Intervention de M l'abbé Xavier Beauvais à la Vè UDT du Pays Réel de Civitas.
Il résulte de tout ce que nous avons dit une conception du soldat chrétien et de la bataille chrétienne et nous laisserons monsieur l’abbé BEAUVAIS nous expliquer quelles sont les armes dont le « miles Christi » doit être muni et comment il doit s’engager et se comporter dans ces batailles et ces croisades de son existence.
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Il résulte de tout ce que nous avons dit une conception du soldat chrétien et de la bataille chrétienne et nous laisserons monsieur l’abbé BEAUVAIS nous expliquer quelles sont les armes dont le « miles Christi » doit être muni et comment il doit s’engager et se comporter dans ces batailles et ces croisades de son existence.
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00:00:00 Mes chers amis, me voici pour une conférence de à peu près, vous connaissez le refrain, à peu près 4 heures, que je vais essayer de réduire en une heure.
00:00:14 Alors, surtout que le sujet "Miles Christi, Soldat du Christ", on peut parler pendant des heures de ce sujet.
00:00:26 Alors, c'est ce titre, "Miles Christi", c'est le titre que nous avons tous si nous avons été confirmés, si nous avons reçu le sacrement de confirmation,
00:00:39 et si jamais il y a des personnes qui ne l'ont pas reçu, prière de s'adresser aux ecclésiastiques.
00:00:46 Sacrement dans lequel, et par lequel, la force nous est donnée pour nous rendre plus aptes à combattre le mal qui nous assaille.
00:00:59 Et à la fin d'une université d'été comme celle-ci, je crois que le sujet est tout à fait d'actualité, nous avons maintenant à partir au combat.
00:01:13 Voilà. Et cette confirmation, elle nous fortifie dans la lutte que nous avons à livrer déjà contre nos défauts, nos tentations.
00:01:25 Ce combat, vous le connaissez, il est quotidien, il entre dans la profession chrétienne, mais il est sous un certain point de vue du négatif.
00:01:35 Or, c'est avant tout du positif, du constructif, qu'opère en nous la confirmation, c'est-à-dire qu'elle édifie, elle bâtit l'adulte chrétien,
00:01:47 et par ce côté positif d'abord qu'elle nous atteint, et nous met à faire ensuite face à la lutte, c'est-à-dire ce côté négatif.
00:02:00 Il faut donc distinguer une force générale qui est celle de l'adulte, c'est la croissance de notre être chrétien qui passe de l'enfance à l'âge adulte,
00:02:13 cette force complète le baptême et nous rend parfait chrétien.
00:02:20 Elle atteint notre vie quotidienne, elle nous fait professer la foi catholique dans nos actions de tous les jours.
00:02:28 Une deuxième force spéciale, c'est celle du lutteur.
00:02:33 Elle est en effet un effet du développement général de l'organisme chrétien qui fortifiait, nous rend robuste dans la lutte quotidienne, désormais plus ardue,
00:02:48 et nous l'avons vu pendant cette université, désormais plus ardue contre nos défauts, nos tentations, et nous part ainsi pour le côté négatif de la profession de foi.
00:03:01 Et puis une troisième force qui est celle du soldat.
00:03:05 C'est toujours un effet de notre croissance générale en ce que sa robustesse nous rend aptes à satisfaire avec vigueur non plus seulement aux actions quotidiennes de la vie d'adulte chrétien,
00:03:23 mais également aux actes moins habituels, plutôt exceptionnels de cette vie, c'est-à-dire la confession de la foi pour sa maintenance, sa propagation et sa défense.
00:03:38 Alors il ne faut pas confondre cette triple force avec l'accroissement du don de force, résultat aussi du développement de l'être chrétien,
00:03:51 et qui spécialement donne au confirmé plus de souplesse pour accomplir les actes de la vertu de force déjà reçus au baptême et accru à la confirmation.
00:04:05 La vertu de force, vous savez, c'est celle qui règle les sentiments du chrétien dans les moments difficiles,
00:04:13 tandis que le don de force lui inspire d'entreprendre des œuvres ardues, difficiles, pour opérer son salut, lui donne confiance, lui donne courage dans les dangers que court son âme,
00:04:28 et elle le fait triompher de la crainte de la mort. C'est ce qui permet d'avoir tous ces martyrs que l'histoire de l'Église comporte.
00:04:40 Au sacrement de confirmation, nous recevons donc une auction, et l'idée de signer le front des confirmés est venue aux premiers chrétiens du milieu grec ou romain où ils vivaient.
00:04:56 Les païens imprimaient leur marque personnelle, leur cachet, leur sceau, à l'aide d'un fer rougi, rien à voir avec les tatouages,
00:05:07 à l'aide d'un fer rougi sur la chair des esclaves et des soldats qu'ils portaient ainsi jusqu'à la mort,
00:05:15 ils portaient la marque de leur maître sur le front, marque de propriété ineffaçable et définitive.
00:05:22 Et déjà l'auction du baptême au sommet de la tête signifie que le fidèle appartient à Jésus-Christ.
00:05:30 A la confirmation, le signe de croix au front, la signature de l'évêque, de l'Église, du Christ, c'est tout un.
00:05:39 Elle a la même signification mais insistante, de propriété définitive.
00:05:46 Le cachet de notre Seigneur imprimé au confirmé met donc la frappe de notre Seigneur sur le parfait chrétien
00:05:58 pour indiquer que le confirmé est désormais un soldat qui va défendre sa grande patrie, l'Église.
00:06:07 Alors nous pouvons partir au combat. Notre organisme d'adulte est mieux approprié qu'à l'époque de notre enfance
00:06:19 pour résister aux dangers intérieurs, extérieurs de l'Église, ces dangers que nous avons pu voir pendant cette université.
00:06:28 Et nous jouissons désormais d'une espèce d'effervescence, d'une vigueur qui nous permet de nous enrôler dans la milice de Jésus-Christ
00:06:40 et qui nous rend dès lors capables, capables de nous opposer déjà aux faiblesses de notre organisme,
00:06:49 de nous défendre nous-mêmes contre les éléments hostiles qui nous entourent et d'accomplir aussi en public les actions viriles qui lui sont propres.
00:06:58 La confirmation, vous voyez, elle nous offre des grâces surnaturelles pour nous donner la force d'agir selon notre état d'adulte chrétien
00:07:08 et ces grâces de secours achèvent de nous mettre à même de professer vigoureusement notre foi,
00:07:15 c'est-à-dire de lutter pour la défendre au-dedans contre les tentations et les mauvais exemples,
00:07:23 de la confesser non moins vigoureusement en la défendant contre les attaques du dehors comme aussi en la propageant.
00:07:32 Et ainsi nous réaliserons et jusqu'au témoignage du sang, s'il nous l'est demandé, l'ordre de notre Seigneur à ses apôtres, vous serez mes témoins.
00:07:44 Et cela en raison du caractère que nous donne ce sacrement de confirmation.
00:07:51 Devenu ainsi adulte dans le Christ, à partir de ce sacrement nous participons activement à la mission du Christ
00:08:00 et nous devenons officiellement un citoyen actif de l'Église, nous pratiquons, nous confessons sa religion au dehors,
00:08:09 nous prenons part à son activité chrétienne, à son développement, à sa progression, à sa propagation, à sa défense.
00:08:19 En un mot, nous participons à sa vie publique.
00:08:22 Et pour résumer, on pourrait dire que le caractère du baptême nous confère plutôt un droit que des devoirs,
00:08:32 le droit de nous asseoir à la table du père de famille et de profiter de tous ses biens spirituels.
00:08:40 Et le caractère de la confirmation nous confère plutôt des devoirs que des droits,
00:08:46 ceux de collaborer à la vie de l'Église par des actions viriles et publiques.
00:08:51 Donc vous voyez, c'est votre devoir.
00:08:55 Alors, une fois vu cela, nous sommes des soldats du Christ par ce sacrement, et bien il faut partir en guerre.
00:09:04 Et avant tout, quelle est notre mission ?
00:09:07 Celle de soldat du Christ, oui, et je n'inventerai rien, mais je reprendrai ici le ferme propos que saint Pidis avait formé
00:09:17 dès les débuts de son pontifica, à savoir consacrer à la restauration de toute chose dans le Christ,
00:09:24 les forces que nous tenons de la bonté du Christ.
00:09:28 Et dans sa lettre, il ferme au proposito sur l'action des catholiques, le 11 juin 1905, il s'adresse à vous,
00:09:40 tous, en vérité, tous, dans la sainte Église de Dieu, nous sommes appelés à former ce corps unique dont la tête est le Christ,
00:09:50 corps étroitement organisé, bien coordonné dans toutes ses articulations,
00:09:58 et cela en vertu de l'opération propre de chaque membre, d'où le corps tire son propre accroissement
00:10:07 et peu à peu se perfectionne dans le lien de la charité.
00:10:12 Il y a donc une nécessité, un devoir apostolique de concourir à cette œuvre.
00:10:20 Je dis bien un devoir, non seulement pour la sanctification des âmes,
00:10:27 mais encore pour répandre et toujours mieux développer ce règne de Dieu que nous réclamons,
00:10:35 pour lequel nous prions, ce règne de Dieu dans les familles, dans les sociétés, dans les individus,
00:10:42 chacun procurant selon ses forces le bien du prochain, comment ?
00:10:48 Par la diffusion de la vérité révélée, par l'exercice des vertus chrétiennes,
00:10:54 et par les œuvres de charité ou de miséricorde spirituelle, corporelle.
00:11:00 L'autre, c'est bien, évidemment, il en est un grand nombre de l'ordre naturel,
00:11:05 qui sans être directement l'objet de la mission de l'Église,
00:11:09 en découle cependant comme une de ses conséquences naturelles, comme l'est l'ordre politique.
00:11:15 Alors, quel est notre champ d'action ?
00:11:18 Vous le voyez, il est immense.
00:11:21 Il n'exclut absolument rien de ce qui, d'une manière quelconque, directement ou indirectement, appartient à la mission divine de l'Église.
00:11:32 Alors, si, en tant que soldats du Christ, nous avions une devise à choisir,
00:11:40 nous pourrions tout simplement reprendre celle de saint Pidis,
00:11:44 tout restaurer dans le Christ.
00:11:47 Tout restaurer, non pas d'une manière quelconque, mais dans le Christ.
00:11:52 Restaurer dans le Christ, toutes choses, et là-dessus, vous pouvez lire notamment,
00:12:00 je pense que j'ai pris certaines de ses idées chez Monseigneur de la Sûre,
00:12:05 que j'ai pas mal lues, l'abbé Barbier également, et les abbés Léman.
00:12:11 Restaurer toutes choses dans le Christ, non seulement ce qui incombe directement à l'Église,
00:12:18 en vertu de sa divine mission, qui est de conduire les âmes à Dieu,
00:12:22 mais encore, ce qui découle spontanément de cette mission, de cette divine mission,
00:12:30 donc le politique, la civilisation chrétienne, dans l'ensemble des éléments qui la constituent.
00:12:38 La civilisation chrétienne, elle est inséparable de l'œuvre de l'Église.
00:12:44 D'où notre impossibilité de séparer la religion de la politique,
00:12:51 dans son sens noble du terme, parce que le propre de l'Église,
00:12:56 c'est de répandre les bienfaits de Dieu en ce monde, dans tous les domaines,
00:13:01 naturel et surnaturel, spirituel et temporel,
00:13:05 politique, familiaux, professionnels, nationaux, militaires,
00:13:10 et par cette restauration désirée, vous êtes, vous, cette troupe, aujourd'hui,
00:13:17 cette troupe choisie, si j'avais les armes qu'il fallait sous la main,
00:13:22 eh bien nous partirions déjà, maintenant, en guerre.
00:13:25 Mais faites-le d'une manière plus, non pas plus pacifique, encore moins pacifiste,
00:13:31 mais faites-le avec cet esprit-là, nous devons partir,
00:13:35 vous êtes cette troupe choisie de catholiques,
00:13:38 qui se propose de réunir nos forces vives, dans le but de combattre,
00:13:43 par tous les moyens justes, et légaux, bon, encore que, hein, bon,
00:13:52 nous devons donc combattre, réunir dans le but de combattre,
00:13:57 et vous apporterez donc à l'Église un appui, un appui pour réparer,
00:14:03 par tous les moyens, les graves désordres que nous avons pu étudier,
00:14:08 les graves désordres qui dérivent, pour replacer Jésus-Christ,
00:14:13 replacer Jésus-Christ dans la famille, dans l'école, dans la société,
00:14:17 pour défendre, pour soutenir avec un esprit vraiment catholique,
00:14:21 les droits de Dieu en toutes choses, et les droits néanmoins sacrés de l'Église.
00:14:26 Mais, avant tout, il faut être profondément convaincu,
00:14:31 si vous ne l'êtes pas, le combat est perdu d'avance.
00:14:36 Il faut être profondément convaincu que l'instrument que nous sommes,
00:14:41 il est inutile, il est inutile s'il n'est pas approprié au travail que l'on veut exécuter.
00:14:49 Apôtres laïcs, que vous devez être en tant que soldats du Christ,
00:14:56 vous êtes les causes secondes, disait le pape Pidouze,
00:15:02 les causes secondes que Dieu, qui est la cause première de toutes choses,
00:15:07 use pour son plan.
00:15:10 Et notre action ne sera donc rien, si elle n'est liée à la cause principale,
00:15:16 qui est Dieu et l'Église, qui nous a donné les principes doctrinaux par son magistère,
00:15:24 et qui nous a donné la grâce et la force divine par les sacrements.
00:15:30 Donc, notre action catholique, se proposant de restaurer toutes choses dans le Christ,
00:15:37 constitue donc un véritable apostolat, à l'honneur et à la gloire du Christ lui-même.
00:15:44 Et pour bien l'accomplir, eh bien, il nous faut la grâce divine.
00:15:50 Et l'apôtre ne la reçoit point s'il n'est uni au Christ.
00:15:55 Et c'est seulement quand nous avons formé Jésus-Christ en nous,
00:16:00 eh bien, que nous pourrons plus facilement le rendre, le rendre aux familles et à la société.
00:16:06 Alors, tous ceux qui sont appelés parmi nous à diriger cette armée que nous sommes,
00:16:11 ou qui se consacrent à promouvoir le mouvement catholique,
00:16:16 doivent être tous des catholiques à toute épreuve,
00:16:21 convaincus de la foi, solidement instruits de la religion.
00:16:27 Vous devez être d'une piété véritable, de malvertu, de meurtre pur,
00:16:35 et d'une vie tellement sans tâche, que vous servez à tous ainsi d'exemples efficaces.
00:16:44 Alors, si l'esprit n'est pas ainsi réglé,
00:16:49 il sera non seulement difficile de promouvoir les autres au bien,
00:16:54 mais presque impossible, impossible d'agir avec une intention droite,
00:17:00 et les forces manqueront pour persévérer, pour supporter avec persévérance.
00:17:07 Les ennemis qui qu'entraînent avec lui tout apostolat,
00:17:13 les calomnies des adversaires,
00:17:16 la froideur et le peu de concours des hommes de bien eux-mêmes,
00:17:21 les jalousies des amis et des compagnons d'armes,
00:17:25 qui passent leur temps à se disputer,
00:17:29 excusables parfois sans doute, étant donné la faiblesse de la nature humaine,
00:17:34 mais grandement préjudiciables,
00:17:36 et cause de discords, de heurts, de querelles intestines,
00:17:40 et c'est comme ça que nous avons souvent perdu dans l'histoire de France notamment.
00:17:45 La division a toujours été le triste appanage des œuvres de l'Église
00:17:51 par l'action du plus grand diviseur commun.
00:17:56 Il ne s'agit donc pas ici de divisions doctrinales,
00:18:01 qui aboutissent à l'hérésie et aux séparations radicales,
00:18:06 mais des rivalités humaines, des rivalités d'amour propre entre nous,
00:18:12 et seule une vertu patiente, affermie dans le bien,
00:18:16 et en même temps avec une certaine suavité, une certaine délicatesse,
00:18:21 cette délicatesse qu'on appelle parfois la fleur de la charité,
00:18:25 elle est capable d'écarter, de diminuer, ces difficultés,
00:18:30 de façon que l'œuvre à laquelle sont consacrées nos forces
00:18:35 ne soit pas compromise.
00:18:37 Donc la bénignité est en particulier nécessaire aux soldats chrétiens.
00:18:45 Elle est faite de quoi, cette bénignité ?
00:18:49 Elle est faite de désintéressement de soi-même,
00:18:52 de pureté de cœur et d'intention, je ne combat pas pour moi,
00:18:58 d'ignorance des petitesses que nous pouvons trouver chez les uns et les autres,
00:19:04 des jalousies, des rivalités, qui font du charitable à la fois une grande âme noble,
00:19:13 magnanime, idéalement apte à prendre place dans le combat,
00:19:18 du corps de l'Église pour servir, pour rayonner la paix et pour édifier ses frères.
00:19:24 Donc cette bénignité, elle s'exprime par l'affabilité, par l'aménité.
00:19:33 Vous allez me dire, mais qu'est-ce que ça vient faire ici ?
00:19:36 Justement, dans notre combat, ce sont des points importants.
00:19:42 Donc cette affabilité, cette aménité dont la tendresse et la douceur produisent une impression de charme,
00:19:50 qui peut pénétrer les cœurs, qui peut les rassurer,
00:19:56 qui peut les attirer par la vertu même de cette séduction.
00:20:00 La volonté du Père disait Saint Pierre au premier chrétien,
00:20:04 c'est qu'en faisant le bien, vous fermiez la bouche aux insensés.
00:20:10 La bonté, la justice des principes chrétiens,
00:20:15 la droite morale que professent les catholiques,
00:20:18 leur entier désintéressement pour ce qui leur est personnel,
00:20:23 la franchise, la sincérité avec laquelle ils recherchent uniquement le vrai, le solide,
00:20:29 le suprême bien d'autrui,
00:20:31 leur évidente aptitude à servir mieux encore que les autres,
00:20:37 les vrais intérêts économiques du peuple.
00:20:40 Voilà nos armes, voilà nos armes.
00:20:43 Et tout cela ne peut manquer de faire impression sur l'esprit et le cœur de tous ceux qui les écoutent,
00:20:50 d'engrossir les rangs de manière à faire d'eux un corps solide,
00:20:55 un corps compact, capable de résister vigoureusement au courant contraire
00:21:00 et de tenir les adversaires au respect.
00:21:03 Civitas, c'est cela.
00:21:05 Saint Pidis a donné des enseignements, des conseils, des avis aux catholiques
00:21:16 en vue de régler leur conduite dans l'action politique et sociale.
00:21:22 Il l'a fait par ce qu'on appelle les nouvelles directives pontificales.
00:21:27 Notamment, j'ai trouvé cela chez l'abbé Barbier.
00:21:32 Nouvelles directives qui sont de novembre 1909.
00:21:35 Et le langage du pape fait entendre clairement un double avis.
00:21:41 Vous avez trop de ménagements et d'obséquiosité pour le pouvoir civil qui vous tyrannise.
00:21:49 Et vous faites trop bon marché de ce que vous devez à l'église, votre mère.
00:21:54 Soyez donc beaucoup plus indépendants que dans votre conscience de chrétien
00:22:00 vis-à-vis d'un régime qui foule aux pieds vos droits sacrés.
00:22:05 Et comme catholique, plus dévoué à l'église, dont les revendications assureraient également
00:22:11 vos libertés nécessaires et le bien de votre patrie.
00:22:16 Honorez-vous moins d'un loyalisme constitutionnel qui, en de telles circonstances,
00:22:24 dépasse vos obligations envers le pouvoir et vous abaisse devant lui.
00:22:30 Mais portez beaucoup plus fièrement votre titre de catholique.
00:22:35 Affirmez avec beaucoup plus de franchise et de courage les principes dont votre salut dépend.
00:22:45 Ne soyez pas servile envers l'État et neutre dans la cause des droits de Dieu sur la société.
00:22:52 Donc la constatation de ces faiblesses était, chez St-Pilice, la raison de ces directives nouvelles.
00:23:01 Leur but, pour leur donner son vrai caractère, c'était un vibrant appel à la lutte.
00:23:08 Sur un double terrain, dont les limites d'ailleurs se compénètrent,
00:23:13 et pour le service d'une même cause qui est l'oeuvre d'une reconstitution religieuse et d'une reconstitution sociale
00:23:23 par la pratique généreuse, zélée, totale des devoirs que comporte le véritable esprit du christianisme.
00:23:32 Et le franc exercice des droits de citoyens catholiques dans un pays
00:23:37 où leur droit de cité a une priorité sur tout autre qui s'y opposerait.
00:23:44 Donc la forme que cette lutte devra prendre, dans l'un et l'autre champ d'action,
00:23:52 le mot d'ordre qui servira de ralliement, se trouve parfaitement déterminé,
00:23:58 c'est la lutte pour l'Église, la défense de l'Église, de l'Église de toujours, évidemment.
00:24:05 L'affirmation de ses droits, de sa mission civilisatrice qui lui est propre,
00:24:11 et qui est seule, capable, seule d'assurer la paix sociale.
00:24:16 Donc le moyen et la condition du succès, ce sera l'union des catholiques,
00:24:23 sous ce drapeau de l'Église. L'union sur le terrain religieux,
00:24:29 elle ne supprimera pas les divergences politiques, elle respecte les intérêts de parti,
00:24:38 elle n'implique de préférence en soi pour aucun régime,
00:24:43 elle se refuse également à imposer l'adhésion à la forme de pouvoir établie,
00:24:50 ou à favoriser ceux qui estiment son changement nécessaire.
00:24:54 Aux uns et aux autres, elle commande, avec la même instance,
00:24:59 de faire passer avant tout le pouvoir de Dieu, et la défense de leur foi,
00:25:05 sans aucun inservissement de cette cause sacrée à des calculs politiques.
00:25:12 Malheureusement, il y a des époques maudites, et c'est le cas aujourd'hui pour la France,
00:25:20 où il faut distinguer entre la patrie et le gouvernement.
00:25:26 C'est qu'en rompant avec la tradition historique, et surtout avec la vérité elle-même,
00:25:36 le gouvernement fait la guerre à l'Église, et l'expulse de tous les domaines publics.
00:25:42 Alors, si les consciences catholiques continuent à rendre à l'État ce qui est à l'État,
00:25:50 elles doivent retirer à ce gouvernement leur affection.
00:25:54 Voilà ce que dit Saint Pidis à ce sujet, je cite,
00:25:59 "Non, il ne peut prétendre à l'amour cet État, ce gouvernement,
00:26:05 quel que soit le nom qu'on lui donne, qui, en faisant la guerre à la vérité,
00:26:10 outrage ce qu'il y a dans l'homme de plus sacré.
00:26:14 Il pourra se soutenir par la force matérielle, ou le craindre sous la menace du glaive.
00:26:22 On l'applaudira par hypocrisie, intérêt ou servilisme.
00:26:27 On lui obéira parce que la religion prêche et en oblit la soumission au pouvoir humain,
00:26:34 pourvu qu'il n'exige pas ce qui est opposé à la sainte loi de Dieu.
00:26:39 Mais si l'accomplissement de ce devoir envers les pouvoirs humains,
00:26:43 en ce qui est compatible avec les devoirs envers Dieu,
00:26:47 rendra l'obéissance plus méritoire,
00:26:50 elle n'en sera ni plus tendre, ni plus joyeuse, ni plus spontanée.
00:26:55 Jamais elle ne méritera le nom de vénération et d'amour,
00:27:00 ses sentiments, cette patrie seule peut nous les inspirer,
00:27:04 qui, unie en une chaste alliance avec l'Église, produit le vrai bien de l'humanité.
00:27:11 Autrement dit, en tout ce qui ne viole pas la loi de Dieu,
00:27:16 la soumission est due à l'État,
00:27:19 malgré toutes les raisons qu'on peut avoir d'être mécontent,
00:27:23 mais cette soumission ne peut pas et ne doit pas se changer en soumissionnisme.
00:27:30 L'État n'y a aucun droit,
00:27:34 et le catholique à qui il plaît de payer ce surcroît de tribu,
00:27:39 tombe sous l'une ou l'autre des qualifications du discours du pape,
00:27:45 hypocrisie, intérêt ou servilisme.
00:27:50 Le lendemain, le pape s'adressait à de nombreux évêques présents à Rome,
00:27:56 et ce qu'il leur dit, c'est aussi notre programme,
00:28:01 en tant que soldats du Christ.
00:28:04 Nous vous exhortons vivement à ne pas cesser de repousser,
00:28:08 comme vous l'avez fait jusqu'ici, les assauts ennemis,
00:28:12 en exposant publiquement vos plaintes contre les injustices,
00:28:17 en révélant les mensonges, les calomnies, les embûches,
00:28:22 et en condamnant les erreurs et les doctrines perverses.
00:28:26 Tandis qu'aux méchants on permet la licence la plus effrénée dans la scélératesse,
00:28:32 nous, fermement, unis dans nos desseins,
00:28:36 nous revendiquons pour vous l'entière liberté d'annoncer, d'enseigner, d'ordonner,
00:28:42 tout ce qui est vrai et juste, tout ce qui est bon et salutaire,
00:28:46 et tout d'abord d'adorer publiquement dans les cités la majesté divine.
00:28:51 Ça, c'est les paroles d'un pape.
00:28:54 Dans une encyclique pour le huitième centenaire de saint Anselme,
00:28:59 presque aussitôt après la béatification de saint Jeanne d'Arc,
00:29:06 le pape s'adresse à nous afin de dissiper toute illusion pacifiste.
00:29:14 Il se trompe donc fortement.
00:29:17 Ceux qui imaginent et qui espèrent pour l'Église un état exempt de toute perturbation,
00:29:25 dans lequel, tout arrivant à souhait,
00:29:29 et personne ne s'opposant à l'autorité de sa puissance sacrée,
00:29:34 on aurait le loisir de jouir du repos le plus agréable.
00:29:40 Il se trompe encore plus, encore plus honteusement,
00:29:46 ceux qui, dans le faux et vain espoir d'obtenir une paix de cette nature,
00:29:52 dissimulent les intérêts et les droits de l'Église,
00:29:56 les sacrifient à des considérations d'ordre privé,
00:30:02 les diminuent injustement
00:30:05 et pactisent avec le monde qui est placé tout entier sous la puissance du mal,
00:30:11 sous prétexte de gagner les fauteurs de nouveautés
00:30:15 et de réconcilier l'Église avec eux,
00:30:17 comme s'ils pouvaient y avoir accord entre la lumière et les ténèbres,
00:30:22 entre le Christ et Bélial.
00:30:24 Ce sont là des rêves d'esprits malades.
00:30:28 On n'a jamais cessé de forger de tels chimères
00:30:32 et on ne cessera jamais de le faire
00:30:35 tant qu'il y aura ou de lâches soldats
00:30:39 qui s'enfuient en jetant le bouclier dès qu'ils voient l'ennemi
00:30:43 ou des traîtres qui se hâtent de pactiser avec l'ennemi,
00:30:47 le très malfaisant ennemi de Dieu et des hommes.
00:30:51 Alors donc, alors que sévit une guerre cruelle,
00:30:56 puisque nous sommes dans cette guerre cruelle,
00:30:59 le Pape exhortait déjà les évêques
00:31:02 de veiller à ce que nous, les soldats du peuple chrétien,
00:31:06 nous nous abstenions de croupir dans une honteuse apathie,
00:31:12 de rester neutres,
00:31:14 de ruiner les droits divins et humains
00:31:18 par de compromettants accommodements.
00:31:21 Là, il y a tout un programme.
00:31:23 Ne pas croupir dans une honteuse apathie,
00:31:27 ne pas rester neutres,
00:31:29 parce que, comme disait le maréchal, la vie n'est pas neutre,
00:31:32 de ruiner les droits divins et humains
00:31:35 par de compromettants accommodements,
00:31:38 et de faire que tous retiennent gravé en leur âme
00:31:43 cette sentence si formelle du Christ,
00:31:46 qui n'est pas avec moi et contre moi.
00:31:49 Alors, tous nos efforts doivent se concentrer dans cette lutte
00:31:55 pour l'Église, pour la patrie,
00:31:58 certes, mais loin de se restreindre
00:32:01 à une restauration de l'esprit chrétien
00:32:05 dans la masse populaire,
00:32:07 par une action religieuse et sociale.
00:32:10 Ils doivent porter, non moins franchement,
00:32:14 sur le terrain de l'action publique et politique, ce drapeau.
00:32:20 Le colonel Keller écrivait
00:32:23 "On vous dira sans doute, qu'à vous placer ainsi sur le terrain catholique,
00:32:28 exclusivement catholique,
00:32:30 vous allez encourir une fois de plus,
00:32:33 en tant que catholique, le reproche qu'on vous a fait si souvent,
00:32:38 d'être des adversaires irréductibles du pouvoir actuel."
00:32:43 Des adversaires irréductibles ?
00:32:46 Mais c'est l'évidence !
00:32:49 L'évidence même de la situation qui nous est faite par la secte au pouvoir.
00:32:55 Ne nous a-t-elle pas, en tant que catholique,
00:32:59 dénoncés à la vindicte publique,
00:33:02 comme les pires ennemis de la société ?
00:33:05 Ne nous a-t-elle pas, en tant que catholique,
00:33:08 réduits à l'état de paria et à l'état de mendiant
00:33:11 sur cette terre qui est la nôtre ?
00:33:14 Et bien, je vous demande, entre ces hommes qui ont juré notre perte,
00:33:18 et nous qui avons juré de vivre,
00:33:21 où y a-t-il place pour un accord possible,
00:33:24 en dehors de la servilité ou de l'hypocrisie ?
00:33:28 [Applaudissements]
00:33:32 Qui oserait, qui oserait,
00:33:35 de nous demander, de nous prostrer devant la lâcheté,
00:33:39 devant les puissants du jour,
00:33:41 alors qu'ils captent audacieusement
00:33:44 et qu'ils empoisonnent toutes les sources de la vie nationale et chrétienne ?
00:33:48 Oui, nous sommes et nous demeurons
00:33:51 les défenseurs irréductibles de nos droits, de nos biens,
00:33:54 de notre existence même, jusqu'au jour
00:33:57 où on nous aura rendu la place qui nous appartient doublement
00:34:01 sur cette terre que nos aïeux ont faite catholiques et françaises.
00:34:06 Il est temps que nous comprenions
00:34:09 que dans la lutte, on ne peut faire besoin utile,
00:34:12 de besogne utile qu'avec des forces organisées,
00:34:16 compactes, disciplinées,
00:34:19 conduites par leur chef sous un même étendard.
00:34:23 Vous avez compris ? [Rires]
00:34:25 Avec un même mot d'ordre,
00:34:27 avec un même mot d'ordre sur un terrain
00:34:30 où elles puissent concentrer tous leurs efforts
00:34:33 d'un même élan et d'un commun accord.
00:34:35 Et ce terrain, il est tout indiqué.
00:34:38 Il s'impose, car c'est celui-là même,
00:34:41 vers lequel convergent toutes les attaques
00:34:44 de l'ennemi, de l'adversaire,
00:34:46 et en même temps, c'est le seul où nous puissions nous réunir,
00:34:50 c'est le terrain catholique.
00:34:52 Le terrain nettement, exclusivement catholique et religieux.
00:34:56 Et là, il y a un point important à souligner.
00:35:00 La religion étant le bien suprême de la nation,
00:35:04 comme des individus, impose à tout fidèle
00:35:08 l'obligation de subordonner son activité politique,
00:35:12 leur activité politique, à ses intérêts essentiels.
00:35:16 Et Saint Pidis nous appelle donc tous
00:35:20 à combattre sous le drapeau de l'Église,
00:35:23 aussi bien dans l'action politique
00:35:26 que dans l'action religieuse et sociale,
00:35:28 sous le drapeau de Jésus-Christ.
00:35:31 Les catholiques de France,
00:35:33 écrivait l'abbé Barbier,
00:35:36 "Depuis longtemps, les calculs d'une sagesse trop humaine
00:35:40 ont tenu notre conscience en léthargie.
00:35:44 La vraie prudence est de résister ouvertement
00:35:49 quand le droit est violé.
00:35:52 L'honneur de Dieu ne se prête pas à des compromis.
00:35:56 Il se défend à visage découvert.
00:36:00 L'homme dont l'honneur est une conscience droite,
00:36:03 commande les actions,
00:36:06 prend toujours le parti le meilleur.
00:36:09 Sa résistance est toujours une victoire.
00:36:12 La victoire de la conscience est de l'honneur.
00:36:15 La force ne la lui enlève jamais.
00:36:18 Le magistrat qui descend de son siège,
00:36:21 le soldat qui brise son épée
00:36:24 plutôt que de coopérer à la tyrannie du pouvoir,
00:36:27 le prêtre qui affronte la prison
00:36:30 plutôt que de faillir à sa mission
00:36:33 sont les sauveurs de la liberté."
00:36:36 [Applaudissements]
00:36:40 Si le nom de Dieu est presque aussi prudemment exclu
00:36:45 du programme de nos candidats
00:36:48 que du discours d'un président de la République,
00:36:52 ceux qui font marcher la République
00:36:54 n'auront rien à craindre de nos candidats.
00:36:57 Tous nos mots viennent d'une seule cause,
00:37:01 on ne veut pas se montrer catholique.
00:37:04 Dans les pèlerinages, dans les processions,
00:37:07 de toutes parts on chante "Nous voulons Dieu".
00:37:11 Si c'est vraiment notre mot de ralliement,
00:37:15 eh bien agissez comme des catholiques.
00:37:18 C'est-à-dire, affirmez-vous.
00:37:21 Affirmez-vous devant le pays comme des Français
00:37:24 qui ont le droit de croire, d'espérer et d'aimer.
00:37:28 Et qui, si on ne leur reconnaît pas ce droit-là,
00:37:32 sont résolus aussi à le prendre et à le faire respecter.
00:37:37 Placez votre foi au-dessus de tout le reste.
00:37:41 Quiconque la partage est votre ennemi,
00:37:44 quiconque ne la respecte pas, votre adversaire.
00:37:47 Et quand la religion est en cause,
00:37:49 tendez sincèrement la main à tous vos amis,
00:37:53 faites tête à tous vos ennemis,
00:37:55 mais que chez vous, le catholique cesse enfin
00:37:58 de se masquer derrière le libéral.
00:38:02 Alors, là-dessus,
00:38:05 là-dessus, aux soldats chrétiens,
00:38:09 il revient d'être fort.
00:38:13 Ce qu'on aperçoit dans la force,
00:38:16 quand on en parle dans le domaine moral,
00:38:19 c'est une vertu que connotent les idées
00:38:23 de raison, de justice, d'ordre.
00:38:28 Et si ces idées s'évaporent,
00:38:32 on tombe dans la force physique
00:38:36 qui n'est qu'une puissance d'action
00:38:39 disponible à n'importe quoi.
00:38:42 Mais en tant que telle, la force est bonne.
00:38:46 C'est une vertu,
00:38:49 une vertu dont l'homme a besoin
00:38:52 pour s'accomplir dans l'ordre de la nature,
00:38:56 mais elle est aussi un don surnaturel
00:38:59 que l'Esprit Saint accorde à l'âme
00:39:02 pour suppléer à son infirmité
00:39:05 et pour le bouvoir aux actes
00:39:08 que les vertus théologales infusent
00:39:11 auraient peine à lui faire accomplir.
00:39:14 Prenons la définition de saint Thomas d'Aquin,
00:39:18 la vertu de force a pour fonction
00:39:21 de maintenir la volonté humaine
00:39:24 dans la ligne du bien moral,
00:39:27 en lui donnant de résister
00:39:30 aux grands périls corporels
00:39:33 qui peuvent l'assaillir,
00:39:36 et singulièrement aux dangers de mort causés par la guerre.
00:39:39 Donc les deux actes principaux de cette vertu
00:39:43 sont résister à la crainte de la mort physique
00:39:47 dans les combats,
00:39:50 et attaquer avec audace toute agression
00:39:53 qui vise à la perte des biens nécessaires
00:39:57 ou utiles à la vie temporelle de celui qui résiste.
00:40:01 Cependant, autre chose est d'affronter la mort physique
00:40:05 dans un combat corps à corps avec un adversaire
00:40:09 qui n'en veut qu'à notre vie
00:40:12 et qui ne veut de moindre dessein
00:40:15 nous porter atteinte à notre intelligence
00:40:18 ou à la nature même de la société à laquelle nous appartenons,
00:40:22 mais veut seulement la soumettre à la donation de la sienne.
00:40:26 Autre chose est de se trouver en face d'un système
00:40:30 de pression extérieure
00:40:33 qui empêche votre fonction de connaître,
00:40:37 d'atteindre le réel pour qui elle est faite,
00:40:41 et qui vise simultanément à s'emparer de notre être social,
00:40:45 à détruire les communautés naturelles
00:40:49 ou semi-naturelles dont nous faisons partie
00:40:52 par une série de moyens qui vont de la propagande insinuante
00:40:56 et intimidatrice à la terreur brutale,
00:41:00 en passant par la tyrannie des violences médianes,
00:41:04 et à refondre notre essence
00:41:07 selon le modèle d'une idéologie prétendument créatrice
00:41:11 d'un homme nouveau, d'une vie de société nouvelle,
00:41:15 comme c'est le cas depuis plus de deux siècles.
00:41:19 Alors si à ces formes de violences larvées ou cruelles
00:41:26 s'ajoute la manipulation des âmes
00:41:30 par des confessions religieuses
00:41:35 qui font fi du culte de Dieu,
00:41:38 qui en rabattent les énergies religieuses privées de leur issue normale
00:41:42 sur le culte de l'homme,
00:41:45 ce n'est plus seulement la vie physique de l'être humain qui est en cause,
00:41:50 mais sa double nature et individuelle nature
00:41:55 d'animal politique et d'animal raisonnable,
00:41:59 et sa possibilité de surélévation au niveau surnaturel.
00:42:03 Alors devant le déchaînement du nihilisme
00:42:09 destructeur, déconstructeur,
00:42:12 la vertu de force et ses actes
00:42:15 dans tous les domaines, intellectuel, moral, social,
00:42:18 temporel et spirituel, revêtent une importance
00:42:22 et une ampleur inestimables.
00:42:25 Et c'est à commencer dans l'éducation des enfants.
00:42:30 Dans les circonstances présentes,
00:42:33 il convient de remarquer que la vertu de force revient au premier rang,
00:42:37 mais aussi en compagnie d'une autre vertu,
00:42:40 qui est la prudence que le soldat doit avoir aussi,
00:42:44 sans laquelle il n'est pas de vertu morale possible d'ailleurs,
00:42:48 et singulièrement de la prudence politique,
00:42:51 qui est seule capable d'assigner à l'homme les moyens
00:42:55 d'atteindre le bien commun,
00:42:58 la fin nécessaire de sa vie,
00:43:01 et aussi une étape nécessaire à l'obtention
00:43:05 de la béatitude parfaite que Dieu, en sa bonté,
00:43:08 lui octroie gratuitement.
00:43:11 Et donc c'est avec la force que la prudence
00:43:14 a le plus d'affinité. Et comme l'avait dit Bossuet,
00:43:18 la véritable prudence n'est pas seulement considérée,
00:43:22 mais tranchante et résolutive.
00:43:26 Donc si la prudence a pour objet, selon Bossuet, de mettre de l'ordre partout,
00:43:30 cet ordre ne consiste pas seulement
00:43:33 dans une ordonnance et dans l'accord de la fin avec les moyens,
00:43:38 mais aussi dans un commandement
00:43:41 qui prescrit à la volonté de la réaliser,
00:43:45 et qui présuppose, inhérente à la prudence,
00:43:49 cette force qui ne consiste pas seulement
00:43:53 à tenir ferme dans les périls corporels,
00:43:57 mais à maintenir l'essence de l'homme
00:44:00 contre les dangers qui la menacent,
00:44:03 et à contre-attaquer les ennemis qui tentent de la servir,
00:44:07 de la transformer et de la néantir.
00:44:10 Alors on peut dire, en ce sens, que la prudence,
00:44:14 elle procède comme de sa source, de la force,
00:44:18 qui résiste aux puissances extérieures,
00:44:22 aux pressions extérieures,
00:44:24 et qui écarte les obstacles à la réalisation de la nature de l'homme
00:44:28 et à son renfort par la grâce.
00:44:31 Vous voyez, la force, elle est conservatrice de l'essence humaine,
00:44:36 dont l'effectuation dans l'existence constitue la fin même
00:44:41 de toutes les actions morales que la prudence règle
00:44:45 en s'inspirant de ses impératifs.
00:44:48 C'est pour ça que saint Ambroise n'hésitait pas à proclamer
00:44:52 cette vertu comme la plus excellente.
00:44:56 Le contraire de la force, c'est la faiblesse.
00:45:00 Le cardinal de Retz notait ceci,
00:45:03 "Les effets de la faiblesse sont inconcevables,
00:45:07 et je maintiens qu'ils sont plus prodigieux
00:45:10 que ceux des passions les plus violentes."
00:45:14 Et c'est une remarque là qui est tout à fait juste.
00:45:17 C'est lace quand on voit à notre époque,
00:45:21 notre époque où la porosité des esprits aux utopies,
00:45:26 aux mythes, aux propagandes idéologiques,
00:45:29 aux absurdités les plus insannes,
00:45:32 elle est universelle cette porosité,
00:45:35 et où l'autorité gardienne du bien commun,
00:45:38 tant dans la cité que dans l'église,
00:45:41 défaille ses philoches abdiques à tout instant,
00:45:44 où les volontés de puissance partout déchaînées
00:45:47 ne cessent d'inoculer à tous ceux qui exercent encore
00:45:51 la vertu de force, et contiennent au refoul
00:45:54 la subversion de toutes les valeurs,
00:45:57 la mauvaise conscience de leur fermeté d'âme,
00:46:00 et des actes qui en émanent.
00:46:02 Eh bien non, gardez cette fermeté.
00:46:05 Et à ce titre, la vertu de force,
00:46:08 elle noue les rapports les plus étroits
00:46:12 avec la vertu de justice, c'est-à-dire
00:46:15 cette forme de justice qui a trait au bien commun,
00:46:18 et qui s'appelle la justice générale,
00:46:21 ou la justice sociale.
00:46:24 Alors, la pleure de la tâche, vous le voyez,
00:46:27 elle est immense, elle nous appartient,
00:46:30 et la vertu de force est aujourd'hui
00:46:33 la vertu par excellence,
00:46:36 sans laquelle le retour à la santé intellectuelle,
00:46:39 esthétique, morale, religieuse de l'homme
00:46:43 est impossible.
00:46:46 Ensuite, dans notre combat,
00:46:49 j'aborde un autre petit chapitre, mais
00:46:52 j'ai encore à peu près pour deux heures et demie de conférences,
00:46:55 mais bon, dans notre combat,
00:46:58 il faut se garder, évidemment,
00:47:01 de toutes les idéologies et les fausses doctrines
00:47:04 qui au long des siècles nous ont éloignés
00:47:07 de la victoire.
00:47:10 Et là-dessus, le chanoine Roussel,
00:47:13 ou l'abbé Roussel, chanoine,
00:47:16 dans son livre "Libéralisme et catholicisme",
00:47:19 donne quelques indications. Il pense notamment d'abord
00:47:22 au libéralisme.
00:47:25 La médiocrité dans le goût de la vérité
00:47:28 et des principes conduit
00:47:31 nécessairement à la médiocrité dans l'action.
00:47:34 Une indifférence à l'égard du vrai,
00:47:37 une conviction affaiblie,
00:47:40 purement sentimentale,
00:47:43 ne peuvent qu'engendrer la veulerie dans la volonté
00:47:46 et la lâcheté dans l'action.
00:47:49 Un désir exagéré de conciliation
00:47:52 joint à une foi diminuée
00:47:55 risque de pousser à des transactions
00:47:58 dangereuses,
00:48:01 à des compromis regrettables
00:48:04 qui conduiront un jour ou l'autre à des reculades,
00:48:07 à des capitulations ou à des trahisions.
00:48:10 Voilà pourquoi le soldat du Christ
00:48:13 au combat
00:48:16 verra se dresser devant lui
00:48:19 des mots d'ordre de l'ennemi tels que le souci de la paix,
00:48:22 la conduite prudente,
00:48:25 l'attitude charitable, le sens des réalités,
00:48:28 toutes choses qui sont vraies mais qui sont
00:48:31 à double sens bien souvent.
00:48:34 Alors bien sûr que ces mots d'ordre sont à considérer
00:48:37 mais dans leur juste mesure, mais ne doivent pas
00:48:40 occulter la vérité et les principes.
00:48:43 Je ne rentre pas dans les détails.
00:48:46 Alors on a aussi chez Monseigneur Delassus par exemple
00:48:57 et il nous entretient sur
00:49:00 le fait de se garder de ce qu'on appelle
00:49:03 l'américanisme
00:49:06 qui va dans le même sens que ce que l'abbé Roussel
00:49:09 nous décrivait.
00:49:12 Il s'agit donc d'un ensemble de tendances
00:49:15 doctrinales, pratiques
00:49:18 qui ont leur foyer en Amérique
00:49:21 et l'abbé Petit les résume bien.
00:49:24 L'abbé Petit était supérieur du séminaire de Blois
00:49:27 en 1901. Il fermante présentement
00:49:30 dans l'église de France quelque chose qui n'est peut-être pas
00:49:33 une hérésie caractérisée
00:49:36 mais qui pourrait en être le germe.
00:49:39 C'est un mélange d'esprits rationalistes, naturalistes
00:49:42 et critiques, plus ou moins protestants.
00:49:45 Cet esprit s'insinue
00:49:48 principalement dans des groupes de jeunes
00:49:51 mais influencés par de plus anciens.
00:49:54 Et dans ces milieux, on est kantien
00:49:57 ou néo-kantien et subjectiviste
00:50:00 et il donne une liste.
00:50:03 On confond l'ordre naturel et surnaturel.
00:50:06 On ouvre la porte du salut
00:50:09 même à ceux qui n'ont pas la foi.
00:50:12 On supprime les flammes de l'enfer.
00:50:15 On admet des principes de critique
00:50:18 d'où l'on devrait logiquement conclure
00:50:21 à la négation de l'authenticité
00:50:24 et de la valeur historique des livres saints.
00:50:27 On attribue au récit des grands faits primitifs
00:50:30 de la création, de la chute et du déluge
00:50:33 un caractère plutôt mythique ou symbolique.
00:50:36 Dans un autre ordre d'idées
00:50:42 on traite avec une faveur non dissimulée
00:50:45 ces théories larges, humaines, naturelles
00:50:48 dont l'ensemble a reçu ce nom d'américanisme.
00:50:51 Et dans le même temps,
00:50:54 on affecte de dédaignées
00:50:57 la théologie traditionnelle et scolastique.
00:51:00 Le père Hecker explique comment
00:51:03 on conduira l'Église à des succès
00:51:06 qu'elle n'a jamais connus.
00:51:09 N'en croyez pas rien du tout, mais écoutez.
00:51:12 On fera appel, dit-il, à des hommes
00:51:15 possédant cette nouvelle synthèse de vérité
00:51:18 qui permet de résoudre tous les problèmes,
00:51:21 d'éliminer les antagonismes,
00:51:24 de se rencontrer avec les besoins de notre époque.
00:51:27 À des hommes qui sauront prendre
00:51:30 toutes les aspirations du génie moderne
00:51:33 en fait de science, de mouvement social,
00:51:36 de politique, de spiritisme, de religion
00:51:39 et les transformer
00:51:42 toutes en moyens de défense et d'universel triomphe
00:51:45 pour l'Église. Le résultat,
00:51:48 vous le voyez aujourd'hui.
00:51:51 Donc notre combat, c'est aussi
00:51:54 contre ce que l'on trouve, je cite,
00:51:57 dans les archives israélites
00:52:00 qui disent sans hypocrisie
00:52:03 une Jérusalem de nouvel ordre,
00:52:06 une grande assise entre l'Orient et l'Occident
00:52:09 qui doit se substituer à la double cité
00:52:12 des Césars et des Papes.
00:52:15 Donc toute puissance doit disparaître
00:52:18 pour faire place à la domination universelle
00:52:21 de Judas qui se substituera
00:52:24 à tous ses pouvoirs actuellement existants
00:52:27 aussi bien dans l'ordre spirituel que dans l'ordre temporel.
00:52:30 Et pour cela, les idées préparent
00:52:33 la vie aux événements et les événements
00:52:36 plus ou moins spontanés font avancer le plan
00:52:39 jusqu'à ce que nous soyons là aujourd'hui.
00:52:42 Et pour ruiner la cité des Césars,
00:52:45 c'est-à-dire les Patries, rien de plus
00:52:48 efficace que les principes modernes.
00:52:51 Abolir toute distinction entre les hommes,
00:52:54 ne plus considérer dans l'homme
00:52:57 sa qualité de Français ou d'Allemand ou d'Autrichien,
00:53:00 de Chrétien, de Juif ou de Païen,
00:53:03 mais seulement considérer sa qualité d'homme
00:53:06 et ses droits en cette qualité,
00:53:09 d'où les fameux droits de l'homme.
00:53:12 Et puis, selon les principes, l'égalité va devenir
00:53:15 la loi suprême. Si les principes
00:53:18 de 1789 ont en effet corrompu l'idée
00:53:21 de Patrie chez les intellectuels,
00:53:24 si un travail persévérant s'était forcé
00:53:27 d'en arracher l'amour
00:53:30 du cœur des petits et des simples,
00:53:33 c'est là aussi une de nos tâches
00:53:36 de soldats du Christ,
00:53:39 de ne pas permettre chez nous cette dissolution sociale
00:53:42 qui fait de notre Patrie une proie facile
00:53:45 à qui veut la prendre.
00:53:48 Alors, nous, catholiques,
00:53:55 soldats du Christ, en tant que tels,
00:53:58 il appartient de nous défendre
00:54:01 et d'attaquer, de nous défendre pour conserver
00:54:04 les trésors que Dieu a mis en nous,
00:54:07 ensuite tous les trésors de notre histoire nationale,
00:54:10 et d'attaquer, c'est-à-dire
00:54:13 barrer la route à l'ennemi, conquérir
00:54:16 les âmes à la vérité et leur faire partager
00:54:19 tous ces trésors. Et saint Paul
00:54:22 a prévu l'une et l'autre façon
00:54:25 de lutter,
00:54:28 la défensive et l'offensive,
00:54:31 quand il décrit la panoplie dont
00:54:34 le soldat du Christ doit se munir.
00:54:37 Et je regrette qu'il n'y ait pas, à la sortie de cette conférence,
00:54:40 de quoi nous habiller comme saint Paul nous le conseille.
00:54:43 Il parle d'abord du bouclier de la foi,
00:54:46 ensuite de la cuirasse
00:54:49 de la justice et du casque du salut.
00:54:52 Nous indiquons par là
00:54:55 qu'il faut, pour défendre,
00:54:58 nous indiquons par là tout ce qu'il faut
00:55:01 pour défendre et assurer
00:55:04 la foi, la pratique
00:55:07 d'une vie juste, dans le devoir et la vertu,
00:55:10 et par là le salut, c'est-à-dire
00:55:13 notre vrai bonheur.
00:55:16 Mais ce bonheur, il ne veut pas que nous le gardions
00:55:19 égoïstement pour nous.
00:55:22 Il nous parle aussi, en effet,
00:55:25 du glaive qu'il faut prendre en main
00:55:28 et ensuite des sandales légères
00:55:31 qu'il faut chausser. Là, les Capucins,
00:55:34 ils ont déjà ça. Le glaive
00:55:37 et les Dominicains aussi.
00:55:40 Le glaive, c'est-à-dire l'action apostolique,
00:55:43 politique, ou si l'on veut,
00:55:46 la stratégie, la tactique des œuvres
00:55:49 de pénétration, de bonne pénétration.
00:55:52 Ce terme est peut-être dangereux,
00:55:55 évidemment, mais entendons-le dans son bon sens.
00:55:58 Et puis les sandales légères, c'est-à-dire l'élan,
00:56:01 l'ardeur, la flamme, sans quoi
00:56:04 ne servirait à rien
00:56:07 ni les œuvres les mieux conçues, ni l'action
00:56:10 la mieux concertée. Et les UDT
00:56:13 ne servirait à rien. Après cela, l'arsenal est
00:56:16 complet. Tout s'y trouve pour mener le combat.
00:56:19 Nous avons le pactage
00:56:22 complet. Vous ne le trouverez pas à la sortie,
00:56:25 mais n'hésitez pas à le
00:56:28 prendre bientôt. Le pactage est complet.
00:56:31 Voilà donc pour les pièces de notre armure avec lesquelles
00:56:34 militants que nous sommes, nous assurerons
00:56:37 et notre bien personnel et le succès
00:56:40 de notre action. Alors, nous pourrions passer en revue
00:56:43 toutes ces armes, mais
00:56:46 je passe, je passe,
00:56:49 pour arriver à certains dangers
00:56:52 qui menacent notre foi.
00:56:55 Donc, militants, soldats de Jésus-Christ,
00:56:58 à nous de savoir discuter,
00:57:01 de savoir creuser autour de nous à fond
00:57:04 les arguments nécessaires à nos
00:57:07 adversaires. La grâce de Dieu,
00:57:10 elle fera le reste, ne pas l'oublier.
00:57:13 Elle fera le reste pour qu'ils rendent des armes et
00:57:16 nous en avons beaucoup d'exemples.
00:57:19 Cette foi, saint Paul l'appelle un trésor
00:57:22 qui comble tous nos besoins,
00:57:25 tous nos appels, toutes les belles, toutes les bonnes
00:57:28 inspirations de notre être profond. Mais saint Paul
00:57:31 nous en averti encore,
00:57:34 il faut veiller avec un grand soin sur ce trésor.
00:57:37 Sur ce trésor que nous portons,
00:57:40 d'après ses propres termes, nous le portons dans des
00:57:43 vases d'argile. Ne l'oublions pas.
00:57:46 Notre Seigneur nous a signalé ces dangers
00:57:49 en parlant du jour où nous posséderons
00:57:52 au ciel le trésor
00:57:55 inadmissible de la vision péatifique. Alors,
00:57:58 ni les voleurs ne pourront
00:58:01 vous le ravir, ni la rouille le menacer,
00:58:04 ni les mythes l'atteindre.
00:58:07 Et ce sont là les trois ennemis dont il faut nous garder,
00:58:10 les voleurs, ceux qui
00:58:13 attaquent notre foi, ceux qui font tout pour
00:58:16 dépouiller nos âmes des précieuses convictions
00:58:19 données à nous par Dieu. Ce sont les sectaires
00:58:22 de tout genre, les hommes en place
00:58:25 qui voudraient, par le biais de la laïcité,
00:58:28 nous enlever notre incomparable trésor.
00:58:31 Nous avons donc à combattre sans relâche
00:58:34 ces malfaiteurs des âmes. Il faut en être
00:58:37 averti et nous en garder à tout prix.
00:58:40 Et l'un des moyens, comprenez-le bien, c'est l'étude,
00:58:43 la connaissance de plus en plus approfondie
00:58:46 de notre sainte religion. Et l'étude,
00:58:49 vous la trouverez pas sur le smartphone, mais dans les bouquins,
00:58:52 avec un stylo à la main. Et c'est ainsi
00:58:55 que nous nous mettrons à l'abri des attaques.
00:58:58 Vous voyez, j'ai un petit souvenir de famille. Un jour,
00:59:01 mon père me met entre les mains un petit livre qui s'appelait "L'Enjeu".
00:59:04 Je ne sais pas si certains connaissent, c'était les livres de la cité catholique
00:59:07 à l'époque. Et j'avais 15 ans. Il dit "Voilà,
00:59:10 la semaine prochaine, j'ai invité 5 ou 6 adolescents
00:59:13 de ton âge et tu vas étudier
00:59:16 ce chapitre-là et tu vas le représenter".
00:59:19 Et voilà, ça, ça vous...
00:59:22 Voilà, sur cet exemple,
00:59:25 je termine
00:59:28 sur quelque chose
00:59:31 qui peut vous intéresser
00:59:34 et j'offrirai une bière
00:59:37 à celui qui me dira
00:59:40 de qui est ce texte et qui
00:59:43 est donc la fin.
00:59:46 Ah non, d'abord,
00:59:49 vous pouvez m'excuser, mais je vous demande 5 minutes de plus.
00:59:52 Est-ce que vous me l'accordez ? Vous m'accordez ?
00:59:55 5 minutes. Pas plus.
00:59:58 J'avais trouvé un texte très intéressant
01:00:01 de Émile Keller qui est le député
01:00:04 du Syllabus aux éditions du CEL.
01:00:07 Apparu ce livre. Et voilà ce qu'il dit. C'est mon avant-dernier mot.
01:00:10 "Nous sommes
01:00:13 prêts,
01:00:16 car au milieu de la persécution, notre foi
01:00:19 sera fermée. Nos œuvres se sont
01:00:22 multipliées, nos forces ont grandi et nous
01:00:25 terminons avec joie et avec confiance
01:00:28 ce siècle de lutte et d'épreuve.
01:00:31 Au dernier moment, le monstre essaiera sans doute
01:00:34 de maintenir un pouvoir expirant par la violence
01:00:37 et la terreur. C'est dans ces traditions.
01:00:40 Mais j'aime à croire que nous saurons
01:00:43 nous défendre et que nous ne voudrons pas recommencer
01:00:46 indéfiniment le rôle de victime.
01:00:49 Un peu de virilité et nous aurons la victoire.
01:00:52 La victoire non pas par la baguette
01:00:55 de quelques magiciens
01:00:58 devenus tout à coup populaires
01:01:01 et nous sauvant sans aucun effort
01:01:04 de notre part, je ne donne pas de nom, mais comme
01:01:07 récompense chèrement achetée de nos combats
01:01:10 et de nos souffrances. La révolution
01:01:13 convaincue d'impuissance
01:01:16 et la liberté conquise, ce ne sera pas
01:01:19 l'El Dorado rêvé par nos adversaires.
01:01:22 Ce ne sera pas la fin de nos travaux,
01:01:25 de nos difficultés, de nos combats,
01:01:28 car ce repos n'est pas de ce monde.
01:01:31 Mais ce sera un champ nouveau, ouvert à l'activité,
01:01:34 à l'apostolat, au développement chrétien.
01:01:37 Ce sera une nouvelle étape dans la carrière
01:01:40 du progrès, un beau triomphe pour l'Église
01:01:43 et le relèvement, le salut de notre chère patrie.
01:01:46 Et enfin, pour conclure,
01:01:49 ce texte,
01:01:52 si quelqu'un, vous ne devez pas regarder,
01:01:55 me dira de qui c'est,
01:01:58 je lui offrirai une bière.
01:02:01 Merci mes camarades,
01:02:04 car vous étiez les seuls parmi tous les amis,
01:02:07 toutes les relations, les seuls qui mettent plus haut
01:02:10 que leur tranquillité,
01:02:13 qui mettent plus haut que leur avancement
01:02:16 et que l'esprit critique et la compromission
01:02:19 et la peur qui mettent plus haut l'honneur d'un homme.
01:02:22 Si le sel de la terre s'affadit,
01:02:25 que lui rendra sa saveur ?
01:02:28 Or nous sommes le sel de la terre.
01:02:31 Si la lampe dans la maison s'éteint,
01:02:34 qui donnera la lumière ?
01:02:37 Or nous sommes la lumière du monde.
01:02:40 Nous, les chrétiens, nous qui portons le Christ
01:02:43 avec ce voile, ce voile tragique de notre imperfection,
01:02:46 mais nous portons ce Christ.
01:02:49 Et tout ce qu'il a dit et tout ce qu'il a fait,
01:02:52 il nous faut le transmettre.
01:02:55 Et nous, nous sommes les mêmes, mais pour nos frères,
01:02:58 nous ne sommes pas meilleurs, nous ne sommes pas plus grands,
01:03:01 nous ne sommes pas plus forts humainement,
01:03:04 mais nous portons le Christ.
01:03:07 Et si nous a choisi dans notre pauvreté,
01:03:10 si nous a choisi dans notre infirmité,
01:03:13 c'est qu'il est assez riche, qu'il est assez puissant
01:03:16 pour nous donner en temps voulu la force nécessaire
01:03:19 pour accomplir à travers les méandres,
01:03:22 pour accomplir sa volonté.
01:03:25 De quel poids pèse ma vie dans la main de Dieu ?
01:03:28 Ai-je répondu à son appel de chaque heure,
01:03:31 les heures sombres, les heures de grâce
01:03:34 et toutes ces heures qui semblent si légères,
01:03:37 insignifiantes et dont je rendrai compte également ?
01:03:40 Point.
01:03:43 Merci de votre attention.
01:03:46 (Applaudissements)
01:03:48 [SILENCE]