Marc Noizet : «Il y a un danger sur le maintien de l'urgence vitale»

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Transcript
00:00 - Europe 1, 7h40, votre invité Lionel Marc Noiset, président de SAMU Urgences de France.
00:06 - Bonjour Marc Noiset.
00:07 - Bonjour.
00:08 - Merci d'être en ligne ce matin sur Europe 1, vous êtes également le chef du service des urgences de l'hôpital de Mulhouse.
00:14 Alors Marc Noiset, cette grève des assistants de régulation médicale des SAMU touche désormais 69 SAMU sur 100 en France.
00:22 Qu'est-ce que cela entraîne comme répercussion sur l'activité ?
00:25 - Ecoutez, ça entraîne malheureusement pour eux assez peu de répercussions sur l'activité dans la mesure où ils sont des salariés de la fonction publique
00:37 et indispensables dans le fonctionnement de nos centres 15 et font donc tous l'objet d'une assignation à leur poste,
00:43 donc comme si finalement il n'y avait pas de grévistes.
00:46 Donc c'est un mouvement de grève qui malheureusement est invisible parce que leurs revendications,
00:52 elles sont importantes dans un système où aujourd'hui on met le centre 15 en avant pour pallier les dysfonctionnements d'un système de santé qui est très malade.
01:02 - Justement on va en reparler dans un instant, mais justement ces ARM,
01:06 comme on les appelle, dénoncent un manque de personnel pour répondre à l'augmentation des appels.
01:11 Comment est-ce qu'on en est arrivé là finalement ?
01:13 - On en est arrivé là parce qu'on a un système de fonctionnement de santé qui progressivement n'arrive plus à répondre à la demande
01:23 et qu'on avait besoin d'un système pour réguler l'accès aux soins qui sont devenus aujourd'hui les plus fragiles,
01:32 c'est-à-dire les soins d'urgence où les ressources humaines sont manquantes
01:37 et donc pour essayer de sanctuariser leur fonctionnement et de les rendre accessibles à ceux qui en ont réellement besoin,
01:43 on a mis en place la régulation du centre 15, mais simultanément la régulation du centre 15 en accès aux services d'urgence.
01:51 Mais simultanément la crise du système de santé a fait que notre ancien ministre et notre président de la République
01:57 ont mis en avant les centres 15 pour répondre à toute forme de carence.
02:01 Des moments où vous ne trouvez plus d'offre de soins, on vous demande de faire le centre 15.
02:05 Finalement c'était une solution assez simple pour essayer de remettre chacun dans la bonne filière.
02:11 Mais le système de santé aujourd'hui n'est pas prêt pour ça.
02:14 Il faudrait un accompagnement d'une part pédagogique et d'autre part que l'offre de soins se structure
02:19 pour que quand vous ne devez pas aller aux urgences, on puisse trouver une solution autre pour répondre à votre besoin de soins.
02:27 Le nouveau ministre Aurélien Rousseau a estimé hier qu'une partie de ses revendications était légitime.
02:33 Est-ce que vous pensez que ça peut permettre de débloquer la situation, même si encore, vous le disiez,
02:37 il n'y a pas de répercussions concrètes sur l'accueil et sur le fonctionnement des SAMU ?
02:42 C'est déjà bien qu'il s'exprime à ce sujet-là, ce qui veut dire qu'il avance en périmètre, ce dont je ne doutais pas.
02:49 Oui, je pense que, évidemment, leurs revendications sont légitimes.
02:52 On les met en avant dans un métier qui est compliqué, où ils ont des responsabilités,
02:56 où ils font des actes de soins téléphoniques, parce qu'ils accompagnent par exemple
03:01 les premiers témoins d'un arrêt cardiaque pour expliquer comment on fait un massage cardiaque
03:06 jusqu'à ce que les scours arrivent. Donc on voit toute l'importance du travail qu'ils font.
03:10 Or, ils sont aujourd'hui mal rémunérés. Or, aujourd'hui, ils ont des problématiques d'avancement dans leur carrière.
03:18 Et puis, l'activité des centres-câbles a tellement augmenté que, effectivement,
03:24 il y a une problématique d'adéquation du nombre d'assistants de régulation médicale
03:28 par rapport au flux d'appels des centres-15.
03:34 Donc, oui, il y a une vraie problématique. Maintenant, le ministre le reconnaît.
03:39 On aimerait bien que, derrière, les choses avancent, parce que c'est ce qui est important.
03:44 On a besoin de ces assistants pour faire fonctionner nos centres-15.
03:49 - Parlons des services d'urgence, Marc Nozé. Je rappelle que vous êtes le président de SAMU Urgence de France.
03:56 En cette période estivale, de nombreux services doivent restreindre leurs accès aux urgences.
04:02 Certains services d'urgence sont même fermés en cette période estivale.
04:06 Est-ce que la situation est plus grave que l'an dernier, comme on peut le lire ici ou là ?
04:10 - Clairement. Clairement, elle est plus grave parce qu'elle touche dorénavant tous les départements de France.
04:17 L'été dernier, on avait des zones rouges, on va dire.
04:22 Cet été, elle touche tous les départements, des gros services et des petits services.
04:27 Et la nouveauté, on va dire, c'est que des zones extrêmement touristiques,
04:33 où on a des augmentations d'activités liées au flux de la population, qui est de fois deux, de fois trois,
04:39 sont aujourd'hui en très, très grande précarité.
04:42 Je citerais les Sables-de-Laune, par exemple, ou Arcachon,
04:48 où ils ont été obligés de mettre en place, sur le parking devant l'hôpital,
04:52 une structure où des médecins généralistes font de la petite traumatologie pour alléger les urgences.
04:55 Parce qu'il n'y a plus qu'un seul urgentiste pour accueillir le flux des estivants.
04:59 Ou encore Saint-Tropez, qui a failli fermer son service d'urgence.
05:05 Et plus pernicieux, on ferme des sumures.
05:08 Vous savez, le sumure, c'est donc la partie de l'hôpital qui se déplace sur la voie publique
05:12 ou à votre domicile quand il y a un incident grave.
05:15 Donc ça, on ne le voit pas, mais il y a des endroits où on a fermé de nombreuses sumures,
05:19 parfois pour une nuit ou un week-end.
05:21 Par exemple, autour d'Angers, ce week-end prolongé avec le pont du 15 août,
05:26 il y avait sept sumures qui étaient fermées autour d'Angers.
05:29 Et donc ça, ça touche l'urgence vitale.
05:32 Ce qui peut vous sauver la vie d'un moment à l'autre.
05:35 - Et ça met en danger la santé publique, tout simplement ?
05:38 - Clairement, il y a vraiment un danger sur le maintien de la prise en charge de l'urgence vitale,
05:44 en premier lieu.
05:45 Deuxièmement, nos patients, malheureusement, passent des heures et des heures dans nos salles d'attente
05:49 parce que quand vous êtes deux médecins pour accueillir un flux où il faudrait être cinq,
05:54 vous ne pouvez pas faire le travail de cinq quand vous n'êtes que deux.
05:57 Et puis, il y a une problématique d'accès aux soins,
05:59 parce que nos hôpitaux se sont vidés de leurs lits d'hospitalisation
06:03 pour des problématiques de ressources humaines.
06:05 Donc, effectivement, il est compliqué aujourd'hui d'accéder à une offre de consultation,
06:10 mais également une offre d'hospitalisation qui peut être indispensable pour votre santé.
06:14 - Et en un mot, Marc Noiset, impossible de faire appel à des renforts immédiatement, rapidement,
06:19 pour le reste, la suite de la saison estivale ?
06:22 - Vous savez, tous les renforts qu'on a pu mobiliser l'ont été.
06:26 L'application de la régulation de la rémunération des intérimaires a fait beaucoup de mal dans ce sens-là,
06:32 parce qu'elle était beaucoup plus livre, la rémunération, et on arrivait à mobiliser des gens.
06:36 C'était un mal nécessaire, mais maintenant, il va falloir rebondir, reconstruire quelque chose
06:41 qui soit un petit peu plus stable, parce que depuis trois ans, de mois en mois, de saison en saison,
06:46 on ne sait que gérer une forme de crise du système de santé.
06:49 - Merci Marc Noiset, merci d'avoir été en ligne ce matin sur Europe 1.
06:53 Je rappelle, vous êtes président de SAMU, Urgence de France. Merci et bonne journée quand même.

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