• l’année dernière

David Chatillon, président de l’Union des maisons de Champagnes, répond aux questions d'Alexandre Le Mer à l'occasion du début des vendanges.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Bon début de matinée sur Europe, il est 6h40, les vendanges démarrent cette semaine en Champagne.
00:05 319 communes bénéficient de l'appellation, c'est un moment clé pour toute la filière.
00:10 Votre invité Alexandre, David Chatillon, président de l'union des maisons de Champagne, co-président du comité Champagne.
00:16 Bonjour David Chatillon.
00:17 Bonjour Alexandre Le Maire.
00:20 Vous représentez près de 400 maisons de Champagne, la saison des vendanges est donc arrivée.
00:25 La majorité des communes du vignoble vont commencer à récolter les grappes cette semaine, on dit que vous allez battre des records cette année.
00:32 Alors oui effectivement la récolte est extrêmement abondante, record je ne sais pas mais en tout cas ça fera partie des très très grosses années.
00:41 Le nombre de grappes est à peu près dans la moyenne mais en revanche leur poids est énorme,
00:48 c'est à dire qu'on va atteindre 220 grammes par grappe alors que le précédent record était de 170 grammes.
00:55 Donc vous voyez c'est une année très étonnante.
00:57 Bon ça c'est un signe de bonne santé j'imagine pour les vignes.
01:01 La France connaît cette semaine une nouvelle vague de chaleur mais vous avez plutôt été épargné cet été par la canicule, par la sécheresse, David Chatillon ?
01:10 Oui absolument, le mois d'août a même été étonnamment pluvieux en Champagne puisque la pluviométrie a été presque le double de la normale,
01:20 ce qui n'est pas d'ailleurs idéal parce qu'on a besoin d'un beau temps au mois d'août,
01:27 mais là le temps qui se rétablit cette semaine est parfait pour démarrer les vendanges.
01:32 Vous faites partie des secteurs d'activité qui manquent de bras, si l'on parle justement de la récolte, des vendanges,
01:38 vous manquez de volontaires ? C'est un travail physique.
01:42 Alors c'est un travail physique bien sûr, vous avez raison, mais c'est aussi une ambiance particulière.
01:50 Donc nous avons besoin de 120 000 vendangeurs puisque la récolte en Champagne ne peut pas être faite à la machine,
01:57 ou plus exactement les grappes doivent être cueillies entières et la machine qui peut faire ça n'existe pas.
02:03 Donc nous avons recours à 120 000 saisonniers qui viennent historiquement des anciens bassins miniers de l'Est et du Nord de la France,
02:12 mais ça ne suffit plus et donc nous avons aussi recours à de la main d'œuvre étrangère.
02:20 Je veux travailler comme saisonnier pour les vendanges du Champagne, je m'adresse à qui ?
02:24 Alors vous vous adressez à Pôle emploi ou aux opérateurs du Champagne, ça c'est très facile,
02:34 on facilite les choses pour que ceux qui le souhaitent viennent contribuer à la vendange
02:40 et nous mettons en place aussi des dispositifs en lien avec l'État de façon à ce que les conditions de travail soient les meilleures possibles,
02:49 les conditions de rémunération aussi, d'hébergement et puis nous faisons en sorte par exemple que les titulaires du RSA dans la région
03:00 ne perdent pas leur indemnité lorsqu'ils font les vendanges, parce qu'auparavant c'était le cas,
03:05 donc ils n'avaient pas intérêt à faire les vendanges, donc vous voyez toute une série de mesures pour faire en sorte d'attirer les saisonniers.
03:12 - Si l'on revient David Chatillon sur les conditions climatiques, on voit la catastrophe cette année dans le Bordelais
03:18 avec la prolifération catastrophique du mildiou, les vignes de Champagne elles aussi sont touchées par des champignons ?
03:24 - Alors oui on est tout à fait solidaires de nos amis Bordelais qui ont souffert au printemps de conditions très difficiles,
03:33 en Champagne il a fait très beau en mai et juin, c'est au moment de la fleur de vigne et c'est très important,
03:40 donc on a été épargnés, il y a à cause des pluies du mois d'août dont je parlais tout à l'heure,
03:47 quelques foyers de pourriture qui sont apparus ici ou là, mais ça ne nous inquiète pas du tout,
03:55 parce que vous savez la Champagne c'est la limite nord de culture de la vigne, donc on est habitué à des conditions parfois compliquées,
04:02 et comme la récolte est très abondante, on pourra sélectionner les grappes parfaitement saines pour mettre sur les pressoirs.
04:12 - Alors si l'on reprend l'année 2022, année record pour la filière Champagne, les cafés, les restaurants avaient déjà rouvert après le Covid,
04:20 plus de 320 millions de bouteilles vendues, 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires, record à battre, ça a l'air plutôt bien parti si l'on vous suit.
04:29 - Alors ça je ne peux pas vous dire encore, ce que je peux vous dire c'est que les ventes sont en légère baisse par rapport à 2022,
04:37 mais on s'y attendait parce que 2022 était une année atypique, et on savait qu'on ne pouvait pas tenir ce rythme,
04:44 parce que la Champagne est une production par nature limitée, et on ne peut pas vendre les bouteilles qu'on n'a pas en cave.
04:52 Donc une sorte de retour à la normale, avec un niveau de vente qui est toujours très élevé, on est à 317 millions de bouteilles sur 12 mois à fin juillet,
05:06 et pour ce qui est du chiffre d'affaires, je reviendrai vous voir début janvier pour vous dire, mais c'est bien parti.
05:15 - Vous nous dites David Chatillon que cette récolte de Champagne s'annonce record, est-ce que ça signifie que les prix du Champagne vont baisser, ou est-ce que ce n'est pas aussi simple ?
05:25 - Alors au risque de vous surprendre, il n'y a pas de lien entre le rendement agronomique, c'est-à-dire le volume de raisin qu'il y a dans les vignes,
05:34 et le rendement commercialisable que nous décidons chaque année.
05:37 Ce rendement commercialisable en 2023, il est de 11 400 kg par hectare, nous l'avons décidé en juillet,
05:43 et il correspond, c'est un modèle que nous avons mis en place, il correspond à nos besoins pour répondre à la demande des marchés.
05:52 Donc les années excédentaires comme cette année, les raisins qui sont produits au-delà de 11 400 kg par hectare,
05:58 ils seront mis en réserve, et les années déficitaires, nous sortons ces quantités de vins de la réserve,
06:06 ça a été le cas en 2021, nous avions une toute petite récolte de 7 000 kg par hectare,
06:10 et nous avions fixé le rendement commercialisable à 10 000, donc nous sortons ces quantités,
06:14 si bien que le volume commercialisable est régulé en fonction des besoins des marchés,
06:21 donc il n'y a pas de pic ni de creux, comme ça peut être le cas pour certaines productions qui font s'envoler les cours,
06:28 au détriment des producteurs et des consommateurs.
06:32 - Le champagne c'est le rayonnement de la France, David Chatillon, c'est toujours un champion de l'export,
06:36 quelle est la part exportée, quelle est la part consommée par les français ?
06:40 - Alors la France reste le premier marché du champagne, c'est un marché qui est très précieux à nos yeux,
06:47 c'est environ 40% des volumes, mais de plus en plus de volumes sont exportés,
06:54 et le champagne c'est à peu près 25% de l'excédent commercial des vins espiritueux,
07:02 qui est je le rappelle le deuxième poste excédentaire de la France commerciale.
07:06 Donc c'est effectivement très important et c'est un produit qui est un peu synonyme de l'art de vie à la française un peu partout dans le monde.
07:16 - Merci David Chatillon, président de l'union des maisons de champagne et co-président du comité champagne,
07:21 alors que les vendanges dans le vignoble champenois démarrent cette semaine.

Recommandations