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00:00 Et on va revenir sur ce sommet avec François Michel-Letourneau,
00:02 géographe et chercheur au CNRS, spécialiste du Brésil.
00:05 Bonjour.
00:06 On l'a vu, aucun objectif chiffré pour le moment dans cette alliance,
00:09 peu de mesures concrètes.
00:11 Est-ce qu'il faut quand même la prendre au sérieux, cette alliance ?
00:14 Oui, bonjour.
00:16 Oui, en ce sens qu'elle réaffirme les objectifs de l'OTCA
00:20 qui existent depuis 1978,
00:21 et c'est surtout la preuve que le Brésil est de retour dans ce dossier,
00:26 et de retour avec une position de protection de l'environnement.
00:29 Mais effectivement, il est difficile d'aligner tous ces pays
00:32 sur des objectifs chiffrés,
00:34 parce que tous n'ont pas les mêmes stratégies.
00:37 Le président colombien plaide pour la fin des énergies fossiles,
00:40 mais ça semble compliqué pour certains pays,
00:42 comme le Brésil ou le Venezuela,
00:44 qui sont d'importants producteurs d'hydrocarbures.
00:47 Oui, alors en l'occurrence, dans le cas du Brésil,
00:50 c'est des hydrocarbures futurs, éventuels,
00:52 dans l'embouchure de l'Amazonie, de l'Amazon qui pourraient exploiter.
00:56 Le Venezuela en produit déjà,
00:58 et il y a un autre pays qui est très intéressé par les hydrocarbures
01:01 dans ce contexte, c'est le Guyana,
01:03 qui ambitionne de devenir un nouveau petit Qatar en Amérique du Sud,
01:08 et qui n'a pas du tout envie de voir cette perspective remise en question
01:11 pour des ambitions écologiques.
01:14 Quels sont les autres points de désaccord entre les huit pays ?
01:18 Alors, en fait, la question, c'est que chacun des pays
01:22 a une stratégie particulière vis-à-vis de l'Amazonie,
01:24 et que chacun affirme avant tout,
01:26 et c'était l'objectif de l'OTCA au départ,
01:28 la notion de "souveraineté",
01:30 c'est-à-dire que chacun, nous avons notre morceau de l'Amazonie,
01:33 et nous sommes souverains,
01:35 et nous décidons nous-mêmes ce que nous voulons en faire,
01:37 et c'est toujours la difficulté du dialogue avec ces pays amazoniens,
01:41 c'est qu'ils insistent toujours sur le fait que ce sont eux
01:43 qui vont décider de ce qu'ils vont faire de leur forêt amazonienne.
01:47 Le président Lula émet le souhait d'une éradication totale
01:50 de la déforestation d'ici 2030, donc dans sept ans.
01:53 Est-ce que c'est un objectif atteignable ?
01:56 Alors déjà, il faut voir que souvent,
01:57 quand le Brésil parle de zéro déforestation,
01:59 c'est zéro déforestation illégale,
02:01 puisqu'il existe de la déforestation légale au Brésil,
02:03 et pour le moment, le président Lula n'a pas indiqué
02:06 qu'il allait changer cette partie de la loi.
02:09 Et ensuite, arriver à zéro déforestation illégale,
02:11 c'est sans doute possible,
02:12 mais c'est un objectif très ambitieux.
02:14 Alors, le gouvernement Lula a eu un excellent bilan
02:17 sur la déforestation entre 2002 et 2010,
02:21 mais la question, c'est est-ce qu'il est possible
02:23 de descendre au-dessous d'un certain seuil ?
02:25 Ce dont on s'était aperçu, c'est qu'il y avait
02:26 une sorte de palier minimum de déforestation
02:28 et qu'on avait du mal à descendre en dessous.
02:30 Donc, on va voir dans les prochaines années
02:31 s'ils sont capables de le faire, mais c'est assez difficile.
02:34 La France possède un territoire amazonien avec la Guyane.
02:38 Elle sera représentée d'ailleurs aujourd'hui au sommet
02:40 par son ambassadrice à Brasilia.
02:42 Elle est l'un des principaux bailleurs du fonds amazonie
02:44 avec la Norvège et l'Allemagne.
02:46 Quelle position défend la France ?
02:47 Et est-ce que sa voix peut être entendue ?
02:50 Alors d'abord, nous, nous ne sommes pas bailleurs
02:51 du fonds amazonie.
02:52 La France n'est pas un des principaux bailleurs
02:53 du fonds amazonie.
02:54 Mais par contre, nous avons effectivement
02:56 un territoire amazonien et qui est un territoire
02:59 extrêmement bien préservé, même s'il affronte
03:03 de nombreuses difficultés.
03:05 Après, la voix de la France a du mal à porter
03:07 parce que le statut de la Guyane est considéré
03:09 comme ambigu par de nombreux pays amazoniens
03:11 qui préfèrent y voir une colonie et non pas un État souverain
03:16 ou non pas un territoire, on va dire, plein
03:20 en sens de son autonomie.
03:21 Et donc, ça empêche un dialogue.
03:23 D'ailleurs, les élus de Guyane étaient assez remontés
03:25 contre leur non-représentation au sommet de Bélème
03:29 et le fait que finalement, effectivement,
03:30 c'est l'État français et donc l'ambassadeur de France,
03:33 en l'occurrence l'ambassadeur d'Amastris,
03:35 qui représente l'État français et non pas des élus
03:39 de la Guyane française.
03:40 Merci beaucoup, François-Michel Loutourneau,
03:42 pour votre analyse.
03:44 Avec plaisir.