Syndrome de l'intestin irritable - Audrey Liénard : "Pendant 6 mois, je n'ai pas été aux toilettes. J'ai frôlé l'occlusion intestinale"

  • l’année dernière
Pendant près de 10 ans, Audrey Liénard est empêtrée dans une errance médicale et subit les effets sévères du syndrome de l'intestin irritable sur son quotidien.
Pendant près de 6 mois, Audrey est victime de constipation sévère qui l’empêchera d’aller aux toilettes. "J’avais de fausses selles comme on appelle ça". Elle a 24 ans lorsqu’elle est admise d’urgence à l’hôpital car elle est à "deux doigts de faire une occlusion intestinale.".
Transcript
00:00 Pendant six mois, je n'ai pas été aux toilettes.
00:01 On a ce qu'on appelle des fausses selles et du coup un ventre extrêmement gonflé, ballonné,
00:06 beaucoup de douleur abdominale.
00:07 Et donc moi, j'ai eu des lovements pour éviter l'occlusion intestinale,
00:11 mais ça peut être très grave.
00:12 Je suis Audrey, créatrice du compte Audrey LNRD.
00:17 J'ai 34 ans.
00:18 Je suis atteinte du syndrome de l'intestin irritable depuis à peu près l'âge de mes 14 ans.
00:22 À l'âge de 14 ans, je commence à avoir des troubles digestifs
00:25 après le petit déjeuner, après le déjeuner, à l'école, l'après-midi, le soir.
00:30 Et ça devient de plus en plus handicapant.
00:32 C'est des troubles digestifs pas très glames en plus.
00:34 Donc on va avoir constipation, diarrhée, gaz, ballonnement, ventre de femme enceinte.
00:38 Je commence à avoir du mal à aller à l'école.
00:40 Ensuite, il y a aussi beaucoup de fatigue chronique suite à la digestion,
00:43 morale à zéro et quasiment dépression.
00:45 Donc ça va s'accentuer au fil des années.
00:48 Donc mes parents voient qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
00:50 On consulte, je pense, une dizaine de médecins et à chaque fois, c'est la même réponse.
00:55 On me dit que je suis trop stressée, que c'est dans ma tête, que ça va bien se passer, madame.
00:59 Et ça, jusqu'à l'âge d'à peu près de 24 ans, où ça s'est vraiment accentué.
01:04 Et en fait, je suis à deux doigts de faire une occlusion intestinale.
01:07 Et donc on m'envoie enfin chez un gastro-entérologue
01:10 pour que celui-ci me diagnostique du syndrome de l'intestin irritable.
01:13 Je suis à la fois soulagée et je n'ai aucune solution qui m'est proposée à ce moment-là.
01:16 Donc on ne me dit pas quoi faire, comment faire.
01:18 On me dit juste bonne chance, vous allez vivre avec et voilà.
01:23 Donc on rentre chez soi sans aucune solution.
01:25 On est juste conscient de ne pas être folle et on se dit "Ok, j'ai vraiment quelque chose".
01:29 On est seul quand même face à la pathologie qu'on ne comprend pas et on ne sait pas comment agir.
01:34 Ce que je dénonce, c'est qu'il y a vraiment une errance médicale.
01:36 C'est moins le cas aujourd'hui, mais c'était le cas il y a 10-15 ans.
01:40 Personne ne fait le lien entre rien.
01:42 En fait, elle est tellement difficile à diagnostiquer cette pathologie
01:45 parce qu'on ne voit rien aux examens.
01:46 Un gastro-entérologue, il est là pour trouver ce qui ne va pas,
01:49 mais pas pour accompagner la personne derrière.
01:51 On diagnostique, c'est bien, merci, au revoir.
01:53 Et après, c'est à nous de faire le travail.
01:55 Le syndrome d'intestin irritable ne se guérit pas.
01:57 Il n'y a pas de médicaments, c'est de l'hygiène de vie et pour ça,
01:59 à ce moment-là, personne ne fait le lien avec l'alimentation, avec le sport, avec le stress,
02:03 avec tout ce qui fait partie intégrante de notre vie et qui accentue et nous rend malade.
02:07 Les troubles digestifs touchent 50% de la population.
02:10 Le syndrome d'intestin irritable, 10% de la population française, si ce n'est pas plus.
02:14 Pour moi, il y a un vrai enjeu de santé publique.
02:16 C'est ce qu'on mange aujourd'hui, c'est la société de consommation.
02:20 C'est tout ça qui est en train de détraquer aussi notre ventre.
02:23 On n'est pas assez alerté dessus, on n'en parle pas assez.
02:25 Il y a encore beaucoup de personnes qui ne sont même pas au courant que le syndrome existe.
02:28 Et ça, ce n'est pas possible.
02:29 Ce sont des personnes qui sont seules face à leurs problèmes,
02:32 qui n'ont pas accès à certains soins.
02:33 Moi, je compare souvent ça, pour qu'on comprenne, à l'endométriose il y a 5 ans,
02:36 où on n'en parlait pas, où toutes les femmes, on savait qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.
02:40 Et on était aussi un peu folles, comme d'habitude.
02:44 Là, le syndrome, ça doit prendre le même chemin.
02:47 Il faut revoir tous les médecins généralistes,
02:49 ils doivent prendre conscience que ça existe,
02:51 pour ne pas juste mettre un médicament ou dire à la personne qu'elle est juste simplement stressée.
02:56 Il faut que tous les gastro-entérologues soient alertes et puissent diagnostiquer,
03:01 puissent ensuite envoyer vers des diététiciens qui sont enfin identifiés.
03:04 Donc voilà, il faut refaire tout ce parcours de santé,
03:06 il faut refaire tout ce chemin, il faut en parler.
03:08 [Générique]
03:10 Merci.

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