L'Otan réunie à Vilnius : Emmanuel Macron annonce la livraison de nouveaux missiles "Scalp" à l'Ukraine

  • l’année dernière

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Et c'est Jean-Pierre Mollny. Bonjour, bonjour monsieur, vous êtes directeur adjoint de l'Institut
00:07 de relations internationales et stratégiques l'ERES. Vous venez sûrement d'entendre notre
00:11 envoyé spécial Armel, donc en direct de Lituanie, on parle forcément beaucoup d'armes. Aujourd'hui,
00:19 parlons peut-être de la dernière annonce française, qu'est ce que ça représente pour vous ?
00:23 C'est une annonce importante parce que ce missile, qui est un missile de croisière,
00:30 c'est quand même un missile extrêmement performant qui permet de tirer à distance
00:36 de sécurité sur des cibles renforcées comme des centres de commandement, des nœuds de communication.
00:43 Donc c'est une arme qui peut désorganiser le système militaire russe, sachant que l'arme
00:54 sera utilisée sur le territoire ukrainien, que ces missiles ne seront pas tirés en Russie,
01:00 parce que ça c'est la ligne que se sont fixés tous les pays de l'OTAN. Missiles long portée
01:05 scalpe pour frapper, ce sont les mots d'Emmanuel Macron, en profondeur. Est-ce que vous avez le
01:10 sentiment qu'on passe tout de même à une étape de plus, à une nouvelle étape ?
01:16 On voit bien que les étapes sont franchies petit à petit. On a eu l'étape char de combat au début
01:23 de l'année, ensuite on a eu l'étape avion de combat, puisqu'on est en train de réfléchir à la livraison
01:30 de F-16 à l'Ukraine. Les Britanniques avaient déjà annoncé la livraison de missiles Storm Shadow,
01:40 qui est un peu la version britannique du missile scalpe français. Donc des missiles qui vont
01:46 équiper des avions de combat. Je pense que ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'on a cette
01:51 contre-offensive ukrainienne, et je pense que les Occidentaux veulent donner tous les moyens
01:55 à Zelensky pour que cette contre-offensive réussisse, et en fait pour amener la Russie à la
02:03 table de négociation, parce que c'est ça qui est recherché, in fine. Est-ce que ce n'est pas aussi
02:08 le signe que cette contre-offensive est peut-être un peu plus compliquée, difficile que prévu ?
02:14 Bien évidemment, vous avez des lignes de défense qui sont extrêmement renforcées du côté russe,
02:22 vous avez quand même un combat qui est pour l'essentiel un combat terrestre avec une utilisation
02:31 qui reste relativement modérée finalement de l'arme aérienne, et puis l'Ukraine et les
02:37 Occidentaux sont limités dans leur capacité de désorganisation du système militaire russe,
02:43 puisque encore une fois, on ne peut pas, enfin c'est une ligne que se sont fixées les Alliés
02:48 et qu'ils imposent aussi à l'Ukraine, qui est qu'on ne peut pas frapper sur le territoire russe
02:54 et donc désorganiser le système russe dans sa profondeur. Aussitôt prononcer les propos d'Emmanuel
03:01 Macron, on fait réagir le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui a estimé que du point de vue
03:07 russe, c'est une décision entachée d'erreur, je le cite, lourde conséquence pour la partie
03:12 ukrainienne, car naturellement cela va nous contraindre à prendre des contre-mesures,
03:16 à quoi faudrait-il s'attendre ? On aura sans doute le lancement de quelques missiles ou quelques
03:25 drones sur Kiev ou sur des grandes villes ukrainiennes. Cela restera symbolique ? Depuis
03:31 le début du conflit, c'est comme ça que les Russes réagissent. Il y a quand même une volonté
03:38 de maîtrise de l'escalade militaire, qu'on voit des deux côtés pour le moment. Et puis d'autre
03:46 part, encore une fois, l'annonce d'Emmanuel Macron ne fait que succéder à l'annonce des
03:51 Britanniques qui ont annoncé la livraison du même type de missiles. Et des Allemands qui
03:56 annoncent, en tout cas sur ce gouvernemental, des armes supplémentaires pour un montant tout
04:01 de même de 700 millions d'euros. Il y a une volonté commune. On parlait de cet enjeu du
04:07 sommet de l'OTAN, de parler d'une même voie. Il y a une volonté commune quand même aujourd'hui
04:10 de donner les moyens à Kiev d'en finir une fois pour toutes ? Au moins de réussir la contre-offensive,
04:18 ça c'est certain. Et douzièmement, il y a quand même le signal qui va être donné que cette aide
04:24 va se prolonger dans la durée. Et là, le message est en fait délivré à Vladimir Poutine. C'est de
04:31 dire que ce sera un soutien sans faille sur la durée et que donc Poutine ne peut pas gagner
04:36 cette guerre. Et encore une fois, le but c'est d'amener les Russes à la table de négociation.
04:41 Alors un soutien sans faille, en tout cas sur le plan militaire. Quant à la question de l'adhésion
04:48 de l'Ukraine à l'OTAN, Volodymyr Zelensky a réagi lui aussi. Il juge absurde que l'Ukraine n'ait
04:53 toujours pas de calendrier. Ça n'arrivera pas. Les Américains l'ont redit ce matin.
04:59 Oui tout à fait. Les Américains effectivement ont dit qu'il n'y aurait pas de calendrier. En fait,
05:06 la crainte des Américains, c'est encore une fois l'escalade militaire. Et si vous donnez la
05:10 certitude que l'Ukraine va appartenir à l'OTAN à une date donnée, pour Poutine, ce sera le signal
05:17 que de toute façon, son objectif initial ne peut plus être atteint. Et donc le risque, en fait,
05:26 ce serait d'avoir une guerre sans fin. C'est-à-dire que la seule façon de se sortir de cet impasse
05:32 stratégique de Poutine serait en fait de vaincre l'Ukraine. Il faut quand même laisser la place
05:38 à des scénarios qui sont plus ouverts sur la sortie de guerre. Et c'est ce que souhaitent
05:47 les Américains, mais également les Allemands et d'une certaine manière les Français,
05:54 sachant qu'encore une fois, il faut bien voir que pour les Américains, le rival stratégique,
06:00 ce n'est pas la Russie, c'est la Chine. Donc ils ont aussi ça toujours en arrière-plan,
06:05 qui joue énormément dans leurs décisions. Pour autant, le dossier suédois, on va peut-être en
06:10 dire un mot, connaît lui une avancée assez inattendue grâce à la Turquie de Recep Tayyip
06:17 Erdogan. Oui, tout à fait. Mais enfin, ça, c'est un grand classique. On commence à bien connaître
06:23 le dirigeant turc, c'est-à-dire qu'il bloque en général les négociations ou la décision jusqu'au
06:30 dernier moment. Il avait fait la même chose lors du sommet de l'OTAN en 2009 pour la nomination du
06:35 secrétaire général de l'OTAN. Et puis, la veille de l'ouverture du sommet, il donne son accord.
06:41 Donc j'ai envie de dire que c'est presque un peu un business as usual avec Erdogan sur le fait que
06:51 la Suède adhère à l'OTAN. Je pense qu'aussi, derrière cette décision, Erdogan est quand même
06:57 conscient qu'il y a cette nécessité d'unité de tous les pays de l'OTAN et la Turquie est
07:01 quand même membre de l'OTAN. Donc il ne pouvait pas bloquer éternellement cette adhésion.
07:05 Merci beaucoup Jean-Pierre Molly.

Recommandée