L'espionnage de la NSA expliquée en dessin-animé
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00:00 Voici une famille de patates comme les autres.
00:06 Elles sont françaises, elles sont à l'aise dans leur époque et utilisent donc le téléphone
00:09 et vont sur internet.
00:10 Sans qu'elles le sachent, chacune d'elles est surveillée d'une manière ou d'une autre
00:13 par la NSA.
00:14 Commençons par Nathalie, la mère.
00:17 Nathalie travaille chez Alcatel-Lucent, une grande entreprise française de télécom.
00:21 Elle est chargée de négocier d'importants contrats avec d'autres firmes, ce qui peut
00:24 intéresser de près les Etats-Unis.
00:26 Avec la technique dite de l'upstream, la NSA surveille en permanence les infrastructures
00:30 par lesquelles transitent les informations sur internet, comme les câbles sous-marins
00:34 par exemple.
00:35 L'agence a donc mis en place une surveillance particulière pour le nom de domaine, alcatel-lucent.com,
00:40 ce qui lui permet d'intercepter les communications, parfois sensibles, de Nathalie.
00:44 Quand elle envoie un message, la NSA le repère dans le flux de données et l'intercepte,
00:48 comment ? Grâce à son adresse email.
00:50 Ainsi, dans l'un des courriels récupérés, la NSA apprend que Nathalie doit se rendre
00:54 au Brésil pour une réunion très importante.
00:56 Pour en savoir plus sur cette rencontre, l'agence dispose d'une arme puissante, Prism.
01:01 Grâce à ce programme spécial qui récolte les données des grandes entreprises du web
01:05 comme Google ou Facebook, la NSA peut partir à la recherche d'informations sur les personnes
01:09 qui utilisent leur service.
01:10 C'est ici qu'intervient Samia, la cousine de Nathalie.
01:13 Samia occupe elle aussi un poste à responsabilité dans une autre entreprise et il leur arrive
01:17 souvent de discuter de leur travail en privé sur Facebook.
01:20 Leurs employeurs leur ont bien sûr interdit de parler de leur activité sur le réseau
01:24 social mais Nathalie laisse échapper quelques informations évoquant certaines négociations
01:28 en cours.
01:29 La NSA identifie le profil de Nathalie et obtient une partie de ses discussions.
01:34 Ses confidences sont alors transmises directement à l'administration américaine qui pourra
01:38 s'en servir à son avantage lors de futures négociations.
01:40 Kevin, lui, n'est pas vraiment d'un intérêt stratégique pour la NSA.
01:45 Il est étudiant en droit et n'a pas spécialement envie de camp de vacances avec Al-Qaïda.
01:48 Mais pendant son année Erasmus en Turquie, il s'est fait beaucoup de connaissances.
01:52 Il ne le sait pas mais son ami Emre est surveillé par les américains.
01:55 Il est soupçonné d'être proche des milieux terroristes.
01:57 Depuis qu'il est revenu en France, Kevin appelle régulièrement Emre sur son téléphone.
02:02 Leur conversation est automatiquement surveillée par la NSA, là encore avec la technique de
02:06 l'upstream.
02:07 Le contenu lui-même de l'appel, leurs propos, ne sont pas forcément enregistrés.
02:11 Mais ce qu'on appelle les métadonnées, oui.
02:13 La date, la durée du coup de fil, l'identité des deux interlocuteurs, etc.
02:17 On peut déjà en apprendre beaucoup avec tout ça.
02:19 Et puis tant qu'à faire, la NSA en profite pour jeter un oeil aux pratiques de Kevin
02:23 sur internet.
02:24 Elle puise pour cela dans le vaste stock de métadonnées qu'elle a interceptées et
02:27 stockées grâce à l'upstream.
02:28 En utilisant X-Keyscore, une sorte de Google pour les espions, elle retrouve dans les données
02:33 stockées l'historique de navigation de Kevin, c'est-à-dire les sites visités, les recherches
02:37 effectuées et même certains de ses mots de passe.
02:39 Ici par exemple, ils peuvent voir que Kevin a cliqué, même si c'était par simple curiosité,
02:44 sur des liens postés par Emre sur Twitter.
02:46 Ces liens redirigent vers des sites considérés comme proches des réseaux islamistes.
02:49 Du point de vue de la NSA, c'est une raison de plus pour garder Kevin dans son collimateur.
02:53 Voyons voir à présent du côté de Jean-Marc, son père.
02:57 A priori, lui non plus n'est pas d'un grand intérêt pour la NSA.
03:00 Jean-Marc n'est ni patron du CAC 40 ni ami avec des patates aux relations douteuses,
03:04 son truc à lui, c'est les séries télé.
03:06 Pour utiliser les sites de streaming américains comme Netflix par exemple, il a décidé d'investir
03:10 dans un VPN, un Virtual Private Network, oui c'est de l'anglais.
03:13 Un VPN est un système qui permet de bloquer les restrictions géographiques sur internet
03:17 tout en protégeant son identité.
03:18 Malheureusement pour lui, ce type d'équipement fait justement partie des cibles de la NSA.
03:23 A ses yeux, en l'utilisant un VPN, Jean-Marc rentre dans la catégorie des patates ayant
03:27 quelque chose à cacher.
03:28 Alors, même s'il ne parvient pas à déchiffrer ses communications, celles-ci vont être stockées
03:33 afin d'être lues plus tard quand la NSA aura trouvé le moyen de le faire.
03:36 Bref, voilà comment l'agence de renseignement américaine surveille à son insu notre famille
03:40 de patates, comme beaucoup d'autres sans doute.
03:42 Récapitulons, deux outils sont principalement utilisés, Prism, fruit d'un partenariat
03:46 avec de grandes entreprises du web, partenariat dont ces entreprises n'y existent pas, mais
03:51 surtout l'Upstream, une famille de programmes qui consistent à intercepter les communications
03:55 qui transitent par les infrastructures d'internet.
03:57 Reste une question, que peut-on faire pour empêcher ça au niveau légal ? Pour le moment,
04:02 pas grand chose, si l'on se réfère au droit américain, la NSA peut espionner qui
04:06 elle le souhaite tant que la cible est étrangère.
04:08 Au niveau international, personne ou presque ne s'insurge, peut-être au fond parce que
04:12 tout le monde aimerait pouvoir faire la même chose.
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