Deux mois après les émeutes et l'incendie de l'hôtel de ville, le maire de Mons-en-Barœul salue "l'agilité" de ses équipes
Le maire de Mons-en-Barœul, Rudy Elegeest, était l'invité de France Bleu Nord ce mardi, deux mois après les émeutes qui ont touché sa ville. Il explique comment les équipes de la mairie se sont adaptées après l'incendie de l'hôtel de ville.
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00:00 - Oui bien sûr, parce qu'à Mons on a été très très impactés par cet événement
00:04 presque meurtri, notre collectivité a beaucoup souffert, mais au delà même des
00:10 des dégâts matériels, c'est à dire des vitres brisées,
00:14 de la fumée, du feu, qui ont détruit à la fois la salle des fêtes et la mairie. Au delà de ça
00:20 finalement une mairie vous savez c'est quelque chose qui permet le vivre ensemble dans une commune, c'est le service public.
00:27 C'est aussi une collectivité dans laquelle travaillait de nombreux agents, donc effectivement
00:32 la blessure est profonde et surtout le temps pour réparer les choses va être
00:36 très long. - On va en parler bien évidemment, mais tous ces services publics, je pense au centre communal d'action sociale,
00:42 il y a également eu le service état civil, tout ça vous avez dû vous organiser là depuis deux mois. - Alors je tiens vraiment à souligner
00:50 vous savez parfois on dit que l'administration est un peu rigide, un peu
00:54 enfin a du mal à s'adapter. Là en l'occurrence
00:57 vraiment mes agents, la collectivité ont fait preuve d'une capacité
01:02 d'agilité, d'adaptation absolument remarquable, puisque en deux trois jours ils ont refait, remis en place une mairie
01:11 provisoire finalement. Alors c'est vrai qu'on avait la chance de disposer de nombreux locaux
01:15 qui étaient vides à quelques centaines de mètres de l'hôtel de ville. Ils étaient destinés à accueillir du commerce, à accueillir des services médicaux.
01:24 On s'est redéployé sur ces locaux là
01:26 instantanément dans les deux trois jours qui ont suivi pour réactiver nos missions de services publics.
01:31 Franchement ce qu'ont fait les agents de la collectivité, dont le travail a été
01:35 bousculé, enfin remis en cause, vous savez on a des habitudes au travail, un cadre de vie, tout ça a été changé
01:42 et se sont adaptés très très vite pour
01:45 restituer finalement les services publics à la population. - Mais on peut également citer au cours de l'été les mariages que vous avez dû délocaliser
01:52 au fort de Mons. Les travaux de l'hôtel de ville, Rudy Elges, vont prendre grosso modo deux ans.
01:56 Est-ce que vous prévoyez quand même le retour de certains services dans le bâtiment dans les prochaines semaines ?
02:01 - Les services fonctionnels, en quelque sorte, ressources humaines, finances,
02:05 urbanisme, on espère pouvoir les remettre dans une tour qui a été moins impactée par les dégâts.
02:12 Au plus on monte dans la tour, au moins c'est noirci. Donc on va pouvoir remettre les
02:17 services dans cette tour sans doute au mois d'octobre. Par contre ce qui est vraiment accueil du public au rez-de-chaussée de l'hôtel de ville,
02:23 là ça a été vraiment dévasté. Donc la police municipale,
02:26 l'état civil,
02:29 évidemment le service des écoles, le CCAS, vous l'avez souligné. Je tiens aussi, je parlais de capacité de vivre ensemble
02:36 et de partage d'émotions collectives, notre salle de fête a aussi été détruite. Or là il y a un service culture qui a aussi fallu
02:43 relocaliser ailleurs dans la ville parce que malheureusement, c'est là que ça démontre toute l'absurdité de ce qui s'est passé.
02:48 Puisque finalement c'est là où les enfants des familles monsoises venaient quelques jours auparavant pour les fêtes d'école, etc.
02:54 Tout ça montre que ça n'avait vraiment aucun sens.
02:57 - 7h48, vous êtes sur France Bleu d'Or, notre invité ce matin est Rudi Elgest, le maire de Monts-en-Barreul.
03:02 - Vous avez chiffré, Rudi Elgest, le montant total des dégâts infligés à votre vie. Il y en a à la louche pour 5 millions d'euros.
03:08 Vous avez trouvé l'argent sans trop de problèmes ?
03:10 - Oui, alors l'addition s'est alourdie tout au long de l'été. Effectivement, on est plutôt à 5 millions maintenant.
03:16 On est bien assuré. Jusqu'à présent, nos contacts avec l'assurance, nos assurances
03:20 sont plutôt positifs. Donc on espère que ça va bien se passer de ce côté là.
03:24 L'État aussi, enfin le préfet de région en personne nous a
03:27 assuré d'être à nos côtés si jamais on a des problèmes dans
03:31 cet ordre de grandeur là, le domaine financier. Mais il faut voir aussi que ça n'est pas qu'une affaire d'argent.
03:38 Ça a aussi conduit à finalement reporter d'autres projets que nous avions pour la ville,
03:42 notamment des projets qui concernent les jeunes. On pensait construire un très beau dojo là dans quelques
03:47 mois.
03:49 Malheureusement, tout ça va être reporté. Donc sur le plan financier, on est plutôt rassuré à l'heure actuelle.
03:54 - Nous le disions en introduction, Rudi Elgest, Emmanuel Macron va écouter aujourd'hui certains de ses ministres qui sont censés lui proposer des solutions
04:00 suite à ce qu'il s'est passé pour apaiser vous les tensions, pour éviter que cela arrive à nouveau.
04:04 Il faut agir sur quoi selon vous ?
04:07 - De mon point de vue, vous savez, rien ne serait pire
04:09 que l'émotion, l'assidération qu'on a connue
04:13 suivie de l'oubli. Il faut vraiment pas oublier ce qui s'est passé.
04:17 On est souvent dans l'instantanéité, les réactions aujourd'hui. Il faut absolument
04:22 qu'on prenne des mesures
04:24 qui permettent d'éviter que ça recommence. Donc ces mesures concernent bien évidemment l'éducation, concernent la parentalité,
04:30 concernent certainement la doctrine, on parle comme ça, de rapport entre la police et les jeunes.
04:36 Je pense que c'est un encouragement aussi à continuer plus fortement les programmes de rénovation urbaine.
04:42 Je pense de mon point de vue qu'il y a un vrai enjeu de, j'aime pas tellement ce mot, mais de
04:46 peuplement. C'est-à-dire qu'il faut absolument qu'on arrête, et c'est plus le cas dans cette métropole qu'ailleurs en France,
04:52 de concentrer toutes les difficultés dans les mêmes secteurs géographiques.
04:55 - Effectivement, les différentes études montrent que la métropole lilloise est
04:58 parmi les métropoles les plus ségrégées, c'est comme ça qu'on dit, où on identifie les quartiers pauvres, les quartiers riches. Deux mois après,
05:05 ce sera ma dernière question, Rudy Elgest, quelle est l'ambiance à Mont-Saint-Barreul ? Vous sentez de la tension, de l'amertume ?
05:10 - Les points positifs dans cette épreuve terrible qu'on a vécue,
05:14 c'est le fait d'avoir ces locaux qui étaient disponibles, ça c'est un premier point.
05:17 L'agilité de la collectivité, mais surtout, surtout, le soutien absolument incroyable de la population monsoise.
05:24 Ça fait 23 ans que je suis maire de Monts, je n'ai jamais connu un élan de solidarité
05:29 et finalement d'empathie par rapport à l'épreuve que l'on a vécue.
05:32 - Rudy Elgest, maire de Mont-Saint-Barreul, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation ce matin sur France Bleu Nord.
05:37 - Merci, une interview retrouvée dès maintenant sur francebleu.fr