Gérald Darmanin s'exprime après une sixième nuit de violences urbaines depuis Reims.
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00:00 - On ne sait pas encore si cela a à voir avec les violences urbaines, mais le fait qu'il éteignait des feux dans un parking souterrain en Seine-Saint-Denis, évidemment, nous touche tous.
00:11 Et je voudrais évidemment adresser mes condoléances à tous les sapeurs-pompiers, à ceux de la brigade de Paris, mais à tous les sapeurs-pompiers de France.
00:17 Et j'irai présider moi-même, bien sûr, les obstacles de ce jeune caporal. Dire également, et je suis auprès du maire de Reims, de la présidente de la métropole de Reims, que toutes les communes sont touchées d'un point de vue différent, mais d'un point de vue psychologique le même.
00:36 C'est-à-dire que les élus, les médiateurs, les agents publics, ceux qui contribuent comme les postiers à la vie des quartiers populaires ne comprennent pas pourquoi on s'en prend à des centres sociaux, pourquoi on s'en prend à des bureaux de poste, pourquoi on s'en prend à des bureaux de tabac, à des commerces.
00:51 Et je pense qu'il faut qu'on prenne quelque temps de réflexion pour essayer de parler aux quartiers et d'être ferme avec les voyous.
01:01 Et je pense que c'est ça, le bon équilibre. Il ne faut pas trouver d'excuses sociales là où il n'y en a pas. Et puis troisièmement, moi, j'aurais à dire à l'avent du président de la République et de la Première ministre qu'on est à côté des élus locaux.
01:13 Ils ont beaucoup de demandes. Vous savez que le président reçoit les maires demain. Il nous a demandé désir de travailler à les accompagner. Par exemple, il y a beaucoup de caméras de vidéoprotection qui ont été cassées.
01:22 Et donc j'ai débloqué 20 millions d'euros ce matin pour que nous puissions remettre toutes ces caméras de vidéoprotection en place dès la fin de l'été. Donc voilà, l'argent de l'État est à la disposition des maires de France.
01:35 Dès aujourd'hui, je réunirai les préfets et les sous-préfets pour qu'ils aillent au contact une fois que la réunion du fait par le président de la République est terminée, de tous les élus dans chacune des communes pour voir comment on peut les aider.
01:46 J'ai avec Christophe Véchu, qui est en charge des territoires, aider la reconstitution de leurs postes municipales, de leurs mairies, de leurs écoles, bien évidemment.
01:54 Donc la mobilisation du gouvernement est complète. Un soutien aux forces de l'ordre, aux sapeurs-pompiers, à tous ceux qui ont vécu ces moments difficiles.
02:01 Une vigilance, fermeté contre les voyous. Et je voudrais ici souligner les 3 200 interpellés faits par la police nationale et par le gendarmerie,
02:09 entre que le rétablissement de l'ordre était grâce à une fermeté qui a été affichée sans prendre l'état d'urgence.
02:15 Je pense que c'est une bonne chose pour, de manière générale, l'action du gouvernement.
02:18 Et puis troisièmement, maintenant, il faut reconstruire, sans naïveté, mais il faut reconstruire les mairies, il faut reconstruire les postes des polices municipales,
02:26 les élus locaux, quel que soit leur bord politique, et donc leur population doivent savoir que l'État et le gouvernement vont travailler tout cet été pour le faire.
02:34 Pourquoi Reims, M. le ministre, s'est parti fuir ?
02:36 D'abord parce qu'à Reims, il y a eu des difficultés, notamment le deuxième jour, j'ai eu M. le maire de Reims, Mme la présidente, au téléphone,
02:45 dès le lendemain des exactions qui ne sont pas habituelles dans ce territoire-ci.
02:49 J'ai décidé d'envoir l'unité de CRS, qui je crois a contribué à arrêter l'air au public et à éviter l'attaque de la mairie,
02:55 à éviter l'attaque d'autres commerces, malgré les difficultés que l'on a connues.
02:59 Et puis parce que depuis le début de ces difficultés, je fais 3 visites de terrain par jour auprès des forces, auprès des élus.
03:05 Je vais cet après-midi à Saint-Quentin-dans-Laine et chaque jour, cette semaine, j'irai rendre visite à des élus locaux.
03:10 Pour avoir été maire moi-même et avoir connu dans ma commune de Tourcoing des exactions, on a brûlé une école dans un quartier populaire,
03:16 je sais à quel point les choses ne sont pas que matérielles, elles sont sentimentales et psychologiques.
03:21 Je crois qu'il y a beaucoup d'élus aujourd'hui, quelque soit leur bord, qui se disent "Voilà, on fait beaucoup de choses pour les quartiers,
03:25 on fait énormément d'écoutes, énormément d'accompagnements et on a du mal à comprendre, et il y a un effet de sidération,
03:32 on a du mal à comprendre comment on en est arrivé là".
03:36 Donc je pense que la première réponse est la fermeté, sans excès, mais c'est la fermeté, c'est ce qu'on a fait en déclenchant le GIGN, le RAID.
03:42 Ici, il y a eu le GIGN à disposition des forces de sécurité pour éteindre cet incendie, il n'y a pas d'autre mot.
03:49 Moi, je me réjouis, et je remercie le procureur de la République de l'action du garde des Sceaux, de sa circulaire pénale
03:54 pour les condamnations des comparutions immédiates, il faut que la réponse soit extrêmement ferme.
03:58 Et une fois qu'on a rétabli cette sécurité, ce que nous sommes en train de faire à la main du Président,
04:02 il y a l'espoir à construire demain, mais il y a aussi à écouter.
04:06 Et qui mieux qu'un maire pour nous dire ce qu'il s'est passé et comment comprendre cette situation.
04:12 Voilà, donc je suis à Reims, tout à l'heure à Saint-Quentin, et je serai auprès de tous les maires de France à la main du Président.
04:19 — Avant l'arrivée des renforts vendredi, est-ce que les policiers, les forces de l'ordre, ont été débordés ici, dans ce quartier de Croix-Rouge, jeudi soir ?
04:25 — Non mais il y a eu l'effet que vous connaissez avec la mort de ce jeune conducteur à Nanterre.
04:31 La première consigne que j'avais donnée aux forces de l'ordre, c'est évidemment d'éviter ce qu'on pourrait appeler un surexcident,
04:37 un autre drame qui aurait évidemment embrasé la France. Et c'était évidemment pas du tout le sujet.
04:42 Je pense que j'ai eu l'air des propos de ce jour-là de grande transparence.
04:46 Et je voudrais dire que si un policier a été mis en examen, ce n'est pas les policiers qui ont été mis en examen.
04:51 Il faut distinguer une enquête judiciaire avec un policier qui est aujourd'hui en détention provisoire, ce qui est un acte extrêmement ferme.
04:59 Et chacun voit qu'il n'y a pas une justice à deux vitesses, de la police nationale, gendarmes qui travaillent tous les jours et qui risquent leur vie tous les jours.
05:06 Une fois qu'on a vu qu'il y a eu effectivement des violences inacceptables contre des mairies, contre des commissariats,
05:13 contre des brigades de gendarmerie, contre des écoles, nous avons décidé de réagir extrêmement fermement
05:18 et donc de mettre en place des unités spécialisées, des CRS, des gendarmes mobiles, le GIGN, la Bairie, le RAID, des hélicoptères, des drones, pour rétablir le droit public.
05:27 Et il y a eu quasiment 300 communes en France qui ont connu les exactions que Reims a connues,
05:32 pourtant qui n'étaient pas des communes, encore une fois, qui connaissaient habituellement des violences urbaines, et parfois dans plusieurs quartiers en même temps.
05:40 Donc oui, la police nationale, le gendarmerie nationale et les polices municipales ont fait ce qu'ils ont pu le premier jour.
05:44 On a tiré des conclusions. Vous avez vu que ça s'est traduit par énormément de présence de force de l'ordre,
05:49 le choix d'aller vers des interventions qui ne sont pas habituelles pour la police, mais qui ont permis de calmer et de montrer que la force était restée à la loi,
05:57 et aussi, je voudrais le dire bien évidemment, montrer qu'on soutenait l'ordre républicain.
06:02 Et de ce point de vue, je remercie tous ceux qui, quelque soit leur option vers le gouvernement, ont soutenu l'action qui a été la nôtre.
06:10 On peut aussi se demander si tout le monde a été responsable dans cette situation, mais on tirera des conclusions politiques sur ce plus tard.
06:16 – Dernière question sur la cagnotte qui dépasse les 1.100.000 euros en soutien à Jérémie Poitier.
06:19 – Je n'ai pas de commentaire. – Qu'est-ce que ça vous inspire ?
06:21 – Je n'ai pas de commentaire à faire.
06:22 – Vous vous mettez sur quel compte c'est la calmité relative ? Si c'est grâce ou à cause de quoi ?
06:26 – Je crois que les forces de l'ordre ont été très mobilisées et ont procédé, je voudrais quand même le souligner,
06:32 à 3.200 interpellations en 3 jours. Ça n'a pas de précédent.
06:35 Et ils l'ont fait dans des conditions difficiles, parfois de fatigue, et en respectant leur professionnalisme et leur déontologie.
06:44 Je voudrais les remercier profondément.
06:46 Et je crois que quand on fait 3.200 interpellations, je crois que quand la justice fait des comparutions immédiates,
06:52 je crois que lorsqu'on montre une démonstration de l'état de force républicain, un ordre juste, mais un ordre quand même,
07:00 je crois que ça contribue très largement à ce retour au calme.
07:04 Je voudrais d'ailleurs le souligner que nous l'avons fait sans recourir aux articles exceptionnels de la Constitution,
07:10 préservant ainsi l'intégralité des libertés publiques.
07:13 On le doit aux policiers, aux gendarmes, aux policiers municipaux qui ont beaucoup travaillé pendant ces jours-là.
07:18 Et puis je voudrais aussi dire, et je pense que ça c'est un point important, que la police judiciaire,
07:23 tous ceux qui font un travail d'enquête ont été saisis très rapidement,
07:26 et assez rapidement, grâce à la justice et grâce à ce travail d'enquêteur,
07:29 on a pu interpeller dans la journée beaucoup de gens qui ont ici attaqué un élu, là mis le feu à une mairie,
07:35 là attaqué une école, et je pense que les interventions de la police judiciaire dans la journée,
07:39 qui ont permis de montrer qu'il n'y a pas d'impunité, c'est évidemment très important pour l'auto-recalme.
07:45 Enfin, je voudrais dire que la moyenne des gens, encore une fois, que nous avons interpellés,
07:48 c'est une moyenne d'âge de 17 ans, avec parfois des enfants, il n'y a pas d'autre mot, de 12-13 ans,
07:53 qui étaient des pyromanes, ou qui ont attaqué des forces de l'ordre, ou qui ont attaqué des élus.
07:59 Et je pense qu'il faut qu'on se pose tous cette question, la responsabilité des familles, des parents,
08:04 parce que ce n'est pas à la police nationale, ou à la gendarmerie, ou même aux maires, ou même à l'État,
08:09 de régler le problème quand un enfant de 12 ans met le feu à une école.
08:13 Je pense que c'est une question qui relève de l'autorité parentale, qui est un beau mot, l'autorité parentale.
08:19 D'ailleurs, quand on marie des gens dans une mairie, les maires le savent,
08:22 on dit toujours, quand vous vous mariez, l'autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant l'intérêt de l'enfant.
08:27 Tout est beau dans cette phrase du Code civil, qui date de la Révolution quasiment.
08:32 Oui, il y a des droits et des devoirs, et donc il y a aussi des devoirs, le devoir de s'occuper de son enfant,
08:37 et puis il y a un intérêt. Quel intérêt de l'enfant ?
08:39 Quand un gamin de 12 ans est interpellé parce qu'il a mis le feu à un magasin ou à une école,
08:44 je pense que c'est dans son intérêt que les parents fassent leur travail,
08:48 et je crois que c'est une des leçons qu'on aura à tirer politiquement de tout ça.
08:51 C'est-à-dire qu'il faut réfléchir.
08:54 Vous savez, il y a beaucoup de familles qu'on appelle publiquement monoparentales.
09:00 Ce sont les femmes seules qui élèvent des enfants.
09:02 Il y a évidemment la place de l'autorité dans la famille.
09:06 Je pense que c'est une question intéressante à se poser au moment donné.
09:09 Et puis je crois aussi qu'il faut qu'on soit clair, les familles sont des partenaires qui ont des droits et des devoirs.
09:15 Donc il faut qu'on réfléchisse, il ne faut pas légiférer à ce coup d'émotion.
09:19 Il faut essayer de comprendre.
09:21 Mais en tant que ministre de l'Intérieur, ça m'interpelle que un tiers des 3200 personnes que nous interpellons soient des mineurs,
09:27 et que la moyenne d'âge des gens que nous interpellons est de 17 ans.
09:30 Il y en a 60% de ces 3200 qui n'ont aucun antécédent judiciaire, qui ne sont pas connus des services de police.
09:36 Ce ne sont pas tous des récidivistes.
09:38 Sur 3200 personnes interpellées, 60% n'étaient pas connus des services de police,
09:43 ils n'ont jamais fait l'objet d'un contrôle.
09:45 Donc voilà, ça doit nous interpeller.
09:48 L'ordre est en train d'être établi, je m'en félicite.
09:51 J'en remercie les forces de l'ordre.
09:53 Viendra le moment des discussions politiques.
09:55 Nous ne sommes pas encore, je crois, dans cette situation.
09:58 Désormais, c'est le moment où on doit essayer de comprendre,
10:00 où on doit soutenir les élus qui, face à leur population, doivent rétablir les services publics,
10:04 avec des questions très concrètes, comment l'école reprend en septembre,
10:07 comment les centres sociaux accueillent les enfants cet été,
10:10 comment la poste fonctionne.
10:12 Et puis, viendra le moment où, sans doute, il faudra avoir des réponses politiques.
10:15 Merci beaucoup.