ÉDITO - Le gouvernement assouplit le calendrier des zones à faibles émissions, "une bombe sociale"

  • l’année dernière
Le gouvernement permet à de nombreuses villes où la qualité de l'air s'est améliorée de "décider de suspendre les prochaines étapes de son calendrier de restrictions". Seulement cinq métropoles doivent continuer à appliquer progressivement les restrictions fixées par la loi.
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00:00 - Mathieu Croissando, on va parler des ZFE, parce que le gouvernement assouplit les règles sur les zones à faible à émission.
00:07 Rappelle d'abord ce que sont ces ZFE.
00:09 - C'est simple, c'est l'interdiction faite aux véhicules les plus polluants d'accéder au centre-ville dans les grandes agglomérations.
00:15 Ça avait été imaginé pour une bonne raison, il fallait améliorer la qualité de l'air et donc la santé des habitants concernés.
00:21 Je rappelle que selon Santé publique France, la pollution provoque chaque année 48 000 décès.
00:26 Par ailleurs, la France a déjà été condamnée par le passé sur cette problématique de qualité de l'air, notamment au niveau européen.
00:32 D'où l'idée de mettre en place ces ZFE dans 11 agglomérations d'abord, puis une généralisation à 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants en 2025.
00:42 Mais hier, changement de programme, certaines métropoles vont être dispensées de renforcer davantage les restrictions de circulation.
00:47 Alors on n'annule pas les ZFE, mais il y avait des calendriers progressifs.
00:50 C'est la bonne nouvelle si vous habitez Reims, Grenoble ou Toulouse, parce que la qualité de l'air s'y est améliorée en 2022,
00:56 ces villes pourront suspendre les prochaines étapes de leurs calendriers.
01:00 En revanche, pas de délai de grâce si vous habitez Paris, Lyon, Aix, Marseille, Rouen ou Strasbourg.
01:05 Là-bas, on doit continuer à appliquer progressivement les restrictions fixées par la loi.
01:09 Est-ce que cet assouplissement, c'était du bon sens ?
01:11 C'est surtout une mesure de prudence, car le dossier des ZFE est miné.
01:15 C'est une bombe sociale, pour reprendre l'expression d'un comité de concertation qui a remis hier des propositions
01:20 au ministre de l'Écologie.
01:22 Le gouvernement est pris en tenaille entre d'un côté la droite, l'extrême droite, qui veulent carrément supprimer les ZFE,
01:26 de l'autre la gauche et notamment les Insoumis qui demandent un moratoire.
01:30 En fait, toutes les parties concernées sont bien embêtées.
01:32 Les villes d'abord qui se demandent comment elles vont appliquer ces restrictions.
01:36 Aujourd'hui, ça fonctionne avec la vignette critères, vous savez, selon l'année de votre véhicule.
01:40 Mais qui les contrôlera vraiment ces vignettes ? Des agents, des portiques, des péages ?
01:44 Les commerçants et les entreprises des centres-villes ou celles qui habitent loin des centres-villes sont aussi inquiètes.
01:49 Et puis enfin, il y a surtout les habitants parce que les voitures les plus polluantes, on le sait,
01:53 sont généralement les plus vieilles et sont généralement dans les milieux les plus modestes.
01:56 Et puis dans les milieux les plus modestes, on n'a pas toujours des horaires de travail qui correspondent au transport public.
02:02 Bref, il y a la vraie angoisse d'une ville à deux vitesses avec une fragmentation sociale.
02:07 Autrement dit, sa grogne, comment faire pour la calmer cette grogne ?
02:10 Alors, le but de ces ZFE, ce n'est pas d'ennuyer les Français, ni de faire des mesures anti-pauvres,
02:14 a précisé Christophe Béchut, le ministre de l'Écologie,
02:16 ni de fabriquer des gilets jaunes, qui est quand même une précision intéressante
02:19 parce qu'on voit très bien ce qui inquiète le gouvernement.
02:22 Le ministre de l'Écologie entend même tordre le cou au rumeur et aux fake news
02:25 et il annonce travailler sur des mesures d'acceptabilité sociale.
02:29 Alors, qu'est-ce que ça peut être ces mesures d'acceptabilité sociale ?
02:31 Ça tombe bien parce que le comité de concertation dont je vous parlais a remis 25 propositions,
02:35 parmi lesquelles doubler les aides de l'État pour l'achat des véhicules moins polluants,
02:38 ce qui va coûter évidemment plus cher au budget de l'État,
02:41 ou alors dérogation pour les petits rouleurs, notamment les personnes âgées
02:43 qui prennent rarement leurs véhicules pour aller en centre-ville,
02:46 ou encore ne plus tenir compte de l'année de production du véhicule,
02:50 mais de l'état réel du véhicule et de ce qu'il pollue vraiment.
02:54 Et on aura les réponses de tout ça cet automne.

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