Eric Ferrère : "C'est dans l'opposition qu'on se forme"
Après 20 ans passés dans l'opposition municipale des Avirons, Eric Ferrère est parvenu à devenir le maire des Avirons. Une persévérance issue d'une conviction profonde d'être un jour appelé aux responsabilités. Un parcours difficile, mais enrichissant, qui lui permet aujourd'hui de mettre en place son ambition pour sa commune.
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00:00 Et un leader, ça ne s'improvise pas du jour au lendemain.
00:07 Je pense qu'on est leader depuis tout petit, sans forcément le savoir.
00:10 À l'école, j'étais délégué de classe.
00:19 J'ai souvent été délégué de classe.
00:22 J'ai même, au collège, été délégué des délégués.
00:25 Donc pour représenter les délégués au conseil d'administration du collège.
00:31 Je me souviens aussi, j'étais dans le collège de la Chaloupe Saint-Leu.
00:37 Le collège avait une trentaine d'années.
00:39 Je crois que la première grève que le collège a connue, j'étais à la tête de ça.
00:44 On a tout brisé dans la cantine parce que le repas ne nous convenait pas.
00:49 Bien entendu, j'avais des comptes à rendre puisque j'étais délégué des délégués.
00:55 Je me suis retrouvé un peu seul parce que tout le monde m'a lâché.
00:59 Je me souviens toujours que le directeur m'a convoqué, m'a fait entrer dans son bureau.
01:07 Il a ouvert la porte pour regarder dans le couloir s'il n'y avait personne.
01:10 Il a refermé la porte et m'a dit "félicitations".
01:14 J'ai dit "ah bon ?" Il m'a dit "ça fait longtemps qu'on voulait remouler tout ce matériel de
01:18 cuisine, on demandait à la commune et rien ne se passait.
01:21 Là, ils sont obligés de renouveler, on aura du neuf.
01:24 On va changer les façons de travailler."
01:25 Et c'est à ce moment-là que je lui ai proposé plutôt qu'au niveau du repas que les cantinières
01:31 nous servent, des repas amplis et qu'on ne finit pas et il y en a qui n'ont pas assez,
01:36 pourquoi pas passer à un système de self.
01:38 Et le self a été mis en place à ce moment-là.
01:41 Chacun se servait selon ses besoins.
01:44 Ça a été pour moi une petite révolution.
01:46 J'étais très content.
01:47 J'arrive ensuite, parce que j'ai fait des études agricoles, j'arrive au lycée agricole
01:52 de Saint-Joseph, première grève, je la conduis.
01:56 Pareil, je me retrouvais à un moment donné, on était en train de manifester et tout d'un
02:01 coup, un fourgon de gendarmerie débarque en face de nous.
02:04 Le temps de tourner ma tête derrière, il n'y avait plus personne.
02:06 J'étais tout seul, convoqué à gendarmerie, etc.
02:09 Parce qu'il y avait grève.
02:10 Bon, il ne s'est rien passé, les choses se sont améliorées, mais j'étais toujours
02:14 celui qui était devant et moi, je ne fuis pas à ma responsabilité.
02:18 On a fait grève, je ne vois pas pourquoi on devait courir, mais quand j'ai tourné
02:21 la tête derrière, il n'y avait plus personne.
02:23 Ensuite, je me suis mis après mes études, parce que j'ai fait un brevet technicien
02:31 agricole à Saint-Joseph, un brevet technicien supérieur en agriculture à Toit-Fondet,
02:36 donc en métropole.
02:37 Je suis venu, j'ai fait l'armée, j'étais formateur au RSMA, donc je m'occupais de
02:44 la section agricole.
02:45 Ensuite, j'ai rejoint l'association pour la promotion en milieu rural et j'ai commencé
02:51 à me lancer dans le mouvement associatif.
02:53 J'ai créé au départ, la première association que j'ai créée, c'était l'association
02:59 pour le développement des Hauts-de-Saint-Leu, l'ADH, qui existe toujours, qui est une
03:03 des plus anciennes et plus grosses associations de Saint-Leu.
03:06 Donc, les bases étaient saines, on avait une vision sur l'aménagement de ce territoire
03:12 de Saint-Leu et donc jusqu'à présent, cette vision tient, la municipalité travaille avec
03:16 cette association, donc c'est 50 emplois chaque année et l'ADH aujourd'hui a presque
03:23 30 ans.
03:24 Et donc, j'ai quitté, je suis venu habiter aux Avirons parce que mon premier job après
03:35 l'armée, c'était d'être formateur à la PA.
03:37 J'avais en charge de rencontrer, de monter des formations dans le milieu rural sur le
03:42 Tevlave, donc j'ai fait connaissance avec les habitants et c'est là que j'ai trouvé
03:47 mon épouse et on s'est mariés et puis je dis, j'habite aux Avirons.
03:51 Et donc, je suis à l'ADH aujourd'hui, père de trois enfants et un petit-fils, dont
03:56 la photo est là.
03:58 De la PA, j'ai eu l'occasion de faire d'autres formations, haute qu'agricole, donc je me
04:06 suis lancé dans une licence sciences de l'éducation puisque comme on était des formateurs, on
04:11 avait besoin aussi des formations pédagogiques, etc.
04:15 Et la licence sciences de l'éducation me convenait beaucoup.
04:18 Ensuite, j'ai enclenché sur un DESS, le Master 1 n'existait pas, DESS, territoire
04:26 et développement local, Bac +5 à l'époque, et donc développement et territoire.
04:32 Mais j'ai fait ce DESS, DESS, développement et territoire local, uniquement pour m'apporter
04:38 des compétences en matière politique d'aménagement du territoire.
04:43 Et c'est vous dire comment je croyais à cette vocation d'être un élu de main aux responsabilités
04:51 et donc formé pour pouvoir aménager de manière équilibrée le territoire.
04:56 Parce qu'à l'époque, je me disais que mon prédécesseur, qui était en classe, il avait
05:03 une vision de l'aménagement du territoire basée sur une seule problématique qui était
05:07 le logement.
05:08 Et si bien qu'on est rite, moi je suis aux responsabilités depuis 2020, on est rite
05:13 de son bilan, il a fait évoluer beaucoup les avirons, les avirons étaient une commune
05:19 rurale, une commune agricole, il y avait de l'élevage de partout, depuis 1995, puisque
05:27 l'association ADH a été créée en 1994, comme j'ai atterri au Tevlam, je me suis
05:32 intéressé à la vie de ma cité, très rapidement, je me suis engagé politiquement.
05:37 Je trouvais qu'à l'époque, le maire en place, il n'y avait pas d'opposition.
05:43 Donc à partir de là, c'est des dérives, il y a des élus qui font un peu n'importe
05:47 quoi, ils sont les rois du pétrole, il n'y a personne pour le dire, il n'y avait pas
05:50 les réseaux sociaux pour dénoncer comme on le connaît aujourd'hui.
05:52 La fraise n'était pas aussi facile à mobiliser et je trouvais qu'il fallait une force.
06:02 Je ne voulais pas être cette force d'opposition, je voulais être élu.
06:05 Donc je me suis présenté pour la première fois, j'étais un illustre inconnu, j'ai
06:09 fait 29, presque 30 poissons en l'espace de même pas un mois de campagne.
06:15 On sentait bien qu'il y avait un besoin, que les gens qui n'étaient pas du tout dans
06:22 le cégep du pouvoir en place puissent s'exprimer, puissent avoir un représentant.
06:27 Donc j'ai fait 29 poissons, 6 ans après je me présente aux élections, c'est 2001,
06:39 je fais 49,25 poissons, c'est-à-dire le progrès, j'ai été dans l'opposition, j'ai assumé
06:45 une responsabilité, on a failli gagner.
06:48 Bref, je joue un petit parentage de la FEMBIDE, conseil d'état annuler les élections chez
06:54 Piatruc, c'est l'ambiance qui régnait à l'époque.
06:57 Je n'ai jamais lâché, j'ai tenu, j'ai fait plus de 20 ans dans l'opposition, c'est
07:05 très compliqué, mais j'étais conscient d'une chose, c'est que c'est dans l'opposition
07:08 qu'on se forme, ce n'est pas dans la majorité.
07:11 Et donc je me retrouvais, quand bien même j'étais élu avec cet élu de l'opposition,
07:17 je me retrouvais seul à affronter la majorité, des fois il y en avait un ou deux qui restaient,
07:26 qui étaient loyaux, qui restaient là, mais c'est très difficile de rester dans l'opposition.
07:31 On a tendance à aller vers la majorité.
07:34 Mais ce n'était pas ma façon de voir les choses, je sais que pour réussir quelque
07:42 chose, il faut un, ne jamais abandonner et aussi être pescasse dans ce qu'on est en
07:48 train de faire et élever le niveau, c'est ce que j'ai fait au conseil municipal à l'époque,
07:52 parce que dès lors où je commençais à baisser le niveau, à rentrer dans les critiques,
07:58 les moucatages comme on dit ici, j'avais tout le monde au toit qui était capable de
08:01 me répondre, mais en haussant le débat, très peu pouvaient suivre.
08:07 Et je trouve que j'étais quand même à la fin très respecté de ce que je disais,
08:11 puisque on avait beau dire, mais moi je considérais que j'étais une réelle opposition constructive
08:19 dans cette mairie pendant des années, ce qui ne le met en place à l'époque, M.
08:24 Denmont ne considérait pas comme un.
08:27 Parce que lui, il confondait à mon avis opposition soumise et opposition constructive.
08:32 J'étais une opposition constructive.
08:33 La preuve, c'est que son premier adjoint, qui a pris les rênes parce qu'il est devenu
08:39 sénateur, je parle de René Mondon, quand M.
08:41 Denmont est devenu sénateur, il avait trois ans pour assurer le maintien de cette mandature,
08:47 il m'a désigné, comme son succès était là, à la fin.
08:49 Il m'a dit, Eric, je t'ai vu dans l'opposition depuis des années, tu tiens largement la route
08:54 et souvent, j'étais d'accord avec toi, mais par loyauté vis-à-vis de mon équipe,
08:57 je ne pouvais pas être de ton côté, mais maintenant, on fera les choses correctement.
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