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L'ex-ministre de la Culture, Jack Lang, rend hommage à l'historienne Hélène Carrère d'Encausse, morte ce samedi. Hélène Carrère d'Encausse était la première femme à la tête de l'Académie française.

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Transcription
00:00 On apprend ce soir le décès d'Hélène Carrère-Dancos, l'historienne,
00:04 qui avait été la première femme à la tête de l'Académie française.
00:08 Elle avait 94 ans.
00:10 Avec nous pour en parler, nous recevons l'ancien ministre de la Culture, Jack Lang.
00:14 Bonsoir.
00:15 Alors, quelle est votre première réaction à l'annonce de ce décès, M. Lang ?
00:20 Je ressens évidemment une grande tristesse.
00:24 C'était une personnalité incomparable.
00:27 C'était une grande dame, grande dame des lettres, des arts.
00:35 Elle donnait à cette Académie française un lustre, un éclat incomparable.
00:42 Et j'ai eu la chance de travailler avec elle dans des années antérieures.
00:48 Comme vous le savez peut-être, l'Académie française relève du ministère de l'Éducation nationale.
00:55 Et comme ministre, elle était venue me voir à plusieurs reprises quand j'ai exercé ses fonctions.
01:02 Et à ce moment-là, elle avait des difficultés pour le dictionnaire de l'Académie française.
01:08 Et on a essayé de trouver des réponses, des solutions.
01:11 C'était très agréable de travailler avec elle parce que c'était une femme très sérieuse,
01:15 méticuleuse, courageuse et très engagée dans son travail.
01:22 Par ailleurs, j'ai eu une autre occasion de travailler avec elle étroitement.
01:27 C'était en 1992 lorsque le président François Mitterrand m'a confié la responsabilité,
01:34 ainsi qu'à Élisabeth Guigou, d'être porte-parole de la campagne pour le référendum de Maastricht.
01:41 Vous le savez, il a été très important, très disputé, controversé.
01:46 Et ce référendum, ou plutôt le traité, qui a donné naissance à l'euro.
01:51 Et j'ai demandé à ce moment-là à Hélène Carrel-Lancôtre d'accepter de présider un comité de soutien
01:59 que nous avions constitué et qui réunissait des personnalités de tous les horizons.
02:04 Et je dois dire que sa personnalité, son indépendance d'esprit, sa capacité de conviction
02:12 ont été très utiles pour accompagner notre engagement en faveur du traité
02:20 qui a créé l'euro.
02:22 Voilà quelques souvenirs rapidement.
02:24 En même temps, vous le savez, parfois certains d'entre nous ne comprenaient pas toujours
02:29 ces positions sur la Russie à laquelle elle était liée.
02:33 Mais dans l'arrière-période, elle a elle-même admis, ce qu'il a réclamé de sa part, je pense,
02:39 un certain courage intellectuel, que Poutine, ça, ce n'est pas du tout ce qu'elle avait espéré à un moment.
02:47 Et donc elle a clairement pris partie contre cette guerre et pour l'Ukraine.
02:53 Voilà, je pense qu'il y a beaucoup à dire sur elle.
02:55 – Une guerre à laquelle elle ne croyait pas, jusqu'à la veille de la déclaration de guerre en Ukraine.
03:01 Elle disait "ce n'est pas possible, la Russie n'attaquera jamais l'Ukraine".
03:04 – Exactement, bon, c'était son point de vue.
03:08 Elle avait une certaine logique, je dirais, par son attachement à la Russie.
03:15 Et là, elle était convaincue pleinement que, en effet, la Russie n'attaquerait pas.
03:20 Et finalement, les faits ont été plus forts que ce qu'elle présentait.
03:25 – Et le bonheur de vous, c'est votre attachement à la Russie ?
03:28 – Je dirais, c'est son erreur, en tout cas, elle a dû reconnaître les faits.
03:31 Mais son œuvre, c'est au-delà de cela, c'est une œuvre d'une personnalité
03:36 qui a énormément apporté en prestige, en éclat à la culture française.

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