Appel de Macron à Bardella : "Nous sommes la première force d'opposition", justifie Sébastien Chenu

  • l’année dernière
Sébastien Chenu, député Rassemblement national du Nord et vice-Président de l’Assemblée nationale, est l'invité de Sonia Devillers. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-mercredi-30-aout-2023-2240195

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00:00 Il est 7h48, Sonia Devillere, votre invitée, vice-président du Rassemblement National,
00:05 députée du Nord et vice-président de l'Assemblée Nationale.
00:09 Bonjour Sébastien Chenu.
00:10 Bonjour Madame.
00:11 Alors cette grande initiative qui débute cet après-midi à Saint-Denis, vous la percevez
00:15 comme une innovation inédite dans l'histoire de la Ve République ou comme un bidule ?
00:20 Il faut dire que toutes les initiatives qu'a prises le président de la République ces
00:23 dernières années se sont révélées comme étant des échecs et en tous les cas comme
00:27 un véritable aveu d'impuissance puisque rien n'est sorti des dizaines de consultations,
00:33 réunions, commissions et autres dingueries que le président nous sortait.
00:37 Alors aujourd'hui, il a l'idée du pré-référendum qui en fait est juste un référendum qu'il
00:42 ne veut pas perdre.
00:43 La réalité c'est qu'Emmanuel Macron cherche à retrouver une espèce de légitimité,
00:48 une espèce d'audience qui lui manque aujourd'hui.
00:51 Il n'empêche que Jordan Bardella y va.
00:54 Bien sûr, c'est tout à fait normal.
00:55 Il va cautionner et donc légitimer cette initiative d'une certaine manière.
00:59 L'initiative, on va voir.
01:00 Mais vous savez, nous quand on nous invite, on est des gens bien élevés.
01:03 Vous m'avez invité ce matin, je suis venu.
01:05 Jordan Bardella est invité par le président de la République, il viendra, il s'est même
01:09 entretenu avec lui hier et je pense que derrière cela, ça nous permet de porter les attentes
01:16 de millions de Français, en particulier sur le pouvoir d'achat.
01:19 C'est ce que Jordan Bardella lui a dit, il lui a demandé de prendre une initiative
01:22 forte sur le pouvoir d'achat.
01:23 C'est ce qu'ils se sont dit au téléphone ?
01:24 Oui, ils se sont parlé à peu près un quart d'heure.
01:26 Jordan Bardella lui a parlé du pouvoir d'achat, il lui a dit "nous sommes en attente d'une
01:29 initiative forte sur le pouvoir d'achat".
01:31 On a vu les dernières déclarations sur la déconsommation.
01:35 C'est le PDG de Carrefour, M.
01:36 Bonpart, époux d'une ministre du gouvernement Macron, qui indique que les Français sont
01:41 face à un tsunami de déconsommation.
01:43 Donc Bardella lui a demandé une initiative forte sur le pouvoir d'achat.
01:47 Il lui a parlé aussi de ses visites dans les commissariats au moment des émeutes.
01:51 Bardella a visité un certain nombre de commissariats et il lui a demandé des initiatives fortes
01:55 en matière de sécurité et d'immigration.
01:57 L'immigration c'est le référendum que nous réclamons, que nous appelons de nos
02:00 voeux depuis un certain temps déjà.
02:02 On va en reparler.
02:03 En réalité, ces thèmes ne sont pas une surprise puisque Jordan Bardella les a publiés
02:07 dans une lettre ouverte.
02:08 Mais que lui a dit le président de la République ?
02:11 Le président de la République lui a dit qu'il allait écouter, qu'il allait faire
02:15 finalement son miel de tout cela.
02:17 Mais il ne lui a pas indiqué quelles étaient les pistes qu'il allait retenir.
02:21 On verra.
02:22 Il y a très peu de chefs de formation politique qui ont été appelés par le président en
02:27 amont de cette initiative via Eric Ciotti et Jordan Bardella.
02:30 Marie Tondelier s'est étranglé de ne pas avoir été convaincu.
02:33 Oui, mais enfin, nous sommes la première force d'opposition.
02:35 Nous sommes le principal parti d'opposition.
02:38 Alors je regrette qu'il n'ait pas appelé Madame Tondelier.
02:40 Ça doit lui manquer, Madame Tondelier.
02:41 Un petit coup de téléphone du président de la République.
02:43 Mais en tous les cas, nous représentons des millions d'électeurs contrairement à
02:47 Madame Tondelier qui représente le rappeur Medin.
02:50 Et par conséquent, nous comprenons que le président de la République nous traite avec
02:53 d'expérience.
02:54 Elle ne représente pas seulement le rappeur Medin, on est bien d'accord.
02:57 Et c'est d'ailleurs une question.
02:58 C'est-à-dire que jusqu'à la début août, justement, la majorité présidentielle
03:03 avait défini un arc républicain.
03:05 Ni la France Insoumise, ni le Rassemblement National n'en faisaient partie.
03:08 Vous n'étiez donc pas convié.
03:09 Qu'est-ce qui s'est passé entre les deux ?
03:10 Mais si vous voulez, la majorité n'a pas à définir un arc républicain, c'est
03:14 pour les Français.
03:15 Oui mais qu'est-ce qui s'est passé entre les deux ?
03:16 Je pense que le président de la République, dans cette situation dans laquelle il s'est
03:19 mis lui-même, il se dit qu'il ne peut pas faire l'impasse des attentes que représente,
03:25 exprimées par le Rassemblement National et ses millions d'électeurs.
03:27 Je pense que ces attentes, elles sont cohérentes.
03:29 Et on le voit dans l'actualité, que ce soit sur la baïa, que ce soit sur l'immigration,
03:33 sur le pouvoir d'achat.
03:34 Vous aurez une question sur la baïa, ne vous inquiétez pas, vous trépignez.
03:38 Qu'est-ce qui s'est passé cet été pour que le président change d'avis ?
03:42 Je pense que le président ne peut pas être en tête-à-tête permanent avec des gens
03:45 qui ne pensent que comme lui.
03:47 Et c'est probablement lucide de sa part d'entreprendre cette démarche.
03:52 Il ne peut pas passer sa vie à n'échanger qu'avec des gens qui lui sont ou soumis
03:56 ou qui ne pensent que comme lui.
03:58 Alors évidemment, face à Jordan Bardella, il a un partenaire qui est exigeant, il a
04:05 un adversaire politique d'exigence, mais je pense que dans une démocratie, c'est
04:10 sain de parler à ses adversaires politiques.
04:12 Il reçoit cet après-midi tous les chefs de groupes parlementaires.
04:17 Il se trouve qu'il n'y a pas Lyott, il n'y a pas les députés du Lyott.
04:21 Oui, et d'ailleurs je trouve que c'est anormal.
04:24 Nous, vous savez, nous parlons à tout le monde, nous considérons que dans une démocratie,
04:28 tout le monde doit être entendu, tout le monde doit être écouté.
04:30 Le groupe Lyott est un petit groupe numériquement à l'Assemblée nationale, d'élus de territoires
04:35 d'outre-mer, de Corse et de centre-droite, centre-gauche, qui a mené la bataille contre
04:39 les retraites.
04:40 Nous étions à leur côté, ils étaient à nos côtés, nous étions ensemble pour
04:42 mener cette bataille contre les retraites.
04:44 Il est normal de les entendre et de les recevoir aussi.
04:46 Un mot, vous revenez cet après-midi, Jordan Bardella revient cet après-midi avec une
04:51 demande de référendum sur l'immigration.
04:53 Oui, parce que, Yalgos le rappelait, ça fait des années qu'on n'a pas consulté
04:57 les Français.
04:58 Et je pense qu'en matière d'immigration, nous pensons, avec Marine Le Pen, c'était
05:01 dans son programme en 2022, que donner la parole aux Français, tout simplement pour
05:05 savoir quel est leur souhait en matière d'immigration sur qui entre, qui a le droit
05:09 de se maintenir, pour combien de temps, sur le territoire français, tout ça est assez
05:14 sain.
05:15 Et un débat sur l'immigration éviterait probablement certains excès, éviterait…
05:18 Je ne vous parle pas d'un débat Sébastien Chemin, mais bien d'un référendum.
05:23 Et donc, Marine Le Pen est arrivée avec un texte qui est celui d'un projet de loi
05:28 qu'elle soumettrait au référendum des Français, c'est ce texte que nous proposerons au président
05:32 de la République.
05:33 Qui va se heurter contre l'article 11, et donc il faudra en passer contre l'article
05:36 89, et donc il faudra en passer par les deux assemblées.
05:40 L'important dans une démocratie, c'est de ne pas enterrer les sujets qui concernent
05:45 la vie des Français, et de savoir les trancher.
05:47 Ça fait des années qu'on tourne autour du sujet de l'immigration.
05:49 L'important dans une démocratie, c'est aussi de respecter la Constitution.
05:53 Oui, mais bien sûr, la Constitution prévoit le référendum, et sur l'immigration, il
05:58 est tout à fait possible.
05:59 Et on sait bien que, justement, les référendums prévus par la Constitution n'englobent
06:04 pas le sujet de l'immigration.
06:05 La BAYA, vous vouliez qu'on en parle.
06:09 Le ministre de l'Éducation nationale annonce une introduction de la BAYA à l'école.
06:13 Dans la foulée, la France insoumise annonce son intention d'attaquer la mesure au Conseil
06:18 d'État.
06:19 Oui, c'est un grand classique.
06:20 On savait que la France insoumise ou que d'autres attaqueraient ceci au Conseil d'État.
06:24 Nous, on porte cette volonté d'interdire la BAYA depuis un certain nombre d'années,
06:29 de mois, parce qu'on considère que c'est un vêtement revendicatif d'un islamisme
06:34 rigoriste, en tous les cas, qui heurte notre laïcité.
06:38 Il y a une chose qui est très simple.
06:40 Votre laïcité ?
06:42 Au global, notre laïcité française, celle à laquelle nous sommes attachés, celle
06:46 qui permet à ses enseignants aussi de travailler, de faire vivre leur profession avec beaucoup
06:55 de difficultés.
06:56 Vous savez, c'est le directeur de l'Observatoire de l'Éducation de la Fondation Jean Jaurès
06:59 qui disait que les principaux de collèges s'auto-censurent en ce qui concerne les
07:03 revendications ou les atteintes à la laïcité.
07:06 Donc oui, il y a un problème.
07:07 Ce qui se passe là depuis deux jours, justement, il y a un problème.
07:09 C'est-à-dire que d'un côté, le gouvernement souhaite une clarification de la loi de 2004
07:13 et de l'autre, l'opposition pointe le flou juridique.
07:16 Il y a une façon de le résoudre.
07:19 Si, par exemple, il était compliqué de définir ce qu'est une abeille à parce que le sujet
07:24 c'est celui-ci.
07:25 Moi, je crois que ce n'est pas compliqué.
07:26 Vous savez, on peut définir ça assez facilement.
07:30 Mais bon, si c'était compliqué, il y a une solution.
07:32 C'est le port de l'uniforme.
07:34 Et le port de l'uniforme, nous, au Rassemblement National, nous le demandons.
07:38 Une proposition de loi a été déposée par le député du Loire-et-Cher, Roger Chudeau.
07:41 Mais surtout, nous allons plus loin.
07:43 Ce qui permettra à chacun de prendre ses responsabilités.
07:46 C'est Louis Alliot, à Perpignan, qui annonce aujourd'hui faire un test.
07:51 En tous les cas, souhaiter, avec la communauté éducative, avec les parents d'élèves,
07:56 sur la base du volontariat, tester le port de la tenue uniforme dans les écoles de Perpignan.
08:01 Ça va permettre de mettre le sujet sur la table, de voir pratiquement la façon dont
08:05 tout ça peut évoluer, de mettre chacun face à ses responsabilités, je le disais, et
08:09 puis d'ouvrir le débat qui va au-delà de la baïa.
08:15 Le port de la tenue uniforme, je crois que c'est quelque chose qui...
08:17 Au-delà de la baïa, précisément.
08:19 C'est-à-dire que qu'est-ce que le Rassemblement National cherche à obtenir à travers l'uniforme ?
08:25 C'est une école uniforme ? C'est une France uniforme ?
08:28 Non, non, non, non.
08:29 C'est simplement quelque chose qui permet d'abord de préserver la laïcité à l'école,
08:35 avec la tenue uniforme.
08:37 Quand j'ai porté la blouse dans une école publique, je ne suis pas si vieux, je trouve
08:42 que ça fait disparaître, au-delà des aspects religieux, aussi un certain nombre de marqueurs
08:46 sociaux qui sont très importants, souvent dans les écoles, qui causent parfois, pas
08:50 seulement, mais parfois du harcèlement, etc.
08:52 Donc, essayons, tentons, expérimentons ceci.
08:56 Je pense que, d'après ce qu'on lit, les Français n'y sont pas défavorables.
09:00 Et je pense que c'est le marqueur social...
09:02 Les marqueurs sociaux, c'est des signes de pauvreté ?
09:04 Parfois.
09:05 Vous savez, moi je suis élu de Denain, une des villes les plus pauvres de France.
09:09 Et c'est vrai qu'à travers parfois certaines tenues, certains accessoires, on pointe du
09:15 doigt des élèves qui n'ont pas les moyens de se les payer.
09:18 Mais ces familles-là, elles préféraient avoir les moyens de se payer une tenue, plutôt
09:23 qu'un uniforme qui masque les disparités.
09:25 Non, mais la tenue uniforme, elle permet de mettre chacun face à ses responsabilités
09:28 aussi.
09:29 Merci Sébastien Chalut.

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