En Toute Intimité : Tatiana-Laurence (Mad Mag) : "La première gifle, j’étais très en colère !"

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En Toute Intimité : Tatiana-Laurence (Mad Mag) : "La première gifle, j’étais très en colère !"
Transcript
00:00 [Musique]
00:04 En fait, pour la première fois, mon ex m'avait rappelé une personne dont j'étais plutôt amoureuse.
00:11 Lorsque je suis partie de chez mon père, j'ai d'abord vécu chez ce garçon.
00:15 Lui, j'avais des sentiments. Cette personne m'a rappelé.
00:20 Mon compagnon de l'époque a eu plutôt peur et a commencé à lever la voix, etc.
00:28 Donc, au moins, je lui ai dit qu'il n'y a pas de souci, je ne souhaitais pas le revoir.
00:32 Et puis, il a rappelé deux, trois fois, etc.
00:36 Et du coup, c'est là qu'il a commencé à être de plus en plus violent.
00:39 Et j'ai reçu cette première gifle.
00:42 Donc, la première gifle, j'étais très en colère.
00:44 Je lui ai tout de suite dit que ma maman avait vécu la violence et que jamais je ne la vivrai.
00:48 Je lui ai demandé de prendre ses affaires et de retourner chez ses parents.
00:51 Il ne l'a pas voulu, il n'a pas accepté.
00:53 J'ai pris le téléphone, j'ai commencé à faire le numéro de sa mère, j'ai appelé sa mère.
00:57 Et c'est là qu'il a arraché le téléphone.
00:59 Ça me poussait par terre et j'ai pris ma seconde gifle.
01:02 Et là, finalement, j'ai pratiquement été soumise à lui.
01:07 Tout de suite, j'ai eu peur.
01:09 Comme un déclencheur. Je n'ai pas compris pourquoi.
01:12 Tout ça, je dis que c'est un travail de après.
01:15 Les psychanalystes me disaient que quelque part, il a réveillé cette partie du cerveau reptilien, ce choc.
01:20 Tu étais en état de choc et du coup, tu étais tétanisé.
01:23 C'est pour ça que les gens disent « mais pourquoi ces gens-là restent ? »
01:26 « Pourquoi elles restent ? Pourquoi elles ne partent pas ? »
01:28 C'est la question que j'allais te poser.
01:29 Surtout après avoir connu, après avoir vécu toute cette violence.
01:32 C'est inconscient.
01:33 C'est-à-dire que j'ai fait ce geste, j'ai eu cette rébellion.
01:36 Et s'il était parti, je ne serais jamais retombée dans ça.
01:39 Mais finalement, il a été plus loin, il a commencé à me pousser à terre.
01:42 Et puis, inconsciemment, cette partie du cerveau reptilien m'a mis en alerte.
01:46 Et là, j'étais choquée. Je ne pouvais plus bouger, je ne pouvais plus rien dire.
01:49 J'avais peur qu'il me zigouille ou j'avais peur de cette violence.
01:53 Il y a une évolution de la violence ?
01:55 Oui, bien sûr.
01:56 Elle se manifeste comment, cette évolution ?
01:58 Très souvent, c'est des violences psychologiques.
02:00 D'abord, c'est verbal.
02:02 On te rabaisse, ensuite on t'insulte, on te dit des sales choses.
02:08 C'est des rabaissements, ensuite c'est des insultes.
02:10 Et ensuite, ça ne fait plus rien.
02:13 Au bout d'un moment, ça ne fait plus rien.
02:15 Donc c'est des violences psychologiques, physiques, très souvent sexuelles,
02:19 et jusqu'au dernier coup.
02:21 Des viols ?
02:22 Des viols, oui, parce que très souvent, les gens ne sont pas au courant.
02:25 Mais ce n'est pas parce qu'on vit en couple qu'on ne peut pas être violé.
02:30 Le viol, ce n'est pas seulement dans la rue, entre deux personnes qui ne se connaissent pas.
02:34 Il y a énormément de couples, en France et partout dans le monde,
02:37 où les femmes, ou l'homme, très souvent, c'est les femmes, se font violer.
02:40 C'est-à-dire que si tu n'as pas envie, si c'est un non clair,
02:44 si la personne vient te taper et qu'une heure après, elle a envie d'avoir un rapport sexuel avec toi,
02:49 tu n'as pas envie, tu as mal partout, tu n'as pas envie.
02:51 Si tu es forcé, c'est un viol.
02:53 Un viol, ce n'est pas qu'entre deux personnes qui ne se connaissent pas.
02:55 Toi, tu n'avais pas tout cet aspect-là, de partage d'envie ?
02:58 Au début, si, évidemment, mais au bout d'un moment, quand une personne te fait du mal,
03:02 tu perds ta libido, il faut être très clair.
03:04 Mais tu arrivais à faire la différence entre la normalité,
03:06 ce qui n'était pas du tout normal dans ton couple, ou tu ne t'en rendais pas compte ?
03:10 C'est un engrenage.
03:11 À cette époque.
03:12 C'est-à-dire que là, les gens pourraient ne pas comprendre,
03:15 mais tu es soumis, tu ne te rends plus compte.
03:18 C'est comme un enfant qui est violenté, lui, il ne se rend pas compte que ce n'est pas normal.
03:22 Toi, ça commence tout doucement.
03:24 Je veux dire, ce n'est pas tout de suite où il t'arrache les cheveux,
03:26 il t'enferme dans une cave, il t'attrape, il te viole.
03:29 Ce n'est pas tout de suite.
03:30 Avant ça, il y a une soumission, petit à petit.
03:33 Et plus les choses vont, plus les choses avancent,
03:36 et plus les choses vont de plus en plus loin, ça se fait petit à petit.
03:40 Je vais d'abord te mettre une petite tape,
03:42 et puis je vais après te secouer.
03:44 Et puis toi, tu repousses en fait la normalité,
03:46 tu repousses le mal, tu repousses la souffrance dans ton être,
03:48 et sur ta peau, un petit bleu qui au début était une catastrophe,
03:52 après une ouverture, ce n'est plus une catastrophe.
03:55 Ça devient normal.
03:56 Ça devient une normalité, tu ne te rends pas compte, ça s'appelle la soumission.
03:59 Et la soumission d'un être, la soumission d'un esprit,
04:01 ce n'est pas une question de culture, de religion, d'argent, de milieux sociaux,
04:09 ce n'est pas du tout ça.
04:11 Les gens qui le font petit à petit, tout le monde, tous les cerveaux, tous les êtres,
04:15 ont une possibilité de rentrer dans cette soumission, on l'a vu.
04:18 C'est la même chose qu'en état de guerre.
04:21 On a vu des êtres dans les guerres faire des choses abominables.
04:24 On se demande comment un être humain peut amener quelqu'un dans un camp de concentration.
04:27 Mais ça ne s'est pas fait tout de suite, on va dire "Tiens, on va ramener des gens".
04:30 Ça se fait petit à petit, on leur explique qu'ils ne sont pas normaux,
04:33 qu'ils sont différents, etc.
04:35 C'est petit à petit.
04:36 [Générique]
04:39 [SILENCE]

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