En Algérie, les feux de forêt alimentent les théories du complot
épression anti-kabyle : Les charges absurdes retenues contre l’activiste associative Wafia Tedjani..........
En Algérie, les feux de forêt alimentent les théories du complot
Alors que les incendies ont fait au moins trente-quatre morts dans le pays, pouvoir et militants séparatistes ou islamistes s'accusent mutuellement de déclencher ces feux en Kabylie
En Algérie, les derniers incendies, qui ont officiellement fait trente-quatre morts, ont de nouveau donné lieu à des théories voyant des mains invisibles derrière cette catastrophe: le pouvoir, en arrêtant immédiatement une quinzaine de personnes, a laissé entendre que tout cela ne pouvait être que le fruit d'un complot ourdi par des forces tapies dans l'ombre, comme en 2021. À cette époque, le gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune avait en effet accusé deux mouvements politiques –Rachad et le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK)–, de connivence avec le régime marocain, d'avoir déclenché les feux qui avaient fait près de cent morts.
En face, des cyberactivistes, eux aussi prêts à dégainer, accusent le pouvoir (ou l'armée) de comploter contre une région, la Kabylie, rêvant de la voir à feu à et sang. Les deux thèses ont leurs partisans
Le spectre de «la main invisible»
Il faut dire que cette obsession de la main invisible brûlant les forêts algériennes est aussi vielle que la crise politique qui secoue le pays. Dans les années 1990, au plus fort de la violence terroriste, la propagande islamiste faisait souvent circuler l'idée selon laquelle l'armée mettait sciemment feu aux maquis pour débusquer les terroristes. Ce discours trouvait des adeptes, mais aucune preuve n'a jamais été avancée
Cette paranoïa a connu son apogée le 11 août 2021, jour de l'assassinat d'un jeune volontaire, Djamel Bensmail, lynché et brûlé vif dans une localité de Kabylie par une foule hystérisée par la découverte d'un soi-disant «pyromane». Ce grave incident, qui a failli tourner en confrontation ethnique entre berbérophones et arabophones, avait recentré le débat national autour de l'existence d'une conspiration prenant le pays pour cible, au travers d'incendies concentrés sur une région fortement singularisée.
Le choc était tellement fort et les événements si bien synchronisés qu'on ne pouvait imaginer d'autres mains que celles de «l'ennemi». Pour le pouvoir, c'était une tentative de déstabilisation dans laquelle deux groupes politiques, islamistes et séparatistes kabyles –classés terroristes–, auraient été instrumentalisés par des officines étrangères. L'implication de nombreux militants du MAK dans le lynchage du jeune Djamel en était, pour les partisans de cette thèse, la preuve irréfutable. Le mouvement séparatiste est soupçonné de vouloir, à tout prix, embraser le pays, dans le prolongement des événements qui secouaient l'Algérie depuis 2019, et dont la Kabylie constituait l'épicentre.
De leu
En Algérie, les feux de forêt alimentent les théories du complot
Alors que les incendies ont fait au moins trente-quatre morts dans le pays, pouvoir et militants séparatistes ou islamistes s'accusent mutuellement de déclencher ces feux en Kabylie
En Algérie, les derniers incendies, qui ont officiellement fait trente-quatre morts, ont de nouveau donné lieu à des théories voyant des mains invisibles derrière cette catastrophe: le pouvoir, en arrêtant immédiatement une quinzaine de personnes, a laissé entendre que tout cela ne pouvait être que le fruit d'un complot ourdi par des forces tapies dans l'ombre, comme en 2021. À cette époque, le gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune avait en effet accusé deux mouvements politiques –Rachad et le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK)–, de connivence avec le régime marocain, d'avoir déclenché les feux qui avaient fait près de cent morts.
En face, des cyberactivistes, eux aussi prêts à dégainer, accusent le pouvoir (ou l'armée) de comploter contre une région, la Kabylie, rêvant de la voir à feu à et sang. Les deux thèses ont leurs partisans
Le spectre de «la main invisible»
Il faut dire que cette obsession de la main invisible brûlant les forêts algériennes est aussi vielle que la crise politique qui secoue le pays. Dans les années 1990, au plus fort de la violence terroriste, la propagande islamiste faisait souvent circuler l'idée selon laquelle l'armée mettait sciemment feu aux maquis pour débusquer les terroristes. Ce discours trouvait des adeptes, mais aucune preuve n'a jamais été avancée
Cette paranoïa a connu son apogée le 11 août 2021, jour de l'assassinat d'un jeune volontaire, Djamel Bensmail, lynché et brûlé vif dans une localité de Kabylie par une foule hystérisée par la découverte d'un soi-disant «pyromane». Ce grave incident, qui a failli tourner en confrontation ethnique entre berbérophones et arabophones, avait recentré le débat national autour de l'existence d'une conspiration prenant le pays pour cible, au travers d'incendies concentrés sur une région fortement singularisée.
Le choc était tellement fort et les événements si bien synchronisés qu'on ne pouvait imaginer d'autres mains que celles de «l'ennemi». Pour le pouvoir, c'était une tentative de déstabilisation dans laquelle deux groupes politiques, islamistes et séparatistes kabyles –classés terroristes–, auraient été instrumentalisés par des officines étrangères. L'implication de nombreux militants du MAK dans le lynchage du jeune Djamel en était, pour les partisans de cette thèse, la preuve irréfutable. Le mouvement séparatiste est soupçonné de vouloir, à tout prix, embraser le pays, dans le prolongement des événements qui secouaient l'Algérie depuis 2019, et dont la Kabylie constituait l'épicentre.
De leu
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00:00 Dans cette vidéo
00:06 Épressions anticabiles, les charges absurdes retenues contre l'activiste associative
00:11 Wafiat Edjani En Algérie, les feux de forêt alimentent
00:15 les théories du complot.
00:16 L'activiste humanitaire Wafiat Edjani a été libéré, ce dimanche 6 août, après
00:22 quatre jours de garde à vue.
00:23 Toutefois, si elle a échappé à un mandat de dépôt, elle est néanmoins placée sous
00:28 contrôle judiciaire par un juge d'instruction du tribunal de Tizi Wezu.
00:32 Des accusations aussi bien graves qu'absurdes pèsent sur cette jeune femme au grand cœur,
00:37 qui s'est donnée comme mission l'assistance des personnes démunies.
00:40 Présentée, ce dimanche matin, devant le parquet près le tribunal de Tizi Wezu, qui
00:46 l'a déferrée devant le juge d'instruction, Wafiat Edjani a été placée sous contrôle
00:50 judiciaire.
00:51 Elle se trouve ainsi privée de toute sa liberté, car elle est tenue de se présenter chaque
00:56 15 jours au bureau des autorités juridiques pour signer.
00:58 Arrêtée le 2 août dernier par la police algérienne, avec une perquisition opérée
01:04 à son domicile familial, de lourdes accusations pèsent sur cette humanitaire cabillée.
01:08 Des charges absurdes et graves sont retenues contre elle.
01:12 Selon une source au fait de son dossier, elle est poursuivie pour « incitation à l'attroupement
01:17 non armé, attroupement, outrage à corps constitué, et diffusion de fausses informations
01:22 dans l'intention de nuire à l'intérêt national.
01:24 Le déplacement de Wafiat Edjani à Toudja et à Tksila, au lendemain des incendies ayant
01:30 ravagé ces deux communes du département de Vgeye, et la vidéo qu'elle a partagée
01:34 sur les réseaux sociaux sur les dégâts importants causés par ces feux ont suscité
01:37 la colère du régime algérien.
01:39 Celui-ci fait tout pour cacher l'ampleur de la tragédie humaine et de la catastrophe
01:44 écologique provoquée par ces incendies.
01:45 Pourtant, cette jeune femme cabille, qui gère aussi une agence de voyage visant à faire
01:51 la promotion du tourisme local en Kabili, n'a fait que lancer des appels à la solidarité
01:55 en faveur des sinistrés.
01:57 Alors que les incendies ont fait au moins 34 morts dans le pays, pouvoirs et militants
02:02 séparatistes ou islamistes s'accusent mutuellement de déclencher ces feux en Kabili.
02:07 En Algérie, les derniers incendies, qui ont officiellement fait 34 morts, ont de nouveau
02:12 donné lieu à des théories voyant des mains invisibles derrière cette catastrophe, le
02:17 pouvoir, en arrêtant immédiatement une quinzaine de personnes, a laissé entendre que tout
02:21 cela ne pouvait être que le fruit d'un complot ourdi par des forces tapies dans l'ombre,
02:25 comme en 2021.
02:26 À cette époque, le gouvernement d'Abdel-Majid Tebboune avait en effet accusé deux mouvements
02:31 politiques – Rachad et le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabili (MAK)
02:36 – de connivence avec le régime marocain, d'avoir déclenché les feux qui avaient
02:40 fait près de 100 morts.
02:41 En face, des cyberactivistes, eux aussi prêts à dégainer, accusent le pouvoir, ou l'armée,
02:47 de comploter contre une région, la Kabili, rêvant de l'avoir à feu à essence.
02:52 Les deux thèses ont leur partisan.
02:54 Le spectre de « la main invisible ». Il faut dire que cette obsession de la main
03:00 invisible brûlant les forêts algériennes est aussi vieille que la crise politique qui
03:03 secoue le pays.
03:04 Dans les années 1990, au plus fort de la violence terroriste, la propagande islamiste
03:10 faisait souvent circuler l'idée selon laquelle l'armée mettait sciemment feu aux makis
03:14 pour débusquer les terroristes.
03:16 Ce discours trouvait des adeptes, mais aucune preuve n'a jamais été avancée.
03:20 Cette paranoïa a connu son apogée le 11 août 2021, jour de l'assassinat d'un jeune
03:26 volontaire, Jamel Bansmay, lynché et brûlé-vif dans une localité de Kabili par une foule
03:31 hystérisée par la découverte d'un soi-disant « pyromane ».
03:34 Ce grave incident, qui a failli tourner en confrontation ethnique entre berbérophones
03:40 et arabophones, avait recentré le débat national autour de l'existence d'une conspiration
03:44 prenant le pays pour cible, au travers d'incendies concentrés sur une région fortement singularisée.
03:49 Le choc était tellement fort et les événements si bien synchronisés qu'on ne pouvait imaginer
03:55 d'autre main que celle de « l'ennemi ».
03:56 Pour le pouvoir, c'était une tentative de déstabilisation dans laquelle deux groupes
04:01 politiques, islamistes et séparatistes Kabili classés terroristes, auraient été instrumentalisés
04:07 par des officines étrangères.
04:08 L'implication de nombreux militants du MAK dans le lynchage du jeune Jamel en était,
04:14 pour les partisans de cette thèse, la preuve irréfutable.
04:16 Le mouvement séparatiste est soupçonné de vouloir, à tout prix, embraser le pays,
04:22 dans le prolongement des événements qui secouaient l'Algérie depuis 2019, et dont
04:26 la Kabili constituait l'épicentre.
04:28 De leur côté, les dirigeants séparatistes et islamistes, s'appuyant sur des témoignages
04:34 qui restent à certifier, y voyaient une mise en scène des services de sécurité algériens
04:38 visant à terroriser une région réputée rebelle.
04:41 Un discours qui fait long feu
04:43 Sur les réseaux sociaux, les incendies de l'été 2023 sont visiblement moins dramatisés
04:49 que les précédents, sans doute parce qu'il y a moins de victimes, mais aussi parce que
04:53 le contexte politique est différent.
04:54 Du coup, les théories du complot ont vite fait long feu.
04:58 D'un côté, les autorités ne veulent pas en rajouter après l'annonce de l'arrestation
05:03 de quelques « suspects », de l'autre, des militants de l'opposition s'en démarquent
05:07 totalement.
05:08 C'est le cas de Saïd Salih, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits
05:13 de l'homme (LADD), réfugié en Belgique, qui renvoie la balle aux détenteurs du pouvoir,
05:18 c'est toujours la même rengaine, le scénario de 2021, la théorie du complot pour torpiller
05:23 et diluer le vrai débat.
05:24 Le pouvoir est encore dans ses délires, à chaque fois, il rejette la faute sur l'autre,
05:30 au lieu d'assumer toutes ses responsabilités, tirer des leçons, attaquer le problème à
05:34 la base, élaborer une politique et un plan national de prévention contre les catastrophes
05:39 naturelles, posté tif sur Facebook le 25 juillet.
05:42 Même le chef de file du MAK, Ferhat Meheni, contraint de fuir en France, a tempéré son
05:48 discours et déclaré dans un entretien à un journal marocain, cette année, même
05:52 le MAK ne peut être invoqué puisque ses militants sont en prison.
05:55 Ce mouvement s'est contenté d'appeler, à travers une organisation satellite appelée
06:00 la Ligue Kabil des Droits de l'Homme, à un rassemblement le 30 juillet dernier, à
06:05 Paris, pour exprimer sa solidarité envers les populations kabiles touchées par cette
06:09 tragédie et se mobiliser pour « mettre fin à cette série d'incendies meurtriers ».
06:13 Mais l'événement n'a pas drainé les foules.
06:16 La polémique continue d'inspirer quelques caricaturistes, comme Dilem ou Gila Hinouch,
06:22 qui tentent à leur tour de nourrir une certaine paranoïa à ce sujet.
06:25 Mais les gens semblent beaucoup moins sensibles aux discours alarmistes, comme l'attestent
06:30 le ton des commentaires sous leur publication.
06:32 Entre Alger et Paris, le torchon brûle.
06:35 A cause de ces incendies, le torchon brûle par ailleurs encore entre l'agence officielle
06:40 Algérie Press Service et la chaîne de télévision française France 24.
06:45 Dans un éditorial incendiaire publié le 27 juillet, l'agence algérienne qualifiait
06:50 le média français de « chaîne poubelle, grossière, vulgaire, honteuse » après que
06:55 ce dernier a évoqué les incendies touchant le pays et dénoncé les défaillances étatiques.
06:59 L'APS prend ainsi la défense des autorités, tout en niant, incidemment, l'atteste complotiste,
07:06 les violents incendies qui ont frappé l'Algérie en cet été ont été favorisés par des
07:10 températures extrêmes et des vents violents propices à une propagation rapide des flammes.
07:14 Que cette chaîne du mal, du chaos et de la manipulation cesse ses grossiers mensonges
07:19 sur l'Algérie qui a déployé tous les moyens matériels et humains pour éteindre les incendies.
07:23 Pas la peine, donc, de chercher des mains criminelles.
07:27 Réagissant à cette attaque, la direction de France 24 s'est contentée de répondre
07:32 le 28 juillet que « il y a des incendies dans tout le bassin méditerranéen, que France
07:37 24 couvre sans exclusive et tout particulièrement grâce à ses correspondants, en Grèce et
07:42 en Sicile ces derniers jours.
07:43 Les incendies en Algérie ne sont aucunement couverts plus spécifiquement.
07:47 Il faut rappeler ici que cette chaîne est interdite en Algérie depuis le 13 juin 2021.
07:53 Cet échange ne fait qu'aggraver les tensions entre Algiers et Paris, dans un contexte politique
07:58 régional des plus brûlants.