Onesta : « Ça va être des moments intenses » - Paralympiques - Tous sports
Claude Onesta, le manager général de la haute performance au sein de l'Agence nationale du sport, était l'invité de L'Équipe de choc à la veille de la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques.
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00:00Impatient, excité ou serein avant demain, le coup d'envoi s'il y a de ces Jeux Paralympiques ?
00:06Excité, non. Impatient, oui. Serein, jamais.
00:13On essaie d'être lucide et prêt à aider là où il faudra pour que ça se passe bien.
00:21Comment tu ne peux pas être excité par l'événement ? Parce qu'on a vu les Jeux, c'est une réussite, donc les Jeux Paras, c'est pareil ?
00:26Non, loin de là. Non, mais excité, ça ne sert à rien. C'est bon pour les supporters de s'exciter.
00:33Ça s'est vu quand il est venu, en même temps qu'il n'était pas très excité.
00:38Vous, en plateau, ça vous excite un peu, ça vous emballe ou c'est peut-être un peu retombé après les Jeux Olympiques ?
00:43Vous avez envie, vous avez hâte que ça démarre ?
00:45Moi, je suis archi chaud. Ça m'excite beaucoup. J'ai hâte que ça recommence parce que je suis un peu nostalgique quand même.
00:50Je ne m'attendais pas à ça. Mais oui, mais en fait, j'ai pris une vraie baffe et il y a eu tellement d'histoires et tellement de trucs en fait que j'ai hâte que ça recommence.
01:00Vous pensez que ce sera autant suivi, qu'il y aura autant d'engouement ?
01:02Honnêtement, je ne pense pas. Je ne pense pas parce que déjà, il faut noter une chose, c'est que les gens vont reprendre leurs activités,
01:09on va reprendre le boulot, les gens vont retourner à l'école. Donc forcément, il va y avoir naturellement moins de personnes pour consommer ça.
01:15En revanche, je pense qu'on est très excités parce qu'on a envie de voir ça sur notre sol en fait.
01:21On a envie de voir comment ça va être géré et puis on a envie encore de découvrir des choses.
01:24Parce que je pense que ce que les gens ont pu apprécier pendant les JO, c'est vraiment de découvrir.
01:29C'est ça le maître mot. Ce n'est pas juste de se dire on est fan de sport et on va manger du sport à la télé et c'est juste ça.
01:36C'est juste que non, il y a eu plein d'histoires qui ont été racontées et je sais qu'il faut faire attention avec les Jeux Paralympiques.
01:40Il y a un petit débat vis-à-vis de ça où ils ont envie aussi qu'on respecte ce qu'ils font et qu'on les juge comme des athlètes de très haut niveau.
01:49Donc je ferai attention aussi à ça. Mais les gens ont quand même envie de découvrir.
01:53Et la cérémonie.
01:54Et de voir.
01:55Ça, c'est vrai aussi.
01:56Les cheveux, la chemise, tout ce qu'ils veulent voir, c'est la musique, le spectacle.
01:59La billetterie, ça prend bien, Juju ?
02:01Bien sûr que ça prend bien. L'engouement est toujours là.
02:03Regardez, c'est 1,9 million de billets vendus déjà, dont 900 000 depuis le début des Jeux Olympiques.
02:10Il y a déjà un petit mois, l'objectif c'est 2,5 millions de billets vendus.
02:14Quant au l'engouement, il est là au temps de ces Jeux Paralympiques ?
02:18On l'espère parce que ces Jeux Paralympiques vont être beaux.
02:21En tout cas, en termes d'organisation, on sait qu'on est toujours à la hauteur de ce qu'on a vu pendant les Jeux Olympiques.
02:26On a des places sportives qui sont absolument fantastiques.
02:29On va avoir des athlètes qui seront au niveau pour continuer à nous faire vivre des émotions et des exploits comme on l'a vu chez les Valides.
02:37Braque a bien fait de le souligner, ce sont des athlètes qui vont faire des performances sportives.
02:41Peu importe que ce soit les Jeux Olympiques ou les Jeux Paralympiques,
02:44tous les passionnés de sport doivent être devant leur télé ou sur place pour vivre ces événements parce que ça n'arrivera pas d'ici tôt.
02:51Claude, c'est une surprise la billetterie ? Ou on s'attendait forcément à ça ?
02:55Effectivement, les gens ont été d'abord mobilisés sur l'aventure olympique et se focalisés dessus.
03:04Petit à petit, c'est vrai que sûrement la réussite de la période olympique a participé à générer ce que vous dites, cet engouement.
03:14Les gens ont envie que ça continue.
03:17En matière de découverte, mais aussi en matière de performance sportive, ça va être des moments intenses.
03:25Parce que c'est de la vraie perf, parce que ce sont des vrais sportifs qui s'entraînent beaucoup.
03:31Il va y avoir des vrais drames, des vrais exploits, comme dans une grande aventure sportive.
03:39Ça va être un moment assez magique, un de plus.
03:44Hier, sur ce plateau, plusieurs fois, on entend évoquer l'idée de faire des Jeux paralympiques avant les Jeux olympiques,
03:51pour éviter que le soufflet retombe et qu'il y ait cette petite temps d'attente.
03:55Vous pensez que c'est une bonne idée ?
03:57Je ne sais pas, je ne me suis jamais posé cette question-là.
04:00Il faudra la poser à Tony Estanguet, qui lui, ça fait 10 ans qu'il travaille là-dessus.
04:06On va laisser se reposer un peu, parce qu'il doit être fatigué, le pauvre.
04:09On va l'appeler pour savoir, vite fait.
04:13Ce n'est pas idiot, non ?
04:15Oui, mais pourquoi vouloir ? Encore une fois, j'ai lu cet article, je l'ai trouvé sympa ce matin.
04:20Cet article où ils disent qu'on ne veut pas être considéré comme des gens à part.
04:25On veut être considéré comme des sportifs et on veut même pouvoir se faire engueuler quand on n'est pas bon.
04:31Ça serait la meilleure façon d'être considéré.
04:34Je pense que de la même façon, il n'y a pas de raison de vouloir leur faire une espèce de place améliorée pour que ça soit mieux pour eux.
04:42Ils sont là. Je pense qu'ils sont derrière.
04:47Ça va peut-être mettre un peu de pression aux athlètes, parce qu'effectivement, la réussite des Jeux olympiques va peser un peu.
04:58Ils vont vouloir être à la hauteur de cette attente.
05:02Mais c'est aussi ce qui fait la performance sportive.
05:05Elle ne se fait pas dans la tranquillité.
05:08Il faut toujours un peu de peur, un peu de doute pour aller chercher le maximum de la performance.
05:16Il y a du courage, parce qu'il a répondu qu'il avait ma tête irrinaire.
05:19Moi, je ne l'aurais pas fait.
05:21On en parlera avec Micka Jérémien dans un instant sur cet aspect des Jeux olympiques.
05:24En rapport à l'engouement qui est en train de se passer, j'ai ressenti ça à la cérémonie de clôture.
05:29Les gens n'avaient pas envie que ça s'arrête.
05:32Je l'ai ressenti devant ma télé et je pense que ça s'est ressenti aussi dans le stade.
05:36Dès que la lumière s'est éteinte, dès le lendemain, les gens avaient déjà la gueule de bois.
05:40Alors qu'en fait, on s'est dit que ça s'est passé super vite.
05:44On a encore une chance de peut-être vivre des trucs.
05:46C'est avec les paras.
05:4815 jours, c'est un peu long, mais le temps de faire toute la logistique
05:51et d'essayer d'adapter aussi les Jeux olympiques pour les paras.
05:54Je crois qu'ils sont sur le chantier 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 depuis 15 jours.
05:59Ça ne doit pas être une facilité.
06:01Il m'a manqué un truc.
06:03Il me manque encore des choses.
06:05On en parle depuis 15 jours avec ces athlètes.
06:07J'ai envie de les voir aussi.
06:09Et la cérémonie, j'en remets une couche.
06:11Mais moi, Thomas Joly et Daphné Burki, j'ai envie de revoir ce qu'ils vont faire.
06:15Parce que je sais, avec ce qu'ils ont fait pour les valides,
06:18qu'avec les paras, ça va être encore plus impactant
06:21et encore plus pertinent dans ce qu'ils vont produire.
06:25Moi, j'ai trop envie de voir.
06:27Je voudrais juste rajouter un truc, France.
06:29C'est très court, mais je pense que le temps qu'on a perdu à parler,
06:32à beugler pendant des mois et des mois sur les Jeux olympiques...
06:35Surtout toi, j'ai remarqué.
06:37T'étais un hater.
06:39J'étais pas un hater.
06:41Moi, ce que je veux dire, c'est que je trouve qu'on s'est trop excités pour rien.
06:44Il y avait de l'enjeu.
06:46Non, mais moi, je parle des gens qui étaient contre les JO
06:49et qui ont complètement retourné leur veste derrière.
06:51Moi, je pense que ça, ça nous a fait perdre du temps.
06:53Et je pense que c'est aussi ça que les gens ressentent.
06:55C'est qu'on a passé trop de temps à critiquer le truc.
06:58Et maintenant qu'on a kiffé et qu'on a apprécié,
07:01on se dit, c'est fini, c'est passé trop vite.
07:03Mais on a passé du temps à se tirer dessus les uns sur les autres.
07:06Donc en fait, c'est un petit peu dommage aussi.
07:08On aurait pu un peu plus rentrer dedans et profiter,
07:11avoir plus d'attente, d'excitation du truc.
07:13Et à la fin, ne pas avoir ce sentiment de, ah, mais c'est déjà fini.
07:16Mais ce n'est pas encore fini parce que les Jeux Paralympiques,
07:19ça commence demain.
07:20Juju, est-ce qu'on peut avoir quelques chiffres,
07:21quelques précisions sur la délégation française
07:23et les objectifs surtout ?
07:24Oui, totalement.
07:25Il y a 237 athlètes tricolores engagées.
07:28C'est un record pour une Paralympiade.
07:30A vous dire que la France est présente dans chacune des 23 disciplines.
07:34C'est une première fois aussi dans son histoire
07:36qu'il y a 35% de femmes dans la délégation française.
07:39Et vous voyez la moyenne d'âge, 33 ans et demi.
07:42La plus jeune, elle a 15 ans.
07:43Et la plus âgée, 59 ans.
07:45La plus âgée, elle est inscrite au marathon.
07:4859 ans.
07:49Voilà, donc grand respect.
07:51Vous dire que les objectifs, c'est quoi ?
07:52C'est le top 8.
07:53C'est fixé par Marie-Amélie Le Fur,
07:55la présidente du comité paralympique et sportif français.
07:58C'est ce qu'elle a déclaré notamment dans les colonnes du journal L'Équipe aujourd'hui.
08:01L'objectif, c'est le top 8.
08:02On m'a demandé si ce n'était pas une ambition au rabais
08:04par rapport aux performances.
08:06On revient de très loin.
08:07On était 14e à Tokyo.
08:09Viser le top 8, c'est doubler le nombre de médailles d'or.
08:11Donc, c'est une véritable ambition.
08:14Claude, vous êtes d'accord avec Marie-Amélie Le Fur ?
08:16Le top 8, il est atteignable, j'ai envie de dire ?
08:19Oui, je pense qu'il est atteignable
08:22parce que les performances qu'ont réalisées
08:25les parathlètes français depuis Tokyo
08:29nous permettent d'imaginer des résultats de ce niveau-là.
08:33Mais passer de la 14e place à la 8e place en 3 ans,
08:38je peux vous assurer que ce n'est pas une ambition petite et galvaudée.
08:43C'est une véritable ambition
08:45parce que tous nos adversaires ont continué à travailler
08:49et vont défendre leur chance avec autant d'énergie.
08:52Est-ce que tu penses que ça a été une vraie prise de conscience
08:55qui s'est passée à Tokyo, justement ?
08:57Ou Jopara ?
08:59Le fait que ce soit un échec ?
09:01C'est paradoxal parce qu'il faut savoir
09:05que Tokyo, par rapport à Rio,
09:08le projet paralympique double le nombre de médailles.
09:12Ils ont le double de médailles par rapport à Rio.
09:16Ils perdent deux places au classement
09:19parce qu'ils ont beaucoup de médailles d'argent et de bronze
09:22et pas assez de médailles d'or.
09:24Ce qui fait qu'ils passent de la 12e à la 14e place
09:28en doublant le nombre de médailles d'or.
09:30Les athlètes ont fait des performances
09:32mais pas suffisamment pour remonter.
09:35Là, on dit qu'il y avait 11 médailles d'or à Tokyo il y a trois ans.
09:39Il va falloir en faire le double
09:41pour être capable de remonter jusqu'à cette 8e place.
09:45En trois ans, on a doublé le nombre de médailles d'or
09:48pratiquement avec les mêmes athlètes.
09:50En trois ans, on ne change pas de génération d'athlètes.
09:53Ça veut dire qu'il va falloir s'être préparé mieux.
09:56Il va falloir être dans une dynamique et une confiance plus fortes.
10:00Il y a eu une assistance de l'État, un accompagnement ?
10:03Quand je suis arrivé il y a sept ans,
10:05et Marie-Amélie le dit dans l'article sur l'équipe ce matin,
10:15quand je suis arrivé, je me suis rendu compte
10:18de l'état dans lequel était le mouvement paralympique.
10:22Et Marie-Amélie le dit,
10:24pour un euro qui était dépensé pour les paralympiques,
10:27il y avait 15 euros pour les Olympiques.
10:29Ça veut dire que c'était, je dirais, un projet,
10:33je ne dis pas à la dérive, mais à une grande difficulté.
10:36Depuis, en sept ans, on a multiplié par quatre
10:39les moyens dont on a doté.
10:42Et c'est pour quoi faire ?
10:43Pour faire plus de stages, plus d'entraînement,
10:45plus de compétition, mais aussi pour donner un statut aux athlètes
10:49et les rendre de moins en moins dépendants
10:52de leur vie professionnelle à côté
10:54pour pouvoir se dédier à l'entraînement.
10:56Avoir un encadrement qui soit un encadrement de professionnels
11:00et pas un encadrement de bénévoles
11:02comme il l'était pratiquement totalement à l'époque.
11:05Donc ça veut dire multiplier par quatre les moyens en sept ans,
11:09c'est considérable.
11:10Aujourd'hui, je le dis et j'en suis fier,
11:12la Fédération française en e-sport
11:15est la fédération la plus subventionnée
11:18sur le projet de performance de toutes les fédérations olympiques.
11:22Donc ça veut dire que c'est la fédération
11:24à laquelle on attribue le plus de moyens,
11:27plus que le tennis, plus que le foot, plus que le basket.
11:31Mais ça va rester ?
11:33Il n'y a pas de raison que ça ne reste pas.
11:35C'est-à-dire que ce n'est pas juste pour jouer un coup et faire plaisir.
11:38C'est parce que les besoins sont là, que cette pratique est là
11:41et qu'on est sur des politiques
11:43qui sont plus des politiques inclusives
11:45que des recherches de médailles seules.
11:47Donc ça veut dire que c'est la place du handicap
11:49dans la société française.
11:51Comment on passe d'un handicap à une pratique sportive ?
11:55Et on l'a vu dernièrement,
11:57on voit bien que les handicapés,
11:59avant on leur disait surtout ne bougez pas,
12:01restez dans votre coin, attention.
12:03Aujourd'hui, on voit bien que toutes ces pratiques-là,
12:07et même qu'elles ne sont pas compétitives,
12:09toutes ces pratiques sportives améliorent la vie de ces gens-là,
12:13mais comme la vie de tout un chacun.
12:15Donc il faut vraiment que c'est un engagement sociétal,
12:20c'est beaucoup plus que des compétitions et des médailles.