Laissé pour mort par la BAC de Marseille après un tir de LBD, Hedi témoigne l Speech

  • l’année dernière
Hedi, 22 ans, a été touché par un tir de LBD, roué de coups et laissé pour mort par la BAC de Marseille. Une partie de son crâne a dû être retiré pour le sauver. Il témoigne et raconte comment il envisage l’avenir.
Transcript
00:00 Des fois je me dis je vais me réveiller, mais en fait je me réveille toujours avec la tête déformée,
00:03 avec ces migraines, avec cet oeil flou.
00:06 Ça reste dur à porter en fait.
00:09 J'ai eu un trauma crânien dû à un tir de flashball.
00:13 Et du coup j'ai une partie du crâne en moins.
00:16 C'est arrivé dans la nuit du 1er au 2 juillet.
00:20 C'était une soirée de fête parce que c'était la fête des terrasses.
00:24 Avec un ami on a croisé une équipe de la BAC.
00:26 On leur a dit bonsoir et on a vu qu'ils n'avaient pas envie de discuter avec nous.
00:29 Et ensuite voilà ça a commencé.
00:31 En me retournant je me suis reçu un impact dans la tête.
00:35 Au début je ne savais pas bien ce que c'était.
00:37 Je suis tombé au sol.
00:38 Quand je voulais me relever, on m'a attrapé et on m'a traîné dans un petit coin où il faisait tout noir.
00:44 Et ensuite de là on a commencé à me frapper.
00:46 Il y en a un qui était allongé sur moi donc je ne pouvais pas bouger.
00:49 Il y en a qui m'ont frappé avec les poings, d'autres m'ont frappé avec les matraques.
00:52 Je me suis fait casser la mâchoire.
00:53 À aucun moment on m'a demandé mes papiers, à aucun moment on m'a demandé ce que je faisais là.
00:57 J'ai essayé de leur dire qu'ils peuvent me fouiller quand je suis au sol, que je n'ai rien de dangereux.
01:02 Mais ils ne voulaient rien savoir.
01:04 Ils se sont arrêtés d'un coup sans raison particulière.
01:06 Ils m'ont laissé par terre.
01:07 Je cherchais à courir vers la lumière.
01:09 Et justement quand je vois une lumière, c'était la lumière d'une alimentation de nuit.
01:12 J'ai voulu me toucher la tête.
01:14 Mais quand je voulais me toucher la tête, je n'ai pas senti mon crâne.
01:16 J'ai senti quelque chose qui prenait toute ma main, quelque chose de rond.
01:20 Je devais avoir des résidus de flashball j'imagine.
01:22 De là petit à petit je montais en pression.
01:24 Je commençais à faire une crise de panique.
01:26 Je ne sentais plus mon corps.
01:28 J'ai commencé malheureusement à vomir.
01:29 J'ai commencé à me pisser dessus.
01:31 Et ensuite voilà, je sais que dès qu'ils m'ont mis dans la voiture,
01:34 de là je ne me souviens pas qui l'a démarré.
01:37 Je ne me souviens pas d'être arrivé à l'hôpital.
01:38 J'ai été dans le coma du soir jusqu'au lendemain 17h-18h.
01:42 J'ai été opéré de la tête.
01:43 D'après eux, ils ont opéré un mort.
01:45 Je suis resté une semaine en réa.
01:47 Et ensuite je suis resté deux semaines en neurochirurgie.
01:50 Combien d'opérations tu as subi à ce jour ?
01:53 À ce jour, j'en ai subi deux, trois.
01:56 Et les deux autres combien ?
01:57 Si mon œil ne s'améliore pas, il y aura l'œil.
01:59 Et en sachant qu'ils vont me remettre mon volet crânien,
02:03 deux.
02:03 Ils ont été obligés de m'enlever un bout de crâne
02:05 pour que ça "respire".
02:07 Tant que ça ne dégonfle pas, malheureusement,
02:09 ils ne peuvent pas me remettre mon volet.
02:11 Tu ne te regardes pas ?
02:12 Non.
02:14 Je me suis regardé une fois à l'hôpital par curiosité en fait.
02:17 Je voulais savoir.
02:19 Mais...
02:21 C'était trop...
02:23 C'était trop en fait.
02:24 Puisque là aujourd'hui, je n'ai plus les agrafes.
02:27 Et quand tu vois un grand trait métallique de 65 agrafes sur ta tête,
02:33 que tu te vois gonfler, que tu vois que ton crâne n'est plus rond,
02:37 qu'il n'est plus comme avant, c'est super dur à supporter.
02:40 Tu sais si tu vas pouvoir trouver ton visage ?
02:44 Je l'espère.
02:46 Honnêtement, j'espère de tout cœur parce que ça m'inquiète.
02:48 Qu'est-ce qui a changé chez toi physiquement ?
02:50 Physiquement, ma tête.
02:52 Le fait que je ne vois pas.
02:54 Parce que ça reste très perturbant, très fatiguant aussi.
02:57 J'ai perdu je crois presque 10 kilos.
02:59 Je parle doucement, je parle lentement, je me déplace très lentement.
03:02 Avant, j'étais un peu une pile.
03:04 Je dois rester des fois souvent dans le noir.
03:07 Avec aucun son, aucune lumière.
03:09 Parce que j'ai des migraines qui ne s'arrêtent pas.
03:10 Je dois marcher avec un casque pour me protéger au cas où je viens à tomber.
03:14 Ça me protégera justement la partie du crâne où il n'y a plus de dures.
03:18 Je me dis que ça va bien.
03:20 Après, je suis pas mal entouré de ma famille, de mes amis, de mes proches.
03:24 C'est toujours pareil quand ils ne sont plus là et que je suis seul dans ma chambre.
03:29 Que tu restes à l'IT toute la journée.
03:31 Tu as des millions de questions qui se posent.
03:35 Pourquoi moi ?
03:36 Ça fait beaucoup de mal.
03:38 Après, je suis honnête que j'ai une partie de moi qui ne croit toujours pas.
03:42 Quand j'entends que...
03:44 Parfait, il y a mon visage à la télé, dans les journaux.
03:47 Quand j'entends qu'on parle de moi, malheureusement, je sais que je n'aurais plus la même vie qu'avant.
03:51 Ma vie d'avant, elle était bien.
03:55 Je ne peux te dire que ça, qu'elle était bien par rapport à celle-ci.
03:58 Comment tu l'expliques, le geste des policiers ?
04:02 Si je souhaitais que vous, je ne pourrais pas l'expliquer.
04:04 Je n'espère pas garder une réticence vis-à-vis de ça.
04:07 Parce que c'est comme dans tout.
04:09 Il y a des gentils, il y a des méchants partout.
04:12 C'est important de ne pas faire un blocage, de ne pas faire une généralité.
04:15 Est-ce que tu as reçu des excuses de la part de quelqu'un ?
04:19 Non.
04:20 - Nombre du gouvernement ? - Non.
04:22 - Personne n'a pris contact avec toi ? - Personne.
04:25 Qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?
04:30 De redevenir comme avant.
04:33 De retrouver ma vie d'avant.
04:37 Ce serait bien.
04:40 Sous-titrage ST' 501
04:42 *Musique*

Recommandée