SMART JOB - Bien dans son job du mardi 29 août 2023

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Mardi 29 août 2023, SMART JOB reçoit Caroline Diard (enseignante-chercheuse en management des RH et Droit, ESC Amiens)

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Transcription
00:00 [Musique]
00:12 Bien dans son job, on poursuit le feuilleton parce qu'on en a énormément parlé.
00:17 Vous vous en souvenez, il avait été contraint pendant le Covid, bien obligé de télétravailler.
00:22 Et puis aujourd'hui, ce télétravail est entré dans les mœurs, dans l'action, je dirais, un peu classique d'une entreprise.
00:28 Encore que, encore que, Caroline Dier, bonjour, enseignante chercheuse management RH droit à l'ESC Amiens.
00:35 Vous vous penchez sur beaucoup, beaucoup de sujets RH et en particulier sur le télétravail,
00:40 membre du comité scientifique de l'Observatoire du Management.
00:43 Vous êtes venue nous dire, parce qu'il y a une étude, on va la voir tout de suite, commençons par le début,
00:48 qui sur 34 pays dans le monde qui ont été auditionnés sur cette question,
00:54 la France est quand même très, très bas, elle est derrière le Chili, elle est à 0,6 point,
00:59 la moyenne mondiale est de 0,9, le Canada est à 1,7, c'est le pays qui travaille le plus.
01:04 Les États-Unis, le Royaume-Uni, les pays anglo-saxons, la France est à 0,6, c'est-à-dire à 0,3 point en dessous de la moyenne.
01:10 Vous vous dites oui, c'est vrai, mais il faut relativier tout cela.
01:14 Oui, effectivement. Alors cette étude, c'est la dernière étude en date qui est sortie au mois de juillet,
01:20 qui a été traitée par un institut allemand auprès de 34 pays et 42 000 salariés.
01:27 Donc c'est une étude très significative et effectivement le bon Edan, c'est un peu la France,
01:33 avec une moyenne à 0,6, tout en sachant que la Corée du Sud ressort à 0,4 et le Canada effectivement à 1,7.
01:41 Donc on a les pays anglo-saxons qui sont les bons élèves, peloton de tête, et puis la France qui arrive loin derrière.
01:49 Mais je relativise un petit peu ces résultats dans la mesure où en 2022, une précédente étude par l'institut Eurofund a montré
01:58 que la France est plutôt bonne élève au niveau européen, avec une moyenne à 30% derrière les pays scandinaves,
02:07 qui sont dans le peloton de tête européen.
02:09 Comment vous l'expliquez d'ailleurs cet écart entre les 42 000 personnes interrogées dans le monde et cette étude dont vous nous dites qu'elle n'est pas si mauvaise ?
02:16 Alors comment expliquer cet écart finalement ?
02:20 C'est tout simplement que sur un niveau mondial, les pays anglo-saxons qui traditionnellement ont développé le télétravail bien avant nous,
02:28 forcément sont en avance.
02:30 Il y a une forme d'acculturation, de formalisation qui se fait dans ces pays-là et qui ne se fait pas forcément dans des pays européens.
02:37 Et puis au niveau européen, on n'est pas à la traîne, donc rien d'alarmant.
02:42 Les patrons restent un petit peu réfractaires, on pourra en parler,
02:46 mais la France n'a pas le bonnet d'âne en Europe, en tout cas si elle l'a au niveau mondial d'après la dernière étude.
02:52 C'était ma question très concrètement.
02:54 Qu'est-ce qui justifie ces réticences ? C'est un problème culturel.
02:57 On a quand même le sentiment que ce télétravail, même si on est un peu derrière, on a quand même beaucoup progressé en France.
03:03 Et vous nous dites qu'il y a quand même des réticences.
03:05 C'est quoi les freins au télétravail ? C'est que le manager, c'est que le décideur se dit "j'ai quand même envie d'avoir mes salariés près de moi" ?
03:10 Alors vous avez raison de le dire, on a fait beaucoup de progrès.
03:13 En 2017, on était à 7% de télétravailleurs, on est actuellement à 41%.
03:19 Donc on a fait un bon considérable, notamment avec la crise sanitaire qui a été un révélateur des avantages, des inconvénients, des opportunités, des risques du télétravail, on l'avait déjà évoqué.
03:32 Alors pourquoi toujours des réticences ?
03:35 Pour plusieurs raisons. Pour des raisons historiques, on est plus réticents que les anglo-saxons parce que, historiquement, on a développé le télétravail plutôt dans les années 90 alors qu'eux ont commencé dans les années 70.
03:48 Donc il y a cette première raison historique et culturelle, vous l'avez dit.
03:52 Après il y a aussi une raison qui est une raison plutôt managériale.
03:56 En fait, les managers ou les employeurs ont tendance à avoir des difficultés à faire confiance, à lâcher prise, à ne pas contrôler et à intégrer l'idée qu'un collaborateur peut être autonome dans ses missions au quotidien.
04:14 Et que si on le laisse autonome, il ne fera pas le travail demandé. Il y a de ça.
04:18 C'est ça en fait.
04:19 Je ne fais pas confiance.
04:20 C'est la notion de confiance et de délégation.
04:23 Donc ça c'est un premier niveau d'analyse.
04:27 Après il y a d'autres raisons aussi qui font que les patrons peuvent être effractaires.
04:31 Il y a la taille de l'entreprise qui peut aussi être un frein à l'organisation du télétravail.
04:37 PME plus compliquée, j'ai le sentiment.
04:39 Tout à fait. Les PME vont être peut-être pénalisés sur certains métiers.
04:43 Il y a aussi la notion d'analyse de compétences et d'analyse de postes qui seraient télétravaillables.
04:49 Un manager ou un employeur peut considérer à tort que certains postes ne sont pas télétravaillables.
04:55 Alors que pendant la crise on a vu que finalement beaucoup de choses étaient possibles.
05:00 Donc il y a une réflexion peut-être à mener sur la cartographie des compétences et des postes.
05:06 Caroline, il nous reste peu de temps mais un mot sur la productivité.
05:08 Puisque là il y a un enjeu sur la confiance, c'est très psychologique.
05:11 Mais il y a la productivité.
05:13 Est-ce que la chercheuse que vous êtes avait des études, des choses à nous dire ?
05:16 Parce que j'ai le sentiment que c'est un peu le verre à moitié plein, à moitié vide.
05:19 Alors il y a des études très controversées en matière de productivité.
05:23 Donc on a des études pour et des études de contre.
05:27 Dans les études que j'ai moi-même menées avec mes collègues,
05:31 on a conclu pour l'instant à une augmentation de l'amplitude horaire de travail,
05:36 à une augmentation de la charge de travail et des difficultés à déconnecter.
05:40 Ce qui fait qu'on travaille plus.
05:42 Et ce qui ne signifie pas nécessairement être plus performant ou être plus productif.
05:47 Mais dans l'amplitude horaire, on dérégule son temps de travail.
05:51 Exactement.
05:52 Merci Caroline Diard d'être venue nous rendre visite,
05:55 pour nous éclairer justement sur cette question du télétravail.
05:58 On va la suivre parce que vous travaillez sur ce sujet.
06:01 Un livre des choses en prévision ?
06:04 Alors une quatrième édition chez Duneau de notre ouvrage sur la gestion des ressources humaines.
06:13 Un best-seller.
06:14 Qui est en courbe et qui devrait paraître au mois de février.
06:17 Avec Emmanuel Boudoin et Sylvie Bertet toujours.
06:19 C'est ce que je voulais vous entendre dire.
06:21 Je sais que ce livre a très bien marché et il est évidemment retravaillé.
06:25 Quatrième édition qui sortira chez Duneau.
06:27 Merci Caroline Diard de nous avoir rendu visite.
06:30 On tourne une page, on va s'intéresser là aussi à un métier où le télétravail, reconnaissons-le, est complexe.
06:35 Les métiers du soin et du lien, la santé mais aussi l'aide à domicile.
06:40 On en parle, c'est un métier en très grande difficulté.
06:42 Un secteur en crise.
06:44 On en parle avec mes invités dans le Cercle RH.

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