• l’année dernière
« FRDETER », c’est le nom du canal d’extrême-droite sur Telegram qui incitait à des actions violentes notamment à l'encontre de la communauté musulmane du Wazemmes, à Lille. Mais pas seulement. Des élus de gauche, des journalistes ou encore des militants associatifs nommément désignés, figurent parmi la liste des cibles potentielles de cette organisation que l'on pourrait qualifier de terroriste.

C’est Tajmaât, qui se présente comme une « plateforme collaborative pour les Maghrébins » qui a révélé l’existence de groupuscule néonazi FRDETER après l’avoir infiltré pendant deux semaines. Dimanche 2 avril, Tajmaât a publié une longue série de messages qui nous renseigne sur le fonctionnement de ce canal, plutôt bien organisé, et publie la teneur de certains échanges qui glacent le sang. Dans sa présentation, la boucle Telegram aux 7 300 abonnés, indique qu’ont été créées « plusieurs groupes de discussions menant aux 95 départements, pour pouvoir s’aider entre [nationalistes] dans toute la France ». En guise de logo, le canal arbore une croix celtique, un symbole repris par les mouvements d’extrême droite en Europe. Les modérateurs du groupe sont chargés de surveiller et de recruter les personnes plus actives. Les différents groupes liés à FRDeter ont été fermés à la demande de Gérald Darmanin, le ministère de l’intérieur « travaille aux suites judiciaires à donner ».

Quel est le profil de ces identitaires abonnés au groupe FRDETER décidés à commettre des attentats ? Quelles sont leurs motivations ? Quelles actions violentes étaient en préparation ? Est-ce que la menace est aujourd’hui écartée ? On en parle avec Emma Audrey journaliste Grand Reporter notamment à Média 25, un média indépendant dans le Doubs et à Radio bip, une radio associative qui émet à Besançon. Elle travaille notamment à l’archivage des échanges qui ont circulé dans ces boucles Telegram.

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Transcription
00:00 *Générique*
00:05 Et faire des terres français déterminées, c'est le nom du canal d'extrême droite sur Telegram
00:11 qui a incité à des actions violentes, notamment à l'encontre de la communauté musulmane de Oisem à Lille.
00:16 Mais pas seulement, des élus de gauche, des journalistes ou encore des militants associatifs,
00:20 nommément des ignés, figurent parmi la liste des cibles potentielles de cette organisation
00:24 que l'on pourrait qualifier de terroristes.
00:26 C'est Taj Mahat qui se présente comme une plateforme collaborative pour les maghrébins
00:31 qui a révélé l'existence de ce gros puscule néo-nazi France et des Terres
00:35 après l'avoir infiltré pendant deux semaines.
00:38 Dimanche 2 avril, Taj Mahat a publié une longue série de messages
00:42 qui nous renseignent sur le fonctionnement de ce canal, plutôt bien organisé,
00:46 et a publié également la teneur de certains échanges qui glacent le sang.
00:50 Dans sa présentation, la boucle Telegram aux 7300 abonnés
00:53 indique qu'ont été créés plusieurs groupes de discussions menant aux 95 départements
00:58 pour pouvoir s'aider entre nationalistes dans toute la France.
01:02 En guise de logo, le canal arbore une croix celtique,
01:04 un symbole repris par les mouvements d'extrême droite en Europe.
01:07 Les modérateurs du groupe sont chargés de surveiller et de recruter les personnes les plus actives.
01:13 Alors les différents groupes liés à Eiffel des Terres ont été fermés à la demande de Gérald Darmanin.
01:17 Le ministre de l'Intérieur travaille aux suites judiciaires à donner.
01:21 On en parle avec Emma Audray, journaliste, grand reporter,
01:24 qui travaille notamment à l'archivage des échanges qui ont circulé dans ces boucles Telegram.
01:28 Voici un extrait sonore de ce travail de compilation laborieux.
01:33 En plus, ces gens-là, ils agressent des gens pour rien.
01:41 Les Arabes, enfin, en fait, du moment où tu agresses un musulman,
01:44 limite tu sais que tu fais ça pour la bonne cause,
01:46 parce que ce musulman, il se battra contre la France quand l'heure reviendra.
01:52 C'est ce qu'ils font, regarde.
01:53 Les meufs, les gamines, avec leurs voiles à l'école,
01:56 elles se battent pour le maître, pour faire avancer l'islamisme dans les écoles.
02:01 Donc en fait, chaque parcelle, enfin chaque musulman est un danger en fait.
02:06 Ah non, le père Lacrampe, je m'en souviens pas.
02:09 Tu sais, j'ai pas 50 ans moi, j'ai 28 ans.
02:12 En fait, moi je vais dans la rue, on a des iPhones, on a des iPads,
02:15 on a des flingues, on a des couteaux.
02:17 On n'est pas des blousons noirs, on s'est pas fait enculer par les Maghrébins.
02:21 En fait, moi, tu vois, je suis différent de toi.
02:25 Mais bon, continue.
02:27 Il y a des moments où je me dis en fait,
02:31 ça aurait été pas mal d'être nazi quelque part.
02:34 Ça aurait été pas mal d'être SS.
02:37 Ça aurait été pas mal d'avoir de la discipline
02:39 et ça aurait été pas mal d'être européen.
02:42 Mais j'aime la France, j'aime le terroir, j'aime la culture,
02:47 j'aime le catholicisme.
02:50 Mais j'apprécie aussi le national-socialisme et Hitler.
02:55 Oui, c'est vrai.
02:57 Ça peut paraître paradoxal, mais pour moi, non.
03:01 Oui, oui, moi je suis un nazi.
03:04 Je t'encule ta mère.
03:06 Je t'attrape et je te tue.
03:09 Et je tue tous les nègres et les Arabes et ceux que tu veux, fils de pute,
03:15 qui sont pas d'accord avec moi.
03:18 En fait, les nazis dans le mouvement,
03:21 enfin dans la rue, tu vois,
03:24 en vrai, ils sont grave utiles et vraiment, c'est une alliance que tu...
03:27 t'es obligé en fait d'être de leur côté.
03:30 Bonjour Emma.
03:32 Bonjour. Merci de m'avoir invitée.
03:34 Merci beaucoup d'être avec nous.
03:36 On vient d'entendre une logorhéneuse où se mélangent des propos racistes,
03:39 nazis, homophobes.
03:42 Emma, quel est le profil de ces 7300 participants au groupe de discussion?
03:46 Est-ce qu'ils sont jeunes, âgés, actifs, retraités?
03:50 Alors de ce qu'on peut déjà tirer comme conclusion,
03:52 c'est assez difficile parfois de déceler le profil des personnes.
03:56 Alors, on entend de tout, mais on voit aussi que malgré tout,
04:01 ça touche aussi des jeunes, des personnes qui semblent être mineures,
04:05 mais aussi des personnes de tout âge.
04:06 D'ailleurs, parfois, il y a des engueulades entre les jeunes et les moins jeunes sur l'âge.
04:12 Ils sont les plus âgés, ils sont invectivés de ne rien avoir fait jusqu'à maintenant
04:16 contre justement cette population qu'ils dénoncent dans leur...
04:21 raciste, de façon raciste, on va dire.
04:24 Donc, on voit que ça touche quand même pas mal de...
04:27 C'est assez... le spectre de l'âge, on va dire, est assez large.
04:31 Et puis en termes de profession, je sens qu'aussi,
04:35 c'est assez divers. Donc, on a des personnes qui travaillent dans les constructions.
04:38 Il y a des gens qui sont dans la fonction publique, de ce que je comprends, fonctionnaires.
04:42 Il y a certains... - Notamment fonctionnaires de police, c'est ça, Emma ?
04:46 - Alors, pour le moment, on est en train de déceler tout ça pour voir si on peut dire,
04:50 parce que la discussion, elle est là. Est-ce que c'est des vrais fonctionnaires de police ?
04:55 La question, c'est est-ce que ce n'est pas des gens qui font semblant,
04:58 qui disent que c'est des policiers, mais en fait, ils ne le sont pas ?
05:01 Et ça se voit beaucoup dans ce genre de milieu, c'est assez viriliste.
05:05 Apparemment, dire que c'est des policiers, ça a une connotation positive dans leur milieu.
05:11 Et du coup, voilà, il faut déceler le vrai du faux.
05:14 Mais en tout cas, le travail, on sent qu'il y a des gens qui disent qu'ils sont policiers.
05:17 En tout cas, c'est sûr.
05:19 - Et est-ce qu'il y a des gens parmi eux qui ont travaillé au sein de l'armée,
05:23 qui viennent de l'armée ou qui y sont toujours ?
05:26 - De façon claire, après avoir analysé pas mal de messages,
05:33 on sait qu'ils ont un langage militaire, on va dire, très clair.
05:38 Et donc, on peut estimer que même ceux qui disent qu'ils sont militaires, ils le sont vraiment.
05:43 Ils se prennent en photo avec leurs armes.
05:45 Après, on fait des analyses aussi de ce côté-là pour être sûr que ces images-là, c'est des vrais.
05:49 C'est un gros travail, en fait, de fact-checking sur ce truc-là.
05:52 Et c'est assez difficile de déceler.
05:54 Mais en tout cas, ils se présentent en tant que militaires, certains.
05:56 - Oui, effectivement, ça demande du temps.
05:59 On vient d'entendre un des participants qui se revendique comme catholique.
06:04 Il y a parmi ces gens-là des identitaires catholiques, comme ils s'appellent, comme ils se présentent ?
06:11 - Voilà, en tout cas, c'est sûr que la religion joue un jeu dans leur discussion.
06:17 Il y a une partie, très infime, très petite, qui sont plutôt athées.
06:21 On sent qu'ils ne sont pas trop proches de la religion.
06:24 Mais une grande partie parle de religion, de catholicisme, de croisade.
06:29 Ils reviennent toujours sur cette vision-là d'une société de ce moment-là.
06:39 Enfin, ils essaient de l'amener dans le présent.
06:40 Alors voilà, c'est des choses.
06:42 Très honnêtement, ce qui est le plus difficile, c'est d'entendre autant de choses qui sont complètement déplacées hors sol
06:49 et trouver un sens à tout ça.
06:51 C'est surtout ça qui est difficile.
06:53 - Alors, Emma, est-ce qu'on en sait un peu plus sur leur motivation ?
06:56 Qu'est-ce qui les pousse à s'engager déjà dans ce groupe et faire des terres ?
07:02 Pourquoi vouloir s'en prendre aux musulmans, aux journalistes, aux élus de gauche à la fois ?
07:06 Qu'est-ce qui lirait ces groupes ?
07:09 - Le racisme, très honnêtement, le racisme, la haine.
07:12 On sent une haine profonde.
07:14 On sent qu'ils ont un agenda haineux très, très, très clair.
07:18 Les ratonnades, c'est surtout ça.
07:19 En fait, à la base, l'organisation part aussi par département, parce qu'il y avait le groupe principal et des sous-groupes.
07:27 Et on sent que le but, c'était de s'organiser, de se connaître, qu'ils puissent se rencontrer, discuter, échanger, mais surtout s'organiser.
07:37 Et on a vu quand même dernièrement pas mal d'organisations de ce type, des ratonnades de ce type d'extrême droite,
07:42 mais mauvais en sont dans la ville dans laquelle nous sommes, où ils vont, par exemple, sur un piquet de grève,
07:48 où ils vont dans une manifestation qui est un peu classée à gauche.
07:52 - Pour cibler des Arabes et des militants de gauche ?
07:55 - Tout à fait, oui. Donc c'est vraiment leur cible principale.
07:59 Et puis, mis à part le racisme, je crois que vous avez entendu, je ne peux pas répéter tellement c'est abjectif.
08:05 - Oui, donc le racisme motive.
08:07 Mais est-ce qu'il y a aussi cette crainte du fameux grand remplacement ?
08:11 Parce que clairement, ces personnes souhaitent s'en prendre contre la communauté musulmane.
08:15 Et on reproche aux musulmans de vouloir remplacer ces franco-français dont l'identité est aujourd'hui menacée.
08:24 - C'est la base. Ça, c'est la base.
08:26 C'est vraiment la pierre fondatrice de leur motivation, l'idéologie.
08:31 C'est le grand remplacement.
08:32 C'est vraiment ça qui est la base.
08:34 D'après ce qu'on peut tirer comme conclusion, une fois qu'on a fait un grand tour dans tous ces groupes,
08:39 je tiens à préciser que nous faisons ce travail depuis 2020, à peu près 2019-2020.
08:45 Et que ce n'est pas maintenant que...
08:49 On va dire, ce n'est pas que dans ces deux semaines qu'on a suivi ce groupe en particulier.
08:54 C'est énormément de groupes de ce type-là existent.
08:57 Et nous allons parler de ça justement, parce que ce n'est pas le seul groupe qui existe de ce type-là.
09:02 Et d'ailleurs, l'ensemble des groupes que nous surveillons depuis des années,
09:06 et d'ailleurs, on a des archives,
09:08 commencent à supprimer à vitesse tout ce qu'ils peuvent supprimer justement,
09:12 pour ne pas tomber dans le même chemin.
09:13 Mais il faut savoir que ce groupe-là, ce n'est pas le seul.
09:17 Il y en a plein de ce type-là.
09:19 Ils se réorganisent.
09:20 Il y a un qui tombe, il y a un autre qui est créé.
09:22 Et d'ailleurs, ils essayent de la même façon de recréer des groupes en ce moment même.
09:27 Donc voilà, c'est juste pour dire.
09:28 Et sinon, pour revenir à la question, en effet, la base idéologique,
09:32 c'est le grand remplacement et cette vision qu'ils ont de cette société
09:38 qui a été développée, comme vous le savez,
09:40 et qui a donné lieu à des actes terroristes partout dans le monde.
09:44 Donc voilà.
09:46 – Alors, au nom de la crainte du grand remplacement,
09:49 on arrive à "comprendre" pourquoi ils souhaitent s'en prendre à des musulmans.
09:52 Mais pourquoi les élus de gauche et pourquoi des journalistes ?
09:55 On le reproche quoi ?
09:58 – Ils considèrent que c'est les "défenseurs" de ces gens-là, entre guillemets évidemment.
10:04 Et c'est les "défenseurs" de cette vision-là, encore une fois entre guillemets…
10:08 – Ce sont les islamo-gauchistes qu'il faut supprimer.
10:10 – Voilà, exact.
10:12 C'est les traîtres.
10:13 Alors, on entend ce mot, les traîtres, les collabos.
10:16 Alors, ils ont inversé, vous savez, les collabos à l'époque de la Deuxième Guerre mondiale,
10:20 c'était ceux qui étaient nazis.
10:21 Maintenant, les nazis appellent les collabos ceux qui défendent les droits humains.
10:24 Donc vous voyez un peu…
10:26 C'est fou comme ils reprennent beaucoup cette rhétorique qu'on entend sur les plateaux,
10:31 que ça vienne des dutorialistes, que ça vienne de personnes politiques.
10:35 On peut citer Éric Zemmour, mais on peut aussi citer Dominique Vidal
10:39 qui parle de ces islamo-gauchistes qui gangrènent le milieu universitaire.
10:44 Enfin bon…
10:47 Emmaudrey, vous nous avez alerté sur Twitter de l'inscription de l'ancienne députée PSD,
10:53 Barbara Romagnon, sur une liste néo-nazie nommée "les chambres à gaz".
10:58 Vous êtes en train de rédiger un article sur ce sujet,
11:01 mais est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ?
11:03 Oui, c'est cette fameuse liste, entre guillemets fameuse,
11:06 qui a été développée au tout début sur les réseaux.
11:09 Alors, on sait que Valeurs Actuelles, à un moment donné, avait fait une liste.
11:12 Je ne sais pas si c'est vraiment la même ou si c'est la même base.
11:15 Je sais que ça a traîné sur Internet dans ces milieux-là.
11:19 En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il y a une nouvelle liste mise à jour,
11:23 on va dire, de personnes, personnalités de gauche,
11:26 sur laquelle ils essaient de mettre les adresses,
11:29 ils essaient de cibler, de doxer les personnes qui seraient dans ce milieu-là.
11:36 Et du coup, on retrouve pas mal de personnes.
11:38 Alors, nous, on a parlé de Barbara Romagnon,
11:40 parce qu'elle est de notre circonscription du tout.
11:43 Mais en dehors de l'ancienne députée PS,
11:48 il y a quand même pas mal, pas mal, même des militants,
11:50 des personnes qui, Lambda, qui sont sur Twitter,
11:53 qui militent pour les droits humains et qui se retrouvent sur cette liste-là.
11:56 Donc, c'est une liste qui inquiète parce que la volonté de doxer,
12:01 encore une fois, d'avoir leur adresse.
12:03 Donc, on ne sait pas réellement ce qu'ils veulent faire avec cette liste.
12:07 Je dis réellement, ce n'est pas ce qu'ils prononcent eux sur les réseaux.
12:10 Réellement, derrière, qu'est-ce qu'ils essaient de faire ?
12:13 Est-ce qu'ils essaient de faire peur ? Est-ce qu'ils veulent aller au-delà ?
12:16 Mais en tout cas, je trouve que c'est extrêmement sérieux.
12:19 Je trouve qu'on n'a pas fait assez en termes médias nationaux.
12:23 Je ne parle pas les médias comme vous, comme le nôtre.
12:25 Les médias n'en parlent pas assez parce que c'est extrêmement dangereux,
12:29 ce genre d'exercice.
12:30 Oui, ça laisse présager peut-être un projet de déportation, ce type de liste.
12:35 Là, on est dans l'hypothèse.
12:37 Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que donner l'adresse de journalistes,
12:41 de députés, de profs, d'avocats, ça va très loin, en fait.
12:47 – Alors, il y a plus d'une centaine de noms qui figurent dans cette liste,
12:51 qui nous semble être une version actualisée d'un document,
12:53 d'un texte qui a été diffusé en 2021 sur le site d'extrême droite F2Souche.
12:58 Vous l'avez rappelé.
12:58 – Ah, F2Souche, pas Valeurs Actuelles, excusez-moi.
13:01 – Est-ce que ça suppose des liens entre FR, DETER et F2Souche ?
13:09 – Je suis persuadée, pour le moment, je ne peux pas le prononcer vraiment,
13:13 mais je suis persuadée que c'est des milieux, c'est une galaxie.
13:15 C'est des gens qui naviguent un peu partout.
13:17 Et ils ne sont pas si nombreux que ça, finalement,
13:19 mais assez nombreux pour faire du bruit et pour faire ce genre de choses.
13:24 Et on sait que dans ces galaxies-là, dans ce milieu-là, c'est transversal.
13:29 Ils vont dans plusieurs groupes, on ne peut pas les isoler dans certains groupes.
13:33 Mais pour le moment, on n'a pas encore cette…
13:36 On ne le sait pas, on ne peut pas définir exactement
13:39 que cette personne appartient à ce groupe-là ou pas.
13:42 Mais en tout cas, on sait que c'est le même type de…
13:47 – De réseaux.
13:48 – De façon d'exprimer, l'idéologie, on va dire, derrière.
13:51 – Alors, dans ces files de discussion, il y a les enregistrements sonores,
13:54 mais il y a également des messages écrits,
13:56 dont un qui indique un projet d'attentat contre une mosquée,
14:00 qui, de disponible le 13 avril à Lille, contre la rupture du jeûne du ramadan.
14:04 C'est ce que demandait un participant aux discussions
14:07 sur les captures d'écran qui ont été publiées sur Taj Mahal.
14:11 Gérald Darmanin a ordonné la suppression des groupes de discussion
14:13 affiliés à FRD Terre.
14:16 C'est quand même une réponse qui semble un peu tiède face à un projet d'attentat.
14:19 On l'a connu quand même plus offensif,
14:21 notamment contre le collectif écologiste et soulèvement de la Terre.
14:24 – Largement, oui.
14:25 C'est ce qui intrigue d'ailleurs, sa façon de faire.
14:28 Alors, il se défend en disant que nous, on ne peut pas tout dire.
14:31 En gros, les rassurements généraux, ils sont dessus, etc.
14:36 Ils essaient de faire des choses, on ne peut pas tout dire.
14:39 Mais en tout cas, on ne voit pas, jusqu'à maintenant,
14:42 quand il y avait d'autres types de situations de ce genre,
14:46 tout était public, c'était quasiment un problème que tout était si transparent.
14:51 Donc aujourd'hui, on parle d'une opacité
14:53 qui cache peut-être un manque aussi de volonté de faire davantage.
14:57 Ce qui est sûr, c'est que ces groupes existent depuis très longtemps.
15:00 Ce n'est pas hier que…
15:01 Maintenant, justement, ils ont été publiés sur Twitter
15:04 parce qu'il y a des groupes qui ont décidé de faire ces enquêtes,
15:08 de les transmettre, de les afficher.
15:10 Mais ces groupes-là existent depuis très longtemps.
15:12 Il y en a plein d'autres qui existent comme ça,
15:14 et qui échangent comme ça, et qui ne sont pas aujourd'hui supprimés
15:18 tant qu'on n'a pas dit qu'ils existent.
15:20 Donc c'est très bizarre comme façon de faire,
15:22 et puis ça intrigue, en tout cas, ça pose des questions.
15:24 – Donc des groupes qui ne sont pas supprimés,
15:26 qui existent depuis longtemps,
15:27 donc des personnes qui ne sont toujours pas inquiétées aujourd'hui.
15:29 – De façon claire et nette, ils ne sont pas inquiétés
15:32 parce que nous on le sait, quand quelqu'un a subi un contrôle de police,
15:37 on le sait assez rapidement parce qu'ils le disent sur les réseaux,
15:41 "Tiens, un tel a été arrêté", etc.
15:45 Donc on sent que pour le moment,
15:47 il y a pas mal de gens qui sont tranquilles.
15:49 Donc on se pose beaucoup de questions,
15:51 on aimerait plus de transparence sur la façon dont l'État lutte contre ces dérives.
15:56 – Et qu'est-ce qui explique selon vous cette complaisance
15:59 à l'endroit de ces groupuscules d'extrême droite ?
16:04 – Alors là, on ne peut que se poser,
16:06 mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que c'est politique.
16:08 Donc on le voit que c'est une volonté politique d'y aller mollo,
16:13 enfin de faire quelques exemples par-ci, par-là,
16:15 des groupes qui sont comme une génération identitaire,
16:19 c'est un coup médiatique,
16:20 qui sont regroupés sous d'autres noms,
16:22 ils existent toujours mais dans d'autres formats.
16:24 Enfin, on sait bien que c'est exactement comme ça que ça fonctionne,
16:27 c'est juste une histoire de volonté politique et de message.
16:31 On ne s'attaque pas assez à des gens qui défendent
16:34 une certaine vision d'une certaine France.
16:37 Donc on attaque ceux qui, voilà, des écolos,
16:41 ou bien des gens qui essaient de faire quelque chose pour le droit humain.
16:44 On a senti que la vision, elle était claire,
16:46 politique en tout cas, il la transmettrait bien.
16:49 – Alors il y a ce projet d'attentat qui aujourd'hui est connu,
16:53 est-ce qu'il y a d'autres actions violentes qui étaient en préparation ?
16:58 – Alors, il parle beaucoup de ratonnades,
17:00 de se rencontrer pour casser la bouche à des gauchistes,
17:03 à des X ou des Y rec.
17:05 Donc il y a eu souvent ce genre d'échange,
17:10 qui est motivé, qui est motivé, etc.
17:12 Mais sinon, en dehors de ça,
17:14 nous on n'a pas connaissance de quelque chose de beaucoup plus concret.
17:18 Alors eux, entre eux maintenant, si vous suivez les autres canaux,
17:22 qui sont encore une fois à la même galaxie,
17:24 le même type de discussion, le même type d'échange,
17:27 ils disent, oui, ils étaient un peu cons de dire ça
17:31 de façon transparente, d'être si clair dans leur volonté affichée,
17:36 parce qu'il faut le dire, mais autrement, etc.
17:38 Donc ils s'organisent maintenant pour ne pas être si clair dans leur façon,
17:43 mais en tout cas, on sent qu'ils sont motivés
17:45 pour continuer ce genre d'agissements, oui, c'est sûr.
17:47 Donc, Gérald Darmanin, ferme les groupes de discussion
17:50 qui sont affiliés à EFR DETER.
17:52 Est-ce que pour autant, la menace est écartée ?
17:55 Ah non, clairement non.
17:56 Donc c'est une lutte de longue haleine, à mon avis.
18:01 Si quelqu'un veut commencer ce travail-là,
18:04 c'est quelque chose qui est complexe, qui est long,
18:08 et que ce n'est pas en fermant un groupe Telegram
18:11 qui va se recréer derrière sous un autre nom,
18:14 que le problème est réglé.
18:15 Et c'est absolument pas.
18:16 Et surtout, je pense que ça les motive davantage.
18:18 Je sens qu'ils sont encore plus motivés
18:20 à aller faire encore plus de bruit.
18:24 Encore plus DETER, quoi.
18:25 DETER, oui.
18:27 Donc il y a ce projet d'attentat dont on a parlé.
18:31 C'est une ville qui est près de Lille, dans le nord.
18:33 On se souvient que le 18 mars dernier,
18:36 les locaux d'Al-Hamel à Ouattini,
18:38 toujours dans le nord, ont été saccagés,
18:41 on pense aussi par des groupuscules d'extrême droite,
18:43 alors que les musulmans se mobilisaient
18:45 pour réclamer un lieu de culte.
18:47 Le 30 mars dernier, un fidèle a été agressé
18:50 alors qu'il ouvrait les portes de la mosquée d'Echirol
18:52 près de Grenoble.
18:53 C'est un homme armé d'un couteau
18:55 qui aurait dit connaître le peine.
18:57 Puis le 2 avril, on découvre avec stupeur
18:59 l'existence de ce canal FR DETER.
19:01 Est-ce qu'il pourrait avoir coordonné
19:03 ces passages à l'acte ?
19:05 Alors, ça c'est difficile.
19:08 Moi, très honnêtement, j'aime bien parler de ce que je sais.
19:10 Donc j'ai du mal à savoir exactement
19:13 comment tout ça se met en place.
19:15 C'est un dossier que je ne connais pas forcément,
19:17 mais en tout cas, les discussions sont autour
19:20 de la haine contre les musulmans.
19:22 On sent que c'est le fil conducteur,
19:24 c'est la haine contre les personnes noires, etc.
19:28 Et donc, voilà, on sent que de toute façon,
19:31 ce fil conducteur existe dans cette galaxie
19:33 d'extrême droite, de néo-nazis,
19:35 de gens d'identité, etc.
19:37 Et que de toute façon, ça se rejoint.
19:40 On ne peut que supposer,
19:42 quand on n'a pas les informations,
19:43 on peut faire juste un décryptage.
19:44 Mais voilà, ce qu'on tire de nos conclusions,
19:47 c'est que ces groupuscules sont vraiment dangereux.
19:50 Ces groupuscules s'arment de façon légale,
19:52 la plupart.
19:53 Ils passent des tuyaux sur Telegram,
19:57 comment s'armer de façon légale,
19:59 comment avoir les licences, etc.
20:03 Tout ça, ça se passe quasiment de façon publique.
20:07 Très honnêtement, Telegram, c'est public,
20:08 il n'y a rien de caché.
20:09 Si on connaît le nom du groupe,
20:10 on peut le suivre sans problème.
20:12 C'est ça qui est inquiétant,
20:14 c'est de voir que ce genre de choses
20:16 évoluent d'un temps.
20:18 Avant, c'était juste des coups de gueule,
20:21 des choses qu'on sortait dans les bars,
20:25 dans les PMU du coin, on va dire.
20:28 Maintenant, c'est quasiment un mode militaire,
20:31 on s'organise.
20:32 C'est ça qui est aujourd'hui très inquiétant,
20:34 cette évolution-là,
20:36 et cette non-volonté des autorités
20:40 de fermer, d'adresser ce problème,
20:43 une fois pour toutes.
20:45 Des autorités qui d'ailleurs passent plus de temps
20:47 à pointer l'extrême droite,
20:50 des groupes qui seraient radicaux,
20:52 même des co-terroristes,
20:53 alors qu'il y a vraiment une mouvance
20:54 d'extrême droite qui est, de plus en plus, menaçante.
20:58 Oui, tout à fait.
20:59 Le problème, le majeur problème aujourd'hui
21:02 dans le pays, ce n'est pas les manifestants.
21:04 On traite de x ou de y, évidemment.
21:07 Ils ont toujours criminalisé les manifestants
21:09 quand ils n'étaient pas d'accord.
21:10 Les gouvernements, pas que celui-là.
21:12 Mais le vrai problème aujourd'hui,
21:16 qui n'est pas du tout,
21:17 je sens qu'en tout cas de notre point de vue,
21:21 donc journaliste,
21:23 on suit ça de près aussi,
21:25 on monitorise tout ça,
21:26 on réalise qu'en fait ces gens-là,
21:28 ils ne sont absolument pas inquiétés.
21:29 Même que certains se vantent sur Telegram,
21:32 encore une fois, sur ces groupes-là,
21:33 Telegram ou autres,
21:34 parce qu'il y a d'autres réseaux,
21:35 où ils disent,
21:37 bon, on voit, oui, il y a quelqu'un d'ERG,
21:39 qui est RT, enfin Renseignement Territoriaux,
21:41 qui est venu me voir,
21:42 me disent, faites plus calme,
21:44 allez-y plus mollo, etc.
21:45 Donc, on voit que même si c'est vrai,
21:48 si ce qu'ils disent,
21:49 ce qu'ils témoignent sur ces groupes,
21:51 c'est vrai,
21:52 c'est encore plus inquiétant.
21:53 Ça veut dire que c'est avec la bénédiction
21:54 de certains des Renseignements Territoriaux,
21:56 de certains Renseignements Territoriaux.
21:58 Donc, c'est à se poser des questions,
21:59 sur où on en est.
22:00 Et c'est vrai que ce qui nous manque,
22:02 c'est la transparence,
22:03 c'est-à-dire la méthodologie de le travail,
22:05 au moins qu'on puisse estimer
22:08 s'il y a un vrai travail qui est fait,
22:09 parce que pour le moment,
22:10 on estime que le travail,
22:11 il est en tout cas mini,
22:13 en dessous du mini.
22:15 Voilà.
22:16 - Et ce qui est d'autant aussi,
22:17 encore plus étonnant,
22:18 de façon on ne cesse d'être surpris
22:20 dans cette affaire,
22:22 c'est que parmi les tentatives
22:25 d'attentats terroristes,
22:27 je crois, ces derniers temps,
22:28 il y en a eu 11,
22:29 6 de l'extrême droite,
22:31 et il y avait une tentative
22:33 d'attentats contre le président
22:34 de la République, Emmanuel Macron.
22:36 Une information judiciaire est en cours,
22:38 donc ça ne semble pas lui poser
22:40 de problème, alors que lui-même
22:42 est potentiellement la cible
22:43 de ces réseaux des terroristes
22:45 d'extrême droite.
22:46 - Oui, c'est étonnant de voir ce...
22:48 Ils sont plutôt relaxés
22:51 quand ils parlent.
22:51 C'est comme si on ne prenait
22:53 pas trop sérieux tout ça,
22:54 comme si c'était une petite blague.
22:55 J'ai l'impression que vraiment,
22:57 c'est en tout cas ce qu'ils transmettent
22:59 de façon publique.
23:03 Les autorités, on n'a pas senti
23:05 une vraie volonté de s'en prendre
23:07 à ces gens-là.
23:08 Il y a des gens qui font,
23:09 qui fêtent le solstice nazi
23:11 chez nous, dans la région,
23:12 même dans d'autres régions.
23:13 Il y a des gens qui agressent
23:15 des journalistes qui sont
23:16 d'extrême droite.
23:17 Ils l'affichent, ils le disent eux-mêmes,
23:18 ils ne se cachent même pas.
23:20 Ils disent qu'ils adorent Hitler
23:22 et compagnie,
23:23 et donc qui agressent
23:24 des journalistes, ils sont relaxés.
23:26 Enfin, on est quand même
23:27 dans une sorte de délire-là
23:29 qui est plus qu'inquiétant
23:32 et quand on voit que maintenant,
23:34 le gouvernement s'occupe,
23:36 en tout cas, les autorités s'occupent
23:38 surtout de dangereux,
23:41 je mets bien les guillemets,
23:42 des dangereux écologistes
23:44 qui essaient de protéger la nature
23:46 et qui essaient de faire en sorte
23:47 que tout le monde puisse avoir,
23:49 comme dans le cas de Lowe, etc.,
23:51 et qu'on traite eux de terroristes,
23:53 alors que l'extrême droite
23:56 est en train de s'armer aujourd'hui,
23:58 de façon encore une fois légale,
23:59 et certainement illégale,
24:01 mais en tout cas, ce qui est sûr,
24:02 c'est que je sens que le message passe,
24:06 qu'il est clair,
24:07 voilà qui on protège,
24:08 voilà qui on considère terroriste aujourd'hui.
24:11 – Merci beaucoup Emma Audray,
24:14 je rappelle que tu es journaliste,
24:15 grand reporter notamment au Média 25,
24:17 un média indépendant dans le Doubs,
24:19 et à Radio BIP,
24:19 une radio associative
24:20 qui est aimée à Besançon,
24:22 je vous invite vraiment à suivre
24:23 le compte Twitter d'Emma Audray
24:26 qui est un véritable média en soi.
24:28 Encore merci Emma.
24:30 – Merci.
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24:40 Merci à tous !
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