En Toute Intimité : Tatiana-Laurence (Mad Mag) : "Violence conjugale : Tous les deux jours, une femme décède !"

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En Toute Intimité : Tatiana-Laurence (Mad Mag) : "Violence conjugale : Tous les deux jours, une femme décède !"
Transcript
00:00 [Musique]
00:04 J'avais envie de faire de la danse, j'avais envie de faire du chant, j'avais envie de faire du sport à haut niveau,
00:08 j'avais envie de faire du journalisme, de voyager.
00:11 Bon ben, une grande partie de ma vie, je n'ai pas pu parce que j'ai vécu plein de souffrances.
00:14 Mais aujourd'hui, je me bats.
00:16 Je n'ai pas pu faire les études que j'ai voulues.
00:17 Donc, je ne peux pas être aujourd'hui au poste que j'aurais voulu.
00:21 Je suis passée par des choses.
00:23 Si je n'avais pas vécu cette vie, je ne regrette pas la télé réalité.
00:25 Tout ça, évidemment, j'assume tout ce que j'ai fait.
00:27 Je suis heureuse d'avoir fait tout ce que j'ai fait.
00:29 Mais si j'avais fait des études, si ma vie ne m'avait pas fait subir ça,
00:32 peut-être que j'aurais pu arriver à des postes déjà plus hauts aujourd'hui
00:36 sans passer par ces choses où je dois expliquer aux gens pourquoi je suis passée par là.
00:40 Tous ces gens qui jugent la télé réalité, les choses.
00:44 Mais je n'ai pas eu le choix, moi. Je n'ai pas eu cette vie.
00:46 Tu aurais pu le faire autrement, c'est ça que tu veux dire ?
00:48 Si tu avais pu, si on t'avait donné les clés.
00:50 Bien sûr, j'aurais pu faire des études de journalisme.
00:51 Je n'ai pas pu, donc je fais comme je peux.
00:53 Mais je ne regrette rien. Je fais comme je peux.
00:55 Je suis heureuse de pouvoir le faire et de me battre et de montrer
00:58 que peu importe ce qu'on vit, peu importe les souffrances, on peut se relever.
01:03 Peu importe ce par quoi on doit passer.
01:05 Il y a des femmes qui sont passées par pire, moi c'est la télé réalité.
01:08 Il y en a qui se sont prostituées.
01:09 Peu importe par où tu passes, il ne faut pas juger.
01:12 Il y a sûrement des raisons et le but c'est ce que tu en fais.
01:16 C'est un jour là où je vais arriver.
01:18 En tous les cas, je me bats et je suis heureuse de vivre et d'être là.
01:21 Ma maman n'est pas là.
01:23 Donc moi, je suis là.
01:24 Il y a plein de femmes tous les jours qui décèdent.
01:26 Tous les deux jours et demi, il y a une femme qui décède.
01:28 Et puis, est-ce que tu entends des femmes qui décèdent chez elles ?
01:32 Est-ce que tu entends ça ?
01:33 Ma maman est décédée dans son salon.
01:35 On l'a retrouvée dans une flaque de sang au milieu de son salon.
01:39 Est-ce que tu entends tout ça ?
01:40 C'est tout ça, ça se passe tous les jours.
01:41 Cette révolte qu'on n'entend pas autant parler ?
01:43 Oui, ça me révolte parce que moi aujourd'hui, on m'écoute parce que je suis médiatisée.
01:48 Si tu ne l'étais pas, on ne t'écouterait pas.
01:50 Est-ce qu'on m'entendait avant ?
01:52 Non.
01:52 Avant d'avoir fait Secret Story.
01:54 Avant d'avoir été sur ce siège et dit "voilà, moi j'ai vécu ça".
01:57 Moi, je l'ai fait pour qu'on m'écoute.
01:59 Moi, j'avais été voir des éditeurs avant.
02:01 Et jamais on t'écoute.
02:03 J'avais dit "moi, je veux écrire mon livre pour toutes ces femmes, ces enfants qui le vivent".
02:08 On m'a dit "bon, tu es qui ? C'est des auteurs".
02:11 Donc voilà, pourquoi elle vient le dire dans une télé ?
02:15 Non, c'est pourquoi j'ai fait une télé.
02:16 Ce n'est pas pourquoi elle vient le dire dans une télé.
02:18 C'est pourquoi j'ai cherché la lumière.
02:20 Pourquoi ?
02:20 À la base, aujourd'hui, il ne faut pas être égoïste.
02:23 Je ne dis pas que je continue la médiatisation pour en parler tous les jours.
02:27 J'ai mon association, je jette des gens tous les jours, jour et nuit.
02:29 Je n'en parle pas, je m'en fous.
02:31 Je le fais pour ces gens et je le fais pour moi.
02:33 Ça me fait du bien.
02:34 Je ne l'ai pas fait pour ma maman, donc tous les jours,
02:36 j'aide à 2h du matin quand il y a une femme qui m'écrit sur l'association.
02:41 J'aide ces personnes.
02:43 Je le fais, ça me fait du bien et j'espère sauver des vies.
02:47 Sans prétention aucune, j'espère.
02:49 Mais pourquoi j'ai fait ça ?
02:53 C'est souvent on me dit "elle se sert".
02:56 Non, je ne me sers pas de ça.
02:57 C'est horrible d'entendre ça.
02:58 C'est vrai que je l'ai entendu.
03:00 Elle se sert de cette cause pour pouvoir continuer d'exister ou être dans la lumière.
03:03 Comment est-ce qu'on peut dire des choses pareilles ?
03:06 Des femmes qui viennent expliquer leur viol à la télé,
03:08 elles se serrent de ça.
03:10 Des femmes qui viennent dire
03:12 "moi, je me suis fait violer par un homme politique".
03:15 Pourquoi elle le dit 10 ans après ?
03:17 Mais les gens sont inconscients et je ne leur en veux pas.
03:20 Comme ce qui arrive à Flavie Flaman ?
03:21 Les gens sont inconscients, mais moi, ça me révolte quand j'entends des gens
03:24 "pourquoi elle le dit 10 ans après ?"
03:25 Est-ce que tu sais à quel point c'est difficile de dire ces choses-là ?
03:28 La preuve, quand on le dit, on ne te croit pas,
03:31 on t'insulte de ne pas l'avoir dit tout de suite,
03:33 on te dit que tu l'as cherché,
03:35 on te dit que tu es restée, que tu es sûrement maso,
03:38 que tu aimes les coups.
03:39 Ça a été très courageux pour Flavie Flaman de le dire 30 ans après ?
03:41 Oui, c'est très courageux pour tous ces gens qui le disent.
03:45 Pourquoi faudrait-il le dire un mois après ?
03:47 Moi, j'ai eu le courage
03:49 quand j'étais devant ces caméras de Secret Story.
03:51 Peut-être que je n'aurais jamais eu le courage.
03:53 Et c'est Xavier, personne ne le sait, c'est Xavier qui m'a dit
03:56 "hésite pas, si tu dois te livrer, c'est maintenant."
04:00 "Si tu dois y aller, vas-y."
04:02 "Peut-être que c'est un coup de pouce, peut-être que tu ne le diras pas après."
04:06 Peut-être que je n'aurais jamais écrit ce livre,
04:07 je n'aurais jamais fondé cette association
04:10 si je ne m'étais pas retrouvée devant ces caméras, je ne sais pas.
04:14 Mais ça se passe quand ça se passe, c'est un déclic.
04:17 Pourquoi ce jour-là, moi, je suis partie ?
04:19 Il m'avait frappée 1000 fois, il m'avait violée 1000 fois,
04:22 il avait essayé de me tuer 1000 fois.
04:24 Pourquoi c'est ce jour-là que je suis partie ? Ça ne s'explique pas.
04:27 Les déclics dans un cerveau, ça ne s'explique pas.
04:29 Ce n'est pas l'être humain qui contrôle son cerveau, c'est le cerveau tout seul.
04:33 Ça ne s'explique pas, on connaît 10% de son cerveau,
04:36 la médecine ne connaît que 10%, ça ne s'explique pas un déclic.
04:39 Et pourquoi on le dit plus tôt aujourd'hui que plus tôt demain ?
04:42 Je ne sais pas et personne ne le sait.
04:45 Et il ne faut pas juger.
04:46 C'est tout.
04:48 Sous-titrage ST' 501
04:50 [SILENCE]

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