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Transcription
00:00 [Applaudissements]
00:02 [Musique]
00:13 Monsieur Macron, après cet excursus nécessaire, revenons à Horadour et entamons aujourd'hui la dernière partie de notre visite.
00:22 Les historiens nous l'affirment.
00:24 Voulant tétaniser la résistance, les SS choisirent Horadour, paisible village, pour faire un exemple sans risquer d'être attaqués par la résistance.
00:34 Et il faut aller plus loin encore, tétaniser d'horreur la résistance en exterminant un village.
00:41 Ce sera Horadour-sur-Glane, choisi pour une raison très simple.
00:46 Pour massacrer une population dans un laps de temps déterminé, il ne faut pas qu'il y ait de la résistance.
00:51 Et justement, Horadour est à l'écart des grandes zones de résistance.
00:55 L'ennui est que la situation du mois de juin 1944 n'était plus celle de juin 1942, lors des représailles perpétrées contre le village de Liditché.
01:04 J'y reviendrai.
01:05 [Musique]
01:10 En 1942, les armées du Reich étaient solidement établies.
01:15 Une action de terreur pouvait alors faire impression.
01:18 Deux ans plus tard toutefois, un vent de débâcle et de libération du territoire soufflait.
01:24 Lorsque la presse collaborationniste parlait des « durs combats défensifs » soutenus à l'Est par les troupes allemandes,
01:31 et lorsqu'elle évoquait les « pointes soviétiques de pénétration stoppées »,
01:35 tout cela rappelait les titres des mois de mai-juin 1940, lorsque la presse cachait au peuple la déroute des armées franco-anglaises.
01:44 D'ailleurs, malgré un triomphalisme de façade, les communiqués ne pouvaient plus cacher le repli des armées allemandes qui évacuaient les villes.
01:53 Le 25 mars 1944, ce correspondant de guerre expliqua
01:58 « Depuis le 5 juillet 1943, les soviets poursuivent leurs assauts contre le front européen de l'Est presque sans discontinuer.
02:08 Devant ces tourbillons d'hommes et de matériel, la tactique allemande s'inspire du principe suivant.
02:14 Résister en des combats très durs, d'une intensité de feu sans cesse accrue,
02:20 afin d'infliger à l'adversaire des pertes aussi cuisantes que possible.
02:25 Voilà ce qui explique la stratégie du repli, d'un repli méthodique,
02:30 parce qu'il s'accompagne de la destruction systématique de ce que les troupes allemandes avaient reconstruit ou édifié,
02:37 et qui, d'une façon quelconque, auraient pu être utilisées par l'ennemi.
02:42 Désormais, ce sont les armées européennes qui appliquent la méthode de la terre brûlée.
02:47 C'était admettre qu'un peu partout, les forces de l'Axe reculaient sans espoir de reprendre du terrain.
02:55 À cela, il fallait ajouter les bombardements incessants,
02:59 car si en un jour 118 quadrimoteurs avaient été abattus,
03:04 cela impliquait que des milliers de bombardiers évoluaient au-dessus de l'Allemagne,
03:09 donc que les alliés possédaient la maîtrise du ciel.
03:12 Le 1er avril 1944, enfin, on apprit qu'au lieu d'être lancés à l'Est,
03:18 la moitié des forces du Reich étaient tenues en réserve.
03:22 Motif, le grand État-major européen a de bonnes raisons de penser
03:27 qu'il aura l'occasion d'utiliser prochainement ses forces à l'Ouest.
03:31 C'était annoncer l'imminence d'un débarquement allié.
03:35 Oui, vraiment, en ce printemps 1944, un air de débâcle et de libération du territoire régnait,
03:42 d'où une résistance galvanisée.
03:45 En avril, par exemple, l'organe des femmes patriotes du Nord et du Pas-de-Calais lança
03:51 « La France enfin redresse la tête, tandis que les hordes hitlériennes se sauvent à la débandade
03:57 et, incrimées en Pologne, en Roumanie, notre vaillante armée des FTP harcèle partout les Boches ».
04:05 Or, pour rappeler au soulèvement, les auteurs invoquaient les « atrocités nazies ».
04:11 On lisait « Dans la nuit du 1er au 2 avril, les Boches, tankistes 55, ont à Ascq,
04:18 petite localité près de Lille, sauvagement massacré 86 civils innocents ».
04:24 Morgan accusait aussi l'occupant d'avoir, à Clermont-Ferrand, incendié un grand immeuble de 4 étages,
04:30 empêchant les pompiers de porter secours aux habitants qui, tous, hommes, femmes, enfants,
04:36 périrent brûlés vifs après d'atroces souffrances.
04:40 Le texte se terminait ainsi « Comme à Ascq, comme à Clermont, comme à Catine,
04:46 la brute déchaînée ensanglantera la terre de France, pillera, incendiera.
04:52 Vite, unissons-nous et d'un commun élan, rejoignons nos frères patriotes
04:57 pour écraser le monstre nazi avant qu'il n'ait mis notre pays à feu et à sang ».
05:04 Le même mois, sous le titre « Contre la terreur nazi déchaînée »,
05:08 l'organe Le Combat des Patriotes lança l'appel suivant « Aux armes, citoyens,
05:13 partout formez vos bataillons, chassez l'ennemi hors de France. »
05:18 La France connaît depuis quatre ans la souillure de l'occupation.
05:21 Elle connaît depuis quelques jours, en Corrèze et en Dordogne, les horreurs de la terreur nazi.
05:27 Boches et traîtres de la milice du Vafenesis d'Arnan, furieux des échecs infligés en Savoie,
05:33 dans le Périgord et partout, exigent l'action terroriste avec l'énergie du désespoir.
05:38 Partout où les colonnes de boches et de traîtres passent, les hommes, jeunes ou vieux, sont fusillés.
05:45 Dans les armes des jeunes filles, assassinées ou violées, des villages incendiés, les vandales passent.
05:53 Dans un tel climat, loin de calmer les esprits ou d'intimider,
05:57 un massacre comme celui de Radour, avec incendie du village, allait au contraire déchaîner les passions.
06:04 C'était évident, et c'est ce qui advint. Témoins ce tract diffusé en juillet 1944.
06:11 Après avoir mentionné le drame de Radour, l'auteur lancé, le peuple comprend que pour limiter le mal
06:17 que les hitlériens, devenus enragés par la perspective de leur défaite, peuvent faire en France,
06:23 pour sauver les villages, les foyers, il n'y a pas d'autre moyen que la lutte à outrance contre les ennemis et les traîtres.
06:31 Même discours à l'Avangarde, un organe clandestin édité par la Fédération des Jeunesses Communistes de France.
06:38 Radour et d'autres faits justifiaient cet appel.
06:41 "Il n'est plus à prouver que les Boches ne sont pas des êtres humains, mais des bêtes enragées.
06:47 Il faut les traiter comme telles, il faut les exterminer.
06:51 Ne laissons plus nos biens, nos villages, nos familles sans défense.
06:55 Organisons-nous dans les milices patriotiques armées."
06:59 Peu après, le journal des jeunes paysans patriotes clama,
07:03 "Nos armes, unies avec nos frères des villes, nous empêcheront par tous les moyens les destructions que veulent accomplir,
07:10 avant d'être complètement écrasés par les forces alliées, les soudards accroyamés et les miliciens antifrançais.
07:18 Nous ne manquerons aucune occasion de leur porter les coups les plus terribles.
07:22 Dans le sang, nous leur ferons payer leurs crimes atroces commises à Horadour-sur-Glane, Chabanay, etc.
07:29 Les tortures infâmes qu'ils infligent aux patriotes avant de les fusiller."
07:35 On le voit, loin de calmer les esprits, Horadour allait au contraire servir de fanale pour l'insurrection et la vengeance.
07:44 En organisant une telle action, alors que le vent de la défaite soufflait et que le climat était à l'insurrection,
07:50 les SS auraient fait preuve d'une imprévoyance incommensurable.
07:55 Ils auraient clairement agi contre les intérêts de leur nation.
07:59 Voilà pourquoi la thèse du village tranquille, choisie pour faire un exemple en y massacrant toute la population, est très suspecte.
08:07 Elle heurte tant le bon sens qu'il convient de la vérifier.
08:11 Et si ce qui est présenté comme un massacre avait été un drame issu d'un enchaînement tragique de faits imprévus ?
08:19 La première question qui se pose est donc la suivante.
08:22 Pourquoi ce 10 juin tragique, une compagnie de Waffen-SS se rendit-elle dans ce village du Limousin ?
08:28 Côté SS, l'explication n'a jamais changé.
08:36 Ce 10 juin 1944, ils étaient à la recherche d'un des leurs, Helmut Kempfe, un gradé capturé la veille par les maquisards de Jean Canouf.
08:46 Dans la matinée du 10 juin, le chef du 1er bataillon d'erfureurs, Otto Dieckmann, informa son supérieur que des français s'étaient présentés à son commandement
08:56 et lui avaient indiqué qu'un officier supérieur allemand était détenu par les maquisards à Auradour,
09:02 où se trouvait un état-major du maquis et où Kempfe devait être exécuté dans la soirée au cours d'une réunion publique et ensuite brûlé.
09:11 La population civile, d'après ces indications, faisait cause commune avec les maquisards.
09:17 Ayant demandé la permission d'aller délivrer l'officier prisonnier, qu'il supposait être Kempfe et dont il était l'ami,
09:23 Otto Dieckmann fut autorisé à se rendre à Auradour avec la mission suivante.
09:28 1. Anéantir le PC du maquis.
09:31 2. Fouiller le village et rechercher Kempfe.
09:34 3. Il importait au régiment de faire un maximum de prisonniers afin de pouvoir échanger le cas échéant Kempfe contre ceux-ci.
09:43 Afin d'écarter cette thèse, les tenants de la version officielle affirment qu'Auradour était situé hors des grandes zones de résistance.
09:50 Auradour est à l'écart des grandes zones de résistance.
09:53 Si cette thèse était vraie, voici le genre de carte que l'on attendrait.
10:02 Auradour situé dans une région avec tout au plus quelques implantations maquisardes locales, indiquées en gris.
10:09 Mais en réalité, la carte est la suivante.
10:13 Auradour se trouvait dans une région à fortes implantations maquisardes.
10:17 Le 24 septembre 1944 d'ailleurs, l'Humanité publia un article à la gloire du maquis de Pressak, dit le maquis Bernard.
10:25 On lisait "Au lieu des 35 partisans de la première heure, Bernard compte, en juin 1944, 5000 hommes répartis en 10 bataillons de francs-tireurs partisans.
10:36 10 bataillons répartis dans les champs et les sous-bois limousins. C'est le fameux maquis de Pressak.
10:42 Et ces 5000 hommes, quoique faiblement armés, font régner la terreur dans le camp nazi.
10:48 Ce sont les routes Paris-Bordeaux et Limoges-Angoulême, coupées et interdites aux frisés.
10:53 Ce sont les SS d'Angoulême, bloquées 5 mois et demi. Ce sont des garnisons chassées de Saint-Julien et de Saint-Victurnien.
11:01 Au-delà des exagérations de propagande, un fait reste certain.
11:05 Cette région de France grouillait de maquisards.
11:08 Afin toutefois de sauver la thèse officielle, sur ces cartes, on trace une zone exempte de maquis.
11:15 Pourquoi cette zone et pourquoi un tel tracé de frontières ?
11:19 Aucune explication n'est jamais donnée. Nous sommes dans le domaine de l'arbitraire.
11:24 J'ajoute que s'il est tendu qu'Adrien Envers ne peut pas être considéré comme exempt de maquis,
11:30 alors au nom de quoi celle qui englobait Auradou pourrait-elle l'être ?
11:35 Faut-il en déduire que les maquis disparaissaient au-delà d'une certaine borne ou d'un certain repère ?
11:41 Tout cela est totalement dénué de sérieux.
11:44 Les maquisards, on le sait, étaient aidés par une partie de la population qui les ravitaillait,
11:49 les soignait et leur offrait des caches. Ils l'ont dit eux-mêmes.
11:53 Dans sa livraison de septembre 1944, l'organe de la région Limousine du PCF écrivit
12:00 « Nul ne peut nier la participation énorme des masses paysannes à la lutte pour la libération de la France.
12:07 Avec un courage magnifique, ils ont, pendant de longs mois, ravitaillé nos gars du maquis.
12:13 L'hiver, offrant leur grange, la soupe chaude, soignant avec dévouement nos malades,
12:19 camouflant les armes, le matériel.
12:22 Me répondra-t-on qu'il s'agissait des paysans dont les fermes étaient isolées ?
12:26 Erreur ! Les villages y participaient aussi.
12:30 En août 1944, cet organe paysan du PCF souligna
12:36 « Il n'est que de faire un tour dans nos villages, pour se rendre compte de l'importance primordiale
12:41 qu'elles, les milices patriotiques paysannes, ont pris dans le cœur des paysans.
12:46 Barrages multiples, arbres coupés, tomberoses et charrettes en zigzag,
12:51 filtrages sévères au passage des voitures,
12:54 exécution des consignes données par le chef local, paysans, artisans ou commerçants.
13:00 Quelques armes modernes voisinent avec le fusil de chasse.
13:03 Chacun, avec enthousiasme, accomplit joyeusement son devoir dans la lutte sacrée. »
13:09 Les auteurs soulignaient également la part prise par les paysans
13:13 dans la récupération du matériel, des armes et des munitions parachutées par les avions alliés.
13:19 On ne saurait être plus clair. Le maquis se prolongeait dans la population.
13:25 Cette zone exempte de maquis, tracée sur les cartes,
13:28 sert donc juste à sauver la thèse officielle malgré l'évidence du contraire.
13:33 En 2001 d'ailleurs, on apprit que six compagnies de francs-tireurs et partisans
13:38 étaient implantées près d'Auradour. La plus proche se trouvait à environ 7 km.
13:44 Bref, située entre le maquis de Périac, la ville résistante de Saint-Julien,
13:49 et ses sept compagnies, Auradour était bien au cœur d'une zone maquisarde.
13:54 Pendant longtemps, on nous avait caché cette information capitale.
13:59 Voilà qui en dit long sur l'honnêteté de ceux qui, depuis 1944, véhiculent la version officielle du bourg paisible.
14:06 Auradour est à l'écart des grandes zones de résistance.
14:09 J'ajoute que pendant des années, les historiens ont occulté d'autres documents que j'ai exhumés.
14:15 Lors de mes recherches dans les archives départementales de la Haute-Vienne,
14:23 j'ai découvert un fait qui avait toujours été tenu caché.
14:27 La présence à Auradour du 643ème groupement de travailleurs étrangers.
14:33 Il s'agissait très souvent de réfugiés politiques venus avec leur famille.
14:37 La République française les regroupait et affectait les hommes à des travaux dans divers lieux.
14:43 Un de ces groupements avait été implanté à Auradour.
14:46 Il était composé en immense majorité d'Espagnols républicains qui avaient fui le franquisme.
14:52 Or, on sait que ces réfugiés politiques contribuèrent à grossir les rangs des maquis.
14:57 Et en effet, d'après les registres de présence que j'ai pu consulter,
15:02 à partir de l'année 1943, plusieurs chefs de famille espagnols furent portés déserteurs.
15:09 C'était l'époque où les maquis se formaient.
15:11 La plupart réapparurent sur les listes en octobre 1944, c'est-à-dire une fois l'occupation terminée.
15:18 De façon évidente, les déserteurs avaient quitté leur poste
15:22 pour rejoindre les différents groupes maquisards de la région.
15:26 Cette présence d'Espagnols républicains à Auradour, j'ai été le premier à la révéler.
15:31 Depuis 1944, elle avait été cachée au public.
15:35 Et ce n'est pas fini.
15:37 Toujours lors de mes recherches dans les archives départementales de la Haute-Vienne,
15:40 j'ai découvert plusieurs rapports préfectoraux
15:43 qui signalaient des incidents liés aux activités des maquis et survenus à Auradour.
15:50 Le dernier datait du 5 juin 1944, soit cinq jours seulement avant le drame.
15:56 Ces rapports, personne avant moi ne les avait mentionnés.
16:00 Pas même leur propre auteur, Guy Pochou, qui co-écrivit l'ouvrage officiel du drame.
16:06 Un comble !
16:08 Son omission, puis celle des historiens, s'explique cependant.
16:12 Ces documents heurtent de front la thèse officielle qui présente le village
16:16 comme un bourg parfaitement tranquille, un havre de paix situé loin de l'agitation guerrière.
16:21 La vérité était tout autre.
16:24 D'ailleurs, écoutez ce que raconte Camille Sénon,
16:27 habitante de Auradour qui était à Limoges le jour tragique.
16:30 Revenue par le tramway du soir, elle fut arrêtée avec d'autres
16:34 par les Waffen-SS qui les relâchèrent finalement.
16:37 C'était quatre jours après le débarquement en Normandie.
16:42 C'est vrai qu'il y avait un développement des actions des maquisards.
16:51 Qu'est-ce qui s'était passé à Auradour ?
16:54 Est-ce qu'il y avait eu des combats ? Nous ne savions rien.
16:57 Nous arrivions là, tout à fait dans l'inconnu.
17:00 L'hypothèse d'une bataille dans le bourg n'étant pas exclue,
17:03 on en déduit que la zone était loin d'être calme.
17:06 Et en effet, non seulement le village était au cœur d'une région maquisarde,
17:11 mais de plus, il comptait des résistants parmi sa population.
17:15 Pas seulement des Espagnols républicains comme nous allons maintenant le voir.
17:19 Lors de mon enquête, j'ai pu découvrir que des natifs d'Auradour étaient liés aux maquis.
17:30 Outre Aimé Renaud, qui avait servi de chauffeur à un résistant lyonnais,
17:33 les frères Beaubreuil, qui bénéficiaient d'une cache chez leur tante, place de l'église,
17:38 je mentionnerai Paul Doutre, membre supplétif du maquis,
17:42 Léonard Dupic, membre de l'armée secrète, résistance digne de droite,
17:46 Martial Machfer, résistant communiste, qui à la simple vue des SS,
17:51 et bien qu'il ignora la raison de leur venue, s'empressa de brûler des papiers et tenta de fuir.
17:57 Quant à Paul Douart, boulangère à Auradour, il ravitaillait les maquis des environs en pain.
18:03 Afin de masquer cette présence maquisarde, on répète qu'à l'arrivée des Waffen-SS,
18:08 la population d'Auradour garda son calme.
18:11 Ici on n'a jamais vu d'Allemands, on ne se méfie pas.
18:14 Mais bien des éléments viennent contredire ces affirmations.
18:18 Ouvrons l'ouvrage écrit par le concepteur du centre de la mémoire d'Auradour, Jean-Jacques Fauché.
18:23 A la page 233, il cite le témoignage d'un rescapé du drame, Hubert Desourtaux.
18:28 On y apprend que même si l'attitude des Waffen-SS ne donnait aucune appréhension,
18:33 la population se retira, des commerçants baissèrent les stores métalliques de leurs établissements.
18:40 On ne peut pas dire qu'il s'agisse de la réaction d'une population sans méfiance.
18:44 Plus loin, Jean-Jacques Fauché souligne que de nombreux habitants tentèrent de s'enfuir ou de se cacher.
18:50 À combien ? 10, 20, 40 ? Ce serait déjà beaucoup.
18:55 Non, entre 130 et 150, précise-t-il.
18:59 130 à 150 ? Une véritable volée de moineaux.
19:03 C'est énorme pour une population censée ne pas se méfier.
19:07 Et ce n'est pas fini.
19:09 Après l'avoir rassemblée cette population, les Waffen-SS annoncent qu'ils vont perquisitionner les maisons.
19:15 Aujourd'hui, le survivant Robert Hébras raconte,
19:18 « Ils, les SS, nous ont dit qu'ils cherchaient des armes, que les personnes non concernées seraient relâchées.
19:24 Ils ont regroupé dans les granges les hommes qui, tranquilles, parlaient du match de foot à venir,
19:30 puis dans l'église, les femmes et les enfants. »
19:33 L'église, c'était le symbole de la sécurité.
19:36 Bref, rien de véritablement inquiétant.
19:39 Seulement, voici ce qu'en 1944, un autre rescapé, Marcel D'Arthur, racontait.
19:45 C'est dans mon ouvrage, page 169.
19:48 « Tous les habitants de Radour furent bientôt rassemblés sur la grande place du village.
19:52 Ce sont des femmes en pleurs, d'autres plus courageuses ou confiantes.
19:57 Quand toute la population eut été réunie, les Allemands la divisèrent en deux groupes,
20:02 l'un composé des femmes et des enfants, l'autre des hommes.
20:06 Le premier fut conduit à l'église.
20:09 Pendant qu'ils partaient, les Allemands nous ont ordonné de faire face aux murs.
20:13 Je risque alors un coup d'œil derrière moi, malgré l'ordre reçu,
20:17 et je vois le groupe de nos mères et de nos compagnes qui s'éloignent lamentablement.
20:22 Ce sont des femmes qui pleurent, d'autres qui s'évanouissent.
20:26 Elles se soutiennent entre elles.
20:29 J'aperçois pour la dernière fois ma femme qui, en larmes,
20:33 disparaît avec les autres au tournant de la rue. »
20:37 Dans son ouvrage, Jean-Jacques Fouché cite un autre témoignage de ce même Marcel Dartout
20:42 qui racontait « Des scènes d'adieux déchirantes ont eu lieu. »
20:46 Des scènes d'adieux ? Et pourquoi donc ?
20:50 S'il n'y avait pas de Matisse à Radour, et s'il n'y avait rien à trouver dans les maisons,
20:55 alors pourquoi ces pleurs, ces évanouissements et ces adieux formulés à l'avance ?
21:00 Résumons. Une population qui se retire dès l'arrivée des Waffen-SS.
21:05 Des commerçants qui baissent leur store.
21:08 Des dizaines de gens qui tentent de fuir ou de se cacher.
21:11 Des femmes en pleurs ou qui s'évanouissent lors de scènes d'adieux déchirantes.
21:17 Et l'on veut nous faire croire que la population de Radour avait la conscience tranquille.
21:21 Mais c'est se moquer du monde.
21:23 Dès l'arrivée des Waffen-SS, bien des gens comprirent que la situation était grave.
21:28 Non seulement parce que le Boche pouvait avoir mauvaise réputation,
21:32 les pages des tracts de la résistance regorgées de récits d'horreur,
21:36 mais aussi et surtout parce que le village n'était pas cette petite bourgade calme et tranquille.
21:42 Elle comptait des résistants armés.
21:50 Parmi les résistants figurait Mathieu Bory, membre des FTP d'obédience communiste.
21:55 En juin 1994, l'hebdomadaire Paris Match publia son récit du drame, rédigé peu après les événements.
22:03 Pourquoi n'avait-il jamais été publié ?
22:06 Parce que le rescapé racontait ainsi sa tentative de fuite.
22:10 « Je monte au carrefour pour prendre la route du cimetière,
22:13 mais les Boches sont en position, trop tard pour m'évader.
22:17 Étant résistant, je pensais aller chercher du renfort.
22:22 Je suis obligé de continuer.
22:24 Des coups de feu claquent de partout.
22:27 Je me dis, il y en a quelques-uns qui ne veulent pas suivre et qui engagent le combat. »
22:32 On en déduit qu'Auradour comptait des gens capables de soutenir le combat contre une troupe de Waffen-SS.
22:38 Autrement dit, des maquisards armés se trouvaient dans le bourg.
22:43 Voilà pourquoi Mathieu Bauri avait parlé de chercher du renfort,
22:47 c'est-à-dire des hommes supplémentaires, pour aider ses camarades qui croyaient-ils combattre des gens.
22:53 Le texte de Mathieu Bauri donne le coup de grâce à la thèse selon laquelle
22:57 Auradour n'aurait eu ni maquis, ni dépôt d'armes et de munitions.
23:02 Lors de mon enquête, je suis entré en possession de cette lettre.
23:10 Son auteur parlait d'un de ses amis pâtissier à Bergerac pendant la guerre.
23:15 Dans cette ville, une grande poudrerie existait, qui fonctionnait sous l'occupation.
23:20 Sans surprise, la Résistance s'y intéressait au point que le directeur y était mêlé.
23:25 Arrêté sur dénonciation, il mourut en déportation.
23:29 Or, voici ce que l'auteur de la lettre écrivait.
23:32 « C'est été dans la Résistance à ses moments perdus.
23:35 Il m'a raconté qu'à deux ou trois reprises, il avait participé, à bord d'un camion Citroën,
23:41 au transport de caisses d'explosifs pour les livrer aux maquisards d'Auradour sur Glane.
23:47 Il a été formel et précis.
23:50 D'où venaient ces explosifs ? De la poudrerie de Bergerac, bien entendu.
23:55 Vingt ans après, je puis révéler le nom de ce pâtissier Résistant.
23:59 Il s'agissait de M. Calandreau.
24:01 Une fois livrés à Auradour, certaines de ces caisses d'explosifs étaient cachées dans les habitations.
24:07 L'état de certaines maisons après la tragédie le confirme.
24:10 Regardez ces trois maisons.
24:12 Deux éléments frappent.
24:14 L'absence totale de traces de noir de fumée et, surtout, la végétation intacte, indiquée en jaune.
24:21 En cas d'incendie prolongé, cette végétation aurait brûlé sous l'effet du rayonnement.
24:26 Tout indique donc que ces bâtisses ont été détruites par des explosions.
24:31 À gauche, un pan de mur qui s'est d'ailleurs effondré.
24:35 Un document le confirme.
24:37 Dans son rapport rédigé le 4 janvier 1945,
24:40 le juge allemand qui avait enquêté sur le drame et interrogé les Waffen-SS écrivit
24:46 « Dès l'approche, la compagnie essuya le feu de fusils et de mitrailleuses.
24:51 Une fois brisée la résistance, une quantité d'armes considérable fut saisie lors de la fouille des maisons.
24:59 Là-dessus, le feu fut mis au village.
25:02 Il s'en suivit dans presque toutes les maisons des détonations provenant des munitions détenues en secret.
25:09 Les détonations furent si fortes que le commandant-en-chef dut retirer ces hommes pour leur sécurité. »
25:16 Mensonge ! C'est ce que prétend Camille Seynon dont j'ai déjà parlé.
25:21 Voici ce qu'elle raconte.
25:23 Dès l'accomplissement du crime, ils ont essayé de créer la version négationniste.
25:33 Le gars, il nous sort une grenade de sa poche.
25:39 Vous savez ce que c'est ça ?
25:41 C'est une grenade américaine, il y en avait dans toutes les maisons.
25:46 C'est comme si c'était possible d'avoir des grenades américaines dans toutes les maisons.
25:52 Mme Seynon nous demande donc de croire que dès le 10 juin 1944,
25:57 les Waffen-SS avaient pris avec eux des grenades américaines afin de faire croire au village résistant.
26:04 Ma réponse sera simple.
26:06 Si les Waffen-SS avaient organisé une telle mise en scène, c'est qu'ils avaient prévu de justifier leur action contre Radour.
26:14 Mais dans ce cas, ils auraient ensuite diffusé un communiqué très clair,
26:19 affirmant que le village avait été détruit pour le punir de ses liens avec la résistance.
26:25 C'est ce qu'ils avaient fait deux ans auparavant en Bohème-Moravie.
26:29 Suite à l'attentat mortel contre Reinhardt-Hedrich,
26:32 les Allemands se livrèrent à de sanglantes représailles sur le village de Liditche,
26:37 fusillant les hommes, déportant les femmes et les enfants.
26:40 Un communiqué officiel fut alors rédigé puis diffusé par les autorités nationales socialistes.
26:46 Le village était clairement accusé d'avoir abrité les assassins et d'avoir participé à la résistance.
26:53 Dans les heures qui suivirent, la radio allemande de Prague puis Radio Berlin revendiquèrent l'action à la face du monde entier.
27:00 S'agissant d'une vengeance exécutée en guise d'avertissement, c'était logique.
27:05 Si à Auradour, les Waffen-SS avaient apporté avec eux quelques grenades américaines
27:10 afin de fabriquer un faux prétexte destiné à justifier la destruction du bourg,
27:15 alors les autorités allemandes auraient ensuite annoncé la nouvelle comme ils avaient annoncé celle de Liditche.
27:23 Or j'ai démontré qu'après le drame, loin de revendiquer cette action, la Waffen-SS resta silencieuse.
27:30 Quant aux autorités d'occupation, elles prétextèrent l'ignorance,
27:34 exprimèrent leurs regrets pour la mort des femmes et des enfants et promirent des sanctions.
27:39 Bref, les Allemands ne diffusèrent aucun communiqué destiné à justifier de près ou de loin
27:46 la destruction du village pour le punir de ses liens avec la résistance.
27:50 Dès lors, pourquoi auraient-ils emmené avec eux des grenades américaines ?
27:55 Non, ces grenades, ils les avaient trouvées à Auradour.
28:00 Je note d'ailleurs qu'en 1944, Mme Senon avait été plus précise,
28:05 affirmant que le soldat avait ajouté "nous trouver des armes et des munitions,
28:10 alors faire tout sauter, tout flamber, écouter les explosions".
28:14 Pourquoi 70 ans plus tard, Mme Senon a-t-elle omis cette précision capitale ?
28:19 Parce qu'il faudrait croire que, non content d'avoir pris quelques grenades avec eux,
28:24 les Waffen-SS avaient aussi apporté des explosifs dont ils avaient bourré les maisons
28:29 afin d'organiser leur mise en scène.
28:31 Mais cette mise en scène, ils ne l'avaient pas prise en photo ni en film.
28:34 C'est si ridicule qu'aujourd'hui, Mme Senon préfère cacher ses explosions dans le village.
28:40 Mais cette nouvelle omission résonne comme un aveu.
28:43 Celui qu'à Auradour, des armes et des munitions étaient cachées dans de nombreuses maisons.
28:49 D'ailleurs, même en l'absence de tout aveu,
28:52 d'autres constatations matérielles faites depuis dans les ruines du village sont éloquentes.
28:57 Lorsque le 10 juin, vous vous rendrez à Auradour, M. Macron, je vous invite à bien observer.
29:03 Vous constaterez alors que des maisons montrent des fenêtres et des portes autour desquelles les crochets ont disparu,
29:10 les pierres ayant en outre souvent subi des dégâts.
29:14 Plus intéressant encore, sur cette fenêtre, le crochet du bas a disparu.
29:18 Celui du haut a résisté, mais il a été gravement tordu.
29:23 Même spectacle ici.
29:25 Les crochets du haut et du bas ont été arrachés, emportant des fragments de pierre avec eux.
29:32 Celui du milieu a résisté, mais il reste très tordu.
29:36 Or, jamais la chaleur seule d'un incendie ne pourrait occasionner de tels dégâts sur ce genre d'objet.
29:42 Non, ces maisons ont été le siège de violentes explosions qui ont emporté les volets,
29:48 arrachant ou tordant les crochets et brisant les pierres.
29:52 Ces constats confirment l'assertion du juge Detlef Ockrent dans son rapport d'enquête,
29:58 assertion selon laquelle les maisons ont été le siège de violentes explosions.
30:03 La première partie de ce texte confirme que les coups de feu entendus par Mathieu Boury
30:08 étaient bien dus à des maquisards armés.
30:11 Voilà sans doute pourquoi ils voulaient se précipiter pour appeler des renforts.
30:15 Et voilà pourquoi, une fois la résistance brisée et la population rassemblée sur le village,
30:20 les femmes redoutaient le pire pour leur mari, leur père, leur fils.
30:30 Et que dire M. Macron des centaines de douilles retrouvées dans l'église ?
30:34 Parmi elles, figuraient des quantités de douilles de 9 mm avec inscrit sur le culot "WRA 9 mm".
30:42 Douilles allemandes ? Nullement !
30:44 "WRA" indiquait la fabrique américaine Winchester située à New Haven dans le Connecticut.
30:52 Il s'agissait de munitions fabriquées aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale
30:57 pour le compte de l'Angleterre, destinées à être tirées exclusivement dans des PM,
31:02 pistolets mitrailleurs, tels que la mitraillette Sten.
31:05 Parachutées à destination des FFI pendant la Seconde Guerre mondiale,
31:09 elles ne doivent pas être tirées dans un Luger P08 ou un Walther P38.
31:15 Ces deux dernières armes étant allemandes, de calibre 9 mm,
31:19 on en déduit que les Waffen-SS n'utilisaient pas ces cartouches même s'ils parvenaient à en saisir.
31:25 Vous l'aurez compris, M. Macron,
31:27 ces centaines de douilles américaines sur le sol de l'église provenaient du dépôt clandestin de munitions.
31:33 Sont-elles parties d'elles-mêmes lors des explosions ?
31:36 Ont-elles été tirées et si oui, par qui ?
31:39 Sans examen du culot, on reste dans l'expectative.
31:43 Mais une chose est sûre, ces douilles par centaines
31:47 attestent au moins la présence d'un dépôt de munitions dans l'église de Radour.
31:52 Ajoutons à cela cet ancien aviateur de la Royal Air Force, Len Cotton,
31:57 dont l'avion fut abattu le 25 novembre 1942.
32:01 Pour la suite, on lit,
32:03 « Par chance, les réseaux de résistance interviennent.
32:06 Les aviateurs anglais sont pris en charge par les paysans.
32:09 Ils seront dirigés ensuite vers Auradour-sur-Glane
32:13 où ils sont cachés durant trois jours dans le bourg.
32:16 Les hommes de la RAF sont en train de se faire débarquer.
32:20 Les hommes de la RAF gagnent ensuite Limoges, Toulouse, Bilbao. »
32:25 Contacté, Len Cotton me confirma son histoire et me donna certains détails.
32:30 Ces informations permirent de conclure qu'un acquis structuré existait à Auradour,
32:35 qu'il se servait de l'église avec la bienveillance du prêtre
32:39 et que la famille Roufanche y appartenait.
32:43 Ainsi, je comprenais désormais pourquoi un dépôt de munitions
32:47 ne peut être organisé sous les combles de l'église.
32:50 Le prêtre était complice.
32:52 Je comprenais aussi pourquoi Mme Roufanche avait accepté d'être le témoin manipulé.
32:57 Sa famille étant liée au maquis,
32:59 elle ne faisait qu'accomplir son devoir de résistante.
33:03 Le 10 septembre 1996,
33:05 lors d'une conversation téléphonique durant laquelle j'ai pris des notes,
33:08 Len Cotton se déclara surpris de savoir que les historiens français
33:12 disent qu'il n'existait pas de résistance à Auradour-sur-Glane.
33:16 Ils disent qu'il y avait une grande résistance à Auradour-sur-Glane.
33:21 Et oui, M. Macron, plus on fouille et plus l'écran de fumée
33:25 généré par la thèse officielle se dissipe.
33:27 Ce 10 juin tragique,
33:29 les Waffen-SS étaient à la recherche d'un des leurs,
33:32 Helmut Kempfe, capturé la veille par les maquisards de Jean Canou.
33:36 Arrivé au village vers 14h,
33:43 la troupe procéda comme elle le faisait habituellement pour ce genre d'opération.
33:47 Afin d'éviter les fuites,
33:49 le village fut encerclé et la population rabattue vers le bourg.
33:53 Durant cette phase, des escarmouches eurent lieu.
33:56 Une fois rassemblées sur la place principale, le champ de foire,
33:59 les hommes furent séparés des femmes et des enfants.
34:02 Ceux-ci furent conduits à l'église.
34:05 Il était alors 15h30.
34:07 Quant aux hommes, pour des raisons de sécurité,
34:10 ils furent séparés en 5 groupes et placés dans des granges ou des garages
34:14 afin de pouvoir être gardés plus facilement
34:16 par quelques sentinelles armées de mitrailleuses.
34:19 Pendant ce temps,
34:21 d'autres Waffen-SS procédaient à des perquisitions dans les habitations.
34:25 Vers 16h, alors que les recherches se déroulaient,
34:28 permettant la saisie de nombreuses armes et munitions,
34:31 une énorme explosion secoua l'église, suivie d'autres.
34:35 Croyant à une attaque du maquis venu de l'extérieur,
34:38 les Waffen-SS mitraillaient les hommes avant de se ruer à l'église.
34:43 Telle est la chronologie des faits.
34:50 Cette chronologie, elle gêne tant Robert Hébrard
34:54 qu'il n'hésite pas à mentir pour la modifier.
34:57 En 2013, il attaqua Mathez en lançant
35:00 "Le déroulement des faits suffit à démolir cette hargucie.
35:04 L'église a brûlé après 17h
35:06 alors que le massacre des hommes et les incendies dans le bourg
35:09 avaient commencé dès 15h.
35:12 Ah bon ?
35:13 Pourtant, la chronologie officielle affichée
35:16 à l'entrée des ruines du village était très claire.
35:19 Le massacre général aurait commencé à 16h
35:22 suite à une détonation.
35:24 Aujourd'hui encore, l'Association nationale des familles
35:27 des martyrs de Radour-sur-Glane confirme.
35:30 Vers 16h, une explosion dans le bourg donne le signal du massacre.
35:35 Il commence au même instant dans tous les lieux de supplice.
35:39 Pourquoi Robert Hébrard avance-t-il ce massacre d'une heure pour le bourg
35:44 et le reculque-t-il d'une heure pour l'église ?
35:47 Parce que cette détonation qui retentit à 16h
35:50 fut cette première explosion dans le clocher de l'église.
35:54 Et oui, c'est elle qui déclenche à tout,
35:57 les fusillades dans les granges et à l'église,
36:00 la mort des femmes et des enfants,
36:02 soufflées, mutilées, déchiquetées.
36:05 Sur ce sujet, on possède les déclarations
36:08 de plusieurs anciens vaffenesses dont Weber.
36:11 À un certain moment, il a entendu une explosion
36:14 et peu après, des coups de feu par rafales,
36:17 des cris des femmes et des enfants.
36:20 Cette explosion, c'est celle de l'église.
36:23 Les rafales, ce sont les vaffenesses qui tirèrent sur les hommes.
36:27 Quant aux cris des femmes et des enfants, je n'y reviens pas.
36:30 Peut-être, M. Macron, écarterez-vous d'emblée
36:33 ces témoignages d'anciens vaffenesses.
36:36 Alors, je vous en soumettrai un autre, capital,
36:39 celui de Maurice Beaubreuil.
36:41 Le 10 juin tragique, il était caché avec son frère aîné
36:44 Martial chez sa tante, Mme Mercier,
36:47 qui habitait Place de l'église.
36:49 Lors de l'instruction du procès des vaffenesses,
36:52 il déclara "J'ai nettement perçu une explosion
36:55 en provenance de l'église,
36:58 suivie d'une forte mitraille provenant de tous les coins du bourg".
37:03 C'est clair, l'explosion dans l'église a tout déclenché,
37:07 le drame de l'église, ainsi que la fusillade des hommes
37:10 dans les granges et les garages.
37:13 Ce fait capital, M. Hébras veut le cacher
37:16 en modifiant la chronologie.
37:19 Aussi interpelle-t-il, dans le témoignage de Mme Roufanche,
37:21 le passage suivant.
37:23 "Entre 16h et 17h, ces êtres ont dû vivre
37:26 un calvaire effroyable, car le vacarme intense
37:29 des tirs, des explosions, de l'incendie
37:32 leur parvenait sans aucun doute. Qu'ont-ils pu penser ?
37:36 Habile façon de faire croire que le massacre de l'église
37:39 aurait commencé à 17h, après que les hommes
37:42 eurent été mitraillés dans les granges.
37:45 L'ennui pour Robert Hébras est que,
37:47 durant son attente à l'église, Mme Roufanche n'a rien entendu.
37:51 Ni vacarme, ni explosion.
37:53 "Oh, ce n'est pas moi qui l'invente,
37:55 c'est elle-même qui l'a précisé.
37:57 En juillet 1947, dans une déclaration essentielle
38:00 que j'ai exhumée, elle souligna
38:03 "Durant le temps que je suis resté dans l'église,
38:06 je n'ai vu ni entendu aucune explosion."
38:10 Robert Hébras est donc un fier fait coquin.
38:13 Ce n'est pas son seul mensonge.
38:24 Dans sa brochure témoignage publiée en 1992,
38:27 il invente des souvenirs et falsifie un témoignage.
38:31 Considérons le témoignage falsifié.
38:33 Robert Hébras prétend que le 10 juin tragique,
38:36 un Waffen-SS aurait lancé à des gens qui,
38:39 venant de Limoges par le tramway,
38:41 étaient arrivés près d'Oradour le soir du drame
38:43 "On vous laisse partir, vous pouvez dire
38:45 que vous avez de la chance, car au village,
38:48 nous les avons tous massacrés."
38:50 Aveu énorme, vous en conviendrez.
38:52 Sachant toutefois que M. Hébras n'assistait pas à la scène,
38:55 il avait pris l'information ailleurs.
38:57 Où ? Dans l'ouvrage officiel du Comité du souvenir
39:01 et de l'Association nationale des familles
39:03 des martyrs d'Oradour-sur-Glane.
39:05 Ouvrage, M. Macron, que l'on vous a donné
39:08 au terme de votre visite.
39:09 Dans l'une des premières éditions, parue en 1945,
39:12 on lit page 84 à propos de l'épisode du tramway.
39:15 On nous annonce que nous sommes libres.
39:17 Un autre voyageur qui faisait partie de ce même convoi
39:20 a précisé qu'un interprète, à ce moment-là, s'était crié
39:23 "On vous laisse partir, vous pouvez dire
39:26 que vous avez de la chance."
39:28 L'ajout de Robert Hébras, "Car nous les avons tous massacrés"
39:32 n'apparaît nulle part.
39:34 Simple oubli dans l'édition de 1945 ?
39:36 Non, car dans l'édition de 1966,
39:39 le passage en question se trouve cette fois
39:42 à la page 78.
39:43 L'ajout n'apparaît pas non plus.
39:45 Et voici maintenant l'ouvrage officiel
39:47 publié par le gouvernement français en 1945.
39:51 Reportons-nous à la page 69.
39:54 Là encore, le passage figure bien,
39:57 mais sans l'ajout.
39:58 Robert Hébras a donc falsifié un témoignage
40:01 afin de faire croire que dès le jour du drame,
40:04 un Waffen-SS aurait avoué le massacre.
40:07 Ces méthodes de coquins sont un aveu.
40:10 Quand on dit la vérité,
40:12 on n'a pas besoin de recourir à de tels procédés.
40:16 [Musique]
40:21 [Applaudissements]
40:23 [Musique]
40:35 Monsieur Macron,
40:36 demain 10 juin, vous assisterez,
40:39 en tant que président de la République,
40:41 aux commémorations du drame de Radour-sur-Glane.
40:43 Vous serez donc le président totalitaire
40:46 d'une République totalitaire.
40:48 Pour l'affirmer,
40:49 je m'appuierai sur vos propres déclarations.
40:52 Mais n'allons pas trop vite.
40:53 [Musique]
40:58 Dans les six premiers volets de cette série,
41:00 je pense avoir démontré que la version officielle
41:03 du drame de Radour est des plus suspectes.
41:06 L'histoire du massacre dans l'église
41:08 par la mitraille et par le feu
41:10 se heurte à de multiples incohérences
41:12 et autres impossibilités.
41:14 Les constats matériels et les témoignages
41:16 privilégient la thèse de l'explosion soudaine
41:19 d'un dépôt clandestin de munitions
41:21 aménagé sous les combles par le maquis local.
41:24 [Musique]
41:30 Cependant, une question demeure.
41:32 Qui provoqua cette explosion ?
41:34 Les bouches restant closes
41:36 et les archives inaccessibles
41:38 je n'ai aucune certitude.
41:40 Simplement des hypothèses.
41:42 M'appuyant sur quelques documents,
41:44 certains constats matériels
41:46 et des confidences lacunaires
41:48 recueillies lors de mon enquête,
41:50 je crois que ce 10 juin tragique,
41:52 des maquisards pris dans la nasse
41:54 parvinrent à se cacher dans l'église,
41:56 sous les combles et dans le sous-sol
41:58 de la sacristie.
42:00 Une fois les femmes et les enfants
42:01 partis à l'intérieur,
42:03 ils furent découverts, sans doute suite
42:05 à une dénonciation d'une ou plusieurs femmes
42:07 qui refusaient de voir leur mari,
42:09 leur père ou leur fils innocent
42:11 payé pour les coupables.
42:13 A partir de cet instant,
42:15 tout aurait été très vite.
42:17 Refusant de se rendre,
42:19 certains maquisards tentèrent de fuir
42:21 par la petite porte de la chapelle Sainte-Anne.
42:23 Ils se heurtèrent à des Waffen-SS.
42:25 Des tirs furent échangés
42:27 et dans les secondes qui suivirent,
42:29 l'explosion fatale se produisit
42:31 dans le clocher, provoqué soit
42:33 par un projectile perdu,
42:35 soit par l'erreur d'un maquisard.
42:37 Des femmes et des enfants
42:39 qui s'étaient trouvés dans les zones de l'église
42:41 préservées, en bleu,
42:43 survécurent et purent soit se sauver,
42:45 soit être sauvés.
42:47 Dans la sacristie également,
42:49 des heurts armés se produisirent
42:51 qui provoquèrent une ou plusieurs
42:53 explosions. Je le répète,
42:55 il s'agit d'une simple tentative
42:57 de reconstitution qui s'appuie sur l'analyse
42:59 de quelques documents,
43:01 certains constats matériels et des confidences
43:03 lacunaires recueillies lors de mon enquête.
43:05 Ce matériel, je pourrai
43:07 le dévoiler dans une prochaine vidéo
43:09 si les spectateurs sont intéressés.
43:11 Pour l'heure, je m'en abstiendrai
43:13 car cette hypothèse n'a aucun caractère
43:15 de certitude. En juin 1997,
43:17 lors d'une conversation téléphonique,
43:19 Jean-Claude Pressac m'en soumit
43:21 une autre, sachant que
43:23 les écoliers avaient été parqués
43:25 dans l'église avec les femmes,
43:27 il est possible que,
43:29 lassé d'attendre et ayant pu échapper
43:31 à la surveillance, plusieurs
43:33 enfants soient montés au clocher.
43:35 Ayant découvert le dépôt clandestin,
43:37 ils auront commis l'irréparable
43:39 en manipulant un engin explosif.
43:41 Pourquoi pas ?
43:43 [Musique]
43:45 [Musique]
43:47 Finalement,
43:49 nous sommes comme cet élève face à ce
43:51 prétendu rectangle partiellement masqué.
43:53 Faute d'informations suffisantes,
43:55 l'élève ne peut dire
43:57 s'il s'agit d'un simple parallélogramme
43:59 ou plutôt d'un losange.
44:01 Mais il peut rejeter l'affirmation
44:03 du rectangle, puisque le seul
44:05 angle visible n'est pas droit.
44:07 La situation à Auradour est similaire.
44:09 Faute d'informations suffisantes,
44:11 il nous est impossible
44:13 de dire ce qui s'est réellement passé
44:15 ce 10 juin tragique.
44:17 Il nous est impossible de privilégier
44:19 une hypothèse plutôt qu'une autre.
44:21 En revanche,
44:23 les informations dont nous disposons
44:25 sont suffisantes pour affirmer que la
44:27 version officielle ne tient pas.
44:29 Auradour ne fut pas
44:31 un massacre prémédité,
44:33 mais une action policière qui tourna
44:35 au massacre. L'erreur
44:37 du commandement allemand fut de ne pas
44:39 avoir fait fouiller l'église au préalable,
44:41 ou pas assez. Mais jamais
44:43 les Waffen-SS d'Otto Dickman
44:45 ne vinrent dans ce village pour y exterminer
44:47 la population. En ce mois
44:49 de juin 1944, une telle
44:51 action ne représentait que des
44:53 désavantages. Et c'est ce qui a devint.
44:55 La Résistance exploita
44:57 version du drame pour appeler aux armes et à la vengeance la plus brutale.

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