Niger : après l'ultimatum, se dirige-t-on vers une intervention militaire de la CEDEAO ?

  • l’année dernière
Coup d’Etat au Niger : alors que l’ultimatum vient d’expirer, se dirige-t-on vers une intervention militaire de la CEDEAO ?
C’est à la Une avec Gérard Vespierre, Analyste géopolitique et fondateur du site « le monde décrypté ».
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
---
———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75...
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOffi...
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradiooff...
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

#C_EST_A_LA_UNE-2023-08-07##
Transcript
00:00 Dans l'actualité, le Niger, après le coup d'état du 26 juillet, l'ultimatum fixé par la CDAO, pays d'Afrique de l'Ouest, a expiré cette nuit à minuit.
00:07 Se dirige-t-on vers un recours à la force de la part des pays voisins du Niger ?
00:11 Pour en parler, on accueille ce matin Gérard Vespière, analyste géopolitique et fondateur du site "Le Monde Décrypté".
00:17 Bonjour et bienvenue.
00:19 Bonjour à vous.
00:20 Bonjour Gérard Vespière et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.
00:23 Effectivement, l'ultimatum qui est arrivé cette nuit à échéance, le recours à la force est-il ce matin l'option la plus probable dans les heures, les jours à venir ?
00:33 Écoutez, en tout cas, il va falloir que la CDAO montre une agitation autour de la force, des mouvements de force, sans peut-être aller jusqu'à le franchissement de la frontière.
00:47 Mais il faut effectivement, à partir du moment où vous brandissez une menace, si d'une façon ou d'une autre vous ne la mettez pas à exécution, vous perdez fortement en crédibilité.
01:01 Et ça, ce serait vraiment un désavantage important pour la CDAO de ne pas faire une démonstration de force à un moment ou à un autre,
01:11 aujourd'hui ou dans les prochaines 48 heures, en s'approchant de façon musclée de la frontière avec le Niger par exemple.
01:20 Alors la CDAO, on le rappelle, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, est-ce qu'elle a réussi à se mettre d'accord sur un éventuel recours à la force ?
01:30 Est-ce que tous les pays qui la composent ont accepté ce principe d'une potentielle intervention militaire au Niger ?
01:36 Il y a trois groupes de pays finalement. Il y a effectivement parmi les 16 membres ceux qui ont été premièrement exclus,
01:45 donc les alliés de la Jeune d'ailleurs, le Burkina Faso, le Mali et la Guinée-Bissau, pour donc effectivement avoir renversé les pouvoirs civils en place.
01:58 Et puis parmi les autres pays, il y a quelques voix hésitantes vers une intervention militaire.
02:07 Donc il y a finalement dix pays à peu près qui sont à même de pouvoir intervenir.
02:15 Et bien sûr la colonne vertébrale étant donnée la capacité de la population et la taille du pays du Nigeria,
02:24 le Nigeria est la colonne vertébrale de cette intervention possible avec ses 215-220 millions d'habitants.
02:32 Tu as une grosse armée en l'occurrence. Justement, les poutchistes ont-ils une chance face à une armée comme celle du Nigéria ?
02:39 Alors effectivement le Nigeria c'est à lui seul quatre à cinq fois la taille de l'armée du Niger.
02:47 Donc on a là une capacité effectivement importante, mais encore faut-il pouvoir la mobiliser et la projeter.
02:57 En tout cas, il y a un facteur intéressant pour la CDAO, c'est que la frontière du Nigeria n'est qu'à 300 km de Niamey, capitale du Niger.
03:10 Donc voyez-vous, il y a possibilité de montrer effectivement une capacité d'intervention et donc de se rapprocher de Niamey
03:19 de façon, je dirais, symbolique ou en tout cas de façon significative et donc de mettre la gente en difficulté.
03:27 Mais un des aspects, excusez-moi, c'est qu'apparemment à l'intérieur du Niger, il n'y a pas de volonté de la part de l'armée
03:38 de soutenir le président en place. Il n'y a pas donc de contre-pouche qui se dessine, il n'y a pas de force qui se mette en place
03:47 pour effectivement accompagner le président et éventuellement s'allier avec une intervention extérieure.
03:55 Des coups d'État, la région en a connu quand même déjà pas mal, beaucoup ces dernières années.
04:00 Pourquoi la CDAO interviendrait-elle militairement sur celui-ci ?
04:03 Est-ce qu'elle l'a déjà fait sur d'autres coups d'État par le passé Gérard Vespier ?
04:07 Alors, elle est intervenue déjà militairement mais dans des options un peu différentes, dans des situations différentes,
04:14 à savoir pour maintenir la paix, pour éviter effectivement des heurts et non pas pour s'opposer à un coup d'État ou un putsch
04:24 qui semble être mis en place comme il l'est au Niger. Donc ce serait une première.
04:31 Et donc il y a effectivement cette situation géographique particulière du Niger qui est au centre de la partie nord de l'Afrique
04:43 avec des frontières communes avec la Libye, avec l'Algérie, avec des pays vraiment hautement importants sur le plan géostratégique.
04:54 Et puis à l'intérieur du Niger, vous avez la présence française, vous avez la présence de troupes italiennes,
05:01 vous avez la présence de troupes allemandes qui forment l'armée nigérienne, vous avez la présence de bases américaines.
05:09 Donc vous avez une internationalisation potentielle du conflit déjà dans la structure même du Niger, géographique et politique.
05:19 On va revenir sur la question du positionnement français sur le sujet, mais déjà un mot rapide sur ce qui a été organisé hier du côté de Niamey.
05:27 Les putschistes ont organisé en l'occurrence hier soir un rassemblement au stade de Niamey, 30 000 personnes présentes.
05:33 Comment peut-on, doit-on interpréter cette mobilisation ? C'est la preuve d'une forme de popularité d'une certaine manière vis-à-vis de ces putschistes ou pas ?
05:41 30 000 personnes, ça commence effectivement à être significatif, mais n'oublions pas que Niamey, la ville, l'agglomération, c'est 1 500 000 personnes, n'est-ce pas ?
05:54 Donc il faut raison garder et mettre une certaine perspective, plus exactement perspective, sur ces 30 000 personnes
06:05 qui peuvent être réunies avec des budgets, n'est-ce pas, qui aident les gens à se déplacer.
06:11 Quelques milliers d'euros, dizaines de milliers d'euros permettent de faire un événement et de le transmettre aux télévisions du monde entier.
06:19 N'oublions pas, n'oublions pas le rôle effectivement de la communication dans ce genre d'événement et qui donne finalement un message au pays en Occident et en particulier en France.
06:33 Et la guerre c'est d'abord celle de l'image, finalement. 1 500 militaires, en tout cas français, toujours présents au Niger, leur départ n'est pas à l'ordre du jour,
06:42 c'est ce qu'a indiqué encore hier la ministre des Affaires étrangères. Quel sera leur rôle en cas d'intervention militaire des pays de la CDAO au Niger ?
06:50 Je pense que le rôle de la France sera de garder, on m'en dirait familièrement, profil bas et de rester en dehors de conflits internes.
07:01 Donc la mission de la France est d'aider l'armée nigérienne. Ne l'oublions pas, à combattre le djihadisme qui grignote le Niger, le Mali, le Burkina Faso.
07:14 Donc la situation qui se dégrade au Niger ne peut faire que le bénéfice des djihadistes, ne peut jouer un rôle que finalement en faveur des ennemis du pays,
07:28 de la déstabilisation encore plus complète. Donc le temps va être un élément important. Plus le temps va s'écouler, plus la junte au pouvoir,
07:40 le putsch a des chances de pouvoir se continuer, se mettre en place, finaliser son pouvoir. N'oublions pas le rôle de l'Algérie qui est un allié historique
07:53 depuis la création de l'état algérien de la Russie. L'Algérie s'oppose diplomatiquement à toute intervention militaire, donc elle facilite le maintien de la junte au pouvoir.
08:07 Le temps va jouer un rôle important.
08:10 Dernière question, la diplomatie française qui a fait savoir par ailleurs qu'elle suspendait ses aides au Burkina Faso, allié de la junte, c'est une façon quand même,
08:18 même s'il n'y a pas d'intervention militaire directe, de ne pas reculer, de montrer que la France est toujours présente dans la région ?
08:25 Cela accompagne aussi les décisions de la CDAO, de mener des sanctions contre le Niger. A l'évidence, la population va subir le contre-coût économique de cette situation-là.
08:44 Est-ce qu'un déséquilibre social, économique à l'intérieur du pays va susciter la vocation de quelques généraux de remettre le général Basoum au pouvoir ?
08:56 Là est la question. Il faut qu'il y ait à l'intérieur de l'armée des volontaires pour soutenir le pouvoir qui a été évincé. Autrement, cela sera très difficile.
09:09 Gérard Vespillard, je vous rappelle, vous êtes analyse géopolitique, fondateur du site Le Monde Décrypté.
09:14 Merci d'avoir été avec nous ce matin sur celui de Radio. Et très bonne journée à vous.

Recommandée