à Paris.
00:04:54 Ce n'est pas comme ça qu'on fait la justice. Là, actuellement, ça donne juste une mauvaise image à notre génération.
00:04:58 Des violences et des dégâts également en région. Cette fois-ci, à Saint-Herblain, en périphérie de Nantes, un magasin Lidl a été attaqué à la voiture Bélier.
00:05:08 Ce n'est pas n'importe quelle voiture, une voiture de luxe, une Porsche.
00:05:12 Michael Chaillot, bonjour. Vous êtes sur place à Nantes. L'année dernière a également été très compliquée. Racontez-nous.
00:05:18 Oui, tout à fait. Ce matin, c'est plutôt le ballet des dépanneuses auxquelles on assiste depuis le début de la matinée.
00:05:26 De nombreuses dépanneuses qui viennent chercher les véhicules incendiés un peu partout dans différents quartiers de la ville.
00:05:33 Il y a aussi ces lieux que vous avez cités. D'abord, ce magasin Lidl dont vous avez parlé. Vous avez montré des images.
00:05:38 Et puis, ce bureau de poste de quartier derrière moi, complètement incendié, comme vous pouvez le constater sur les images.
00:05:45 Et là, maintenant, c'est l'heure des constats, avec notamment l'enquête de voisinage de la police qui démarre.
00:05:52 On a rencontré aussi de nombreux habitants ce matin qui nous ont dit leur exaspération par rapport à ce qui s'est passé cette nuit.
00:06:01 Tous, à peu près, ou la quasi-totalité, on va dire, condamnent tous ces faits de cette nuit et surtout ne comprennent pas le lien entre ces actes et la mort du jeune Naël.
00:06:14 On a même vu devant une école des parents qui nous disaient qu'ils faisaient un lien clair entre ces jeunes émeutiers de la nuit dernière et le trafic de stupéfiants dans les quartiers.
00:06:27 Merci beaucoup, Mickaël Chahou, en direct de Nantais. Tout de suite, c'est Midi News avec vous, Anthony Favalli.
00:06:33 Merci, Barbara. Nous allons revenir longuement sur quelques-unes des séquences que vous avez présentées dans ce journal avec tous mes invités autour de la table.
00:06:40 Noémie Schultz, du service Police-Justice. Bonjour, Anthony. Bonjour à vous. Gauthier Lebray, ministre politique. Bonjour, Anthony.
00:06:46 Merci d'être avec moi. À vos côtés, Pascal Bitto, panéli, expert en sécurité. Bonjour et merci d'être avec nous.
00:06:51 Nous avons également Naïma M. Fadel, essayiste, habituée de Midi News, tout comme Benjamin Morel, maître de conférence en droit public.
00:06:59 Une actualité évidemment triste à développer aujourd'hui. Tous ces bâtiments publics dégradés, ces véhicules incendiés, ces magasins pillés. Troisième nuit d'émeute en France.
00:07:09 Nous verrons aujourd'hui les images des dégâts causés aux quatre coins du pays. On va rejoindre nos envoyés spéciaux un petit peu partout dans quelques minutes sur le terrain.
00:07:16 Mais tout d'abord, les images chaotiques, quasi insurrectionnelles de la nuit dernière en France. Le récit est signé Charlotte Gorzala.
00:07:24 Des violences et des émeutes sur tout le territoire. À Lille, alors que la préfecture avait interdit tout rassemblement, la situation était particulièrement tendue dès 21h et jusque tard dans la nuit.
00:07:37 À de nombreuses reprises, les policiers du Raid ont dû intervenir, tout comme à Roubaix, Nanterre ou Lyon. À Vénissieux, toujours dans le Rhône, un trameau a été incendié.
00:07:48 Puis des poubelles et des voitures quelques kilomètres plus loin, à Sainte-Foy-les-Lyon.
00:07:53 Partout en France, des écoles ont été ciblées par ces émeutiers, comme à Tourcoing ou encore ici, à Villeurbanne.
00:08:05 "Ne touchez pas à mes cordes !"
00:08:07 Alors que les pompiers interviennent sur plusieurs départs de feu à Vernon dans l'heure, des individus s'emparent de leurs camions.
00:08:14 Des magasins et des supermarchés ont été pillés, en témoignent ces images à Paris ou encore à Nantes.
00:08:21 Alors que 40 000 forces de l'ordre ont été déployées sur le terrain, les autorités craignent déjà pour ce soir, une quatrième soirée de chaos.
00:08:32 "Allez les filles !"
00:08:34 L'épicentre de ces événements, c'est évidemment la ville de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. C'est là qu'on va retrouver notre journaliste sur place.
00:08:42 Bonjour à vous, vous êtes sur l'esplanade Charles de Gaulle, où vous avez pu constater ce matin de nombreux dégâts.
00:08:47 Oui, effectivement, Anthony, vous l'avez dit, nous sommes sur l'esplanade Charles de Gaulle, celle qui a été le théâtre d'une énorme violence.
00:08:56 Notamment avec cet établissement blanquer, où il y a quand même cinq étages d'habitation.
00:09:01 On voit d'ailleurs les volets qui sont cramés en face de cette station de RER, qui est toujours fermée au public.
00:09:08 Et puis de nombreux commerces qui ont été pris pour cibles, comme cette agence immobilière totalement détruite.
00:09:15 Et le long de cette esplanade, en fait, il y a énormément de slogans, de tags, "Vengeance pour Naël".
00:09:22 Il y a encore de la fumée, puisqu'ils ont allumé énormément de feux. Dans la nuit, c'est une terrasse aussi qui a été totalement brûlée.
00:09:32 Et nous avons pu nous entretenir avec des riverains qui ne comprennent pas pourquoi ce degré de violence.
00:09:39 Ils pensent que là, on est déjà dans le pillage. Ce n'est plus du tout le même message qu'il y a encore quelques jours.
00:09:46 Certains nous ont dit qu'ils préféraient sortir désormais là, le matin, pendant que c'était calme.
00:09:51 Mais qu'ils redoutent encore ces soirées à venir, et surtout ce soir.
00:09:55 Merci à nos deux journalistes sur place, que je rappelle, nous avons dû anonymiser pour des questions de sécurité.
00:10:03 Noémie Chou, je voudrais qu'on revienne sur cette nuit passée, justement, en France.
00:10:06 En chiffres, que sait-on des dégâts causés, des blessés éventuels, des personnes interpellées au cours de cette troisième nuit de violence ?
00:10:15 On est sur une nuit où, effectivement, il y a eu énormément de dégâts.
00:10:19 39 attaques de locaux de police nationale, 24 de police municipale, 16 casernes de gendarmerie, 119 attaques de bâtiments publics,
00:10:28 dont 34 mairies incendies ou dégradées, 28 écoles et 57 autres bâtiments publics.
00:10:35 Vous le voyez, 1900 feux de véhicules, de voitures, donc, qui ont brûlé.
00:10:40 9, près de 10 000 sapeurs-pompiers sollicités sur les dernières heures.
00:10:45 Et, effectivement, ces violences, ces pillages aussi, puisque c'est une des choses qui marquent beaucoup avec les violences de cette nuit,
00:10:53 c'est le fait que beaucoup de personnes s'en sont prises à des magasins et les ont pillées.
00:11:01 On verra, j'imagine, ces images tournées par nos équipes d'interpellation presque en direct.
00:11:07 Et donc, nous avons 667 interpellations qui sont dénombrées cette nuit partout en France.
00:11:13 On attend de savoir, bien sûr, quelles suites judiciaires seront données à ces interpellations.
00:11:18 Et un peu plus de 260 policiers et gendarmes blessés également.
00:11:25 Merci pour ces précisions. Naïma, M. Fadel, votre sentiment à l'issue de cette nuit de violence ?
00:11:30 J'imagine beaucoup de colère, parce que les premières victimes de tout ce qui se passe en ce moment
00:11:35 sont les habitants de ces quartiers eux-mêmes, qui eux n'ont absolument rien demandé,
00:11:38 et qui, justement, doivent faire déjà face à de nombreuses difficultés au quotidien.
00:11:42 Effectivement, et c'est ça le drame, c'est que ces premières victimes sont les habitants des quartiers à cause des jeunes de quartiers.
00:11:50 Parce que souvent, ce qui se passe aujourd'hui, et comme en 2005 d'ailleurs, puisque j'ai vécu, en 2005 j'étais chef de projet de développement social et urbain à Dreu,
00:11:58 sur un quartier, c'était des jeunes de quartiers.
00:12:01 Effectivement, ça a été confirmé, c'était entre 14 et 18 ans, moi j'avais encore des pré-ados qui, effectivement, incendiaient les différents équipements.
00:12:10 Là, on a incendié, vous vous rendez compte, des choses dont les habitants ont besoin au quotidien.
00:12:15 C'est des services publics ?
00:12:16 Les services publics.
00:12:17 Exactement.
00:12:18 Les plateformes de services publics, la mairie de quartier, le centre social, les écoles, les écoles parfois flambantes neuves,
00:12:25 qui ont été, effectivement, construites dans le cadre des différentes politiques.
00:12:31 Un resto du cœur, je ne sais pas si vous voyez, un resto du cœur, un centre communal d'action sociale sur les quartiers, des centres de loisirs.
00:12:39 Ce qui est terrible, c'est qu'on voit bien qu'aujourd'hui, qu'est-ce qui motive finalement que le fait de vandaliser et de saccager ?
00:12:46 Parce qu'ils ont aussi sagagé les véhicules dont ont besoin les habitants des quartiers pour aller travailler, vous vous rendez compte.
00:12:55 Moi, j'ai eu des mamans sur ma ville qui me disaient "mais vous vous rendez compte, je ne peux pas aller travailler, j'ai pas le moyen d'acheter une voiture".
00:13:03 Déjà, sa voiture, elle arrivait à peine à démarrer, mais elle arrivait quand même à l'entretenir.
00:13:08 C'est dramatique ce qui se passe, on est dans le chaos absolu.
00:13:12 Aujourd'hui, ce qui se passe, c'est que par rapport à 2005, et ce que je peux observer, c'est que ça a pris très très vite.
00:13:19 Je voudrais juste vous donner aussi un exemple. Dans la soirée d'hier soir, il y a deux jours, un Leclerc dans un quartier a été vandalisé.
00:13:30 Et ils se sont appelés par téléphone pour venir vandaliser, piller ce Leclerc. Vous vous imaginez ?
00:13:36 Mais des images comme ça, Naïma M. Fadel, on va vous en montrer tout au long de cette émission.
00:13:40 Non, ce qui me pose problème, je vais être honnête avec vous, c'est que ce qui s'est passé, ce n'est pas le fait de personnes extérieures qui sont venues sur le quartier.
00:13:47 Et c'est sur ça que les habitants des quartiers, les pouvoirs publics doivent aussi s'interroger.
00:13:52 C'est que c'est propre aussi, les habitants des quartiers subissent ce vandalisme et le pillage, mais ils sont aussi le fruit de jeunes du quartier.
00:14:03 Ce qui me pose moi la question, encore une fois, et je sais que je n'arrête pas de le dire sur votre plateau, la question de la parentalité.
00:14:12 Où sont les parents ? Vous voyez des gamins avec des bidons d'essence, ce n'est pas normal.
00:14:17 On va revenir dans quelques minutes sur le profil de ces jeunes qui sont sortis la nuit dernière, des profils plutôt jeunes.
00:14:23 Noémie Schultz, mais tout d'abord, je voudrais qu'on écoute la Première ministre Elisabeth Borne, qui s'est exprimée il y a quelques instants,
00:14:29 juste en marge de cette cellule de crise interministérielle.
00:14:33 Les violences qui ont éclaté dans de nombreuses villes depuis, je sais que beaucoup d'entre vous autour de cette table,
00:14:40 je vois Noé Giménez m'en parler hier, ont vu leur commune touchée par ces violences.
00:14:47 C'est des mairies, des écoles, des commissariats, des commerces, des transports publics, du mobilier urbain,
00:14:54 qui ont été pris pour cibles, qui ont été dégradées, incendiées.
00:14:59 Je pense qu'on partage tous ce même avis.
00:15:03 La violence ne résout rien. Elle est inacceptable, elle est inexcusable.
00:15:09 Nous allons également rejoindre Karine Francklais. Bonjour, vous êtes la maire d'Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis,
00:15:16 où de nombreux dégâts ont été constatés la nuit dernière, notamment un centre de bus.
00:15:20 Évidemment, le chiffrage des dégâts s'élève à plusieurs millions d'euros.
00:15:25 Qu'est-ce qu'aujourd'hui, quel est votre sentiment au réveil ce matin sur les dégâts causés dans votre commune ?
00:15:31 Alors au réveil, non, parce que ça fait deux nuits que nous sommes sur le pont et que nous ne dormons pas.
00:15:37 C'est un sentiment de colère, d'annihilation.
00:15:41 Ces violences, au nom d'une justice, elles sont absolument inaccessibles, incassables.
00:15:47 Bien sûr, on comprend la douleur d'une maman qui a perdu son fils,
00:15:52 mais de voir des jeunes s'attaquer aux biens communs alors que la République, elle, fonctionne.
00:15:59 Le policier a été placé en détention. C'est absolument inacceptable.
00:16:05 À Aubervilliers, ce sont des magasins qui ont été pillés.
00:16:09 Et là, je vais aller à la rencontre des commerçants.
00:16:12 Ça fait deux nuits que ma police nationale, ma police municipale sont sur le pont avec les pontiers.
00:16:18 Heureusement, la nuit dernière, l'aide des CRS pour garder, essayer de garantir une sécurité et de limiter les dégâts.
00:16:28 Mais malheureusement, cette nuit, ça n'a pas suffi.
00:16:31 C'est un centre bus qui a été incendié.
00:16:33 C'est des dizaines. Moi, j'ai reçu des messages d'habitants qui ne pouvaient pas aller travailler ce matin,
00:16:38 faute de bus, des mamans qui ne pouvaient pas amener leurs enfants à l'école.
00:16:42 Voilà à quoi s'attaquent ces jeunes. Ils s'attaquent à leurs parents, à leurs familles, à leurs voisins,
00:16:47 en les empêchant d'aller travailler, en les empêchant d'aller à l'école, en s'attaquant aux biens communs.
00:16:52 Et ça, c'est juste inacceptable. Et je ne parle pas aussi de notre piscine olympique.
00:16:57 C'est la question que j'allais vous poser.
00:16:59 Il semblerait qu'une construction, cette piscine liée aux Jeux olympiques de 2024,
00:17:02 ait été ciblée la nuit dernière. Que s'est-il passé là aussi ?
00:17:05 Alors cette piscine, ce chantier de la piscine, était juste à côté du centre bus.
00:17:09 Et cette piscine, on s'est battu depuis trois ans pour qu'elle voie le jour.
00:17:14 Parce qu'en Seine-Saint-Denis, c'est un enfant sur deux qui ne sait pas nager à l'entrée en sixième.
00:17:19 À Aubervilliers, on souffre d'un héritage très compliqué, où on a un déficit incroyable d'équipement sportif.
00:17:25 Donc là, on avait les moyens, on s'est donné les moyens, en utilisant les JO, de faire une belle piscine
00:17:30 pour que les générations d'Alberti-Villariniens puissent apprendre à nager dans un bel équipement.
00:17:35 Cette nuit, on a failli la perdre parce qu'elle a été touchée par l'incendie du centre bus.
00:17:43 Et fort heureusement, on n'a que les façades et les fenêtres qui sont touchées.
00:17:48 Donc les travaux vont pouvoir continuer.
00:17:50 Et on est déterminés à ce que des groupes de jeunes n'empêchent pas l'intérêt général.
00:17:58 Et c'est l'image que nous voyons justement à l'antenne et qui malgré tout reste très impressionnante.
00:18:03 Merci à vous, Karine Franck.
00:18:05 Là, je le rappelle, vous êtes la maire d'Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis.
00:18:09 Pascal Bitto Panelli, expert en sécurité, vous êtes avec nous sur ce plateau.
00:18:13 On voit une contagion de ces événements à l'ensemble du pays, des images glaçantes, inquiétantes.
00:18:19 Est-ce que c'est quelque chose qui est amené, selon vous, à se poursuivre les prochaines nuits ?
00:18:24 Alors déjà, en introduction, vous dire que les gens qui recherchent, les spécialistes de la sécurité,
00:18:30 signalent depuis un temps assez long que la poudre est près du feu
00:18:37 et que ce type de basculement pourra arriver à tout moment.
00:18:40 C'est la première des choses.
00:18:42 C'est extrêmement inquiétant naturellement.
00:18:45 Et dans la lecture de ce qui se passe depuis trois jours, on voit des choses qui le sont tout particulièrement.
00:18:51 Notamment une contagion totalement nationale, une montée de l'intensité de la violence,
00:18:57 des jeunes qui le sentent de plus en plus, un comportement, un mode opératoire différent,
00:19:02 puisque au lieu de rester au pied des immeubles, on a des gens qui, par glissement,
00:19:07 vont non seulement au-delà de leur zone de résidence, mais vont littéralement au contact des forces de police
00:19:15 pour ne pas dire leur pose des pièges en les faisant aller au milieu de l'immeuble pour les fixer avec des obstacles,
00:19:23 les attaquer sur ce point de fixation.
00:19:26 On voit qu'on attaque beaucoup d'établissements très multiformes.
00:19:31 Donc la question qu'on peut se poser aujourd'hui, c'est non pas celle que, est-ce que ça va continuer cette nuit,
00:19:37 c'est quasiment certain, mais c'est jusqu'où va aller ce dérapage, jusqu'où la ligne va avancer.
00:19:43 Est-ce qu'elle va gagner maintenant la possibilité d'attaquer des particuliers ?
00:19:47 Et ça, c'est une question inquiétante.
00:19:51 Gauthier Lebret.
00:19:53 L'Elysée vient de déclarer qu'Emmanuel Macron était prêt à revoir le maintien de l'ordre sans tabou.
00:19:57 Emmanuel Macron qui est actuellement entre la Belgique et la France, puisqu'il a quitté précipitamment le Conseil européen,
00:20:03 annulant sa conférence de presse, puisqu'il va réunir à 13h la cellule de crise interministérielle
00:20:08 pour la deuxième journée consécutive avec Elisabeth Borne, Éric Dupond-Moretti, Gérald Darmanin.
00:20:13 Ça va se passer évidemment place Beauvau.
00:20:16 Et pour vous donner un peu l'idée de ce qui peut ressortir de cette cellule de crise,
00:20:20 évidemment, il y a l'état d'urgence qui est sur la table.
00:20:22 Elisabeth Borne vient de déclarer que tout était possible, tout était envisageable.
00:20:26 Et à l'instant, on apprend que le rectorat de l'Académie de Paris, ça peut paraître anecdotique,
00:20:31 mais ça dit quelque chose du climat dans lequel on est.
00:20:33 Le rectorat de l'Académie de Paris vient d'adresser un mail à l'ensemble des directeurs d'écoles,
00:20:38 d'établissements scolaires de la capitale pour leur demander d'annuler l'ensemble des fêtes
00:20:43 de fin d'année scolaire prévues ce vendredi.
00:20:46 Et ce mail dit la chose suivante.
00:20:48 La préfecture de police nous a informé que les forces de l'ordre seraient très mobilisées ce soir et ce week-end
00:20:52 pour prévenir et contrer les éventuels débordements et émeutes.
00:20:57 Aussi, il semble prudent et opportun d'annuler tous les événements festifs prévus dans les écoles
00:21:02 et les établissements ce vendredi 30 juin et ainsi éviter les risques autour des écoles et des établissements scolaires.
00:21:08 Donc ça donne quand même une idée du climat.
00:21:10 C'est une première décision qui vient de tomber et qui donne une idée du climat dans lequel on est,
00:21:14 dans lequel on va être plongé, à mon avis, pour un certain temps.
00:21:17 Et une idée de ce qui peut être décidé tout à l'heure en cellule de crise avec cette déclaration de l'Elysée,
00:21:21 qui est quand même une déclaration forte.
00:21:22 Emmanuel Macron prêt à revoir le maintien de l'ordre sans tabou.
00:21:26 Et cette question, vous le disiez, de l'état d'urgence qui se pose, Benjamin Morel,
00:21:30 qu'est-ce que ça pourrait apporter cet état d'urgence ?
00:21:33 Pas grand-chose en réalité, tout bêtement, parce que qu'est-ce que c'est l'état d'urgence ?
00:21:36 Qu'est-ce qu'il permet finalement ?
00:21:37 C'est un état d'exception qui permet de disposer de marges beaucoup plus grandes
00:21:43 et de faire sauter quelques verrous en verrou en termes de proportionnalité,
00:21:47 en allant notamment, et c'est ça dont il va être question, vers des couvre-feux de manière plus large et plus systématique.
00:21:53 Qui peuvent être déjà pris et c'est déjà le cas de façon locale.
00:21:56 Qui peuvent être déjà pris mais qui sont plus fragiles juridiquement d'un point de vue local.
00:21:59 Si on voulait les élargir et si on voulait avoir une certitude juridique beaucoup plus grande,
00:22:04 pour pas qu'il y ait des recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif,
00:22:06 le couvre-feu pourrait être bienvenu.
00:22:08 Après, la question c'est, est-ce que c'est vraiment un bon signal qui sera envoyé ? Pas certain.
00:22:12 Et surtout, quelle efficacité ?
00:22:14 Parce que vous croyez vraiment que des gosses qui brûlent des magasins, qui brûlent des banques,
00:22:18 tout d'un coup vont ne pas aller sortir le soir parce qu'il y a un arrêté préfectoral
00:22:24 ou il y a un arrêté municipal qui leur interdit de sortir après 18h ?
00:22:27 Ce n'est pas si évident.
00:22:29 Donc pourquoi pas ? En soi, je ne suis pas sûr que ce soit réellement un outil qui permettrait de sortir de crise.
00:22:35 C'est plus un signal politique envoyé.
00:22:37 Ça permet de les interpeller du simple fait qu'ils soient dehors ?
00:22:40 Ça permet d'interpeller, mais vous comprenez bien que là, le problème ce n'est pas de les interpeller,
00:22:44 c'est de les arrêter.
00:22:45 Et donc aujourd'hui, quand vous avez des groupes de jeunes qui parcourent les rues et qui brûlent les poubelles,
00:22:50 le problème ce n'est pas de les incriminer, c'est de maintenir l'ordre public.
00:22:53 Donc là, je doute en effet que le mieux que ça pourrait apporter, c'est éventuellement un certain nombre de badauds
00:22:59 qui sont là et dont on ne sait pas exactement ce qu'ils font ici en spectateur,
00:23:03 de les dissuader de sortir.
00:23:05 Mais pour les jeunes qui aujourd'hui brûlent et cassent, je ne suis pas sûr que ce soit d'une grande efficacité.
00:23:09 Alors Noémie Choult, ça n'a pas suffi, mais manifestement, il y a un certain nombre de communes
00:23:12 qui ont décrété un état d'urgence la nuit dernière.
00:23:15 Oui, absolument.
00:23:16 Alors selon les communes, les couvre-feux, pas un état d'urgence qu'on décrit...
00:23:20 Pardon, un état d'urgence, un couvre-feu, pardonnez-moi.
00:23:22 ... qui ont décrété des couvre-feux.
00:23:24 Ça prend des formes différentes.
00:23:25 À Clamart, par exemple, et c'est en vigueur jusqu'à lundi matin,
00:23:28 c'est un couvre-feu assez strict, de 21h à 6h du matin, puisqu'il s'applique à tous les habitants,
00:23:34 sauf les personnels investis d'une mission de service public, les professions médicales,
00:23:37 les transports en commun et de personnes telles que les taxis.
00:23:40 Pour les particuliers, il faut, pour se déplacer, avoir un motif impérieux de santé, d'urgence médicale
00:23:46 ou d'assistance à personnes vulnérables.
00:23:49 La Ville, qui a également décidé de procéder à la fermeture des équipements publics
00:23:53 et à l'annulation des manifestations jusqu'au dimanche 2 juillet inclus.
00:23:57 Clamart, donc première commune d'Ile-de-France qui a instauré de telles restrictions.
00:24:01 Neuilly-sur-Marne, Ansenne-Saint-Denis, couvre-feu à partir de 23h jusqu'à 6h du matin,
00:24:06 jusqu'à lundi matin, dans trois quartiers.
00:24:08 Le quartier de la mairie, celui des Primes-Verts, celui des Fauvettes.
00:24:11 Tout déplacement est interdit entre ces horaires-là dans ces quartiers.
00:24:14 Même configuration, mais seulement pour les mineurs à Compiègne,
00:24:17 un couvre-feu de 22h à 6h du matin pour les mineurs de moins de 16 ans,
00:24:20 non accompagnés d'un parent ou représentant légal.
00:24:23 Ça c'est une forme qu'on retrouve dans d'autres communes,
00:24:27 par exemple à Savigny-le-Temple en Seine-et-Marne, de 22h à 5h du matin.
00:24:31 En cas de nécessité du déplacement par un mineur,
00:24:33 il devrait être accompagné par un parent ou un représentant légal.
00:24:36 Meudon, dans les Hauts-de-Seine, c'était uniquement cette nuit.
00:24:38 On va voir si c'est prolongé, un couvre-feu pareil de 22h à 6h du matin
00:24:42 avec interdiction de circuler dans certains secteurs.
00:24:44 Les quartiers de Meudon-la-Ferret, où des dégradations de bâtiments publics ont eu lieu,
00:24:49 et donc pour éviter que cela se reproduise.
00:24:51 Merci. Pascal Bittaud, panéliste efficace des couvre-feux ?
00:24:54 Moi je pense que ça serait un signal fort quand même,
00:24:57 donner temps à ces émeutiers en disant "Attention, là on est dans une configuration spéciale".
00:25:04 Et ça serait également un signal fort, au-delà de ce que ça pourrait permettre
00:25:09 comme prérogative administrative de donner plus de pouvoir aux ministres intérieurs ou aux préfets,
00:25:14 un signal fort aux forces de l'ordre.
00:25:16 Je pense donc que l'état d'urgence, si ça continue, serait relativement utile.
00:25:23 Et aux parents de mineurs aussi, je pense que ce serait un signal extrêmement fort qui pourrait être donné.
00:25:28 À partir du moment où certains jeunes ne devront pas être dehors,
00:25:32 ils seront emmenés justement au commissariat,
00:25:35 il y aura obligation pour les parents de venir les chercher, je pense que ça peut quand même dissuader.
00:25:41 Après le problème c'est l'effectif, Anthony.
00:25:44 Il semblerait qu'on n'a pas la capacité d'appliquer le couvre-feu.
00:25:48 On n'a pas la capacité de maintenir l'ordre,
00:25:51 donc à partir de là faire appliquer une mesure administrative générale à toute la population.
00:25:54 Avec 40 000 policiers, on peut l'imaginer.
00:25:56 C'est ça, c'est la difficulté de les interpellations,
00:25:59 et puis vous savez, le maintien de l'ordre c'est toujours cette balance,
00:26:01 si vous vous mettez à interpeller, vous prenez aussi le risque de faire que ça dégénère plus vite.
00:26:06 Donc là, c'est un appel pour les parents, effectivement, à leur dire
00:26:12 "Voilà, vos enfants n'ont plus le droit, en tout cas pour les villes qui sont concernées par le couvre-feu,
00:26:15 vos enfants n'ont pas le droit d'être dans la rue de 21h ou 22h jusqu'à 6h du matin."
00:26:20 Ça peut être par quartier pour les mineurs.
00:26:23 À ce moment-là, la police est en dehors,
00:26:25 mais si elle voit des gamins sortir du quartier et c'est des mineurs,
00:26:28 elle peut quand même intervenir.
00:26:30 Je pense que ça peut être intéressant, mais localiser.
00:26:33 Il faut voir les effectifs.
00:26:35 Oui, il faut voir effectivement, mais peut-être travailler avec la police municipale.
00:26:40 Pourquoi pas, les policiers municipaux pourraient être aussi...
00:26:44 Il faut faire attention également au revers de la médaille en termes de symboles.
00:26:47 Je vois tout à fait, je ne dis pas qu'il ne faut pas l'utiliser, etc.
00:26:50 Je vois tout à fait le côté positif en termes de dissuasion.
00:26:53 De l'autre côté, vous donnez le trophée de 2005,
00:26:57 parce que la dernière fois qu'on l'a utilisé hors attentat terroriste, c'était 2005.
00:27:02 Donc là, vous avez gagné, vous avez égalé 2005.
00:27:04 Je ne suis pas sûr qu'ils soient très très fâchés.
00:27:06 On est déjà au-delà en intensité, en violence, tous les policiers.
00:27:09 Oui, peut-être, mais encore une fois...
00:27:11 C'est au-delà de 2005.
00:27:12 Soyons d'accord, d'un point de vue juridique, ça ne sert pas à grand-chose.
00:27:15 On est dans le symbole.
00:27:16 Donc là, vous donnez un trophée.
00:27:17 Et le deuxième élément, c'est que vous faites le lien entre ce qui est en train de se passer
00:27:20 et, la dernière fois qu'on l'a utilisé, pendant deux ans quand même, les attentats terroristes.
00:27:23 Donc vous avez une partie de la population qui risque de se sentir stigmatisée, etc.
00:27:26 Je ne suis pas sûr que pour une mesure grosso modo inutile, ce soit vraiment utile politiquement.
00:27:31 Alors pour le coup, Benjamin, nous en 2005...
00:27:33 Politiquement, il faut envoyer un message.
00:27:34 Politiquement, il faut qu'il y ait quelque chose de l'autre sort de cette réunion d'urgence d'ailleurs face Beauvau.
00:27:39 Alors ça, en effet, c'est pour faire plaisir au gouvernement pour qu'il ait quelque chose à annoncer.
00:27:43 Mais si l'objectif, c'est de calmer la situation et d'avoir un peu moins d'incendies cette nuit,
00:27:48 je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée.
00:27:49 Rien ne calme la situation.
00:27:50 Vous mettez le policier en détention provisoire, ça ne calme pas.
00:27:52 Mais vous faites quoi ?
00:27:53 Emmanuel Macron dit qu'il est excusable.
00:27:54 Je suis bien d'accord, je suis bien d'accord Gauthier.
00:27:56 Mais est-ce que vous croyez vraiment que l'état d'urgence va contribuer à ça ?
00:27:59 La réponse est non.
00:28:00 Je voudrais qu'on revienne sur les dégâts au Bervillier en Seine-Saint-Denis
00:28:03 et qu'on écoute Jean Castex qui est désormais le patron de la RATP
00:28:07 sur les bus qui ont été incendiés dans la commune, dans un centre de bus.
00:28:11 Écoutez-le.
00:28:12 Nous avons déjà fait l'objet d'attaquer...
00:28:14 Il y a déjà trois bus qui ont été brûlés dans la nuit de mercredi à jeudi.
00:28:21 Plus une rame entière de tram.
00:28:24 Alors là, la facture est beaucoup plus élevée.
00:28:27 On était déjà...
00:28:29 On va faire chiffrer, vous me permettrez de réserver un peu ma réponse.
00:28:32 Mais on est déjà en tour, de nuit au moins, à 7 ou 8 millions d'euros de dégâts.
00:28:39 Le premier bilan, vous l'entendez, qui est fait par Jean Castex
00:28:43 sur les deux premières nuits et pas sur la nuit dernière,
00:28:46 c'est déjà 7 à 8 millions d'euros de dégâts pour la RATP.
00:28:49 Pour la RATP.
00:28:51 On rajoute effectivement tout ce qui est parti en fumée,
00:28:54 notamment dans les quartiers, où il y a eu quand même un argent,
00:28:59 mais j'allais dire un pognon dingue, pour reprendre le président de la République,
00:29:03 qui a été mis.
00:29:04 C'est énorme.
00:29:05 Et le problème, moi, quand je vois ça, je me dis,
00:29:07 mais comment on va faire pour reconstruire ça ?
00:29:09 C'est-à-dire qu'en attendant, les habitants vont être complètement démunis
00:29:12 sur leur quartier.
00:29:13 Et ils n'auront plus ces services dont ils ont besoin.
00:29:16 C'est un pognon de dingue, Anthony, qu'on a mis dans les quartiers.
00:29:19 Dans les écoles, pour les renover, les centres de loisirs, les centres sociaux.
00:29:23 On a aussi permis qu'il y ait des magasins alimentaires qui soient installés.
00:29:27 Le Leclerc dont je parlais, vous vous rendez compte,
00:29:30 on a tout fait pour qu'il s'installe sur un quartier QPV,
00:29:33 un quartier qui est vraiment une zone urbaine sensible.
00:29:36 Un quartier prioritaire.
00:29:37 Un quartier prioritaire.
00:29:38 Et vous imaginez aussi tous les équipements,
00:29:40 certaines médiathèques ont été mises en place dans des quartiers
00:29:42 pour justement permettre que des autres habitants d'autres quartiers viennent
00:29:46 pour permettre cette mixité des habitants.
00:29:48 Midi 30, sur CNews, on va marquer une courte pause.
00:29:50 Le temps du rappel de l'actualité avec Somaya Labidi.
00:29:53 Les premiers mots du président en marge du sommet européen.
00:30:00 Au lendemain de cette troisième nuit de violence,
00:30:03 le chef de l'État se dit prêt à adapter le dispositif
00:30:06 de maintien de l'ordre sans tabou, je cite.
00:30:09 Il est d'ailleurs attendu à Paris pour présider une nouvelle cellule de crise
00:30:12 que se tiendra dans 30 minutes, la deuxième en l'espace de deux jours.
00:30:17 Les mêmes images un peu partout en France hier soir,
00:30:19 que ce soit dans les Hauts-de-Seine, en Noir-Atlantique ou encore dans le Rhône.
00:30:23 Un très lourd bilan pour cette troisième nuit d'émeute.
00:30:26 Au total, 1900 voitures calcinées, 3800 feux sur la voie publique
00:30:30 et 500 bâtiments publics ont été incendiés.
00:30:34 Et puis ce dernier bilan du côté des forces de l'ordre.
00:30:37 Le ministère de l'Intérieur annonce 249 policiers et gendarmes blessés
00:30:41 dans cette troisième nuit d'émeute.
00:30:43 Au total, 40 000 forces de l'ordre avaient été mobilisées
00:30:46 par les autorités sur tout le territoire, dont 5000 rien qu'à Paris.
00:30:51 Pour le moment, aucun policier ou gendarme n'a été grievement blessé,
00:30:54 précise le ministère.
00:30:57 Merci à vous, Somaïa Labidi.
00:31:00 Nous sommes toujours jusqu'à 14h dans Midi News
00:31:04 avec Noemi Chouz, Gauthier Lebray, Naïma Mfadel,
00:31:06 Benjamin Morel et Pascal Bitto-Panelli
00:31:09 pour commenter cette actualité, décrire ces images chaotiques,
00:31:12 quasi insurrectionnelles de la nuit dernière dans notre pays.
00:31:14 Troisième nuit d'émeute depuis la mort du jeune Nahel, mardi dernier.
00:31:20 Je voudrais qu'on se rende à Paris, là aussi.
00:31:24 On constate des dégâts liés aux émeutes de la nuit dernière.
00:31:27 On va rejoindre nos équipes sur place.
00:31:29 Qu'est-ce que vous avez pu voir dans quelques instants ?
00:31:31 On va les rejoindre dans cinq minutes, on a un petit problème de liaison avec eux.
00:31:34 On va les retrouver dans un petit instant.
00:31:36 Je voudrais qu'on regarde ces séquences de pillage qu'on a pu observer ce matin.
00:31:42 Séquence exclusive C News, l'interpellation d'un pilleur en direct.
00:31:46 Ça s'est passé à Sevran, en Seine-Saint-Denis.
00:31:50 À la suite de cette nuit de violence, je vous propose de regarder les images
00:31:54 tournées par nos équipes.
00:31:57 C'est quoi ce problème ?
00:32:01 Vous travaillez ici peut-être ?
00:32:04 Vous travaillez ici ? Ah oui, et donc vous vous servez, c'est ça ?
00:32:08 C'est ça, monsieur ?
00:32:10 C'est qui ?
00:32:12 C'est pas vous qui quoi ?
00:32:14 Et toi, tu travailles ici ?
00:32:16 Venez, avec ça.
00:32:18 Venez !
00:32:20 Allez-y, monsieur.
00:32:24 Venez !
00:32:26 Ok, allez.
00:32:32 C'est ça.
00:32:34 Tranquillement.
00:32:40 Voilà, besoin de preuves s'il en fallait, mais tout cela n'a finalement rien à voir
00:32:48 avec la mort de ce jeune Naël, mardi dernier, des pilleurs, sur place,
00:32:53 que l'on retrouve une séquence incroyable, lunaire,
00:32:56 que l'on a pu filmer ce matin, en direct, avec nos équipes,
00:32:59 quelqu'un qui arrive tout naturellement voler des chaussures dans ce magasin.
00:33:04 Et puis il y en a partout, ces images-là, vous pouvez les retrouver dans toutes les villes,
00:33:09 malheureusement, donc on voit bien que ce pauvre Naël, il n'y a pas vraiment de soutien.
00:33:14 Mais je voudrais aussi souligner quelque chose qui est très important,
00:33:17 et qui m'inquiète, parce qu'en 2005, c'était vraiment ça, c'était la surenchère.
00:33:21 Ça a réuni 6000 personnes hier, quand même.
00:33:23 Non mais je parlais des pilleurs, évidemment.
00:33:27 Là oui, c'est un prétexte.
00:33:29 C'est un prétexte, effectivement, à ce drame.
00:33:32 Après, il y a tout, bien sûr, on peut soutenir la maman qui est dans la douleur,
00:33:35 c'est normal, et on ne doit pas perdre la vie à 17 ans.
00:33:39 Mais je voudrais juste souligner quelque chose que j'ai vu en 2005,
00:33:43 et qui est en train de se reproduire, c'est la surenchère des villes.
00:33:47 Je crois qu'aujourd'hui, le message, il faut aussi qu'on y soit,
00:33:51 dans les villes qui brûlent, qui saccagent.
00:33:53 Et c'est ça qui est inquiétant.
00:33:55 Et moi, je me souviens qu'en 2005, vous savez, vous avez la fameuse carte de TF1,
00:33:59 qui a fait un dégât monstre sur la réaction de ces jeunes,
00:34:04 c'est qu'on voyait les villes brûler.
00:34:06 Et donc, les jeunes, c'est des jeunes pré-ado, ado,
00:34:10 ils avaient envie que leur ville soit sur cette carte.
00:34:13 Donc attention, parce qu'aujourd'hui, moi je me rends compte
00:34:15 que c'est une surenchère, et c'est pour ça que j'en rappelle encore
00:34:18 un petit peu à tous ces acteurs de terrain qui doivent absolument réagir.
00:34:22 Et encore une fois, pour revenir sur le couvre-feu, Benjamin,
00:34:25 je pense que des couvre-feu pour les mineurs seraient les bienvenus,
00:34:28 et par quartier.
00:34:30 Des dégâts donc en plein cœur de Paris, rue de Rivoli,
00:34:33 c'est là qu'on va retrouver notre journaliste Soumaya Allalou.
00:34:36 Bonjour Soumaya, qu'est-ce que vous avez pu constater sur place aujourd'hui ?
00:34:39 Bonjour.
00:34:41 Alors on est devant cette grande enseigne de sport très connue
00:34:45 au Forum des Halles.
00:34:47 Au moment où je vous parle, il y a tout un groupe d'experts,
00:34:49 de policiers qui constatent les dégâts.
00:34:51 Vous le voyez aussi au sol, il y a encore beaucoup de verre
00:34:54 qui jonche le trottoir après les émeutes de cette nuit.
00:34:57 La boutique a été complètement saccagée,
00:35:00 de nombreux articles ont été volés.
00:35:03 Dans la soirée, sept individus ont été interpellés,
00:35:06 plusieurs articles encore étiquetés ont été retrouvés sur eux,
00:35:09 sans qu'ils ne puissent justifier leurs achats.
00:35:12 Ils avaient tous environ une vingtaine d'années.
00:35:15 Merci à vous Soumaya Allalou,
00:35:22 merci également à Léo Marcheguet qui vous accompagne.
00:35:25 On va justement regarder ces événements au même endroit la nuit dernière,
00:35:28 ce qui s'est passé exactement.
00:35:30 Nous avons les images, je vous propose de les découvrir.
00:35:33 (Cris et bruits de la foule)
00:36:00 Noémie Schultz, ça nous amène au profil de ces jeunes émeutiers.
00:36:04 On le voit à travers les images, ils sont très jeunes, on ne va pas se mentir.
00:36:08 Oui, alors évidemment on n'a pas de statistiques précises de l'âge de ces jeunes,
00:36:13 mais les premières remontées que l'on commence à avoir effectivement,
00:36:17 c'est qu'il y a une part très importante de jeunes, des mineurs,
00:36:21 de 14 à 18 ans, voire parfois moins de 14 ans,
00:36:24 qui sont présents et qui participent à ces émeutes,
00:36:28 avec cette logique de pillage,
00:36:30 et c'est ça qui est nouveau et marquant par rapport aux émeutes de 2005.
00:36:35 Après les pillages, souvenez-vous, on en avait vu aussi en marche
00:36:38 des manifestations de gilets jaunes sur les Champs-Elysées,
00:36:41 on se souvient de ces images de ces magasins qui avaient été pillés et pris pour cibles.
00:36:46 Ce que disent aussi les interlocuteurs que l'on peut avoir,
00:36:50 c'est qu'on voit une bascule avant et après minuit,
00:36:54 à partir de minuit, des groupes très organisés, très structurés,
00:36:58 et surtout très mobiles, des groupes de 30 à 50 personnes qui se déplacent très vite.
00:37:02 D'ailleurs la difficulté pour les forces de l'ordre,
00:37:04 c'est de se montrer aussi mobiles que ces groupes.
00:37:07 La BRAV-M, la fameuse brigade de répression des actions violentes motorisées,
00:37:11 était cette nuit à Nanterre pour justement tenter de contrer
00:37:16 et d'aller aussi vite que ces petits groupes qui se déplacent.
00:37:19 Alors on en saura plus aussi sur le profil de ces jeunes à l'aune des interpellations.
00:37:25 On l'a dit, plus de 660 interpellations.
00:37:28 On a fait des demandes aux différents parquets concernés
00:37:31 pour savoir quel âge ont les personnes qui ont été interpellées.
00:37:34 Et on s'intéressera bien sûr aux suites judiciaires qui seront données à ces interpellations.
00:37:38 Naïma M. Fadel, c'est un prétexte pour ces jeunes ?
00:37:42 Bien sûr c'est un prétexte, on le voit bien, d'ailleurs même dans leur comportement.
00:37:47 Et puis moi ce que j'ai aussi dans le cadre de ma remontée de terrain,
00:37:52 oui c'est complètement un prétexte, ils n'en ont rien à faire du pauvre,
00:37:56 du drame que subit la maman de Naël.
00:38:00 C'est un prétexte et c'est ça qui est vraiment dangereux,
00:38:04 parce que c'est le prétexte, moi je l'ai vu sur la ville, vraiment.
00:38:08 Sur certaines villes et notamment sur leurs objets en Ile-de-France,
00:38:12 ils brûlent vraiment, tranquillement, pour le plaisir.
00:38:16 C'est vraiment, enfin vous savez, je ne sais plus qui parlait d'orange mécanique,
00:38:20 on est vraiment dans ça.
00:38:22 Laurent Oberton.
00:38:23 Merci. On est vraiment dans orange mécanique.
00:38:25 Et c'est ça qui est inquiétant parce qu'ils n'ont peur de rien.
00:38:28 Pascal Bitto Panelli.
00:38:30 Oui alors tout ça effectivement, ce que dit Naïma est très juste, ça pose beaucoup de questions.
00:38:35 Je trouve que dans ce qu'on voit ce jeune qui se sert, rappelons-le, le vol,
00:38:39 c'est la soustraction frauduleuse de la chose d'autrui.
00:38:43 On voit qu'il le fait d'une manière très libre et sans aucun problème.
00:38:48 Donc vous voyez bien que là on est loin du drame qu'on a pu connaître il y a deux jours,
00:38:54 mais on constate qu'on est face à des jeunes qui n'ont plus peur de rien,
00:39:00 qui ne respectent plus rien.
00:39:01 Donc ça soulève deux problèmes naturellement.
00:39:03 Ça a été précisé, l'abandon total des parents.
00:39:07 Il n'y a plus aucun contrôle, aucun suivi des parents.
00:39:10 Nous avons des gamins de 10 ans qui traînent dans la rue jusqu'à 2h du matin
00:39:15 sans que ça puisse inquiéter les parents.
00:39:17 Donc je mets un point d'interrogation derrière.
00:39:19 Le sentiment d'impunité.
00:39:21 L'impunité crée la récidive, la récidive crée l'insécurité.
00:39:26 Maintenant la difficile gestion aujourd'hui de l'ordre public.
00:39:29 Le premier stade de l'ordre public c'est le service d'ordre,
00:39:32 le deuxième le maintien de l'ordre, le troisième le rétablissement de l'ordre.
00:39:36 On est maintenant au-delà de ça.
00:39:38 On le voit sur des groupes très violents, extrêmement mobiles
00:39:43 qui partent dans les espaces avec des flux
00:39:45 et qui obligent donc les forces de l'ordre à un travail très complexe
00:39:50 où on doit utiliser, et ça aussi c'est très révélateur au niveau du curseur de la violence,
00:39:55 les unités d'élite.
00:39:57 BRI, RAID, GIGN sont sur zone.
00:40:00 Ça signifie donc qu'on a des craintes d'une violence extrême, voire d'utilisation d'armes.
00:40:07 On peut être dans une situation où on ajoute des drames aux drames.
00:40:13 Ça veut dire que là, les hommes politiques doivent prendre des décisions,
00:40:18 et des décisions d'importance.
00:40:20 D'une part pour protéger le pays, pour protéger ses habitants,
00:40:23 et pour appuyer, soutenir les forces de l'ordre qui toutes les nuits sont sur zone.
00:40:29 Alors vous voyez toujours les images de ce magasin,
00:40:32 cette grande enseigne sportive, caillassée, pillée la nuit dernière.
00:40:36 Je voudrais que vous écoutiez le témoignage d'un jeune qui a pu assister à tout cela.
00:40:41 Ça ne nous désespère pas non plus de la jeunesse quand on entend son témoignage.
00:40:44 Écoutez-le.
00:40:45 On se baladait du coup sans châtaelet, et on se trouvait dans l'intérieur du forum.
00:40:50 Et on a entendu des cris et des émeutes, des gens qui commençaient à brûler des poubelles.
00:40:55 Et en fait on s'est dirigés devant le Nike.
00:40:58 Et c'est là où on a commencé à voir qu'ils essayaient d'enfoncer le Nike.
00:41:02 Ils sont rentrés et malheureusement ils ont pris plein de vêtements.
00:41:06 Ça a été bizarre de se dire que, à ce qui paraît, c'est pour un bon geste.
00:41:13 Mais au final ça se transforme en néant, et ce n'est pas une bonne image que ça donne à Paris.
00:41:17 Moi, ce n'est pas comme ça qu'on fait la justice.
00:41:19 Là actuellement, ça donne juste une mauvaise image à notre génération.
00:41:23 Ça donne une mauvaise image à notre génération, ce n'est pas comme ça qu'on fait la justice.
00:41:26 Exactement, et c'est important de le dire.
00:41:27 La parole est juste.
00:41:28 La parole est juste, et effectivement il faut parler d'une minorité.
00:41:31 Vous avez raison de le dire.
00:41:33 On ne vient de pas stigmatiser.
00:41:34 Voilà, mais cette minorité, malheureusement, elle fait beaucoup de mal à la majorité des jeunes des quartiers
00:41:39 qui veulent s'en sortir, et qui sont dans cette méritocratie.
00:41:42 Et sur ces jeunes-là, ces jeunes-là qui se conduisent ainsi,
00:41:47 jettent l'anathème sur ces jeunes-là, la majorité qui se comportent mal.
00:41:52 Et c'est ça qui m'inquiète.
00:41:53 Moi, je voudrais juste poser une question à Pascal, parce que c'est quelque chose que je m'interroge.
00:41:57 Moi, j'ai l'impression que tous ces jeunes-là qui sont dans les émeutes urbaines, comme en 2005,
00:42:04 qui sont en général des pré-ados et des ados, d'après ce que je constate,
00:42:08 mais qu'ils sont agrégés aujourd'hui par des éléments, c'est nouveau, d'ultra-gauche.
00:42:15 Je voulais votre avis, Pascal.
00:42:17 Parce que j'ai vraiment l'impression qu'ils sont en train d'utiliser...
00:42:19 La question qui se pose, ça va être ce soir, notamment, à travers les rassemblements qui vont avoir lieu à 20h.
00:42:23 Ils sont en train d'utiliser ça pour s'agréger, et effectivement d'une manière beaucoup plus organisée,
00:42:28 parce que les jeunes sur les quartiers qui brûlent tout, ne sont absolument pas organisés.
00:42:33 C'est même devenu un jeu pour eux.
00:42:35 Mais ce qui m'inquiète, c'est que si jamais des bandes organisées,
00:42:38 qui sont dans une démarche politique, commencent à utiliser ce qui se passe et à utiliser ces jeunes.
00:42:44 Alors, est-ce qu'il y a ce risque de convergence des luttes avec des radicaux d'ultra-gauche,
00:42:48 notamment à l'occasion des nombreux rassemblements qui vont se tenir en France ce soir à partir de 19h-20h ?
00:42:52 Je dirais une convergence du chaos, oui.
00:42:55 C'est un risque étudié par les services de renseignement et les spécialistes de l'ordre public.
00:42:59 C'est un risque, surtout quand on entend les déclarations de certains hommes politiques.
00:43:04 On va en parler avec Gauthier Lebret, justement.
00:43:06 C'est tout à fait dans le panorama des risques.
00:43:10 Les déclarations politiques, justement, qui poussent...
00:43:13 Et je ne voudrais pas que les jeunes des quartiers deviennent les dindons de la farce.
00:43:16 Vraiment, j'espère que...
00:43:17 Non, mais il y a une grande différence avec 2005, effectivement.
00:43:19 Il y en a plusieurs, mais la grande, c'est le soutien politique.
00:43:22 Les émeutes de 2005 n'étaient pas soutenues politiquement.
00:43:24 Là, ils le sont très clairement par la France insoumise, qui réitère à chaque fois.
00:43:29 Hier, on a quand même eu une députée, Alma Dufour, pour ne pas la citer, LFI,
00:43:33 qui a dit que la fin justifie les moyens en parlant des émeutes.
00:43:37 Jean-Luc Mélenchon, évidemment, qui refuse depuis le début de la semaine, depuis mardi, à appeler au calme.
00:43:42 Dès le soir des premières émeutes, plusieurs députés LFI, Louis Boyard, Thomas Porte, Antoine Léaumont,
00:43:47 ont fait la tournée des commissariats de Nanterre.
00:43:49 Alors, c'est leur droit, évidemment, de député, mais ça correspondait, évidemment, avec un agenda politique.
00:43:54 Et vous avez un député LFI qui a tenté d'aller récupérer le soutien des émeutiers,
00:43:58 qui s'est fait agresser par ces mêmes émeutiers, qui s'appelle Carlos Martens Bilongo.
00:44:02 Eh bien, vu que la France insoumise ne veut pas se fâcher avec les émeutiers,
00:44:05 elle refuse de condamner l'agression de son propre député.
00:44:08 Parce qu'il ne faut pas se fâcher avec les émeutiers, vous comprenez.
00:44:11 Il faut se fâcher avec les quartiers, évidemment, dans cette espèce d'esprit électoraliste.
00:44:14 La récupération politique est plus forte que tout, pour la visée électoraliste.
00:44:18 Venant des insoumis qui ont critiqué la récupération politique de la droite de la droite,
00:44:22 après Annecy, après Bordeaux, ça ne manque pas de sel.
00:44:25 Parce qu'aujourd'hui, ils se livrent à cette même récupération,
00:44:27 une récupération politique franchement XXL, la plus grossière possible,
00:44:30 qui va bien plus loin que ce qu'on a pu voir avant.
00:44:33 Alors qu'effectivement, LFI a critiqué la récupération politique il y a quelques semaines.
00:44:38 Et aujourd'hui, LFI fait sans cesse le procès d'Emmanuel Macron sur le terme "déscivilisation",
00:44:43 qui aurait employé un terme d'extrême droite.
00:44:45 Je rappelle que c'est Norbert Elias, le sociologue allemand,
00:44:47 qui l'a employé bien avant Renaud Camus en France.
00:44:50 Donc si vous voulez, c'est amusant que LFI fasse sans cesse un procès en extrême droitisation
00:44:55 à Emmanuel Macron sur le terme de "déscivilisation".
00:44:57 Si ce n'est pas de la décivilisation qu'on a devant les yeux depuis trois jours, qu'est-ce que c'est ?
00:45:01 Et cette récupération politique, donc vraiment XXL.
00:45:04 Qui vous met en colère autour de la table sur cette récupération politique ?
00:45:06 Naïm Fadel, Benjamin Morel ?
00:45:08 Non, je crois qu'il y a un jeu, si vous voulez.
00:45:10 Aujourd'hui, chacun caresse dans le sens du poil son électorat,
00:45:12 et LFI le fait également de manière, j'en serais absolument d'accord, maladroite,
00:45:16 voire parfois assez scandaleuse.
00:45:17 Après, si vous écoutez par exemple les propos d'Alma Dufour, il faut également raison garder.
00:45:21 Qu'est-ce qui s'est passé ces dernières années ?
00:45:23 Quand est-ce que le pouvoir a cédé à des mouvements sociaux et des revendications ?
00:45:26 Je vous rappelle Notre-Dame-des-Landes, je vous rappelle les Gilets jaunes,
00:45:30 je vous rappelle même commissariat brûlé, etc.
00:45:32 Il y a un an à Ajaccio, au moment des manifs nationaux.
00:45:36 À ce moment-là, l'État accepte tout et dit "Attention, là je cède aux rapports de force".
00:45:41 Aujourd'hui, très clairement, on a eu des conflits sociaux
00:45:45 qui n'ont débouché sur quelque chose que quand il y a eu un rapport de force.
00:45:48 Cette violence-là, on en a ouvert en partie la possibilité des moments
00:45:53 où on a dit "on ne cède qu'aux rapports de force".
00:45:55 C'est lorsque l'État a été faible qu'il a permis...
00:45:57 Là, il y a un vrai, vrai danger.
00:45:59 Et donc, si demain, c'est tout le piège, on arrivera au calme,
00:46:03 que malgré tout, en reconsidérant la question des banlieues,
00:46:06 en disant "il faut changer de politique, il faut changer de pied".
00:46:09 Le problème, c'est que si on le fait, on aura donné le sentiment
00:46:12 de céder encore une fois à la violence.
00:46:14 Et là, on rentre aujourd'hui dans un cercle profondément vicieux.
00:46:17 Moi, je veux bien que la FI fasse des déclarations, etc.
00:46:20 Vous pensez vraiment, et vous l'avez dit, vous avez parlé de l'agression de députés,
00:46:23 vous pensez vraiment que là, les jeunes, ils sont en train de regarder
00:46:25 les interviews de Jean-Luc Mélenchon et se disent "ah, on a l'autorisation
00:46:28 de Jean-Luc Mélenchon, on peut brûler". La réponse, c'est que non.
00:46:30 La FI n'a absolument aucune influence.
00:46:32 Non, mais peut-être que ce soir, à 20h, dans les rassemblements,
00:46:34 il y aura des gens aux motivations politiques, soutenus,
00:46:36 en tout cas motivés par la France Insoumise.
00:46:38 Il n'y aura pas de militants à la France Insoumise ce soir,
00:46:40 parce que ce n'est pas la sociologie.
00:46:42 De l'autre côté, il peut y avoir éventuellement des éléments d'ultra-gauche.
00:46:45 Mais la convergence des luttes, soyons sérieux,
00:46:47 quand on plie un haïk, vous croyez vraiment qu'on est anarchiste
00:46:49 et qu'on veut faire tomber le capitalisme ? La réponse, c'est non.
00:46:51 Il n'y a pas de convergence des luttes. Il n'y a absolument
00:46:53 qu'une influence d'extrême-gauche sur l'idéologie de ces jeunes.
00:46:55 On est à mille lieux.
00:46:56 Avant de marquer une pause, je voudrais qu'avec Noémie Schultz,
00:46:58 on puisse revenir sur l'origine de cette situation inflammable.
00:47:01 C'est bien sûr la mort du jeune Nahel, 17 ans,
00:47:03 tué par un policier après un refus d'obtempérer.
00:47:05 C'était donc mardi dernier.
00:47:07 Noémie, quelles sont les suites judiciaires de ce dossier, pour le moment ?
00:47:11 Vous savez, le policier a été placé en garde à vue dans la foulée.
00:47:15 Et hier, il a été mis en examen pour homicide volontaire
00:47:18 et placé en détention provisoire.
00:47:20 C'est assez rare dans ce type d'affaires,
00:47:22 que le policier soit placé en détention provisoire.
00:47:24 Le procureur de la République a estimé que les conditions légales
00:47:27 d'usage de l'arme par le policier n'étaient pas réunies,
00:47:31 ce qui justifie effectivement le placement de ce policier
00:47:34 qui a passé sa première nuit à la prison de la santé,
00:47:37 dans le quartier des personnes vulnérables et des personnalités aussi.
00:47:42 Un policier, bien sûr, qu'on va devoir protéger des autres détenus,
00:47:45 peut-être aussi protéger de lui-même.
00:47:48 Son avocat, hier, a pris la parole.
00:47:50 Il conteste, il maintient qu'il a tiré,
00:47:53 parce qu'il pensait que ce tir était nécessaire.
00:47:56 Et son avocat a fait savoir qu'il contestait et la détention provisoire,
00:48:00 et même la mise en examen.
00:48:02 Il va sans doute faire appel de cette mise en examen
00:48:04 et de cette détention provisoire.
00:48:06 Je vous propose d'écouter justement M. Laurent-Franck Liénard,
00:48:09 qui était l'invité de Pascal Praud, hier soir dans l'heure des Praud.
00:48:12 Tous les jours, vous risquez d'être shooté par un abruti au volant de sa voiture.
00:48:18 Et parce qu'en une seconde, vous prenez une décision,
00:48:22 qui est une décision terrible, dramatique, évidemment,
00:48:25 mais vous prenez cette décision, une seconde, et vous vous retrouvez en prison.
00:48:30 Quel est le message qu'on va donner aux policiers
00:48:33 qui vont ce soir être engagés sur des émeutes
00:48:36 et qui vont encore exposer leur intégrité ?
00:48:38 C'est n'y aller pas ? C'est arrêter tout ?
00:48:40 C'est quoi le message ?
00:48:42 En contestant cette détention provisoire, il est dans son rôle.
00:48:46 Bien sûr, il fait son métier d'avocat.
00:48:48 Après, au-delà du message sur les émeutes dont il parlait à la fin,
00:48:52 justement, il va sans doute changer, puisque je vous l'ai dit tout à l'heure,
00:48:55 l'Elysée a dit qu'Emmanuel Macron était prêt à changer le maintien de l'ordre,
00:48:58 sans tabou. Alors concrètement, qu'est-ce que ça veut dire, sans tabou ?
00:49:01 Plus d'interpellations, c'était déjà la consigne hier.
00:49:03 Plus de policiers sur le terrain, ça a déjà été multiplié par 4 hier.
00:49:06 Donc est-ce qu'on va se rapprocher des scores records de mobilisation
00:49:10 des forces de l'ordre des Gilets jaunes, où on était montés
00:49:13 à plusieurs dizaines de milliers de forces de l'ordre,
00:49:15 je crois quasiment à 90 000 policiers et gendarmes mobilisés ?
00:49:18 Est-ce qu'il va y avoir la volonté d'aller plus au contact,
00:49:21 de faire encore plus d'interpellations ?
00:49:23 Qu'est-ce que ça veut dire, sans tabou ?
00:49:25 Il va falloir le préciser en cellule de crise tout à l'heure, dans quelques minutes.
00:49:27 Exactement, vous me faites une transition parfaite,
00:49:29 puisqu'on va marquer une courte pause, et dans un instant, à 13h,
00:49:32 nous évoquerons évidemment cette cellule interministérielle de crise
00:49:36 qui réunit pour le deuxième jour consécutif Place Beauvau,
00:49:39 présidée par le chef de l'État, Emmanuel Macron.
00:49:42 Nous suivrons cela, bien sûr, en direct, dans quelques instants.
00:49:45 Restez avec nous dans Midi News.
00:49:47 De retour dans Midi News, avec tous mes invités
00:49:53 pour évoquer cette actualité majeure, l'actualité de ce vendredi,
00:49:56 cette troisième nuit d'émeute et ses conséquences,
00:49:59 notamment politiques, puisque pour la deuxième fois en deux jours,
00:50:01 Emmanuel Macron va présider une cellule de crise interministérielle.
00:50:06 Ce sera dans quelques instants, juste après le journal de Barbara Durand-Carmona.
00:50:11 Re-bonjour Anthony, bonjour à tous, dans l'actualité de ce vendredi 30 juin.
00:50:16 La nuit dernière, émaillée par des violences un peu partout en France,
00:50:20 des voitures brûlées, des commerces attaqués, pillés.
00:50:23 Au total, 40 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés.
00:50:26 Un camion de la BRI a même été déployé à Nanterre,
00:50:30 comme partout en France, en région.
00:50:32 Les régions n'ont pas échappé aux dégradations.
00:50:35 Exemple à Nantes, réveil difficile, il y a beaucoup de colère
00:50:38 chez les habitants des quartiers touchés,
00:50:40 qui ne trouvent aucune excuse aux auteurs de ces dégradations noctunes.
00:50:44 Reportage de Michael Chayot et Jean-Michel Decaze.
00:50:47 À l'aube, c'est l'image la plus frappante à Nantes.
00:50:50 La voiture Bélier est encore coincée dans l'entrée du magasin.
00:50:53 Le commerce restera fermé aujourd'hui.
00:50:56 Quelques rues plus loin, le bureau de poste fume encore.
00:50:59 Les habitants du quartier se réveillent en colère.
00:51:01 Ils sont complètement malins. Qui est-ce qui va payer les dégâts ?
00:51:04 C'est leurs parents, de toute façon.
00:51:06 Donc, c'est nous, c'est leurs parents.
00:51:08 La mairie de Nantes-Nord et de nombreux véhicules ont aussi été incendiés.
00:51:12 La voiture de Renan a échappé aux flammes.
00:51:15 Hier soir, ils étaient 40, 50 dans la rue,
00:51:19 à faire péter des pétards, à brûler la voiture.
00:51:24 C'est des sauvages.
00:51:26 On ne peut pas discuter.
00:51:27 Non, je ne vais pas essayer.
00:51:29 Dans les rues, l'heure est au grand nettoyage.
00:51:31 On croise la maire de Nantes, Joana Roland,
00:51:33 venue saluer les agents de la ville et les habitants.
00:51:36 Devant l'école toute proche, les parents qui veulent rester anonymes
00:51:39 ont des propos très durs sur les émeutiers de la nuit.
00:51:42 Il n'y a pas d'idéologie derrière.
00:51:43 C'est juste des jeunes qui sont désœuvrés, qui ont envie de casser,
00:51:45 qui veulent s'amuser avec la police, les pompiers, et qu'attendent que ça.
00:51:48 Mais il n'y a pas de... Non, non, je pense que ça n'a rien à voir avec Naël.
00:51:50 Il n'y a rien de tout ça.
00:51:51 La plupart des jeunes qui sont ici, ce n'est pas des jeunes qui habitent ici.
00:51:54 C'est des jeunes qui habitent plus loin.
00:51:56 Ce ne sont pas des gens qu'on voit habiter ici.
00:51:57 Ils viennent ici pour leur trafic, pour foutre le bordel, et c'est tout.
00:52:00 Ils ne vont pas faire ça en bas de chez eux.
00:52:01 Les appels au calme.
00:52:02 Les habitants rencontrés y croient peu.
00:52:04 Tous redoutent l'impasse.
00:52:06 Ne voyons pas comment nouer le dialogue avec ces jeunes émeutiers.
00:52:09 Des habitants également excédés en région parisienne
00:52:13 à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis,
00:52:15 où le collège Victor Hugo a subi des actes de vandalisme.
00:52:19 La nuit dernière, l'établissement a été incendié.
00:52:22 Aux abords, vous le voyez également, des voitures ont été brûlées.
00:52:24 Je vous propose d'écouter ces riverains.
00:52:26 Ça pétait de partout.
00:52:28 C'était très puissant.
00:52:29 Il les éclaire.
00:52:30 Beaucoup d'éclairs.
00:52:31 On a eu peur pour les voitures qui auraient pu brûler.
00:52:34 Mais ici, ça a pété.
00:52:36 Ça a duré une vingtaine de minutes.
00:52:38 Je comprends la colère.
00:52:40 Vraiment, je comprends cette colère.
00:52:42 Mais stop, les jeunes.
00:52:43 Ce n'est pas comme ça qu'on résolue tout ça.
00:52:47 Tout ce qui se passe là, je ne vois vraiment pas l'intérêt.
00:52:50 Parce que c'est nous qui allons payer les procaties.
00:52:53 Nous, toute la population.
00:52:55 Et puis, on vient tout juste de l'apprendre.
00:52:59 Emmanuel Macron est arrivé à Paris,
00:53:01 où il doit présider une cellule interministérielle de crise.
00:53:06 On va tout de suite prendre la direction du terrain,
00:53:09 rejoindre nos journalistes à Paris.
00:53:11 Bonjour, Soumaya Lalou.
00:53:12 Vous êtes à Châtelet.
00:53:14 C'est en plein centre de la capitale
00:53:16 où plusieurs magasins ont été vandalisés.
00:53:19 Racontez-nous.
00:53:21 Exactement.
00:53:24 Nous sommes devant cette grande enseigne de sport
00:53:27 dans le Forum des Halles.
00:53:29 Au moment où je vous parle,
00:53:30 un groupe d'experts, de policiers, constate les dégâts
00:53:33 et essaie aussi de récupérer des preuves, des empreintes.
00:53:36 Encore beaucoup, vous le voyez, de verre sur le sol,
00:53:40 sur le trottoir, après les émeutes de cette nuit.
00:53:43 La boutique a été complètement saccagée.
00:53:45 Beaucoup d'articles ont été volés.
00:53:47 En tout, 7 individus ont été interpellés.
00:53:50 Plusieurs articles ont été étiquetés, retrouvés sur eux,
00:53:53 sans qu'ils ne puissent justifier de leurs achats.
00:53:56 Ils avaient tous une vingtaine d'années environ.
00:53:58 A quelques mètres d'ici, une boutique de prêt-à-porter célèbre
00:54:01 a aussi été pillée et dégradée.
00:54:04 On a vu aussi quelques voitures brûlées.
00:54:06 De nombreux passants filment les dégâts.
00:54:08 On en a interrogé quelques-uns.
00:54:10 Je ne sais pas si on peut résoudre le problème
00:54:14 si on mobilise 40 000 policiers.
00:54:18 Il faut que moi, à mon avis, c'est la politique qui doit réagir.
00:54:25 Mais ce que je n'accepte pas non plus,
00:54:28 c'est les gens qui pensent ou qui croient
00:54:32 qu'avec une revanche, une violence comme ça,
00:54:36 on peut résoudre le problème.
00:54:38 À mon avis, ça ne fonctionne pas.
00:54:40 C'est des dommages collatéraux pour moi.
00:54:42 Je n'arrive pas à penser à une vitrine, un abribus ou un carousel
00:54:46 quand je sais qu'un petit gars est mort.
00:54:48 Je pense que c'est des dommages collatéraux.
00:54:50 Je m'en fiche.
00:54:51 Je pense que le plus important, c'est d'essayer de faire réagir
00:54:53 ceux qui sont censés réagir, pour punir ceux qui ont fait ça
00:54:56 et que les choses avancent, pour calmer les choses.
00:54:59 Nous avons aussi pu discuter avec quelques commerçants
00:55:05 qui nous ont fait part de leurs craintes pour ce soir,
00:55:07 pour une éventuelle quatrième nuit de violence.
00:55:10 Merci beaucoup Soumaya et merci à Léomar Cheuguet
00:55:13 qui vous accompagne.
00:55:15 Et puis, l'avocat du policier ayant tiré sur Nahel
00:55:18 a donné des nouvelles de son client.
00:55:20 Il assure que le fonctionnaire est dévasté
00:55:22 et qu'il demande pardon à la famille du jeune homme.
00:55:26 Voilà pour l'essentiel de l'actualité.
00:55:28 À 13h, la suite avec vous Anthony.
00:55:30 Merci à vous Barbara.
00:55:31 On vous retrouve à 14h pour un nouveau journal.
00:55:33 Vous avez montré justement dans votre édition,
00:55:35 il y a quelques instants, les images d'Emmanuel Macron
00:55:38 saluant Elisabeth Borne, arrivant Place Beauvau,
00:55:41 au ministère de l'Intérieur, juste en face de l'Elysée
00:55:43 pour cette cellule interministérielle de crise
00:55:46 qui va débuter dans quelques instants
00:55:47 et nous verrons les images en direct.
00:55:49 C'est de ça dont on va parler avec mes invités sur ce plateau.
00:55:52 Je vous les présente, Noémie Chouge du service police-justice de CNews,
00:55:55 Gautier Lebret du service politique de CNews,
00:55:57 Naïma M. Fadel, essayiste,
00:55:59 Pascal Bito Panali, expert en sécurité
00:56:02 et bien sûr, Benjamin Morel, maître de conférence en droit public.
00:56:05 Alors Gautier Lebret, ce moment où il va falloir prendre
00:56:08 des décisions politiques importantes.
00:56:10 Cette cellule de crise interministérielle,
00:56:16 où il va falloir prendre des décisions importantes aujourd'hui,
00:56:19 à quoi peut-on s'attendre lors de ce tour de table
00:56:22 entre ces ministres régaliens finalement ?
00:56:24 L'heure est grave.
00:56:25 On le sait, Emmanuel Macron a quitté précipitamment
00:56:27 le Conseil européen ce matin.
00:56:29 Il devait faire une conférence de presse qu'il a annulée.
00:56:31 C'est la deuxième cellule de crise interministérielle
00:56:33 organisée place Beauvau en 48 heures,
00:56:36 qui réunit donc, vous l'avez dit,
00:56:37 évidemment le président de la République,
00:56:38 la première ministre, Gérald Darmanin,
00:56:40 Eric Dupond-Moretti.
00:56:41 Et oui, il va falloir trouver des réponses politiques
00:56:44 pour tenter d'endiguer cette série des meutes,
00:56:48 ces trois nuits des meutes.
00:56:50 Des réponses politiques avaient été apportées hier.
00:56:52 40 000 policiers sur le terrain cette nuit,
00:56:54 ça avait été multiplié par quatre.
00:56:55 La volonté, l'ordre de plus interpeller,
00:56:58 plus de 600 interpellations.
00:57:00 Mais ça n'a pas suffi, on l'a vu.
00:57:02 Le gouvernement paraît impuissant
00:57:04 pour l'heure à endiguer ces émeutes.
00:57:06 Donc il va falloir trouver effectivement des solutions.
00:57:08 L'état d'urgence est sur la table.
00:57:10 Ça a été décrété deux fois au XXIe siècle.
00:57:12 2005, les précédentes émeutes.
00:57:14 2015, après les attentats.
00:57:16 Ça donne des pouvoirs exceptionnels à l'exécutif.
00:57:18 Ça permet de perquisitionner à n'importe quelle heure
00:57:21 du jour et de la nuit,
00:57:22 interdire n'importe quelle mobilisation,
00:57:25 n'importe quel regroupement de personnes.
00:57:27 Il y a aussi le couvre-feu généralisé
00:57:29 qui est sur la table.
00:57:30 On sait que plusieurs communes ont pris
00:57:32 à l'échelle locale cette décision-là.
00:57:34 Notamment un couvre-feu, pourquoi pas, pour les mineurs
00:57:36 qui ne pourraient pas sortir non accompagnés d'un adulte.
00:57:39 On sait, et Emile nous l'a dit tout à l'heure,
00:57:41 que ce sont des très jeunes, majoritairement,
00:57:43 qui sont gardés à vue, entre 14 et 18 ans.
00:57:45 Parfois entre 12 et 14 ans.
00:57:47 Donc vraiment des très jeunes.
00:57:49 Il va falloir trouver des réponses politiques,
00:57:51 c'est très clair.
00:57:52 L'État ne peut pas rester impuissant.
00:57:54 Et Emmanuel Macron a dit, et l'Élysée l'a confié
00:57:57 lorsqu'il rejoignait Paris et qu'il a quitté Bruxelles,
00:58:00 qu'il était prêt à adapter le maintien de l'ordre
00:58:03 sans tabou.
00:58:04 Sans tabou, ce sont des mots forts.
00:58:06 Je viens de voir un tweet de Sandrine Rousseau
00:58:08 qui dit que la réponse politique
00:58:09 ne peut pas être une réponse répressive.
00:58:11 Visiblement, Emmanuel Macron veut que les forces de l'ordre
00:58:16 soient mobilisées et pourraient assumer
00:58:18 le maintien, très clairement, de la force légitime,
00:58:22 la seule force légitime, c'est-à-dire celle des policiers.
00:58:24 Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?
00:58:26 Et qu'est-ce que sont les réponses qu'on attend
00:58:27 après cette cellule de crise interministérielle ?
00:58:29 Pascal Bittopanelli, puis Benjamin Morel,
00:58:31 ensuite on a clairement un exécutif
00:58:34 qui est sous pression aujourd'hui.
00:58:36 Il ne faut pas laisser la France s'embraser davantage.
00:58:39 Ça fait déjà trois nuits.
00:58:40 Oui, sous pression, la France est sur le fil,
00:58:43 les Françaises et les Français sont inquiets.
00:58:45 Il importe aujourd'hui de prendre des décisions,
00:58:48 d'avoir du courage et d'employer les forces
00:58:51 avec le plus d'efficacité, le plus de soutien,
00:58:54 d'être dans l'opérationnel et en même temps,
00:58:56 faire en sorte qu'on puisse contrôler,
00:58:59 sans doute en montant l'intensité du maintien de l'ordre.
00:59:01 Ce serait quoi une décision courageuse selon vous ?
00:59:03 Écoutez, c'est minimum l'état d'urgence
00:59:06 et puis c'est faire en sorte qu'on soit
00:59:09 sur une forme de maintien de l'ordre plus impactant,
00:59:13 où on monte plus au contact, où on fait plus d'interpellations,
00:59:16 où on fait intervenir sans doute les CRS suites,
00:59:19 les CRS dites hybrides, beaucoup plus la brave M
00:59:22 pour lutter contre ces gros puscules extrêmement mobiles
00:59:26 et qui font un dégât avec des axes de fuite très nombreux,
00:59:31 donc sur un schéma de maintien de l'ordre difficile.
00:59:34 Benjamin Morel, un exécutif d'autant plus sous pression
00:59:38 que tout ce qui se passe en ce moment
00:59:40 se passe déjà à un an des JO,
00:59:42 mais sous les yeux du monde entier également.
00:59:44 Les yeux du monde entier, on a un Emmanuel Macron qui parle...
00:59:46 L'Allemagne se dit t'inquiète.
00:59:48 Bien sûr, c'est-à-dire que ces images-là,
00:59:50 ces images également qu'on avait renvoyées au monde
00:59:52 au moment de la crise des gilets jaunes,
00:59:54 il y a le sentiment d'un pays qui malgré tout est fragile
00:59:57 et pour rejoindre ce qui a été dit,
00:59:59 c'est-à-dire qu'on peut avoir des grandes annonces aujourd'hui.
01:00:01 Admettons, l'état d'urgence, on a dit tout à l'heure,
01:00:03 ne sera pas très efficace, mais si jamais vous annoncez
01:00:06 qu'attention, on va rétablir l'ordre et que vous n'y parvenez pas,
01:00:09 quel signal vous envoyez au monde, aux Français
01:00:12 et même à ces jeunes-là qui aujourd'hui brûlent tout ?
01:00:15 C'est un signal extrêmement difficile et c'est un signal de faiblesse.
01:00:19 Donc pour l'exécutif aujourd'hui, il y a réellement une situation
01:00:22 qui est compliquée parce qu'évidemment, on peut envisager
01:00:24 les réponses à long terme, en termes de politique de la ville,
01:00:26 de développement économique, de répression,
01:00:28 de rénovation de la justice, de maintien de l'ordre public,
01:00:30 mais tout de suite maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?
01:00:32 Comment est-ce qu'on fait pour que demain, après-demain,
01:00:35 après-après-demain, on n'ait pas ce même type de scène ?
01:00:38 Il n'est pas certain qu'aujourd'hui, la réponse à cette question,
01:00:40 elle soit aussi simple et on a évidemment un exécutif
01:00:43 qui par rapport à tout ça, tremble.
01:00:45 Juste Anthony, vous parliez de l'Allemagne.
01:00:47 Je rappelle qu'Emmanuel Macron doit se rendre en Allemagne
01:00:49 normalement en visite d'État de dimanche à mardi.
01:00:51 Évidemment, pour l'heure, il n'a pas annulé auprès de nos voisins allemands sa visite.
01:00:55 Évidemment, à l'heure où on se parle, si ça continue,
01:00:58 cette visite d'État serait totalement impossible.
01:01:01 On imagine mal le chef de l'État quitter la scène nationale.
01:01:05 Alors là, il vient de le faire à Bruxelles.
01:01:07 On a vu, il n'a même pas pu aller au bout du Conseil européen
01:01:09 et faire sa conférence de presse.
01:01:10 Il est rentré en urgence.
01:01:11 Donc on le voit mal pour l'heure, quitter la France et aller en Allemagne.
01:01:15 Et pour donner un peu l'idée du climat dans lequel on traverse
01:01:17 depuis plusieurs mois après la réforme des retraites,
01:01:19 vous vous souvenez qu'il y a quelques mois, c'était l'inverse.
01:01:21 C'était une visite d'État du roi Charles III qui était annulée en France.
01:01:24 Et justement, sa première visite d'État, du coup, il l'avait fait en Allemagne.
01:01:27 Donc on est quand même à travers un climat social et un climat de violence urbaine
01:01:33 assez long qu'on connaît depuis le début de l'année.
01:01:36 Avec cette effectivement difficulté, vous parliez du fait de mobiliser la CRS8.
01:01:40 Elle est mobilisée déjà depuis quelques jours.
01:01:43 On a vu que la brigade d'intervention de la BRI a été déployée cette nuit à Nanterre
01:01:50 dans certains quartiers.
01:01:52 Le RAID, le GIGN ont également été appelés en renfort.
01:01:55 On le rappelle, 40 000 policiers et gendarmes mobilisés,
01:01:58 5 000 pour Paris et l'approche banlieue.
01:02:02 Avec donc la difficulté de quelle montée en puissance va être possible
01:02:06 pour des effectifs qui effectivement, en plus, sortent d'une année,
01:02:09 on le sait, qui a déjà été très très compliquée.
01:02:12 Et je le disais il y a quelques minutes, le monde entier nous regarde, commente
01:02:16 et juge également ce qui se passe en France.
01:02:18 Et au tout début de l'émission, c'est l'ONU qui s'est exprimée sur notre situation.
01:02:22 L'ONU qui estime que la France doit se pencher sur les sérieux problèmes de racisme
01:02:27 chez ses forces de l'ordre.
01:02:28 Alors là, une question à vous poser autour de la table.
01:02:31 Naïma M. Fadel, puis Pascal Bitto Panelli.
01:02:33 Est-ce que l'ONU ne vise pas un petit peu à côté du problème ?
01:02:36 Complètement. Et puis l'ONU, j'ai envie de leur dire de quoi ils se mêlent.
01:02:40 Enfin c'est extrêmement grave.
01:02:42 Elle rentre dans une logique de pseudo-racisme systémique au sein de nos forces de l'ordre.
01:02:46 Est-ce qu'on peut parler de ça ? Pas certain.
01:02:48 Alors que c'est faux. D'ailleurs, on voit bien que chez les policiers
01:02:51 ou chez les militaires, il y a énormément de personnes, de la diversité.
01:02:55 Plus qu'on croit.
01:02:57 Non, je pense pas que nous avons... Enfin la police n'est absolument pas raciste.
01:03:02 La police se trouve confrontée à malheureusement une délinquance,
01:03:07 notamment des mineurs, qui sont parfois malheureusement pas assez jugés.
01:03:13 Vous savez, je vais vous dire, le petit Naël, j'y pensais avec des parents hier.
01:03:19 Le petit Naël, quatre refus d'obtempérer.
01:03:23 Il a conduit deux fois sans permis de conduire.
01:03:27 C'est-à-dire qu'il a commencé à l'âge de 15 ans.
01:03:29 Ce gamin-là, vous pensez pas que la justice aurait dû faire quelque chose
01:03:34 pour que justement arrêter cela avant qu'on arrive à ce drame ?
01:03:38 Alors bien sûr, ce drame-là, rien ne justifie qu'il en soit mort, bien sûr.
01:03:43 Encore une fois, personne ne mérite de mourir pour un refus d'obtempérer.
01:03:47 Mais ce que je veux dire par là, c'est qu'aujourd'hui, nous avons une confrontation
01:03:51 et on laisse une confrontation entre les policiers et les jeunes,
01:03:55 notamment des quartiers, qui devient insupportable en fait pour les deux.
01:04:00 Et c'est pas normal.
01:04:01 Donc nous devons trouver les moyens d'arrêter cela
01:04:04 pour ne plus laisser nos policiers dans cette situation.
01:04:09 Pascal Bittopanelli, ça vous interpelle, cette prise de position de l'ONU,
01:04:13 qui semble quand même très orientée.
01:04:14 Très orientée. On est toujours sur les grandes théories intersectionnelles, systémiques.
01:04:19 La police est raciste. Bref, ça vaut 0 sur 20.
01:04:22 C'est pas le moment, dans l'État ou LPI, de sortir de telles choses.
01:04:26 On confond la police américaine et la police française.
01:04:29 Oui, on est en train absolument.
01:04:31 Écoutez, là, je pense que c'est pas le moment de faire ça.
01:04:34 C'est le moment d'être tous ensemble.
01:04:36 Naïma a raison, de rétablir les choses, de savoir dire que le cocktail impunité
01:04:42 plus abandon des parents est destructeur, est explosif.
01:04:45 Mais qu'il faut au-delà de ça ne pas généraliser
01:04:48 et qu'il faut qu'on remette, qu'on réinjecte dans le tissu de certains quartiers
01:04:54 des associations, des maires, du sport, de la présence, de la police de proximité,
01:05:00 du renseignement, du lien.
01:05:02 Il faut surtout, aujourd'hui, qu'on n'abandonne pas le terrain, au contraire.
01:05:07 Oui, mais 40 000 policiers et gendarmes déjà mobilisés hier soir.
01:05:11 Est-ce que, malgré tout, la police est débordée ?
01:05:13 Elle est débordée.
01:05:14 Surtout, elle n'a plus de munitions. On sait que c'est une inquiétude.
01:05:18 Comment vont-ils tenir sur le long terme ?
01:05:21 C'est évidemment la fatigue. Et pour montrer l'impuissance du gouvernement et de l'État,
01:05:26 je rappelle qu'hier, Gérald Darmanin, par deux reprises en marge de son déplacement dans le Nord,
01:05:30 a dit "ne vous inquiétez pas, ce soir, l'ordre républicain va revenir".
01:05:34 Il s'est beaucoup trop avancé, le ministre de l'Intérieur, quelques rappelés.
01:05:38 Après, on assistait à cette troisième nuit des meutes,
01:05:41 qui, en plus, était encore plus importante que la précédente,
01:05:44 comme depuis le début de cette semaine.
01:05:46 Donc, il y aura vraiment tous les projecteurs fixés sur les annonces
01:05:50 après la cellule de crise interministérielle, parce qu'il faut des réponses politiques.
01:05:53 L'exécutif ne peut pas simplement regarder ce qui se passe, évidemment,
01:05:56 et se contenter de mettre des forces de l'ordre sur le terrain,
01:05:59 toujours plus nombreuses, effectivement.
01:06:01 Mais ça ne fonctionne pas, ça ne suffit pas.
01:06:03 Emmanuel Macron a tenté de calmer la gronde en disant que ce drame était inexcusable.
01:06:08 Ça n'a pas fonctionné. Ensuite, le policier a été placé en détention provisoire,
01:06:13 sûrement avec cette idée-là aussi derrière la tête des émeutes.
01:06:17 Ça n'a pas fonctionné non plus, parce que, comme on le dit depuis le début de l'émission,
01:06:20 il y a autre chose maintenant derrière ces émeutiers.
01:06:23 Le petit Naël est vite oublié, c'est un prétexte.
01:06:27 Donc, rien ne pourra calmer les émeutiers par des messages
01:06:33 comme ce qu'a fait Emmanuel Macron depuis le début de la semaine.
01:06:36 Il faut des réponses fortes et fermes, et c'est à lui de les définir,
01:06:39 puisqu'il a dit, encore une fois, que le maintien de l'ordre serait revu sans tabou.
01:06:43 Et expliquer les choses aussi, parce qu'il n'y aurait rien sur les quartiers,
01:06:46 c'est une grave erreur, parce que depuis 40 ans, on a mis plus de 10 milliards d'euros
01:06:50 sur les quartiers, en termes de rénovation urbaine, mais aussi d'action sociale.
01:06:54 Et sur les quartiers, il y a énormément d'équipements,
01:06:57 des centres de loisirs, centres culturels, les médiathèques, etc.
01:07:00 Tout ce qu'on voit partir en fumée, littéralement.
01:07:02 Bien sûr, sur Botte-la-Jolie, vous avez une piscine pratiquement olympique
01:07:05 en plein Val-Fourey. Donc, je pense expliquer ça, refait, encore une fois,
01:07:09 l'erreur de toujours avec cette lecture. Par contre, on doit peut-être changer
01:07:14 les politiques officielles par rapport à ces quartiers, et avoir le souci
01:07:17 de les agréger à l'ensemble d'une ville, et travailler aussi pour les décloisonner
01:07:21 et désenclaver.
01:07:23 - Benjamin Morel.
01:07:24 - Le problème, c'est que c'est des quartiers hub, on l'a souvent dit,
01:07:26 mais en fait, c'est des quartiers qui, lorsque vous commencez à réussir
01:07:28 un petit peu à augmenter dans l'échelle des revenus, vous les quittez.
01:07:31 Et donc, ce faisant, vous avez une population qui est présente,
01:07:34 qui stagne, et qui a l'impression de ne plus avoir de perspective.
01:07:36 Ce qui, évidemment, conduit à un désengagement généralisé.
01:07:39 Par ailleurs, vous avez des populations qui viennent, originaires des migrations,
01:07:44 qui tout de suite arrivent là, vous avez des phénomènes communautaires
01:07:46 qui se créent. Donc, le problème, entre guillemets, n'est pas,
01:07:49 et je rejoins tout à fait Naïma, n'est pas d'y injecter plusieurs milliards.
01:07:52 Le problème, c'est de changer de logique d'aménagement urbain,
01:07:55 comme ont fait par exemple les Danois. C'est-à-dire, concevoir aujourd'hui
01:07:58 que des quartiers hub, ou des populations paupérisées, demeurent
01:08:02 et restent à domicile, ce n'est pas une bonne idée.
01:08:04 Parce que, évidemment, ça crée de la désespérance, et ça crée de l'insécurité.
01:08:07 Changer cette logique-là, qui n'a pas été changée après 2005,
01:08:10 ça pourrait être, je dirais, l'un des bilans de cette crise.
01:08:13 Mais après, tout de suite, malheureusement, c'est totalement inaudible,
01:08:17 parce que, comme on l'a dit, eux, ils n'ont aucune revendication,
01:08:20 ils n'ont aucune organisation, ils sont là pour casser.
01:08:23 Et la difficulté de calmer une crise sociale, quand vous n'avez pas d'interlocuteur,
01:08:26 on commence à la connaître dans ce pays.
01:08:28 Je voudrais qu'on écoute le ras-le-bol des tout premiers concernés
01:08:30 par ce qui se passe, et les habitants de ces quartiers eux-mêmes.
01:08:33 A.Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, écoutez.
01:08:36 Moi, je suis contre la police qui a tiré sur le jeune,
01:08:40 et je suis contre le jeune qui conduit sans permis à 17 ans.
01:08:44 Voilà, c'est ça, et voilà le résultat.
01:08:46 Ça me donne la chair de poule, parce que les bus...
01:08:49 Si nous, on va travailler le matin, on va prendre les bus et tout ça.
01:08:53 On brûle des bus, des biens publics, et la mer à côté aussi, donc assez...
01:09:02 Moi, je veux dire que c'est que des gamins.
01:09:05 C'est que des gamins, des 15 ans, 16 ans, 17 ans, 20 ans.
01:09:09 Et ça met évidemment en rage pour tous ces habitants qui subissent cela aujourd'hui.
01:09:14 Ce qui serait fort, ce serait qu'eux se mobilisent aujourd'hui.
01:09:17 Qu'eux manifestent contre ce qui est en train de se passer.
01:09:19 Parce qu'ils ont aujourd'hui les clés.
01:09:21 Ils sont les premières victimes, mais également la première solution.
01:09:24 Mais vous voulez quoi ? Qu'ils sortent le soir et qu'ils s'interposent ?
01:09:27 Peut-être pas le soir. Il ne faut pas leur demander de prendre des risques physiques.
01:09:29 Mais si vous aviez des manifestations, si vous aviez...
01:09:32 Ce n'est pas du tout un reproche que je leur fais.
01:09:34 Mais si jamais il y avait une "mobilisation" et une formulation également de revendications,
01:09:38 eh bien là, tout d'un coup, ça changerait peut-être la donne.
01:09:40 Et ça permettrait de reléguer au second plan, ou en tout cas de décrédibiliser un peu plus
01:09:44 ce qui est en train de se passer là.
01:09:45 Je voudrais qu'on écoute, s'il vous plaît, et je vous donne la parole Naïma, juste après,
01:09:48 le maire de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, qui s'est exprimé justement
01:09:52 dans la cour de la place Beauvau, à la sortie de cette cellule de crise interministérielle.
01:09:58 Écoutez. À Matignon, pardonnez-moi.
01:10:00 Ce n'était pas prévu que j'y vienne.
01:10:04 J'y suis venu pour porter au plus haut niveau de l'État
01:10:09 la parole, le ressenti des habitants de ma ville.
01:10:17 Dire que l'émotion et la colère ressenties à la mort de Naël
01:10:27 tuée dans les conditions que vous savez, est toujours très vive
01:10:35 et qu'elle est partagée par toute une population, dans toutes ses diversités.
01:10:42 Voilà, pour le maire de Nanterre, qui vient de sortir de Matignon,
01:10:47 juste avant la cellule de crise interministérielle, qui se tient, elle, à Beauvau.
01:10:52 Naïma Emfadou.
01:10:53 Nanterre, qui est la ville où il y a eu une association qui est très importante.
01:10:58 C'est l'association Ziva, qui s'est créée dans les années 80.
01:11:01 Une association exemplaire dans les quartiers.
01:11:05 Moi, je voudrais juste rajouter par rapport à ce qu'a dit Benjamin,
01:11:07 et je pense que vraiment, on doit réfléchir à peut-être prendre l'exemple du Danemark.
01:11:12 Le Danemark, c'est un pays, encore une fois, c'est une coalition, je crois, sociodémocrate.
01:11:17 Et ce qu'ils ont fait, ils sont partis aussi d'un constat.
01:11:20 C'est qu'à un moment, ils se retrouvaient dans des quartiers qui étaient enclavés
01:11:23 et qui fonctionnaient en vases clos.
01:11:25 Et leur démarche, c'était d'agréger l'ensemble de la population et de faire unité.
01:11:31 Et c'est ça qu'on doit avoir, nous aussi, dans notre démarche.
01:11:33 C'est qu'à un moment, on ne peut pas laisser ces quartiers en leur disant
01:11:36 "Allez, on vous donne de l'argent, organisez-vous entre vous et restez entre vous".
01:11:40 Vous voyez, comme des zones, en fait, qui deviennent des zones de non-droit
01:11:46 et encourager ainsi le communautarisme.
01:11:48 Peut-être qu'on peut se dire, une nouvelle démarche, c'est de se dire
01:11:51 "On a besoin aujourd'hui de faire nation ensemble et comment on fait en sorte d'agréger ces quartiers".
01:11:57 Et effectivement, suivre l'exemple du Danemark est très important.
01:12:00 Le Danemark, ils ont décidé, la droite, 50% seulement de personnes ici de l'immigration,
01:12:05 la gauche a fait mieux que seulement 30%.
01:12:08 Ils sont en train de faire une mixité incroyable.
01:12:11 Les gamins, dès un an, ils sont scolarisés.
01:12:13 Et les familles, familles posant des problèmes, sont expulsées.
01:12:17 Parce que tout à l'heure, on parlait des familles qui ne peuvent pas s'organiser.
01:12:20 Il faut savoir que ces familles-là, la plupart qui vivent paisiblement,
01:12:26 qui veulent vivre paisiblement dans ces quartiers,
01:12:28 se retrouvent en difficulté face à toute cette délinquance.
01:12:32 Ces quartiers-là, Anthony, il faut aussi les débarrasser de toutes ces délinquances
01:12:37 pour qu'ils puissent trouver aussi une tranquillité.
01:12:40 J'ai envie de vous dire, la difficulté supplémentaire à laquelle ils sont confrontés désormais,
01:12:43 on vient de l'apprendre, c'est que les bus et les tramways en Ile-de-France
01:12:46 sont interrompus désormais, tous les soirs, à 21h, jusqu'à nouvel ordre.
01:12:51 C'est l'information qui vient de nous parvenir.
01:12:53 Naomi Schultz, est-ce qu'on peut faire aussi un bilan de ce qui s'est passé la nuit dernière ?
01:12:57 Un bilan chiffré.
01:12:58 Sur cette interdiction d'ailleurs, c'était déjà le cas hier soir.
01:13:01 Le fait s'est prolongé.
01:13:04 Et il y a plusieurs raisons.
01:13:05 Il y a d'abord éviter les déplacements, faire en sorte que les jeunes ne puissent pas
01:13:10 se rendre d'un point à un autre en prenant ces transports en commun.
01:13:13 Et puis il y a aussi la volonté de protéger ces bus, ces trams qui ont été pris pour cibles,
01:13:17 on l'a vu, avec des dégâts, on le rappelle, extrêmement importants en termes financiers
01:13:22 pour la RATP, mais pas seulement.
01:13:24 Oui, ils parlaient de 7 à 8 millions d'euros déjà, rien que pour les deux premières nuits.
01:13:27 Voilà, c'est notamment, et puis pour ne pas faire prendre de risques,
01:13:30 aussi aux conducteurs de bus, aux conducteurs de trams, puisqu'à chaque fois...
01:13:33 Ils ont été agressés.
01:13:34 Certains ont été bien sûr agressés.
01:13:37 Oui, on peut revenir sur ces chiffres assez effrayants de cette nuit.
01:13:42 3 880 feux sur la voie publique, 1 900 feux de voitures, ces bâtiments publics incendiés,
01:13:49 avec dans le détail 39 locaux de la police nationale, 24 de police municipale,
01:13:53 16 casernes de gendarmerie, 119 attaques de bâtiments publics, dont des mairies,
01:13:59 des écoles aussi, des médiathèques, des crèches.
01:14:03 C'est ça qui est frappant, effectivement, c'est que les émeutiers s'en prennent à des lieux
01:14:08 qu'ils ont peut-être eux-mêmes fréquentés, que certains fréquentent peut-être même encore,
01:14:13 puisqu'on l'a dit, il y a des personnes, alors pas pour les crèches,
01:14:17 mais pour les bâtiments publics, les centres de loisirs, il y a des personnes très jeunes.
01:14:22 On rappelle parmi les personnes qui participent à ces émeutes,
01:14:26 beaucoup de mineurs de 14 à 18 ans, voire parfois plus jeunes.
01:14:31 Et donc on a ce chiffre qui nous est parvenu il y a quelques minutes,
01:14:34 du bilan du nombre d'interpellations.
01:14:37 Il y a eu cette nuit 875 interpellations, dont 408 pour Paris et la région parisienne.
01:14:44 Je vous propose de rester avec moi sur ce plateau.
01:14:47 On va continuer à décrypter toute cette actualité ensemble.
01:14:50 Et cette cellule de crise interministérielle qui se tient en ce moment même,
01:14:53 Place Beauvau, au ministère de l'Intérieur, avec la Première ministre Elisabeth Borne,
01:14:57 et bien sûr une séance présidée par le chef de l'État Emmanuel Macron.
01:15:00 On en parle dans quelques instants avec Gauthier Lebrun.
01:15:02 Bienvenue dans Midi News.
01:15:07 On est encore ensemble jusqu'à 14h pour évoquer cette actualité,
01:15:10 les émeutes de la nuit dernière.
01:15:12 Troisième nuit de difficulté, mais cette fois quasiment à travers tout notre territoire.
01:15:17 On fera le point juste après.
01:15:19 Le rappel de l'actualité signé Somaïa Labidi.
01:15:21 Face aux émeutes, Emmanuel Macron se tient en ce moment même
01:15:27 pour une nouvelle cellule de crise, Place Beauvau.
01:15:29 La deuxième en l'espace de deux jours.
01:15:31 Le chef de l'État a écourté son déplacement à Bruxelles
01:15:34 pour dresser un état des lieux de la situation.
01:15:37 Il s'est d'ailleurs dit prêt à adapter le dispositif de maintien de l'ordre sans tabou, je cite.
01:15:42 On connaît désormais le dernier bilan de cette troisième nuit de violence.
01:15:46 Au total, 875 personnes ont été interpellées sur tout le territoire.
01:15:51 2000 véhicules calcinés, 3880 feux sur la voie publique
01:15:55 et 492 bâtiments publics ont été dégradés.
01:16:00 Et face à l'ampleur des dégâts, Valérie Pécresse annonce une enveloppe de 20 millions d'euros
01:16:05 des fonds débloqués par la région Île-de-France pour aider notamment à réparer
01:16:09 les très nombreux bâtiments publics qui ont été vandalisés.
01:16:13 Merci à vous Somaïa Labidi.
01:16:18 Bâtiments, public dégradé comme le disait notre journaliste Somaïa.
01:16:22 Magasins pillés, véhicules incendiés. Troisième nuit d'émeute qui s'étend désormais à la France entière.
01:16:27 Évidemment, on fait le point avec nos reporters sur le terrain.
01:16:30 Au quatre coins de la France, Paris, Nantes, Aubervilliers ou encore Sevran.
01:16:34 On avait vu les images ce matin, Sevran où des individus pillaient des magasins.
01:16:38 Vous verrez aussi dans quelques minutes ces images exclusives.
01:16:41 Malheureusement, ces premières victimes et on l'a dit tout au long de cette émission,
01:16:44 ce sont les habitants de ces quartiers eux-mêmes qui se retrouvent privés de services publics.
01:16:49 Avant de poursuivre, de continuer à décrypter, je voudrais qu'on revienne sur ces images choc de la nuit dernière.
01:16:53 Des images quasi insurrectionnelles. Le récit en images de Charlotte Gorzala.
01:16:58 Des violences et des émeutes sur tout le territoire.
01:17:03 À Lille, alors que la préfecture avait interdit tout rassemblement,
01:17:06 la situation était particulièrement tendue dès 21h et jusque tard dans la nuit.
01:17:11 À de nombreuses reprises, les policiers du Raid ont dû intervenir.
01:17:15 Tout comme à Roubaix, Nanterre ou Lyon.
01:17:19 À Vénissieux, toujours dans le Rhône, un trameau a été incendié.
01:17:22 Puis des poubelles et des voitures quelques kilomètres plus loin, à Sainte-Foy-les-Lyon.
01:17:27 Partout en France, des écoles ont été ciblées par ces émeutiers,
01:17:35 comme à Tourcoing ou encore ici, à Villeurbanne.
01:17:38 Alors que les pompiers interviennent sur plusieurs départs de feu à Vernon dans l'heure,
01:17:45 des individus s'emparent de leurs camions.
01:17:48 Des magasins et des supermarchés ont été pillés,
01:17:52 en témoignent ces images à Paris ou encore à Nantes.
01:17:55 Alors que 40 000 forces de l'ordre ont été déployées sur le terrain,
01:18:01 les autorités craignent déjà pour ce soir, une quatrième soirée de chaos.
01:18:09 Je voudrais vous faire commenter, observer cette séquence exclusive tournée par nos équipes ce matin,
01:18:15 par Marine Sabourin notamment.
01:18:17 Cette image, l'interpellation d'un pilleur en direct ce matin à Sevran,
01:18:22 en Seine-Saint-Denis, dans un magasin de chaussures.
01:18:25 Il faisait littéralement son marché, il était venu se servir avec des sacs
01:18:28 et à la sortie du magasin, il est pris en flagrant délit par les forces de l'ordre.
01:18:33 Regardez cette séquence absolument lunaire.
01:18:35 Alors on va observer cette séquence dans quelques instants.
01:18:43 On voit le pillage d'un autre magasin qui n'est pas celui dont je vous parlais à l'instant.
01:18:48 Mais la situation est quasiment la même, sauf que là on ne voit pas ces personnes se faire interpeller.
01:18:54 Je vous montrerai la séquence dans quelques instants.
01:18:56 Elle est prête, regardez.
01:18:58 Vous travaillez ici peut-être ?
01:19:05 Vous travaillez ici ? Ah oui, et vous, dont vous vous servez, c'est ça ?
01:19:09 C'est ça monsieur ? C'est qui ?
01:19:12 C'est pas vous qui quoi ?
01:19:14 C'est pas moi qui...
01:19:15 Et toi tu travailles ici ?
01:19:17 Venez, venez avec ça.
01:19:19 Allez-y, venez.
01:19:20 Venez ! Merci.
01:19:21 Allez-y monsieur, il y a la caméra, venez.
01:19:26 Ok, allez.
01:19:32 Est-ce que vous...
01:19:33 C'est ça.
01:19:34 Allez.
01:19:37 Tranquillement.
01:19:40 Vous vous arrangez.
01:19:42 Et donc cet homme qui dans un premier temps nous dit "c'est pas moi qui ai cassé, ça vous choque ?"
01:19:50 Bah oui évidemment c'est choquant, mais ensuite il y a un rapport très opportuniste à la fois en matière de casse et puis en matière en pillage post-caste derrière.
01:19:57 C'est ce qui rend les choses extrêmement compliquées parce que comment arriver à faire la part de certaines revendications qui peuvent être plus ou moins pseudo-politiques
01:20:05 de l'autre d'une violence qui est purement crapuleuse et ensuite d'une forme d'opportunisme face à un phénomène qui est général.
01:20:10 Vous voyez que pour un gouvernement, rentrer en négociation avec un tel mouvement, c'est juste totalement impossible.
01:20:15 La répression, elle est également extrêmement compliquée à organiser parce que c'est quelque chose d'extrêmement diffus.
01:20:20 Donc là on est face à des dilemmes qui politiquement vont être très compliqués à résoudre.
01:20:24 Je pense à tous ces commerçants, le Mic Guyot, vous êtes notre journaliste économie,
01:20:29 tous ces commerçants qui n'ont absolument rien demandé, qui se retrouvent avec des dégâts considérables aujourd'hui,
01:20:34 des vitrines brisées, des magasins pillés.
01:20:37 Il y a les commerçants, il y a aussi les particuliers dont les voitures ont été incendiées.
01:20:41 Qui va payer tout ça aujourd'hui ?
01:20:44 Normalement, pour une grosse partie, ce sont les assurances à condition toutefois d'être bien couverts.
01:20:49 J'ai aujourd'hui avec moi sur ce plateau une invitée, c'est Stéphanie Durafour.
01:20:54 Bonjour.
01:20:55 Vous êtes porte-parole d'Assurland, comparateur d'assurance bien connu.
01:20:58 Justement, on voulait vous avoir avec nous pour que vous nous apportiez cet éclairage sur
01:21:02 si on fait partie des 1900 personnes dont le véhicule a été incendié, est-ce qu'on va être indemnisé ?
01:21:07 Est-ce qu'on a une chance d'être remboursé par l'assurance ?
01:21:09 Alors tout va dépendre un petit peu du niveau de garantie que vous aurez souscrit.
01:21:12 Si vous avez souscrit une assurance tout risque, ou ce qu'on appelle le tiers intermédiaire avec une garantie vol incendie,
01:21:18 là vous devriez être indemnisé, sous couvert d'avoir déposé une plainte
01:21:22 et de déclarer le sinistre dans les cinq jours auprès de votre assureur.
01:21:25 Et si ce n'est pas le cas ?
01:21:26 Alors là où ça se complique un petit peu, c'est si vous êtes assuré en responsabilité civile, c'est le minimum légal.
01:21:32 Là, vous n'êtes pas couvert pour l'incendie.
01:21:34 Donc ce qu'il va se passer, c'est que soit vous n'êtes pas indemnisé,
01:21:37 soit vous pouvez vous tourner vers un organisme qui s'appelle la CIVI,
01:21:40 qui peut potentiellement vous donner une indemnisation qui est plafonnée à 4341 euros,
01:21:46 sous couvert de remplir certaines conditions, notamment des conditions de ressources,
01:21:49 revenu fiscal de référence inférieur à 26 053 euros pour 2022,
01:21:54 et puis un contrôle technique et revenu annuel,
01:21:58 et un contrôle technique, une matriculation à jour, et avoir souscrit une assurance RC.
01:22:03 À moins que c'est la seule possibilité, que ce soit le véhicule d'à côté qui ait enflammé le vôtre,
01:22:08 auquel cas c'est l'assurance du véhicule d'à côté, d'où est parti le feu, qui peut prendre en charge l'indemnisation.
01:22:14 Puis Anthony, vous posiez la question des commerces, on les a vus, ces pillages.
01:22:18 Là c'est compliqué aussi pour les commerçants, parce qu'il y a plusieurs problèmes qui se posent.
01:22:22 Il y a d'abord les dégradations qui ont été commises sur les vitrines, le mobilier, les bâtiments.
01:22:28 Ensuite il y a le stock, ce qui a pu être volé, comme on a vu là avec ce sujet.
01:22:32 Et puis enfin il y a la perte d'activité, ces trois sujets différents,
01:22:36 et on n'est pas forcément quand on est commerçant assuré de la même façon pour les trois, c'est ça ?
01:22:40 Non, alors généralement les commerçants, les entreprises ont une assurance multi-risques,
01:22:43 donc ça va couvrir les dégâts matériels.
01:22:45 Donc typiquement, effectivement, un incendie, un bris de glace, un dégât sur une machine, là ça sera pris en charge.
01:22:51 Là où ça se complique, c'est pour tout ce qui concerne la perte d'exploitation sans dommage,
01:22:55 c'est-à-dire que la boutique doit être fermée par mesure de sécurité,
01:22:58 ou parce que la boutique d'à côté a été vandalisée et donc le commerçant ne peut plus ouvrir la sienne.
01:23:02 Là, toute la perte qui va en découler, donc la rentrée de chiffre d'affaires qui ne va plus se faire,
01:23:08 n'est pas nécessairement assurée, et donc là c'est une perte pour le commerçant.
01:23:12 Oui, ça certains commerçants se sont rendus compte qu'ils n'étaient pas bien couverts au moment du Covid notamment.
01:23:15 Tout à fait.
01:23:16 Le chiffre que donne Bercy aujourd'hui, c'est que 95% des grandes surfaces sont assurées contre la perte d'exploitation,
01:23:22 mais seulement 55% des petits commerçants, il y a sans doute quelque chose à faire pour eux.
01:23:27 Oui, exactement, parce que c'est un vrai souci quand on voit ce genre de phénomène, pas d'anonymisation.
01:23:33 Merci beaucoup Stéphanie.
01:23:34 Merci à vous l'homme aiguilleux journaliste économie, merci à votre invitée Stéphanie Durafour, je le rappelle, porte-parole d'Assurland.
01:23:41 Une autre séquence que je voulais vous montrer, parce que si évidemment les commerçants, les particuliers,
01:23:45 n'ont absolument rien demandé sur les dégâts qui sont évidemment causés, les habitants non plus concernant leurs services publics.
01:23:51 On a vu ce qu'il en était des transports, notamment à Aubertvilliers,
01:23:55 je voudrais qu'on aille du côté de Villeurbanne et de regarder cette séquence.
01:23:57 Villeurbanne, c'est dans le Rhône, une école ciblée par des tirs de mortier.
01:24:01 Évidemment, ce n'est pas la seule école en France, mais c'est une séquence qu'on voulait vous montrer,
01:24:05 parce qu'elle est hautement symbolique de ce qui se passe en ce moment, ces trois dernières nuits dans notre pays.
01:24:09 Regardez.
01:24:10 Ils sont cassés d'une pomme, il y a une râle dedans.
01:24:13 Les pommes, s'il vous plaît, pas les pommes ! Ne touchez pas les pommes !
01:24:24 Vous entendez, Naïma, ce cri déchirant de cette femme qui dit "s'il vous plaît, pas l'école".
01:24:28 Ça me fait beaucoup de peine, en fait. Je vous le dis franchement, parce que je sais combien les écoles sont importantes.
01:24:36 Pas tout le réseau qu'on met en place dans un quartier, c'est à la crèche, pour pouvoir faire garder les enfants.
01:24:42 Les écoles, les médiathèques, les centres sociaux, etc.
01:24:47 Et aujourd'hui, je me dis le temps qu'il faudra pour reconstruire tout ça.
01:24:52 Et en attendant, c'est les habitants de ces quartiers-là qui vont être punis.
01:24:57 La majorité silencieuse, ceux qui n'aspirent qu'à l'aide à la tranquillité.
01:25:02 Et pour rebondir sur ce que disait Benjamin, effectivement, il faut changer de logiciel par rapport à ces quartiers-là.
01:25:10 Et aujourd'hui, avoir vraiment le souci de venir apporter une assistance à ces habitants et ne pas avoir la main qui tremble.
01:25:23 Quand j'entends que le président de la République, aujourd'hui, il est prêt, effectivement, dans le cadre de ce chaos, de prendre des mesures fortes,
01:25:32 eh bien moi j'aimerais qu'il y ait une extension sur ces quartiers-là pour qu'enfin, on vienne...
01:25:40 Justement, il y a un communiqué qui vient de tomber d'Alliance Police Nationale et d'UNSA Police,
01:25:44 qui appellent le président à prendre des mesures très fortes face à ces hordes sauvages.
01:25:50 Demander le calme ne suffit plus. Il faut l'imposer, rétablir l'ordre républicain et mettre les interpellés hors d'état de nuire.
01:25:56 Ce doivent être les seuls signaux politiques à donner pour ces raisons.
01:26:00 Alliance Police Nationale et UNSA Police prendront leurs responsabilités et préviennent dès à présent le gouvernement qu'à l'issue,
01:26:06 nous serons dans l'action et sans mesures concrètes de protection juridique du policier, de réponses pénales adaptées,
01:26:11 de moyens conséquents apportés, les policiers jugeront de la hauteur de la considération portée.
01:26:17 Voilà, et donc effectivement, c'est une pression mise sur le chef de l'État pour qu'il donne l'ordre de plus d'interpellations,
01:26:25 d'aller plus au contact, mais qu'il donne aussi les armes juridiques au policier pour être protégé.
01:26:30 Anthony, juste, je voudrais rajouter par rapport à ce que dit Anne-Dière Gautier.
01:26:34 Vraiment, encore une fois, saisir cette occasion pour une autre politique qui empêche ce séparatisme.
01:26:40 Parce que ce qu'on a fait depuis 40 ans, c'est qu'on a encouragé et favorisé le séparatisme, dont aujourd'hui, qu'aujourd'hui on veut combattre.
01:26:48 Vous disiez qu'il ne fallait pas que l'État ait la main qui tremble et peut-être qu'à l'origine de tout ça,
01:26:52 vous nous le disiez tout à l'heure, c'est que justement la main de l'État a tremblé à maintes reprises.
01:26:57 Et ce qui fait penser aujourd'hui à tous ces émeutiers, tous ceux qui sont à l'origine de ces violences,
01:27:01 que pour obtenir ce qu'on veut, il faut verser dans la violence aujourd'hui.
01:27:05 On est à la conjonction de deux phénomènes. D'un côté, ce qu'on évoquait tout à l'heure, c'est-à-dire que ce qui a marché ces dernières années,
01:27:13 je suis désolé de le dire, mais c'est la violence politique. Corses, gilets jaunes, etc.
01:27:17 À chaque fois que des revendications ont été satisfaites, c'est parce qu'il y a eu de la violence.
01:27:22 Vous avez eu des manifestations monstres.
01:27:24 Mais il n'y a pas de revendications.
01:27:25 Oui, il n'y a pas de revendications, mais j'y viens. Là, vous avez eu des manifestations monstres en faveur de la réforme des retraites et rien n'a été obtenu.
01:27:32 Donc ce sentiment que si jamais je veux avancer, la violence devient légitime, ça s'insinue dans la population.
01:27:39 On a vu des enquêtes, que ce soit au moment de la réforme des retraites ou des gilets jaunes,
01:27:42 qui montraient que la violence devenait pour une partie, environ 30% des Français, une voie d'accès au pouvoir relativement légitime.
01:27:50 C'est très inquiétant.
01:27:51 De l'autre côté, c'est ce que l'on évoquait également, vous avez un sentiment d'impunité.
01:27:56 Parce qu'évidemment, il y a le manque de réponse pénale, mais dès l'école.
01:28:01 Dès l'école, aujourd'hui, vous avez des gosses qui se retrouvent face à une autorité de l'enseignant qui est quasiment nulle,
01:28:07 parce qu'en sachant qu'il ne sera pas soutenu par sa hiérarchie...
01:28:10 Contestés jusqu'aux parents d'ailleurs.
01:28:12 Il y a les parents et la hiérarchie qui ne suit pas.
01:28:14 Et avec la politique qui plus est aujourd'hui, prônée d'autonomie des établissements,
01:28:17 vous avez un chef d'établissement et des professeurs qui se retrouvent face aux parents, face aux enfants,
01:28:21 et qui se retrouvent absolument lâchés par leur hiérarchie.
01:28:24 Donc vous avez une impunité qui est entretenue et qui est ressentie.
01:28:28 De l'autre côté, vous avez cette idée que la violence paye.
01:28:30 Évidemment, à la fin, vous produisez des cocottes minutes.
01:28:33 Pascal Bitto, Panelline, réaction là-dessus, et peut-être aussi sur ce que nous disent les syndicats aujourd'hui,
01:28:39 cette mise en garde des syndicats à l'égard de l'exécutif.
01:28:42 Ça, c'est ce que je vous disais tout à l'heure en début d'émission.
01:28:46 Il faut qu'on rétablisse les choses, qu'on protège la France, les Français,
01:28:49 et qu'on appuie, qu'on soutienne les policiers maintenant dans leur intervention lors de cette guérilla urbaine.
01:28:55 Et c'est ce que demandent les syndicats.
01:28:57 Ils sont en train de dire au président de la République, attention, si le maintien de l'ordre monte,
01:29:03 il faut qu'on soit couvert dans cet emploi de la force légitime.
01:29:07 Sur ce qui est dit sur l'impunité, je trouve que la réaction de ce jeune homme
01:29:12 qui se fait interpeller dans le magasin est extrêmement révélatrice du sentiment d'impunité qui est dans les états d'esprit.
01:29:20 Il est interpellé en flagrant délit, l'article 53, l'inéen du code de procédure pénale.
01:29:26 Donc une infraction en train de se commettre.
01:29:29 En l'espèce, le vol, la soustraction frauduleuse de la chose d'autrui.
01:29:32 Et il est indigné, étonné que les forces de police l'interpellent.
01:29:37 Je veux dire, il faut se poser des questions.
01:29:40 C'est invraisemblable.
01:29:42 Mais qu'est-ce qui risque finalement, Pascal ? C'est ça le problème.
01:29:45 C'est des générations d'impunité, effectivement, de laxisme, de la justice qu'on paye aujourd'hui.
01:29:51 Quand vous avez ces fameux tiges, ça ne veut rien dire.
01:29:54 Ils s'en fichent, les jeunes.
01:29:56 D'autant plus que certains ne le font absolument pas parce qu'ils ne trouvent pas de structure pour les accueillir.
01:30:00 Les sursis, les rappels à l'ordre, à la loi.
01:30:04 Non mais il faut à un moment arrêter et revenir à de la fermeté pour justement sauver ces gamins de la délinquance.
01:30:11 Pour les sauver, pour qu'ils ne s'installent pas dans la délinquance.
01:30:14 Je voudrais vous montrer quelques images qui illustrent justement cette impunité, ce sentiment d'impunité chez ces émeutiers.
01:30:20 C'est ce chauffeur de bus agressé à Reims dans la Marne.
01:30:25 Oh il a ouvert !
01:30:27 Oh ! Oh ! Oh !
01:30:33 Putain de merde !
01:30:35 Oh le poignard !
01:30:49 Oh le poignard !
01:30:51 Et je vais enchaîner sur une autre séquence que je voulais également vous montrer et qu'on va pouvoir commenter derrière.
01:31:06 La voiture du maire de Saint-Pierre-des-Cors en Indre-et-Loire vandalisée.
01:31:09 Une séquence là aussi ultra violente à laquelle assistent les DILs.
01:31:13 Impuissants face aux casseurs. Regardez.
01:31:16 Putain de merde le maire ! Putain de merde le maire !
01:31:20 Voilà tout ce qui représente finalement l'autorité publique est aujourd'hui visée.
01:31:35 Bon hormis le chauffeur de bus qui lui n'avait rien à voir avec tout ça malheureusement.
01:31:39 Mais les maires, on le rappelle, c'est chevilles ouvrières de notre démocratie en quelque sorte,
01:31:44 qui sont comme d'habitude ciblées par les violences parce que ce sont les premiers interlocuteurs.
01:31:49 Alors là je ne sais pas si c'est un effet d'opportunisme ou pas, mais ces images elles sont ultra violentes, elles sont terribles.
01:31:54 Des mairies ont été incendiées, des commissariats. C'est ce qu'a dit Emmanuel Macron hier lors de la première cellule de crise.
01:32:00 La République a été quelque part ciblée évidemment par les émeutiers lors de ces trois nuits d'émeute.
01:32:05 Et évidemment plus on avance dans le temps, plus la tâche d'huile se répand et plus la République est attaquée.
01:32:13 C'est vrai qu'on disait que Marseille était jusqu'ici protégée parce qu'on disait que les dealers tenaient les quartiers nord
01:32:20 et qu'on sait que les dealers n'aiment pas quand il y a des émeutes parce que ce n'est pas bon pour le business.
01:32:24 Même Marseille a été attaquée hier soir, il y a eu des échauffourées à Marseille,
01:32:28 il y en a eu des échauffourées dans plusieurs arrondissements de la capitale.
01:32:31 Donc comparé à 2005, ça s'étend beaucoup plus qu'en 2005.
01:32:35 La tâche d'huile se répand beaucoup plus, la contagion aussi.
01:32:38 Et je rappellerai qu'on n'est pas du tout dans la même période qu'en 2005,
01:32:41 puisque en 2005 c'était entre octobre et novembre.
01:32:43 Là, on est au moment où on va passer dans les vacances scolaires qui durent deux mois
01:32:48 avec des ultra jeunes qui ont été arrêtés hier, on l'a dit, entre 12 et 18 ans.
01:32:53 Donc quand il n'y a même plus le cadre scolaire pour un peu les encadrer du moins une partie de la journée,
01:32:58 c'est beaucoup plus facile de les embrigader le soir quand ils n'ont pas école le lendemain matin.
01:33:03 Et en plus, le climat aussi n'est pas le même.
01:33:05 En novembre 2005, il y avait eu une météo pas possible qui avait freiné quelque part les émeutiers.
01:33:12 Donc on n'est pas du tout dans le même contexte, ça inquiète le gouvernement.
01:33:14 C'est pour ça qu'on sait déjà que c'est pire.
01:33:16 Justement, Gauthier, on attend...
01:33:17 Une seule journée de ces émeutes-là est pire que la pire journée de 2005.
01:33:20 Donc c'est pour vous dire un peu le climat.
01:33:22 On attend, Gauthier, une réponse politique du gouvernement, de l'exécutif.
01:33:26 Ce sera le mot de la fin de cette émission, il nous reste quelques secondes.
01:33:28 Mais je voudrais le rappeler, il y a une cellule de crise interministérielle qui se tient...
01:33:31 Actuellement courte.
01:33:32 En ce moment même, actuellement.
01:33:34 Voilà, avec les ministres régaliens de ce gouvernement.
01:33:37 Absolument, Éric Dumont-Moretti, Gérald Darmanin, mais aussi Elisabeth Borne, présidé par le chef de l'État.
01:33:41 Qu'attend-on ?
01:33:42 Des réponses, des réponses, et on a eu plusieurs signaux aujourd'hui.
01:33:45 Parce qu'on a eu Elisabeth Borne qui a dit que tout était sur la table, que l'état d'urgence était une possibilité.
01:33:49 On a eu Emmanuel Macron qui a quitté précipitamment le Conseil européen et qui a annulé sa conférence de presse.
01:33:55 Et qui a dit, c'est l'Élysée qui nous l'a fait savoir, entre Bruxelles et Paris,
01:33:59 qu'il était prêt à revoir le maintien de l'ordre sans tabou.
01:34:02 Après, comme mesures concrètes qui sont actuellement étudiées,
01:34:06 l'état d'urgence qui permet de décupler les pouvoirs de l'exécutif,
01:34:11 qui permet d'interdire tout rassemblement,
01:34:13 qui permet de limiter les déplacements
01:34:16 et qui permet de décréter aussi ces fameux couvre-feux qui ont déjà été pris à l'échelle locale.
01:34:21 Des couvre-feux qui pourraient par exemple concerner les mineurs, non accompagnés.
01:34:24 C'est-à-dire que vous êtes un mineur, pour sortir de chez vous, il faut la présence d'un adulte.
01:34:28 Et pourquoi on parle des mineurs ?
01:34:29 Parce que c'est eux qui représentent la quasi-totalité des gardés à vue ces dernières heures.
01:34:33 Et j'ai envie de dire affaire à suivre, affaire à suivre sur CNews dans quelques instants.
01:34:36 La parole aux Français présentée par Michael Dorian.
01:34:39 Merci de nous avoir suivis dans Midi News.
01:34:40 Vous restez avec nous, l'actualité se poursuit.
01:34:42 pour suivre.
01:34:43 ...

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