• l’année dernière
Pascale Auclair Directeur Général La Française des Placements>
Transcription
00:00 Pascal Auclair, bonjour. Vous êtes directeur général de la française des
00:03 placements. On va parler avec vous de marchés, de perspectives sur ces marchés, de
00:07 stratégies. Comment vous regardez aujourd'hui notre environnement après
00:10 l'année 2011, qu'elle était plus que heurtée ou en tout cas assez
00:14 difficile à analyser, puisqu'on a eu on va dire un deuxième semestre qui n'était
00:18 pas du tout conforme aux attentes. Comment vous envisagez ce début d'année
00:21 2012 ?
00:23 Écoutez, on est, c'est vrai, tous un peu traumatisés par ce qui s'est passé l'année
00:27 dernière, tout particulièrement parce qu'en fait c'est la sphère réputée
00:31 sans risque qui a beaucoup souffert. Et donc ça rebat complètement les
00:36 cartes de nos allocations d'actifs aujourd'hui.
00:39 On l'envisage toutefois avec une certaine confiance, je vais vous
00:43 expliquer pourquoi, une prudence tactique liée aux événements et surtout il va
00:49 nous falloir un facteur temps très important pour sortir des ornières de
00:53 l'année 2011. Ce qui aujourd'hui nous semble le plus générateur de confiance
01:00 c'est finalement l'environnement macroéconomique. Alors il a été
01:04 totalement occulté l'année dernière par des phénomènes qui sont des phénomènes
01:07 plus techniques de marché, en particulier sur les dettes souveraines. Mais quand on
01:11 regarde cet environnement économique aujourd'hui, on a bien sûr un monde à
01:14 plusieurs vitesses. On a une Europe qui elle-même est à deux vitesses avec une
01:20 Europe du nord qui va croître durablement très mollement, y compris
01:24 l'Allemagne d'ailleurs, dont les prévisions sont revues en baisse. Une Europe du sud
01:29 qui est clairement en récession. On a un monde émergent qui est complexe à
01:34 comprendre parce qu'il est lui-même une charnière de modèles économiques et une
01:37 charnière de politiques monétaires et de policymiques en général. Donc nous
01:42 gardons nous une très grande confiance dans la croissance des zones en fort
01:45 développement et en particulier dans la croissance émergente. Mais il est vrai
01:48 qu'il est difficile de décoder en ce moment le virage que prend la Chine, moins
01:53 d'exports, moins d'infrastructures et davantage de consommation. Il est
01:58 difficile aussi de décoder le virage de politique monétaire de la Chine. C'est un
02:01 peu plus clair en Amérique latine où l'atterrissage est plus brutal et où
02:05 donc la politique monétaire est devenue clairement accommodante. On l'a bien vu
02:08 même ces derniers jours. Voilà donc le monde émergent nous apportera
02:13 durablement de la croissance me semble-t-il. Les derniers chiffres
02:16 chinois sont très encourageants. Et puis on a la bonne surprise de la fin de
02:20 l'année qui est constituée des Etats-Unis.
02:23 Souvenez-vous de l'été dernier nous étions tous effrayés d'une retombée des
02:27 Etats-Unis en récession. Il se trouve que vraiment la croissance
02:31 américaine constitue la vraie bonne surprise de cette fin d'année avec
02:35 vraiment sur tous les tableaux beaucoup de satisfaites, y compris dans des
02:39 secteurs historiquement sinistrés. Donc on a plus de consommation, d'un peu moins
02:43 d'épargne mais il n'y a pas de drame. On a beaucoup plus d'investissement, on a
02:47 des entreprises qui créent des profits, on a un pays qui se
02:52 réindustrialise. Tout à fait incroyable de voir ça, ce pays développé qui se
02:57 réindustrialise. Probablement des leçons à prendre pour l'Europe. Et puis on a
03:02 donc une croissance qui va rester probablement en dessous du potentiel mais
03:05 nettement positive et qui génère des emplois et qui génère des profits. Donc
03:10 ça c'est très encourageant. On va dire que ça a confirmé pour les Etats-Unis
03:13 maintenant en 2012. Les élans sont des élans plutôt pérennes.
03:17 Il y a un sujet de surveillance, c'est évidemment consommation-épargne. Sur le
03:25 reste, investissement, ça nous semble pérenne. Emploi, c'est un vrai rebond
03:29 après de longues années difficiles. Et puis le secteur immobilier qui est au
03:35 sixième sous-sol depuis 2007, ne l'oublions pas, montre des signes de
03:40 frémissement y compris dans les indicateurs avancés. Donc c'est plutôt
03:44 rassurant et il nous semble que l'élan est là et qu'il va être, aux côtés de la
03:48 croissance émergente, un facteur très positif pour l'année 2012. Donc à moyen
03:52 terme, même si l'Europe va pas bien, tout ça est une équation économique
03:56 plutôt positive. On voit bien que les entreprises dans ce
04:01 contexte-là peuvent générer des profits. Par-dessus tout ça, on aura bien sûr
04:05 toute l'année encore et probablement même au-delà de cette année 2012, la
04:09 fameuse épée de Damoclès, des têtes souveraines européennes. Et donc sur cette
04:13 toile de fond plutôt rassurante, on aura un facteur de stress rémanent, ponctuel,
04:18 qui viendra se mêler le trouble et qui va donc nous obliger à une gymnastique un
04:23 peu compliquée cette année, c'est-à-dire traiter cette équation économique plutôt
04:27 favorable, chercher des entreprises capables de profiter de tout ça et en
04:31 même temps protéger nos portefeuilles, nos gestions d'un risque qui va être un
04:36 risque beaucoup plus sporadique, mais qui peut être très violent, on le sait, et
04:40 qui peut complètement générer des effets de dislocation et d'effondrement,
04:45 comme on les a vécu l'année dernière sur certaines classes d'actifs. Donc c'est ça
04:49 qui va être compliqué, mais nous gardons vraiment dans ce contexte-là une grande
04:53 confiance dans la capacité des entreprises à tirer leur épingle du jeu
04:57 les éléments microéconomiques nous encouragent également, puisque les
05:02 analystes ont fait un travail de révision des prévisions bénéficiaires
05:05 qui est tout à fait important, et donc sur cet état des lieux-là, on peut
05:10 projeter, je crois, des bonnes surprises en matière bénéficiaire l'année
05:13 prochaine. Alors c'est vrai que de ce côté-là, on a rencontré un certain
05:16 nombre en début d'année d'entreprises, le discours sur 2012, même s'il est
05:21 prudent, on va dire presque, par obligation, beaucoup d'entreprises
05:26 effectivement annoncent ou avancent une année 2012 finalement avec un carnet de
05:31 commande pour certaines d'entre elles, avec certaines confiances. Elles ont
05:34 déjà fait beaucoup d'efforts, on va dire, en 2010, 2011, elles en sont plutôt bien
05:39 sorties. On sent qu'il y a une différence entre ces entreprises-là, qui
05:43 effectivement profitent de la croissance que vous avez évoquée, et puis
05:45 finalement les marchés au jour le jour avec ce que vous disiez sur les dettes
05:49 souveraines, sur un défaut grec, sur le risque de crédit crunch, etc.
05:54 Il y a une vraie schizophrénie, on le sent bien, et je partage votre remarque
06:02 sur le discours des entreprises qui est double, celui finalement d'une
06:06 confiance microéconomique assez validée par des résultats tout à fait
06:11 pertinents. Il faut faire, je pense, la différence entre les grandes
06:16 entreprises globales, mondialement exposées à cette croissance qu'on
06:20 évoquait, et un tissu de PME beaucoup plus traumatisé, bien
06:24 évidemment, parce que plus local. Donc ça c'est important. Il faut aussi se
06:29 garder d'une focale trop européenne, elle nous conduirait à trop de
06:33 pessimisme, ça c'est certain, et il faut regarder évidemment ce qui se passe dans
06:37 le monde et dans les entreprises mondiales, globales, celles qui sont
06:41 exposées aux marchés mondiaux. Et là on est beaucoup plus rassurés, et c'est un
06:45 thème d'investissement très important dans nos fonds actions aujourd'hui, bien
06:49 évidemment. Alors on se pose des questions aussi en matière d'inflation
06:53 quand on voit le pétrole qui reste à des niveaux élevés. On pourrait se dire
06:56 finalement, si on prend la zone euro, il n'y a pas de croissance ou
07:00 effectivement une récession selon les avis, et puis effectivement des cours de
07:04 pétrole élevés. On se dit là, on a une équation, les consommateurs en attendant
07:08 les plans de rigueur. On ne voit pas tellement de sortie en tout cas de zone
07:12 euro immédiate. On est très méfiants nous sur la situation des consommateurs, et
07:18 très prudents d'ailleurs sur tous les secteurs qui sont liés à cette
07:22 consommation, et en particulier le secteur du retail. Pour revenir à un instant sur
07:27 l'inflation, dans les matières premières il faut distinguer le pétrole qui
07:31 continue à se tenir bien pour des raisons qui tiennent essentiellement à
07:34 la demande chinoise. L'équation est simple, quand on regarde les autres facteurs, il
07:38 se neutralise. C'est la demande chinoise qui tire le pétrole. Si vous regardez les
07:42 autres matières premières, en particulier des métaux comme le cuivre,
07:45 comme le fer, vous avez quand même sur l'ensemble de l'année 2011 un effet qui
07:50 est un effet d'appréciation des prix qui va être un facteur plutôt positif pour
07:55 les entreprises en 2012. Tout au long de l'année 2011, vous avez une décrue des
07:58 matières premières autres que pétrole qui je pense va porter ses fruits en
08:03 termes de bénéfices, tout comme d'ailleurs l'évolution récente de la
08:09 parité euro/dollar, bien évidemment, qui rend les entreprises européennes plus
08:11 compétitives. Donc toutes les entreprises européennes qui ont beaucoup souffert
08:14 d'un schéma d'abord très complexe localement l'année dernière, qui souffrent
08:19 encore des perspectives de croissance macroéconomique vraiment médiocre, vont
08:25 pouvoir profiter l'année prochaine d'une double manne, même si c'est
08:29 à observer dans le temps, à la fois sur certaines matières premières hors
08:33 pétrole et sur un effet parité qui va être plutôt favorable.
08:37 En conclusion, sur l'allocation d'actifs, comment elle évolue durant ce début
08:41 d'année ? Alors elle est vraiment tournée vers ce que je vous disais tout à
08:46 l'heure, c'est-à-dire vers le risque entreprise, très clairement, avec une
08:50 position en action qui n'est pas neutre puisque, je vais
08:55 prendre l'exemple de nos gestions flexibles qui me semble mieux
08:57 illustrer notre vision à la fois fondamentale et tactique. Sur nos
09:02 gestions flexibles aujourd'hui, nous avons 35% d'actions, un tiers des
09:05 portefeuilles investis en actions, ce qui est important.
09:07 Elles n'ont pas de benchmark à proprement parler, donc c'est une
09:10 position offensive que nous équilibrons aujourd'hui d'un point de vue
09:14 géographique en 15% sur les Etats-Unis, 15% sur l'Europe qui est très
09:18 décotée aujourd'hui et là c'est plutôt un biais tactique qu'un biais
09:22 fondamental. Nous aimons beaucoup les entreprises
09:24 américaines pour les raisons que j'ai évoquées tout à l'heure.
09:27 Le reste, 5% est en zone émergente et c'est une proportion qui est amenée à
09:32 gonfler. Nous guettons et pour tout vous dire, nous sommes en train d'augmenter
09:39 cette proportion de manière à rééquilibrer les trois grandes zones et
09:45 il est probable que d'ici à quelques jours ou quelques semaines, cette
09:47 proportion d'émergente dépassera ou avoisinera 10%.
09:50 Voilà donc ça c'est une posture tactique que nous avions pris face au
09:55 manque de visibilité de fin d'année mais on est en train de corriger cet
09:57 effet là. Le reste de nos portefeuilles est aussi très tourné vers les
10:00 entreprises puisque une grande partie de nos positions obligataires sont des
10:03 positions de dettes privées, majoritairement à yield, il faut le dire.
10:07 Donc éminemment risqué mais très rémunéré donc le ratio risque-rendement
10:12 nous semble sympathique. Il rémunère largement le risque de
10:16 défaut nous semble-t-il aujourd'hui. Pour garder de la visibilité, on reste
10:20 plutôt court, on est plutôt sur des maturités court terme-moyen terme avec
10:24 une mixité Etats-Unis-Europe aujourd'hui. Quelques positions un peu plus
10:31 sportives sur l'Italie par exemple, la dette gouvernementale italienne à 10 ans
10:36 ou très court terme selon la sensibilité des clients et des
10:40 portefeuilles et puis des positions émergentes en dette émergente dont nous
10:45 augmentons récemment la proportion de dettes locales, toujours confiant dans la
10:50 très bonne dynamique fondamentale des pays émergents y compris sur leur
10:54 dette. Alors tout ça c'est beaucoup de risques,
10:57 on l'équilibre je dirais faiblement en mettant un peu de tibonde pour garder
11:03 un peu de dollars aussi en sous-jacent et puis un tout petit peu d'or voilà.
11:08 Mais globalement sur les portefeuilles dont la volatilité anticipée est
11:11 plutôt assez élevée donc ça marque quand même une certaine confiance à la
11:15 fois stratégique et tactique. Merci d'avoir fait le point avec nous
11:18 Pascale Leclerc, on rappelle que vous êtes donc directeur général de la
11:21 française des placements. Merci à vous.
11:25 [SILENCE]

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