William Thay : «Le problème est la continuité de sa politique mémorielle, c'est-à-dire quel récit national Emmanuel Macron veut vendre ?»
Le politologue William Thay réagit au discours du Président de la République, à l'occasion du 79e anniversaire de la Libération de Bormes : «Le problème est la continuité de sa politique mémorielle, c'est-à-dire quel récit national Emmanuel Macron veut vendre ?».
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00:00 Il a donné quelques messages.
00:01 Le premier message, c'est qu'en gros, il faut faire l'union sans les extrêmes,
00:04 à peu près, notamment sans l'extrême gauche et sans l'extrême droite.
00:07 C'est à peu près comme ça qu'il conçoit l'union et qu'il conçoit
00:10 ce qu'il appelle le sens du sacrifice autour d'objectifs et d'un idéal commun.
00:14 Ce que je vois aussi de ce qu'il a mentionné, c'est à peu près
00:17 le sens du sacrifice et l'esprit de l'étrange défaite.
00:20 C'est-à-dire qu'il dit qu'il y avait un certain esprit en France avec,
00:22 je pense notamment en visant les extrêmes,
00:24 qu'il y avait des gens qui misaient sur la défaite de la France.
00:27 Or, la France fait face à certains défis, notamment des extérieurs
00:30 avec la guerre en Ukraine et sur le plan interne également,
00:32 et un ensemble de crises qui fait qu'elle doit s'unir autour,
00:35 je suppose derrière lui, pour accomplir un objectif qui est supérieur.
00:38 Là où moi, je vois un point qui est difficile pour le président de la République,
00:41 c'est qu'on est quand même à son septième discours, sixième, septième discours.
00:44 Et la question qui se pose, en fait, à l'ensemble de ces discours,
00:47 c'est que si vous prenez morceau par morceau, il y a des éléments
00:49 qui sont très intéressants, qui rappellent l'histoire de France.
00:51 Il a une capacité à faire appel à certains éléments de l'histoire
00:54 et même à les ramener sur les éléments actuels.
00:57 Le problème, c'est la continuité de sa politique mémorielle,
01:00 c'est-à-dire quel récit national Emmanuel Macron veut vendre.
01:03 Lorsqu'il avait commencé, je crois, en 2017, il avait parlé des Gaulois réfractaires
01:08 pour dire qu'il y avait des gens qui bloquaient en interne
01:09 et qu'il fallait dépasser ça pour accomplir des grandes transformations
01:12 et l'amener vers le Nouveau Monde.
01:13 Là, maintenant, il parle davantage des racines de ce qu'on appelle
01:16 la France éternelle et de la France gaullienne, sans pour autant
01:18 mettre en cohérence avec ses actes passés, ni avec sa politique intérieure,
01:22 ni sa politique extérieure, parce que sur la politique intérieure,
01:24 De Gaulle, quand il arrive au pouvoir, il rassemble tout le monde.
01:26 Qu'importe l'éclivage politique, il rassemble tout le monde derrière lui.
01:29 Et sur le plan extérieur, il avait une certaine ligne politique
01:31 qui n'est pas forcément la même que celle du président de la République.
01:33 Donc la question que je pose, c'est la cohérence entre ce qu'il dit et ce qu'il fait,
01:37 mais surtout la continuité de la politique mémorielle
01:39 et ce qu'il arrive enfin à construire, un récit national
01:42 auquel il est compatible à la fois avec sa ligne politique,
01:44 mais également avec l'histoire qu'il veut écrire de son mandat et l'histoire de France.
01:47 [Musique]
01:50 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]