« Un métier sérieux », Vincent Lacoste et Louise Bourgoin parlent souvenirs d'école

  • l’année dernière
Le cinquième long-métrage de Thomas Lilti « Un métier sérieux », raconte le quotidien d'un collège de banlieue. Pris entre les dysfonctionnements administratifs et les difficultés de certains élèves, le casting rend hommage à une profession souvent méprisée.
Transcript
00:00 Moi j'avais toujours besoin de dessiner pour me concentrer et pour écouter.
00:10 Donc ça a commencé par des petits dessins mignons et puis au lycée c'était plutôt
00:14 les profs en train de coucher ensemble.
00:16 J'associais, je faisais des couvres pour les profs de français, la prof d'allemand
00:20 et puis hop.
00:21 Et après je vendais mes dessins à la récré en échange de 2,50€ pour me prendre une
00:24 barre chocolatée.
00:25 C'était un petit...
00:27 Mais j'ai jamais été grillée par les profs.
00:29 Ah ouais ? Non.
00:30 Moi j'étais assez plus classique.
00:32 Au collège j'étais pas mal et après j'ai commencé à faire des films donc c'était
00:36 la dégringolade totale.
00:37 Je me suis mis à être vraiment complètement nul quoi.
00:39 En fait en troisième j'ai fait mon premier film Les Beaux Gosses et après instantanément
00:43 je suis devenu nul.
00:44 Moi justement dans le film j'incarne un prof de maths et il y a un prof de maths que j'aimais
00:52 bien au collège, M.
00:53 Giblin.
00:54 Et en fait je l'aimais bien parce qu'il m'a permis, il était très bon pédagogue,
00:57 très clair etc. je sais pas comment dire, il expliquait les choses de manière ludique
01:01 et du coup il m'a permis de comprendre durant toute ma scolarité les mathématiques.
01:05 J'ai jamais trop travaillé non plus et les maths j'ai toujours eu des facilités.
01:10 Moi il y a un prof qui m'a marqué c'est mon prof de musique, M.
01:13 Leclerc au collège.
01:14 Il était très fort parce qu'il nous avait mis un garçon et une fille dans la classe
01:19 et du coup personne ne mouftait parce qu'à 13 ans on est toujours gêné d'avoir un garçon
01:22 à côté de soi.
01:23 Et il nous avait, pour qu'on retienne bien le nom des compositeurs, ça m'a marqué,
01:28 on avait un petit écriteau et il nous donnait des noms de compositeurs.
01:31 Donc en fait il nous appelait toujours par notre nom de compositeur.
01:33 "Bartok, Shostakovich, vas-y !" Et du coup on les mémorisait bien.
01:38 J'étais dans un collège un peu chaud et un jour, ça m'a fait penser à ça parce
01:48 que aux toilettes en fait, un jour il y avait quelqu'un qui avait balancé une lacrymo
01:51 dans les chiottes et donc je me souviens d'être aux toilettes en train de pisser et de me
01:55 dire "Ah mais qu'est-ce qui m'arrive ? Qu'est-ce qui m'arrive ?" Et donc je me disais "Ah
01:59 machin truc !" Et là j'entends toquer à la porte genre "Oh qu'est-ce que c'est ?
02:02 Qu'est-ce que c'est ?" Et tout machin toc, je fais "Oh ! Ah ah ah !" comme ça.
02:04 Et là j'ouvre la porte et c'était le surveillant qui me disait "C'est toi qui a balancé la
02:09 lacrymo ?" Et juste en me voyant il a su que non quoi.
02:11 Donc il a fait "C'est toi qui a..."
02:12 Bon c'est pas lui, c'est pas lui, c'est à côté.
02:15 Moi je me souviens que j'ai sonné l'alarme en pensant que c'était un interrupteur.
02:19 Ça, ça m'a beaucoup marquée.
02:21 Moi j'étais censée être prof d'art plastique mais j'ai échoué à l'examen et puis surtout
02:30 j'étais prof stagiaire en collège et j'avais absolument pas la vocation donc voilà, heureusement
02:35 que j'ai changé de métier pour les élèves surtout.
02:37 J'en ai traumatisé pas mal.
02:39 Je me souviens qu'il y avait un cours où c'était sur la censure et ils étaient en
02:43 sixième et en fait l'idée c'était qu'il fallait dessiner un rond sur sa feuille blanc,
02:47 le laisser blanc et dessiner tout ce qui est censuré autour.
02:50 Il y avait un élève qui était bloqué et moi j'étais, au lieu de le rassurer, j'étais
02:55 hyper stressée pour lui.
02:56 J'étais là "Mais attends, il te reste un quart d'heure, il te reste un quart d'heure,
02:58 fais des jambes de femme et puis la censure c'est son sexe quoi."
03:00 Et puis il était rouge et carlate, il avait commencé à suer, il était là "Ah, je
03:04 me suis rendu compte que c'était complètement inapproprié, j'avais 21 ans et voilà, il
03:10 avait 10 ans quoi, c'était en sixième.
03:12 Donc heureusement, heureusement pour les élèves, je ne suis pas prof."
03:16 Et moi je pense que j'aurais été prof de… difficile à dire parce que je n'avais pas
03:20 vraiment de facilité dans aucune… enfin à part les maths mais bon de là être prof
03:24 de maths, non, exagérons rien.
03:25 Non, je pense que j'aurais été prof d'art plastique parce que j'aimais bien le dessin.
03:28 Moi c'était sympa mais je me suis beaucoup ennuyé quand même, beaucoup, beaucoup ennuyé.
03:36 Je me souviens des moments assez marrants quand même mais bon en même temps un monde assez
03:41 quand même, la scolarité, un monde assez violent quand même et un peu… ouais je
03:47 ne sais pas, c'était un peu… enfin j'ai toujours eu hâte de sortir, de finir l'école.
03:51 Moi j'ai un souvenir assez atroce d'une année qui avait été particulièrement cruelle
03:55 pour moi.
03:56 Alors voilà, pour les autres années, ça s'était bien passé mais en cinquième,
03:59 je me souviens qu'on avait des casiers et en fait j'étais amoureuse d'un garçon
04:02 qui s'appelait Benjamin et je recevais des lettres de lui tous les jours, des lettres
04:08 d'amour et tout ça et mes copines étaient là "alors qu'est-ce qu'il t'a écrit,
04:11 qu'est-ce qu'il t'a écrit" et ça me mettait dans des états mais j'étais amoureuse
04:16 comme jamais quoi, le premier amour.
04:17 Et j'ai réalisé à la fin de l'année qu'en fait c'est mes copines qui écrivaient
04:20 les lettres.
04:21 Ouais moi c'était l'art plastique parce que j'étais bonne en art plat donc je me
04:30 souviendrai toujours que c'était quand même la grosse bataille d'eau avec le robinet
04:34 etc. et ça me rappelle le personnage que je joue dans le film d'ailleurs, Sandrine
04:38 qui est très dure quand t'es prof et que t'as des choses pratiques à mettre en
04:42 oeuvre rapidement avec autant d'élèves dans une classe.
04:45 Moi j'aimais bien le cours de musique parce que c'était quand même assez ludique,
04:48 flûte, ouais mais parce que c'était souvent très marrant quoi.
04:52 En fait l'avantage c'est que moi j'aimais bien quand même un peu mettre le bazar et
04:55 l'avantage de la musique c'est que quand il y avait une énorme cacophonie, vraiment
04:59 on pouvait tout se permettre quoi.
05:00 Alors après c'était vraiment le moment où moi je fabriquais c'est un bac à nerfs
05:06 comprimés donc ça balançait de la sarbacane à foison pendant qu'on chantait Santillano
05:11 quoi donc c'était comme ça genre pff pff pff pff.
05:13 C'était excellent.
05:14 Ouais c'était super bien.
05:15 Merci beaucoup.
05:16 Merci à toi.
05:17 Merci à toi.
05:18 Merci à toi.

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