Chroniqueuse : Maya Lauqué
À cette période de l’année, la météo est particulièrement scrutée par les professionnels du tourisme. Après la Covid et l’inflation qui contrarie à son tour les départs en vacances, le réchauffement climatique freine également l’élan des aoûtiens. En effet, la pluie et le vent s’invitent dans notre été. C’est ce que constate Les Échos en une du journal. Comment expliquer ce bilan en demi-teinte ? La saison est-elle « foutue » ? Linda Lainé, rédactrice en chef de L’Écho touristique, désépaissit ce brouillard sur le plateau de Télématin.
À cette période de l’année, la météo est particulièrement scrutée par les professionnels du tourisme. Après la Covid et l’inflation qui contrarie à son tour les départs en vacances, le réchauffement climatique freine également l’élan des aoûtiens. En effet, la pluie et le vent s’invitent dans notre été. C’est ce que constate Les Échos en une du journal. Comment expliquer ce bilan en demi-teinte ? La saison est-elle « foutue » ? Linda Lainé, rédactrice en chef de L’Écho touristique, désépaissit ce brouillard sur le plateau de Télématin.
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00:00 On parlait de la météo à l'instant, elle est scrutée évidemment chaque jour par les professionnels du tourisme après le Covid il y a quelques années,
00:06 l'inflation plus récente, le réchauffement climatique évidemment, c'est le ciel qui contrarie cet été, le tourisme en France.
00:13 Maud, vous recevez ce matin Linda Lainey, rédactrice en chef de l'éco-touristique. Bonjour et bienvenue.
00:18 Bonjour Linda Lainey, bienvenue sur le plateau de Télématin. On va regarder tout de suite la une des échos de ce matin, l'été compliqué du tourisme français.
00:26 Vous allez nous aider justement à comprendre pourquoi c'est un bilan en demi-teinte que font les professionnels du secteur pour le moment.
00:33 On le constate depuis quelques jours et ça va sûrement durer. La pluie et le vent s'invitent dans notre été.
00:40 Est-ce qu'on peut déjà mesurer l'impact de cette mauvaise météo sur la fréquentation touristique ?
00:45 On commence à mesurer l'impact sur la fréquentation touristique. J'ai envie de commencer par un exemple.
00:51 J'étais hier et avant-hier à Étretat, le long de ces très belles falaises de craie.
00:56 Et effectivement, sur place, le climat est moussa depuis 15 jours, 3 semaines. Les professionnels du tourisme le ressentent.
01:02 Typiquement, à l'Office du tourisme d'Étretat, au mois de juillet, les demandes d'informations ont baissé de 12%.
01:10 Et dans le même temps, pas très loin, du côté du Havre, à la Maison du patrimoine, les demandes d'informations ont au contraire augmenté de 12%.
01:18 Pourquoi ? Parce que dans ce deuxième point d'information, on propose beaucoup de visites à l'abri des averses pour visiter le patrimoine,
01:26 pour visiter des sites plutôt à connotation culturelle.
01:30 Après, si on regarde à une plus grande échelle, il y a un exemple qui est très intéressant, c'est l'hébergement de plein air,
01:35 donc les campings qui, eux, sont très météo-dépendants. Et là, on voit qu'au mois de juin, le nord de la France était plutôt en avance.
01:43 C'est-à-dire que sur l'ensemble de l'été, les réservations affichaient une croissance d'environ 10% par rapport à 2022.
01:51 Au contraire, le sud était plutôt en baisse de 10%, sans doute parce que les gens redoutaient les canicules, les bassonnies.
01:58 La vague de chaleur, donc on s'est réorganisé cette année, on s'est dit on va plutôt aller au nord en espérant une bonne météo.
02:04 Voilà, ça c'était au mois de juin, donc vers la mi-juin. Et depuis, en fait, les chiffres sont en train de s'inverser tout doucement.
02:10 C'est-à-dire que les gens vont un peu plus vers le sud, ils fuient le mauvais temps du nord, malheureusement, pour essayer de retrouver les plages,
02:18 le plaisir également de la baignade, de la fargnante au soleil.
02:21 Mais ça veut dire quoi, Linda Lenay ? Ça veut dire qu'il y a des annulations de dernière minute, des changements de plans de dernière minute ?
02:27 Alors, il peut y avoir des annulations et des changements de plans de dernière minute dans certains cas.
02:32 Si par exemple, vous avez choisi de dormir à l'hôtel et que vous avez des frais d'annulation qui sont relativement raisonnables,
02:40 vous pouvez éventuellement changer de destination et partir un peu plus vers le soleil.
02:45 Quand on est dans le camping, il faut savoir qu'environ 45% des nuitées pendant l'été sont sur des terrains nus.
02:51 Ça veut dire qu'on plante sa tente, on pose sa caravane. Donc dans ces cas-là, il est facile finalement de changer de destination.
03:00 Maintenant, si on a réservé un mobilhome ou si on a décidé de partir à l'étranger en réservant un billet d'avion,
03:07 là en général, on prend un billet à un tarif raisonnable et du coup, il peut y avoir des pénalités d'annulation assez fortes et donc assez dissuasives.
03:15 Je me souviens qu'au mois de juillet, les professionnels du tourisme nous annonçaient un été record.
03:22 On allait battre les records de 2019 et finalement, j'ai l'impression que c'est plutôt un bilan en demi-teinte qu'on fait sur cette première partie d'été.
03:29 Est-ce qu'on a des chiffres ?
03:30 Alors, on commence à avoir des chiffres. Déjà, il faut bien avoir en tête le fait que cette année, un peu comme avant d'ailleurs la crise du Covid,
03:39 les Français ont beaucoup anticipé. C'est la raison pour laquelle finalement au printemps, on avait une image très positive, très enthousiaste sur le déroulement de la saison estivale.
03:49 Et finalement, après, le rythme des réservations a un peu ralenti.
03:53 Maintenant, pour ce qui est des chiffres, la fédération ADN Tourisme qui rassemble les comités régionaux du tourisme, les comités départementaux du tourisme, les offices du tourisme,
04:03 parle d'une petite érosion de la fréquentation touristique au mois de juillet d'environ -1%.
04:12 Ce n'est pas dramatique, mais effectivement, il y a un petit retard par rapport à 2022 qui était une très bonne année.
04:17 Ensuite, il semblerait que le mois d'août et le mois de septembre soient vraiment porteurs.
04:24 Donc, au global, sur l'ensemble de la saison…
04:26 Ça devrait s'équilibrer ?
04:27 Ça devrait s'équilibrer. On peut s'attendre effectivement à un équilibrage.
04:30 Après, il y a beaucoup de disparités entre les régions.
04:32 Oui.
04:33 C'est-à-dire, justement, quelles sont les régions où on part ? Parce que je crois que ce sont 3 Français sur 4 qui partent en vacances cet été. Ils vont où, ces touristes ?
04:39 3 Français sur 4 ont décidé, ont l'intention de partir soit en vacances, soit en week-end entre le mois de juin et le mois de septembre.
04:49 Ce sont les données qu'a révélées la ministre des Ligues aux touristes, Olivier Grégoire, au mois de juin.
04:55 Alors, où partent-ils ? En général, ils partent sur le littoral, à plus de 40%.
04:59 Oui, la mer, c'est toujours le gros sujet.
05:00 Voilà, ils choisissent effectivement le bord de mer, surtout quand on part en vacances pendant l'été avec des enfants.
05:06 C'est effectivement privilégié. En termes de destination, on retrouve ce qu'on disait un peu plus tôt, c'est qu'en général, cette année, le nord de la France a enregistré plutôt une avance par rapport à l'année dernière.
05:19 Donc, on parle de la Normandie, de la Bretagne, des pays de la Loire, même des Hautes-Frances et de Paris-Entreméros.
05:25 Alors que le sud, donc l'Occitanie, la région Paca…
05:29 La Corse, notamment.
05:30 La Corse, on va voir un papier du Figaro, justement, le Figaro qui nous parle d'une saison foutue en Corse cette année.
05:38 Oui, alors le sud, effectivement, a accumulé du retard au mois de juillet, mais encore une fois, on pense qu'il va y avoir un rééquilibrage au cours des prochaines semaines.
05:46 Concernant la Corse, il peut y avoir plusieurs explications. Déjà, l'année dernière, la Corse avait vécu une très bonne saison, 1,1%, même si le mois d'août avait été un peu moins porteur.
05:59 Il y avait eu, vous savez, des intempérils, il y avait eu également des incendies.
06:02 Peut-être que certains Français ont toujours en mémoire, justement, cet été un petit peu mitigé sur la Corse au niveau de la météo.
06:10 Mais on parle beaucoup d'inflation aussi cette année. Est-ce que c'est une des causes ?
06:13 Voilà, on parle beaucoup d'inflation. Ça peut être une des causes.
06:15 En fait, c'est vrai que pour partir en Corse, on prend l'avion, on prend un ferry, éventuellement sur place on loue une voiture, il y a l'hébergement.
06:23 Et typiquement, si on prend uniquement le prisme du billet d'avion, les billets sur l'ensemble des destinations au départ de la France ont vu leur prix augmenter d'environ 25% par rapport à 2019.
06:36 Donc c'est un budget très important.
06:38 Et puis, cette année, plus que l'an dernier, un certain nombre de Français ont décidé de partir à l'étranger.
06:46 Environ 23% des Français partant en vacances vont choisir une destination étrangère.
06:54 C'est plus 4 points par rapport à l'année dernière.
06:56 On sait que cette année se présente très bien pour les agences de voyage.
06:59 Les Français partent dans le sud de l'Europe.
07:02 Le bassin méditerranéen.
07:04 Voilà, le bassin méditerranéen.
07:05 Bien sûr, l'Espagne, la Grèce, la Tunisie est en croissance de 17% au mois de juillet dans les agences de voyage.
07:13 On sait qu'en Tunisie, les prix sont relativement accessibles.
07:16 Linda Leney, est-ce que l'inflation nous a fait changer nos habitudes ?
07:19 Est-ce qu'on part moins longtemps ? Est-ce qu'on va rogner sur la qualité du logement par exemple ?
07:23 Est-ce qu'on a modifié nos vacances ?
07:25 Oui, on a modifié nos vacances.
07:26 Déjà, le budget global, malgré tout, a augmenté.
07:29 À cause de l'inflation ?
07:30 À cause de l'inflation, on est à plus de 10% par rapport à l'année dernière.
07:34 Mais effectivement, les Français vont faire des arbitrages.
07:36 Déjà, ils vont faire des arbitrages au niveau de leurs dépenses, c'est-à-dire qu'ils vont peut-être moins acheter bio au niveau de l'alimentation,
07:43 ils vont acheter moins de vêtements.
07:45 Ils ont vraiment envie de privilégier le temps des vacances à un moment qu'on sacralise dans notre vie,
07:51 parce qu'on s'éloigne de notre quotidien, de toutes les pressions, de toutes les tensions géopolitiques que l'on connaît,
08:00 des inquiétudes par rapport au changement climatique.
08:02 En termes d'arbitrage, ils vont éventuellement partir un peu moins loin, un peu moins longtemps.
08:08 Ils vont également choisir, pourquoi pas, un hébergement non marchand.
08:13 C'est quoi un hébergement non marchand ?
08:15 Ça veut dire qu'on part dans la famille, chez les amis.
08:18 C'est quand même 24% des choix d'hébergement des Français.
08:23 C'est très important.
08:24 C'est au même niveau que les locations saisonnières, par exemple.
08:28 On va également, pour certains, choisir de payer avec un paiement fractionné.
08:35 Oui, les paiements fractionnés qui ont explosé cette année.
08:37 Une agence en ligne me disait, avant le Covid, 40% des billets d'avion étaient achetés en 3 ou 4 fois.
08:43 Désormais, on est à 50%.
08:45 Donc, on essaie de partir coûte que coûte, mais effectivement, on s'organise.
08:49 Autrement, on fait moins d'activités sur place.
08:51 On dépense éventuellement moins dans la restauration sur place.
08:54 Merci beaucoup Linda Lainey d'être venue nous parler de tourisme ce matin sur le plateau de Télémathins.
08:59 Merci à toi.