Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, était mercredi 13 septembre l’invitée du 8h30 franceinfo.
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00:00 - Vous avez annoncé avoir porté plainte après avoir reçu un courrier antisémite.
00:04 Ce n'est pas la première fois. Il faut le faire à chaque fois.
00:06 - Il faut le faire à chaque fois.
00:08 Moi, j'ai fait les comptes, justement, et c'était la 21e plainte que je dépose en un an.
00:14 Et donc, oui, il faut le dénoncer.
00:18 Il faut porter plainte, essayer de retrouver les auteurs pour pouvoir les poursuivre et les punir.
00:25 Et puis, il faut dénoncer parce que, collectivement, nous avons besoin d'avoir une prise de conscience sur cette résurgence de l'antisémitisme dans notre pays
00:36 et une prise de conscience aussi sur ce que peuvent subir les gens qui s'engagent, les élus.
00:42 On a eu l'année dernière plus 32% de violences à l'égard des élus.
00:47 On en a vu ces violences se sont exprimées durant les émeutes.
00:51 Il ne faut pas qu'en France, lorsque l'on s'engage en politique, il ne faut pas que cela coûte.
00:57 Il ne faut pas que l'on soit menacé.
00:59 Il ne faut pas que l'on ait peur de s'engager.
01:02 - Et ce n'est pas sans lien, d'ailleurs, avec un courrier que vous avez envoyé au président de la République, toujours à la suite des rencontres de Saint-Denis.
01:07 Vous lui demandez de mettre en place un statut de l'élu.
01:11 C'est lié notamment au ras-le-bol que peuvent avoir les personnes qui s'engagent en politique et qui empruntent plein d'ingénieurs.
01:16 - On en parle beaucoup du statut de l'élu depuis très longtemps aussi.
01:20 Et à chaque fois, on avance par petites touches.
01:22 Je pense que là aussi, il faut qu'on ait une réflexion globale sur les incitations et les freins à l'engagement.
01:30 - Il s'agit de répondre au fait que les gens s'engagent moins parce que c'est trop dur.
01:34 - Mais d'une façon générale, les gens s'engagent moins.
01:36 Moi, je viens d'aller au salon des associations dans mes communes.
01:39 J'ai beaucoup d'associations qui m'ont dit "on recherche des bénévoles, on en manque".
01:43 Et donc, on a besoin d'avoir un choc de l'engagement, finalement.
01:46 Dans une société telle que la nôtre, nous avons besoin de gens qui s'engagent.
01:51 On a besoin d'engager.
01:52 - Mais c'est plus vrai par la politique.
01:53 - Il faut les deux.
01:54 Il faut et nous avons une proposition de loi à l'Assemblée nationale sur l'engagement associatif.
01:59 Pour favoriser cet engagement, il faut travailler sur l'engagement associatif parce que nous avons besoin des bénévoles.
02:04 Et il faut travailler sur l'engagement politique parce que nous avons besoin des élus.
02:08 Nous avons besoin dans nos 36 000 communes de maires, d'adjoints, de conseillers municipaux, de personnes qui s'engagent,
02:15 qui font vivre nos villes et nos villages.
02:17 Et donc, regardons avec elles, avec les associations d'élus, comment nous pouvons favoriser cet engagement
02:24 pour que cet engagement ne soit pas une contrainte trop importante
02:29 qui vient finalement freiner les bonnes volontés et les envies de s'intéresser au vivre ensemble.
02:35 - Je vous écoute, Yael Broun-Pivet, et vous racontiez à l'instant que vous receviez de nombreuses lettres de menaces,
02:42 de nombreuses lettres d'antisémitisme et que ça vous force à aller porter plainte.
02:48 Comment vous le vivez, vous, présidente de l'Assemblée nationale, pour sauver ce genre de menaces ? Comment vous le vivez ?
02:53 - Je le vis mal. Je le vis mal parce qu'en plus, dans chaque courrier, on parle de mes enfants, on dit qu'on va passer à l'acte.
03:04 Et donc, je le vis mal parce que, en fait, comme vous le savez peut-être, mais moi, ma famille a fui le nazisme et s'est réfugiée en France.
03:15 Et la France a été la terre qui les a accueillies et qui leur a permis de faire leur vie.
03:21 Et leur petite fille, aujourd'hui, est devenue présidente de l'Assemblée nationale.
03:25 Et donc, qu'il y ait encore en terre de France des gens qui profèrent ces menaces antisémites,
03:31 en fait, c'est le pire des cauchemars qu'ils auraient pu vivre, puisqu'ils avaient trouvé asile ici.
03:39 Et donc, ça fait mal. Et en même temps, ça incite au combat parce que je reçois beaucoup de témoignages,
03:46 je reçois beaucoup de messages de soutien de toutes parts, de tous les camps politiques.
03:50 Et je me dis que, face à ce combat, face à ces menaces, je ne suis évidemment pas seule.
03:55 Et que c'est un enjeu collectif parce que la société que nous voulons construire ensemble,
04:00 c'est une société de respect et c'est une société qui ne tolère pas la haine de l'autre,
04:07 que ce soit pour sa religion ou pour sa culture ou pour son origine.
04:11 Et c'est pour ça aussi que, quand Jean-Luc Mélenchon vient dire qu'après tel ou tel propos, je suis islamophobe,
04:18 ça n'a aucun sens parce que ça ne correspond tellement pas à mes valeurs et à mon histoire.