La Chronique Cyrille Guimard sur Cyclism'Actu à l'occasion de la première journée de repos sur la 78e édition de La Vuelta et du Tour d'Espagne où rien est joué au classement général entre Remco Evenepoel et les Jumbo-Visma de Sepp Kuss, Primoz Roglic, Jonas Vingegaard et sans oublier Enric Mas, Juan Ayuso et Joao Almeida... . Mais aussi au lendemain de la victoire, sa première en WordlTour, du champion de France sur route, Valentin Madouas, à Plouay sur la Bretagne Classic.
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00:00 On s'inquiétait quelques peu après le Tour de France pour l'équipe du groupe AMAF
00:14 de Marc Madiot avec l'arrêt de Thibaut Pinot, David Goddue un peu en dessous qui
00:18 avouait qu'il ne pouvait pas faire plus.
00:20 Et là on voit Romain Grégoire, on voit Lenny Martinez sur la Vuelta, on voit Valentin Mandois.
00:25 En fait, il ne faut pas s'inquiéter pour Marc Madiot et sa groupe AMAF DJ en quelque sorte.
00:30 Non seulement il ne faut pas s'inquiéter, mais je crois que ce qui se passe depuis,
00:37 de façon visible, depuis quelques mois est plutôt rassurant et je pense que l'équipe
00:43 est en train de passer à une nouvelle dimension par l'arrivée des jeunes.
00:48 Vous savez les jeunes bousculent les vieux.
00:50 Si vous êtes Remco et Evenepoel, comment faire pour battre cette équipe à trois têtes
01:00 la Jumbo-Visma ?
01:02 Quelle stratégie ?
01:06 La première, c'est de leur laisser le maillot.
01:12 Evenepoel n'a pas le droit sur ce Tour d'Espagne, s'ils veulent gagner, de faire la moindre faute.
01:18 Avant de parler de cette 78e édition de la Vuelta, on va quand même revenir, parce
01:30 que vous étiez hier à Ploué et vous avez pu assister de vos yeux vus, c'est le cas
01:35 de dire, de la victoire du champion de France, sa première en World Tour à Ploué, à la
01:41 Bretagne classique.
01:42 Il prend forme ce Valentin Modas, il prend de la consistance, non ? Quel est votre avis ?
01:49 Oui, son titre de champion de France lui va très bien.
01:56 En plus, il a gagné avec beaucoup d'autorité.
01:59 Il s'affirme un peu plus chaque jour.
02:04 Et puis, peut-être que ce titre de champion de France lui a amené peut-être quelque
02:09 chose qu'il n'avait pas, c'est de savoir gagner.
02:13 Car si on regarde bien hier, il n'était pas le plus fort du groupe de tête.
02:18 Il a pris des risques pour aller chercher la gagne en essayant de faire un sprint décollé.
02:25 S'il avait eu de bonnes jambes, à mon avis, il n'aurait pas pris ce risque, au moins
02:28 de se décrocher d'aussi loin.
02:30 Mais bon, quand on sent qu'à la pédale, on ne peut peut-être pas y aller, eh bien
02:34 tentons autre chose.
02:35 C'est ce qu'il a fait avec beaucoup de bonheur.
02:37 Et puis, ça confirme aussi son talent qui, à mon avis, n'est pas encore exploité
02:45 totalement.
02:46 Il a encore une marge de progression et je pense qu'il le sait d'ailleurs.
02:50 Il a une marge de progression et s'il arrive à aller chercher son maximum, son potentiel
02:58 maximum, je pense que les victoires vont se succéder dans les années à venir.
03:03 On s'inquiétait quelque peu à la fin de saison.
03:06 On s'inquiétait quelque peu après le Tour de France pour l'équipe Groupe Amaïf
03:10 des Gis de Marc Madiot avec l'arrêt de Thibaut Pinot, David Goddou un peu en dessous qui
03:14 avouait qu'il ne pouvait pas faire plus.
03:16 Et là, on voit Romain Grégoire, on voit Lénie Martinez sur la Vuelta, on voit Valentin
03:20 Madois.
03:21 En fait, il ne faut pas s'inquiéter pour Marc Madiot et sa Groupe Amaïf des Gis, en
03:25 quelque sorte.
03:26 Non seulement, il ne faut pas s'inquiéter, mais je crois que ce qui se passe de façon
03:33 visible depuis quelques mois est plutôt rassurant et je pense que l'équipe est en train de
03:39 passer à une nouvelle dimension par l'arrivée des jeunes.
03:43 Vous savez, les jeunes bousculent les vieux.
03:45 Ce n'est pas moi qui l'ai inventé, c'est l'histoire de la nature.
03:50 Et que ce soit d'ailleurs dans le monde chez les humains ou même dans le monde animal,
03:57 les jeunes arrivent, ils bousculent les vieux.
03:59 Rien ne dit d'ailleurs que la victoire de Madois quelque part n'a pas été plus ou
04:07 moins stimulée par ce qui se passe en Espagne avec les jeunes.
04:13 Et même quand vous vous appelez Madois et que vous êtes champion de France, vous sentez
04:19 qu'il y a des jeunes qui arrivent derrière.
04:21 Si vous voulez rester en haut de la pyramide et rester au pouvoir, il faut aller gagner.
04:25 Et l'arrivée des petits jeunes, et pas que des Français, pratiquement il y a une quinzaine
04:35 de coureurs qui ont moins de 23 ans dans l'équipe de Marc.
04:38 Donc il ne faut pas s'inquiéter, Pinaud va vivre sa retraite tranquillement et tant mieux.
04:46 Des mâles répartis, des nouveaux arrivent, qui sont peut-être beaucoup plus tranchants
04:51 et qui ont peut-être beaucoup plus l'esprit de la gagne en eux que la génération des
05:04 25-35 ans du peloton français.
05:08 On est souvent content de son sort, on est même content quand on fait une échappée,
05:15 parce que c'est très bien.
05:16 On s'est fait plaisir, on fait 75e parce qu'on s'est fait rejoindre à deux bornes de l'arrivée,
05:21 mais on est content, on a pris du plaisir.
05:23 Ce serait bien que les coureurs français apprennent une chose et que l'encadrement leur répète,
05:30 et puis surtout que ceux qui s'occupent des mômes à l'âge de 12, 13, 14, 15 ans, leur
05:35 apprennent que le plaisir ce n'est pas que de faire du vélo, le vrai plaisir c'est de
05:38 gagner.
05:39 Et quand on gagne, on se fait du plaisir.
05:41 Alors, ou on fait du cyclotourisme, du cyclosportif, ou on fait de la compétition, et quand on
05:47 fait de la compétition au plus haut niveau, c'est la victoire qu'il faut aller chercher,
05:51 c'est la victoire que l'on veut.
05:52 Il faut apprendre à gagner, et ça les français ne l'ont pas, à part quelques exceptions.
05:57 - Il y en a un qui l'a, on vient de faire sa conférence de presse de journée de repos
06:02 du côté de Valladolid en Espagne avec Remco et Vénépoule qui nous disaient que…
06:08 - Ah oui, lui il n'a pas de problème là-dessus.
06:10 - Le chrono, pour lui, ne va pas être décisif sur cette Vuelta, important, mais ce n'est
06:16 pas forcément le jour le plus important pour lui, qui est champion du monde de contre
06:21 la monte, il faut le rappeler, sur route.
06:23 Pour lui, c'est un chrono important, mais la suite va l'être tout autant.
06:30 - Le chrono va être important, tout est important sur une course par étapes, parce que comme
06:37 je dis toujours, tout s'additionne, rien ne se soustrait.
06:40 Quels seront les écarts à l'arrivée ? Ce sera intéressant de les voir, ils ont toujours
06:48 une signification, mais sur si peu de kilomètres, puisqu'on a des distances aujourd'hui
06:56 où pour prendre une minute, il faut un moteur sur le vélo, surtout compte tenu des approches
07:02 actuelles, donc les écarts ne seront pas suffisamment importants dans un sens ou dans
07:08 l'autre, pour que, et Evenepoel a raison, pour que les écarts qui seront enregistrés
07:14 seront décisifs.
07:16 Il y a suffisamment d'autres étapes où il peut se passer, où il se passera d'ailleurs,
07:22 obligatoirement, beaucoup de choses, et je crois que pour Evenepoel, l'important, il
07:28 n'est pas lié au contre-la-monte, il est lié à une équipe qui a, on va dire, trois
07:33 leaders, deux leaders et puis un équipier qui est en train de devenir leader, et lui
07:39 il est tout seul.
07:40 Justement, il nous en parlait, Cyril Remko, il disait que si Sepcus fait un bon chrono,
07:45 là, il va peut-être falloir vraiment s'en méfier, voilà ce qu'il nous disait, pour
07:49 l'instant c'est Roglic et Vingegaard, mais si Sepcus, le maillot rouge et leader actuellement
07:53 de la Vuelta, fait un bon chrono mardi, il va peut-être falloir s'inquiéter de sa présence.
08:00 Voilà ce que nous dit Remko.
08:02 Mais il a raison, c'est pas parce que j'ai la même analyse qu'il a obligatoirement de
08:08 bonnes analyses, mais au moins on sent qu'il y a quand même des choses intéressantes
08:15 qu'il dit, beaucoup de coureurs ne disent rien, même s'ils parlent longtemps, lui il
08:21 dit qu'il a quand même des choses importantes, et c'est vrai que la facilité de Sepcus dans
08:27 les attentions, sa capacité à brouiller les cartes aujourd'hui, alors qu'avant il
08:34 était au service d'Ock, point, aujourd'hui il rentre dans la stratégie de la victoire.
08:40 Parce que je ne suis pas sûr que Roglic soit certain, comme Vingegaard, de déposer à
08:47 la pédale Evenepoel.
08:49 Donc il va falloir qu'il joue peut-être, ou ils vont peut-être être obligés effectivement,
08:55 de jouer sur de la stratégie, et de jouer sur le troisième point d'appui qu'est Sepcus.
09:01 Donc il a raison, si Sepcus vient trop près, s'il fait un grand contre la montre, compte
09:07 tenu de l'avance qu'il a actuellement, il pourrait encore être leader demain soir,
09:10 peut-être.
09:11 Ça ne changerait pas grand chose, parce que c'est quand même la stratégie qui fera
09:22 la différence, et il ne fera pas qu'Evenepoel ait un mauvais jour, comme il a pu avoir suite
09:28 à sa cabriole, le jour où il remporte l'étape, et qu'on avait oublié de faire en bout de
09:35 ligne un passage pour que les coureurs puissent… Enfin bon, la sécurité sur l'Espagne,
09:43 un grand mythe.
09:45 On va en parler après.
09:47 Si vous êtes… Une dernière question avant de parler justement de cette sécurité ou
09:51 cette poisse qui envahit un peu le tour d'Espagne avec des conditions météorologiques très
09:56 compliquées à gérer pour les coureurs et pour les organisateurs.
09:59 Si vous étiez Remco Evenepoel, si vous êtes Remco Evenepoel, comment faire pour battre
10:04 cette équipe à trois têtes, la Jumbo-Visma ? Quelle stratégie ?
10:12 D'abord, la première, c'est de leur laisser le maillot.
10:18 En leur laissant le maillot, vous les obligez à avoir un certain comportement en course,
10:28 et ce qui va vous permettre à vous d'être en position d'attente plutôt de chasseur
10:35 que de chassé.
10:36 En règle générale, le chasseur gagne plus souvent que le chassé.
10:40 Il n'a pas l'équipe pour jouer, mais ça on le sait, par rapport à Jumbo.
10:46 Après, il aura des coureurs qui viendront lui donner un coup de main à fonction des
10:53 circonstances UAE.
10:56 Je pense qu'à certains moments, ils auront peut-être intérêt à rouler avec Evenepoel.
11:02 Eric Mas, Movistar, eux aussi risquent de se trouver dans certaines situations où ils
11:09 seront obligés de collaborer avec Evenepoel.
11:12 Donc, il faudra surtout être très très intelligent, bien sentir la course.
11:17 Et quand je dis bien sentir la course, sentir qui est le moins bien des trois Jumbo.
11:23 S'il y en a un qui est un peu moins bien, si vous pouvez l'éjecter, ce jour-là, il
11:30 faut le faire.
11:31 Il ne faut jamais rater quelqu'un qui n'est pas bien un jour.
11:34 Mais pour ça, il faut aimer, il faut des yeux derrière la tête, il faut sentir les
11:40 choses, il faut avoir des équipiers qui peuvent aussi remarquer un certain nombre de mouvements
11:46 qui peuvent amener à se dire que l'un ou l'autre est un petit cran en dessous.
11:53 Evenepoel n'a pas le droit sur ce Tour d'Espagne, s'ils veulent gagner, de faire la moindre
11:59 faute.
12:00 Donc, ça va être intéressant.
12:01 Vous nous disiez avant le tour d'Espagne, votre podium et peut-être qu'Evenepoel ne
12:08 serait même pas sur le podium quatrième, alors que nous sommes quasiment à mi-Vuelta
12:12 puisque même si nous sommes à la première journée de repos, il y a quand même neuf
12:16 étapes qui sont disputées.
12:17 Aujourd'hui, votre podium à Madrid, dans quinze jours, ça serait lequel ?
12:21 Maintenant, il faut rentrer cette case dans le podium ou sur le podium.
12:29 Moi, ce qui m'inquiète au niveau d'Evenepoel, c'est que j'ai l'impression qu'il n'est
12:36 pas véritablement à son point de fendre.
12:38 Je le sens un petit peu enveloppé et ça, ça ne pardonnera pas.
12:43 Où il descend à son point de forme est le vrai, ce qui veut dire que, vu de ma fenêtre,
12:50 je pense qu'il a quand même un ou deux kilos qu'il faudrait qu'il fasse disparaître
12:57 d'ici une semaine.
12:58 Ça n'est pas facile et puis chacun a sa propre philosophie par rapport à ça.
13:05 Mais un ou deux kilos, ça fait quelques watts en plus nécessaires pour rouler à la même
13:09 vitesse.
13:10 Je pense qu'il a une marge sur ce plan-là.
13:14 Mais s'il ne s'en occupe pas tout de suite, il sera battu Vingegaard, il n'a pas un gramme
13:23 de graisse en trop, Roglic non plus, Sepp Kuss non plus.
13:27 Donc, ça serait quoi le podium à Madrid ?
13:30 Sur la première place, des jumbo bien sûr, mais je rentre Kuss sur le podium aujourd'hui.
13:39 Ou alors, il n'a pas le mental pour supporter la pression.
13:42 Et à ce moment-là, sa seule et unique vocation sera d'être un formidable équipier, ce qui
13:50 n'est pas non plus un rôle ingrat.
13:52 Ingrat lorsqu'on le regarde comme ça, mais derrière, je pense qu'il gagne très bien
13:57 sa vie.
13:59 S'il est heureux comme ça, c'est parfait.
14:02 S'il prend un peu d'ambition et s'il en vit le titi, il allait faire une place, il a les
14:08 jambes pour y aller.
14:10 Donc, un des jumbo après, logiquement, on a Evenepoel.
14:15 Mais il est quand même régulier.
14:21 L'an dernier, il a fait un super tour d'Espagne.
14:23 Il a raté son tour.
14:25 Il a des revanches à prendre.
14:27 Et puis Ayuso reste quand même le gros point d'interrogation.
14:31 On sera fixé d'ici 13 jours en espérant une vuelta un peu plus calme.
14:37 Parce que depuis neuf étapes, entre le premier jour, le chrono parisien d'un nuit sous la
14:44 pluie, des étapes qui n'arrivent pas à leur terme, où les temps sont arrêtés parce
14:48 qu'il y a des problèmes à cause des conditions météo.
14:51 C'est quoi ? C'est la faute à pas de chance ?
14:53 C'est parce que ça va polémique sur polémique depuis le début de cette vuelta quand même.
14:57 Non, la chance n'existe pas.
14:59 On la provoque.
15:00 Et là, on n'a pas provoqué la chance, on a provoqué la malchance.
15:04 Alors déjà, mais bon, on peut dire ce qu'on veut si ce n'est pas ceux qui ont les manettes
15:10 financières qui commandent.
15:12 C'est quoi quand la monde par équipe, sur un circuit qui est encore plus tortueux que
15:20 le parcours des championnats du monde, qui dans une course en ligne était un parcours
15:24 exceptionnel.
15:25 On a des conditions météorologiques qui fait qu'on aurait pu carrément modifier cette
15:32 étape, ou tout du moins dans les horaires, la déplacer, personne n'aurait rien dit.
15:36 Et tu finis à la nuit, en nocturne.
15:40 Non, c'est ridicule, inadmissible.
15:43 Mais qui va prendre une sanction ? Parce que le courant qui jette un bidon, il a une sanction.
15:49 Le courant qui fait pipi sur le bord de la route, il a une sanction.
15:52 L'organisateur qui envoie des mecs dans les barrières, il a une sanction lui.
15:56 Non.
15:57 Quelle sanction sera prise ? Les loups ne se mangent pas entre eux, vous le savez bien.
16:02 Mais normalement, on devrait pouvoir sanctionner les organisateurs.
16:06 Regardez l'arrivée de la deuxième étape du Tour de Grande-Bretagne, où on met des
16:11 plots au milieu de la route.
16:12 Qu'est-ce que ça fait ? Ça fait boum par terre.
16:14 Mais quand vous voyez que, par exemple, le responsable de la sécurité des courses à
16:21 la Fédération française est également organisateur au Poitou-Charentes, et que la dernière étape,
16:27 vous avez une arrivée en virage, il fait quoi, Monsieur Sécurité de l'AFFC ? Il fait quoi ?
16:33 Et quand on regarde bien les images, normalement, c'est le deuxième qui devrait être premier
16:37 s'il a sa vecteur ligne droite.
16:39 Parce que quand vous prenez l'extérieur par rapport à celui qui est à la corde,
16:42 vous faites pratiquement un mètre de plus.
16:44 Or, il est battu de quelques centimètres.
16:46 Il y a aussi une équité sportive à respecter.
16:48 Et ce n'est pas la première fois que je le dis.
16:50 Mais non, non, tout le monde, hop, on parle de sécurité.
16:53 Vous savez, c'est comme tout.
16:54 Quand on parle beaucoup de quelque chose, c'est qu'elle n'existe pas.
16:57 Tout est dit ?
16:59 Oui.
17:00 À très vite.
17:01 À très vite.
17:03 Merci Cyril.
17:04 [SILENCE]