• l’année dernière
Alors c’est fait : pour la cinquième fois seulement de son histoire, la Suisse va confier à une commission d’enquête parlementaire, une CEP, la mission de faire toute la lumière sur les faits de grande portée, qui ont conduit à la chute de la deuxième banque du pays, le Crédit suisse, et son rachat par UBS.
Cette mesure est aussi exceptionnelle par la symbolique qu’elle incarne. Les représentants du peuple vont enquêter à fonds sur les décisions du gouvernement, du Conseil fédéral. Et bien sûr, des responsables de banques et des autorités de surveillance. Comme l’ont résumé certains députés, il s’agit de savoir comment on en est arrivé là et qui savait quoi. Certains ont évoqué un devoir historique, que l’on doit aux générations futures.
Fait notable, la création de cette commission a été votée à la parfaite unanimité des voix au Conseil national, 189 voix à zéro, tous partis confondus. C’est que l’indignation des députés est le miroir de celle du peuple, de nous tous. Alors pour bien comprendre les enjeux, Isabelle Ducret et Wilfred Rebetez vous proposent de revenir sur les faits, minute par minute. C’est l’histoire d’un paquebot en perdition, sur une mer agitée, piloté par des capitaines ivres de cupidité.
Sachez encore qu’il s’est trouvé quand même cinq sénateurs pour s’opposer à la création d’une Commission d’enquête parlementaire, lors du vote au Conseil des Etats, la chambre des Cantons, il y a une semaine. C’est le Président de la petite chambre lui-même, le libéral radical de Glaris Thomas Hefti, qui a mené la fronde, estimant que la CEP n’était pas nécessaire. Raté, puisque le Conseil des Etats a suivi le Conseil national par 37 voix contre 5.
Source : @RadioTelevisionSuisse.

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00:00 ...
00:05 -Mardi 11 avril 2023.
00:07 Le président de la Confédération se prépare à monter à la tribune.
00:11 Il s'adresse pour la 1re fois aux parlementaires en colère
00:15 après le rachat précipité de crédit suisse.
00:18 ...
00:21 -La disparition du crédit suisse n'est pas celle de la Suisse.
00:24 -La formule chic pour un état de choc.
00:28 -La fin de crédit suisse, oui,
00:30 c'est bien un symbole helvétique qui s'est effondré.
00:33 ...
00:41 Qui doit plaider coupable ?
00:43 Crédit suisse, oui, et vous n'imaginez même pas à quel point.
00:47 Mais pas seulement.
00:48 Face au puissant monde de la finance,
00:51 qu'ont fait nos autorités pour protéger les citoyens ?
00:54 ...
00:56 On vous fait la chronique d'une mort rapide, mais annoncée,
00:59 et d'un rachat qui soulève beaucoup de questions.
01:02 Et promis, cette fois, vous allez tout comprendre, ou presque.
01:06 ...
01:25 -Pour mesurer l'amour des Suisses pour leur crédit suisse,
01:28 un peu d'histoire s'impose.
01:30 Car que serait la Suisse sans cette institution née il y a 167 ans ?
01:35 ...
01:36 Le zurichois radical puis libéral Alfred Escher en est sûr,
01:39 elle aurait raté le train de la modernité.
01:42 Lui, il a fondé Crédit Suisse
01:44 pour financer sa propre société de chemin de fer.
01:47 Mais de fait, il a sorti la Suisse de son isolement.
01:50 ...
01:53 C'est encore Alfred Escher et son Crédit Suisse
01:55 qui financent le tunnel du gothard.
01:58 ...
01:59 Avec déjà toute la saveur du lien si particulier de la Suisse
02:04 avec ses banques.
02:05 ...
02:06 Nous sommes en 1879.
02:08 -Alors ? -100 millions.
02:10 -Il est devenu fou, le nouvel ingénieur.
02:12 -Lui, c'est Émile Velti, conseiller fédéral.
02:15 Et lui, Alfred Escher.
02:17 -Il fait de la provocation, j'aurais fait la même chose.
02:20 Je le rabaisse à 40.
02:22 -Où va-t-on trouver 40 millions ?
02:24 -10 de la Confédération et le reste, je le trouve moi-même.
02:27 -Et si vous échouez ?
02:29 -Alors, écoutez-moi bien, Velti.
02:32 ...
02:33 Le raccordement économique à l'étranger, c'est en jeu.
02:36 Ou le projet le plus important depuis le canal de Suez.
02:39 Ou même l'unité de la Suisse.
02:41 -L'homme le plus puissant du pays
02:43 demande à être reçu et s'en vient à mendier.
02:46 -Velti, vous n'oubliez pas comment vous êtes devenu conseiller fédéral ?
02:50 -Oui, oui.
02:51 -Crédit Suisse s'implante, fructifie.
02:54 C'est la banque des PME.
02:56 Une fierté affichée par des générations de petits Suisses.
03:00 ...
03:07 Au fil des ans, la banque grossit,
03:10 s'internationalise, engloutit d'autres banques.
03:13 Et puis, c'est le rêve américain.
03:15 Elle rachète First Boston en 1978,
03:18 devient aussi banque d'investissement
03:20 pour le meilleur et surtout pour le pire,
03:22 comme vous le verrez par la suite.
03:24 ...
03:31 Crédit Suisse, une très grande parmi les très grandes.
03:34 Elle s'offre à Roger.
03:36 ...
03:39 Sponsorisatuva ne se refuse rien, pas même la Formule 1.
03:43 ...
03:46 Mais tout va vite, très vite, trop vite.
03:49 Il y a perte de contrôle, et c'est le crash.
03:52 ...
03:57 -Bonsoir. -Bonsoir.
03:58 -La fin est brutale.
04:01 Dimanche 19 mars 2023,
04:03 le Conseil fédéral annonce la mort de Crédit Suisse.
04:07 -Nous avons constaté que les sorties de liquidités
04:10 et la volatilité des marchés
04:12 démontraient que la confiance nécessaire
04:14 ne pourrait plus être restaurée
04:16 et qu'une solution rapide et garante de stabilité
04:19 est indispensable.
04:20 Cette solution, qui vous est présentée ce soir,
04:23 est la reprise du Crédit Suisse par l'UBS.
04:27 -Il fallait stopper l'hémorragie,
04:30 éviter la faillite, calmer les marchés internationaux.
04:33 C'était la seule solution possible.
04:36 C'est ce message que vont marteler les autorités.
04:39 Petite sélection, rien que pour vous.
04:41 -La reprise du Crédit Suisse par l'UBS est la meilleure solution.
04:45 -C'est une solide légion.
04:47 -Pour une solution stabile,
04:49 une solution dure et capable de l'avenir.
04:51 -La meilleure solution.
04:53 -Une solution bonne, stabile et capable de l'avenir.
04:57 -Le Conseil fédéral annonce une solution solide.
04:59 -La meilleure solution.
05:02 -Une solution très forte.
05:03 -Une solution capable de l'avenir.
05:05 -Une bonne solution.
05:07 -La solution présentée est la meilleure.
05:11 -Nous pensons que c'est une bonne solution.
05:14 -Le message est simple.
05:17 Le montage financier l'est beaucoup moins.
05:19 Alors on l'a décrypté pour nous.
05:21 UBS a acheté Crédit Suisse 3 milliards.
05:26 Mais sous certaines conditions.
05:28 Il y a 150 milliards en liquidités
05:31 mises à disposition par la Banque nationale suisse, la BNS.
05:34 Un prêt remboursable avec intérêt.
05:36 Jusque-là, rien ne concerne le porte-monnaie des citoyens.
05:40 Mais il y a une tranche de 100 milliards supplémentaires de la BNS.
05:44 Et ceux-là sont garantis par la Confédération,
05:47 autrement dit par le contribuable.
05:49 Un prêt également remboursable avec intérêt.
05:52 Enfin, il y a le sucre de la Confédération.
05:55 En cas de perte lors de la transaction,
05:58 UBS assume les 5 premiers milliards.
06:01 Mais c'est la Confédération qui épongera les 9 milliards de pertes suivants.
06:05 259 milliards engagés pour sauver une banque qui en vaut 3 ?
06:10 L'enjeu était-il ailleurs ?
06:12 Écoutons la ministre des Finances.
06:15 -Je tiens à répéter
06:17 que la défaillance d'une banque systémique internationale
06:21 aurait provoqué de graves perturbations économiques en Suisse
06:26 et aussi mondialement.
06:28 La Suisse a dû assumer sa responsabilité
06:31 au-delà de ses frontières.
06:33 -Et pour être sûre d'être bien comprise des marchés internationaux,
06:37 la même phrase en anglais.
06:40 -For this reason,
06:42 Switzerland had to take the responsibilities
06:45 beyond its own borders.
06:47 -Le monde aurait-il pesé sur la décision ?
06:53 La ministre des Finances ne le cache pas.
06:57 Ils étaient nombreux en coulisses.
06:59 -J'ai échangé quotidiennement avec des collègues à l'étranger,
07:05 en particulier ma collègue Janet Yellen,
07:09 des Etats-Unis,
07:11 et Jeremy Hunt, au Royaume-Uni.
07:13 Ces deux places financières sont bien sûr importantes.
07:17 Et sur ces deux places financières, anglaise et américaine,
07:21 Credit Suisse jouait un rôle important.
07:25 -Si la branche américaine de Credit Suisse tombait en faillite,
07:29 c'était l'effet domino mondial assuré.
07:32 Après le rachat, le monde a clamé sa reconnaissance
07:36 sur la puissante Federal Reserve, l'équivalent américain de notre BNS.
07:40 -Étiez-vous soulagé quand vous avez appris cette fusion ?
07:45 -Bien sûr. Vous savez, c'était vraiment le gouvernement suisse.
07:49 On a suivi durant tout le week-end.
07:51 Nous étions évidemment engagés auprès de leurs autorités,
07:55 vraiment engagés.
07:57 Il semble que cela se passe bien.
08:00 Il y avait une préoccupation que cela ne se passe pas bien.
08:04 Mais oui, je dirais que ça se passe bien, pour l'instant.
08:08 -On a voulu savoir à quel point les Etats-Unis et les autres
08:16 avaient chuchoté à l'oreille du Conseil fédéral.
08:19 On a déposé une requête au nom de la loi sur la transparence
08:24 pour connaître les dates et les durées des contacts
08:28 de Mme Keller-Souter avec ses homologues étrangers.
08:32 -Le Conseil fédéral a couvert du secret la transaction.
08:36 Et en plus, notre demande représentait...
08:39 ...
08:44 -N'en rajoutez plus, on a compris ce qu'il faut comprendre.
08:55 Ces secrets et...
08:57 -Ca, c'était la seule solution.
09:00 -Mais nous, on n'est pas que curieux, on est têtu.
09:04 On a sollicité le département fédéral des Finances.
09:09 On lui a soumis nos questions à l'avance,
09:12 insisté pendant 6 semaines.
09:14 Malgré tout cela, ils ont choisi la politique de la chaise vide.
09:18 Mais le jour où on a filmé cette séquence,
09:21 Karine Keller-Souter est là.
09:24 On y a cru un instant, mais non. Dommage.
09:27 -Bon, la 1re question indispensable,
09:30 c'est un collègue journaliste qui la pose à la conférence de presse.
09:35 -Une question à M. Lehmann.
09:37 Qui est responsable de ce désastre ?
09:41 -L'année dernière, nous avons été rattrapés
09:45 par un modèle d'affaires qui ne fonctionne pas
09:49 dans ce contexte de marché.
09:51 Et parfois, c'est la goutte de trop.
09:55 Soudain, trop, c'est trop.
09:57 C'est exactement le point où nous en sommes arrivés.
10:01 C'est un cumul de choses amoncelées pendant de nombreuses années
10:06 et qui, à quelque part, se matérialisent
10:09 et dont la somme fait soudainement tout déborder.
10:13 -Des gouttes ? L'image est faible.
10:17 Crédit Suisse prend l'eau de toutes parts depuis des années.
10:21 Le naufrage était annoncé.
10:23 Enquête sur les scandales de Crédit Suisse,
10:27 c'est comme un pelard.
10:29 Tout y est.
10:32 Drogues, mafias, malversations, blanchiments d'argent,
10:36 évasion fiscale, filature.
10:38 La 1re grosse affaire, c'est en 1977,
10:41 pour fraude et évasion fiscale avec l'Italie.
10:45 Ecoutez bien les conclusions du journaliste.
10:50 -On peut se poser plusieurs questions.
10:53 D'abord, qu'adviendra-t-il du Crédit Suisse lui-même ?
10:57 Pourra-t-il garder son nom après ce coup malheureux
11:01 et malgré ses 120 ans d'expérience ?
11:04 Ou devra-t-il changer de nom ou être repris
11:09 par d'autres plus grandes banques suisses ?
11:13 -Ca, c'était en 1977. Et rien n'a changé.
11:17 -C'est un peu comme un coup de cloche.
11:20 -Il a fait un coup de cloche.
11:23 -Il a fait un coup de cloche.
11:27 -Il a fait un coup de cloche.
11:30 -Il a fait un coup de cloche.
11:33 -Il a fait un coup de cloche.
11:36 -Il a fait un coup de cloche.
11:39 -Il a fait un coup de cloche.
11:43 -Il a fait un coup de cloche.
11:46 -Pour 15 ans, il était omniprésent.
11:49 Un scandale après l'autre.
11:52 Et on les a tous suivis.
11:55 -Commençons par le pire, celui qui a le plus de répercussions.
12:00 Nous sommes en 2013.
12:02 Crédit Suisse prête 1 milliard à l'Etat du Mozambique.
12:06 C'est une somme énorme pour ce pays d'Afrique.
12:09 Objectif, investir dans des bateaux de pêche au thon
12:14 et, au final, la corruption a englouti l'argent.
12:17 Crédit Suisse n'a rien dit et a encaissé les intérêts.
12:21 Le pire dans l'histoire, les répercussions du scandale
12:25 ont été telles que le FMI et d'autres soutiens,
12:28 y compris la Suisse, ont suspendu leur aide au Mozambique.
12:32 Cela a plongé 2 millions de personnes dans la pauvreté la plus extrême.
12:40 -Et quand c'est arrivé sur la table il y a quelques années,
12:44 on s'est tous demandé "mais comment est-ce possible ?
12:48 "Des gens du Crédit Suisse ont escroqué les plus pauvres du monde.
12:52 "Je veux parler du Mozambique. C'est un pays pauvre, non ?"
12:56 Je n'en sais pas plus, mais ça, oui.
13:00 Et là, on a simplement fait semblant de faire des affaires.
13:04 Il était question de bateaux qui ont ensuite rouillé.
13:08 On a fait de la corruption à grande échelle
13:11 avec des dirigeants du pays.
13:13 Et on s'est rempli les poches en tant que banquier.
13:17 -Crédit Suisse a plaidé coupable,
13:19 versé 475 millions de dollars d'amende en 2021
13:23 et annulé la dette de 200 millions de dollars du Mozambique.
13:27 -C'est un scandale,
13:31 mais c'est un scandale qui a été fait
13:35 pour que les banques puissent s'en sortir.
13:39 C'est un scandale, mais il y en a beaucoup d'autres.
13:43 On vous explique.
13:45 Marc Chenet connaît et analyse les pratiques des banques.
13:49 Il est professeur de finance mathématique
13:53 à l'université de Zurich.
13:55 Il les étudie et les critique en toute liberté,
13:58 à commencer par Crédit Suisse, qu'il a affublé d'un surnom.
14:02 -Ce sont des joueurs de poker.
14:04 -C'est pas normal ? -Absolument pas.
14:08 Le rôle d'une banque, c'est tout de même facile à comprendre.
14:12 Pour nous et pour la plupart des entreprises,
14:15 c'est d'assurer les transactions.
14:17 On a des factures à payer, on ouvre un compte,
14:20 on paye les factures, et on obtient un crédit.
14:24 Pour les entreprises qui sont actives à l'étranger,
14:27 il peut y avoir des banques correspondantes.
14:30 C'est assez simple.
14:32 -Là où ça se corse,
14:34 c'est quand on parle de banque d'investissement.
14:38 Tout va hyper vite, et tout est virtuel.
14:41 Il s'agit d'actions et d'obligations.
14:44 Le principe, anticiper les hausses et les baisses de la bourse
14:48 pour vendre et acheter au bon moment et faire du bénéfice.
14:52 Et cela peut aller très loin.
14:55 On peut même vendre une action qu'on ne possède pas encore,
14:59 et que le cours de cette action chute,
15:02 l'acheter à ce moment-là et se faire un pactole.
15:05 -Des milliards ont été générés par ces paris.
15:08 Paris, surtout dans le cadre de la finance casino.
15:12 Ce qui leur permet de générer des profits,
15:15 ce sont les mouvements.
15:17 On entend les politiciens dire qu'ils vont rassurer
15:20 les marchés financiers. C'est absurde.
15:23 C'est un molloc qui réclame de plus en plus de sacrifices.
15:26 Ce qui l'intéresse, ce sont ces mouvements qu'il provoque
15:29 en manipulant les marchés financiers.
15:31 -Tout est légal.
15:35 La banque d'investissement a même sa face cachée.
15:38 La finance de l'ombre, ou shadow banking.
15:41 (Explosion)
15:43 Les banques s'allient à des institutions financières
15:46 qui n'ont pas de licence bancaire.
15:48 L'avantage, cela permet de jouer en dehors de toutes règles
15:52 et de passer sous les radars des gendarmes financiers.
15:56 (Musique)
15:59 (Hurlement)
16:02 -C'est un peu comme si vous aviez, dans le domaine de la circulation,
16:06 deux types de chauffeurs.
16:08 Ceux qui disposent d'un permis de conduire
16:11 et les autres qui conduisent tout de même.
16:14 Imaginons qu'il y ait un dépassement de vitesse
16:17 flashé par un radar. La police arrive, vérifie.
16:21 La personne dit qu'elle ne fait pas partie
16:24 de la circulation et qu'elle peut conduire.
16:27 Le policier dit que c'est parfait.
16:29 -Rien ne va plus.
16:30 La finance de l'ombre est en progression.
16:34 Elle représente 50 % des activités financières dans le monde.
16:38 152 000 milliards en 2021.
16:40 C'est une fois et demi la richesse de toute la planète
16:43 produite en une année.
16:45 -Credit Suisse était un acteur majeur
16:47 de cette finance de l'ombre.
16:49 -Et cela ne lui a pas réussi.
16:52 Pour preuve, le scandale Greenzeal,
16:55 une société financière basée à Londres
16:58 du nom de son patron, Lex Greenzeal.
17:01 Il a imaginé un modèle d'affaires super rentable
17:04 mais super risqué.
17:05 Sa société prend en charge les factures d'entreprises
17:09 en difficulté financière, négocie un rabais avec les fournisseurs.
17:13 Lorsque l'entreprise en difficulté est à nouveau solvable,
17:16 elle rembourse la somme totale à Greenzeal,
17:19 qui empoche la différence.
17:21 Greenzeal a besoin de beaucoup de liquidités.
17:24 C'est là qu'interviennent les investisseurs,
17:27 contre promesse de rendement.
17:30 Credit Suisse va leur fournir 10 milliards.
17:33 En 2021, tremblement de terre, Greenzeal s'effondre,
17:36 trop de clients sont insolvables.
17:38 Credit Suisse a perdu 2,5 milliards dans l'aventure
17:41 et un gros morceau de sa réputation.
17:44 ...
17:48 -Greenzeal, en 2021, a une grande importance,
17:54 parce que ce sont de très gros clients privés
17:58 qui ont été lésés.
18:00 Ces clients avec beaucoup d'argent,
18:03 du monde arabe et aussi de l'Asie,
18:06 justement là où veut se développer Credit Suisse.
18:09 Et en fait, c'était un château de cartes.
18:13 C'est pourquoi cette histoire est si tragique pour Credit Suisse.
18:17 -Le pire, c'est que Credit Suisse a ignoré
18:20 les signaux d'alarme interne.
18:22 -Ces avertissements en interne,
18:24 ce sont des spécialistes qui ont été minorisés
18:28 par l'étage supérieur de Credit Suisse.
18:31 C'est très dangereux, parce qu'en tant que chef,
18:34 en tant que supérieur hiérarchique, vous ne connaissez pas les détails.
18:38 Vous devez écouter les spécialistes.
18:40 C'est ce qui a été négligé de manière criminelle.
18:44 -Et puis, il y a le scandale du fonds Arkegos.
18:47 Cette fois, l'affaire se passe aux Etats-Unis,
18:50 où vit Bill Hwang, un évangéliste millionnaire
18:53 déjà condamné pour pratiques commerciales illégales
18:56 et délit d'initié.
18:57 Lui, son modèle, c'est le pari spéculatif.
19:01 Il choisit une compagnie, emprunte de l'argent à des investisseurs,
19:05 Credit Suisse par exemple, pour acheter massivement
19:08 les actions de cette compagnie élue, dont le cours monte en flèche.
19:12 Arkegos n'a plus qu'à récolter les profits
19:16 des investisseurs.
19:17 Ca passe ou ça casse.
19:19 Et en 2021, ça casse brutalement.
19:22 La faillite d'Arkegos, c'est 30 milliards au total
19:25 qui sont partis en fumée en deux jours.
19:28 -L'élément central avec Arkegos,
19:35 c'est cette incroyable stupidité
19:38 et ce manque de professionnalisme de Credit Suisse.
19:41 Donc, il veut participer au monde
19:45 de la banque d'investissement casino,
19:48 donne beaucoup de moyens à un fonds spéculatif.
19:51 Et au moment où tout devient critique,
19:54 c'est la banque qui hésite
19:57 alors que toutes les autres se précipitent vers la sortie.
20:02 Donc, non seulement il agit dans le domaine
20:05 le plus dangereux de la finance,
20:08 mais en plus, il est incapable de le pratiquer.
20:13 -Par équité, signalons que UBS aussi a investi
20:17 dans le fonds Arkegos.
20:19 Il a aussi laissé des plumes, mais une broutille.
20:23 Seulement 774 millions.
20:25 Alors que Credit Suisse est la banque
20:28 qui a le plus perdu, 4,4 milliards.
20:31 Mais comment expliquer une telle culture
20:34 de prise de risque chez Credit Suisse ?
20:38 -C'est probablement la question
20:41 la plus difficile.
20:43 Si on essaie de comprendre,
20:46 je pense vraiment que ce genre de choses arrive insidieusement.
20:50 Et quand ça continue et que personne ne crie "stop"
20:54 ni à l'intérieur de l'entreprise, ni à l'extérieur,
20:57 ni dans les médias, ni en politique,
21:00 ni des surveillants du marché,
21:03 alors une sorte de pourrissement peut se développer.
21:06 Tout Credit Suisse est devenu pourri.
21:10 Mais cela ne peut pas s'expliquer autrement.
21:13 S'ils sont toujours présents dans tous les scandales,
21:16 presque tous, les gros, en tant que banque suisse
21:19 avec une conception suisse de la qualité,
21:22 alors vous n'êtes fondamentalement plus correct.
21:26 Vous n'êtes plus réglo.
21:28 -Et pendant ce temps, c'est la fête au bonus.
21:31 Selon nos confrères du Tagessensayer,
21:34 qui ont pris leurs calculettes,
21:38 les bonus, dont les PDG et les présidents de conseils d'administration,
21:41 se sont distribués 32 milliards de francs de rémunération
21:44 ces 10 dernières années.
21:47 -Les bonus, les rémunérations sont grotesques.
21:50 Finalement, ce sont les contre-performances
21:53 qui ont été récompensées. Qui peut comprendre cela ?
21:57 -A ce stade, vous vous demandez sûrement pourquoi
22:00 on ne pose pas cette question à Credit Suisse.
22:03 On a bien essayé, malgré notre insistance.
22:06 -Malgré notre insistance pendant des semaines,
22:09 ils ont décliné toutes nos demandes d'interview.
22:13 ...
22:16 Mais les top managers sont-ils seuls coupables
22:19 d'avoir coulé le paquebot Credit Suisse en perdition ?
22:22 Dans le fonctionnement d'une banque comme Credit Suisse,
22:25 les actionnaires sont les propriétaires, surtout les plus gros.
22:29 Chaque année, lors de l'Assemblée générale,
22:32 ils élisent le conseil d'administration
22:35 pour les rémunérations, y compris les bonus.
22:38 ...
22:40 Vincent Kaufmann est un habitué des Assemblées générales.
22:44 Il est directeur d'Ethos,
22:46 une fondation pour l'investissement responsable
22:49 qui, depuis longtemps, alerte des dérives de la banque.
22:52 -L'Assemblée générale joue un rôle très important.
22:55 C'est pour ça qu'Ethos, durant les années, s'est opposé
22:59 à plusieurs reprises à la décharge, aux rémunérations.
23:02 Même en 2011, à l'époque,
23:04 nous avions contesté une augmentation de capital
23:07 qui servait à financer la banque d'investissement.
23:10 Nous, on disait que c'était la mauvaise stratégie.
23:14 -Les actionnaires ont aussi une responsabilité ?
23:17 -Ils ont été trop attentistes par rapport à la dégringolale de la banque.
23:21 Ils auraient dû prendre des mesures plus rapidement.
23:24 Rien que l'année passée, Ethos avait proposé
23:27 une demande de contrôle spécial pour enquêter sur l'affaire Greensill.
23:32 Seulement 10 % des actionnaires nous ont soutenus.
23:35 -On l'a compris, la réputation de Crédit Suisse
23:38 est sérieusement entachée par les scandales.
23:41 Mais ça, ça dure depuis des années.
23:43 Pourquoi la chute intervient-elle mi-mars 2023 ?
23:47 3 éléments vont aggraver la crise de confiance.
23:50 Le 1er remonte à décembre 2022.
23:52 La puissante Fed, la banque centrale américaine,
23:55 exige sèchement de Crédit Suisse
23:57 qu'elle revoie son plan en cas de crise financière
24:01 car son scénario est qualifié de "pas crédible".
24:04 -Il semblerait que Crédit Suisse ait loupé son examen en 2022.
24:09 Elle devait refaire son test.
24:11 Donc là, les autorités américaines ont été assez sévères
24:15 en identifiant des défaillances dans les systèmes de Crédit Suisse
24:20 et en leur demandant de revoir leur copie.
24:23 -2e élément, début 2023.
24:25 Plusieurs banques régionales américaines,
24:28 comme la Silicon Valley Bank,
24:30 dégringolent au risque d'entraîner d'autres banques dans leur sillage.
24:35 Or, le monde bancaire, c'est comme dans la savane,
24:38 c'est la loi du plus fort.
24:40 -Il ne faut pas s'étonner.
24:42 Quand tout s'écroule et que la tempête arrive,
24:45 c'est le plus faible qui est frappé.
24:49 Et Crédit Suisse était tout simplement le plus faible.
24:53 -3e élément, le 14 octobre.
24:55 Crédit Suisse publie son rapport annuel.
24:58 Et à la page 431, bien caché, ce paragraphe.
25:01 -Crédit Suisse admet des faiblesses substantielles
25:06 dans ses processus d'information financière pour 2021 et 2022
25:10 qui pourraient entraîner des inexactitudes
25:13 dans les résultats financiers.
25:15 -C'est un peu du clin-gon pour vous ?
25:18 Pour nous aussi.
25:21 Crédit Suisse reconnaît avoir des contrôles internes défaillants
25:25 et, autrement dit, ils auraient pu se tromper dans leurs additions.
25:29 -4 millions, fois 2, 1 million,
25:32 fois 5, 395,
25:34 et 3,5 millions, fois 2, 90.
25:38 -Et le lendemain, mercredi 15 mars,
25:41 l'action Crédit Suisse dévise de plus belles.
25:44 C'est sauf qui peut. Tout le monde retire son argent en un clic.
25:48 La ministre des Finances se souvient.
25:52 -Cet après-midi, l'argent a été retiré à une vitesse inimaginable.
25:56 J'étais à la réunion du FMI à Washington
25:59 et tous les ministres des Finances, les chefs des banques centrales
26:03 ont dit qu'on n'avait jamais vu ça auparavant.
26:06 C'est aussi très différent de la crise financière de 2008.
26:10 Aujourd'hui, vous pouvez récupérer l'argent de manière digitale
26:15 et c'est pourquoi il y a eu une accélération.
26:18 -C'est la panique.
26:20 Le 15 mars, les messages les plus contradictoires s'enchaînent.
26:24 Ca commence tôt le matin.
26:26 Il est 8h en Suisse, 10h en Arabie saoudite.
26:30 Lors d'une rencontre des grands de la finance,
26:33 Axel Lehmann, le président du Conseil d'administration de Crédit Suisse,
26:37 se heurte à cette question.
26:39 -Accepteriez-vous une aide de l'Etat dans le futur ?
26:42 -Ce n'est pas à l'ordre du jour.
26:46 Regardez, nous sommes dans les règles,
26:49 les règles sont solides, nos comptes sont équilibrés,
26:52 nous sommes tous sur le pont, donc ce n'est pas du tout
26:55 à l'ordre du jour.
26:57 -A 11h, c'est le président de la Banque nationale saoudienne,
27:02 principal actionnaire de Crédit Suisse,
27:05 qui répond au micro de Bloomberg.
27:07 -Êtes-vous prêt à mettre de nouveaux fonds dans Crédit Suisse ?
27:11 -La réponse est non, pour différentes raisons.
27:14 La plus simple étant la question de la régulation.
27:18 Si nous avions plus de 10 %, nous serions soumis
27:21 à quantité de nouvelles règles.
27:23 -Le monde de la finance n'en retiendra qu'une chose,
27:26 l'actionnaire numéro 1 de Crédit Suisse ne veut plus miser
27:29 un copec dans la banque.
27:32 ...
27:34 A 20h, juste après la clôture des bourses,
27:37 le gendarme financier suisse Finma et la Banque nationale suisse
27:40 publient un communiqué de presse affirmant qu'il n'existe
27:43 aucun risque de contagion de la crise financière américaine
27:47 et que Crédit Suisse satisfait aux exigences réglementaires.
27:51 ...
27:52 Coup de théâtre final, ce même soir,
27:55 Crédit Suisse sollicite une première tranche de 50 milliards de francs
27:59 auprès de la Banque nationale suisse.
28:01 ...
28:03 Donc ce 15 mars, il y a ceux qui disent "tout va bien"
28:06 et les faits qui disent "tout va mal".
28:08 ...
28:14 -On aimerait comprendre si "tout va bien"
28:17 commence-t-il que cette banque ait besoin de 50 milliards de francs
28:20 une heure après ?
28:21 3 jours après, elle était en situation de quasi-faillite.
28:24 Donc je pose une question très simple.
28:26 Sur quelles données se sont basées la Banque nationale
28:29 et la Finma pour déclarer le 15 mars que finalement
28:33 tout était sous contrôle ?
28:35 Nous aimerions le savoir.
28:37 -Ca, ça pose un gros problème parce que où ce communiqué est faux,
28:41 où ce qui s'est passé pendant le week-end est faux.
28:45 Ce communiqué a rassuré de nombreux investisseurs
28:48 qui se sont dit "je ne vais pas vendre mes actions Crédit Suisse,
28:51 je ne vais pas vendre mes obligations AT1".
28:54 Certains en ont même acheté.
28:56 -Ce que l'on a découvert au fil des jours,
28:59 c'est que les dés étaient déjà jetés mercredi.
29:03 Ce mercredi 15 mars, dans l'après-midi,
29:06 les autorités suisses contactent et Crédit Suisse et UBS.
29:09 Les 4 jours suivants serviront à mettre d'accord
29:12 les 2 banques rivales et à promulguer les ordonnances urgentes
29:15 nécessaires pour ficeler leur achat en catastrophe.
29:19 Et cela pose de nouvelles questions.
29:22 Carlo Lombardini est avocat.
29:25 Il représente actuellement des plaignants de la Banque aux 2 voiles.
29:28 Il est aussi professeur de droit bancaire à l'université de Lausanne.
29:31 Pour lui, en imposant le droit d'urgence,
29:35 le gouvernement a zappé le Parlement et sa loi,
29:38 prévue en cas de défaillance d'une grande banque,
29:41 pour le faire en France.
29:44 -La jurisprudence suisse est très claire.
29:47 Quand une loi est adoptée pour régler une situation d'urgence,
29:51 il n'y a pas de place pour le droit d'urgence du Conseil fédéral.
29:54 J'ai un problème à ce qu'on fasse une loi,
29:57 à ce qu'on nous explique que c'est indispensable,
30:00 que ça va servir dans un cas de ce type.
30:03 Quand un cas de ce type survient, on jette la loi par la fenêtre.
30:07 Ça, comme citoyen et juriste, me heurte.
30:10 -On rencontre cette prise du pouvoir par le Conseil fédéral
30:13 qui s'est fichu à totalement ignorer des lois appliquées par le Parlement.
30:16 On vient de lui cracher au visage.
30:19 Et c'est pas bon dans une démocratie.
30:23 ...
30:26 -Vous vous souvenez, le président tendu à la session extraordinaire
30:29 du Parlement sur crédit suisse ?
30:32 Eh bien, il n'était pas le seul.
30:35 La ministre des Finances était sur la sellette, elle aussi.
30:39 Mais pourquoi se donner tant de peine à convaincre pendant des heures
30:42 les parlementaires ?
30:45 Pourquoi ?
30:48 Parce qu'en Suisse, le Parlement, c'est le patron.
30:51 Et ce Parlement patron, depuis 2008,
30:55 depuis la crise des subprimes aux Etats-Unis qui a failli renverser UBS,
30:58 ce Parlement patron est péniblement parvenu à voter en 2012
31:01 la loi "Too big to fail",
31:04 qu'il n'a cessé de débattre et de réviser jusqu'à aujourd'hui.
31:08 Cette loi "Too big to fail", en deux mots,
31:11 exige des grandes banques suisses qu'elles aient
31:14 des réserves en capital et liquidités plus importantes que les petites banques
31:17 et qu'elles aient un scénario pour protéger leur fonction vitale
31:20 pour la Suisse en cas de grave crise financière.
31:23 Autrement dit, prévoir comment séparer la banque.
31:27 Ce plan d'urgence doit être approuvé par la FIMA.
31:30 Or, à la première occasion
31:33 d'utiliser cette loi "Too big to fail",
31:36 le gouvernement rétropédale,
31:39 on y est allé à la session extraordinaire.
31:43 On y a sollicité 4 doyens du Parlement.
31:46 - Est-ce que ma cravate est bien mise ?
31:49 - Vous êtes parfaits.
31:52 - Ça veut dire que ces banques ne pourront plus...
31:55 - Je crois qu'on va voter.
31:59 - Pas encore ? Non, pas grave.
32:02 - J'ai cru qu'on votait, mais les gens étaient...
32:05 - C'est ça.
32:08 - Il y a les positifs.
32:11 - La crise de 2023 n'a pas les mêmes fondements
32:15 que la crise de 2007-2008.
32:18 Les réponses que nous avions apportées à l'époque
32:21 ne s'appliquaient pas aujourd'hui.
32:24 - Le Conseil fédéral a choisi une autre solution
32:27 qui s'écartait de la législation "Too big to fail".
32:31 Il a très bien fait, parce qu'il a permis
32:34 d'éliminer les banques économiques mondiales
32:37 dont la Suisse ne serait pas sortie vainqueur.
32:40 - Et il y a les autres.
32:43 - Je suis très fâché qu'on n'ait pas pu arriver
32:47 à stabiliser ces grandes banques.
32:50 C'est pour ça qu'il faut mettre des gardes-fous
32:53 pour essayer d'anticiper.
32:56 Si on n'anticipe pas, une fois que la confiance est perdue,
32:59 on ne la rétablit pas.
33:03 On voit aujourd'hui que ça ne suffit pas.
33:06 On doit vraiment étudier de près cette solution
33:09 de la séparation des activités bancaires.
33:12 - Mais pourquoi ne l'avoir pas déjà fait ?
33:15 - Je pense qu'il y a une crainte,
33:19 presque idéologique,
33:22 de la part de mes collègues,
33:25 d'utiliser un instrument trop contraignant, trop fort,
33:28 et bien sûr de la part des banques.
33:32 - Il y a une volonté évidente à ce qu'on vienne intervenir
33:35 dans leurs structures internes et dans leurs affaires.
33:38 - La Suisse n'y arrive pas parce qu'il n'y a pas de volonté politique
33:41 de tenir en laisse ces banques quand elles font n'importe quoi.
33:44 On a préféré, avec l'UBS et le crédit suisse,
33:47 dire que c'est la population qui doit prendre les risques.
33:51 On est toujours dans cette logique de privatiser les profits
33:54 et de nationaliser les pertes.
33:57 - En 15 ans, on n'a pas réussi à mettre en place
34:00 un système qui soit plus adapté à tous les pays.
34:03 Est-ce que vous avez l'espoir qu'avec ce qui s'est passé,
34:07 ça va changer ? - Je pense qu'on doit toujours garder espoir.
34:10 Maintenant, on le voit, quand on a sauvé l'UBS en 2008,
34:13 les discussions au Parlement ont été beaucoup moins intenses
34:16 qu'elles le sont hier et aujourd'hui.
34:19 - Donc on l'a compris, il y a ceux qui sont fâchés et les autres.
34:23 C'est lors de cette session
34:26 qu'a grandi l'idée d'une commission d'enquête parlementaire
34:29 qui vient d'être largement votée à la session d'été.
34:32 Le fait est rare, ce sera la cinquième de toute l'histoire suisse.
34:35 Peut-être à la mesure du ressenti de ce Parlement
34:39 qui veut maintenant savoir exactement ce qu'il s'est passé.
34:42 En attendant les réponses,
34:45 l'institution dans le viseur, c'est la FINMA.
34:48 On a vérifié son mandat, il est clair.
34:51 Le gendarme financier est indépendant du pouvoir politique,
34:55 un gage d'autorité et de crédibilité
34:58 qui est un des objectifs des banques.
35:01 - N'oubliez pas que la crainte du gendarme est le début de la sagesse
35:04 et que notre police est bien faite.
35:07 - Mais alors pourquoi n'est-ce pas la FINMA
35:11 qui a mené le processus de rachat de crédit suisse ?
35:14 Pourquoi est-ce le gouvernement qui a pris la main ?
35:17 - J'appellerais ça un coup d'état institutionnel.
35:20 Je pense qu'au niveau juridique, le gouvernement n'avait pas
35:23 les compétences d'intervenir et je trouve très grave
35:27 que le gendarme ait été un coup d'état institutionnel
35:30 de la FINMA et de la Banque nationale suisse.
35:33 - Un coup d'état institutionnel ?
35:36 Ça, c'est un tir de bazooka !
35:39 Nous voulions bien sûr offrir l'opportunité à la FINMA
35:43 d'y répondre et elle aussi a refusé.
35:46 Elle nous a renvoyé à certains liens de son site Internet
35:49 dont le protocole en cas de crise qui prévoit une étroite
35:52 collaboration entre le département des finances, la BNS et la FINMA.
35:56 - La FINMA a été en colère.
35:59 Elle a été en colère par la FINMA.
36:02 - La FINMA a été en colère par la FINMA.
36:05 - La FINMA a été en colère par la FINMA.
36:08 - La FINMA a été en colère par la FINMA.
36:11 - La FINMA a été en colère par la FINMA.
36:15 - La FINMA a été en colère par la FINMA.
36:18 - La FINMA a été en colère par la FINMA.
36:21 - La FINMA a été en colère par la FINMA.
36:24 - Mais ils n'ont pas la force de faire face à ces fat cats,
36:27 - ces banquiers avec tant de bonus et tant de stature
36:31 - et tant de... à quelque part...
36:34 - de cette attitude de "nous sommes les plus grands,
36:37 - nous sommes les chefs dans le pays"
36:40 - afin de pouvoir leur dire "non, vous n'êtes pas les patrons".
36:43 - Et ce n'est pas ce que fait la FINMA.
36:47 - A mes yeux, la FINMA continue de se comporter
36:50 - comme un prestataire de services
36:53 - comme une autorité de surveillance vraiment pointue.
36:56 - Mon opinion concernant la FINMA est qu'elle a échoué dans cette crise.
36:59 - Mon opinion concernant la FINMA est qu'elle a échoué dans cette crise.
37:03 - Est-ce qu'elle fait son travail ?
37:06 - Ce gendarme est resté bien discret, on va dire.
37:09 - Comment se fait-il que la FINMA n'ait pas retiré
37:12 - la licence bancaire à Crédit Suisse ?
37:15 - Si on considère un automobiliste qui génère des accidents toutes les semaines,
37:19 - il est clair qu'à un moment ou à un autre,
37:22 - ça faisait plus de 15 ans qu'on avait affaire à des scandales avec Crédit Suisse.
37:25 - Et la FINMA a laissé faire.
37:28 La FINMA aurait laissé faire.
37:35 Même en octobre 2022.
37:39 Cette période, un vrai cauchemar pour Crédit Suisse,
37:42 qui traverse une première crise de confiance.
37:45 Les clients se précipitent pour retirer leur argent.
37:48 Et c'est l'hémorragie.
37:52 La fin de la crise de la fin de l'année.
37:55 La fin de la crise de la fin de l'année.
37:58 La fin de la crise de la fin de l'année.
38:01 La fin de la crise de la fin de l'année.
38:04 La fin de la crise de la fin de l'année.
38:07 La fin de la crise de la fin de l'année.
38:11 La fin de la crise de la fin de l'année.
38:14 La fin de la crise de la fin de l'année.
38:17 La fin de la crise de la fin de l'année.
38:20 La fin de la crise de la fin de l'année.
38:23 La fin de la crise de la fin de l'année.
38:27 La fin de la crise de la fin de l'année.
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38:39 La fin de la crise de la fin de l'année.
38:43 La fin de la crise de la fin de l'année.
38:46 La fin de la crise de la fin de l'année.
38:49 La fin de la crise de la fin de l'année.
38:52 La fin de la crise de la fin de l'année.
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39:02 La fin de la crise de la fin de l'année.
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43:50 La fin de la crise de la fin de l'année.
43:53 La fin de la crise de la fin de l'année.
43:56 La fin de la crise de la fin de l'année.
43:59 La fin de la crise de la fin de l'année.
44:03 La fin de la crise de la fin de l'année.
44:06 C'est une question politique.
44:09 Le gouvernement a choisi son camp.
44:12 Un pari risqué.
44:15 Parce qu'on l'a vu, dans le monde merveilleusement opaque de la finance,
44:20 souvent, ça passe ou ça casse.
44:23 [Musique]

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