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Art et designTranscription
00:00 10h20.
00:02 Bon, merci.
00:04 Oh là là, quel bled!
00:07 Pas un chat!
00:09 Vous êtes de la ville, monsieur?
00:11 Oui, je suis né, et je ne m'en suis jamais évalé, là.
00:15 Moi, au contraire, je m'y suis installé.
00:17 Pour ma retraite.
00:19 Oh, quelle drôle d'idée.
00:21 Mais, je me demande pardon.
00:24 Je ne suis pas un chien.
00:26 Mais, je me demande pardon.
00:30 Je me semble vous reconnaître.
00:33 Monsieur le baron de Grand'Erre.
00:36 Moi-même, mon ami.
00:38 Mais, votre visage...
00:40 Pithard.
00:42 Le café Pithard derrière le marché.
00:44 Oh, mais oui, mais oui!
00:46 Oh, sommes-nous stupides!
00:48 Oh, excusez-moi, tout à l'heure, j'étais du mal du conseil municipal,
00:51 et madame la baronne en fait partie.
00:53 Vous ne direz jamais autant de mal de ma femme que j'en pense.
00:57 Aux élections, je vote contre elle.
00:59 Ça ne sert à rien d'ailleurs.
01:01 Et l'électrice, les foules, j'aurais dû rester célibataire.
01:04 Ah, ben, moi, je suis célibataire.
01:06 Heureux homme!
01:07 Ah, minute, j'ai une soeur, c'est pire.
01:09 Une soeur, ça a les désagréments d'une femme,
01:12 et sauf votre respect, ça n'en a pas les compensations.
01:15 Et dans quinze jours, c'est l'élection du maire.
01:18 Ma femme veut s'installer à la mairie.
01:21 Ah, ben, ça me ferait mal.
01:23 Plutôt que de voir un jupon à la mairie,
01:25 je préférerais encore un militaire ou un curé.
01:27 En ce moment, elle prépare des discours explosifs.
01:31 Toute la journée, ce ne sont que des harangs,
01:34 cris, proclamations qu'elle essaye sur la bonne.
01:36 Et ben, résultat, la bonne ne fiche plus rien.
01:40 Et quand j'ose dire un mot, mon voix promenait.
01:42 Ce que je fais, à la fin de la journée,
01:46 j'ai envie de la manger.
01:48 Oh, mais ne mordez pas.
01:50 Silence. C'est ma méthode avec ma sœur.
01:53 Vous la connaissez, ma sœur?
01:55 Pas du tout.
01:56 Ah, ben, vous ne perdez rien.
01:58 La vieille fille dans toute sa splendeur.
02:00 Une punaise de sacristie.
02:02 Quand je la vois, dans notre vieux café vieillot,
02:06 vieux café datant de nos parents,
02:10 il aurait besoin d'un bon petit coup de peinture,
02:13 mais nos bénéfices de misère ne nous permettent aucun travaux.
02:16 Alors, on les jette.
02:19 Alors, forcément, le samedi, il y a du monde,
02:21 grâce au marché, mais les autres jours,
02:23 c'est vide, vide, vide.
02:26 Forcément, avec nos gueules.
02:31 Tu bois encore un rhum, au prix où il est?
02:33 Je te déduirai cette affaire de bénéfice.
02:36 Pourquoi bois-tu?
02:38 Prends de plus de voie.
02:40 Va ranger plutôt les bouteilles de bière dans l'armoire-frigo
02:42 que cette imbécile, une représentante à coller à crédit.
02:45 À crédit, c'est tout toi, ça.
02:47 La folie des grandeurs.
02:49 Pourrez-vous apporter une clientèle de fantômes?
02:51 Il est dix heures du soir et plus un chat.
02:53 Ah, jolie ville.
02:55 Mais où sont donc les hommes?
02:57 Au café de la gare, c'est l'un de jeunesse.
02:59 À cause de la télé qui hurle? Merci.
03:01 À la cloche d'or, il y a une ambiance du tonnerre.
03:03 Oui, à cause de la moins que rien qui sert les jupes au-dessus des genoux.
03:05 Fais-en autant, coupe tes jupes.
03:07 Go, Jean!
03:09 Fais de l'œil au client.
03:11 On devrait engager une jeune serveuse.
03:13 Non, plutôt crever. Je te vois me fêter, satyre.
03:17 À faire installer le néon?
03:19 Plutôt crever.
03:21 Eh bien, alors, crève. Dépêche-toi de crever.
03:23 Ça te ferait plaisir que je meure, hein?
03:25 Tu gaspilles notre héritage avec des gourous?
03:27 Tous les soirs, je tente d'en sortir.
03:29 Tu vas courir les femmes dans le jardin du général Truff,
03:31 qui sont en lieu de débauche.
03:33 De débauche?
03:35 C'est toi qui m'as dit qu'il y avait des femmes nues dans les bosquets.
03:37 C'est vrai, cher ami, que des femmes rôdent par ici?
03:41 Non, mais je lui ai fait croire à ma sœur, ça la rend hystérique.
03:45 Eh bien, vas-y, toi, dans les jardins du général Truff, tu verras bien.
03:49 Merci. Pour me faire aborder par un ivrogne ou accoster par un vicieux?
03:53 Oui, pour t'aborder, il ne faut pas être vicieux, il faut être aveugle.
03:57 Grossier personnage. Dans quinze jours, la baronne de Grand'Ère sera élue à la mairie,
04:03 et elle fera raser les bosquets.
04:05 Oh, ma tête!
04:07 Prends un cachet d'aspirine.
04:09 L'hémigrène de ma sœur, c'est la paix pour une heure.
04:13 Ah, oui, j'ai fiché des sognifères à la place de cette aspirine,
04:17 elle s'en garde toute la journée, et alors ça la calme.
04:19 Tiens, t'écris toujours à la rubrique du cœur dans tes journaux cornichons, cher fleur solitaire.
04:31 Pauvre type, va. Ses journaux publient des histoires vraies et des romans sentimentaux.
04:37 Oui.
04:38 Va plutôt acheter tes revues pornographiques à la divorcée qui tient le casque de la gare.
04:43 Ah, oui, elle est pas mal, cette grande blonde.
04:45 Elle aime bien des journaux poliçons.
04:47 Non, mais je lui ai fait croire ça aussi à ma sœur, ça l'énerve.
04:51 Bon, ben, je vais me promener.
04:53 [Musique]
04:55 [Chant]
04:59 Foutre la paix aux voisins, prédiseur.
05:02 Mes voisins, ce sont des pauvres types, des ratés, des minables, comme toi.
05:08 Merci, je me crève pour madame, je ne dors pas la nuit parce que j'écris des romans feuilletants
05:13 que je vends à Paris à des auteurs célèbres. Le jour, je me suis au journal, et voilà le merci.
05:18 Mais toi, la beauté, le talent, la chanson, l'élégance tu réunis.
05:22 Qu'est-ce que tu fous ici, à Neuville-sur-Vernissant?
05:26 J'attends mon heure dans l'ombre. Je travaille mon tour de chant pour pouvoir bientôt te dire
05:34 « Merde, regagner Paris et faire ma rentrée sous les projecteurs ».
05:39 Ta rentrée? Mais tu ne peux pas la faire, ta rentrée. Personne ne t'avait sorti.
05:44 Salaud, tu ne sabras pas mon moral.
05:46 Alors, est-ce que je t'ai connue au Palace Musical de Bar-le-Duc?
05:49 C'est ça. Crash sur la Zaz Lorraine anarchiste, crash sur mon public.
05:54 Moi, j'avais cru rencontrer un scénariste.
05:57 J'avais espéré que tu m'écrives des pièces, une chanson, une revue.
06:03 C'est bon. Je finis dans le noir et mes plus belles années.
06:08 En tout reste, monsieur est peut-être journaliste, mais rarement au quotidien.
06:13 Je ne sais pas de quoi tu parles.
06:15 Et par là, ce plancher, je t'ai assez vu.
06:17 J'ai faim.
06:19 Va dans la cuisine et ouvre-toi des concerts.
06:24 Tu n'as pas préparé le dîner?
06:26 Non, tu n'as pas le temps?
06:29 Ah, on va dire qu'il y a un œuf.
06:32 Ça faisait rire, ça, à l'époque de Mustinguette.
06:35 Mais ça ne va pas, non.
06:37 Qu'est-ce que c'est que ça?
06:43 Je ne sais pas.
06:44 C'est ta cache-colle, donc.
06:46 Oui, avec des riz en travers.
06:51 Tu as reçu un homme ici?
06:53 Je ne sais pas.
06:55 C'est son nom, je vais le casser le nez.
06:57 Un boxeur.
06:59 Mais qu'est-ce qu'on a dit, qu'est-ce qu'on a dit, qu'il en t'amuse?
07:04 Le genre de type qui, d'un seul point, envoie quatre soldats à l'hôpital.
07:10 Je le tuerai, et toi après.
07:12 Arrête tes drames, c'est la blanchisseuse qui se sera trompée,
07:19 et la cache-colle d'homme qui s'est dans mon linge entre les bras.
07:23 Tu crois que je vais avaler ça?
07:26 Vous croyez que je vais avaler ça?
07:28 Mais oui, mais oui.
07:29 Eh ben non, je ne vais pas avaler ça.
07:32 Bon, passons.
07:34 Je vais manger un sandwich au Café Terminus.
07:36 Le bénéficiaire doit être accompagné de quelqu'un de respectable qui témoignera.
07:39 Oui, mais qui?
07:41 Prenons le Capitaine Colombali lui-même.
07:43 Quoi, mais vous êtes fou?
07:45 Mais quand il déclarera à 8h50 que j'étais avec M. le Baron,
07:48 personne ne mettra sa parole en doute.
07:50 Bravo. Plus c'est simple, plus on y croit.
07:55 Il faut que ce soit trois chefs-d'oeuvre de crime parfait.
08:00 Messieurs, dans huit jours, un neuf vivre sur le Renaissance,
08:03 il devrait avoir trois ans libre et heureux.
08:06 Ah, messieurs, si tous les hommes vous laissent donner la main.
08:11 Bon, nous allons prêter serment.
08:13 Nous vous jurons de prêter assistance mutuelle à nos amis ici présents.
08:17 Notre association sera humanitaire, fraternelle, secrète,
08:22 justicière et d'utilité publique.
08:26 (Applaudissements)