Du haut de ses 25 ans, Juliette Fricoteaux a déjà reçu deux transplantations cardiaques. Après sa rééducation, la sportive dans l’âme a décidé de participer aux Jeux Mondiaux des Transplantés 2023 à Perth, en Australie. La jeune femme a décroché la médaille d’argent.
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00:00 les médecins m'ont dit que mon coeur ne fonctionnait pas du tout,
00:02 il ne fonctionnait plus, et que j'allais avoir besoin d'une grève cardiaque pour continuer à vivre.
00:07 Bonjour Kita, je m'appelle Juliette, j'ai 25 ans,
00:15 j'ai déjà eu deux transplantations cardiaques et je viens de participer au Jeu Mondiaux des Transplantés.
00:20 Je suis tombée malade très brutalement, je ne m'y attendais pas,
00:28 je n'avais jamais vraiment connu de problème de santé avant mes 20 ans,
00:31 je faisais même du sport à niveau intensif, je faisais de la compétition, je m'entraînais quotidiennement.
00:36 C'est une maladie auto-immune, ce qui veut dire que mon corps s'est attaqué à mon coeur jusqu'à le détruire,
00:41 et c'est une maladie qui est très rare.
00:43 En fait c'est les symptômes d'une insuffisance cardiaque,
00:45 on est de plus en plus essoufflé jusqu'à ne plus faire quelques pas dans la rue,
00:50 on est aussi très fatigué mais de façon chronique.
00:52 Je ne comprenais pas pourquoi ça m'arrivait à moi qui avait à peine 20 ans.
00:55 J'ai attendu une semaine avant de recevoir un griffon, ce qui est plutôt court,
01:05 parce qu'il faut savoir qu'il y a des personnes qui sont sur les attentes
01:07 et qui attendent des mois voire des années avant d'avoir un griffon.
01:11 Moi j'ai eu la chance d'avoir un coeur très rapidement,
01:13 c'est vrai qu'il m'a fallu quand même un peu de processus d'acceptation,
01:18 puisque ce n'est quand même pas anodin de recevoir l'organe de quelqu'un d'autre, d'un inconnu qui est décédé.
01:23 Le griffon, c'est quoi ?
01:28 C'était à peu près un an et demi après ma première opération,
01:32 j'étais retournée en cours.
01:34 À ce moment-là c'est l'arrivée du Covid, on ne sait pas trop ce que c'est,
01:37 et je savais que j'étais particulièrement vulnérable à ce genre de virus.
01:40 En fait on prend ce qu'on appelle des immunosuppresseurs,
01:43 ce sont des médicaments qui ont pour but de diminuer l'immunité
01:49 pour que le corps ne s'attaque pas à l'organe qui est greffé.
01:52 Et donc je peux être beaucoup plus à même à attraper des petits virus,
01:56 des microbes, des petites cochonneries à droite à gauche.
01:58 Et en fait j'ai été contaminée dès les premiers mois.
02:01 Quelques jours après, voire une petite semaine,
02:04 mon état ne s'améliorait pas, j'avais des gros symptômes.
02:07 Et donc j'ai été directement à l'hôpital.
02:08 Et après mon état a évolué défavorablement aussi très rapidement,
02:13 puisqu'en quelques semaines j'ai été plongée dans le coma.
02:16 Et donc après ça a été toute l'aventure de la deuxième greffe.
02:18 [Musique]
02:23 C'est vrai que même en sortant de l'hôpital,
02:25 il avait fallu que je réapprenne à marcher.
02:26 Les simples choses du quotidien qui nous paraissent anodines
02:29 et pourtant en fait on se rend compte que quand on se réveille, on a tout perdu.
02:33 J'ai été un temps en fauteuil roulant.
02:35 Je me suis poussée, en tout cas j'ai été poussée à avancer
02:38 pour agresser le plus vite possible.
02:40 Et je dirais que la récupération complète,
02:41 elle n'arrive que deux ans et demi, trois ans après la greffe.
02:44 [Musique]
02:49 Alors l'histoire des Jeux Mondiaux, je dirais que c'est venu très rapidement en fait.
02:53 Dès la première greffe, quand les médecins m'ont dit que j'allais pouvoir reprendre le sport,
02:59 ils m'ont aussi orientée vers des associations qui existent sur le don d'organes
03:03 et notamment l'une d'elles à laquelle j'adhère,
03:06 qui organise les Jeux Nationaux des Transplantés
03:09 et qui organise aussi le déplacement de la délégation française aux Jeux Mondiaux.
03:13 Et donc c'est vrai que très rapidement, très tôt,
03:15 je me suis fixée l'objectif d'y participer un jour,
03:18 mais je n'avais pas vraiment fixé de date.
03:19 Je m'étais dit en tout cas un jour c'est sûr, j'y serai.
03:22 Quand on discute avec ses concurrents sur la ligne de départ,
03:24 on n'aborde pas forcément la question de la greffe en fait.
03:27 On discute comme deux personnes normales qui sont là pour faire une course
03:30 et passer un bon moment en fait.
03:32 J'ai rencontré énormément de personnes,
03:34 j'ai pu partager beaucoup de choses, apprendre beaucoup de choses.
03:37 Et pour moi ça a été une opportunité parce que j'ai grandi aussi.
03:41 [Musique]
03:46 Ça illustre le fait d'être transplantée parce qu'en fait on a des fragilités
03:52 et c'est important de ne pas vouloir se battre contre mais de faire avec.
03:56 En se rendant aux Jeux Mondiaux, on se rend compte que je ne suis pas toute seule,
03:59 en fait je ne suis pas la seule et il y en a qui réussissent beaucoup mieux que moi.
04:03 Et donc on se rend compte que c'est un peu une idée reçue de croire
04:06 que quand on est transplanté et quand on a une maladie chronique,
04:10 on ne peut pas refaire du sport et on ne peut pas s'épanouir dans le sport.
04:14 Or ce n'est pas le cas.
04:15 [Musique]
04:19 Merci.