Mickaël Vidaud, principal du collège Marie Curie à Tournon-sur-Rhône

  • l’année dernière
Un enfant sur 10 serait victime de harcèlement scolaire. Depuis cet été, un directeur d'école primaire peut demander à ce qu'un élève harceleur soit changé d'école. Ce n'est plus à l'enfant harcelé de changer d'établissement. Il existe des dispositifs pour prévenir le harcèlement ou le détecter. Au collège Marie-Curie de Tournon, depuis 7 ans, il existe le dispositif "Sentinelles et référents" qui implique des élèves et des adultes pour détecter des situations de harcèlement.
Transcript
00:00 Le 6/9 France Bleu de Remardèche, à la télévision sur France 3 Ronald.
00:04 7h44, on parlait à l'instant de ce harcèlement, harcèlement scolaire notamment,
00:09 on pourrait tout à l'heure vous exprimer, et c'est vrai que certains établissements n'ont pas attendu
00:13 vraiment pour lutter contre ce harcèlement. Emmanuel Champal, la preuve, avec le principal
00:17 du collège Marie Curie de Tournons qui nous a rejoint.
00:20 Bonjour Mickaël Vido.
00:21 Bonjour.
00:21 Ça fait sept ans maintenant que dans votre établissement le dispositif
00:26 Sentinelle et référent est en place. En gros qu'est-ce que c'est ?
00:31 En gros c'est un dispositif qui a formé des élèves, nous avons formé des élèves et des adultes
00:38 pour lutter tout simplement contre le harcèlement scolaire, pour repérer les signes de harcèlement,
00:43 les élèves qui sont isolés, qui se font malmener, même si c'est parfois des micro-violences
00:49 qu'on ne décèle pas forcément. Et en effet depuis huit ans dans l'établissement que je dirige
00:53 actuellement, il y a ce dispositif qui est en place pour améliorer tout simplement le climat scolaire.
00:58 Huitième année donc avec de nouvelles équipes à chaque rentrée scolaire ou pas ?
01:01 Alors il y a une stabilité dans les équipes mais il y a beaucoup d'élèves nouveaux qui sont formés
01:06 et puis des adultes qui régulièrement le sont également.
01:09 Comment est-ce qu'on forme un élève à la détection du harcèlement scolaire ?
01:13 Qu'est-ce que vous leur faites faire très concrètement ?
01:15 Très concrètement en fin d'année scolaire on repère des élèves que l'on sent capables
01:21 d'avoir ce rôle-là et puis sur trois jours en fin d'année scolaire ils sont formés
01:26 par la conseillère principale d'éducation qui est notre formatrice, notre référente
01:31 harcèlement scolaire au collège Marie Curie.
01:33 Et donc pendant trois jours les élèves font des jeux de rôles,
01:42 il y a une partie théorique bien sûr pour leur apporter des bases de ce qu'est le harcèlement,
01:49 quel rôle ils doivent jouer, comment repérer les élèves et puis au bout de ces trois jours
01:54 normalement ils sont capables de repérer, leur rôle n'est que du repérage,
01:58 c'est aller vers les victimes, la suite ce sont les adultes qui la font.
02:03 Et là il se passe quoi avec les adultes ?
02:04 Alors les adultes eux lorsqu'ils sont sollicités par les enfants ou par un membre de la communauté scolaire
02:12 qui a repéré une situation potentielle de harcèlement,
02:15 et bien ils prennent en charge cet élève, les élèves à la fois victimes et à la fois les harcèleurs supposés
02:23 et puis il y a un dialogue qui s'instaure, il y a un travail qui se fait,
02:26 ça serait un petit peu long de raconter tout ce qui se fait mais c'est un travail de longue haleine,
02:30 le but est en fait tout simplement d'arrêter ce qui se passe, ces micro-violences.
02:35 Harcèleurs supposés ça veut dire que parfois on peut se tromper aussi ?
02:40 Le harcèlement il est défini juridiquement, ce sont des micro-violences répétées, verbales ou physiques.
02:48 Parfois c'est pas parce qu'on vole une trousse ou un stylo que c'est du harcèlement,
02:52 mais par contre si ça se poursuit, si c'est répété, si c'est fait par plusieurs élèves,
02:57 là on peut tomber dans du harcèlement.
02:59 Donc oui parfois la frontière est un petit peu mince,
03:02 il faut bien étudier chaque cas pour voir de quoi il s'agit exactement.
03:05 Michael Video, vous êtes principal du collège Marie Curie à Tournons,
03:09 ça fait donc vous l'avez dit 7 ans maintenant que c'est en place,
03:11 8ème édition cette année, ça porte ses fruits, ses dispositifs ou pas ? Ça fonctionne ?
03:15 Ça fonctionne, on sent un climat scolaire apaisé, c'est jamais parfait, on peut toujours faire mieux.
03:22 Vous avez des chiffres ?
03:24 On recense environ une trentaine de cas par an, en tout cas il y a 30 cas à peu près qui sont étudiés chaque année.
03:29 Sur combien d'élèves ?
03:30 Sur 1000 élèves, pratiquement 1000 élèves.
03:32 Donc on peut se dire que c'est autant de cas qui sont évités, potentiels de harcèlement,
03:37 mais c'est difficile à quantifier.
03:40 Ces jeunes qui sont harceleurs ou harcelés, vous les voyez vous-même dans votre bureau ?
03:45 Dans les cas les plus importants oui, parce qu'il faut recevoir aussi les familles,
03:49 il faut recevoir les élèves en question,
03:52 donc quand ça prend une certaine proportion oui bien sûr ça passe à mon niveau.
03:56 Les familles, comment elles prennent ça ? Elles se rendent compte de ce qui se passe ou elles n'ont rien vu ?
04:00 Ça dépend, il y a autant de cas, autant de situations que de cas de différence, on ne peut pas généraliser.
04:06 Il y a donc les jeunes qui détectent dans la cour, en classe, il y a les adultes qui font le boulot derrière,
04:12 et puis des fois il y a aussi des exclusions.
04:15 Vous avez eu des exclusions ?
04:17 Oui, ça peut arriver, parfois le processus ne va pas jusqu'au bout,
04:23 parfois on a manqué de clairvoyance sur certaines situations,
04:28 et l'an dernier par exemple, oui j'ai exclu trois élèves pour des raisons de harcèlement par le conseil du discipline.
04:35 Pour que les choses soient très claires, vous les avez exclus pourquoi ? Ils avaient fait quoi ces jeunes ?
04:40 C'était vraiment du harcèlement, c'était vraiment des brimades,
04:44 c'était des insultes, des violences, des petites tapes derrière la tête, des choses comme ça.
04:48 C'était trois élèves qui faisaient régner une sorte de climat un peu de terreur,
04:53 sans non plus exagérer les choses, mais c'était vraiment ce genre de choses.
04:57 Vous parlez de climat apaisé avec ce dispositif qui est mis en place dans vos établissements,
05:01 pourquoi est-ce que tout le monde ne le met pas en place finalement ?
05:04 On se dit que si ça fonctionne chez vous, ça devrait pouvoir fonctionner ailleurs.
05:07 Alors chaque établissement est différent, c'est vrai qu'on accueille aussi un public
05:10 qui n'est pas dans le public les plus difficile de l'Académie ou de France,
05:15 donc voilà il y a peut-être aussi ce phénomène-là qui joue.
05:19 Après chaque établissement fait aussi de son mieux,
05:22 et peut-être il y a d'autres dispositifs qui existent que ce dispositif-là,
05:25 notamment le dispositif national qui s'appelle FAR,
05:28 c'est un dispositif de lutte aussi contre le harcèlement
05:31 que le gouvernement a rendu obligatoire dans tous les collèges depuis la rentrée 2022,
05:35 et on s'inscrit dedans, c'est la suite logique de notre programme Sentinelles et référents.
05:40 Sentinelles et référents qui ont mis un climat un peu plus apaisé,
05:43 on l'a bien entendu avec vous au sein de votre établissement.
05:46 Michael Vido, principal du collège, Marie Curie, à ton nom, merci à vous.
05:49 Merci à vous, bonne journée.

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