Silence présidentiel du 14 Juillet : «il y a une sensation de fin de règne, il manque de réponse face aux crises» selon Jérôme Sainte-Marie

  • l’année dernière
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr
A 7h42, Europe 1 reçoit chaque matin un invité pour décrypter, commenter et analyser l'actu du jour.
Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-interview-de-7h40
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video


Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Transcript
00:00 Et c'est la suite de votre rendez-vous d'info à 7h41.
00:03 Emmanuel Macron l'a confirmé depuis Vilnius à la fin du sommet de l'OTAN.
00:07 Il ne prendra pas la parole demain à l'occasion du 14 juillet.
00:10 Votre invité ce matin, Alexandre, Jérôme Saint-Marie, sondeur et auteur de "Bloc contre Bloc",
00:15 la dynamique du macronisme aux éditions du CERF.
00:18 Bonjour Jérôme Saint-Marie.
00:19 Bonjour.
00:20 Les Français attendent des réponses après les émeutes.
00:22 Ils ne les auront pas demain.
00:24 Emmanuel Macron ne se pliera pas à la traditionnelle prise de parole présidentielle du 14 juillet.
00:28 Si le silence dur, c'est que la réponse tarde, l'exécutif n'est pas prêt tout simplement ?
00:33 C'est effectivement un risque très important que prend Emmanuel Macron, celui de donner
00:40 l'impression d'un vide à la tête de l'État, dans un système aussi présidentiel que le
00:46 nôtre et le jour de la fête nationale, bien sûr que c'est quelque chose qui va être
00:52 douloureusement ressenti par de nombreux Français.
00:54 Et s'il prend ce risque, c'est sans doute parce qu'il pense qu'il y aurait davantage
00:57 de risques encore s'il devait prendre la parole sans avoir de réponse à apporter.
01:03 Alors il dira, il l'a déjà dit, il l'a dit même depuis Vilnius je crois, que ce
01:08 n'est pas la première fois qu'il ne s'exprime pas, qu'il ne participe pas à ce rituel
01:12 de l'interview du 14 juillet, sauf que là les circonstances sont très particulières
01:17 avec un 14 juillet qui va être perturbé dans de très nombreuses villes par les émeutes
01:21 récentes.
01:22 Bon, le risque que de nouvelles émeutes également ne viennent rayer le discours présidentiel.
01:26 Emmanuel Macron rejoue le maître des horloges, Jérôme Sainte-Marie, au moment précis d'ailleurs
01:31 où sonne la fin des 100 jours.
01:33 Ce silence programmé, c'est aussi pour masquer un aveu d'échec sur l'apaisement du pays ?
01:38 Très certainement, puisque effectivement il est bon de savoir maîtriser le temps,
01:43 cette expression de maître des horloges.
01:44 Sauf que là, on n'a pas l'impression qu'il choisit de maîtriser le temps, mais c'est
01:49 qu'il n'arrive pas à le faire.
01:52 C'est tout à fait différent de notre impression.
01:54 Alors pourquoi ?
01:55 Tout simplement, il suffit de comparer par rapport à il y a un an.
01:59 À il y a un an, Emmanuel Macron venait d'être réélu.
02:02 Quand il fait son allocution le 14 juillet 2022, il a des projets à annoncer aux Français.
02:08 Il parle des retraites, il parle de la réforme de l'assurance chômage, il parle de la sobriété
02:13 énergétique et il parle de l'Ukraine.
02:15 Il vient d'être réélu.
02:17 Certes, il a subi un échec aux législatives, mais les Français, d'après les sondages
02:23 à l'époque, ne se rendent pas compte qu'on est rentré dans une crise politique.
02:27 Au contraire, les Français, il y a un an, se disaient que ce n'était pas si mal.
02:31 Finalement, nous avons un président largement réélu et un Parlement, une Assemblée nationale,
02:37 qui elle, est beaucoup plus représentative des opinions réelles dans le pays.
02:42 On sait que maintenant, on est arrivé à une situation de blocage et donc de crise
02:46 politique.
02:47 On a senti de l'agacement dans la voix d'Emmanuel Macron hier.
02:50 Il y a cette impression de fébrilité au sommet de pouvoir.
02:53 On se dit, où est passé désormais l'hyper-président ?
02:55 Oui, parce qu'encore une fois, il a subi plusieurs crises qui se cumulent.
03:00 J'insiste sur la crise politique.
03:03 Le fait qu'il n'ait pas de majorité à l'Assemblée nationale se fait sentir sans
03:07 cesse.
03:08 C'est l'épisode du 49-3.
03:09 Ça crée une très mauvaise impression dans l'opinion, ce qui explique que seul 31% des
03:14 Français est actuellement une bonne opinion d'Emmanuel Macron d'après BVA.
03:18 Ensuite, il y a encore les traces très profondes de la crise sociale, c'est-à-dire la réforme
03:23 des retraites, qui elle, a été désapprouvée par une très large majorité des Français.
03:29 Et ceux-là n'ont pas disparu.
03:31 Et il y a désormais une crise sécuritaire, je ne vous apprends rien, qui suscite l'incompréhension
03:39 et une inquiétude extrêmement forte des Français.
03:41 Et sur ce point, non seulement sur la crise sociale, la réforme des retraites encore
03:45 une fois a été désapprouvée, et sur la crise sécuritaire, bien sûr, les Français
03:49 ne sont pas du tout solidaires cette fois-ci avec les émeutiers.
03:52 C'est tout à fait différent, encore une fois, de la contestation des retraites.
03:55 Mais seuls 28% des Français considèrent qu'Emmanuel Macron a eu une réponse adaptée
04:02 à la situation.
04:03 On sent une différence avec le premier quinquennat Jérôme-Sainte-Marie où les crises étaient
04:08 comme un moteur pour Emmanuel Macron qui parvenait à reprendre l'initiative, on l'a vu avec
04:12 les Gilets jaunes.
04:13 Là, on a le sentiment que ce quinquennat se grippe, l'inflation est la flambée des
04:17 prix, la bataille des retraites et le recours au 49-3, et maintenant les émeutes.
04:21 Oui, il y a cette impression paradoxale de fin de règne alors qu'il reste 4 ans, bien
04:27 entendu, pour ce quinquennat.
04:29 Cela tient, vous l'avez fort justement signalé, que les crises importantes du premier quinquennat
04:35 ont finalement renforcé Emmanuel Macron.
04:38 Ça a été le cas pour la crise des Gilets jaunes, il avait entamé ensuite ce grand
04:41 débat national, qui est un peu l'équivalent des 100 jours dont il vient de parler, et
04:46 à l'issue du grand débat national, il avait repris quelques couleurs dans l'opinion.
04:50 La crise sanitaire que nous avions connue l'avait renforcée, il avait pris 10 points,
04:55 et à chaque fois finalement il avait assuré cette position particulière du chef de l'État,
05:00 du président de la République dans la cinquième.
05:02 Là, aujourd'hui, il apparaît en panne de réponse et ces crises ne se cumulent, elles
05:09 ne le renforcent pas, mais elles l'affaiblissent.
05:12 Il y a à cela aussi une dimension politique toute simple.
05:16 Dans le premier quinquennat, Emmanuel Macron était un populaire, mais aujourd'hui tous
05:20 les présidents sont un populaire, donc ce n'est pas vraiment un critère, enfin depuis
05:23 des décennies je veux dire.
05:25 Mais il était face à des oppositions peu crédibles, dispersées.
05:30 Le problème qu'il a aujourd'hui, c'est que son opposante de second tour en 2017 comme
05:36 en 2022 Marine Le Pen, aujourd'hui sort renforcée de ses différentes crises, de la crise des
05:43 retraites et de la crise des émeutes.
05:45 - Jérôme Saint-Marie, est-ce qu'un remaniement hypothétique pour l'instant suffirait à
05:48 relancer le quinquennat ? Votre collègue, confrère Stéphane Rosès disait ici, même
05:53 sur Europe 1, qu'il faudrait aller vers une dissolution ou un référendum.
05:57 - Oui, je crains que ce soit un remède pire que le mal pour Emmanuel Macron.
06:03 Les projections montrent qu'une dissolution serait tout à fait hasardeuse, probablement
06:12 qu'aucune opposition, je pense notamment aux RN, n'aurait pas une majorité à l'Assemblée
06:18 nationale, c'est très probable.
06:19 Mais en tout cas, la minorité présidentielle serait encore davantage affaiblie.
06:28 Donc je ne vois pas très bien quel serait le profit pour le président de la République
06:31 d'une dissolution.
06:32 Quant à un référendum, dans l'état actuel des choses, il serait très certainement utilisé
06:39 par l'opinion, qui encore une fois est très majoritairement hostile au président de la
06:43 République, sans être pour autant majoritairement favorable à un de ses concurrents.
06:47 Un référendum serait presque certainement perdu, quel que soit son objet.
06:53 Donc je crois que ce serait effectivement très difficile.
06:56 Quant à un remaniement, soit il a un véritable sens politique à dessalider un élargissement,
07:02 soit alors il ne sert à rien.
07:04 Et c'est là où on touche à un problème, c'est qu'il n'y a pas actuellement dans les
07:07 différentes oppositions de clientèle possible pour Emmanuel Macron.

Recommandée