Bolchegeek nous raconte la Fête de l'Huma à travers SA Fête de l'Huma !
On a envoyé l'équipe de POPulaire à la Fête de l'Huma pour la traiter comme un objet culturel comme les autres. Problème : ça n'est pas un objet culturel comme les autres ! Bienvenue dans ce reportage hors-série qui cherche à savoir comment une fête peut-elle être politique et comment la politique peut être une fête.
Avec la participation de Philippe Martinez, Monique Pinçon-Charlot, Guillaume Meurice, Marie-George Buffet, Bernard Friot, Louis Boyard, Fabien Gay, Philippe Poutou, Marie-Charlotte Garin, Gaëlle Martinez et bien d'autres !
Écrit, présenté et monté par Benjamin Patinaud
Image : Nicolas Thomas
Production : Kate
Musique : 2080
Générique : Copain du Web
Miniature : Boidin
On a envoyé l'équipe de POPulaire à la Fête de l'Huma pour la traiter comme un objet culturel comme les autres. Problème : ça n'est pas un objet culturel comme les autres ! Bienvenue dans ce reportage hors-série qui cherche à savoir comment une fête peut-elle être politique et comment la politique peut être une fête.
Avec la participation de Philippe Martinez, Monique Pinçon-Charlot, Guillaume Meurice, Marie-George Buffet, Bernard Friot, Louis Boyard, Fabien Gay, Philippe Poutou, Marie-Charlotte Garin, Gaëlle Martinez et bien d'autres !
Écrit, présenté et monté par Benjamin Patinaud
Image : Nicolas Thomas
Production : Kate
Musique : 2080
Générique : Copain du Web
Miniature : Boidin
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NewsTranscription
00:00 Tout au long de cette année avec l'Humard, on a exploré des objets de culture populaire,
00:07 et pour ce hors série, on nous a confié une mission un peu particulière.
00:11 On nous a envoyé à la fête de l'Humard.
00:13 Et il se trouve que des trucs militants, j'en ai fait un paquet.
00:17 Pourtant, je dois l'avouer, j'avais jamais été là-bas.
00:20 Et ben force est de constater qu'il y en a des trucs à dire sur cette célèbre bamboche
00:25 si on la prend comme ce qu'elle est, un objet de culture populaire assez étonnant,
00:30 assez unique en son genre même.
00:31 Première question, toute simple, ça représente quoi pour vous la fête de l'humanité ?
00:35 Alors on s'y est promenés, on a parlé à des gens, plein de gens même,
00:39 et on va tenter de vous raconter la fête de l'Humard à travers notre fête de l'Humard.
00:55 Je peux le faire, je peux le faire !
00:57 J'adore faire des claps, comme ça un peu stylé.
01:00 Bon.
01:01 La fête de l'Humard, comme le port salut s'est marqué dessus,
01:05 c'est la fête du journal l'Humanité.
01:07 Mais c'est aussi, comme on l'a dit, un objet de culture populaire
01:10 issu d'une longue histoire sociale et politique
01:12 qui n'a pas vraiment d'équivalent ailleurs.
01:14 Vous allez voir pourquoi.
01:15 Est-ce que vous êtes prêts à relever ce défi la fête de l'Humard ?
01:18 Ouais !
01:20 Comme tu peux le constater, j'ai plus de voix parce que je viens de jouer mon spectacle
01:23 avec d'un côté Didier Van Paas qui gueule
01:25 et de l'autre côté un autre groupe qui fait ses balances,
01:28 des petits problèmes de micro et de l'arsène,
01:29 mais bon voilà, la fête de l'Humard quoi, donc ça va, tout va bien.
01:32 Moi c'est pas difficile, c'est ma petite bulle de communisme
01:36 avant de vivre l'hiver, voilà.
01:40 Je viens m'y ressourcer.
01:41 Ça fait toujours du bien de voir qu'il y a toujours autant de gens de gauche, déjà.
01:47 C'est là que ça devient intéressant et ça questionne pas mal nos imaginaires passés et présents,
01:52 et puis pourquoi pas futurs, tiens.
01:54 Je trouve que c'est un peu une société rêvée qu'on crée tous les ans.
01:58 C'est un endroit de débat, déjà,
02:00 parce qu'il y a beaucoup de choses à débattre, beaucoup de choses à dire,
02:04 et aussi c'est une fête, déjà, donc ça permet aussi de...
02:09 Je trouve qu'à gauche on a un peu tendance à être un peu déprimé,
02:13 là ça permet de un peu souffler et de s'amuser et de se dire bon bah...
02:18 Voilà, on reprend des forces en découvrant d'autres personnes
02:21 et en écoutant des super concerts et des fanfares et compagnie.
02:24 C'est ça, c'est ce bonheur de la fraternité, de se retrouver ensemble.
02:28 Parce que, clairement, c'est pas juste un des gros festoches musicaux de l'année,
02:41 ou le rassemblement d'un parti avec un gros meeting de rentrée pour les militants.
02:46 Déjà, rien que le fait que ce soit organisé par un journal,
02:48 vous voyez bien qu'aucun autre organe de presse fait un truc ne serait-ce qu'approchant.
02:53 Depuis presque un siècle.
02:55 Pas une fête, mais LA fête.
02:57 Celle que n'offriront jamais à leur lecteur, l'aurore, le figaro, le parisien libéré,
03:01 un quelconque de ces organes de la presse bourgeoise qui n'ont pas et ne peuvent pas
03:05 avoir avec leur public ces liens d'amitié, d'affection, de fraternité,
03:09 qui unissent l'humanité au sien.
03:11 Sous les arbres du bois de Vincennes, on n'a jamais vu tant de monde à la fois.
03:14 Dans les deux villages de stand dressés par la fête de l'humanité, des foules se pressaient.
03:19 Pour moi c'est une vieille histoire, je suis au Parti Communiste depuis 1969, donc évidemment.
03:26 C'est un événement référence on va dire, chaque année.
03:31 Je rencontre des personnes avec qui j'ai milité il y a 20-30 ans,
03:35 et puis on se dit "comment tu vas ?" et puis en fait c'est comme si on s'était vu hier.
03:39 Je dois être à peu près à ma 7ème ou 8ème.
03:41 Je suis allé à l'époque parce qu'il y avait Scorpions en tête d'affiche.
03:46 Alors comment ça se fait ?
03:52 Parce que, à la base, c'est juste ça, un rassemblement en soutien au journal l'Humanité,
03:58 alors qu'il subissait, avec le reste de la mouvance communiste,
04:00 une répression particulièrement tenace de la part des pouvoirs en place.
04:04 Autant vous dire que depuis, ça a bien évolué,
04:07 traversé les décennies pour devenir quelque chose d'autre.
04:11 L'Humanité, et ça aussi c'est marqué dessus encore aujourd'hui,
04:20 c'est le journal créé par Jean Jaurès.
04:23 Déjà, c'est pas rien, ça a de la gueule, c'est autre chose que Geoffroy Lejeune,
04:26 et puis c'est pas tout jeune.
04:28 Ça signifie que quand vous croisez ces "une" au kiosque
04:31 que vous allez vous promener sur ce site web comme sur n'importe quel site de presse
04:34 tout moderne et numérique, c'est en fait près de 120 années qui vous contemplent.
04:39 À la une, Thomas Pesquet, il est communiste, il est sympathisant ?
04:43 Non, pas du tout, mais on est très très fiers et très heureux d'accueillir
04:47 le spationaute Thomas Pesquet,
04:49 qui nous fait rêver qu'il y ait une des personnalités préférées des Françaises et des Français.
04:54 Ce qu'il faut bien comprendre là-dedans, c'est qu'on parle d'un temps
04:57 que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître,
04:59 où les journaux occupaient une place bien plus centrale dans la vie de la société,
05:03 et notamment les journaux partisans.
05:05 Du berceau au cimetière, selon l'état où on se trouvait, il y avait un journal.
05:10 Alors c'est depuis, je sais pas moi, l'hebdomadaire d'actualité "Regards",
05:16 en passant par le journal des sportifs de la FSJT,
05:20 le journal des femmes, le journal des jeunes,
05:22 les tout petits "Rikiki, Roudoudou", "Pif, le chien".
05:25 Dites-vous qu'à titre de comparaison, l'UMA, dans les années 30,
05:28 c'est des centaines de milliers de tirages par jour,
05:31 jusqu'à 400 000 dans l'après-guerre.
05:33 L'UMA sur tous les chemins, l'UMA dans toutes les mains,
05:40 bonjour, bonsoir.
05:43 Et à côté de ça, toutes les tendances politiques avaient un peu leur champion.
05:47 Parce que tu trouves honnête et sincère de parler politique
05:49 avec un point de vue aussi clairement situé que le tien.
05:51 Les journaux sont alors un moyen incontournable d'information,
05:54 mais aussi de formation, notamment politique,
05:57 de discussion, d'organisation, d'opinion et de sociabilisation en général.
06:01 Bref, c'était pas juste un truc qu'on achète un peu de temps en temps
06:05 pour suivre l'actu et les derniers avis catastrophiques
06:08 des éditorialistes de plateau.
06:09 Quand tu me regardes,
06:11 tu trouves pas que j'ressemble à un canton suisse ?
06:13 Un truc dont on partage un peu au pif l'intitulé
06:16 "choc sur les réseaux sans lire l'article".
06:18 On connaît les difficultés de la presse depuis quelques décennies.
06:21 Et c'est dans ce cadre-là que le Monde diplomatique, avec Acrimed,
06:25 a construit cette cartographie des médias français
06:29 pour se rendre compte de qui possède quoi.
06:32 Et on voit qu'il y a une trentaine de personnes
06:36 qui concentrent la grande majorité des médias entre leurs mains.
06:41 C'est avant tout de promouvoir une presse indépendante et libre,
06:46 libre de tout intérêt financier,
06:49 mais également des intérêts et du pouvoir de l'État.
06:54 Pourtant, 120 ans plus tard,
06:56 alors que la presse n'en finit plus d'être en crise,
06:58 et l'Humain n'a malheureusement pas fait exception,
07:00 le journal est toujours là.
07:02 Et sa fête aussi est toujours là, et pas qu'un peu.
07:04 "Dominion de la notion générale, déménagement !"
07:07 On commence le montage de la fête,
07:09 donc on déménage toutes nos affaires sur le terrain de la fête au plésypathé.
07:13 Donc on prend tous nos bureaux, nos chaises, nos ordi,
07:15 les ventilateurs parce qu'il fait chaud,
07:17 on déménage tout là-bas.
07:18 120 ans d'histoire complexe,
07:19 avec des hauts et des bas, des trucs dingues,
07:22 des trucs moins glorieux,
07:23 et aussi des trucs banals qui font le quotidien d'un quotidien.
07:27 "Demandez l'humanité dimanche !"
07:29 "Bonjour."
07:30 120 ans d'histoire avec un S,
07:32 en miroir de celle avec un grand H.
07:35 "I don't think that the struggles in which I would be involved at age 20
07:41 are any different from the struggles I'm involved in today."
07:46 Celles du mouvement ouvrier et des mouvements d'émancipation en général,
07:49 y compris de ces organisations politiques.
07:51 Parce que bon, comme vous le savez, on parle d'une presse bien particulière.
07:55 "Oh de Dieu Blake, vous êtes un communiste, ça crève les yeux !"
08:03 Si du temps de Jaurès, Luma, c'était la SFIO,
08:07 en 1920, il s'est déroulé à Tours un certain congrès
08:10 qui a vu le départ des socialistes et la naissance d'une partie communiste français
08:14 qui hérite de cet organe de presse jusqu'en 1994.
08:18 "La guerre mondiale de 1914 à 1918
08:21 et la révolution bolchevique depuis 1917
08:24 ont rendu cette séparation inévitable."
08:27 C'est que, à la base, alors même que l'événement ne faisait que grossir de lieu en lieu,
08:31 s'imposant dans le paysage année après année,
08:34 jusqu'à ce que même la presse d'en face qui s'en moquait ou lui crachait dessus
08:38 doive bien la reconnaître comme un moment incontournable,
08:41 eh ben c'était la fête du Parti communiste,
08:43 organisée par le journal du Parti communiste.
08:46 "Et dans les tribunes ont remarqué Marcel Cachin,
08:49 Maurice Lorraise,
08:51 Jacques Duclos
08:52 et les uniformes symbiotiques."
08:54 Faut quand même rappeler que, bon là, ça paraît vintage avec notre regard de maintenant,
08:59 mais on parle là d'un parti très fort et massif, surtout après la Libération.
09:03 Un parti qui à lui seul pouvait entretenir tout ce tissu social et culturel.
09:08 Le journal lui-même devait son succès aux fameux petits vendeurs de l'humain,
09:12 qui le distribuaient, le lisaient et le finançaient comme un acte militant parmi tant d'autres.
09:16 Qui faisait partie intégrante de la vie des gens,
09:19 qui eux-mêmes en retour l'investissaient comme un outil de leur émancipation.
09:23 "Moi, pourquoi je le vends ?
09:27 Parce que c'est l'humain."
09:28 "La vente de la presse c'était les classes du militant."
09:33 Et aujourd'hui, quand on se promène dans cet énorme village,
09:35 alors même que cette force et cette masse ont largement décliné,
09:39 ce qui frappe c'est que, eh ben c'est encore partout.
09:41 [♫ Générique ♫]
09:49 "Désolé pour la musique.
09:50 Au PCF et à la JC, c'est un temps assez important.
09:53 On voit autour, quasiment toutes les fédérations ont un stand.
09:58 C'est un grand temps militant, humain aussi, financier évidemment.
10:03 C'est bon, on est derrière un bar donc voilà."
10:05 Un héritage dont la fête est non seulement une survivance
10:08 qui paraît presque anachronique tant la situation politique et sociale s'est dégradée,
10:12 mais qui pourtant, ici, pète la forme.
10:14 [♫ Générique ♫]
10:16 "Aujourd'hui c'est un miracle parce que le parti est un parti quand même en déclin.
10:21 Et là, il y a une foule, une jeunesse qui sont étonnantes."
10:25 [♫ Générique ♫]
10:31 Mais on se rend aussi vite compte que...
10:33 pas seulement.
10:33 [♫ Générique ♫]
10:41 "C'est pas que des gens qui viennent voir des concerts,
10:43 c'est aussi des gens qui ont envie de se retrouver en sachant bien que
10:45 c'est à la fois une fête populaire mais une fête de gauche,
10:48 dans le bon sens du terme.
10:49 Et nous, le stand c'est un moment d'échange, de rencontre.
10:53 Ça se mélange parce que là, on a vachement de militants,
10:55 d'équipes militantes syndicales ou associatives.
10:58 Il y a pas mal de stands qui sont déjà en lutte ou en mobilisation."
11:01 "Et puis c'est un moment important d'échange, de confrontation d'idées,
11:05 de contradictions et qui permet de rencontrer, de discuter
11:10 et puis de dire 'ben voilà, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?'
11:12 et puis de préparer ce que vous appelez la rentrée sociale chaude, j'espère."
11:17 "C'est l'occasion de pouvoir porter pour nous un certain nombre
11:21 de nos préoccupations dans la période.
11:24 Là, cette année, c'est encore plus important puisque on est dans un contexte
11:29 que ce soit de défis et de crises environnementales,
11:33 de crises sociales, de crises salariales, inflationnistes."
11:36 Le journal lui-même, comme mentionné au début,
11:38 n'est désormais plus l'organe officiel d'un parti
11:41 et ses pages se veulent ouvertes à toutes les composantes du mouvement social,
11:44 des luttes d'émancipation et des organisations de gauche.
11:48 Alors bien sûr, ça reste proche, pas mal proche même.
11:50 Tenez, son directeur actuel, c'est lui.
11:53 "Ce sont des requins et dès qu'ils peuvent se gonfler, ils le font sur l'autre dos."
11:57 Fabien Guay, sénateur communiste, ancien directeur de La Fête,
12:01 avant de passer la main à Thibaut Weiss,
12:03 et qu'on a retrouvé là, au bout de trois jours de fête,
12:05 et donc un peu au bout de sa life.
12:07 "Je suis extrêmement heureux qu'on ait eu du temps d'échange et des débats.
12:12 Il y a eu 300 débats, toutes respectueuses de l'autre.
12:17 On a invité y compris des ministres à venir, mais aussi toute la gauche.
12:21 Et il y a eu des débats pacifiés, démocratiques, arguments contre arguments.
12:26 La société fait pour isoler, pour que les débats soient maintenant des petites phrases,
12:31 des buzz, des coups de cam', il faut sortir la petite phrase.
12:35 Et c'est tout le contraire ici."
12:37 C'est bien toujours ces force-là qui portent la fête.
12:40 Parce que si bien sûr l'événement fait appel à nombre de professionnels,
12:43 le miracle reste rendu possible par la mobilisation de cette multitude de militants.
12:48 "Il y a une semaine, ici il n'y avait rien.
12:50 C'était un terrain vierge.
12:51 Il y a des militants, des jeunes, des anciens qui ont travaillé depuis la semaine dernière
12:57 à monter une fête pareille.
13:00 Ce ne sont pas des professionnels.
13:01 Alors il y en a qui sont professionnels, mais c'est dans leur boulot.
13:05 Mais il y en a qui connaissent plus ou moins certaines choses.
13:08 Tirer des câbles électriques, parce qu'il fallait de l'électricité, l'eau.
13:13 Enfin tout, il faut tout traiter.
13:15 C'est des miracles quotidiens.
13:16 Les militants sont capables de faire des miracles quotidiens avec des bouts de ficelle."
13:19 Eh bien oui, les bières ne se servent pas toutes seules.
13:21 Et ce n'est pas pour rien qu'elles sont à ce prix là.
13:23 "En général, on ne va pas se mentir, vu le prix, ça vient surtout pour boire des
13:30 coups, c'est vrai.
13:31 Mais ensuite, ce qui est bien, c'est que justement, on a du matériel politique.
13:34 Un peu partout, il y a des affiches, il y a des débats, il y a des temps comme ça,
13:40 qui essayent de toujours ramener la question politique.
13:42 Il y a plus qu'on tire les bières et on bourre la gueule de tout le monde.
13:46 Même si bon, ça va."
13:47 C'est que, d'une part, l'ampleur grandissante de l'événement a très vite dépassé les
13:50 rangs communistes.
13:51 Et que le parti s'est vite rendu compte qu'il avait créé autre chose.
13:55 "Du reste, la fête de l'humanité 1974 ne rassemble, selon une enquête, que 12,5%
14:01 de communistes."
14:02 "Effectivement, il y a toute une partie du monde communiste qui s'est écroulée avec
14:05 ce que ça portait de culture populaire, d'institution.
14:07 Mais ce qui fait une déspécificité de la fête de l'humain, je crois, c'est de rassembler
14:12 bien au-delà du parti.
14:13 C'est-à-dire que moi-même, je ne suis pas membre du parti.
14:15 Donc du coup, c'est un lieu, si vous voulez, on dirait, c'est un lieu de rassemblement
14:19 de la gauche dans un sens très très large.
14:21 Gauche culturelle, politique, etc.
14:23 Et donc du coup, ça survit peut-être plus facilement que d'autres institutions, plus
14:26 ancrées dans des luttes partisanes.
14:28 Et ce côté un peu œcuménique, où je pense qu'en interrogeant les gens, on se rend compte
14:32 qu'il y a énormément de points de vue politiques.
14:33 Et donc ce point de vue œcuménique, c'est celui évidemment qui, dans un moment où
14:37 le parti communiste a souffert, évidemment, de tout un affaiblissement, a le mieux survécu
14:41 effectivement que d'autres institutions.
14:44 Et c'est assez frappant qu'ils puissent continuer dans le contexte actuel.
14:47 C'est ce côté sans doute rassembleur, bien au-delà des engagements partisans.
14:51 Les autres organisations de la gauche et du mouvement social, qu'elles soient politiques,
14:55 associatives, culturelles, syndicales, etc.
14:58 sont-elles aussi de la fête.
14:59 Et ça fait plaisir de voir qu'il y a du monde chaque année.
15:02 J'avais un peu peur cette année, quoi.
15:03 Parce qu'après le Covid, en plus c'est loin de Paris cette année.
15:05 Et finalement, tout le monde est au rendez-vous.
15:07 Et ouais, c'est cool, quoi.
15:08 C'est vraiment un endroit, une réserve naturelle de gauchos.
15:11 Mais c'est justement la preuve qu'on est plus nombreux que ce qu'on pense, à mon avis.
15:16 Parce que chacun est un peu éclaté dans les luttes sociales, chacun est un peu de son côté.
15:19 Et moi, je te dis ça, je suis humoriste, donc je ne suis pas vraiment au cœur de la militance,
15:24 pas du tout, quoi.
15:25 Et quand les gens se regroupent, ils se rendent compte que finalement, il y a plus de monde que prévu.
15:29 Je pense qu'on a une mauvaise vision des gens qui ont envie de faire bouger les choses dans ce pays.
15:33 On est plus nombreux que ce qu'on pense.
15:36 Je trouve que c'est le partage, la non-division, c'est quelque chose, oui,
15:43 qui nous porte tous ensemble, qui nous fait vraiment du bien.
15:48 Les mauvais débats, les rivalités, les choses négatives sont en général absentes de la fête de l'Huma.
15:57 Et ça, j'aime bien.
15:58 C'est devenu, pour elles aussi, un rendez-vous incontournable.
16:02 La fête de l'Huma, c'est un endroit de fraternité, de convivialité, où les gens se retrouvent.
16:08 Parfois, c'est mon cas d'ailleurs, je vois des camarades une fois dans l'année, c'est à la fête de l'Huma.
16:14 Là, en fait, tous ceux qui cherchent des transformations progressistes dans la société,
16:20 c'est un lieu de rencontre incroyable, intergénérationnel.
16:24 Donc là, on a un débat, par exemple, on parle de la jeunesse, c'est très bien, c'est très intéressant.
16:29 Et puis après, ensuite, on va au concert et c'est beau de voir, notamment, toute cette jeunesse-là qui fait la fête, qui est heureuse.
16:34 Du coup, pour moi, l'Huma, c'est un peu mon moment de l'année, parce que tout y est, la fête, la politique, c'est un très bon moment.
16:41 Moi, je suis politiste depuis très peu de temps et du coup, c'est intéressant de voir les anciens de gauche et les nouveaux de gauche, les jeunes de gauche.
16:51 Et je trouve que c'est un lieu de réunion où on peut enfin se parler, avoir des débats hyper constructifs et intéressants
16:57 sur le modèle de société qu'on veut et ce que représente aujourd'hui la gauche pour nous
17:02 et comment on fait pour allier aussi deux générations de gauche qui, on a l'impression, sont en rupture,
17:08 mais qui ont beaucoup de choses à partager et à apprendre les uns les autres.
17:12 Donc c'est pour ça que je trouve que c'est toujours intéressant et très riche.
17:15 La fête de l'Huma, elle est en renouveau permanent.
17:17 Là, on a déjà ces nouveaux lieux et puis autour du numérique, il y a eu des espaces nouveaux.
17:24 Chaque année, finalement, la configuration de la fête bouge.
17:29 Donc il y a un renouveau permanent de la fête.
17:32 La première chose, c'est qu'il n'y a plus du tout d'adhésion à la façon dont le capitalisme organise le travail.
17:38 Dans la jeunesse, il n'y a plus d'adhésion à cela. C'est fini.
17:41 Et il y a une attente d'une proposition alternative.
17:45 Par exemple, si comme moi, vous habitez une circo stylée, mais pas communiste, vous pouvez y croiser votre député Nupes.
17:51 Moi, je le vois vraiment comme une réunion de famille où tout le monde est aussi heureux de se retrouver,
17:56 même si on a des styles différents et des avis différents sur certains sujets.
17:59 Parfois, c'est le cousin, parfois c'est l'oncle qui reçoit, parfois c'est l'attente.
18:02 Et là, du coup, moi, je suis bien comme une cousine à une réunion de famille.
18:06 Mais au final, le vrai mélange ici, celui qui nous apporte le plus, celui qui devrait vraiment nous inspirer,
18:12 vous voyez bien que ce n'est pas juste un grand rout du monde militant.
18:15 Parce que non, ici, on n'est pas à un congrès ou à une université d'été.
18:19 Ici, ce qui se joue, c'est la rencontre de ce monde avec une culture apte à l'accompagner, avec laquelle il peut enfin renouer.
18:25 C'est le sosie officiel de Philippe Poutou, alors c'est un peu raté.
18:29 Parce que le vrai Philippe Poutou, il a quand même une qualité esthétique.
18:31 Bon là, c'est vraiment le Philippe Poutou à mouche.
18:33 Il est raté le vrai.
18:35 Quand je parle de ce tissu social et d'organisation politique, je parle au travail et dans la rue, bien sûr,
18:42 mais aussi des municipalités, des centres sociaux, des formations, des organes de jeunesse ou d'échanges internationaux,
18:48 des clubs de sport ou de lecture, des artistes compagnons de route, des orchestres, des théâtres, des magazines de BD,
18:54 de véritables productions cinématographiques d'envergure, j'en passe et des meilleures.
18:59 Bref, un monde qui avait toute une culture.
19:02 Si on prend l'exemple en Lorraine, tous les clubs de football appartenaient aux usines.
19:06 C'est avec la domination des usines. Donc, il fallait faire des clubs à côté.
19:09 Il fallait permettre à la classe ouvrière de faire du sport en dehors de l'emprise patronale.
19:17 Une contre-culture même au sens où elle se posait en alternative à l'hégémonie de la culture dominante, bourgeoise et marchandisée,
19:24 une culture internationale plutôt que mondialisée.
19:26 Une culture politique donc, qui est aussi une culture populaire.
19:30 C'est-à-dire pas une simple esthétique de niche pour militants, pas une nostalgie muséifiée autour d'obscures références purement politico-politiques,
19:39 mais une culture qui touche le grand public, émane de lui et évolue à ses côtés.
19:43 C'est-à-dire que la fête de l'humanité, moi il y a longtemps que j'y viens, en tant que client, quand j'étais au Monde.
19:48 Et d'autre part, j'y ai rencontré des poètes, j'y ai vu des expositions de peinture, j'y ai rencontré des écrivains, des musiciens, des penseurs, des scientifiques.
20:04 C'est-à-dire que c'est la seule fête qui soit à la fois populaire, c'est une grande fête populaire,
20:09 et culturelle, parce qu'il y a plein d'ateliers, il y a plein d'endroits où on peut voir et parler avec des gens, des artistes, échanger des idées.
20:16 Moi je connais la fête de l'humanité depuis presque 20 ans je pense.
20:21 Moi dans la musique, ce que j'essaie de faire, c'est d'apporter du sens.
20:25 Et je pense que c'est un peu ça l'idée du festival, c'est à travers la musique de sensibiliser les gens, de les éveiller, de les questionner.
20:37 Et là, on comprend comment un événement aussi intrinsèquement politique a pu devenir un aussi gros festoche.
20:43 Non mais il suffit de voir le palmarès musical.
20:45 Et vous noterez, aujourd'hui comme hier, que ces affiches réunissent certes tout ce que le mouvement compte de compagnons de route.
20:51 Nous sommes allés faire un concert de soutien aux crédits de JMES,
20:59 et j'aimerais leur faire un petit clin d'œil avec ce qui va suivre, et j'espère avoir votre soutien sur cette chose.
21:08 Debout les damés de la peur,
21:12 debout les forçats de la faim.
21:16 Mais pas que. Loin de là.
21:19 C'est une situation assez dingue quand on y pense.
21:21 Parce que d'un côté, de grands artistes ont pu se voir reprocher de participer à cet honteux rassemblement de voriens bolcheviques bouffeurs de curés ou d'enfants, selon le stand.
21:30 Je vois pas pourquoi je ne chanterais pas dans une fête d'un parti communiste.
21:36 Je n'ai rien contre le parti communiste.
21:38 Ce sont des gens qui nous ont accueillis d'une façon formidable, qui sont des gens très courtois.
21:45 Ils organisent une belle fête tous les ans. Je vois pas pourquoi des chanteurs comme moi, on y participerait pas.
21:50 Mais de l'autre, la sphère militante a pu reprocher à la fête d'inviter des chanteurs peu en phase avec leurs idées,
21:56 seulement qu'on puisse dire, voire des exilés fiscaux notoires.
21:59 Je suis communiste, mais je suis pas juge. La fête de l'Huma appartient au patrimoine français, pas seulement au journal.
22:04 Johnny et Paul Naref sont aimés des milieux populaires, et les gens qui viennent ont envie de les voir.
22:08 Dans ce cas, pourquoi ne pas inviter Sardou ? Là, ce serait peut-être compliqué.
22:14 C'est donc en devant bien naviguer dans ces eaux tumultueuses que depuis des décennies,
22:18 on se retrouve avec une mayonnaise qui continue à prendre, à la fois à une culture éminemment politique,
22:24 carrément militante même, et en phase avec la culture populaire dans sa diversité.
22:29 En 2009, nous avions programmé Deep Purple, qui préparait son retour sur scène l'année suivante.
22:33 Le groupe a accepté de baisser son cachet pour jouer chez nous et annoncer son retour.
22:37 Même chose avec Patti Smith en 2012, qui arrivait en disant "c'est formidable de jouer dans un festival qui s'appelle l'humanité".
22:43 Et pourtant, c'est jamais gagné, parce qu'à chaque fois, comme partout,
22:46 y'a des résistances à tous ces trucs de jeunes et cervellés.
22:49 Que ce soit les délires de hippies à cheveux longs, de vauriens rockers en blouson noir,
22:54 de l'ascar rappeur à casquette, de R'n'B que l'on comprend plus qui chante, ma bonne dame, ou que sais-je.
23:00 Il a chanté à la fête de l'humanité, la fête du Parti Communiste Français.
23:03 James Wand, qui, comme on sait, est un des pionniers du R'n'B, le Rhythm and Blues.
23:09 Là c'est vrai que ça devient une fête très jeune, très rock'n'roll, olé olé, mais comme j'aime, j'aime bien ça.
23:16 Sauf que, dites donc, la politique c'est censé être du sérieux.
23:21 Est-ce que ce rassemblement aurait pas perdu son âme pure et militante,
23:25 en cherchant à attirer un public plus intéressé par les binous et les concerts que par la révolution ?
23:30 Johnny Hallyday, vous allez la voir, et je vais l'écouter avec vous.
23:37 Mais vous l'aurez d'autant plus vite que j'aurai terminé mon discours.
23:41 J'avais envie de partager un bon moment avec mes amis, pour venir voir des concerts, etc.
23:46 Passer un bon moment entre amis convivial.
23:49 J'ai téléchargé l'appli, j'ai vu les artistes, et puis on a fait notre ride dans les artistes,
23:53 et on va voir les gens qui nous intéressent.
23:56 Je ramène tous mes potes qui sont là, et on vient faire la fête,
23:58 on vient partager, rencontrer du monde, et boire un coup.
24:01 Tu viens pour quoi ?
24:02 Pour le communisme.
24:04 Ah bon ?
24:05 Oui !
24:05 Non, moi je suis rentrée, et en rentrant je me suis rendu compte que c'était une fête de gauche,
24:10 on peut le dire, plus qu'un festival en fait.
24:13 Avant ça, moi on m'a dit, il y aura section d'assaut, il y aura ziak,
24:15 j'ai dit "Allez, on y va !"
24:18 Ça, pour le coup, c'est vrai que comparé à la fête de l'UMAD, il y a 50-60 piges.
24:22 Maintenant le public est surtout là, en fait, plus pour la musique, très clairement.
24:26 La fête risque-t-elle de devenir un festival comme un autre,
24:30 avec peut-être même des gens pas politisés, ou pire, de droite ?
24:34 C'est le principe d'une fête populaire.
24:36 Vous avez des jeunes qui viennent parce qu'ils militent, à l'origine,
24:40 et que c'est un grand moment militant, et il y a des jeunes qui viennent uniquement pour le concert.
24:43 Mais après ensuite, ces jeunes, avant le concert, ils viennent se poser un débat,
24:47 et ils écoutent, et hop, ça les intéresse.
24:49 Donc c'est un moment important pour la politisation de la jeunesse, la fête de l'UMAD.
24:53 On s'y connaît pas trop non plus, puisqu'on a que 19 ans,
24:56 du coup la politique, c'est pas encore...
24:59 On s'y intéresse pas forcément.
25:00 Mais on a voté, à toutes les élections, depuis qu'on est majeure.
25:03 Mais pour nous, c'est un moment à la fois festif et de discussion.
25:07 Et on arrive à côtoyer tout un milieu populaire, toute une jeunesse.
25:11 Parce qu'en fait, la fête de l'UMAD, c'est pas juste des concerts,
25:14 parce que c'est vrai que les concerts attirent.
25:16 Les grosses têtes d'affiches permettent de ramener des gens à l'UMAD.
25:20 Et c'est le fait qu'il y ait quand même des stands de partout,
25:22 ça ramène à la question politique.
25:24 On est allé voir la conférence de M. Fabien Roussel.
25:27 Après on essaye d'aller dans un peu tous les stands, mais il y en a beaucoup.
25:30 Donc on sait pas où donner de la tête, en vrai.
25:32 Et si au contraire, on pouvait en tirer une petite leçon ?
25:36 Pour un monde militant un peu trop habitué à jouer les gardiens du temple,
25:39 et qui gagnerait, peut-être, à dépoussiérer ses imaginaires,
25:42 à les reconnecter aux cultures populaires,
25:44 les cultures de celles et ceux qu'il doit mobiliser.
25:47 Au même endroit, il y a un public qu'on rencontre pas beaucoup tous les jours.
25:52 C'est aussi montrer le vrai visage de la CGT,
25:54 et pas celui que certains médias essayent de présenter
25:57 comme des sectaires refermés sur eux-mêmes.
25:59 Pour nous, c'était important de pouvoir toucher notamment les jeunes.
26:05 On a une forte participation de nos camarades de Solidaires étudiantes.
26:09 Je pense qu'on devrait travailler pour que ce soit un lieu encore beaucoup plus ouvert,
26:13 pour que plus de gens puissent venir et inviter, je sais pas,
26:18 des assos, oui, mais aussi des missions locales,
26:20 ou plein d'autres structures,
26:22 notamment des jeunes qui sont un peu éloignés de ces lieux-là,
26:27 pour qu'ils puissent prendre leur place.
26:29 Et justement, en ayant ce côté concert, ce côté fête,
26:34 ils puissent après aussi se politiser sur plein d'autres questions.
26:39 En vrai, pourquoi ça serait pas compatible ?
26:42 Non, mieux, pourquoi ça serait pas complémentaire ?
26:46 Tenez, je prends un exemple, parce qu'il faut en parler aussi, de ça, à la fête de l'Huma.
26:50 [Musique]
26:59 Bon, déjà, quel plaisir, hein ?
27:01 Mais surtout, même ça, c'est pas déconnecté.
27:04 On a parlé des stands des Orgas, qui viennent avec leurs spécialités.
27:07 En général, l'effort bénévole de ces milliers de militants venus à la Courneuve
27:11 consiste à présenter le mieux possible,
27:13 à des prix la plupart du temps plus connettes,
27:16 les produits naturels de leur région, presque en dehors de tout slogan.
27:19 Le communisme dans la Gironde a le goût des huîtres d'Arcachon.
27:22 Le Morbihan propose son cidre, les Ardennes leur jambon.
27:25 La Fédération du Rhône un repas gastronomique à 20 francs.
27:27 Mais si c'était que ça !
27:29 À ce niveau, vous avez aussi de quoi faire au village international.
27:32 Vous y croiserez de la bouffe, des musiques et des cultures de partout dans le monde,
27:36 mais surtout, des camarades de partout dans le monde,
27:38 avec leur réalité et leur combat dès qu'elles être solidaires,
27:42 car tout ça fait avant tout vivre la tradition internationaliste et anti-impérialiste.
27:46 Alors si en plus y'a à bouffer, on va pas se plaindre.
27:49 Et ben ouais, la fête de l'Humas, c'est pas juste l'image caricaturale merguez partie,
27:53 désormais associée au cliché franchouillard.
27:56 Alors que même ça à la base...
27:58 Reflée de la vie du pays, elle y condense l'évolution de pratiques en cours.
28:02 Ainsi, par exemple, de fameuses merguez supplantant la saucisse frite.
28:06 Nous n'avons pas besoin de publicité !
28:07 L'odeur qui se dégage de nos brochettes et de nos merguez se charge de nous faire la réclame.
28:11 Vous en mangerez comme on en mange à Constantine.
28:13 Et dans le genre l'un n'empêche pas l'autre,
28:15 je peux aussi rassurer les gros cerveaux qui privilégient les nourritures de l'esprit.
28:19 Vous le sauriez si vous lisiez Le Figaro ou L'Aurore ou même, hélas, Le Monde.
28:24 La plus grande manifestation politique de l'année, la plus grande fête de France,
28:28 la fête de l'humanité n'est qu'une gigantesque beuverie,
28:31 une apothéose de la frite et du flonflon.
28:34 Apprenez cependant qu'au cours de ces deux journées,
28:36 ce public de joyeux buveurs et d'ogres insatiables
28:40 a acheté 150 millions de francs de livres.
28:42 Ce qui signifie que la fête de l'humanité est aussi la plus grande manifestation littéraire de France.
28:48 Aucun festival, aucune vente n'approche un chiffre comparable.
28:51 C'est sûr qu'il n'y a pas d'équivalent, c'est un passage obligé aussi.
28:56 Pour nous, clairement, c'est l'occasion de rencontrer nos lecteurs
29:00 et puis c'est un rendez-vous qu'on ne rate jamais.
29:05 Tout le monde à un moment s'arrête au Village du Livre et puis fait un tour dans les allées
29:08 et s'arrête sur les tables au coup de cœur.
29:12 Ce qui est des fois marrant, c'est que quand il pleut,
29:14 les gens se ruent dans le Village du Livre pour s'abriter
29:17 et du coup ce sont des gens qui ne seraient pas forcément rentrés dans le Village du Livre.
29:21 C'est un lieu qui est très hybride et c'est des lieux qui sont assez rares.
29:24 C'est-à-dire que c'est un lieu où on peut croiser à la fois la fête,
29:27 la distraction, le loisir et en même temps c'est un échange chavant.
29:32 Le Village du Livre, c'est un lieu où on débat de choses qui peuvent être très pointues,
29:35 il y a des discussions politiques ailleurs.
29:37 Et donc c'est cette hybridité qui est pour moi très importante.
29:40 C'est-à-dire que la politique ne soit pas seulement quelque chose d'extrêmement théorique, cérébral,
29:44 mais que ce soit aussi un lieu qui soit vécu avec des gens qui parfois n'ont pas la même culture que vous.
29:49 Et donc du coup la fête, c'est quand même un moment pour faire de la politique autrement.
29:52 Et donc moi, c'est quelque chose qui m'intéresse et aussi pour faire de la culture autrement.
29:56 La fête autrement, ça veut aussi dire une fête qui correspond à nos valeurs d'émancipation.
30:00 Nous on met en avant toutes ces choses-là,
30:02 d'arriver à faire des soirées où on s'amuse mais en même temps où on se respecte.
30:05 C'est tout le principe de fond.
30:07 Quand il y a des emmerdeurs, on les vire.
30:09 Et du coup, il y a pas mal de gens qui savent que ça se passe bien.
30:11 Et de montrer qu'on peut faire la fête sur des principes et que tout ça, c'est pas que des paroles,
30:15 c'est pas qu'à un moment donné, vive MeToo, et puis après le soir, on pense à autre chose.
30:19 Non, c'est permanent.
30:20 Ça, c'est de la politique très concrète. Et ça, ça se construit.
30:23 Sur la fête de l'UMA, l'idée, c'est de rencontrer des jeunes pour les sensibiliser.
30:28 Les personnes qui téléchargent l'application,
30:29 elles peuvent signaler si elles sont témoins ou victimes d'une agression ou d'une violence quelconque.
30:35 On intervient immédiatement.
30:36 À la fête de l'UMA, il y a une safe zone qui a été mise en place par quelques assos féministes.
30:41 Donc on fait des rondes là-dedans s'il y a besoin d'aide pour accueillir des victimes et aider, conseiller.
30:47 Par exemple, bon, la pluie, la gadoue, ça a l'air d'être une vieille tradition ici.
30:51 En revanche, pour cette première édition, sur un nouveau site,
30:54 beaucoup de gens ont fait part de problèmes d'accessibilité.
30:56 Ça, ça demande de remettre constamment l'ouvrage sur le métier
31:00 et de prendre des engagements, comme cela a été fait pour cette prochaine édition.
31:04 Ce qui fait de la fête un événement à part dans le paysage,
31:06 c'est aussi une particularité purement matérielle.
31:09 Un prix d'entrée maintenu très bas par rapport au marché des gros festoches.
31:12 C'est bien sûr une volonté d'accessibilité,
31:14 et c'est héritier du système de bonds de soutien au journal,
31:17 aujourd'hui à hauteur de 40 euros,
31:19 donnant accès à l'ensemble de la fête et représentant presque les trois quarts des entrées.
31:23 Avant, c'était même une vignette qu'on se collait dessus,
31:25 et ces bonds sont diffusés par les militants de différentes orgas,
31:28 liant, là encore, l'événement à l'activité militante.
31:32 [Musique]
31:36 Au final, on peut gloser tant qu'on veut sur le fait que la fête est politique.
31:40 Mais ici, ce qu'on peut voir et surtout vivre,
31:43 c'est que la politique peut être une fête.
31:45 Qu'elle devrait être une fête.
31:47 D'où la citation de Goldman,
31:49 "Si je ne peux pas danser, j'en veux pas de ta révolution."
31:52 Alors Emma a un Goldman, pas Jean-Jacques.
31:54 Après, je pense que quand on est à un concert,
31:56 on est tous et toutes à un concert,
31:57 et que quelque part, ta casquette d'élu,
31:59 tu l'as laissée dans la boue un peu plus loin,
32:02 et que t'es juste heureux d'être là, et on échange.
32:04 Mais après, les discussions ne sont pas forcément toujours politiques,
32:06 mais elles sont simplement humaines,
32:08 et c'est aussi ça, on est des êtres humains comme les autres,
32:11 et parfois, on ne parle pas de politique,
32:13 et juste, on kiffe collectivement.
32:15 Je vous jure, c'est assez ouf, ça donne un patchwork assez harmonieux.
32:19 Tu passes sur un stand de section pour bouffer du canard,
32:22 et tu peux avoir les larmes aux yeux sur un karaoké
32:24 avec les meilleurs vieux fourneaux de la Terre
32:26 qui chantent les corons des trémolos dans la voix.
32:28 Et deux mètres plus loin, t'as les Toffers Electro Alternativa
32:31 en face d'un groupe de punkettes et masques de Georges Marchais,
32:35 à une minute de la grande scène,
32:36 où des milliers de jeunes jumpent sur Laylow.
32:39 Je suis peut-être un peu cucu, mais moi, je trouve ça beau.
32:46 Très bien, merci beaucoup. Je t'en prie, je t'en prie,
32:48 on va boire des coups.
32:49 Alors voilà, c'était ma fête de l'humain,
32:51 et j'ai envie de dire, il y a un petit goût de Reviens-Y.
32:54 Donc j'espère vous y retrouver cette année,
32:56 autour d'une bière, à une séance délicate,
32:58 ou une table ronde, ou tout simplement dans les allées.
33:01 Même si on n'est pas sortis des difficultés
33:04 et puis d'un système capitaliste de plus en plus brutal et horrible,
33:08 n'empêche qu'on a aussi cet espoir que des choses peuvent se passer,
33:12 et donc le terrain est favorable à ces rencontres-là et à ces échanges-là.
33:17 C'est hyper intéressant de voir que la musique, la danse, la fête
33:22 est en fait un moyen de se rassembler, de discuter et de partager.
33:27 C'est une belle image qui pourrait être l'image de la société toute entière,
33:31 c'est-à-dire comment la politique rentre dans la vie des gens
33:34 comme quelque chose de plaisant, comme quelque chose où on s'enrichit.
33:38 On va écouter un chanteur, une chanteuse, on a de la beauté et tout.
33:43 Est-ce que la politique peut aussi d'un seul coup apporter du bonheur,
33:46 de la joie, parce qu'il y a des belles idées, parce qu'il y a un beau projet,
33:49 parce que tout ça.
33:50 Pour moi c'est ça la fête de l'Humain, le charme de la fête de l'Humain,
33:53 la force de la fête de l'Humain.
33:54 On mélange tout, tous les genres.
33:56 Il n'y a pas de conflit d'intérêts, on s'en tape.
33:58 C'est un fait social total où on discute, là on fait de la politique,
34:03 moi je dédicace mes livres, après on va boire des coups,
34:06 puis même on se met à danser.
34:08 Pour moi c'est ça la vie, et je ne fais pas de jeu de mots,
34:11 c'est ça l'humanité telle que je me la représente.
34:13 [Musique]
34:22 Debout les damés de la terre,
34:26 Debout les forçats de la faim,
34:31 La réjouissance dans son crotteur,
34:36 C'est l'éruption de la faim.
34:40 Disparcer faisons pas le mal !