L'interview d'actualité - Claude Onesta

  • l’année dernière
Maya Lauqué reçoit Claude Onesta, manager général de la haute performance à l'agence nationale du sport. Son palmarès fait rêver tous les sélectionneurs de France, il accompagnera les futurs champions olympiques dans moins d'un an et reviendra également sur l'évènement sportif du moment : la coupe du monde de Rugby. 

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Transcript
00:00 Bonjour Claude Onesta.
00:01 Bonjour Maya.
00:02 Merci d'être avec nous ce matin.
00:03 Votre job c'est donc de trouver, d'accompagner nos futurs champions olympiques.
00:07 Car les JO c'est demain, on va en parler.
00:09 D'abord il y a une autre compétition qui débute aujourd'hui, c'est la Coupe du monde de rugby.
00:13 J'imagine que vous allez regarder, elle se france Nouvelle-Zélande.
00:16 Est-ce que c'est une répétition générale pour les JO cette Coupe du monde ?
00:20 Par sur le secteur de l'organisation, oui.
00:24 Il y a beaucoup de choses qui vont être testées et qui seront reproduites au mois de juillet prochain.
00:31 Après je crois que la réalité de la discipline est spécifique.
00:37 On va se passionner d'abord pour cet événement et ensuite l'autre sera effectivement encore plus grand.
00:44 Vous avez eu Fabien Galtier au téléphone, le sélectionneur des bleus ?
00:47 Non, pas dernièrement.
00:48 J'ai échangé avec lui il n'y a pas très longtemps et on a partagé nos expériences.
00:53 Vous lui avez donné un conseil ?
00:54 Non, par principe un coach ne donne jamais un conseil à un autre coach.
00:59 Mais il échange avec lui pour lui dire ce qu'il a fait, comment il l'a fait.
01:04 Après on mange tous chacun chez les autres.
01:08 On va toujours un peu prendre à ce que les autres ont fait qui peut nous intéresser.
01:12 Mais je pense que c'est un coach expérimenté.
01:16 Alors il y aura du rugby à 7 aux Jeux Olympiques qui commence donc dans moins d'un an.
01:20 Le compte à arbour est lancé.
01:21 Est-ce que nos athlètes sont prêts ?
01:24 C'est compliqué de dire que nos athlètes sont prêts.
01:26 Il y en a qui sont rayonnants de bonheur parce qu'ils sont en pleine réussite.
01:30 D'autres le sont moins.
01:31 Je crois que c'est aussi l'objet de la diversité du sport.
01:35 On est encore un an donc il faut que ceux qui sont rayonnants ne s'endorment pas
01:40 et restent mobilisés.
01:42 Et il faut aller vite pour que ceux qui sont peut-être dans le doute aujourd'hui
01:46 puissent raccrocher le bon wagon et être au meilleur niveau au moment des Jeux.
01:52 Donc c'est un peu notre travail.
01:54 C'est le cas des athlètes français qui ont frôlé le zéro pointé au mondiaux d'athlétisme.
01:59 Une seule médaille d'argent sur le relais 4 fois 400.
02:02 Quand on manage la haute performance, on se dit quoi quand on voit ces images ?
02:06 Que c'est inadmissible ?
02:07 Non, parce qu'on n'est pas là pour faire de l'évaluation pure.
02:12 On est là pour surtout essayer d'aider à trouver les solutions.
02:15 Vous n'avez pas passé un savon aux dirigeants de la Fédération ?
02:19 Non, d'abord ce n'est pas mon rôle.
02:21 Maintenant c'est des situations qu'on a vu venir quand même.
02:25 Ce n'est pas une nouveauté.
02:27 Ça fait quatre ans qu'on regarde tout ça et qu'on essaie de transformer le modèle
02:32 pour le rendre plus opérationnel.
02:35 Après on n'est pas des magiciens non plus, on n'invente pas les sportifs.
02:39 Un sportif, un médaillé olympique a une moyenne d'âge autour de 27 ans.
02:45 Ça veut dire que pour réussir les Jeux olympiques et être médaillé,
02:49 il faut s'y prendre 10-15 ans avant.
02:52 Donc ça veut dire que c'est trop tard ? On vous a nommé trop tard ?
02:54 Vous avez été nommé en 2017 par Laura Flessel qui était alors ministre des sports.
02:58 On m'a nommé quand les Jeux olympiques ont été attribués à la France.
03:02 Je pense que cette réforme du sport français, il aurait fallu l'engager plus tôt.
03:09 Mais on a le temps qu'on a et on essaie de l'optimiser en amenant,
03:14 même les gens en difficulté, en essayant de les amener dans les meilleures conditions,
03:18 à leur meilleur niveau.
03:20 Mais ça veut dire que l'objectif fixé par Emmanuel Macron,
03:22 son souhait en tout cas d'installer la France dans le top 5 olympique et paralympique,
03:25 déjà ça on l'oublie ?
03:26 Non, moi je n'oublie rien.
03:28 Non mais vous savez les sportifs par nature, ils ont l'habitude d'être joueurs
03:33 et d'accepter les challenges et les défis.
03:35 Donc je crois qu'on met tout en œuvre pour que les choses soient mieux réussies.
03:42 Je suis optimiste et je suis persuadé qu'on aura les meilleurs résultats
03:50 comme jamais le sport français n'en a eu dans une olympiade.
03:54 Après est-ce que le classement des 5, il y a tellement de paramètres qui vont être en jeu.
03:59 Mais si on n'y arrive pas, on n'aura jamais été aussi près.
04:02 Et tout ce qu'on a mis en œuvre depuis 4 ans nous permettra vraiment,
04:06 non seulement de réussir Paris, mais d'être au rendez-vous des échelons futurs.
04:11 Certains directeurs techniques nationaux se sont plaint en juillet,
04:14 sous couverte anonyme, de tensions qui existeraient entre eux et vous.
04:18 Certains parlent de rupture de confiance.
04:20 À un an des Jeux, la tension est inévitable.
04:24 Dans le sport de haut niveau, c'est rarement un long fleuve tranquille.
04:28 Donc quand il y en a 4 ou 5 qui restent en tension,
04:33 quand je suis arrivé, je pense que je les avais tous contre.
04:37 Donc vous vous êtes déjà déconvaincu quelques ans.
04:39 On a fait du chemin et ils se rendent bien compte qu'on est là surtout
04:42 pour leur apporter des solutions, des moyens.
04:45 Mais pourquoi, ils avaient l'impression que vous les fliquiez ?
04:47 Non, mais c'est toujours difficile quand vous êtes engagé dans votre action
04:51 et qu'il y a des spécialistes qui vous disent
04:55 peut-être qu'il ne faudrait pas faire comme ça, peut-être qu'il faudrait changer.
04:58 Vous êtes toujours, de temps en temps, vous avez le sentiment d'un peu d'ingérence.
05:03 Mais je crois qu'il nous appartient aussi de bousculer les systèmes qui en rônent.
05:09 Donc le sport de haut niveau, c'est toujours être en anticipation,
05:14 en avance sur les autres.
05:16 Donc de temps en temps, quand il faut réveiller, on réveille.
05:19 Mais c'est en règle générale, pas le quotidien.
05:22 Le quotidien, c'est au contact, en partenariat et vraiment en collaboration.
05:27 Avec une enveloppe de près de 463 millions d'euros, je crois, cette année.
05:32 Comment ça se passe ? Vous attribuez un budget à une fédération,
05:36 vous repérez des médaillables et vous investissez sur eux ?
05:39 Les 460 millions, c'est le budget global de l'Agence nationale du sport.
05:44 Mais moi, j'en gère à peu près 115, 118 parce que c'est ceux qui sont destinés
05:51 à la haute performance et au sport de haut niveau.
05:53 Le reste étant, je dirais, distribué sur les équipements sportifs
05:58 et essentiellement sur la pratique sportive, la pratique initiale,
06:02 c'est-à-dire les petits clubs et le sport amateur.
06:05 Et donc, ça veut dire quoi ? Vous allez repérer combien de médaillables pour les JO
06:09 et vous investissez sur combien de sportifs ?
06:12 Alors, de manière très claire, aujourd'hui, la délégation aux Jeux olympiques
06:17 sera autour de 850 athlètes.
06:20 On en a 560 identifiés comme prioritaires, sur lesquels on travaille de manière spécifique.
06:30 Mais on travaille aussi sur 5000 sportifs de haut niveau.
06:35 Et aujourd'hui, il y a 75% d'augmentation de l'accompagnement des sportifs
06:39 depuis la création de l'Agence.
06:41 Et 83% vont à des sportifs qui n'auront pas de médaille.
06:46 Quand on nous accuse d'élitisme, la grande part des moyens vont surtout aux athlètes
06:54 qui, effectivement, ont peu de notoriété, peu de ressources.
07:00 Mais on a effectivement mené un travail très spécifique sur les champions
07:05 pour aller chercher tous les petits détails qui parfois les font échouer.
07:11 Donc, passer d'une gestion, on dirait, de prête à porter à de la haute couture.
07:16 Merci beaucoup, Clément Nesta, d'être avec nous ce matin.

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