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00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03 Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05 Vous avez été pendant 16 ans le chauffeur et le garde du corps de Johnny.
00:09 Vous avez choisi d'être également un gardien de sa mémoire
00:12 en racontant celui qui aurait eu aujourd'hui 80 ans, ou plutôt 4 fois 20 ans,
00:17 et 4 fois plus d'aucune.
00:19 Bonjour Patrick Roussel.
00:20 Bien bonjour.
00:21 Alors c'est vrai que vous avez pendant 16 ans été dans le fil de Johnny Hallyday,
00:26 vous ne l'avez pas quitté pendant 16 ans.
00:27 Et vous publiez ce livre "Tout le monde l'appelait Johnny" chez Mareuil Éditions
00:31 et aujourd'hui il aurait eu 80 ans Johnny.
00:34 Et on va donc parler de ce livre et de Johnny,
00:36 et surtout de l'angle que vous avez choisi
00:38 parce que vraiment on apprend dans ce livre des choses qu'on ne sait pas.
00:41 Et on va expliquer tout à l'heure pourquoi vous avez fait ce livre.
00:44 Alors, le principe des clés d'une vie, ce sont 4 dates.
00:46 Et la première que j'ai trouvée, Patrick Roussel, à propos de Johnny,
00:50 c'est le 17 février 1997.
00:53 Il chante au vélodrome de Gourdes-Liane à Baie-Mao.
00:56 Et c'est votre première rencontre.
00:58 Oui, la première rencontre effectivement se fait au stade de vélodrome de Baie-Mao,
01:04 où je vis à ce moment-là.
01:06 Et mon employeur de l'époque, qui avait organisé le concert, me désigne chauffeur.
01:13 Voilà.
01:14 L'histoire commence là, je pense qu'elle s'arrête là aussi.
01:16 Au début, je pense qu'elle commence et elle s'arrête là.
01:19 Il se trouve, et on le sent à votre accent,
01:21 que vous venez d'une ville qui est chère à Sud Radio, c'est Toulouse ?
01:24 Vous avez grandi à Toulouse ?
01:25 Oui, je suis né et grandi à Toulouse.
01:28 Et vous avez ensuite eu différents métiers avant de devenir chauffeur garde du corps ?
01:33 Absolument, oui.
01:34 Vous avez travaillé ?
01:37 Je suis électricien de formation, je travaille dans l'électricité,
01:40 j'ai travaillé à la mairie de Blagnac, à la mairie de Toulouse,
01:43 avant de décider de partir dans les îles.
01:45 Là-bas, j'ai fait divers emplois, un peu d'électricité aussi,
01:50 avant de basculer sur la sécurité.
01:52 Voilà, donc ce jour-là, il y a une chose très importante,
01:55 vous mettez la clim dans la voiture,
01:57 et ça va changer votre destin, Patrick Roussel.
02:00 Oui, alors quand je la mets, au début je suis en stress,
02:03 parce qu'en fait j'ai la voiture qui est pleine de bueux.
02:05 Et j'ai dit, s'il arrive et que c'est comme ça, et que ça marche pas,
02:07 que je sois obligé de la couper, ça va pas le faire.
02:09 Et par bonheur, j'ai réussi à régler le truc.
02:12 Et il y a Johnny et Laetitia dans la voiture qui ne disent pas un mot ?
02:14 Non, ils sont pas encore dans la voiture.
02:16 C'est quand je prépare la voiture que je suis là, que je suis en stress.
02:18 Quand ils arrivent, j'ai réglé mon souci.
02:21 Mais ils sont...
02:24 Ils débarquent d'un avion, ils ont fait un long voyage, c'est un peu compliqué.
02:27 Ils sont pas... Ils me connaissent pas.
02:30 C'est... Voilà, c'est pas très très ouvert.
02:34 Voilà, il se passe pas grand-chose dans la voiture.
02:36 Il y a un souvenir, je crois, de cette époque.
02:38 C'est un... Il a voulu croquer dans un piment, Johnny,
02:41 et on s'est retrouvé dans un film de Tex Avery.
02:44 Oui, parce qu'il était violent le piment.
02:47 Parce qu'il adorait ça. Il adorait tout ce qui était épicé, tout ça, il adorait ça.
02:51 Donc du coup, il a cru croquer dedans, mais ils étaient vraiment puissants.
02:54 Et oui, pendant 10 minutes, il rigolait plus.
02:57 Voilà. Et il adorait aussi certains combats,
02:59 et vous l'avez amené à un combat théoriquement interdit.
03:02 Une présentation clandestine de combat de coq contre des mangousses et des serpents.
03:06 Oui. Oui, oui.
03:09 C'est plus ou moins clandestin aux Antilles, ça se fait encore.
03:13 Mais voilà. Et grâce à un contact que j'avais là-bas,
03:16 bon, on a pu aller faire ça.
03:17 Et c'était... Ouais, c'était génial.
03:19 Et Johnny adorait ça. Oui.
03:21 Oui, on avait passé un bon moment. Et puis en plus, on était...
03:24 On était tranquille, en fait.
03:25 Voilà, personne ne l'embêtait ni rien, donc c'était vraiment bien.
03:28 Il se trouve que ces combats, il y a eu aussi une époque des combats de coq en Espagne.
03:32 Et c'est comme ça qu'un jeune garçon qui s'appelait José Foller
03:35 a eu l'idée, quand il est venu à Paris,
03:37 de faire le même principe que là-bas, c'était des paris sur les combats de coq,
03:40 de faire le pari mutuel.
03:42 Et c'est comme ça qu'à cause des combats de coq que le pari mutuel est né.
03:45 OK.
03:46 Alors, il se trouve que quelques temps plus tard,
03:48 Johnny vous rappelle. C'est ça qui est extraordinaire.
03:52 Alors, c'est pas tout à fait lui qui m'appelle, c'est son responsable sécurité,
03:56 le responsable sécurité des productions Camus,
03:59 euh... M. Jimmy Réfas, donc,
04:01 qui m'appelle et qui me dit "va te présenter".
04:05 Il cherche quelqu'un, voilà.
04:09 J'y suis allé et puis...
04:11 Le jour le lendemain, vous avez commencé. Oui.
04:13 Vous avez rencontré Johnny, je crois qu'il se réveillait à peine.
04:16 Oui, parce que c'était pas un live auto.
04:19 Voilà, donc je me suis présenté, je l'ai vu, on a bu un café,
04:22 on a discuté un petit peu, il y avait Laetitia également.
04:25 Voilà, j'ai commencé essentiellement avec elle,
04:28 parce que lui était en tournée en fait.
04:30 Il venait de temps en temps, il faisait des allers-retours à Paris,
04:33 donc là, je le prenais aussi en charge.
04:35 Et ça a commencé comme ça. En fait, j'ai commencé par...
04:38 De juin 99 jusqu'à septembre 99.
04:41 On va dire en gros que j'étais en période d'essai avec Laetitia.
04:44 On va dire ça.
04:45 Et au 1er septembre, j'ai commencé officiellement en tant que salarié de Johnny Hallyday.
04:50 Voilà, alors Laetitia, c'était pas facile à gérer parce que
04:52 on a toujours dit que Johnny était en retard à ses concerts.
04:55 Laetitia, c'était un peu pareil, toujours une heure de retard.
05:00 Oui, alors, quelle femme n'est pas en retard ?
05:02 Oui, non, disons pas ça, les femmes sont merveilleuses, c'est toujours à l'heure.
05:06 Oui, c'est vrai.
05:07 Mais oui, effectivement, elle avait un petit peu cette faculté à être en retard, mais bon...
05:12 Oui, alors, surtout si Johnny a pensé à vous,
05:16 est-ce que finalement le fait d'avoir mis la clim dans la climatisation dans la voiture
05:20 n'a pas été une chose bénéfique pour vous ?
05:23 Alors, effectivement, s'il n'y avait pas eu de clim dans la voiture,
05:24 je pense que ça aurait été beaucoup plus compliqué.
05:27 Voilà, parce qu'il fallait la clim partout.
05:30 Et même un jour à Deauville, je crois qu'il a quitté une manifestation importante.
05:34 Oui, et c'est là que j'ai commencé à comprendre
05:37 réellement pour qui je travaillais, pour que j'ai compris
05:40 que ça allait être rock'n'roll, en fait.
05:43 Qu'est-ce qui s'est passé ce jour-là à Deauville ?
05:45 Il avait trop chaud à l'hôtel, parce qu'il n'y avait pas de clim dans les chambres.
05:51 Et donc, du coup, il a décidé de quitter Deauville avant la cérémonie protocolaire
05:55 avec tous les invités qu'il y avait là au festival du film.
06:01 On devait inaugurer une suite Johnny ?
06:03 Oui, c'est ça.
06:04 Et il est parti ?
06:05 Oui, il est parti.
06:06 C'est pas facile à gérer.
06:07 Il a inauguré la suite, ça, ça a été fait.
06:10 Par contre, après, tout le reste du festival, ça, c'est pas fait.
06:13 Alors, il se trouve que travailler avec Johnny,
06:16 c'est presque travailler de 9h du matin à 1h du matin.
06:21 Oui, c'est une grosse amplitude horaire, oui, effectivement.
06:24 Parce que Johnny se lève parfois à midi, mais se couche très tard.
06:29 Oui, et puis, il y a des grosses amplitudes horaires
06:34 journalières et des grosses semaines.
06:36 Voilà, c'est-à-dire ?
06:38 C'est-à-dire que des fois, on peut faire 7-7, même 15-15.
06:41 C'est pas un problème ?
06:42 Oui.
06:43 Mais qu'est-ce qu'il fait dans la journée, Johnny ?
06:46 Il va toujours quelque part ?
06:50 Il avait...
06:51 En période, quand il y avait des préparations d'albums ou de tournées,
06:54 bon, mais là, il y avait forcément la partie musique qui est rentrée,
06:56 donc, dans le planning.
07:01 Sinon, après, c'était essentiellement des déjeuners.
07:05 Voilà, il allait faire des déjeuners, pas mal de courses,
07:07 il aimait bien faire du shopping, il avait bien s'habiller quand même.
07:10 Il avait quand même un côté un peu dandy, il aimait bien ça.
07:15 Et après, sinon, non, il aimait bien quand même rester chez lui, dans son bureau,
07:18 surtout après, depuis "Mars dans la coquette", en fait,
07:21 où il avait vraiment son bureau, sa télé, son ordinateur,
07:23 il aimait bien être tranquille quand même.
07:25 Mais concernant ce qu'on pense, c'est quelqu'un qui était assez solitaire parfois.
07:32 Oui, moi, je l'ai vu très souvent dans son bureau, bien tranquille.
07:36 Et franchement, là, il donnait l'impression d'être bien.
07:39 - Et le soir, il se couchait tard parce qu'il surfait sur Internet d'abord.
07:43 - C'est-à-dire que très souvent, il y avait quand même des dîners.
07:45 Et puis après, oui, beaucoup de télé aussi.
07:47 Beaucoup de télé, beaucoup d'ordinateur, mais beaucoup de télé.
07:50 C'était un gros, gros passionné.
07:51 Il avait une grosse collection de films en "Mars dans la coquette" dans sa salle de cinéma.
07:55 Et puis, oui, voilà, il avait tous les abonnements à toutes les chaînes qu'on peut avoir
07:59 pour avoir tous les films et, oui, beaucoup de films, beaucoup de télé.
08:03 - Mais surtout, le décor de la salle de cinéma était très particulier, Patrick Roussel.
08:07 - Ça me faisait penser à la dernière séance d'Eddie Mitchell.
08:10 La salle de cinéma était un peu à ce style-là.
08:13 - Eddie était son plus vieil ami, donc il s'en était inspiré.
08:16 Cette dernière séance, on a un peu oublié.
08:18 Au départ, Eddie Mitchell était fou de rage
08:21 parce qu'on ne voyait plus au cinéma les films qu'il aimait, les films américains.
08:25 Il demande l'autorisation de faire une soirée à Paris dans un cinéma avec ses films.
08:30 Il la présente à minuit et ça marche tellement que ça va devenir une émission pendant 18 ans.
08:35 - Oui, celle-là, l'histoire, je ne la connaissais pas.
08:37 - Et je crois qu'il avait un fournisseur pour ses DVD très particulier, Johnny.
08:43 - À une époque, il achetait beaucoup dans une boutique dans le 16e
08:48 puisque il s'est débrouillé pour avoir les CD en avance.
08:54 - Tout à fait, les DVD en avance.
08:55 - Voilà, et donc son truc, c'était ça, c'est à l'avoir avant tout le monde,
08:59 ce qui en fait était bien.
09:01 Mais pourquoi ? Parce que lui, il arrivait à voir les films aussi en version originale.
09:06 - Et il les regardait avec passion car sa vraie passion de Johnny, c'était le cinéma.
09:11 - Il adorait ça, oui, effectivement. Il adorait regarder les films et il aimait jouer aussi.
09:15 - Je crois même que l'argent n'avait pas d'importance quand il faisait du cinéma.
09:20 - Oui, je ne pense pas que ça a été sa priorité, effectivement, pour faire du cinéma.
09:24 C'était plus faire du cinéma.
09:27 Voilà, sinon, effectivement, c'était pas...
09:31 Je pense qu'il pouvait faire des efforts au niveau de son cachet pour pouvoir faire un film.
09:35 - Oui, ça le passionnait plus que tout.
09:37 Il y a même eu un jour à Berlin, une projection à laquelle vous vous êtes rendu avec lui,
09:41 c'était "Love me".
09:43 - Oui, oui.
09:45 Et j'ai été surpris parce que ce n'était pas prévu.
09:52 La projection a commencé, mais habituellement c'est pareil.
09:56 Donc, normalement, les comédiens passent sur la scène pour se présenter.
10:01 Et là, il m'a tapé sur la cuisse et il m'a fait signe qu'on partait.
10:04 Et on est parti.
10:05 - De Berlin, directement ?
10:06 - Oui, direct.
10:08 Voiture avec chauffeur, aéroport, jet et maison.
10:11 - Comment ça se fait ?
10:14 - Je vous posez pas de question.
10:16 - C'est quelqu'un qui ne parlait pas beaucoup au départ quand vous l'avez connu ?
10:19 - Non, non, non.
10:20 C'est quelqu'un qui est quand même assez réservé.
10:23 Honnêtement, c'était un timide.
10:24 - Oui.
10:25 - Voilà.
10:26 Timide et pudique en même temps.
10:28 Et voilà, ça, je le dis, en effet, c'était assez paradoxal d'être timide et faire des spectacles de la taille qu'il faisait.
10:35 Et quand on est timide et se retrouver devant 60 000 personnes,
10:39 ou voir à la Tour Eiffel beaucoup, beaucoup plus...
10:43 - Un million de personnes ?
10:44 - C'est paradoxal quand même.
10:46 - Mais c'était Johnny.
10:48 - Voilà, c'était lui.
10:49 - Eh bien, on va continuer à parler de lui justement à travers une autre date
10:52 qui sera portée à la Tour Eiffel le 12 juin 2000.
10:55 A tout de suite sur Sud Radio avec Patrick Roussel
10:58 pour parler de Johnny Hallyday qui aurait eu aujourd'hui 80 ans.
11:01 - Sud Radio, les clés d'une vie.
11:05 Mon invité Patrick Roussel,
11:07 auteur de "Tout le monde l'appelait Johnny" chez Mareuil Éditions.
11:11 Vous avez été le chauffeur et le garde du corps de Johnny.
11:14 Et je crois d'ailleurs que ça vous fait drôle d'aller dans les studios de Sud Radio
11:17 parce que d'habitude vous y alliez mais de l'autre côté du micro.
11:20 - C'est-à-dire qu'effectivement quand je suis arrivé devant le bâtiment,
11:23 je me rappelais avoir amené l'artiste à l'époque dans ces mêmes bâtiments.
11:27 Et aujourd'hui venir, pardon pour moi,
11:30 je trouve ça bizarre.
11:31 Enfin voilà, ça me fait une sensation étrange, je le cache pas.
11:34 - Alors vous avez donc connu Johnny,
11:35 vous lui liez un livre où vraiment vous racontez le vrai Johnny
11:38 qui aurait eu 80 ans aujourd'hui.
11:40 Et il y a une date que vous évoquez largement,
11:42 c'est le 12 juin 2000,
11:44 ce concert à la Tour Eiffel devant un million de personnes.
11:47 C'était extraordinaire.
11:48 - Oui, oui.
11:50 C'est très très impressionnant.
11:52 J'y repensais tout à l'heure en me disant en plus,
11:56 parce que je me rappelle très bien, il y a eu deux événements ce jour-là.
11:58 Il y en a un que je raconte dans le livre.
12:01 Mais il y a eu aussi l'arrivée derrière la scène.
12:04 On est monté derrière la scène,
12:06 il y avait un paravent pour cacher l'arrivée de l'artiste.
12:09 Et je ne sais pas, on a regardé chacun d'un côté du paravent pour voir la foule.
12:13 Et on est repassé derrière le paravent, on s'est regardé
12:16 et il m'a fait un signe de la tête pour en dire "Waouh".
12:19 Parce que oui, c'était "Waouh".
12:21 Il y avait... C'est impressionnant.
12:23 - Il y avait un million de personnes qui attendaient Johnny.
12:25 Ce qui effectivement est impressionnant.
12:26 Alors au départ, ce concert ne devait pas avoir lieu sur la Tour Eiffel,
12:30 au pied de la Tour Eiffel, mais aux Champs-Elysées.
12:32 Il rêvait de ça et puis ça ne s'est pas fait.
12:34 Il n'a pas eu l'autorisation, je crois.
12:36 - J'ai entendu parler de ça effectivement.
12:38 Après les détails, là je ne connais pas.
12:40 - Voilà, l'important c'est que ça ait eu lieu
12:42 et c'est l'époque où il chante notamment cet immense succès.
12:47 Je crois que "Gabriel" était une chanson incontournable.
12:59 Même s'il en avait assez, il était obligé de la chanter Johnny.
13:03 - Il y avait un vrai échange avec le public là.
13:04 Parce qu'en fait, le fait qu'au moment donné,
13:07 c'est que tout le public croise les bras et les lèvres,
13:10 enfin croise les poignets et les mains,
13:13 à l'air, c'était vraiment le show.
13:16 C'était vraiment bien. Il y avait un échange.
13:18 - Alors quelques semaines avant ce concert à la Tour Eiffel,
13:22 il vous demande quelque chose,
13:24 de lui trouver un véhicule utilitaire tout terrain qui s'appelle le Humair.
13:28 - Oui.
13:29 - C'est un truc américain ça.
13:31 - Oui, à la base, c'est un véhicule de l'armée américaine.
13:34 Il est à Los Angeles en répétition.
13:38 Il m'envoie un message d'abord, puis après, je crois qu'il m'appelle.
13:41 Il me dit "je voudrais ça".
13:45 Et il lui dit "mais" dans ma tête, je dis pas non, parce que je sais pas,
13:49 je dis rien.
13:52 Et la chance a voulu que, voilà, le hasard a fait que j'ai trouvé un concessionnaire
13:56 dans le 15ème.
13:57 J'ai regardé un magazine, je tombe sur un magazine,
13:59 je tourne, il y a un magazine qui fait la pub,
14:02 j'appelle, il en a un dispo.
14:04 C'est, voilà, la chance, l'étoile.
14:06 - Résultat, ce Humair, il l'a utilisé souvent pour ses concerts, Johnny.
14:09 - Oui, et notamment pour la Tour Eiffel, évidemment.
14:13 - D'ailleurs, à un moment, il y a eu un jour un problème avec ce Humair,
14:16 il y avait quand même beaucoup de monde devant lui, il l'a quand même remarqué.
14:19 Vous racontez dans le livre, il vous dit "mais qu'est-ce que vous avez fait avec ce Humair ?"
14:23 - Oui, c'est-à-dire que, justement, pendant le concert à la Tour Eiffel,
14:27 j'avais mis le véhicule derrière la scène pour être prêt à partir,
14:31 moteur allumé, portière fermée pour la clim,
14:36 et, toujours la clim,
14:37 et, sauf que, j'ignore pourquoi,
14:41 soit le feu d'artifice, les vibrations, ou le système électronique,
14:43 l'ouverture s'est verrouillée,
14:45 et on ne pouvait plus ouvrir.
14:47 Donc on a réussi à ouvrir avec des collègues, on s'est débrouillés.
14:50 À ce moment-là, lui, il était dans sa loge rapide et derrière, il se changeait.
14:55 Mais, quand il est monté dans la voiture après le spectacle, il m'a dit
14:58 "qu'est-ce qui s'est passé avec ma voiture ?"
14:59 Et là, je me suis dit "mais, il chante devant un million de personnes,
15:03 et son souci, c'est qu'est-ce qui s'est passé avec la voiture ?"
15:06 Et je sais pas, il est pas normal.
15:09 - C'était imperfectioniste.
15:10 Je me suis demandé pourquoi il avait voulu un Humair,
15:13 et je crois que j'ai trouvé parce qu'en fait, il était un fan de la série "Les Experts Miami",
15:18 et il y avait un Humair dedans.
15:19 - Ah, ça c'est pour... Je sais pas, ça...
15:21 Par contre, alors, je me rappelle pas à l'époque pourquoi, mais...
15:24 Comme il allait régulièrement à Los Angeles pour les répétitions,
15:27 là-bas, il y en avait quand même.
15:29 Donc...
15:30 - Alors, le perfectionniste, justement,
15:32 moi je me souviens très bien d'un jour,
15:34 il y a des années, je l'ai reçu dans une émission de radio,
15:37 il est arrivé, il avait son Walkman, il répétait sa chanson.
15:40 Car chaque fois qu'il y avait une séance, et ça a continué,
15:43 Patrick Roussel, il se faisait faire un CD à la fin de chaque séance.
15:46 - Ouais.
15:47 Et il partait avec son CD, qui commençait tout de suite...
15:53 Il m'a demandé de le mettre dans la voiture,
15:54 on l'écoutait dans la voiture, on rentrait à la maison,
15:57 souvent très fort.
15:59 Et ensuite, après, quand on est arrivé à Martin Coquette,
16:02 là, il le remettait en boucle, il écoutait, tout ça.
16:05 Comme ça, le lendemain, quand il revenait au studio
16:08 pour faire une nouvelle chanson,
16:10 il savait s'il y avait des petites...
16:14 des petites choses à pouvoir ajouter ou à modifier sur la chanson enregistrée la veille.
16:19 - C'est incroyable, ce perfectionnisme.
16:21 - Oui.
16:22 En même temps, je crois que pour faire une carrière comme la sienne, il faut l'être.
16:25 - Voilà. Alors, il écoutait aussi ses anciennes chansons,
16:28 en voiture, et il voyait des images de son look et ça le faisait rire.
16:33 - Oui.
16:34 Et il disait même qu'il chantait mieux maintenant qu'à l'époque.
16:36 - Oui.
16:38 - Moi, je ne me permettais pas de commentaire.
16:40 - Voilà, mais en même temps, il faisait peu de confidence,
16:43 mais quand il disait ça, il se moquait un peu de lui-même.
16:45 - C'était un petit peu d'autodérision, mais ça, il savait faire.
16:47 - Ça, oui, il adorait. - Oui, oui.
16:49 - Alors, il ne chantait jamais le matin, Johnny ?
16:52 - Très peu. Très peu, non. C'était... Non.
16:55 Il n'était pas du matin, toi.
16:56 - Non, mais le soir, ça finissait très tard,
16:58 et surtout sur scène, et vous le racontez,
17:00 notamment à partir d'un exemple au Liban, Patrick Roussel,
17:03 Johnny tenait à être le plus près possible de son public.
17:06 - Oui.
17:07 Oui, il a...
17:10 Oui, je...
17:11 Il aimait bien avoir le public là, devant la scène,
17:14 pour pouvoir communiquer, pour pouvoir échanger,
17:16 parce qu'en fait, voilà, lui, sur la scène,
17:18 c'était échanger avec le public, c'est ce qui est normal.
17:21 Et effectivement, au Liban,
17:24 les militaires qui s'occupaient de la sécurité de l'endroit
17:26 ne voulaient pas que le public avance devant,
17:28 il y avait une fosse qui était vide.
17:30 Et là, il y a eu...
17:32 Donc, M. Camus, qui était le producteur à l'époque,
17:34 le tourneur à l'époque,
17:38 a fait le forcing pour faire avancer le public
17:40 avec les militaires,
17:41 et la situation a été extrêmement tendue,
17:44 vraiment tendue,
17:45 jusqu'à ce qu'effectivement, comme je le dis dans le livre,
17:48 il y ait une dame, j'ignore toujours,
17:50 et j'ignorerai toujours qui c'était cette dame
17:52 qui a lavé la main pour dire "OK",
17:54 et le militaire s'est reculé et tout s'est arrangé.
17:57 Sinon, là, ça.
17:59 Voilà, sinon je pense qu'on allait goûter avec M. Camus
18:02 à la prison au Liban et ça allait pas être sympa, quoi.
18:04 - C'était pas terrible.
18:06 Alors, il y a eu aussi une scène mémorable
18:08 dont vous avez été le témoin, Patrick Roussel,
18:10 à Saint-Etienne, il est rentré en scène en disant
18:12 "Bonsoir Clermont-Ferrand".
18:13 - Oui.
18:14 Oui, mais alors, honnêtement,
18:18 honnêtement, c'est tout à fait pardonnable
18:21 et c'est tout à fait explicable.
18:24 Même moi, au bout d'un moment, quand on fait une tournée,
18:29 des fois, le matin,
18:30 je voyais le roadbook ou je regardais sur mon calendrier
18:33 où est-ce qu'on allait le lendemain,
18:34 parce qu'à force, on sait plus.
18:36 Donc, c'était...
18:39 - C'est... Alors, en plus, il ne pouvait pas vivre sans la scène.
18:42 On a annoncé en 2009 sa dernière tournée,
18:45 c'était un coup marketing entre nous.
18:48 - Ou est-ce que peut-être il a eu un coup de, à ce moment-là,
18:51 de fatigue et dire "J'en ai assez chanté,
18:53 j'en ai assez, je vais faire différemment, peut-être".
18:56 Je pense que l'envie de faire différemment,
18:59 il avait dû l'avoir,
19:01 mais c'est reparti de plus belle après.
19:03 - Bien sûr. Et même à la fin de sa vie,
19:05 il s'économisait par des solos de ses musiciens en plus.
19:07 - Oui, ça, c'est ce qu'on avait remarqué, en fait.
19:10 Pour s'économiser lui-même, en fait,
19:12 il faisait participer davantage des musiciens, en fait.
19:14 Il leur laissait un peu plus de solos,
19:16 un peu plus de...
19:18 Mais il avait quand même une faculté de récupération
19:20 quand même assez hors norme. Voilà.
19:22 - Il y avait une chose particulière que vous avez appris
19:24 en travaillant avec Johnny, Patrick Roussel,
19:26 c'est conduire très vite.
19:28 - Oui.
19:30 - Les limites de vitesse, c'était pas son truc.
19:32 - Non. Non, non.
19:35 Non, non, ici, il fallait...
19:38 Il fallait du point A au point B,
19:40 il fallait le faire le plus rapidement possible.
19:42 Et surtout,
19:44 c'était de ne pas être pris dans les bouchons.
19:45 Aujourd'hui, je sais pas, ça serait compliqué.
19:47 - Oui, exactement.
19:48 - Mais voilà, il fallait que ça roule.
19:50 Même si toutefois, on roulait pas vite,
19:52 mais au moins rouler.
19:53 Voilà, pas rester à l'arrêt, dans les bouchons et tout ça.
19:56 Mais après, oui, dès qu'on prenait la route,
19:57 il fallait rouler.
19:58 - D'ailleurs, lui, il revenait en avion privé,
20:01 il fallait arriver avant lui en voiture.
20:02 - Ouais, ça, c'était le début.
20:04 Mais quand il y a...
20:05 C'était pas trop un souci
20:06 s'il me laissait le temps
20:09 nécessaire et légal
20:11 de faire la distance, il y avait pas de souci.
20:13 Sauf que des fois,
20:15 il s'amusait à retenir un petit peu
20:17 et moi, je partais...
20:18 J'étais à la limite, quoi.
20:20 - Il a été votre chauffeur pendant 10 jours aussi,
20:21 Johnny ? - Oui.
20:23 - Qu'est-ce qui s'est passé ?
20:24 - Oui, ça, c'est quand même la classe ou pas ?
20:25 - Oui.
20:27 - Et ouais, mais...
20:29 Toujours pareil, en roulant un petit peu trop vite
20:30 sur le périphérique,
20:31 je me suis fait lever le permis.
20:33 - Oui.
20:33 - Et donc, du coup, pendant 10 jours
20:35 de retrait que j'ai eu,
20:37 c'est lui qui m'a conduit.
20:38 - Sauf pour les créneaux ?
20:39 - Oui, non, c'est pas son truc.
20:40 - Ça, c'est étonnant, il savait pas faire des créneaux,
20:42 Johnny ?
20:42 - Non, je crois qu'il avait surtout pas envie.
20:44 - Ah bon ?
20:45 - De faire des manœuvres et tout ça,
20:47 c'est pas son truc.
20:49 - Il était très tranquille comme ça,
20:51 en conduisant très vite,
20:52 avec des Ferrari qu'il amusait un temps.
20:56 - Oui, oui, c'était...
20:58 Oui, il adorait les voitures,
21:00 il adorait acheter des voitures,
21:02 et effectivement, comme la Ferrari,
21:04 on en roulait un petit peu avec.
21:08 Et puis après, elle bougeait plus, voilà.
21:11 Et après, elle bougeait plus.
21:12 Voilà, jusqu'à ce qu'elle soit revendue.
21:14 Et c'était...
21:15 Ouais, pourtant, c'était...
21:16 Je sais pas, ça fait bizarre de dire ça,
21:19 mais oui, la voiture était garée là,
21:20 et j'étais moi obligé de la prendre,
21:22 comme je dis, pour la faire rouler,
21:25 pour qu'elle puisse rouler un petit peu,
21:27 pour débloquer les freins.
21:27 J'allais acheter le pain,
21:29 j'allais, voilà, avec la Ferrari.
21:31 Ça aussi, encore, c'est quand même spécial.
21:34 - C'était Johnny, dont on va continuer à parler
21:37 à travers une autre date
21:38 qui aurait pu être tragique,
21:39 le 14 décembre 2009.
21:41 A tout de suite sur Sud Radio,
21:42 avec Patrick Roussel.
21:43 - Sud Radio, les clés d'une vie.
21:45 Jacques Pessis.
21:46 - Sud Radio, les clés d'une vie.
21:48 Mon invité Patrick Roussel,
21:50 chauffeur et garde du corps de Johnny
21:52 pendant 16 ans.
21:53 Et aujourd'hui, Johnny aurait eu
21:55 20 ans et 4 fois plus tôt qu'une.
21:56 Et vous le racontez à votre façon
21:58 dans "Tout le monde l'appelait Johnny"
22:00 chez Mareuil Editions.
22:02 Et vous évoquez notamment une date importante,
22:04 le 14 décembre 2009,
22:06 où ce jour-là,
22:07 vous avez vécu un miracle
22:09 à l'hôpital de Los Angeles.
22:11 C'est-à-dire qu'il est sorti du coma
22:13 artificiel.
22:14 - Ouais, ouais, ouais.
22:16 Je ne me rappelle plus exactement
22:18 combien de jours il est resté.
22:19 Je crois que c'est 9 jours dans le coma.
22:20 Quelque chose comme ça.
22:21 Mais pour ça, je ne suis plus sûr.
22:24 Mais effectivement, quand il est sorti,
22:25 ça a été...
22:26 C'était un miracle.
22:29 Franchement, c'était génial.
22:31 - Il est sorti comme ça.
22:33 Il s'est réveillé à un moment.
22:34 - Non, c'est-à-dire que ce sont les médecins
22:36 qui, petit à petit, l'ont fait sortir,
22:38 l'ont fait revenir parce que donc,
22:39 ses fonctions étaient à nouveau
22:41 stables.
22:45 Alors, ça a été génial parce que
22:47 donc, il revenait et il pouvait
22:48 à nouveau communiquer.
22:50 Mais a commencé une partie,
22:54 quelques jours, un peu compliqués
22:55 parce que
22:56 on ne met pas Johnny à l'idée,
22:59 même dans un état très faible,
23:00 dans un lit coincé.
23:01 Non, ça, il ne pouvait pas.
23:05 Et ça a été un peu compliqué de le
23:06 faire rester dans ce lit-là, là.
23:08 Surtout en réanimation.
23:10 Après, quand on a changé, c'était
23:11 un peu plus soft.
23:13 - Il se levait la nuit, il voulait
23:14 sortir. - Il essayait, ouais.
23:15 - Et qu'est-ce que vous faisiez dans
23:17 ces cas-là ? - Je l'interdisais.
23:18 - C'était pas facile, quand même.
23:20 - Non, non, non.
23:21 Mais un jour, il m'a dit très
23:22 clairement, c'est qui votre patron ?
23:24 C'est le docteur ou moi ?
23:25 J'ai dit, c'est vous, mais vous n'allez
23:27 pas sortir.
23:28 - Et vous avez goûté ?
23:29 - Oui.
23:31 - Non, mais en plus, il détestait ça.
23:34 Il y avait une télévision toute
23:35 petite, ça ne l'intéressait pas.
23:36 - Ça, c'est...
23:38 Ah bah oui, lui, qui en plus, était
23:39 un fou de
23:40 grands écrans. Il avait des écrans
23:42 partout géants dans ses maisons.
23:44 Et là, on se retrouve
23:45 où il y a un écran, un écran
23:47 d'ordinateur, comme télé, presque.
23:48 Et non, mais bon.
23:51 - Alors, il y a aussi une chose, on a
23:54 raconté, c'est une légende à laquelle
23:56 vous mettez un terme, Patrick Roussel,
23:58 qu'il avait chanté "Love me tender"
24:00 en se réveillant.
24:01 - Moi, la première chanson que j'ai
24:04 entendue chanter, effectivement, il
24:06 me l'a chantée, comme ça, en face.
24:08 J'étais penché au-dessus de lui,
24:09 dans son lit.
24:10 J'étais penché au-dessus de lui et
24:12 il m'a chanté "Il pleut, il pleut".
24:13 Et moi, rigolant, je lui réponds
24:15 de moi, je préfère le soleil brille,
24:17 brille, brille.
24:18 Parce que je n'aime pas la pluie.
24:19 Et voilà, on a souri comme
24:22 ça, parce qu'encore, il rigolait pas
24:23 à gorge déployée à ce moment-là.
24:25 C'était juste, en fait, il avait
24:27 besoin de se rassurer sur sa voix.
24:29 - Mais "Il pleut, il pleut", c'est quand
24:31 même étonnant comme chanson.
24:32 - Pourquoi? Pourquoi?
24:34 Je n'en sais rien. Je ne sais pas.
24:35 Toujours pareil, je n'ai jamais posé
24:38 de questions.
24:39 - Alors, il faut savoir que Johnny a
24:40 quand même eu une santé de fer
24:41 parce que vous l'avez vu fumer jusqu'à
24:43 trois paquets de gitanes par jour sans
24:45 filtre.
24:46 - Oui, beaucoup.
24:47 Énormément.
24:48 Je ne sais pas comment on peut faire
24:50 ça.
24:51 Et je l'ai vu, quelques fois,
24:54 allumer une cigarette avec l'autre.
24:55 - Oui, mais c'est hallucinant,
24:56 surtout dans les endroits interdits.
24:58 - Oui.
24:59 - Vous avez vécu quelques moments
25:00 difficiles aux Etats-Unis?
25:01 - Oui.
25:04 Surtout que là-bas, oui, alors ça,
25:06 c'était pendant la route 66.
25:08 Quand on a fait ça, c'était
25:12 quasiment le premier jour.
25:13 Donc, on était avec le groupe d'amis
25:16 qui faisait la route 66 avec
25:18 lui et il a fumé, il a allumé
25:20 une première cigarette.
25:21 Le serveur est venu l'arrêter.
25:23 Une deuxième, le serveur est revenu
25:25 l'arrêter.
25:26 Et à la troisième, là, j'ai vu qu'il
25:27 appelait son manager et j'ai dit
25:29 là, on va avoir un souci.
25:30 Sauf que personne n'osait lui dire
25:33 il faut arrêter.
25:35 Donc, à un moment donné, j'étais là
25:36 pour ça, pour éviter les soucis.
25:37 Et donc, j'ai dû aller lui dire.
25:40 Mais il faut savoir qu'à chaque
25:43 fois que je faisais,
25:44 que je me déplaçais comme ça,
25:46 que j'allais lui dire, que j'allais
25:48 moi lui interdire de faire quelque
25:49 chose. Je m'attendais à la foudre
25:50 quand même, parce que c'était Johnny
25:52 à l'idée, c'était mon boss et
25:54 et puis il m'a dit, OK, on s'en va.
25:56 Super, super, on s'en va.
25:59 - Il y a eu aussi un autre incident
26:01 dans les coulisses de Star Academy
26:03 face à Chris Brown, je crois.
26:05 - Oui, oui, là, ça a été, oui.
26:07 Oui, oui, mais il a été
26:11 il a été seigneur, à ce jour là.
26:12 - C'est à dire qu'il s'est mis à fumer
26:14 alors que c'était interdit.
26:15 - À l'époque, on pouvait fumer.
26:16 Sauf que Chris Brown, lui, ne
26:18 supportait pas la fumée.
26:19 - D'accord.
26:20 - Voilà, donc.
26:21 Et donc, le garde du corps,
26:24 qui était une montagne, il a voulu
26:25 prendre la main pour
26:27 l'interdire de fumer, parce que
26:30 Chris Brown se trouvait là.
26:31 Donc, moi, j'ai bloqué, j'ai bloqué
26:34 ce garçon.
26:35 Il s'est tourné et m'a dit, qu'est-ce
26:37 qu'il veut ?
26:38 Donc, je l'ai dit, il veut que vous
26:40 arrêtez de fumer. Moi, j'aimerais
26:41 que vous continuiez, parce qu'en
26:42 fait, il voulait faire leur loi et
26:43 ça, ça me dérangeait, en fait.
26:44 C'est perso, par contre.
26:46 Et il a été seigneur avec moi, en
26:48 fait, parce qu'en fait, il a
26:48 continué à fumer sa cigarette.
26:50 Et ensuite, il s'est tourné vers
26:52 Chris Brown et il lui a dit,
26:53 j'arrête pour toi, mais pas pour
26:55 eux, parce qu'ils étaient deux.
26:56 Voilà, mon binôme,
26:58 à l'époque, Jimmy Réfense,
26:59 et lui, il s'était mis en face
27:02 d'un, moi en face de l'autre.
27:03 Et on a dit, ça va être chaud.
27:05 Et puis, ça s'est arrêté là.
27:06 Mais il avait été seigneur,
27:07 franchement.
27:08 Moi, je me souviens de Francis
27:09 Blanche qui, un jour, fumait sa
27:10 pipe dans les coulisses d'un
27:11 théâtre. C'était interdit.
27:12 L'omblie de service tente de
27:14 l'arrêter.
27:15 Et Francis Blanche lui dit, en le
27:16 regardant droit dans les yeux,
27:17 si vous n'aimez pas la fumée,
27:19 il faut changer de métier, mon
27:20 vieux.
27:21 C'était assez drôle.
27:22 Alors, il y a eu aussi l'alcool.
27:25 On a raconté beaucoup de choses
27:26 sur l'alcool, on ne va pas y
27:27 revenir. Mais surtout, il a
27:28 essayé d'arrêter l'alcool et
27:30 vous l'avez aidé parce que vous
27:32 avez voulu remplacer le vin blanc
27:33 par le bourgogne, Patrick
27:34 Roussel.
27:35 Le vin blanc par le vin rouge, en
27:37 général, et des bons crus.
27:40 Parce que ça se boit différemment,
27:43 en fait.
27:44 Et c'était pendant une tournée,
27:45 en fait.
27:46 Et donc, pendant pas mal de temps,
27:50 il a fait ça et c'était vraiment
27:52 très agréable pour lui et même
27:54 pour nous.
27:55 Du coup, parce qu'on
27:57 finissait les soirées beaucoup
27:58 plus calmement.
27:59 C'était vraiment bien.
28:00 C'était...
28:02 Voilà, je pense qu'il y avait que
28:03 le trésorier de la tournée
28:05 qu'il devait moins apprécier
28:06 parce que ça coûtait beaucoup plus
28:07 cher. Mais bon, après...
28:08 Mais par contre, il a fait ça
28:10 pendant quelques temps et c'est
28:11 vrai que c'était beaucoup plus
28:13 soft, les soirées.
28:14 Et effectivement, il a
28:15 recommencé à avoir ses défauts.
28:17 C'est vrai que moi, certains
28:18 soirs, effectivement, à table, je
28:19 l'ai vu assez fatigué.
28:21 Mais ce qui est étonnant, c'est
28:22 que certains disaient alors du mal
28:24 de lui, mais il n'oubliait pas
28:25 malgré sa fatigue.
28:27 Même s'il pouvait être un peu
28:31 fatigué, il a
28:32 entendu, il voyait tout et il
28:34 s'en rappelait le lendemain,
28:35 contrairement à ce que certains
28:36 pouvaient penser.
28:38 Parce qu'il y avait une cour et moi,
28:39 j'ai connu une époque, notamment
28:40 à Lysée-Matinon, où un jeune
28:42 journaliste, je le retrouvais.
28:43 Alors, on discutait et je voyais
28:44 une cour autour de lui et je
28:46 crois qu'il avait trouvé un truc à
28:47 la fin.
28:48 Je crois que c'était avec vous.
28:49 Il partait avant la fin du dîner
28:51 pour ne pas avoir réglé la note.
28:53 Non, alors ça, il l'a fait.
28:55 Je me permets de porter une
28:57 petite correction.
28:58 Il l'a fait pendant la route 66.
29:01 Voilà.
29:02 Donc, il y avait
29:03 un participant qui avait l'habitude
29:07 de...
29:08 d'oublier sa carte.
29:11 Enfin, voilà.
29:12 Mon moyen de paiement, c'est quand
29:13 même très, très, très bête.
29:14 Et donc, du coup, un jour,
29:17 ça a été l'instigateur du petit
29:19 truc, du petit stratagème.
29:21 Tout le monde s'est levé de table
29:23 en laissant ce monsieur
29:25 assis, soi-disant sous prétexte
29:28 d'aller fumer dehors.
29:29 Ils ne sont jamais rentrés.
29:31 Quand l'addition est arrivée, il a
29:32 bien fallu qu'il la règle.
29:34 Il y avait les moments où il se
29:36 retrouvait des forces, notamment à
29:37 Quiberon, je crois.
29:38 Il partait faire des cures à
29:39 Quiberon. Et là, c'était des
29:41 moments tout à fait soft, Patrick
29:43 Roussel.
29:44 Alors, à Quiberon, moi, j'y suis
29:45 allé une fois avec lui.
29:46 Et là, il se remettait au verre
29:48 très souvent.
29:49 Dans tous les cas, c'était pour
29:51 préparer les tournées, pour se
29:52 remettre bien, bien, bien.
29:53 Et c'est vrai qu'il revenait de
29:56 Quiberon, il était changé.
29:57 Et à Quiberon, il ne faut pas
29:59 oublier que c'est Louison Bobet qui
30:00 avait été soigné après un
30:02 accident qui a découvert la
30:04 thalasso à Roscoff.
30:06 Et il a dit on va faire la même
30:07 chose en France. Il a fait
30:08 Quiberon. Il a inventé la thalasso
30:10 moderne, Louison Bobet, tout en
30:12 étant un grand champion de
30:13 cyclisme.
30:14 Alors, il y avait De Pardieu
30:16 à Quiberon, qu'il le croisait
30:17 d'ailleurs. Et De Pardieu, vous
30:19 avez un souvenir très particulier
30:20 qui a créé un embouteillage un
30:22 jour près de Roland-Garros.
30:23 Pas sur Bruxelles.
30:24 C'est ça. En fait, ils ont
30:25 bloqué, enfin on a bloqué
30:28 la porte d'Auteuil.
30:29 Et comment ça s'est passé ?
30:30 Nous, on avait le deuxième meurtre
30:32 à ce moment-là.
30:33 Gérard De Pardieu était en moto,
30:35 comme très souvent à l'époque.
30:36 Mais ils se sont vus,
30:39 se sont reconnus parce que nous,
30:40 avec le meurtre, c'était assez
30:42 reconnaissable.
30:43 Et bien, il m'a dit arrêtez-vous.
30:45 OK, je me suis arrêté.
30:47 Au milieu de l'avenue ?
30:48 Au milieu du carrefour,
30:49 porte d'Auteuil.
30:50 Gérard De Pardieu a mis la
30:53 béquille à sa moto, il est
30:54 descendu, il a retiré son casque.
30:55 Ils ont discuté trois, quatre ou
30:56 cinq minutes, je ne sais pas.
30:58 Le temps a paru long parce que
30:59 quand tout est bloqué autour, ça
31:00 fait quand même long.
31:01 Et personne n'a rien dit.
31:03 Bizarrement.
31:05 Ils ont reconnu Johnny et De Pardieu.
31:06 Johnny et De Pardieu qui parlent au
31:07 milieu, ça fait quand même...
31:08 Et personne n'a rien dit.
31:10 Si on essaye de le faire là, je
31:11 pense qu'on va avoir des soucis.
31:12 Il y a aussi une chanson qui a
31:15 compté dans la vie de Johnny.
31:17 Et cette chanson, justement, est
31:19 liée au séjour que vous avez fait
31:20 à Quiberon. Patrick Roussel.
31:21 On a tous quelque chose
31:24 en nous de Tennessee.
31:27 Cette volonté de prolonger
31:30 la nuit.
31:31 Il faut savoir que cette chanson de
31:32 Johnny, mais Johnny ne sait pas
31:33 qui est Tennessee Williams.
31:34 Pas du tout.
31:35 Quand Michel Berger lui a proposé
31:36 la chanson, il était en train de
31:38 lire "La chatte sur un toit
31:39 brûlant" de Tennessee Williams.
31:40 Il était beaucoup plus cultivé
31:42 qu'on l'imagine.
31:43 Carrément, oui, bien sûr.
31:44 Bien sûr.
31:45 Mais on l'a fait passer pour ceux
31:46 qui n'étaient pas trop souvent.
31:47 Et vous avez vu cette chanson
31:49 vraiment à Quiberon.
31:50 C'est un grand souvenir.
31:51 Un moment magique.
31:53 Voilà, lui seul à la carpella
31:55 avec sa guitare face à l'océan.
31:57 Sur les rochers.
31:58 Franchement, là, il n'y avait
32:00 pas un bruit.
32:01 Un bruit, rien.
32:03 On l'a refait. C'était juste pour
32:05 le plaisir. Il l'a fait refaire le
32:07 réalisateur. Vraiment.
32:08 Parce que c'était bon au premier
32:09 coup.
32:10 Alors, il y a quand même une
32:12 chanson qu'il n'a pas beaucoup
32:13 chanté sur scène, c'est Laura.
32:14 Laura, c'était la chanson, elle
32:17 l'adorait, mais là, ce n'était pas
32:19 une chanson à chanter, surtout
32:20 quand Laetitia était dans le
32:21 quartier.
32:22 Je ne l'ai jamais entendu la
32:24 chanter.
32:24 Voilà, d'accord.
32:26 Parce que, parce que, parce que
32:28 Laetitia, il l'a vue en secret.
32:29 Laura, oui, effectivement, oui.
32:32 Elle l'aura, je veux dire.
32:34 Laura, oui, effectivement, il l'a
32:36 vue. Oui, il l'a vue en cachette au
32:37 début.
32:38 Après, après, non.
32:39 Mais au début, quand j'ai commencé
32:41 pendant, je ne sais pas combien de
32:43 temps, mais oui, effectivement, il
32:44 ne la voyait qu'en cachette.
32:45 Parce que Laetitia ne voulait pas
32:46 la voir.
32:47 Bizarrement.
32:48 La raison exacte, je ne sais pas.
32:51 Je sais toujours qu'il la voyait en
32:52 cachette et qu'il ne fallait pas
32:53 la voir.
32:54 Il la voyait en cachette et qu'il
32:55 ne fallait pas que Laetitia le
32:56 sache.
32:57 En revanche, il est allé avec
33:00 Laetitia.
33:01 Il a été présent et c'était vraiment
33:03 un moment émouvant.
33:04 Lorsque Joy, la première fille,
33:06 a été adoptée, il était à l'orphelinat,
33:08 Johnny.
33:09 La première, c'était Jade.
33:11 Jade, oui.
33:12 La deuxième, Joy.
33:13 Oui, oui, bien sûr.
33:14 Alors, en plus, Jade, c'était, oui,
33:16 un orphelinat.
33:17 Si on peut appeler ça, vraiment,
33:19 un orphelinat.
33:20 C'était une maison où il y avait
33:22 des enfants dedans et avec des
33:23 compagnons.
33:24 Mais c'était, oui, c'était
33:26 vraiment, vraiment super émouvant.
33:28 Et à la fin de sa vie, il avait une
33:30 obsession de Johnny.
33:31 Il voulait que Joy et Jade
33:32 ne manquent de rien.
33:36 Oui, ça, il me l'a dit plusieurs
33:37 fois. Voilà. Il voulait les mettre à
33:38 l'abri financièrement.
33:39 C'est clair.
33:41 Qu'ils n'aient pas de problème dans
33:43 leur vie.
33:44 C'est vraiment un rôle de
33:46 papa adoptif gâteau ?
33:47 Oui, oui, oui, carrément,
33:53 bien sûr.
33:54 Je ne dirais pas adoptif, je dirais
33:55 papa, tout simplement.
33:56 Exactement.
33:57 Alors, on va évoquer d'autres
33:59 choses dans ce livre à travers sa
34:00 date de sortie, qui est aujourd'hui
34:02 le 15 juin 2023.
34:04 A tout de suite sur Sud Radio avec
34:05 Patrick Roussel.
34:06 Sud Radio, les clés d'une vie.
34:09 Jacques Pessis.
34:10 Sud Radio, les clés d'une vie.
34:11 Mon invité Patrick Roussel, 15
34:13 juin 2023, sorti de ce livre
34:15 le jour des 80 ans de Johnny.
34:17 Il aurait eu quatre fois 20 ans
34:19 aujourd'hui.
34:20 Tout le monde l'appelait Johnny
34:22 chez Mareuil Éditions, sauf que vous,
34:23 vous n'aviez pas Johnny mais patron.
34:25 Oui.
34:26 C'est venu naturellement
34:30 comme ça.
34:31 Donc, dans tous les cas, quand on
34:33 commence avec quelqu'un, on ne va
34:34 pas l'appeler par son prénom tout
34:36 de suite. Ça, j'ai jamais vu ça.
34:38 L'appeler Johnny Halidé, je ne sais
34:40 pas, ça ne m'est pas venu.
34:41 Monsieur Halidé, ça faisait trop
34:44 consensuel.
34:45 Patron, c'est venu patron
34:48 naturellement.
34:49 Et lui, ça lui a convenu puisqu'il
34:51 n'a jamais rien dit.
34:52 Il se trouve que pendant des années,
34:54 on vous a sollicité pour faire des
34:55 livres et là, vous avez pris la
34:57 décision d'écrire parce qu'il y a
34:58 trop de bêtises qui ont été écrites
35:00 par des gens qui, soi-disant, étaient
35:02 des proches de Johnny.
35:03 Il y a déjà, oui, alors j'ai
35:06 entendu après sa mort,
35:09 beaucoup de choses.
35:10 J'ai vu beaucoup de gens
35:11 parler, raconter des histoires,
35:14 parfois vraies, parfois fausses,
35:16 parfois...
35:21 Pour se faire valoir, pour...
35:22 Et j'ai dit, et là,
35:25 j'ai dit mais non, je vais juste
35:27 moi en parler. J'ai bien entendu
35:29 parler des gens que j'ai jamais vus
35:30 ou très peu.
35:32 Ils ont peut-être vu trois fois.
35:34 Et en fait, ils étaient des amis de
35:36 toujours.
35:37 Oui, bien sûr.
35:38 Donc, du coup, j'ai dit
35:40 non, moi, je vais raconter
35:43 ce que j'ai vécu.
35:44 Rien de plus, rien de moins, juste
35:47 la vérité.
35:48 Ce que j'ai vu, entendu et
35:50 constaté.
35:51 Je crois qu'il y a plus d'une
35:53 centaine de livres sur Johnny.
35:54 Et effectivement, je crois que le
35:56 vôtre, avec un autre qui l'avait
35:57 fait lui-même, est le plus proche
35:59 de la vérité.
36:00 Au moins la mienne.
36:01 Exactement. Alors, il se trouve
36:03 aussi que les amis, vos amis, il y
36:05 en avait beaucoup, des vrais amis,
36:06 vous dites qu'il y en a eu trois dans
36:07 sa vie.
36:08 Toujours pareil, de la période
36:12 que j'ai vécu.
36:13 Voilà.
36:15 Oui, moi, effectivement,
36:16 j'ai pu constater une vraie,
36:19 vraie, vraie amitié avec Eddie
36:20 Mitchell. Voilà.
36:21 Très, très proche.
36:22 Jean Reno, très proche.
36:24 Voilà. Je pense que vraiment, c'était
36:26 quelqu'un qui l'aimait profondément.
36:28 Claude Bouillon, qui est décédé
36:30 récemment, voilà, qui était son
36:32 ami avec lequel il avait créé le
36:33 Rue Balzac, le restaurant le Rue
36:34 Balzac.
36:35 Et voilà, c'était des gens
36:37 qui étaient là, qui ne demandaient
36:39 rien.
36:40 Mais à tel point que le Balzac, qui
36:43 a été un restaurant mythique
36:45 pour Johnny et pour ceux qui
36:47 l'aimaient, en fait, c'est un
36:49 restaurant qui a gagné de l'argent.
36:50 C'est très rare chez les stars.
36:51 Et ça s'est très bien passé.
36:53 C'était juste en quartier général.
36:54 Oui. Ah oui.
36:55 C'est là qu'il faisait ses
36:57 rendez-vous, ses déjeuners
36:58 professionnels.
36:59 C'est là qu'il faisait des fêtes
37:02 pour remercier
37:04 un fin de tournage de clip
37:06 publicitaire où au retour
37:09 du Dakar, il a organisé une fête
37:11 pour toute l'équipe du team de
37:12 soude.
37:13 Voilà, c'était son truc.
37:15 Voilà.
37:16 Le Dakar, moi, à l'époque,
37:18 j'étais, je suis toujours au Figaro
37:20 et on m'avait dit mais Johnny est
37:21 très mal sur le Dakar parce que
37:23 Laetitia s'en va.
37:24 Et en lisant votre livre, j'ai
37:25 compris qu'il y avait quand même
37:26 eu de l'eau dans le gaz.
37:28 Il y avait eu un petit souci.
37:29 Il avait eu une aventure, quoi.
37:31 Et ouais, il semblerait que
37:34 oui, oui, oui, oui, oui, oui.
37:35 Voilà. Et surtout, c'est que
37:37 Laetitia l'a appris.
37:37 Voilà. Donc, pendant le Dakar,
37:39 alors qu'il devait conduire, être
37:41 copilote de René Mèges, il a
37:43 passé son temps à envoyer des
37:44 SMS.
37:44 Non, non, non, il a conduit.
37:45 Il a conduit tout le temps, mais
37:48 dès que pouvait, voilà, il
37:49 essayait de récupérer un peu l'affaire.
37:51 Ça a été un peu compliqué.
37:53 Et là, M.
37:54 Camus a joué une part
37:56 importante, je crois, pour pour
37:58 recoller tous ces petits morceaux.
37:59 Et puis, ça s'est très bien
38:01 arrangé par la suite.
38:02 Et puis, voilà.
38:03 Moi, j'ai toujours été persuadé
38:04 que Johnny ne pouvait pas vivre seul.
38:06 Il fallait une femme et Laetitia
38:08 a été celle qui l'a conduit jusqu'au
38:10 bout.
38:11 Oui, parce qu'elle lui a apporté,
38:13 je pense, ce qui...
38:14 Lui, tout le moyen, il voulait
38:17 s'occuper de...
38:18 Lui, il voulait chanter, faire son
38:20 métier et après,
38:22 s'occuper de rien et pas avoir d'histoire.
38:24 Mais surtout, il était très modeste
38:26 sur sa carrière alors qu'il a fait
38:27 une carrière exceptionnelle.
38:28 Oui, il était très humble.
38:30 C'est-à-dire ?
38:31 Je ne sais pas quand...
38:32 Jamais je ne l'ai entendu dire "je
38:33 suis le meilleur chanteur".
38:34 Non, mais non, je pense que c'était
38:37 pas possible.
38:37 Bon, non, jamais il aurait dit ça.
38:38 Il avait une seule fierté, c'était
38:41 l'immobilier de Johnny.
38:42 Oui, il aimait bien acheter des
38:44 maisons et dire qu'il pouvait
38:45 acheter des maisons et dire qu'il
38:46 faisait toujours de bonnes opérations.
38:48 Est-ce qu'il en a toujours fait des
38:49 bonnes ? Je ne sais pas, mais il
38:50 aimait bien le dire.
38:51 Et ça, ça l'amusait beaucoup.
38:52 Mais même à tel point que des fois,
38:55 on passait dans des villages un peu
38:56 sur les tournées où ce n'était pas
38:58 formidable.
38:59 Il voyait un panneau à vendre et il
39:01 dit "ah, on pourrait acheter là,
39:02 on se serait bien si on s'installait
39:04 ici".
39:05 C'était son truc.
39:07 Mais c'était un point commun avec
39:08 Charles Trenet, qu'il lui passait
39:09 partout et il disait "je vais
39:10 acheter" et puis il n'achetait pas.
39:11 D'ailleurs, Johnny a commencé à
39:13 faire du sport. Un jour, il est allé
39:15 voir Charles Trenet à Aix-en-Provence
39:16 qui faisait des halteres et c'est
39:18 Charles Trenet qui a initié Johnny
39:19 aux halteres dans les années 60.
39:21 Il a gardé ça pendant très, très,
39:23 très longtemps.
39:24 Alors, il y avait, il y a eu aussi
39:26 quand même l'amnésia.
39:27 Là, ça n'a pas été terrible.
39:28 En revanche, la discothèque
39:30 de Montparnasse, où il venait de
39:32 temps en temps et qui a fini assez
39:34 mal.
39:35 Alors, oui, effectivement,
39:37 on finit tard dans une
39:39 discothèque. On boit quelques fois
39:42 un petit peu plus.
39:43 Et donc, effectivement, il y a eu des
39:44 soirées un petit peu plus compliquées.
39:45 Voilà. Mais c'était pas, l'amnésia,
39:48 c'était pas trop ça mon souci.
39:49 En fait, c'était surtout,
39:51 c'était principalement les dimanches
39:54 en fin d'après-midi quand on y allait,
39:55 où ça s'appelait
39:57 les "Tidens Gay".
39:58 Et là,
40:00 où en fait, il n'y avait pas de
40:03 carré VIP.
40:04 C'était tout le monde, fait la fête
40:07 partout.
40:08 Et là, je me retrouvais avec quand
40:10 même, c'était la boîte de nuit
40:12 était remplie.
40:13 Elle marchait quand même bien.
40:14 Et là, c'était compliqué.
40:16 Voilà. Et c'est vrai que de temps
40:18 en temps, il m'est arrivé que mes
40:19 nerfs montent un peu.
40:20 J'imagine parce qu'il fallait sortir
40:22 Johnny de tout ça.
40:23 Et surtout, éviter que tout le monde
40:25 essaye de l'approcher, balancer des
40:26 paillettes ou...
40:27 Enfin bon, x truc.
40:29 Il y avait une chose très forte chez
40:32 Johnny. Je l'ai toujours constaté.
40:33 Je ne suis pas le seul. C'est son
40:35 instinct.
40:35 Il ne s'est trompé qu'une fois quand
40:37 il a pensé que cette chanson serait
40:39 un échec.
40:40 Mon mari, si tu savais
40:42 que le mal que l'on me fait.
40:47 Et c'est vrai que cette chanson a
40:49 été un énorme succès à sa grande
40:50 surprise.
40:51 Très clairement. Oui, je crois qu'au
40:54 début, il n'y croyait pas.
40:55 Je pense même qu'il n'était vraiment
40:57 pas partant pour la faire ou pas
40:59 la mettre en avant. Au moins,
41:00 elle a été mise en avant par la
41:02 maison de disques.
41:03 Et ça a été juste incroyable.
41:06 Incroyable.
41:07 Je me rappelle, j'ai un souvenir.
41:08 Un jour, on sort de la plaine Saint
41:10 Denis de studio
41:11 et on voit deux petits adolescents
41:14 qui passent devant la voiture.
41:15 On voyait par le pare-brise.
41:17 Ils reconnaissent et ils se mettent
41:18 à chanter le refrain.
41:20 J'ai dit mais c'est incroyable.
41:22 Ça a été gigantesque.
41:24 Mais effectivement, au début, ça a
41:26 été un peu tendu.
41:27 Je crois que c'est Gérald de Palmas
41:28 qui avait amené cette chanson et
41:30 qui a fait un très beau cadeau à
41:31 Johnny. Votre cadeau, je crois,
41:33 qu'il refusait les cadeaux et vous
41:34 avez été le témoin, notamment avec
41:36 des montres.
41:37 Patrick Roussel.
41:38 Oui, oui, oui.
41:39 Alors, il y a une montre
41:41 en fait qu'on lui a offerte.
41:42 C'est une montre, pourtant, d'un
41:44 grand horloger, un
41:45 grand horloger suisse qui avait une
41:48 très belle valeur.
41:49 La personne qui lui a offerte une
41:52 loge à Genève,
41:54 il n'était pas sorti de la loge.
41:56 La porte était en train de se
41:57 claquer derrière ce monsieur.
41:59 Il me l'avait déjà offerte.
42:00 Il m'avait dit, il m'a dit, tenez
42:02 Patrick, moi, ton mariage, je ne la
42:03 mettrai pas.
42:04 Il m'a donné une montre à
42:06 de très, de très bonne valeur.
42:08 Et il y en a eu une autre, d'ailleurs,
42:10 qui a fini sur son bureau.
42:11 Oui, alors celle-là, par contre,
42:12 c'est effectivement, on avait fait
42:14 faire, un grand horloger suisse
42:15 également, avait fait faire une
42:18 montre.
42:19 Et là, j'avais travaillé en
42:21 collaboration avec Laetitia pour
42:23 avoir des idées parce qu'elle était
42:24 vraiment personnalisée à fond,
42:26 la montre.
42:27 Donc, c'était là, on était sur des
42:29 très gros montants en termes
42:31 d'horlogerie.
42:32 Et la montre, je pense qu'il ne l'a
42:34 jamais portée.
42:35 C'est fou, ça.
42:36 Voilà.
42:38 Elle était dans un...
42:39 Parce que rien que déjà le
42:41 support de la montre automatique pour
42:44 que la montre ne s'arrête
42:46 jamais, déjà rien que ça, c'était
42:48 déjà un objet, je dirais.
42:49 Et la dernière fois que j'ai vu
42:53 la montre dans le bureau, elle était
42:54 sur le bureau, sur la table
42:56 basse, dans ce coffret-là.
42:57 Et dans ce livre, Patrick Roussel,
43:00 vous racontez aussi que Laetitia,
43:02 après, justement,
43:04 son coma artificiel, a vraiment
43:07 repris la direction des opérations.
43:09 Alors, j'ai constaté que ça s'était
43:13 fait progressivement,
43:14 effectivement. Et après, il y a
43:17 eu effectivement un petit peu
43:18 plus d'emprise.
43:19 Voilà.
43:21 Emprise, je ne sais pas si c'est bien
43:22 le mot ou non, je ne dirais pas, mais
43:24 elle a eu...
43:25 Elle a pris un peu plus de décisions
43:27 qu'elle ne prenait avant.
43:28 Mais pas toujours les bonnes
43:29 décisions. Je crois qu'il y a un disque
43:30 qui n'a pas marché parce que
43:32 la maison de disques ne pouvait pas
43:33 le sortir. Elle a insisté.
43:35 L'idée du
43:38 réalisateur de cet album est venue
43:40 d'elle, effectivement.
43:41 La maison de disques était opposée.
43:42 Le disque s'est fait quand même.
43:44 Ça n'a pas été un grand succès
43:46 commercial, certes.
43:47 Mais je pense qu'à ce moment-là,
43:50 dans tous les cas, le plus important
43:52 était que lui
43:53 rechante.
43:55 Il ait à nouveau confiance en sa voix
43:57 et qu'il ait ses possibilités
43:59 de chanteur.
44:00 Oui, parce que finalement, après
44:02 cet accident, ce coma artificiel,
44:04 Johnny a hésité à remonter sur scène.
44:06 Il avait peur, en fait.
44:08 Il avait peur de ne pas
44:10 avoir ses capacités
44:12 vocales ou quoi que ce soit.
44:13 Et la première fois après où il a
44:15 réellement chanté, ça, je ne le mets
44:16 pas dans le livre, mais
44:18 il avait été organisé à notre retour
44:21 de Los Angeles après.
44:22 Mini showcase sur une péniche
44:26 pour une centaine d'invités.
44:29 Et là, il avait rechanté
44:33 en live pour la première fois, là,
44:35 en fait, devant des gens
44:38 avec un petit orchestre.
44:40 Sa voix a été demeurée intacte.
44:42 Il l'avait retrouvée.
44:43 Il ne répétait pas, il ne prenait pas
44:45 de cours de chante, Johnny.
44:46 Moi, je n'ai jamais vu.
44:47 Il faisait de temps en temps quelques
44:51 vocalises, trois vocalises et puis
44:53 trois gitanes et puis c'était réglé.
44:55 C'était les gitanes qui étaient la
44:58 meilleure chose pour faire un tabac
44:59 ensuite sur scène.
45:00 Un tabac, c'est le cas de dire.
45:01 Alors, il y a aussi une chose très
45:02 importante, puisque vous remettez les
45:03 pendules à l'heure. On l'a accusé de
45:05 viol.
45:06 Il y a eu un procès.
45:07 Alors, c'est dans ces cas là,
45:08 l'information est toujours importante
45:10 quand il y a l'accusation.
45:11 Mais quand c'est l'autre qui est
45:12 condamné, celle qui l'avait accusé,
45:14 ça, on n'en parle pas.
45:15 Et là, vous remettez les pendules à
45:16 l'heure aussi.
45:17 Oui, honnêtement,
45:19 je l'ai côtoyé pendant de nombreuses
45:22 années.
45:23 Jamais, jamais
45:25 il n'aurait pu faire ça.
45:27 Quel moment, c'est inconcevable,
45:30 inconcevable.
45:32 Oui, ça a été...
45:33 Comme c'est du domaine judiciaire,
45:35 je préfère quand même ne pas trop,
45:36 trop m'égarer là-dessus quand même,
45:37 parce que...
45:38 Moi, le connaissance, c'était
45:40 inconcevable qu'il fasse quelque chose
45:41 comme ça.
45:42 Vous avez dit qu'il ne savait pas
45:43 draguer Johnny.
45:44 Oui.
45:45 Non, mais parce que...
45:46 Dans tous les cas, je n'ai jamais vu
45:49 vraiment faire, parce que de toute
45:50 manière, moi, toute la période où je
45:51 l'ai connu, il était quand même
45:52 marié.
45:53 Il était timide.
45:55 Un timide ne sait pas faire ça.
45:57 Il pouvait être charmeur.
45:59 Et puis, dans tous les cas, même s'il
46:01 avait voulu changer de femme,
46:02 il n'aurait pas eu de souci.
46:04 Et toute sa jeunesse, je pense qu'il
46:07 n'a jamais eu besoin.
46:08 Il avait des groupies sans arrêt.
46:10 Donc, non, un timide
46:11 ne sait pas faire ça.
46:13 Avec le recul, Patrick Roussel,
46:15 quand vous évoquez ces 16 années,
46:17 quand vous pensez à ces 16 années
46:18 avec Johnny, qu'est-ce que vous
46:19 ressentez ?
46:20 Une fierté.
46:22 C'est un personnage unique ?
46:24 Pardon ?
46:25 C'est un personnage unique, un homme
46:26 unique ?
46:27 Ah oui, oui.
46:28 Oui, oui.
46:30 Unique, avec une santé
46:31 unique.
46:34 Une faculté de récupération hors
46:36 norme.
46:37 Une voix également.
46:38 Et un talent hors norme.
46:40 Voilà.
46:40 Alors, aujourd'hui, il aurait eu 80
46:42 ans. Est-ce que dans 80 ans, on
46:44 parlera encore de Johnny ?
46:45 Pourquoi pas ?
46:47 Ce serait normal, non ? Parce que
46:48 c'est un exemple unique dans
46:50 l'histoire de la chanson.
46:50 Mais en France, à moins qu'il y ait
46:52 un nouveau qui prenne la place,
46:53 il est pour les saints, il est le
46:55 seul.
46:56 Il est le seul et je pense qu'il
46:57 restera le seul.
46:58 En tout cas, merci d'avoir écrit ce
46:59 livre qui s'intitule "Tout le
47:01 monde l'appelait Johnny" chez
47:02 Mareuil Éditions, parce qu'on
47:04 apprend vraiment des vérités sur le
47:05 Johnny qu'on aime et que nous sommes
47:07 quelques-uns à avoir eu le
47:08 privilège de connaître.
47:09 Merci Patrick Roussel de l'avoir
47:10 écrit.
47:10 Merci à vous.
47:11 Les Clés d'une vie, c'est terminé
47:12 pour aujourd'hui. On se retrouve
47:14 bientôt. Restez fidèles à l'écoute