L'édito de Jérôme Béglé : «Police : le soutien de Gérald Darmanin critiqué»

  • l’année dernière
Dans son édito du 01/08/2023, Jérôme Béglé revient sur la fronde des policiers qui ne se dément pas. Ils ne digèrent pas la mise en détention provisoire d’un des leurs à Marseille. Ils ont reçu le soutien de Gérald Darmanin. Mais derrière le ministre de l’Intérieur, rares sont ceux qui font entendre leurs voix. Est-ce à dire que le locataire de la Place Beauvau est esseulé, voire marginalisé ? 
Transcript
00:00 Ah oui, le placement en détention provisoire d'un fonctionnaire de la BAC de Marseille,
00:03 soupçonné de violences policières, est un électrochoc.
00:06 Il creuse un peu plus le fossé entre police et justice
00:09 et accentue les différences de point de vue au sein de la majorité.
00:12 Il est normal que le directeur général de la police nationale soutienne ses troupes.
00:16 Et tout aussi normal que le ministre de l'Intérieur fasse de même.
00:20 En revanche, et comme c'est souvent le cas depuis six ans,
00:23 rares sont les ministres et les députés qui leur emboîtent le pas.
00:26 Du coup, Gérald Darmanin se sent seul.
00:29 Et la plupart de ses marques de soutien sonnent dans le vide.
00:33 Depuis trois ans qu'est installée Place Beauvau,
00:35 c'est également la première fois qu'il est critiqué
00:38 par une partie, une partie seulement, des forces de sécurité.
00:41 Pour lâcher du lest et retrouver un peu d'harmonie avec les puissants syndicats de la police,
00:45 il a endossé quelques-unes de leurs propositions.
00:47 Par exemple, l'anonymisation des procès verbaux sera proposée,
00:51 évitant ainsi que l'identité des policiers qui ont procédé aux interpellations soit rendue publique,
00:56 mettant trop souvent leur vie ou celle de leur famille en danger.
01:00 On sent bien que cette fois-ci, le mouvement est durable et profond.
01:04 Mais dans une période tendue, où le maintien de l'ordre se révèle
01:07 chaque mois de plus en plus difficile et compliqué,
01:10 se mettre à dos les forces de sécurité serait inutile voire dangereux.
01:13 Et évidemment, l'exécutif l'a bien compris.
01:16 Au printemps dernier, la visite du charle-roi d'Angleterre avait dû être annulée.
01:20 Une humiliation diplomatique pour Emmanuel Macron.
01:23 Il serait inconcevable que la venue du monarque, espérée en septembre,
01:27 soit à nouveau reportée pour cause d'insécurité ou de force de l'ordre en grève ou en arrêt maladie.
01:32 Mais du coup, mon cher Jérôme, est-ce que c'est pour cela que le ministre de l'Intérieur
01:36 semble prendre très à cœur les revendications des policiers ?
01:40 Oui, pour au moins en tout cas deux raisons.
01:41 D'abord, sondage après sondage, et l'Elysée en a encore commandé récemment,
01:46 les Français soutiennent massivement leurs forces de sécurité aux alentours de 70%.
01:52 Ce qui rend encore plus assourdissant le silence de la Première ministre,
01:55 qui s'exprime trop peu sur les questions de sécurité,
01:57 et n'a même pas pris la peine de se déplacer, par exemple dans un commissariat de police,
02:01 pour montrer une onse d'attention à ses fonctionnaires.
02:04 Ensuite, parce qu'il est vain de contester que policiers et gendarmes traversent une crise,
02:09 je dirais même une crise existentielle.
02:11 C'est l'une des raisons d'ailleurs pour lesquelles 15 milliards d'euros ont été accordés
02:15 à la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur.
02:18 Le parc de véhicules, les armes attribuées aux fonctionnaires,
02:21 ainsi que les commissariats seront modernisés, ils en ont bien besoin,
02:25 tandis que diverses primes leur seront accordées.
02:27 Mais les policiers sont comme saint Thomas, ils ne croient que ce qu'ils voient.
02:31 En attendant d'être enfin mieux considérés et traités,
02:34 ils rouspètent et se font entendre, mais objectivement personne ne saurait les emblâmer.
02:38 [Musique]
02:42 [SILENCE]

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