• l’année dernière
Transcription
00:00 Tous les amis qui viennent sur Nantes, le détour, il se fait toujours ici,
00:06 pour voir le monsieur qui a le pas de côté.
00:08 Ah merci !
00:10 C'est très gentil en tout cas.
00:13 J'ai ce que je crois être un privilège d'avoir été déjà invité en 2018
00:20 pour l'édition de 2018 du voyage à Nantes.
00:24 Ça avait été l'occasion pour moi de réaliser un ensemble de sculptures.
00:27 J'ai eu la chance que la ville de Nantes acquière deux sculptures,
00:31 les loges de la transgression et les loges du pas de côté,
00:34 qui sont installées maintenant d'une manière pérenne.
00:37 Peut-être quelque chose d'interdit,
00:42 parce que monter sur une petite stèle de ce type-là,
00:47 c'est déjà une transgression.
00:49 Et notre petite fille de 4 ans l'adore,
00:52 parce qu'elle demande ce qu'elle voit et ce qu'elle veut voir.
00:55 Alors est-elle montée ou est-elle en train de descendre ? On ne sait pas.
00:58 Pour moi, elle monte et elle est figée dans une sorte de temps suspendu
01:02 entre ce début d'ascension et le moment où on va comprendre,
01:07 grâce aux trous qui sont percés sur ses talons,
01:11 et qui correspondent aux tiges filetées.
01:13 Cette petite fille regarde les tiges qui vont lui être nécessaires
01:17 pour se fixer sur le socle.
01:19 C'est en ce sens que je comprends cette idée de transgression.
01:22 J'ai quelques souvenirs qui remontent assez loin,
01:27 même enfant d'une sorte de refus obstiné d'accepter le monde tel qu'on me le présentait.
01:32 Je voulais juste taper pour voir ce que ça peut être,
01:35 parce que ça, je n'en ai aucune idée.
01:37 Je n'y connais rien, mais c'est magnifique.
01:39 C'est aussi fin qu'un trait avec un crayon,
01:43 alors qu'on est dans de la matière solide.
01:46 Ce qui m'intéresse dans l'utilisation de ces matériaux,
01:49 que sont le bronze et la pierre,
01:52 c'est une manière de suggérer que les préoccupations d'un être humain face au monde
01:56 semblent rester les mêmes.
02:00 C'est-à-dire la fameuse question métaphysique,
02:03 qui sommes-nous, que faisons-nous et où allons-nous ?
02:08 Quand je viens sur Nantes, je viens la voir.
02:10 Pourquoi ?
02:12 Déjà parce que je ne suis pas très loin dans le quartier,
02:15 mais je ne sais pas, c'est parmi les...
02:17 Il y avait plusieurs éloges cette année-là,
02:19 mais celle-ci m'a frappée en particulier.
02:22 Je pense que c'est le côté espiègle un petit peu.
02:24 Il faut savoir que la petite fille qui est représentée
02:27 est une sculpture qui a été réalisée en Inde.
02:29 Je faisais une traversée de chez tout,
02:32 une petite traversée en bateau,
02:34 et j'avais été fasciné par les jeux des enfants qui étaient sur ce bateau
02:37 et qui jouaient vraiment d'une manière...
02:39 Avec une énergie, une belle énergie,
02:41 c'était une scène extrêmement positive et optimiste.
02:43 Déjà, c'est étonnant, parce que déjà,
02:45 on s'attend à une sculpture qui va être debout sur un socle
02:47 et pas à côté ou à monter ou à descendre.
02:50 Je trouve qu'il y a, moi, me semble-t-il,
02:52 quelque chose d'intéressant qui se joue
02:54 entre cette petite fille relativement modeste,
02:57 mais qui semble avoir une énergie importante,
03:00 et qui est mise en face de la sculpture du général Cambron.
03:03 Là, pour moi, c'est l'exemple type de cette sculpture
03:06 qui peut être réalisée avec en phase,
03:08 avec un geste assez martial.
03:10 C'est une nouvelle sculpture qui ne désire pas forcément
03:14 venir perturber la quiétude du général Cambron,
03:17 mais en tout cas, se présente comme en légère concurrence.
03:20 C'est une fuite.
03:26 Oui, c'est le signe d'échapper à quelque chose.
03:28 Peut-être échapper à cette rigueur
03:30 qui lui était imposée jusque-là.
03:32 Il y a quand même une certaine satisfaction,
03:34 parce que le personnage a l'air de sourire,
03:36 a l'air d'être heureux de fuir.
03:38 Il n'y a pas d'angoisse non plus, je trouve.
03:41 C'est la première fois que je visite la ville,
03:43 donc c'est rigolo.
03:45 Faire un pas de côté par rapport à quoi, finalement ?
03:48 Par rapport à l'actualité,
03:50 par rapport aux valeurs qui lui ont été transmises,
03:53 quelle culture, quelle tradition il veut peut-être transgresser.
03:58 En tout cas, c'est intéressant comme oeuvre.
04:01 Pour moi, cette idée de faire un pas de côté,
04:04 c'est changer légèrement de point de vue.
04:06 C'est cette idée qu'il n'y a pas qu'un seul point de vue,
04:08 mais qu'il peut y avoir une multitude de points de vue.
04:10 Je suis vraiment fasciné par la proximité de l'art dans cette ville.
04:17 Ce matin, par exemple, nous installions les loges du déplacement,
04:20 et tout de suite, des gens sont venus, curieux, plutôt bienveillants.
04:24 C'est une sorte de ville art total.
04:26 Il y a vraiment les enseignes,
04:28 il y a ces sculptures pérennes installées dans la ville au fur et à mesure.
04:32 C'est aussi, paradoxalement, cette sensation que l'oeuvre ne nous appartient plus.
04:36 Elle appartient aux personnes qui vont fréquenter son environnement.
04:41 Et ça, moi, c'est quelque chose qui me touche énormément.
04:44 On a envie de l'aider à avancer, à pousser.
04:48 Dans la vie, on a besoin des fois d'être poussé, ça m'inspire.
04:51 J'ai envie de l'aider.
04:52 Le déplacement, c'est aussi la possibilité de découvrir d'autres horizons.
04:56 C'est-à-dire, à un moment, le désir de ne pas être définitivement à la même place,
05:01 toujours au moins tenter de ne pas se satisfaire de la place acquise.
05:05 Je trouve ça un peu décalé.
05:07 Je trouve que ce mec qui descend de la statue pour pousser le soc, c'est trop bien.
05:11 Je trouve ça superbe.
05:13 La statue est hyper bien réalisée.
05:15 Pour un artiste participé au Voyage à Nantes,
05:18 c'est avoir le luxe d'une très, très grande liberté de travail.
05:22 Et ça, c'est vraiment extrêmement rare.
05:24 C'est vraiment une particularité nantaise et une particularité du Voyage à Nantes.
05:29 C'est-à-dire que travailler dans ces conditions, c'est tellement rare qu'il faut en profiter au maximum.
05:36 [Musique]

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