Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l'auteur, compositeur, interprète, musicien et producteur, Pascal Obispo. Ce vendredi 15 septembre 2023, il sort un nouvel album : "Le beau qui pleut" et dès le mois d'octobre, il sera en tournée pour fêter ses 30 ans de carrière.
https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-monde-d-elodie/je-suis-un-boulimique-de-creation-pascal-obispo-revient-avec-deux-albums-et-une-tournee-en-preparation_6022001.html
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00:00 Bonjour Pascal Obispo. Bonjour Élodie. Vous nous accompagnez depuis 1992, donc depuis plus de 31 ans, avec un premier éclairage sur votre travail avec le titre "Plus que tout au monde".
00:09 Plus que tout au monde, très exactement. On suivit Lilo Osoaso, Il faut du temps, Lucie Millésime, Rosa, Donna Vemaria, Arigato.
00:16 J'ai compté, au total vous avez déjà vendu plus de 5 millions de disques en tant qu'interprète. Si on parle de votre travail de compositeur, on atteint les 14 millions.
00:23 "Savoir aimer", "Ma liberté de penser", "Chanter un jour une femme" pour Florent Pagny c'est vous, "Allumer le feu" pour Johnny c'est vous, "Ma liberté contre la tienne" pour Patricia Cass c'est vous, "Zen" pour Zazie c'est vous, "So many men" pour Youssou N'Dour c'est vous.
00:35 Impossible de ne pas citer non plus votre travail et votre implication totale pour "Ensemble contre le sida" et le "Sidaction".
00:41 En janvier 2021, vous avez décidé de reprendre votre liberté en main, de créer votre propre application "Obipo Obispo All Access" disponible sur Apple Store et Google Play.
00:50 C'est votre première en France. Auteur, compositeur, interprète, ça on le sait, vous n'avez jamais cessé de créer.
00:55 Et là, cette rentrée montre justement qui vous êtes. Il y a tellement de choses qui arrivent.
01:00 Il y a un nouvel album, avec des chansons qui sont assez incroyables, qui vous collent à la peau.
01:07 Une nouvelle collaboration avec Pierre-Dominique Burgot. Il y a une tournée pour fêter les 31 ans.
01:12 Bon c'est marqué 30 ans.
01:14 C'est les 30 ans, oui.
01:16 Il y a un album de duo pour Isabelle Adjani. Il y a les 10 commandements avec un retour sur scène en 2024.
01:23 Est-ce que justement ce qui se passe là, ça ne détermine pas qui vous êtes en fait ?
01:27 Oui un petit peu, sans compter l'exposition de peinture aussi, dont on n'en a pas parlé, dont vous n'avez pas parlé.
01:33 Oui, ça détermine un petit peu qui je suis, c'est-à-dire un bout limique de, non pas de travail, mais de création.
01:42 J'aime créer, j'aime être dans la recherche, l'expérience.
01:48 Et je pense que je suis heureux seulement quand je suis en train de fabriquer quelque chose, que ce soit un objet, une toile, une chanson.
01:58 Je ne peux pas faire autrement. C'est assez compliqué pour moi d'être oisif.
02:03 Et quand je ne fais rien, je lis.
02:05 Et quand je ne lis pas, je fais des listes pour préparer d'autres projets.
02:11 J'ai une pathologie en fait.
02:14 Pascal Obispo, créateur avec un nouvel album, Pascal, qui s'appelle "Le beau qui pleut".
02:19 Il y a eu un premier single, on va en parler dans un instant, mais "Le beau qui pleut", je trouve que ça sonne, ça claque cet effet exprès, j'imagine.
02:27 C'est quoi "Le beau qui pleut" ?
02:29 Alors il y a beaucoup de choses.
02:31 D'abord, à la base, c'est une chanson sur le nord de la France, c'est-à-dire sur les côtes bretonnes.
02:39 Et puis on passe la Manche, c'est aussi l'Irlande, l'Écosse, l'Angleterre, enfin tout ce pays qui est un petit peu délaissé quand on parle de climat.
02:51 Alors que moi, j'y ai vécu pendant 12 ans et c'est vrai que j'y ai vu la beauté.
02:58 La beauté des pierres, la beauté du brouillard, la beauté du ciel grisâtre.
03:07 Voilà, la douceur de la bruine sur les joues.
03:10 J'ai senti des choses vraiment magnifiques.
03:13 Quand on parle de beauté en tant que région, on parle souvent du sud.
03:17 Et avec Pierre-Dominique Burgot, on a eu envie de parler d'une autre partie de la France, en l'occurrence, mais on est monté encore plus haut.
03:28 Alors ça commence comme ça, mais au-delà de ça, au fur et à mesure de faire des chansons avec Pierre-Dominique Burgot, je sais pas, j'ai senti qu'on pouvait développer ce concept de la beauté
03:45 qui vit pas de très belles heures en ce moment, que ce soit dans la langue française qu'on cherche à défoncer, à réécrire, à cause de la pathologie de certains, sans doute l'ennui ou l'envie d'être célèbre.
04:08 Je sais pas, en tout cas, la langue, il y a aussi la beauté démantelée, mais alors partout, c'est-à-dire qu'on assiste à un affaissement de tout ce qu'on trouvait beau avant.
04:22 Je sais pas, il y a quelque chose qui nous déprimait un peu.
04:26 Alors on avait envie de parler de tout ça, parler de la beauté démantelée, parler de la beauté sublimée, parler évidemment de l'amour.
04:34 Ça, c'est clair aussi, parce que ce ne sont que des chansons d'amour.
04:38 Mais on avait envie d'axer cet album sur le beau, le beau qui pleut.
04:46 C'est vrai que c'est un titre, il y a beaucoup de gens qui me disent "c'est pas le beau qui pleure", non, non, c'est le beau qui pleut.
04:51 Et la troisième chose, évidemment, c'est l'hommage, puisque la couleur est noire et bleue, hommage à notre ami Christophe.
05:01 Voilà, cet album qui s'appelle "Le beau bizarre".
05:05 Donc c'est un petit clin d'œil à mon copain qui nous entend, parce que je sais qu'il est là quelque part.
05:11 Vous racontez effectivement cette beauté, alors souvent elle saute aux yeux, des fois elle est cachée, des fois elle abîme aussi, parce qu'il y a un manque de confiance en soi.
05:18 Vous avez mis du temps à avoir confiance en vous ou pas, Pascal ?
05:21 Moi, j'y ai toujours pas.
05:22 Toujours pas ?
05:23 Non, pourquoi ?
05:25 J'ai l'impression qu'il y a une sorte, pas de quête, mais d'envie d'aller chercher une sérénité, d'être mieux.
05:32 Oui, envie d'être mieux, je pense que par l'art, grâce à l'art, on emprunte un chemin qui nous permet de passer des étapes de souffrance.
05:44 On est mieux pendant le temps de la création, mais après, on se retrouve peut-être amélioré,
05:52 mais même si le mieux l'envie du bien, on est mieux, mais je pense qu'on est rarement soigné des graves blessures de notre vie et de notre enfance, il restera toujours quelque chose.
06:06 J'emploie une phrase en ce moment que j'aime beaucoup, parce que je crois qu'elle est assez juste.
06:18 Il y a pas mal de personnes autour de moi qui ont perdu des êtres chers, et je dis, on passe pas à autre chose, on ne pourra pas passer comme ça du jour au lendemain.
06:33 Je dis, on passe pas à autre chose, on passe à autrement.
06:36 Autrement, c'est la transformation de ce qu'on est, mais en gardant justement toute la beauté de ce qui est disparu.
06:49 Ces choses-là, j'ai envie de les garder, je les amène avec moi, et ces gens-là doivent les amener aussi avec eux, mais on avance différemment.
06:59 La peinture a été très importante parce que je me suis aperçu qu'on pouvait justement traverser des périodes un petit peu compliquées,
07:09 et ça ne nous guérit pas, mais on peut traverser des épreuves comme ça.
07:19 Il y a une forme de résilience, évidemment, mais c'est vrai que c'est de la thérapie.
07:24 Moi, j'appelle ça l'art-thérapie, comme le titre de mon exposition au Musée de la Marine, encore jusqu'au 8 janvier 2024, pour ceux qui veulent voir.
07:35 C'est étonnant d'ailleurs, parce que vraiment, on a l'impression que vous avez toujours fait ça.
07:39 C'est assez étonnant, c'est coloré, c'est marqué, il y a une patte.
07:44 En fait, je dis d'abord, ce n'est pas de la peinture, c'est de l'art-thérapie.
07:49 C'est-à-dire que c'est un travail qu'on fait sur nous-mêmes pour traverser des chemins compliqués.
07:53 C'est comme la musique.
07:55 Et grâce à la peinture, et grâce à Jean-Marc Boulon, ce psychiatre de Saint-Remy-de-Provence,
08:03 qui m'a montré son atelier où il fait justement travailler des malades qui sont en grave dépression,
08:12 qui ont perdu des êtres chers, etc.
08:14 Enfin bref, en tout cas, il les traite. J'ai vu son atelier avec des centaines de toiles posées et accrochées.
08:21 J'ai eu une espèce de forme de révélation qui m'a fait comprendre ce que je faisais dans la peinture
08:31 et aussi qui m'a fait comprendre ce que j'ai fait en musique.
08:35 C'était assez intéressant.
08:37 Donc je continue, je continue parce que j'en ai besoin et j'ai besoin d'avancer comme ça.
08:42 Je voudrais qu'on parle justement du titre "J'étais pas fait pour le bonheur" avec Giandana Ranji,
08:49 cette chanteuse franco-italienne, c'est une star d'ailleurs en Italie.
08:53 Vous avez beaucoup discuté avec Pierre-Dominique Burgo sur les textes.
08:58 Ça se voit.
09:00 Je voudrais qu'on parle de cette notion de bonheur, en fait.
09:03 Est-ce que c'est ça le but, de toucher du doigt le bonheur, Pascal ?
09:07 J'ai l'impression qu'on touche du doigt, mais vous savez bien, Elodie, que c'est quand même un peu compliqué.
09:16 On sait tous qu'on va mourir, ça c'est un truc qui est clair.
09:19 Est-ce qu'on peut toucher le bonheur avant ? Ça, on ne sait pas.
09:24 Des moments de bien-être, oui, j'ai l'impression qu'on peut en avoir.
09:28 Des moments où tout d'un coup on a des plages, où on a le sentiment d'être bien, tout simplement.
09:35 Le bonheur, c'est une idée un peu abstraite.
09:39 J'ai bien aimé la pirouette de Pierre-Dominique sur ce sujet.
09:45 En plus, j'adore parce que tout le monde me dit "alors votre nouveau titre, c'était pas fait pour le bonheur".
09:49 Oui, mais il faut continuer.
09:51 Mais voilà que le bonheur est fait pour moi.
09:53 C'est amusant.
09:55 J'adore cet auteur parce qu'il nous embrouille bien.
10:00 Il a une capacité à être très fort pour les pirouettes, les jeux de mots, etc.
10:09 Mais il a vraiment un fond très intéressant.
10:12 Ce qui est assez drôle avec lui, c'est que je le considère comme un auteur intello.
10:16 Il travaille avec Chanfort, donc moi j'ai toujours aimé Chanfort.
10:23 Bizarrement, j'ai rencontré Lionel Florence grâce à Alain Chanfort, grâce à "Vu du ciel".
10:28 Une chanson dans l'album "Entre sourire et larme".
10:30 Et je rencontre Pierre-Dominique Burgot encore une fois grâce à Alain Chanfort.
10:34 C'est marrant.
10:36 Ce que je voulais dire sur Pierre-Dominique, c'est qu'il est fin, très très fin.
10:42 Et on a une blague tous les deux parce que le nouveau single s'appelle "Comment s'aimer".
10:49 Et quand on a commencé à travailler, je lui ai dit "il y a une chose par contre qu'on ne va pas faire tous les deux".
10:55 "Ne m'aimais pas le verbe aimer dans une chanson, s'il te plaît".
10:59 On a fait la trilogie, c'est bon.
11:01 Savoir aimer, l'importance d'aimer, l'envie d'aimer, c'est la seule chose.
11:04 Le reste, j'adore tout ce que tu fais.
11:06 Et un jour, il me ramène "Comment s'aimer".
11:10 Je lui ai dit "c'est pas possible".
11:11 Je viens chercher un auteur un peu intello, un peu littéraire.
11:16 Et toi, tu viens du côté obscur, tu t'es fait happer, tu t'es fait avoir.
11:19 Tu t'es fait avoir par la variété, c'est fini.
11:23 Toi aussi, tu t'es fait choper.
11:26 Bref, en tout cas, Pierre Dominique est un grand auteur.
11:29 Je suis très content de l'avoir rencontré.
11:31 J'avais envie de changer un petit peu de façon...
11:36 C'est dur ça d'ailleurs de changer.
11:38 Il y a un sentiment de culpabilité, pas de trahison, mais de se dire...
11:42 Non, absolument pas.
11:43 Le sentiment de culpabilité, il aurait été chez Lionel avec tout ce qu'il a fait pour les autres.
11:49 Je ne peux pas l'avoir, alors que lui, il l'a fait aussi, tout va bien.
11:52 Non, non, non, non.
11:54 Ce qui est très difficile, c'est de pouvoir trouver la personne qui vous correspond à 100%.
11:59 La personne avec qui vous discutez et quand vous lisez ses mots, vous avez l'impression que c'est vous.
12:05 Ça m'a fait trois fois le cas.
12:08 Ça a été trois fois le cas pour Lionel Florence, pour Marceline Desbordes Valmore et pour Pierre Dominique.
12:16 Ces trois auteurs, je peux chanter n'importe quoi de ce qu'ils écrivent.
12:20 Ça me correspond un peu, comme un auteur peut vous correspondre, comme, je ne sais pas,
12:26 j'allais dire Stéphane Zweig ou des gens comme ça, tout d'un coup vous lisez et vous avez l'impression d'être chez vous.
12:32 Je voudrais qu'on parle d'une chanson en particulier, "Le mur".
12:37 "Le mur", ah !
12:39 C'est une chanson qui laisse transparaître justement beaucoup de choses.
12:44 Les fêlures, la difficulté de passer les murs, d'avoir envie de les détruire ou pas,
12:48 d'avoir cette notion de ce qui renvoie aussi.
12:51 C'est vrai que vous avez eu une enfance pas simple.
12:55 Il y a toujours ces yeux d'enfant d'ailleurs, Pascal, à travers cet album.
12:58 Je voudrais que vous me parliez de cette chanson.
13:00 Alors d'abord, un, il ne faut jamais perdre son âme d'enfant.
13:02 Ça, c'est la première règle que m'a donnée mon mentor Dan Wu, ce peintre chinois,
13:06 qui m'a offert pour la première fois des pots de peinture.
13:10 Je lui ai demandé comment je fais pour peindre.
13:12 Il me dit, garde ton âme d'enfant.
13:14 Ça, c'est la première chose.
13:15 Je le savais déjà dans la musique parce que j'ai toujours été,
13:18 j'ai toujours désintellectualisé la musique.
13:22 Sinon, je serais en train de faire du Joy Division ou du Cure.
13:25 Voilà, donc ça, c'est la première chose.
13:28 Ensuite, pour parler du mur, cette chanson m'a vraiment interpellé.
13:32 C'est sans doute une des plus belles chansons de l'album.
13:37 Parce que j'ai rencontré beaucoup, beaucoup de personnes qui sont bloquées
13:40 par des dogmes, par des idées, par leur éducation,
13:45 par ce qu'on dit, par des rumeurs, par plein, plein, plein, plein de bordels
13:51 qui rentrent dans leur tête et qui ont du mal à les évacuer.
13:55 Et tout ça, tous ces dogmes, toute cette éducation,
13:59 toutes ces sociétés qui vous imposent des choses,
14:04 ça correspond à ce mur.
14:07 Et la phrase est très belle de Pierre-Dominique Burgot.
14:10 Il y a un mur devant la mer, alors on regarde le mur,
14:13 on se dit que la mer est derrière, mais on n'est plus vraiment sûr.
14:17 On est tellement assommé par les informations,
14:21 parce qu'on nous dit d'être, surtout d'être, de faire.
14:26 Ça, c'est encore autre chose que tout d'un coup,
14:29 on est un petit peu comme, comment dire,
14:33 ces fous qui tournent dans la toile de Van Gogh,
14:37 dans le même sens, où je ferais référence aussi à Minnite Express.
14:41 Et moi, je suis Brad Davis dans Minnite Express,
14:44 et on est aussi nombreux, c'est-à-dire on marche à contre-courant.
14:49 Moi, je refuse d'avoir un mur devant la mer,
14:53 je refuse, parce que je sais qu'il y a des choses fantastiques.
14:58 Les idées reçues, les dogmes, tout ce qu'on essaie de nous imposer,
15:04 moi, je fais comme ça me plaît, comme je l'entends,
15:09 et je sais qu'il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de personnes
15:13 qui sont en souffrance à cause de ça.
15:16 Cette chanson est magnifique pour ça, parce qu'il y a une possibilité derrière,
15:19 derrière tout ce qu'on vous dit,
15:21 et il suffit simplement de péter ce mur.
15:24 Cette tournée va démarrer le 6 octobre prochain,
15:28 ça va arriver très, très vite, à Amiens.
15:31 Oui, c'est...
15:32 Les 30 ans de carrière, 3 décennies, Pascal, sur scène,
15:37 et encore même 4 décennies si on parle du début de la musique.
15:40 J'ai commencé en 81, 82.
15:43 Voilà, mais le kit vraiment qui permet...
15:45 Oui, oui, ce qui vous intéresse.
15:47 Non, non, pas du tout, non, non.
15:48 Je rigole.
15:49 Donc ça fait 4 décennies, on est d'accord.
15:50 4 décennies, vous gardez quoi de ces 4 décennies ?
15:53 Quel est votre regard sur ce que vous avez déjà accompli ?
15:57 D'abord, je n'ai jamais eu le sentiment d'avoir à accomplir quelque chose.
16:03 Quand j'ai commencé, j'ai toujours essayé de...
16:07 Comment dire ?
16:08 De prendre du plaisir, et comme je disais tout à l'heure,
16:10 de désintellectualiser.
16:12 Moi, je veux garder mon âme d'enfant à chaque étape de ma vie et de ma création.
16:16 Je dirais simplement, le temps passe assez vite.
16:21 Le temps passe trop vite.
16:23 On a le temps de rien et c'est déjà la fin.
16:25 Et comme dirait Georges Lucas, que je cite souvent,
16:29 on n'a pas assez d'une vie pour développer toutes les idées qu'on a à produire.
16:35 C'est mon cas.
16:37 Là, c'est un anniversaire,
16:39 donc on va essayer de fêter toutes ces chansons
16:44 et toute cette correspondance que j'ai tissée avec ces gens
16:47 qui finalement se sont reconnus dans mes chansons,
16:50 qui étaient à la base, au début, des chansons pop et légères.
16:54 Donc des chansons qui ne voulaient rien dire, mais je les faisais bien.
16:57 On ne disait rien, mais c'était bien.
16:59 Ça, c'est le principe de la pop.
17:01 Et puis après, j'ai commencé à mettre des textes,
17:03 à faire un peu plus de chansons françaises avec des auteurs.
17:07 Donc on a tissé une correspondance et c'est vrai que c'est un anniversaire.
17:14 C'est toujours plus agréable d'être un anniversaire
17:18 et de pouvoir parler à tout le monde.
17:20 En général, dans un anniversaire, on ne parle à personne.
17:22 On a 30 secondes par personne, alors que là, par chance,
17:25 je vais pouvoir chanter à ces milliers de spectateurs
17:29 qui vont venir, non pas me célébrer, mais célébrer aussi leur vie,
17:33 parce que toutes ces chansons sont les points d'ancrage de leur vie.
17:37 C'est ça qui est marrant.
17:39 On ne vient pas célébrer un chanteur, on vient se célébrer
17:41 quand on va voir un concert et quand on vient fêter ce genre d'anniversaire.
17:45 Le public a toujours été là, d'ailleurs, Pascal.
17:47 Vraiment, même dans les moments les plus difficiles,
17:49 où vous n'avez pas réussi à faire ce que vous souhaitiez faire
17:54 ou avoir l'écho que vous souhaitiez avoir.
17:56 Oui, mais vous dites ça parce qu'à un moment, c'est vrai que...
18:00 Oui, mais en même temps, ça vous a fait un peu douter.
18:02 Ce moment-là n'a pas été simple.
18:04 Eux, ils ont toujours été là.
18:06 Et même quand vous avez pris cette décision de créer cette plateforme,
18:09 ils étaient là.
18:10 Oui, bien sûr.
18:13 D'abord, j'ai le sentiment que chaque être sur Terre aime la liberté.
18:20 Chaque sentiment de liberté qui peut être exprimé,
18:24 qui peut être montré par quelqu'un qui a la capacité de le faire,
18:29 c'est assez agréable.
18:31 Et ça ne veut pas dire qu'on a envie de le suivre,
18:33 mais c'est quelque chose qui nous attire.
18:36 Moi, j'admire des gens comme Paul McCartney au Sting,
18:41 qui continuent à faire de la musique, ou même Les Stone,
18:43 alors qu'ils n'ont absolument pas besoin d'en faire financièrement.
18:48 Ils le font uniquement pour leur propre plaisir.
18:51 Ça, c'est de la liberté.
18:53 Et ça, c'est vraiment de la beauté.
18:56 Ça, c'est vraiment du vrai partage.
18:58 Donc, moi, je suis super heureux que tous ces gens viennent encore me voir
19:07 avec des générations aussi différentes.
19:10 En ce moment, c'est vrai qu'il y a beaucoup de monde sur scène,
19:13 mais j'espère qu'il y aura quand même le plus possible de voix
19:20 qui vont chanter ces chansons.
19:21 J'ai eu un peu l'expérience avant l'été,
19:24 puisqu'on a fait la fête de la musique,
19:26 et quand j'ai chanté tout seul, L'envie d'aimer,
19:29 on était à Reims.
19:33 C'est vrai que c'est assez particulier de voir 20 000 personnes
19:35 chanter L'envie d'aimer.
19:36 Il y a plein de gens qui n'étaient pas nés au moment de la création.
19:41 Et quand j'entends certains de mes refrains chanter,
19:44 c'est vrai que c'est assez agréable.
19:46 Donc, ça prouve qu'on a quand même une importance dans notre société.
19:50 Nous, les compositeurs, nous, les chanteurs, on a un truc.
19:54 Je ne vais pas reprendre la phrase du côté essentiel de notre vie,
20:02 de notre art, mais c'est vrai que c'est un peu ça.
20:05 On est nécessaire, et je pense que c'est nécessaire pour moi aussi
20:11 et pour tout le monde d'avoir des artistes qui sont des piliers de nos vies.
20:16 Et les chansons, c'est ça.
20:18 C'est des petits piliers de toute notre existence.
20:21 Et ça nous fait du bien quand on les entend.
20:23 On parlait de L'envie d'aimer,
20:24 les Dix Commandements reviennent sur scène en 2024.
20:27 Vous avez décidé de revisiter vos chansons,
20:29 vous vous dites "repimper" vos chansons.
20:31 Oui, j'ai repimpé, oui.
20:32 C'est quoi, repimper les chansons ?
20:34 Repimper, c'est pimper, c'est-à-dire on prend les mêmes,
20:41 mais on fait des nouveaux maillots.
20:43 Et voilà, on fait...
20:49 J'ai encore plein d'autres expressions.
20:51 Je zimmerise, je vangélise, c'est-à-dire que je gonfle un petit peu les percussions,
20:58 j'enlève les batteries qui sont un petit peu trop anciennes.
21:01 Quelques rythmiques drum and bass de l'époque,
21:04 Kruder, Eddorf, Meister, connaissez-vous,
21:07 mais en tout cas, on n'est plus trop dans l'époque.
21:10 Donc je change les rythmiques pour faire quelque chose de plus moderne,
21:13 de plus adapté à notre époque.
21:15 Et puis je gonfle un petit peu tout, je gonfle les violons, je gonfle les synthés,
21:18 je mets des gros synthés basses, etc.
21:20 Je veux que ça... Voilà, pimper, vous avez vu, ça grandit, ça grossit, c'est pimper.
21:24 C'est-à-dire on arrive et on a la...
21:26 On a la chanson vraiment beaucoup plus adaptée à l'époque d'abord.
21:34 Et puis on a aussi une nouvelle troupe,
21:36 parce que c'est une mise en scène complètement différente.
21:42 Il n'y a que les chansons, repimpées, qui sont là.
21:46 Et encore, j'ai fait trois nouvelles chansons pour le spectacle.
21:50 Je voulais faire quand même deux, trois inédites.
21:52 Il y a quelques petites surprises.
21:54 Il y aura... Je ne vais pas tout vous dévoiler,
21:57 mais il y aura une séquence très, très, très, très, très émouvante.
22:01 Mais bon, voilà, c'est comme ça.
22:03 Quand on propose un spectacle, comme à l'instar de...
22:05 Enfin, à l'instar d'un Starmania, il faut changer.
22:08 Il faut changer les artistes, il faut changer...
22:12 Il faut modifier un peu la musique, le décor rhum, etc.
22:15 Il faut tout modifier.
22:16 Donc, ce n'aura rien à voir avec la première version,
22:21 sauf que, évidemment, quelques chansons, les chansons sont là.
22:26 Et puis, évidemment, le sujet, mais le sujet, c'est dans la Bible.
22:30 - Donc, ça, c'est l'année pour l'année 2024.
22:32 Pour terminer, il y a l'album de duo d'Isabelle Adjani,
22:34 que vous composez 40 ans après son titre "Pull Marine",
22:37 qui avait été écrit, d'ailleurs, par Serge Gainsbourg.
22:39 Ce projet, il a démarré en 2006.
22:41 Ça montre à quel point vous êtes aussi...
22:43 Vous ne lâchez rien, jamais.
22:45 17 ans pour enfin réussir à faire aboutir cet album.
22:49 Comment ça s'est passé ?
22:51 - Ce qui est assez amusant, c'est quand on fait des chansons...
22:53 Moi, par exemple, pour l'album, j'ai dû faire 80 titres.
22:56 J'en ai gardé 17.
22:58 Ça veut dire qu'il y a plein de chansons qui n'ont pas été prises,
23:02 qui sont des chansons que je ne considère pas suffisamment bonnes.
23:05 Pour l'album d'Adjani, c'était compliqué,
23:08 parce que je considérais que le travail qu'on avait fait était...
23:12 Enfin, m'allait et était bon.
23:14 J'avais ce sentiment, qu'il pouvait être écoutable,
23:17 écouté et apprécié.
23:19 Donc, je n'ai jamais voulu lâcher.
23:21 D'autant plus que,
23:23 à l'intérieur,
23:25 tous ces featuring et ces duos,
23:27 ce ne sont pas que des duos,
23:29 ce sont des duos et des featuring,
23:31 ce sont quand même des artistes que j'ai choisis avec Isabelle
23:36 et qui sont des références de ma culture.
23:38 Donc, lâcher Peter Murphy,
23:42 David Sivian, Yusun Dur, Simon Lebon,
23:45 Dao, Syl, lâcher Christophe,
23:49 lâcher Philippe Pascal, lâcher Daniel Dark.
23:52 Non, non, non, non.
23:53 Akhenaton, je ne lâche pas tout ça.
23:55 Je ne pouvais pas lâcher.
23:57 Donc, grâce à De Laurentiis,
23:59 cette reine, nouvelle reine de l'électro,
24:01 parce qu'elle va encore faire parler d'elle.
24:03 Elle bosse avec Garut en ce moment.
24:06 Ils sont en train de faire un groupe qui s'appelle Avorias.
24:09 Elle bosse sur des projets toute seule aussi.
24:12 C'est une fille extraordinaire qui bosse aussi avec l'Ircam
24:16 pour faire des nouvelles expériences.
24:18 Écoutez le travail de De Laurentiis.
24:20 Donc, avec elle, on a refait, on a repimpé
24:23 et reproduit l'album d'Isabelle.
24:26 Et on a des nouveaux invités comme Benjamin Biollet et Gaëtan Roussel,
24:31 qui était le premier single qui est sorti avant l'été.
24:34 Voilà, donc je ne lâche rien.
24:37 Quand c'est beau, c'est beau.
24:40 Voilà, on ne peut pas.
24:42 Le nouvel album sort le 15 septembre.
24:45 Il s'appelle "Le beau qui pleut".
24:47 Exactement.
24:48 Cette tournée anniversaire, bon les 30 ans,
24:50 mais ce n'est vraiment pas vrai.
24:51 Quoi ?
24:52 Il n'est pas vrai ce chiffre.
24:53 Les 30 ans ?
24:54 C'est sûr que 40 soit 31, mais ça dépend.
24:56 On dit 30 ans, c'était pas mal les 30 ans, je ne sais pas.
24:59 Surtout que vous ne les faites pas, donc ce n'est pas très grave.
25:01 Il y a l'album d'Aljani.
25:02 Ça fait 40 ans que je fais de la musique.
25:04 Je me souviens, à mon premier concert,
25:06 vous savez, il y avait 13 personnes, dont 5 payants.
25:09 Ça, ça vous forge un caractère.
25:12 Merci beaucoup, Pascal Obispo, d'être passé dans le monde des Lodis sur France Info.
25:16 Merci à vous.
25:17 Et à très bientôt.