SMART IMPACT - Emission du mardi 29 août

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Mardi 29 août 2023, SMART IMPACT reçoit Vincent Godebout (Directeur du programme, Territoires Zéro exclusion énergétique) , Sébastien Barles (Adjoint au Maire de Marseille délégué à la transition écologique) , Laure Favre (co-fondatrice, SPRiNG) et Laurent Permasse (Président du directoire, SOFIAP)

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00:00 [Musique]
00:07 Bonjour, bonjour à toutes et à tous.
00:09 Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif de celles et ceux qui font de la transformation environnementale et sociétale
00:15 un axe fort, un axe majeur de leur stratégie.
00:18 Et voici notre sommaire.
00:19 Notre invité, c'est Laurent Permas, le président du directoire de Sofiap.
00:23 Il a dirigé un ouvrage collectif consacré à la liberté de vieillir chez soi, manifeste au cœur des enjeux du grand âge et du rôle des aidants qui sont de plus en plus nombreux.
00:34 Le débat de ce Smart Impact, il porte sur le programme Territoire Zéro Exclusion Énergétique, un accompagnement qui est technique, administratif, social et financier pour les ménages les plus précaires.
00:46 Et puis dans notre rubrique consacrée aux startups, on va découvrir ensemble Spring et ses produits d'entretien sans plastique à usage unique.
00:54 Voilà pour les titres. C'est parti, c'est Smart Impact.
00:56 [Musique]
01:02 Bonjour Laurent Permas, bienvenue.
01:04 Bonjour Thomas.
01:05 Vous avez donc dirigé ce livre collectif, ce manifeste pour la liberté de vieillir chez soi qui est publié aux éditions du ChercheMidi.
01:12 Alors il reflète d'abord une réalité, c'est ce que nous souhaitons très majoritairement en France, vieillir chez soi.
01:19 C'est ce que l'on souhaite, mais c'est un tabou.
01:22 Donc le gros sujet, c'est qu'il y a énormément d'ouvrages, énormément de sondages, de rapports en fait qui sont faits sur le vieillir, le bien vieillir.
01:31 Mais une difficulté en fait pour en parler, surtout pour agir notamment au travers des familles.
01:35 Donc ce livre, il a deux raisons, en tout cas il m'a poussé à le faire pour deux principales raisons.
01:42 La première, c'est une raison personnelle.
01:44 Lorsque j'étais jeune, à 18 ans, j'étais passionné en fait de médecine, notamment de médecine d'urgence dentiste.
01:53 Et je me suis retrouvé en fait à faire un stage en gériatrie dans un hôpital parisien.
01:58 Et ce stage en gériatrie m'a totalement bouleversé, notamment la nuit, puisque j'ai vu des personnes âgées totalement seules, démunies, et surtout sans raison d'être, et attendant le dernier souffle.
02:12 Et donc ça m'a poursuivi, puisque dans mon activité professionnelle, extra-professionnelle, j'ai notamment créé le CESU à un moment donné, développé les services à la personne, ensuite travaillé sur la finance engagée avec notamment l'épargne retraite.
02:27 Et aujourd'hui, au travail de la SOFIAP, qui est une filiale en fait de la Banque Postale et de la SNCF, on réalise des prêts subventionnés pour les collaborateurs, subventionnés par les entreprises pour les collaborateurs, qui souhaitent accéder à la propriété.
02:41 Société financière, d'accès à la propriété.
02:44 Exactement. Et donc cette raison d'être, c'est déjà de favoriser en fait, par le biais de l'entreprise qui prend en charge une partie des intérêts des prêts, on sait que les prêts aujourd'hui, les taux s'envolent,
02:54 pour favoriser l'accès à la propriété des collaborateurs, ce qui permet justement aux collaborateurs de préparer leur retraite, c'est un sujet très inclusif, engageant et en même temps fidélisant et unique pour l'entreprise, qui permet de travailler sa raison d'être.
03:09 Donc ce sont des prêts subventionnés par l'entreprise ?
03:11 C'est-à-dire que l'entreprise en fait, la moyenne d'emprunt en France c'est 200 000 euros pour une propriété, et bien l'entreprise va par exemple prendre en charge la moitié des taux, du taux d'intérêt, ce qui fait une somme qui n'est pas neutre, autour de 20, 25 000 euros, c'est quasiment une pièce supplémentaire, c'est des mètres carrés de plus.
03:31 C'est très important, donc ça c'est l'aspect logement, mais sur le grand âge, il y a aussi chez Sofiap des prêts spécifiques pour les aidants, pour leurs parents ?
03:41 Absolument, on s'est aperçu au travers notamment de cet ouvrage collectif, avec notamment des dessins de Xavier Gorce, les pingouins, on s'est aperçu qu'il y avait un sujet sur les aidants, puisque seulement 2% des DRH, des entreprises, mettent en place des dispositifs pour accompagner les collaborateurs qui sont des aidants.
04:01 Il faut savoir que les aidants en France c'est 11 millions, la moitié sont des actifs, et 61% sont des femmes. Ca pose là encore un sujet d'égalité professionnel, femmes-hommes, et c'est très impactant pour l'entreprise, puisqu'on va vers un volume croissant, c'est de l'absentéisme, c'est des aspects impactants en termes de morale, mais aussi en termes financiers.
04:29 Donc tout le sujet des aidants et du rôle de l'entreprise au travail des aidants, on a pu remarquer qu'il y a des produits, des solutions, qu'elles soient financières, liées au service à la personne, au partage de l'habitation, mais ces solutions arrivent trop tard.
04:49 Le sujet ça a été justement de rédiger un ouvrage pour faire libérer la parole. - Parce que vous nous avez donné ce chiffre, je le rappelle, seulement 2% des aidants affirment être accompagnés par leur entreprise, donc c'est quand même un chiffre très faible.
05:07 Il y a une prise de conscience en cours ? - C'est la raison de cet ouvrage, et c'est la raison du choix du titre "Manifeste". Manifeste ça veut dire essayer d'amplifier cette problématique, cette cause.
05:27 Parce qu'on a beau inventer tous les meilleurs dispositifs, toutes les meilleures solutions, en fait il y a un déni très profond, et l'être humain ne souhaite pas se voir vieillir et n'accepte pas sa vieillesse.
05:40 - Oui c'est un déni de la société, le jeunisme est à l'oeuvre un peu partout. - Et donc vous avez aujourd'hui en France 30% de la population qui a plus de 60 ans, donc on est dans une société déjà qui est "vieille".
05:52 - Et ça va continuer, la démographie ne ment pas. - Absolument, et donc dans cette problématique, on s'aperçoit qu'on a 30 ans à partir de la retraite, on a 30 ans à vivre.
06:01 Et donc c'est une vraie question qu'il faut se poser sur "qu'est-ce que je souhaite faire de ma vie ?" Un peu comme lorsqu'on est jeune étudiant, on se pose cette même question en famille, sur "que souhaites-tu faire réellement de ta vie ?"
06:14 Et donc là les 30 ans, c'est une grande partie de sa vie, et il faut justement la préparer, la choisir, et être en capacité aussi d'avoir les moyens de la vivre. Les moyens humains, les moyens financiers, d'assumer ce choix et d'en parler en famille.
06:31 - Mais vous parlez de moyens financiers, là je vais faire focus sur les moyens financiers, est-ce que ça coûte plus cher, ou est-ce que c'est une idée reçue de vieillir chez soi ?
06:40 - Alors ça coûte pas plus cher, si ce n'est qu'il faut le préparer. Le préparer notamment avec l'adaptation du logement, et ça, lorsqu'on a un pavillon, on sait très bien que le premier étage sera condamné,
06:52 donc on doit l'anticiper avec une pièce au rez-de-chaussée, c'est aussi anticiper sa mobilité, qu'est-ce qui se passe si je ne peux plus conduire ?
07:01 Qu'est-ce qui se passe si papa, maman, et c'est les questionnements qu'on doit avoir aussi au travers des proches, ne peuvent plus conduire ? Ah mais c'est pas grave, il y a les voisins, mais on va se débrouiller.
07:11 Et en fait on ne se débrouille pas du tout, et ce qui se passe c'est l'aidant rentre en jeu, et il faut savoir que la moyenne géographique d'un aidant avec son proche est de 205 kilomètres.
07:22 Donc on ne peut pas parler de proximité, et la moyenne par semaine d'aide est de 10 heures. On ne peut pas parler non plus de quelque chose de très épisodique ou sporadique.
07:35 Donc c'est très impliquant, c'est silencieux.
07:38 Alors ça c'est un aspect très important, parce qu'on est parti de ce chiffre de pourcent qui est effectivement très faible, mais ça vient peut-être aussi des aidants eux-mêmes.
07:47 C'est-à-dire, est-ce que quand on est dans une entreprise et qu'on est confronté à cette situation, est-ce qu'on en parle ? Parce que le DRH il ne peut pas trouver la solution s'il n'est pas au courant, vous voyez ce que je veux dire.
07:56 Alors c'est très intéressant comme question, parce qu'en fait ça renvoie à l'employabilité. Lorsqu'on regarde quel est le profil type d'un aidant salarié, il a entre 45 et 55 ans.
08:08 C'est souvent une période professionnelle qui est importante, qui n'est pas non plus proche de la retraite, mais qui est importante.
08:16 On peut être à la fois dans les profils de manager, on a de l'expérience, donc on peut aussi transférer au travers d'autres équipes.
08:24 Et donc le fait qu'on soit dans cette position, on n'en parle pas. Pourquoi ? Parce qu'on a peur de l'employabilité.
08:31 Ça renvoie à l'employabilité des seniors dans les entreprises. Vous voyez, on en parle aujourd'hui aussi, on parle beaucoup des jeunes, mais si vous voulez l'employabilité des seniors est importante.
08:41 Et donc les seniors, qu'est-ce qui se passe dans les entreprises ? Ils n'en parlent pas, par peur tout simplement de ne plus être dans le projet, ou d'être qualifié, identifié comme quelqu'un de fragile,
08:50 qui n'arrive plus à faire son travail, qui peut être en risque psychologique et qui peut avoir aussi des sauts d'humeur.
08:58 – Mais attendez, parce que c'est vrai aussi d'un salarié d'une quarantaine d'années, mais encore très loin de la retraite,
09:06 qui ne va pas oser parler de la situation de sa mère ou de son père, de dire "je suis aidant, ça me demande du temps".
09:11 Pourquoi ? Parce qu'on va l'intégrer dans une catégorie déjà senior ou dépassé dans l'entreprise ?
09:17 Vous forcez peut-être un peu le trait en disant ça.
09:20 – Non, on va juste, et à la fois les managers et peut-être la direction, va de façon systématique souvent se dire "est-ce qu'il va être capable ?"
09:33 Et ça c'est tout le sujet des maladies longues. Vous avez la même problématique sur des maladies longues,
09:39 aujourd'hui on les déclare sur l'Inding, mais c'est très récent, on déclare sa maladie.
09:44 On ne déclare pas aujourd'hui le fait qu'on soit aidant, même s'il y a une journée des aidants très prochainement,
09:50 au mois d'octobre, ce n'est pas quelque chose de très public.
09:53 – Mais alors une entreprise, qu'est-ce qu'elle peut faire ? Un DRH, qu'est-ce qu'il peut faire ?
09:57 – Lorsqu'on parle de RSE, on a beaucoup de E dans la déclinaison de la RSE,
10:03 donc toute la transition environnementale qui est très importante,
10:07 on a juste oublié la transition démographique avec le S.
10:10 On est dans une société vieille, plus de 30% de seniors, plus de 60 ans, et 11 millions d'aidants,
10:18 donc quasiment 1 sur 4 en 2030 sera aidant, salarié.
10:22 Donc l'entreprise, elle, elle a pour vocation de déclarer que dans sa raison d'être,
10:29 de responsabilité sociétale et environnementale,
10:33 elle va décliner des actes concrets, notamment par la diffusion d'informations,
10:38 sur le fait qu'elle peut accompagner, informer, être en lien peut-être avec une assistante sociale,
10:46 pour accompagner des salariés qui sont dans cette problématique pour un proche,
10:52 puisque c'est très complexe au niveau des aides, au niveau des déclenchements,
10:56 au niveau des solutions qu'on peut avoir, il faut être accompagné.
10:59 Ça peut être aussi la diffusion du manifeste, c'est pour cela que nous l'avons fait,
11:03 c'est pour mobiliser les entreprises.
11:05 Alors ce n'est pas parce qu'on va considérer que l'entreprise doit à nouveau payer, non.
11:10 C'est qu'il y a un vrai deal.
11:12 L'entreprise a tout intérêt, notamment dans sa déclinaison de sa RSE,
11:15 de s'impliquer dans cette démarche, c'est gagnant-gagnant.
11:18 Pourquoi ? Parce qu'elle va se retrouver dans une problématique d'employabilité terrible.
11:23 Merci beaucoup Laurent Permas d'être venu partager ces enjeux.
11:27 Je rappelle, le titre de ce livre collectif se manifeste donc,
11:30 pour la liberté de vieillir chez soi qui est publié aux éditions.
11:34 Cherche midi, on passe tout de suite au débat de Smart Impact.
11:38 On va parler d'exclusion énergétique.
11:41 C'est le débat de Smart Impact, on parle exclusion énergétique avec Vincent Godbout.
11:52 Bonjour, bienvenue.
11:53 Vous êtes le directeur du programme Territoire Zéro Exclusion Énergétique,
11:56 avec nous également en duplex Sébastien Barle qui est adjoint au maire de Marseille,
12:00 délégué à la Transition Écologique.
12:02 Bonjour et bienvenue à vous aussi.
12:05 On va présenter tout simplement pour commencer ce programme, Vincent Godbout.
12:09 C'est quoi Territoire Zéro Exclusion Énergétique ?
12:11 Ça vient d'être lancé, c'est ça ?
12:12 Oui, effectivement.
12:13 C'est un programme qui vient d'être lancé, mais qui est le fruit d'une association
12:16 qui est réunie des acteurs de nature différente.
12:19 Des entreprises, des acteurs sociaux, des associations de lutte contre la précarité.
12:24 Schneider Electric, EDF, Saint-Gobain, qui se mettent autour d'une même table,
12:29 des collectivités, la ville de Marseille, autour d'une même table
12:33 pour évoquer cette question de précarité énergétique et de solutions à trouver.
12:38 Et donc la première des solutions, c'est de dire qu'il faut se rapprocher au plus près des besoins.
12:42 Le plus près des besoins, c'est le territoire.
12:44 Le territoire urbain, le territoire rural, un quartier dans une rue.
12:48 Alors justement, c'est quoi un territoire ?
12:50 Parce que c'est quoi ? Un quartier d'une ville, ce n'est pas si grand que ça.
12:54 Ce n'est pas un département ou une région quand on dit territoire.
12:56 Alors on a un département, la Mahéienne, qui a été labellisé et qui s'engage dans les années à venir,
13:01 qui a signé un label, qui s'engage à développer tous les moyens possibles
13:06 pour lutter contre la précarité énergétique, notamment pour les propriétaires en situation de précarité.
13:14 Alors ça, vous avez prononcé le mot le plus important.
13:16 On parle des propriétaires, ce qui peut sembler paradoxal peut-être aux yeux de certains.
13:22 Vous êtes propriétaire, vous n'avez pas les moyens de rénover votre logement.
13:26 Et pourtant, et pourtant ça concerne beaucoup de Français cette situation.
13:28 Et pourtant, ça concerne 2 millions de Français qui n'ont pas les moyens aujourd'hui de se loger.
13:35 Dans 500 000 maisons à peu près en France, vous devenez propriétaire, vous avez un accident de vie,
13:42 un accident de parcours, vous tombez au chômage, et puis le chômage se poursuit, vous tombez au RSA,
13:47 vous n'avez plus le droit, et bien vous n'avez plus le droit, plus les moyens d'entretenir correctement votre logement.
13:53 Alors certes, il y a des aides qui existent, des aides publiques qui existent,
13:57 mais ces aides sont limitées dans le temps, sont limitées à certains profils de personnes, etc.
14:02 Et donc l'idée de ce programme, c'est aussi de créer un nouveau métier
14:06 pour faire dialoguer ensemble l'ensemble des parties prenantes.
14:10 On va l'expliquer en détail, je me tourne vers Sébastien Barle.
14:12 Est-ce qu'il y a beaucoup de Marseillais qui sont dans ce cas-là propriétaires,
14:15 soumis à ces questions d'exclusion énergétique ?
14:19 Ça c'est la première question.
14:20 Et puis aussi, pourquoi ce programme vous intéresse à Marseille ?
14:23 Alors, Marseille en fait est extrêmement concernée par la question de précarité énergétique.
14:31 On sait qu'on a hérité en tout cas de lourds problèmes de logements indignes extrêmement importants.
14:36 Donc on a tout un programme de rénovation qui doit coupler la rénovation thermique de ces logements.
14:42 Ça c'est pour le cœur de ville ancien de Marseille.
14:45 Et puis il y a beaucoup de quartiers avec de l'habitat ancien dégradé
14:49 et ce sont des passoires thermiques avec souvent des propriétaires occupants
14:54 qui ont très peu de moyens et donc qui sont en situation de précarité.
14:57 À Marseille, l'hiver n'est souvent pas tellement rude.
15:01 En revanche, les étés, on a des épisodes extrêmes.
15:03 On en a un encore qui est en train de finir, je l'espère, mais qui est très rude.
15:07 Et on sait qu'on a des bouloirs thermiques.
15:09 Et donc la contrainte, en fait, la précarité énergétique, c'est l'hiver avec l'impossibilité de se chauffer,
15:15 mais c'est également l'impossibilité de rafraîchir son immeuble l'été.
15:20 Et donc c'est essentiel d'aller vers ce type de dispositif.
15:23 Et nous, ça nous a intéressé d'aller vers ce dispositif de territoire zéro exclusion
15:27 parce qu'on a déjà, on travaille déjà avec différents donneurs d'alerte pour repérer,
15:32 pour accompagner des ménages en situation de précarité.
15:35 Mais on voulait expérimenter sur un territoire,
15:37 sur un territoire, donc un quartier de la ville de Marseille qui fait environ 10 000 personnes.
15:41 On souhaite expérimenter un dispositif qui massifie la question de la rénovation
15:46 en s'appuyant d'abord sur les propriétaires occupants, les accompagnant,
15:49 mais également en traitant l'ensemble du quartier pour montrer que c'est possible,
15:53 en mobilisant l'ensemble des forces, l'ensemble des acteurs,
15:55 de lutter contre la précarité énergétique.
15:57 Et c'est un défi majeur pour les prochaines années.
15:59 Ça veut dire Sébastien Barle que, tout simplement, on va être très concret,
16:03 c'est des travaux d'isolation qui vont être mis en œuvre, qui vont, je ne sais pas,
16:09 à quelle échéance d'ailleurs, vous pouvez nous le détailler dans les prochains mois peut-être,
16:12 dans les prochaines semaines ?
16:14 C'est une démarche globale effectivement.
16:16 On va s'appuyer sur ce nouveau métier qui vient d'être évoqué, les ensemblés solidaires.
16:22 Et l'idée, c'est d'accompagner les ménages sur l'ensemble des phases.
16:26 Donc à la fois sur trouver des financements, trouver également le reste à charge.
16:30 Donc on cherche des partenaires financiers qui peuvent nous accompagner,
16:34 des entreprises qui pourraient être...
16:36 Alors on a perdu le lien, mais on va retrouver Sébastien Barle dans un instant.
16:42 On vient d'entendre ce mot pour la première fois, j'avoue que je ne le connaissais pas,
16:45 ensemblés solidaires. Donc c'est ce nouveau métier dont on parle.
16:48 C'est quoi ? C'est une sorte de chef d'orchestre de compétences qui existait déjà, qui existe déjà ?
16:55 Exactement. Donc l'idée c'est, plus qu'un chef d'orchestre,
16:58 la personne doit maîtriser les aspects techniques, les aspects financiers, les aspects sociaux.
17:02 Entrer en dialogue avec l'ensemble des parties prenantes,
17:05 qui vont être des artisans demain, qui vont intervenir dans des familles,
17:08 dans des foyers qui sont des familles en situation de précarité.
17:10 Ce n'est pas toujours facile de discuter avec ces familles qui ont des difficultés particulières.
17:15 Ces familles aussi, il faut qu'elles aient confiance dans le dispositif.
17:19 Et donc M. Barle parlait très justement du reste à vivre.
17:22 Aujourd'hui, la mission de cet ensemblier solidaire va être d'identifier tous les financements disponibles,
17:29 de les ajouter un par un, et il y aura un reste à charge pour la famille.
17:33 C'est impossible pour ces familles de financer le reste des travaux,
17:37 qui va représenter entre 5 et 10 000 euros environ.
17:40 Et donc en fait, pour financer ce reste à charge, on est en train de créer un fonds,
17:44 et donc l'ensemble va mettre tout le monde autour de la table, avec la famille concernée,
17:48 et puis ensuite, quand les travaux vont continuer, l'ensemble va accompagner de bout en bout,
17:53 donc du montage du dossier, jusqu'au moment où la famille va avoir son logement rénové.
17:59 J'ai visité, il y a trois semaines, deux familles qui se trouvent dans les Hauts-de-France en particulier.
18:06 Une des familles a un enfant qui souffre d'un handicap.
18:12 Il a eu 17 interventions chirurgicales,
18:15 ce qui fait que le papa a dû abandonner son travail,
18:18 et puis progressivement s'est installé dans une situation de précarité.
18:22 Le papa n'a plus de travail, ils ont dû déménager pour la durée des travaux,
18:26 donc ils ont été accompagnés par un ensemblier territorial.
18:29 On teste ce programme depuis aujourd'hui trois ans,
18:32 mais l'idée c'est vraiment, comme le disait M. Barl, de massifier le programme.
18:38 Avec quel budget ? Parce qu'il y a forcément de l'argent, de l'argent public,
18:42 de l'argent des collectivités locales. Comment c'est financé ?
18:45 Aujourd'hui, c'est financé, c'est un programme de 15 millions sur trois ans,
18:49 qui est financé exclusivement par quatre partenaires entrepreneuriaux,
18:54 en l'occurrence EDF, en l'occurrence pour partie, sur les certificats d'économie d'énergie,
19:00 OAN, Elio, et puis les Mousquetaires, la filiale du groupe qui s'occupe des pétroles et des rivets.
19:08 Et donc, en fait, l'ensemble du programme, par déjà long, est validé par la DGEC,
19:14 qui valide le fait que les travaux sont bien réalisés, la Direction Générale de l'Environnement et du Climat,
19:19 qui valide que, et nous, nous sommes rémunérés par nos partenaires, fonction de l'avancement du chantier.
19:28 Sébastien Barl, on vous a retrouvé, donc je vous redonne la parole tout de suite.
19:33 Vous nous avez dit, ça concerne, pour l'instant, parce que c'est peut-être que ça grandira,
19:37 un quartier spécifique, 10 000 personnes à Marseille.
19:43 On était là dans des exemples très concrets. Ce sont des personnes qui sont en exclusion énergétique.
19:49 Est-ce que ça s'est aggravé avec la hausse du prix de l'énergie ? J'imagine que oui.
19:53 Qu'est-ce que vous pouvez nous en dire de ça ?
19:56 Alors, en fait, nous, on a identifié, pour l'instant, on a trois quartiers.
20:00 On a identifié les quartiers où il y a effectivement un nombre de propriétaires occupants assez important.
20:07 Et il y a également, on a travaillé sur le taux de pauvreté des quartiers
20:11 et également sur le taux de précarité énergétique.
20:13 Pour être au-dessus, en fait, de la moyenne de Marseille, si vous voulez,
20:16 on veut aller sur un quartier qui est quand même fortement impacté par la précarité énergétique.
20:20 Et on voit effectivement que ce fléau de la précarité énergétique est en train de s'aggraver énormément,
20:26 notamment en touchant maintenant les bailleurs sociaux.
20:28 C'est-à-dire, en fait, aujourd'hui, on a à Marseille des personnes qui payent plus de charges
20:34 qu'elles ne payent de loyers dans le parc social de la ville.
20:37 Et on a des mouvements de locataires qui sont extrêmement importants.
20:39 Et ça, c'est lié, en fait, à l'explosion du coût d'énergie,
20:42 qui est en train de rebaisser actuellement, mais qui a été très, très rude pour l'ensemble des locataires,
20:48 notamment, je vous le disais, dans le parc public.
20:51 Et donc, on a une situation qui s'aggrave.
20:54 Et la question énergétique, pour nous, est essentielle.
20:56 On essaie de développer des boucles, des communautés locales d'énergie avec du renouvelable.
21:02 Ça, pour nous, c'est également un pari d'avenir que l'on fait,
21:04 parce que ça va permettre de baisser et surtout de garantir un coût d'énergie constant sur une vingtaine d'années.
21:09 Pour nous, ça, c'est un pari qui est essentiel.
21:12 Mais on veut également aller sur des programmes globaux de massification de la rénovation.
21:17 C'est extrêmement important.
21:19 Et pour ça, il faut également que ces programmes soient accompagnés.
21:22 Et c'est ce que l'on trouve dans le dispositif de stop-expulsion énergétique.
21:25 Par des programmes de formation des artisans, des professionnels en local,
21:29 parce que ça crée de l'emploi également local.
21:31 Et puis, par des filières d'approvisionnement également de matériaux biosourcés, géosourcés,
21:37 pour isoler les bâtiments qui vont être concernés, environ 350 bâtiments sur un quartier de Marseille.
21:42 – Vincent Godbout, on peut modéliser ce que ça va apporter en termes de bilan carbone,
21:48 parce que ces passoires thermiques vont l'être de moins en moins grâce à un programme comme celui-là.
21:52 – Oui, bien entendu, on peut tout modéliser.
21:55 Et pour nous, en fait, on peut arriver à éradiquer cette problématique en 2030.
22:00 Si on arrive à massifier le programme, à former suffisamment d'acteurs,
22:04 donc ces ensembliers solidaires, mais aussi les ensembliers territoriaux.
22:09 Donc les ensembliers territoriaux sont des gens qui vont intervenir dans chacun des territoires.
22:14 On va en avoir un à partir de septembre à Marseille,
22:17 qui va mettre autour de la table l'ensemble des acteurs du territoire.
22:20 Là, on n'aura plus la famille, mais vraiment l'ensemble des acteurs.
22:23 On va former les artisans, on va former des bénévoles associatifs,
22:27 on va former des travailleurs sociaux.
22:29 Et à force de formation, si on arrive à développer le nombre d'artisans,
22:34 donc on aura une capacité supplémentaire plus importante
22:37 pour rénover globalement, de manière qualitative,
22:41 des logements qui appartiennent à des propriétaires pauvres.
22:44 Parce qu'on n'a pas le droit de laisser de côté ces personnes en difficulté.
22:48 - 2 millions de personnes en France, c'est le chiffre que vous nous donniez tout à l'heure.
22:51 Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur Bsmart.
22:54 On passe, on parle entretien et hygiène tout de suite dans notre rubrique Startup.
22:59 Smart Ideas avec Laure Favre. Bonjour, bienvenue.
23:08 - Bonjour.
23:09 - Vous êtes la cofondatrice de Spring créée il y a trois ans,
23:12 août 2020 avec Philippe Cantet et Benjamin Guerville.
23:15 C'est quoi Spring ? Pourquoi vous l'avez créée ?
23:17 - Spring, c'est une marque de lessive et de produits d'entretien qu'on a créée il y a trois ans.
23:21 On l'a créée sur une double ambition.
23:23 La première, c'est celle de s'attaquer au fléau du plastique et usage unique.
23:27 Puisqu'en France, en moyenne, on produit par habitant 30 kg de déchets plastiques par an.
23:33 La deuxième ambition, c'est celle de proposer des produits qui soient réellement sains.
23:37 Aujourd'hui, dans un rayon de supermarché,
23:40 presque un produit sur deux contient des matières dangereuses.
23:43 On a créé cette marque qui propose des lessives et des produits d'entretien
23:46 qui sont tous sans matière controversée et sans plastique à usage unique.
23:49 - C'est un secteur que vous connaissez bien, dans lequel vous avez travaillé.
23:52 Il y avait quoi, une frustration de se dire,
23:54 je n'arrive pas à trouver les produits que je voudrais moi, comme consommatrice, consommateur ?
23:59 - Oui, c'est exactement ça.
24:00 J'ai fait toute ma carrière dans les produits d'entretien, ça fait plus de 20 ans.
24:04 J'ai traité aussi des marques écologiques.
24:07 J'ai créé ma première marque écologique en 2008, donc ça date.
24:10 A l'époque, on ne s'intéressait qu'à l'aspect de la formulation
24:13 et l'impact de la formulation sur l'environnement.
24:15 Ce qui est déjà une grosse part, évidemment, très importante.
24:18 Mais au fil de ces années, je me suis rendu compte qu'il y avait un critère
24:20 qui n'était jamais considéré, c'était celui de l'emballage, ou très peu considéré.
24:23 En revanche, il compte quand même pour 60% de l'impact d'un produit.
24:26 Donc, j'ai voulu m'y atteler et ce n'est pas une mince affaire
24:29 parce que supprimer le plastique de l'univers des produits d'entretien,
24:32 enfin je veux dire, on a tous marché dans un rayon de supermarché,
24:35 vous voyez bien que tout est aujourd'hui emballé dans des emballages en plastique.
24:38 - Est-ce que c'est un défi technique ?
24:39 Est-ce que c'est si simple d'avoir une solution de remplacement ?
24:41 - Ah non, ce n'est pas du tout simple.
24:43 Alors, il faut imaginer que Spring, on a toute une gamme avec des lessives,
24:48 des produits d'entretien rechargeables.
24:50 Donc, l'idée, ce n'est pas de plastique et d'usage génique.
24:52 Donc, nos fournisseurs, eux, ils sont habitués à produire des formules liquides
24:56 et qui sont forcément emballées dans du plastique.
24:58 Nous, on ne veut pas ça parce qu'il faut savoir qu'un produit d'entretien,
25:01 c'est 80 à 90% d'eau.
25:03 Donc, il y a tout le bilan carbone qui va avec le plastique jetable.
25:06 - Ça ne sert à rien de transporter cette eau en question alors qu'on l'a chez soi.
25:09 - Exactement. Et de la payer, accélérément.
25:11 Donc, en fait, effectivement, c'est un challenge parce que d'abord,
25:13 l'industrie n'est pas taillée pour fabriquer des produits
25:15 qui ne viennent pas dans des emballages en plastique.
25:17 Et puis, quand vous êtes une start-up que vous n'existez pas encore,
25:20 vous allez taper à la porte de ces industriels.
25:22 On nous prend parfois un peu pour un ovni.
25:24 On a la chance d'avoir trouvé des partenaires qu'on connaît depuis longtemps
25:26 et qui nous ont accompagnés.
25:28 Donc, typiquement, on vend des capsules de lessive
25:30 qui sont emballées dans une boîte en carton.
25:32 En plus, elle a la particularité d'être très fine
25:34 pour pouvoir rentrer dans une boîte aux lettres
25:36 et être un service de livraison programmé.
25:38 Et cette boîte, en fait,
25:40 elle est équipée d'un système de sécurité enfant.
25:42 Donc, créer un système de sécurité enfant
25:44 sur une boîte en carton, il y a 3 ans,
25:46 il y a même 4 ans quand on travaillait sur le projet,
25:48 c'était un énorme challenge. D'ailleurs, on a fait breveter cette boîte.
25:50 - Donc, ça veut dire quoi ?
25:52 Ça veut dire qu'on a un bidon
25:56 qu'on va réutiliser autant de fois qu'on le veut ?
25:58 - Alors, on a deux parties dans la gamme.
26:00 On a la partie des lessives.
26:02 Là, en fait, c'est un produit, c'est des capsules de lessive classiques,
26:04 je dirais, qui sont plus concentrés, sans matières controversées,
26:06 mais dans un format qu'on connaît, dans cette boîte en carton.
26:08 Et puis, il y a l'autre partie,
26:10 qui est la partie des produits rechargeables,
26:12 où là, effectivement, l'idée, c'est de supprimer ces bidons.
26:14 Donc, par exemple, on a un liquide vaisselle
26:16 qui est proposé dans un flacon en plastique,
26:18 en verre. Vous allez acheter une bonne fois pour toute
26:20 un flacon en verre.
26:22 Et on propose la formule
26:24 sous forme d'une poudre qu'on va diluer dans de l'eau du robinet.
26:26 Et là, on va retrouver exactement la même texture
26:28 de liquide vaisselle qu'on connaît.
26:30 La même efficacité.
26:32 - Je reviens aux matières controversées
26:34 que vous avez employées, cette expression tout à l'heure.
26:36 Ça veut dire quoi ? Qu'est-ce que vous avez banni,
26:38 finalement, de vos formules concentrées ?
26:40 - Aujourd'hui, on a
26:42 presque d'un produit sur deux qui a des matières
26:44 dangereuses. C'est l'UFC Que Choisir qui le dit.
26:46 Ça va jusqu'à plus de 70% pour la lessive.
26:48 Et ces matières, ça peut être des allergènes.
26:50 On a trouvé jusqu'à 8 allergènes
26:52 dans une seule lessive.
26:54 L'allergène, ça va vous créer des plaques, des démangeaisons.
26:56 Des cancérogènes.
26:58 Et des perturbateurs endocriniens,
27:00 notamment. Donc ça, c'est toutes les matières
27:02 que nous, on interdit, qu'on ne peut pas retrouver dans nos produits.
27:04 - On peut être aussi efficace
27:06 sans ces matières ? C'était un autre défi, j'imagine.
27:08 - Oui, mais comme vous l'avez dit, moi, ça fait 20 ans
27:10 que je travaille dans ces marchés. J'ai travaillé d'abord sur des marques
27:12 qui étaient des pures marques d'efficacité. Donc je dirais que c'est aussi
27:14 dans mon ADN. Et puis, de toute façon,
27:16 n'importe quel consommateur ne sera jamais prêt à faire
27:18 se transiger sur l'efficacité.
27:20 Donc on est aussi efficace que les produits conventionnels
27:22 du marché, mais sans les matières controversées.
27:24 Et sans le plastique à usage unique.
27:26 Et dans l'efficacité, il y a évidemment l'efficacité
27:28 de lavage. Et puis, il y a ce qu'on appelle
27:30 l'hédonisme. Donc c'est le parfum. Parce que c'est
27:32 hyper important. On aime tous, quand on sort son linge de la machine,
27:34 que ça sente aussi bon qu'un produit classique.
27:36 - Réponse rapide, le prix ? C'est forcément plus cher ?
27:38 - Non, on est au même prix que les produits standards.
27:40 - Bon, merci beaucoup. C'était efficace comme dernière réponse.
27:42 Merci à vous, Laure Farre, les bonvents
27:44 à Spring. Voilà, c'est la fin de ce
27:46 numéro de Smart Impact. Merci
27:48 à toutes et à tous de votre fidélité.
27:50 Et merci aux équipes de
27:52 Bismarck, Alex & Guyane, qui est la nouvelle
27:54 productrice et programmatrice de
27:56 Smart Impact. Bienvenue à elles. Et je suis
27:58 très heureux de travailler avec Alex.
28:00 Je remercie aussi
28:02 Olympe Le Temps, Seyd Mamou au son
28:04 et Romain Luc à la
28:06 réalisation. Je vous dis à bientôt
28:08 sur Bismarck. A demain, tout simplement. Ciao.
28:10 [Musique]

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