• l’année dernière
ÉTATS-UNIS - Si vous avez fait un tour sur TikTok ces dernières semaines, vous êtes sûrement tombé sur l’une de ces vidéos. Devant de grandes maisons à colonnes, des groupes d’étudiantes américaines, en tenues coordonnées, se livrent à des chorégraphies millimétrées alors que des dizaines d’autres les encouragent à l’arrière. Le réseau social en compte des dizaines, certaines avec plus de 5 millions de vues.

Cela fait maintenant trois ans que cette tendance virale s’empare de TikTok à chaque mois d’août. Sous toutes les vidéos, le même hashtag : #BamaRush. Une abréviation d’« Alabama rush week », la semaine de recrutement des sororités de l’université de l’Alabama. Ces groupes exclusifs, équivalent féminin des fraternités, existent sur la plupart des campus américains et offrent une communauté à leurs membres, qui participent à des activités sociales et associatives ensemble et vivent pendant au moins une année sous le même toit.

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Transcription
00:00 Si vous avez passé un peu de temps sur TikTok ou Instagram ces deux dernières semaines,
00:03 vous avez sûrement vu passer des vidéos comme celle-ci.
00:05 Il en existe des dizaines, certaines ont été vues plus de 5 millions de fois.
00:13 Ce qu'elles ont en commun, on y voit des groupes d'Américaines reproduire des chorégraphies devant d'immenses maisons.
00:18 Et puis il y a toujours ce hashtag, #BamaRush.
00:21 Alors qu'est-ce que ça veut dire exactement ?
00:23 C'est quoi la Rush Week ?
00:24 Et qu'est-ce qui se cache derrière ces vidéos ultra-addictives ?
00:27 On va tout vous expliquer.
00:28 Commençons par #BamaRush.
00:30 #BamaRush, c'est l'abréviation d'Alabama Rush.
00:32 Alabama pour l'état de l'Alabama, mais aussi pour l'université de l'Alabama.
00:37 Et Rush, c'est l'abréviation de Rush Week, la semaine de recrutement des sororités américaines.
00:43 Pour mieux comprendre tout ça, il faut faire le point sur ce que les Américains appellent le système panhellénique ou la Greek Life.
00:49 Ça désigne les sororités et les fraternités présentes sur la plupart des campus américains
00:53 et qui ont des noms composés de lettres de l'alphabet grec comme Kappa Kappa Gamma ou encore Xi Omega.
00:59 Et avant chaque rentrée universitaire, les sororités et les fraternités procèdent au recrutement de leurs nouveaux membres.
01:05 Et du côté des sororités, c'est toute une histoire.
01:07 Ça se déroule sur au moins une semaine avec des activités tous les jours
01:11 et bien sûr, des tenues spécifiques pour chaque activité.
01:15 Depuis 2021, ces semaines de recrutement sont devenues ultra populaires sur TikTok,
01:19 en particulier celles de l'université de l'Alabama.
01:22 Il faut dire que cette université compte 12 000 membres actifs de sororités et de fraternités sur son campus.
01:28 Ça fait beaucoup et ils prennent les choses très très au sérieux.
01:31 Mais derrière ces vidéos ultra entraînantes, il y a plusieurs choses à savoir.
01:34 D'abord, vivre dans une sororité, ça coûte très très cher.
01:37 4 800 dollars pour le premier semestre selon le guide officiel des sororités de l'Alabama.
01:42 Et ça, c'est en plus des frais de scolarité et des frais de vie qui se situent entre 26 000 et 48 000 dollars pour chaque année.
01:48 Si il n'y avait que ça, ce serait déjà énorme, mais c'est sans compter tous les frais investis par les candidats
01:52 dans leurs tenues, leur maquillage, leurs accessoires.
01:55 Parce que pour appartenir à une sororité, il faut avoir un look très codifié
01:59 et la facture peut monter très très vite.
02:02 Tout ça, c'est parce que les sororités sont des lieux de reproduction sociale avec des critères très précis.
02:07 Et ce sont aussi des lieux très très blancs.
02:09 À l'université de l'Alabama, la déségrégation des sororités n'a eu lieu qu'en 2013, il y a 10 ans.
02:14 Avant cette date, les rares candidats noirs qui postulaient étaient systématiquement refusés.
02:19 En 1992, une longue enquête du magazine américain Esquire
02:22 révélait l'existence d'une société secrète au sein de l'université de l'Alabama.
02:26 Cette société, elle s'appelle The Machine et elle est composée de membres de sororités et de fraternités.
02:31 Si ce groupe est si puissant, c'est parce qu'il contrôle la vie politique du campus.
02:35 Mais surtout, de nombreux anciens membres de La Machine sont ensuite devenus des hommes et femmes politiques influents.
02:41 John Archibald est journaliste en Alabama et double-prix Pulitzer.
02:45 Pour lui, s'intéresser à La Machine et au système des sororités et des fraternités de l'université est crucial.
02:51 Le mot de la machine est très bien déterminé.
02:54 Ce qui est déterminé est un secret.
02:56 Il a été utilisé pour gérer la politique
02:59 parce qu'il a eu une influence extrême, non seulement sur le campus, mais sur la vie de la majorité des étudiants.
03:05 C'est un lieu de formation pour les politiciens, pour les tricks durs,
03:10 et c'est un lieu de formation pour la perpétuation de la classe de statut,
03:14 y compris le racisme qui est inhérent dans le système.
03:17 Si tant d'étudiantes veulent faire partie de ce système,
03:19 ce n'est pas seulement pour les soirées et les grandes maisons.
03:21 Appartenir à une sororité, ça veut dire avoir un réseau à vie.
03:24 Et en Alabama, comme dans beaucoup d'états américains,
03:26 ce réseau peut s'avérer très, très influent.
03:29 Life.
03:36 [Musique]

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