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Style de vieTranscription
00:00 Je m'appelle Julie, je suis créatrice de contenu,
00:02 plus connue sous le pseudonyme de 12 Février.
00:04 Je crée du contenu autour de l'acceptation de soi,
00:07 de la résilience et de la bienveillance.
00:09 Et aujourd'hui, je suis là pour un petit chitchat make-up.
00:12 Ma routine beauté a beaucoup évolué autour de ces dernières années,
00:24 mais aujourd'hui, c'est vrai que j'ai adopté des réflexes
00:26 qui sont hyper importants pour moi.
00:28 Un des premiers, déjà, ça va être de venir protéger ma peau
00:31 avec de la crème solaire.
00:32 Étant donné qu'en fait, je suis une grande brûlée,
00:34 je suis beaucoup plus sujette au cancer de la peau que la moyenne.
00:36 C'est une peau qui est sensible, qui est très abîmée.
00:38 Et c'est aussi une peau, en fait,
00:42 que j'ai laissée à l'abandon pendant quelques années,
00:45 que j'ai eu du mal à toucher, j'ai eu du mal à en prendre soin,
00:48 parce qu'en fait, pour moi, tout l'aspect hydratation,
00:50 tout l'aspect venir prendre soin de sa peau
00:52 était associé, en fait, à des gestes médicaux.
00:55 J'ai pris des bains de crème,
00:57 on m'a couverte de bandages, de crème, etc.
00:59 En fait, c'est en grandissant que j'ai réalisé l'importance
01:02 de prendre soin de ma peau, de prendre soin de mon corps,
01:04 parce que j'allais y vivre toute ma vie.
01:06 Et qu'elle soit différente ou pas,
01:07 c'est vrai que je lui en ai beaucoup voulu,
01:09 mais aujourd'hui, j'ai compris que c'était essentiel que j'en prenne soin.
01:12 Un des premiers combats, peut-être, que j'ai affronté,
01:19 je dirais que c'est de survivre à l'accident,
01:22 donc survivre aux flammes,
01:23 et que le deuxième, en fait, ça a été de sortir de l'hôpital
01:27 et d'affronter tous les regards extérieurs.
01:30 En fait, quand on est à l'hôpital, on est dans un cocon,
01:34 où on est avec du personnel hospitalier
01:36 qui sait ce qui nous est arrivé,
01:38 et en fait, c'est en confrontant vraiment les regards extérieurs
01:41 et en voyant ces regards se poser sur moi comme si j'étais un monstre,
01:44 que je me suis dit "OK, ma vie, elle est différente, je suis différente,
01:47 et ça restera potentiellement comme ça toute ma vie,
01:50 à moins que j'essaie de le démocratiser",
01:52 et c'est comme ça qu'est né le partage sur les réseaux sociaux.
01:55 La dernière vidéo traitée du coma artificiel, comme prévu.
01:58 Aujourd'hui, je vais tout simplement vous parler de mon réveil,
02:01 après ces trois mois en drame.
02:03 Contrairement...
02:04 C'est venu d'une volonté, en fait, je pense, de libérer ma voix,
02:07 mais surtout de démocratiser ce combat qui était le mien,
02:10 mais qui n'était pas du tout mis assez en avant.
02:12 J'avais vraiment l'impression d'être la seule grande brûlée de France,
02:15 et je me disais "C'est pas possible, il faut vraiment que j'essaie
02:17 de délier tout ce qu'il y a autour de ça".
02:19 ...
02:31 J'ai eu beaucoup de moyens, je pense, de relever la tête avec mon accident.
02:35 Il y a eu le sport, qui a fait partie intégrante de ma vie,
02:38 il y a eu mon entourage, mes amis...
02:40 Mais c'est vrai qu'une des choses desquelles je parle un peu moins,
02:42 c'est la photo, à la lumière naturelle,
02:45 sur des lumières qui sont très très douces,
02:47 et de pouvoir shooter avec les bonnes personnes,
02:49 avec des photographes professionnels,
02:51 qui savaient interpréter mes cicatrices complètement différents de moi,
02:55 donc ça veut dire de shooter à des lumières qui sont pas surexposées,
02:59 des lumières qui sont pas dures, pas contrastées,
03:01 pour pouvoir amener un aspect beaucoup plus doux à la peau,
03:05 ça m'a énormément aidée à voir mes cicatrices d'une autre manière.
03:09 Et d'ailleurs, cet aspect naturel, il est un petit peu, aujourd'hui,
03:12 dans tous les aspects de ma vie, dans ma routine, dans mon maquillage,
03:17 il y a beaucoup de produits naturels,
03:18 il est dans ma routine de vie,
03:20 où j'ai déménagé pour être au plus proche de la nature,
03:23 et aussi dans mon rapport au maquillage,
03:26 qui a complètement changé par rapport à les années après l'accident.
03:31 J'ai laissé, je pense, le regard des gens m'impacter
03:43 pendant de très très nombreuses années,
03:45 à tel point que, pendant 5 ans, j'ai plus été à la plage,
03:49 j'ai plus mis de maillot, j'ai plus mis de robe, j'ai plus mis de short,
03:51 et c'était même pas "moi vs. moi", c'était vraiment "moi vs. les autres",
03:56 et j'avais peur de ce regard que pouvaient porter les autres,
03:58 parce que, en fait, dans ma vie,
03:59 je m'étais jamais sentie différente avant mon accident,
04:02 et après mon accident, j'ai vraiment eu l'impression d'être un monstre,
04:05 encore une fois,
04:07 et que je récupérais jamais ce que la vie m'avait enlevé.
04:09 Et donc, ce regard des gens, il impactait vraiment toute ma vie.
04:13 Et un jour, j'étais à la table d'un restaurant,
04:15 et j'avais un regard, franchement, qui était omniprésent d'un homme,
04:18 et c'était trop, quoi.
04:20 Et je pense que, ce jour-là, c'était un peu la goutte d'eau
04:23 qui a fait déborder le vase, et dans toute mon impulsivité,
04:26 j'ai décidé de me lever et d'aller le voir,
04:28 et de lui dire "bon, vas-y, qu'est-ce qu'il y a ?
04:31 Qu'est-ce qui se passe ?"
04:33 Et, en fait, quand j'ai été le voir,
04:34 cet homme, il a reconnecté avec la réalité,
04:37 et il m'a regardée, il m'a dit "je suis désolée,
04:40 en fait, j'ai ma nièce, qui est actuellement à l'hôpital,
04:44 dans un coma, elle a été brûlée comme vous,
04:46 et je me demandais si un jour elle se réveille,
04:48 si à son réveil, elle serait aussi jolie que vous."
04:50 Et du coup, là, forcément, moi, j'ai pris la claque de ma vie,
04:54 parce que je pensais que le regard des gens
04:56 n'était que le reflet de mes propres complexes,
04:57 mes propres démons, donc forcément,
04:59 moi, je pensais toujours que me regardait d'une manière ultra négative,
05:01 et là, en fait, j'ai eu la preuve que ces regards
05:04 que je pensais pouvoir interpréter,
05:06 j'étais juste incapable de le faire,
05:08 et ça a été un peu ma claque et le moyen de me dire
05:11 que si ce regard, je pouvais pas l'interpréter,
05:14 c'était peut-être à moi de travailler dessus et essayer d'aller au-delà.
05:17 C'est vrai que mon rapport au maquillage, il a beaucoup évolué.
05:31 Je pense que j'ai toujours été une jeune fille, en tout cas,
05:33 avant l'accident, qui était très naturelle,
05:35 parce que je faisais beaucoup de sport,
05:36 et donc le maquillage n'était pas mon intérêt numéro un.
05:38 Et quand j'ai eu l'accident, en fait, il a fallu que je trouve des moyens
05:41 pour, encore une fois, cacher ces cicatrices,
05:44 camoufler ces cicatrices,
05:45 et donc j'ai développé un vrai intérêt, bizarrement, pour le maquillage,
05:49 à faire les tours de tous les magasins possibles
05:51 pour essayer de trouver le fond de teint et l'antisterne le plus couvrant
05:55 qui allaient cacher mes cicatrices.
05:56 Donc je me maquillais énormément,
05:57 j'avais un effet très, très, très cartonné sur mes cicatrices.
06:00 Je cherchais vraiment à tout cacher.
06:03 Et en fait, aujourd'hui, maintenant que je me suis acceptée,
06:06 je me suis rendue compte que je me maquillais autant
06:08 pour essayer de retrouver un peu un bout de ce que j'étais avant.
06:12 Et une fois que j'ai compris que ce bout-là, je le récupérais jamais,
06:15 mais que c'était pas pour autant qu'il serait forcément moins bien.
06:17 Aujourd'hui, je sais que cet accident,
06:19 il m'a plus apporté que ce qui m'a enlevé,
06:21 aussi bizarre que ça puisse paraître.
06:23 Du coup, mon rapport au maquillage, en fait, il a complètement changé.
06:27 Et tout ce que je veux faire ressortir, en fait, par ce maquillage,
06:30 c'est cette notion de plaisir à me maquiller
06:32 et pas parce que c'est une contrainte juste le faire pour moi,
06:34 pas pour les autres, pas pour cacher quoi que ce soit,
06:36 et parce que je me sens bien,
06:38 et du coup, je veux un maquillage qui reflète ce que je suis,
06:39 et je pense que c'est juste la naturalité et voilà.
06:42 Si j'avais un conseil à donner, là, à quelqu'un
06:53 qui serait peut-être dans la même situation que moi,
06:55 vu qu'on est sur le maquillage, en fait, je lui dirais
06:56 qu'on peut choisir d'accepter ses cicatrices,
06:59 on peut choisir d'accepter sa différence.
07:01 Aujourd'hui, on est dans des aires d'acceptation qui nous poussent à tout ça,
07:04 mais j'aimerais dire qu'en fait, les phases où on l'accepte pas
07:06 et où on a envie de les cacher, elles sont normales aussi,
07:09 et que c'est pas parce que quelqu'un y arrive là maintenant
07:11 qu'on est forcément obligé d'y arriver.
07:13 C'est comme ça, l'acceptation.
07:14 Il y a des phases de haut, des phases de bas,
07:16 des choses qu'on n'acceptera peut-être jamais
07:18 ou beaucoup plus difficilement,
07:19 mais avec le temps, en fait, on apprend, tout simplement.
07:22 Pour toutes les femmes qui se sentiraient complexées
07:30 par leurs cellulites, par leur vergeture,
07:32 par leurs cicatrices, peu importe,
07:35 je leur dirais qu'en fait, déjà, on a tous nos complexes,
07:37 que ces complexes, souvent, en fait,
07:39 ils sont dus à un problème de représentation dans notre société,
07:42 et que, bizarrement, en fait, si on montrait encore plus de cellulites,
07:45 si on montrait beaucoup plus de vergetures,
07:46 en fait, on se sentirait acceptés dans cette société,
07:49 et qu'en fait, si on se sent pas assez représentés,
07:51 on a juste à le faire soi-même.
07:53 Moi, c'est le combat pour lequel j'ai opté pour mes cicatrices.
07:55 Si on ouvre les yeux,
07:56 qu'on regarde autour de nous les corps qui sont sur la plage,
07:58 en fait, on se rend compte qu'on est loin d'être seuls,
08:00 et que cette représentation de notre société dans les médias
08:03 n'est pas du tout la réalité de notre monde.
08:05 Donc ouvrez les yeux, regardez autour de vous,
08:07 et dites-vous que de toute façon,
08:08 on est toutes bien trop occupées à focaliser sur notre propre corps
08:12 plutôt que le vôtre.
08:13 Sous-titrage ST' 501
08:15 Sous-titrage ST' 501
08:17 [Musique]