Initiative politique d'Emmanuel Macron : un moment "qui pourrait bien marquer l'histoire démocratique de notre pays", s'enthousiasme Olivier Véran

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Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, était jeudi 31 août l’invité du 8h30 franceinfo.
Transcript
00:00 Emmanuel Macron a donc réuni hier pendant près de 12 heures et a eu clos les chefs des formations politiques présentes au Parlement.
00:05 Ça s'est terminé à 3 heures du matin et personne n'a claqué la porte. C'est déjà une victoire ?
00:10 Quelque chose s'est passé hier qui pourrait bien marquer l'histoire politique voire démocratique de notre pays.
00:17 Des gens qui ne se parlent pas, qui ne s'entendent pas, qui ne se comprennent pas, qui ne pensent pas la même chose,
00:25 même se combattent, dont on disait encore hier qu'une bonne partie d'entre eux n'atteindrait même pas le dîner.
00:31 On décidait de se parler à huit clos, on décidait d'échanger, on décidait de partager des accords, des désaccords, et ce jusqu'au milieu de la nuit.
00:41 C'est quelque chose qui n'était jamais arrivé dans l'histoire de notre pays.
00:44 Et en tant que ministre en charge de la démocratie, c'est plutôt une image qui doit faire plaisir aux Français,
00:49 parce que les Français considèrent trop souvent que leur classe politique n'est là que pour s'entrechoquer et s'entredéchirer sans arriver à trouver l'intérêt général.
00:56 Ça veut dire aussi qu'Emmanuel Macron est prêt maintenant à parler au Rassemblement national comme à la France insoumise.
01:03 Ils ne font partie désormais de l'arc républicain.
01:06 Ça veut dire que le président de la République, par essence, est au-dessus des partis. C'est le président de tous les Français.
01:11 Et donc il se doit de pouvoir écouter ceux qui représentent l'ensemble du spectre politique français.
01:18 Non, attendez, on n'est pas dans une logique de discussion autour de projets de lois gouvernementaux, etc.
01:23 On est là dans une logique de consultation de celles et ceux qui représentent une bonne partie de la population,
01:28 c'est-à-dire ceux qui représentent l'ensemble des partis du spectre politique.
01:31 Après, il y a une partie des Français qui, eux, ne se sentent pas représentés par aucun parti, et qui d'ailleurs parfois ne votent pas.
01:37 Et eux, d'ailleurs, ils aspirent à pouvoir voter de manière directe.
01:40 Et donc eux aussi doivent pouvoir se réjouir du fait que la classe politique a été capable d'entrer dans un processus inédit de discussion.
01:46 Et j'ajouterais pour terminer qu'ils ont même décidé, a priori, de ce que j'ai compris, que cet exercice-là valait le coup d'être reproduit.
01:53 – Alors Olivier Véran, au risque de doucher votre enthousiasme,
01:55 Manuel Bompard qui était tout à l'heure sur France 1.
01:57 Pourquoi il n'avait pas l'air de dire qu'il y reviendrait ?
01:59 En tout cas, ce n'est pas garanti pour lui.
02:00 Ça va dépendre justement de la manière dont Emmanuel Macron et le gouvernement vont donner des suites à ce rendez-vous.
02:07 – On passe de "nous ne resterons pas dîner" à "je ne suis pas sûr de revenir".
02:10 – Mais comment le convaincre de revenir ?
02:11 – Vous voyez qu'il s'est passé quelque chose hier.
02:13 Honnêtement, ni vous ni moi ne serions attendus à ce qu'on puisse se dire ce matin.
02:18 Jusqu'au milieu de la nuit, les gens sont restés, ont travaillé, ont discuté.
02:21 – De mettre les personnes dans une même pièce, c'est une chose.
02:24 La question qu'on vous pose ce matin, c'est "et après ?"
02:26 Qu'est-ce qui va se passer à l'issue de cette réunion, maintenant ?
02:28 – Alors après, il y a d'abord un certain nombre de points
02:30 qui ont été soulevés par les uns et par les autres, sur le fond.
02:34 Notamment les questions en lien avec les institutions, la question du référendum.
02:37 Les questions en lien avec la transition climatique, avec la décentralisation.
02:41 C'est-à-dire comment donner davantage de pouvoir décisionnel au territoire
02:46 par rapport aux décisions toujours prises depuis Paris.
02:49 Il y aura d'autres sujets qui auront été mis sur la table.
02:51 Je pense notamment à l'idée d'une conférence sociale.
02:53 La porte n'a pas été fermée.
02:54 Sur la question des bas salaires en dessous du SMIC ou des conditions de travail.
02:57 – La conférence sociale, c'est pour quand ?
02:59 Parce que c'est ce que vous avez confirmé, le gouvernement a confirmé cette nuit là-dessus.
03:03 – La réunion s'est terminée il y a une poignée d'heures, et vous le savez.
03:07 Moi, j'ai déjà annoncé hier que la semaine prochaine,
03:10 à l'issue du Conseil des ministres, se tiendra un séminaire gouvernemental
03:13 pour pouvoir aborder ces questions avec l'ensemble des ministres
03:16 de manière à concrétiser les choses.
03:18 Donc nous verrons comment la situation, comment les retours vont se faire
03:20 dans les prochaines heures, les prochains jours.
03:22 – Mais référendum sur les retraites, c'est non ? Référendum sur l'immigration ?
03:26 – Les sujets qui étaient abordés par le président,
03:29 la chose qu'il avait cadrée par lettres, c'était dire,
03:31 d'abord on va parler de la situation internationale, 4 heures.
03:34 Et c'était nécessaire, et ça s'est fait à huis clos.
03:36 Et ça s'est fait dans le secret,
03:37 puisque les gens n'avaient pas la possibilité de téléphoner
03:40 pendant cette réunion.
03:41 Et donc des données ont pu être partagées avec les uns avec les autres,
03:44 qui a justifié quand même 4 heures d'échange sur la question ukrainienne.
03:47 – Oui, mais chacun est venu avec des demandes particulières.
03:49 – Et c'était nécessaire, ça ne vient pas de l'IA,
03:50 parce que c'est la guerre aux portes de l'Europe,
03:52 et ça a des implications concrètes sur l'Europe et sur la France.
03:55 – Olivier Véran, les demandes étaient simples de la part de l'opposition,
03:59 l'ERN et les LR sont venus avec une demande simple,
04:03 un référendum sur l'immigration.
04:05 Quelle a été la réponse du président de la République ?
04:07 Oui ou non ?
04:08 – Je ne peux pas vous donner la réponse du président,
04:10 tout simplement parce qu'il n'y a pas eu, dans le principe,
04:12 des réponses binaires en oui ou non.
04:15 Ce qu'a demandé le président, c'est au président des groupes de venir,
04:18 au président de parti de venir en disant "voilà ce qui m'intéresse,
04:21 voilà ce que je pense bon pour la France,
04:22 voilà ce que je veux porter pour les Français".
04:24 Il a entendu, il a écouté, il y a eu du dialogue, de la relance.
04:27 Vous imaginez bien qu'en 12 heures de discussion,
04:29 il y a des relances, des échanges et du dialogue qui se créent.
04:31 Encore une fois, c'est la première fois.
04:33 D'habitude, on est dans un exercice formel,
04:35 où c'est un entretien bilatéral,
04:36 les gens ne se parlent pas, etc.
04:38 Là, vous avez eu un échange concret.
04:39 – Vous voyez bien que tout le monde ressent en étant un peu sur leur faim.
04:43 En fait, ils se disent "on a beaucoup parlé, il a beaucoup parlé"
04:46 et à la fin, on ne sait pas sur quoi ça va déboucher.
04:48 – Parce qu'il va y avoir un retour du président
04:50 et parce qu'il y aura peut-être de nouveaux échanges.
04:53 – Dans l'idéal, c'est quand les nouveaux échanges ?
04:57 – Je ne sais pas, je pense que c'est quelque chose…
04:59 – Question de jour, question de semaine ?
05:01 – Oui, j'imagine que oui, il faut battre le fer pendant qu'il est chaud.
05:04 – Encore une fois, regardez, dites-moi,
05:07 dans l'histoire contemporaine de la poétique française,
05:09 la dernière fois que c'est arrivé ?
05:11 – Jamais.

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