• l’année dernière
Aujourd'hui, on reçoit le grand Michel Gondry dans le Vidéo Club
The Host, Menteur, menteur ou encore RoboCop, il nous parle de ses films préférés, de ceux qui l'ont inspiré et de ceux qui ont marqué sa vie
Son nouveau film, Le Livre des solutions, sort en salle le 13 septembre prochain.
Transcription
00:00 C'est un film que je regarde à peu près une fois par an.
00:02 Je pense que je devais être un peu jaloux de ses clips,
00:03 comme je suis naturel assez jaloux.
00:05 J'aime bien les gens qui parlent de problèmes compliqués
00:08 avec un langage simple.
00:10 J'aime les clips comme un marche-pied pour faire des longs-métrages.
00:14 [Musique]
00:31 - Bienvenue Michel ! - Merci.
00:33 - Qui est du coup l'un des deux derniers vidéo-clubs à Paris.
00:36 - Oui, j'habitais à côté de l'autre en fait.
00:38 - Et tu y vas souvent ?
00:39 - Oui, très souvent.
00:40 - Mais tu as un rapport toi au vidéo-club et au format physique qui est particulier.
00:43 C'est quelque chose d'important pour toi ?
00:44 - Pas de cette manière.
00:45 L'idée d'avoir un endroit avec quelque chose de physique,
00:49 des gens qui sortent de chez eux, qui se retrouvent dans un lieu donné.
00:53 Oui, ça c'est important.
00:56 Maintenant, je n'ai pas de lecteur DVD.
00:58 [Rires]
00:59 Alors, j'ai choisi "Le pigeon".
01:02 C'est un film italien.
01:04 C'est une comédie des années 60.
01:06 C'est-à-dire qu'il y a un mélange comme beaucoup de films italiens de cette époque,
01:10 et même jusque dans les années 70, il y a un mélange de fonds sociaux,
01:15 donc la recherche du travail, la pauvreté et tout.
01:18 Et un humour incroyable avec un quatuor d'acteurs qui est fantastique.
01:24 Il y a une scène d'anthologie avec l'acteur Toto
01:26 qui explique comment défoncer un coffre-fort sur un toit.
01:29 Enfin, oui, il est sur un toit et il explique comment exploser ou attaquer un coffre-fort.
01:36 Et donc, je l'ai vu plein de fois et c'est magnifique.
01:40 - Oh, qu'est-ce que tu vois là ?
01:42 - Ah, la comare ! La comare !
01:47 - Dis, mais ils te prendront pour fou.
01:48 Que t'es-tu à se cacher, infériata ?
01:50 - Ça, c'est "Un été avec Monica".
01:53 - Bien, nous sommes ici.
01:54 - Pas loin de tout le monde.
01:55 - N'es-tu pas heureux ?
01:56 - Oh, oui ! N'est-ce pas merveilleux ?
01:58 - Ben voilà, il y a un plan au milieu du film quand elle...
02:01 Parce qu'il s'est pas occupé d'elle au moment où elle s'est fait prendre
02:05 quand ils étaient en train de voler dans le jardin.
02:08 Il est parti, il l'a pas retrouvé, il est parti.
02:10 Et on voit, il y a un long plan où elle regarde la caméra
02:14 et c'est le moment où elle arrête de l'aimer.
02:18 Et voilà, pour ce moment, j'ai choisi ce film.
02:22 - Tu voulais me parler de "Snow Therapy" aussi, de Ruben Oslun, là.
02:24 - Donc, "Snow Therapy", j'ai beaucoup aimé.
02:27 Alors, je prends la tête avec tout le monde parce que personne n'est jamais d'accord avec moi.
02:32 Et je trouve que le film aurait été encore un tout petit peu mieux.
02:35 C'est quand il y a la mini-avalanche qui recouvre une partie de la terrasse
02:38 sur laquelle il se trouve avec sa famille.
02:40 Donc, à ce moment-là, la maman a l'instinct de la mère et elle protège les deux enfants.
02:45 Et lui, il part.
02:46 Et le truc, c'est qu'il part en prenant son téléphone.
02:49 Et ça donne une notion d'égoïsme.
02:53 Alors que s'il était parti sans prendre le téléphone,
02:56 on aurait une notion de lâcheté.
02:58 Et la lâcheté est beaucoup plus complexe que l'égoïsme.
03:01 Parce que l'égoïsme, ça peut se corriger.
03:03 Et la lâcheté, c'est beaucoup plus profond et viscéral.
03:06 Souvent, par la même copine, on n'était pas du tout d'accord.
03:09 Parce que je pense qu'elle, sans vouloir m'aider,
03:11 elle était contente qu'on montre que les hommes sont des pourritures.
03:14 Voilà. Donc, c'est toujours une discussion que j'entame.
03:18 Et j'ai trouvé peu de gens qui sont d'accord avec moi.
03:22 J'ai mis un film d'un cinéaste coréen parce que tu as une petite histoire avec lui.
03:26 Alors, c'est John Bong Joon-ho.
03:29 On a tourné un film à Tokyo qui s'appelle "Tokyo".
03:32 Il y avait cette sorte de triptyque avec moi,
03:37 Leos Carax et lui.
03:38 Moi, j'adore son film.
03:40 Même celui-là, il est drôlement bien.
03:41 Parce qu'il mélange les problèmes familiaux avec des films à grands spectacles,
03:45 avec un monstre.
03:46 Et il a fait aussi "Mémoire d'un meurtre".
03:57 [Cris de panique]
04:08 C'est vraiment un film où on sent le temps qui passe.
04:10 Ça coule et on a vraiment l'impression de cet élément du temps
04:16 qui est difficile à faire sentir à cause du montage, en fin de compte.
04:20 Et je lui ai dit "Mais comment tu fais pour faire ressentir cette dimension du temps ?"
04:25 Et il m'a dit, très simplement, ce que j'ai beaucoup apprécié,
04:28 qu'une méthode très simple, c'était d'alterner des scènes de nuit et des scènes de jour.
04:33 Donc j'aime bien les gens qui parlent de problèmes compliqués avec un langage simple.
04:39 Je te propose qu'on avance un petit peu vers le cinéma hollywoodien des années 50-60.
04:45 "L'homme qui rétrécit", j'adore pour plusieurs raisons.
04:48 C'est qu'effectivement, tous les effets de surdimension par rapport à "L'homme qui rétrécit"
04:53 sont faits physiquement.
04:55 "Non, je vais laisser les médecins s'inquiéter.
04:57 J'ai deux jours à mon livre."
04:59 Par exemple, les gouttes d'eau.
05:05 La viscosité du liquide eau est très difficile à reproduire à des échelles différentes.
05:14 Par exemple, quand on fait des bateaux en maquette, on voit de l'eau trop grosse goutte.
05:18 Et là, c'est le contraire.
05:19 L'eau aurait tendance à faire de trop petites gouttes.
05:23 Pour une goutte qui tombait comme ça, ils ont pris des ballons de baudruche remplis d'eau
05:29 qui tombaient et qui s'explosaient en bas.
05:31 Et je trouvais ça génial.
05:32 Il y a un autre truc, c'est que la faim est positive mais pas heureuse.
05:36 Ou le contraire.
05:38 C'est-à-dire qu'il a rétréci suffisamment pour s'échapper de la cave et d'aller dans le jardin.
05:43 Et que de toute façon, il va rétrécir de plus en plus et il va découvrir plein de monde.
05:47 Donc ça s'arrête là-dessus.
05:48 Bon, il y a plein de trucs.
05:49 Le fait qu'un chat devienne un animal terrifiant par le rapport d'échelle alors que c'est un petit animal tout gentil à l'échelle normale.
05:58 Et aussi, alors ça ne marche pas avec le français, mais en anglais, ça s'appelle "The Incredible Shrinking Man".
06:05 Alors, ce titre donne à penser que c'est un film série B, un peu kitsch.
06:12 Alors que c'est en fait le titre de l'article que la femme écrit, la journaliste écrit sur lui.
06:19 Et ça a un commentaire sur le côté sensationnel qui est appliqué par le journalisme.
06:25 Et alors ça fait une dimension supplémentaire qu'on ne peut pas avoir en français.
06:29 Alors "Garçonnière", simplement parce que quand j'étais petit, j'étais amoureux de Sherry MacLaine.
06:34 Et dans le premier film, il était un film de Hitchcock, "Mais où est passé Harry".
06:38 Quand j'ai rencontré Bjork, j'ai eu un petit parallèle qui s'est fait dans ma tête.
06:42 C'est-à-dire ?
06:43 C'était le même genre de féminité avec une forte personnalité et un côté un peu mutin, tout ça mélangé.
06:52 C'est un film qui est quasiment parfait, je dirais, de tous les films de Billy Wilder.
06:58 Il s'est essayé à plusieurs genres différents et à chaque fois, il était au top.
07:03 - À quelle heure se passe le défilé ? - A 8h30.
07:06 - Je peux te rencontrer au théâtre si ça te plaît. - C'est super, c'est magnifique, sur 44e rue.
07:13 - Je te rencontre dans le lobby, d'accord ?
07:14 Puis il y a les décors d'Alexandre Trenor, avec des perspectives où il prenait des gens plus petits,
07:20 pour mettre dans le fond, avec des bureaux plus petits.
07:22 Ouais, c'est parfait.
07:26 Je te propose qu'on y aille au cinéma français ?
07:30 Alors, Didier, c'est un film que je regarde à peu près une fois par an.
07:34 Didier, t'es plus un chien.
07:37 Tu le vois bien que t'es plus à quatre pattes, que tu ne peux plus te lécher les couilles, tu le vois bien.
07:41 - Mais oui, bah oui, mais... - Avec Menteur, menteur.
07:45 Ça me donne le même réconfort.
07:51 Jean-Pierre Bacry, qui était un de mes acteurs préférés, qui m'a donné...
07:58 Quand il est disparu, ça m'a énormément touché.
08:02 Voilà, tout est drôle et intelligent.
08:06 Du coup, de faire tourner Chabat quelques années après Didier, c'était quelque chose de...
08:10 Bah oui, c'était Chabat en général.
08:13 C'était un des premiers réalisateurs qui m'a expliqué comment les choses marchaient,
08:19 qui m'a un peu poussé.
08:21 Il n'est pas beaucoup plus vieux que moi, mais il était quand même en tête,
08:25 si on peut dire, au niveau du succès, quand j'ai commencé.
08:28 Tu ne comprends pas pourquoi mes aisselles sentent le sperme comme ça ?
08:34 Ce n'est pas normal, ça ?
08:35 Qu'est-ce que tu en penses ?
08:37 Hein ?
08:38 Qu'est-ce que tu en penses ?
08:39 Oui, je me souviens, la première émission que j'ai faite, c'était à Canal+,
08:43 c'était au Grand Journal, je crois.
08:45 Il m'a dit "fais des phrases longues, parce qu'une fois que tu auras parlé,
08:48 tu n'auras pas eu une autre occasion de parler".
08:50 [Rires]
08:51 Donc ça a sculpté ma façon de parler à la télé.
08:55 Chabat avec une coupe magistrale de cheveux.
08:59 Quentin Dupieux, que j'aime énormément.
09:02 Ces films, j'ai l'impression que c'est comme de l'air,
09:04 mais ce n'est pas comme de dire que c'est du vent.
09:05 C'est de l'air parce qu'on a l'impression d'une certaine transparence.
09:08 C'est le contraire de quelque chose qui sent la sueur.
09:11 C'est comme une idée, quoi.
09:12 Ça passe comme ça.
09:15 C'est furieusement drôle avec la bite en électrique.
09:19 En robot, ouais.
09:20 Benoît Majimel, je trouve que c'est génial que Benoît Majimel
09:23 ait accepté d'avoir une bite électronique.
09:27 Ouais, mais va me demander où t'es, c'est sûr.
09:29 Eh ben tu te démerdes, t'inventes !
09:31 Mais surtout tu ne parles pas de ma bite, hein.
09:32 D'accord.
09:33 Ok, super mon pote, je compte sur toi.
09:35 Ça marche.
09:36 Dupieux, t'as une histoire avec lui, parce que vous avez commencé,
09:39 lui il a commencé dans les clips aussi, à peu près en même temps.
09:41 Oui, à Partizane aussi.
09:42 Ouais, Partizane, c'est ça.
09:44 Ouais, ouais, je pense que je devais être un peu jaloux de ses clips,
09:46 comme je devais être naturel assez jaloux.
09:48 Puis après il a commencé à faire ses films,
09:50 où on se dit "mais pourquoi j'ai pas pensé être comme ça ?"
09:53 Et je l'ai présenté à Éric et Ramzy.
09:56 Attention, par contre, la vache ça se dit plus, hein.
09:58 C'est ringard, ça.
10:00 C'est ringard aussi, ça se dit plus d'ailleurs.
10:01 Pourquoi je te dis ça ?
10:03 Et ça se dit plus, ça se dit ?
10:05 Bien vu, ça se dit pas non plus.
10:07 Mais là j'ai été obligé de te le dire pour que tu comprennes la phrase, tu vois.
10:09 Éric et Ramzy, ils rêvaient de rencontrer Jim Carrey.
10:12 Alors, sur la fin du tournage de "Utility Sunshine",
10:16 je les ai invités à venir voir le tournage.
10:19 Et je sais que Jim, il adore conduire les voitures.
10:23 Il fait toujours les stunts et tout ça.
10:25 Et j'avais fait fabriquer, avec une Volkswagen, un lit voiture.
10:31 C'est-à-dire qu'on avait tout coupé, on avait gardé que le châssis, les roues, le moteur et le volant.
10:34 Et on avait mis un lit.
10:36 Et donc l'idée c'était que Jim Carrey conduise le lit voiture.
10:40 Et qu'Éric et Ramzy, ils sont à la station de service.
10:45 Et au lieu de lui mettre de l'essence, mais aussi il refond son lit.
10:49 Donc voilà, il y a un petit co-métrage qui existe.
10:51 Ben ça, pour en parler, surtout de Blanche,
10:55 que j'ai trouvé génial et aussi génial dans mon film.
10:59 Qui a un vrai regard sur les autres.
11:03 C'est-à-dire qu'elle regarde à 100% l'autre acteur.
11:07 Et c'est une qualité assez rare.
11:09 Voilà, je trouve que c'est une actrice géniale.
11:11 La marche arrière qui passe pas.
11:13 À qui tu parles ?
11:15 Personne.
11:17 La marche arrière.
11:19 Qu'est-ce que tu fous là Carlos ? Tu retournes au montage s'il te plaît.
11:23 Dans ton film, il y a aussi Pierre Niné.
11:25 On voulait te mettre un film de Pierre Niné, je ne savais pas lequel.
11:27 Je pensais à Yves Saint Laurent, parce que ce que j'ai apprécié dans Yves Saint Laurent,
11:30 c'était qu'il tenait son rôle de manière très tendue et très consistante.
11:35 Et ce n'était pas facile, parce que pour avoir vu d'autres documentaires,
11:39 des documentaires sur Yves Saint Laurent,
11:41 on voit à quel point c'est quelqu'un qui souffrait mentalement.
11:45 La créativité, la création n'était pas du tout quelque chose de...
11:49 Ça débordait de partout. C'était douloureux à chaque fois.
11:53 Je veux pouvoir dessiner, je veux pouvoir créer en toute indépendance.
11:57 Tu comprends ça ?
11:59 Avec mes robes, avec mes dessins, j'essaie de m'exprimer.
12:03 Mais si on m'en empêche, je vais mourir.
12:05 Et donc, je trouvais qu'il le faisait bien.
12:07 Puis bon, après, il m'a choisi comme parrain.
12:09 Et je trouvais que c'était sympa.
12:11 Et quand j'ai fini le script du livre des solutions,
12:17 j'ai tout de suite pensé à lui.
12:19 Alors, Avant l'aube, c'est un des films noirs français
12:25 que je trouve les plus réussis.
12:28 Je ne comprends pas.
12:29 Qu'est-ce que tu ne comprends pas ?
12:30 La connerie, c'est toi qui l'as faite.
12:32 Moi, j'essaie d'arranger le mieux que je peux.
12:34 Très compliqué à comprendre, moi.
12:36 Évidemment, Bakri est génial.
12:39 Il est dans un rôle vraiment visqueux et en même temps attachant,
12:43 si on ne fait pas gaffe.
12:45 Et c'est là qu'on voit que c'était un acteur génial.
12:48 C'est qu'il pouvait basculer de l'un à l'autre.
12:52 On a l'impression qu'il parle toujours de la même manière
12:55 et qu'il ne se change pas au niveau extérieur,
12:57 mais c'est à l'intérieur que ça se passe.
12:59 Et c'est fulgurant entre ces différents personnages.
13:03 Coup de tête, c'est génial.
13:07 Dans la construction, c'est Francis Weber qui a fait le scénario.
13:11 Tous les personnages, Jean-Louis,
13:13 il est fantastique quand ils déchirent les billets.
13:16 L'autre moitié, c'est un gagnant du match.
13:20 Il y a toute la panoplie des acteurs géniaux des années 70.
13:25 L'autre moitié, à la fin du match, aussi on gagne.
13:28 L'autre moitié, si on gagne.
13:31 C'est un film...
13:33 Il y a des petits rapprochements avec "A Tale of Sunshine".
13:36 Quand j'en ai parlé à Charlie Kaufman,
13:38 il n'a pas voulu le regarder, ce que je comprends.
13:40 Mais c'est une espèce de science-fiction
13:43 au service d'une histoire sentimentale,
13:46 un truc qui déraille de plus en plus.
13:49 Cet homme va accepter d'être le cobaye d'une expérience
13:52 qui lui est un peu plus que la vie.
13:55 L'homme va accepter d'être le cobaye d'une expérience
13:58 qui lui offre de revivre une minute de son passé.
14:01 Il le fera pour cette femme,
14:03 pour voir s'animer ce visage, se lever ce regard.
14:07 Et à l'ère année, il était extrêmement rigoureux,
14:10 sans être prétentieux.
14:12 Je crois qu'il y a un dernier film français dont tu voulais nous parler,
14:14 qui est juste derrière toi, "The ZD".
14:16 "La Lullullacuie", c'est le genre de cinéma,
14:18 si on me demande si vous avez été passionné de cinéma
14:21 quand vous étiez jeune.
14:23 C'est ça que je voyais, j'adorais ça.
14:25 Je n'étais pas du tout passionné de films intellectuels ou historiques.
14:30 Il y a des scènes qui sont magistrales.
14:34 Toutes les scènes avec Julien Guillaumard
14:38 et son usine à faire ses plats pour Tricatel.
14:42 On pense que c'était évidemment Jacques Borrel qui était ciblé.
14:45 C'était le duo Louis de Funès et Coluche.
14:50 J'étais moins fan de Coluche,
14:53 mais c'est un film que j'ai vu plein de fois et que j'adore.
14:56 Un des génies de Louis de Funès, c'était qu'entre ses phrases dramatiques,
15:00 il rajoutait des petites phrases complètement normales.
15:03 Alors, cette tournée, comment ça se passe ?
15:06 Vous n'avez pas une cabine ?
15:08 C'est pas libre.
15:10 Je peux transmettre un message à monsieur le baron, monsieur ?
15:13 Un message ? Ah, bah tiens, ça c'est une très bonne idée.
15:16 J'écoute ?
15:17 J'écoute !
15:18 À chaque fois qu'on dit "ouais, mais ton personnage, personne ne va l'aimer",
15:21 je pense à Louis de Funès, que tout le monde adorait voir,
15:24 parce qu'il était insupportable.
15:26 Alors, "Les petites amoureuses de Jean Eustache".
15:29 L'image est très pâle.
15:31 Je savais que c'était un bon film.
15:33 Je l'ai regardé en cassette chez moi.
15:36 Et puis, au bout d'une demi-heure,
15:38 je l'ai arrêté parce que je trouvais que c'était chiant.
15:40 Je trouvais que c'était fatigant.
15:42 Et plusieurs jours plus tard, j'ai repris la cassette.
15:45 Et comme l'intérêt des cassettes, c'est que ça repart de là où on l'a laissé.
15:48 J'ai regardé la fin.
15:49 Et quand j'étais à la fin,
15:51 je suis revenu au début pour voir, me rappeler comment était le début.
15:54 Et je l'ai regardé, mais tout entier cette fois.
15:56 Et après, je l'ai regardé encore une autre fois.
15:58 Et après, encore une autre fois.
15:59 Et c'est devenu...
16:00 Je peux dire que si on me demande à chaque fois quel est mon film préféré,
16:04 je vais parler de "Les petites amoureuses".
16:08 Françoise Lebrun, qui est géniale.
16:10 J'adore cette femme, elle a joué...
16:12 Je ne la connaissais pas.
16:13 Elle était super dans mon film.
16:14 Et je ne la connaissais pas parce que je n'ai jamais regardé "La Maman et la Putain".
16:17 Parce que je ne supporte pas Jean-Pierre Léo.
16:19 Évidemment, il est sublime dans les 400 coups.
16:23 Mais le reste, il a une espèce de clownerie,
16:26 d'exagération clownesque,
16:30 un peu faussement hantée,
16:32 qui me fait complètement empêcher de sortir le film.
16:36 Ça serait mieux s'il n'était pas là à chaque fois.
16:38 Et je pense qu'il y a beaucoup de gens qui l'utilisent pour se réclamer de la nouvelle vague.
16:42 Pour se dire "Tiens, ça appartient à cette famille".
16:44 Je te propose qu'on aille au côté anglo-saxon ?
16:46 Oui.
16:47 Ah.
16:49 Ça, c'est Benjamin Blakowicz.
16:53 C'est le premier film de Spike Jonze,
16:55 qui avait été écrit par Shai Kaufman.
16:58 Shai Kaufman qui avait écrit mes deux premiers films.
17:01 Donc "Human Nature".
17:03 Et "Eternal Sunshine".
17:10 Je suis juste...
17:12 Heureuse.
17:14 J'étais depuis plusieurs années à Los Angeles,
17:17 à essayer de lire des scripts,
17:19 et tout ce que je recevais était horrible.
17:21 Pas d'inspiration, éringard,
17:23 tout fait pour plaire aux gens qui sont les moins intéressants de la Terre.
17:27 Spike m'a donné le script de ça,
17:29 qu'il commençait à préparer,
17:31 et je l'ai lu en 20 minutes ou une demi-heure,
17:34 en tournant les pages comme ça.
17:36 Et c'était super intelligent,
17:38 super drôle, tendre.
17:40 Il y avait tout.
17:41 Ça vous a l'air ?
17:52 Merci.
17:54 Et encore une fois, je parlais de la jalousie.
18:02 Avant, j'ai ressenti une violente jalousie.
18:06 Donc voilà, "Rencontre avec Charlie Kaufman".
18:09 Il y avait un autre film dont vous vouliez nous parler, de Ken Loach ?
18:12 Oui, "Caisse".
18:13 Un de ses tout premiers, je crois.
18:15 Oui, c'est un de mes films préférés.
18:17 Il y a ce moment où il y a cet enfant qui est très beau,
18:21 qui vient d'un milieu très pauvre.
18:23 Enfin, ils sont tous très pauvres, c'est le milieu de l'Angleterre.
18:26 Ils vont s'inscrire au chômage dès l'âge de 15 ans.
18:28 Enfin bon, c'est sidérant.
18:30 Donc le petit garçon, il n'est pas intéressé par grand-chose,
18:33 et un jour, il trouve cet oiseau,
18:36 et le caisse-trelle,
18:40 ou le caisse, non, caisse-trelle,
18:42 et il l'apprivoise, il veut voler un livre à la bibliothèque municipale
18:47 pour apprendre à le dompter.
18:49 Il arrive, il se découvre cette chose qu'il aime,
18:54 et il y a un après-midi où chaque élève de la classe
18:57 doit raconter quelque chose qu'il aime.
19:00 Et lui, il n'a jamais dit un seul mot dans la classe,
19:02 et tout d'un coup, il se met à parler,
19:04 il se met à parler de son oiseau,
19:06 et là, il s'ouvre, et c'est la première fois qu'on le voit s'exprimer,
19:09 et on est complètement ébahis,
19:11 et c'est cette étincelle qui se passe parce qu'il parle de quelque chose
19:14 dont il est passionné.
19:16 [Voix de l'enfant]
19:29 C'est magique, et en fin de compte, c'est extrêmement...
19:32 une leçon très forte de comment on peut trouver,
19:39 on peut aider les gens à s'épanouir en trouvant ce qu'ils aiment,
19:44 parce qu'eux-mêmes ne savent pas à quel point ils ont cette richesse
19:47 quant à cet amour pour cette activité, ou cet objet, ou cet animal,
19:51 et on les voit s'épanouir, et c'est ce qui se passe,
19:54 et puis bon, il y a le prof qui vient le voir chez lui
19:58 quand il fait voler son oiseau, et je trouve ça magnifique.
20:02 Bon, la fin est extrêmement dure, donc je n'ai même pas envie d'en parler.
20:06 Robocop, on l'a invité le voir avec mon copain Étienne,
20:10 qui a fait la musique de "L'écume des jours" et du livre des solutions.
20:15 On ne savait pas à quoi voir, et il n'y avait à peu près que ça
20:19 qui n'était pas vraiment pour les enfants.
20:21 On l'a regardé, puis en sortant, c'était vraiment pas notre genre.
20:24 Et en sortant, on s'est regardé, et on s'est dit "Pas mal, quand même."
20:27 Et ça a grandi à partir de là.
20:29 C'est un des meilleurs films de science-fiction.
20:32 Non, il y avait encore de l'image par image,
20:46 le robot qui se casse la figure dans les escaliers.
20:49 Il y a plein d'idées géniales, mais c'est un super réalisateur, Verhoeven.
20:53 Même "Star Trek Troopers", c'est aussi un des meilleurs films de science-fiction.
20:58 Il y en a à peu près cinq aussi, donc j'ai vu qu'on avait sorti celui-là.
21:02 Ça, c'est aussi un des chefs-d'œuvre de science-fiction.
21:06 D'ailleurs, il a fait aussi "Aliens".
21:09 Il n'y en a pas beaucoup des films qui ont fait que l'esprit
21:13 et l'apparence des films de science-fiction ont changé.
21:15 Par rapport à ces deux films-là, moi j'avais plusieurs questions.
21:17 Il me semble que tu as failli travailler,
21:19 ou tu as travaillé avec le scénariste de "Robocop", Neumann.
21:21 Oui, on a écrit la première version de "Frodo en verre".
21:24 Ouais, c'est ça.
21:25 Qui était quand même assez top.
21:27 Il y avait un milliard d'idées.
21:29 Et quand j'ai fait l'autre, il n'y avait pas du tout,
21:32 très très peu d'impact sur l'histoire.
21:35 Ce n'était pas du tout le même scénario ?
21:37 Non, c'est comme si mon scénario n'avait jamais existé.
21:40 Bonjour, je suis le Green Hornet.
21:43 Et je voudrais s'assoir avec votre chef.
21:45 Assieds-toi, garçon.
21:49 Je voulais te parler de Jim Carrey.
21:51 Je ne savais pas quel film mettre.
21:52 Et c'est toi qui nous as dit que tu voulais parler de "Menteur, menteur".
21:54 Oui, je vais me mettre en parallèle avec Didier.
21:57 C'est-à-dire que c'est un concept très intelligent au départ,
22:00 qui peut se déployer, dérouler sur plein plein d'idées et de scènes.
22:06 - Bonjour. - Bonjour.
22:08 Tu es nouveau dans le bâtiment ?
22:10 Oui, je suis rentrée le lundi.
22:12 Tu aimes ça ?
22:14 Tout le monde a été vraiment gentil.
22:16 C'est parce que tu as de gros jugs.
22:19 Je veux dire, tes boubs sont énormes.
22:21 Je veux dire, je veux les squeezer.
22:23 Maman !
22:28 Jim Carrey est à son sommet. Il est sublime.
22:31 C'est un concept, mais qui débouche sur un paquet de comédies géniales.
22:37 Jim Carrey, à ce moment-là, ça sort avant que tu le rencontres,
22:40 avant que tu commences à travailler avec lui.
22:42 Donc tu étais déjà friand de son travail avant même de le rencontrer.
22:45 Oui, j'étais un super fan de "Dumb and Dumber".
22:47 Tu ne peux pas double-tempérer à Noah Racey.
22:49 Tu ne peux pas triple-tempérer à Noah Racey.
22:51 - Touché, boum, c'est vrai. - Non, non, non.
22:53 Tu ne peux pas double-tempérer à Noah Racey.
22:55 Tu ne peux pas triple-tempérer à Noah Racey.
22:57 - L'enfant ! L'enfant ! - Les gars !
22:59 C'est assez !
23:01 Pour moi, c'était un peu comme quand j'ai découvert "Montépito", "Sacre et Graal",
23:08 où je me suis dit, on m'a raconté des conneries sur le cinéma depuis que je suis petit.
23:14 Et en fait, on peut faire ce qu'on veut.
23:16 On n'est pas obligé de faire les trucs chiants qu'on voit.
23:20 Il n'y a pas toutes ces règles à suivre.
23:23 Et j'ai vraiment eu un sentiment de liberté en sortant de la salle.
23:27 Ton rapport aux séries télévisées, est-ce que tu en regardes souvent ?
23:30 Est-ce que tu as aimé l'exercice de Keating ? Est-ce que tu aimerais en faire plus ?
23:33 Non, je n'ai pas aimé faire Keating.
23:35 Parce qu'on appelle ça le showrunner, c'est le scénariste qui a créé le projet et qui le suit.
23:42 Il empiète trop son réalisateur.
23:44 C'est-à-dire que le travail du réalisateur, ce n'est pas forcément de diriger les acteurs,
23:49 c'est tout un ensemble de petites choses, de petits problèmes à résoudre.
23:53 Et en trouvant ces solutions, on met son empreinte, on met de soi.
23:59 Et le showrunner, il va chercher, il va trouver les solutions pour toi
24:03 et te donner des obligations qui sont normalement,
24:08 qui sont pires que de faire un film pour un gros studio.
24:11 Où tu as un producteur qui va dire "fais ça, fais ça, fais ça, fais ça".
24:14 Mais le showrunner, c'est encore plus.
24:17 Puis il y a moins d'âme parce que déjà, il y a plusieurs réalisateurs qui s'enquillent
24:22 et on ne doit pas vraiment voir la différence.
24:24 En revanche, c'est vrai que j'en regarde. Je regarde plutôt des choses comiques.
24:30 Il y en a plein que j'adore.
24:33 Et maintenant, là, en ce moment, je les ai tous vus.
24:36 Ça s'appelle "I think you should leave".
24:38 "I think you should leave".
24:40 Six.
24:48 Quoi ? Six ? J'en ai fait 25.
24:52 Ça pousse vraiment le bouchon très loin.
24:55 Mais du coup, le fameux plan séquence autour du canapé dans "Kidding"
24:58 où il y a les changements d'époque, de saison, etc.
25:01 Ce n'est pas une idée qui vient de toi au départ ?
25:02 C'est le contraire. C'est mon idée, mais ce n'est pas moi qui l'ai faite.
25:04 Je leur ai dit comment le faire, etc.
25:06 Après, ils l'ont fait et les gens ont dit que c'était moi qui l'avais fait.
25:09 Mais je n'aurais pas fait pareil.
25:11 Juste, on est passé devant le rayon documentaire.
25:13 Je t'en avais sorti un.
25:14 C'était un parce que j'ai vu une interview où tu donnais dessus.
25:16 Est-ce que tu te souviens de celui-là ?
25:17 Oui, mais je n'ai jamais pu le regarder parce qu'il est trop déprimant.
25:21 Ce sont des garçons qui s'investissent 100 %
25:24 dans une carrière de basketball professionnel
25:27 et qui ne tiennent pas leurs promesses.
25:29 Le seul moyen de les battre, c'est de jouer du bon basketball.
25:32 Tout ce bouchon que vous joueriez.
25:34 Vous joueriez la moitié d'un match,
25:36 pendant 2 ou 3 minutes, vous joueriez bien,
25:38 puis vous allez dormir.
25:39 Non, je dors dans les documentaires.
25:41 Mais ceux qui marchent le mieux,
25:42 c'est souvent des documentaires qui sont manipulateurs,
25:45 qui ont triché avec le montage.
25:47 Par exemple, le meilleur cas, c'est le cas le plus flagrant,
25:50 c'est Spelling Bee,
25:51 un documentaire sur ces concours qu'il y a aux Etats-Unis
25:54 des plages, des pelements,
25:57 quand on épelle les mots.
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