La présidente de l'Assemblée nationale était l'invitée du "8h30 franceinfo", mardi 2 avril 2024.
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00:00 Bonjour Yael Broun-Pivet. Bonjour.
00:04 Sept humanitaires qui livraient de la nourriture aux palestiniens ont été tués par une frappe israélienne à Gaza.
00:10 Parmi eux des étrangers d'origine britannique, américaine, australienne et polonaise.
00:15 Quelle est votre réaction ?
00:17 C'est un nouveau drame qui se produit.
00:20 Des gens qui sont là pour aider de façon désintéressée ont perdu la vie.
00:25 Donc il faut s'associer évidemment à la douleur de leur famille.
00:30 Il faut absolument que la résolution qui vient d'être votée aux Nations Unies soit appliquée.
00:36 Un cessez-le-feu ?
00:37 La résolution prévoit trois choses. Un cessez-le-feu, un accès à l'aide humanitaire et la libération de l'ensemble des otages.
00:45 Je pense que ces trois points sont évidemment partagés par tout le monde puisqu'elle a été enfin votée.
00:51 Il était temps qu'une résolution passe et rassemble l'ensemble de la communauté internationale.
00:56 Il faut maintenant qu'elle s'applique au plus vite.
00:58 Si on ajoute les infos qui sont tombées ces dernières 24 heures, il y a donc ces humanitaires qui ont été tués.
01:03 Une frappe israélienne aussi sur une annexe de l'ambassade d'Iran à Damas a fait 11 morts.
01:08 Et enfin l'annonce par Benyamin Netanyahou de l'interdiction de la chaîne arabe Al Jazeera en Israël car jugée terroriste.
01:15 Clairement, est-ce qu'Israël va trop loin ?
01:18 Écoutez, la situation est catastrophique. On le voit bien.
01:24 On a Israël qui a subi la pire attaque terroriste de son histoire.
01:30 En même temps, il y a une riposte sur Gaza qui fait les dégâts que l'on voit tous et que l'on déplore tous.
01:37 Donc il faut maintenant qu'on arrive à trouver une solution pour sortir de ce conflit.
01:43 Et donc, application de la résolution de l'ONU et puis organisation ensuite de discussions pour parvenir à une paix durable, sécurité, deux états.
01:53 Enfin, tout le monde connaît tous les paramètres à discuter et tous les paramètres de la solution.
02:00 Il faut maintenant que la pression maximale soit faite sur toutes les parties pour parvenir à cette solution.
02:05 Et à nouveau, application de cette résolution de l'ONU, cesser le feu, aide humanitaire, libération de l'ensemble des otages.
02:13 Les mots ont leur importance. Yael Brounvivez vous parlait de situation catastrophique.
02:17 Il y a quelques minutes, sur France Info, l'un des vice-présidents de Médecins du Monde disait que cette affaire, cette nuit, témoignait de l'intention génocidaire de la part d'Israël.
02:27 Est-ce que vous reprenez ces mots ?
02:29 Évidemment non. Je pense qu'il faut faire très attention aux mots qu'on utilise.
02:35 Un génocide, c'est une volonté délibérée d'anéantir un peuple en fonction de son identité, en fonction de son ethnie, etc.
02:46 Et c'est une qualification qui est extrêmement grave, qui ne me semble pas être opportune à la situation qui se passe au Proche-Orient.
02:55 Vous dites ce matin qu'il faut à tout prix mettre en œuvre la résolution de l'ONU qui exige un cessez-le-feu.
03:01 Ce n'est pas la volonté de Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien. Est-ce qu'il faut passer aux sanctions ?
03:07 Je vous ai dit quelle était la position qui était la mienne, et je m'en arrêterai là.
03:14 Pas de sanctions de la part de la France si Israël ne respecte pas la résolution ?
03:19 Pour moi, le temps n'est pas venu des sanctions. Le temps est venu de faire le maximum d'efforts, de poursuivre le dialogue.
03:27 C'est ce qui se passe, c'est ce que fait le Premier ministre, c'est ce que fait le Président de la République, le ministre des Affaires étrangères.
03:33 Il faut faire le maximum d'efforts. Je verrai dans quelques jours mon homologue à Miroana, le Président de la CNESET.
03:41 Il faut que nous ayons des efforts qui soient convergents pour parvenir à l'application de cette résolution.
03:46 Yael Brunvivet, le député de la France Insoumise, Imric Caron, compile depuis plusieurs semaines des images de la guerre à Gaza, de ses conséquences.
03:52 Il souhaite les montrer à ses collègues députés, volontaires, lors d'une diffusion dans l'enceinte du Palais Bourbon.
04:00 Est-ce qu'il va pouvoir organiser cette projection ?
04:03 Vous savez, les députés à l'Assemblée nationale sont libres d'exercer leur mandat comme ils le souhaitent.
04:08 Et donc, ils sont parfaitement libres d'organiser les projections qu'ils souhaitent à l'Assemblée.
04:13 Je n'ai pas été à ce jour saisie d'une demande de la sorte.
04:17 Mais pour moi, il n'y a pas de refus a priori, ni par rapport au sujet qui est porté, ni par rapport à l'auteur d'une éventuelle demande.
04:27 Les seules restrictions que je peux apporter concernent ce qui peut toucher à la sécurité du Palais Bourbon.
04:35 À l'ordre public, j'en suis responsable.
04:37 C'est ce qui m'avait conduit, lorsque l'on avait diffusé le documentaire sur Gaza, à refuser l'entrée à l'Assemblée nationale de personnes
04:45 qui étaient fichées comme étant des personnes appartenant à des organisations terroristes.
04:49 Mais là, ça arrête mon pouvoir.
04:51 Et là, ce sont des images que vous souhaiteriez voir ?
04:53 Écoutez, moi, je ne participe pas en général à ce genre de projections.
04:58 Je n'avais pas vu non plus les images qui avaient été projetées sur le crime du Hamas, lorsque l'on l'avait été à l'Assemblée nationale.
05:05 Yelbrun Pivet, Emre Karron, ont dit qu'il faut aussi voir, je cite, "les atrocités commises par l'armée israélienne".
05:11 Vous, vous avez beaucoup été critiqué, il y a quelques mois, après avoir effectué votre déplacement en Israël,
05:16 pendant lequel vous aviez affirmé un droit inconditionnel à se défendre.
05:20 Vous revenez sur vos mots aujourd'hui ? Vous le regrettez ?
05:23 Non, mais je ne reviens pas sur mes mots.
05:25 Les mots inconditionnels, je les ai déjà expliqués à de multiples reprises.
05:30 Si vous voulez, je peux le refaire aujourd'hui sur votre plateau.
05:34 Mais je pense que mes propos étaient très clairs et mes intentions également.
05:38 Yelbrun Pivet, vous revenez d'un voyage à Kiev avec une délégation de députés.
05:42 Vous vous êtes exprimée devant la représentation nationale ukrainienne.
05:46 Et face à elle, vous avez dit, je cite, "rien n'est à priori exclu de ce qui pourrait s'avérer nécessaire pour soutenir l'Ukraine".
05:53 Ça veut dire quoi ?
05:54 Déjà, il était très important et il est important de soutenir l'Ukraine dans la durée.
05:59 C'était le sens de mon déplacement.
06:02 J'ai été à Kiev et vous l'avez rappelé, j'ai pu m'exprimer devant la Rada, donc devant la représentation nationale ukrainienne.
06:09 Je me suis également entretenue avec les membres de l'opposition,
06:12 parce que c'est important lorsque l'on représente l'Assemblée nationale et le peuple
06:16 de pouvoir avoir cette vision élargie des différentes forces politiques.
06:21 Je me suis également rendue à Odessa, qui est une ville qui est martyr.
06:26 La ville portuaire.
06:27 Et il était très important pour nous, avec ma délégation, d'être au plus près de ce qui se passe,
06:32 parce qu'on a tendance à oublier que là-bas, la guerre fait rage.
06:35 Qu'est-ce que vous avez appris ? Qu'est-ce que vous avez entendu que vous ne saviez pas ?
06:40 Déjà, j'ai ressenti des choses.
06:43 Vous savez, il y a des dossiers, il y a des chiffres, c'est très froid.
06:47 Et puis, lorsque vous êtes sur place, que vous avez des alertes aériennes,
06:52 qu'on vous place immédiatement dans des abris, qu'on vous réveille au milieu de la nuit
06:57 pour vous placer dans un abri.
06:58 Vous, ça ne vous est pas arrivé pendant votre déplacement ?
07:00 Si, ça m'est arrivé. C'est pour ça que je vous le dis.
07:02 À Kiev, nous avons été réveillés trois fois pendant la nuit,
07:06 dont une où on nous a demandé de descendre dans l'abri.
07:10 Et à Odessa, nous avons passé notre temps à jouer au chat et à la souris
07:14 entre les alertes et les abris.
07:17 Et justement, j'ai fait un briefing avec le vice-amiral de la Marine ukrainienne
07:21 dans l'abri de la Marine ukrainienne.
07:24 J'ai fait une conférence de presse dans un abri avec mon homologue,
07:27 Roslan Stéphane-Schuch.
07:29 Nous avons vécu en direct ce qui se passe aujourd'hui en Ukraine,
07:34 c'est-à-dire des missiles qui arrivent quotidiennement,
07:38 des attaques de drones, des populations qui sont traumatisées.
07:42 J'ai visité l'école française à Kiev où les abris ont été aménagés en salle de classe.
07:48 Imaginez-vous des enfants qui font l'école aujourd'hui à Kiev dans des abris.
07:55 Yael Prounpivet, vous êtes avec nous jusqu'à 9h sur France Info.
07:58 On vous retrouve juste après le Fil Info. Il est 8h41. Mathilde Romagnon.
08:02 Nouvelle grève des enseignants aujourd'hui contre les groupes de niveau.
08:08 Une mesure prévue à la rentrée de septembre prochain pour les 6e et 5e en maths et en français.
08:14 Les syndicats demandent aussi des hausses de salaire.
08:17 C'est la première fois que des humanitaires étrangers sont tués dans la bande de Gaza.
08:21 Sept employés de World Central Kitchen ont été tués hier dans une frappe israélienne
08:26 selon l'ONG américaine Dead Alimentaire.
08:29 Elle annonce ce matin suspendre ses activités dans l'enclave palestinienne.
08:33 Deux départements de Bourgogne restent en vigilance rouge.
08:36 Aux Crus ce matin, Lyon et la Saône-et-Loire.
08:39 La montée des eaux a atteint des niveaux exceptionnels par endroit.
08:43 Hier, la Côte d'Or repasse en orange.
08:46 Sept autres départements sont concernés par cette vigilance en Bourgogne et en Nouvelle-Aquitaine.
08:51 Début aujourd'hui au Havre du procès du naufrage du chalutier Braze.
08:56 Cinq personnes, dont un sauveteur de la SNSM, sont jugées pour homicide involontaire.
09:01 En janvier 2021, trois marins sont morts dans le naufrage de ce chalutier lors de son remorquage.
09:07 Toujours avec la présidente de l'Assemblée nationale, Yael Broun-Pivet,
09:19 vous nous racontiez juste avant le Fil info votre déplacement à Kiev, à Odessa,
09:23 sous la menace des bombardements.
09:26 Face à la représentation nationale ukrainienne, vous avez déclaré
09:29 "Rien n'est à priori exclu de ce qui pourrait s'avérer nécessaire pour soutenir l'Ukraine".
09:33 Ça voulait dire quoi ?
09:35 Ça signifie que l'Ukraine a besoin de notre soutien, du soutien français, du soutien européen,
09:41 du soutien des Américains, du soutien du monde, dans la durée.
09:45 On ne peut pas laisser Vladimir Poutine gagner.
09:48 On ne peut pas laisser continuer à commettre ces crimes de guerre.
09:52 Il y a des déportations d'enfants, il y a eu des viols collectifs,
09:57 il y a eu des massacres de population.
10:00 Cela met en danger non seulement la sécurité de l'Europe,
10:04 ça met en danger la sécurité du monde, la stabilité internationale,
10:08 et nous ne pouvons pas laisser faire.
10:10 Et donc effectivement, il faut que les efforts aux côtés de l'Ukraine se poursuivent.
10:16 J'ai lu avec plaisir que le ministre des Armées comptait envoyer à nouveau
10:25 beaucoup de chars, notamment, pour permettre à l'Ukraine de défendre sa ligne de front
10:30 qui fait près de 1000 km.
10:32 Mais il faut effectivement que les coalitions, artillerie, munitions,
10:36 que nous puissions continuer à leur produire des défenses, notamment antiaériennes.
10:41 Je vous parlais des missiles et des drones qui arrivent quotidiennement
10:44 sur tout le territoire ukrainien.
10:46 Ils ont besoin de se défendre et nous avons besoin d'être à leur côté.
10:49 Quand on vous pose la question, quand on entend "Rien n'est à exclure",
10:52 on pense "Troupe au sol".
10:54 Aujourd'hui, il est évident qu'il n'y a pas besoin et qu'il ne faut pas envoyer
10:59 de troupes au sol aujourd'hui.
11:01 Mais ce que l'on dit, c'est que rien ne doit être exclu.
11:04 A priori, parce qu'on ne sait pas du tout comment le conflit va évoluer.
11:10 Il y a des territoires, nous ce qu'on nous dit, c'est que les territoires
11:14 proches de l'Ukraine sont parfois survolés brièvement par des drones,
11:19 par des missiles, on parle de la Pologne, on parle de la Moldavie, etc.
11:22 Moi, je ne sais pas ce que demain va faire Poutine dans sa folie meurtrière
11:27 et agressive vis-à-vis de l'Ukraine.
11:29 Il ne faut pas être naïf vis-à-vis de ce qui se passe aujourd'hui.
11:33 Et donc, il faut être prêt à tout.
11:35 Et c'est le sens, je crois, de la position française.
11:39 Moi, ce que je peux vous dire, c'est que j'en ai profité pour avoir des entretiens
11:47 avec mes homologues aussi polonais et moldaves.
11:51 Je peux vous dire que la position de la France est saluée,
11:54 parce qu'ils voient ce qui se passe et ils ont besoin d'un soutien très ferme.
12:00 Et c'est aujourd'hui le cas de la France et des Européens.
12:03 Et c'est ce dont l'Ukraine a besoin aujourd'hui.
12:06 Yael Broun-Pivet, il faut qu'on parle des impôts.
12:08 Il faut d'abord qu'on parle du budget, parce que ce budget 2024,
12:11 adopté par l'Assemblée à la fin de l'automne,
12:13 il était bâti sur une hypothèse de croissance de 1,4%.
12:16 Moins de deux mois après, cette prévision a été abaissée à 0,9%.
12:19 Est-ce que la loi de finances présentée aux députés par Bercy était sincère ?
12:24 Je vous pose la question, parce que la droite dit que le gouvernement a menti.
12:27 Alors oui, les prévisions de croissance, effectivement,
12:30 étaient un tout petit peu dans les prévisions supérieures à ce que nous avons eues.
12:35 Le ministre des Finances s'en est expliqué dans l'hémicycle
12:39 et devant la Commission des Finances lors d'une audition qui a été très importante.
12:45 Donc moi, je n'ai pas de doute sur la sincérité du budget.
12:49 Maintenant, nous devons faire face à une situation qui est extrêmement complexe
12:53 avec cette dégradation de nos comptes, et donc il nous faut réagir.
12:56 Il y a 10 milliards de dépenses qui ont été coupées
12:59 sans que les députés aient leur mot à dire comme présidente de l'Assemblée nationale.
13:03 Est-ce que vous trouvez ça normal ?
13:04 Alors oui, parce que c'est la stricte application de la loi.
13:07 Et moi, en tant que présidente de l'Assemblée nationale, c'est à ça que je m'attache.
13:10 Le respect de nos institutions, le respect du cadre légal.
13:14 Il l'est aujourd'hui.
13:16 Il est évident que si la réduction de dépenses devait maintenant être plus importante,
13:21 il faudrait évidemment qu'il y ait un texte de loi qui nous soit présenté.
13:26 Je rajoute quand même que les deux ministres, le ministre des Finances et le ministre des Comptes publics,
13:31 ont été devant la Commission des Finances pour répondre des choix qu'ils faisaient
13:35 lorsqu'ils présentaient cette situation d'économie de 10 milliards, ce qui est fondamental.
13:39 Donc il y a quand même eu un passage et des explications qui ont eu lieu.
13:44 Et c'est bien normal.
13:45 Mais pas de vote des députés.
13:46 Et c'est bien normal.
13:47 Et pas de vote des députés.
13:48 Devant l'Assemblée nationale.
13:49 Jérôme a fait référence aux économies décidées par le gouvernement, mais il y a aussi la question des recettes.
13:54 Gabriel Attal et Bruno Le Maire refusent d'augmenter les impôts.
13:57 Vous vous dites au contraire, n'écartons pas cette option par principe.
14:00 Pour parler clairement, ça veut dire que vous êtes pour augmenter les impôts ?
14:04 Je ne suis pas pour augmenter les impôts d'une façon générale.
14:08 Et il n'est pas question d'augmenter les impôts des Français, l'impôt sur le revenu ou la TVA,
14:14 qui est un impôt indirect qui touche les Français de façon indiscriminée.
14:20 Mais en revanche, moi, je ne souhaite pas qu'on élimine la piste de l'augmentation des recettes.
14:26 A priori, je pense que tout se regarde.
14:29 Et ce, d'autant plus que si nous devons fournir un effort,
14:33 si nous demandons à nos compatriotes de fournir un effort compte tenu de la situation financière de notre pays,
14:39 cet effort doit être partagé par tous.
14:42 Il doit être équitablement réparti.
14:45 C'est une question de justice sociale, c'est une question d'équité, c'est une question d'acceptabilité.
14:51 Et puis, il faut que l'effort soit produit par chacun.
14:56 Tout le monde le comprend, et donc, il faut regarder la question des recettes.
15:00 - Clairement, vous parlez de qui ? Vous visez qui quand vous parlez d'ausses d'impôts ?
15:04 Est-ce qu'on parle par exemple des entreprises du CAC 40 qui ont engrangé 146 milliards de bénéfices nets en 2023,
15:09 97 milliards de dividendes ? Ce sont ces entreprises-là que vous avez dans le viseur ?
15:14 - Moi, je n'ai personne dans le viseur particulier.
15:17 Ce qui m'importe, c'est cette équité dont je vous faisais part.
15:21 Et donc, effectivement, à mon sens, il faut faire quelque chose d'exceptionnel, pas quelque chose de durable.
15:28 Et puis, une taxe exceptionnelle. Et regarder si c'est la flat tax qu'on augmente provisoirement.
15:36 Est-ce que c'est la taxation des super-profits ? Est-ce que c'est la taxation des super-dividendes ?
15:41 Est-ce qu'on regarde ce que l'on peut faire sur les fameux rachats d'actions dont vous venez de parler ?
15:47 Mais en tout cas, moi, je pense que ça se regarde, ça s'examine, ça se débat.
15:52 - Et ça se débat entre nous, avec l'Assemblée nationale, avec la représentation nationale,
15:58 parce que je pense que c'est important et qu'il s'agit à nouveau d'une question de justice et d'équité.
16:04 Moi, je veux bien faire tous les efforts du monde, mais il faut que ces efforts soient partagés.
16:10 - Oui, mais justement, parler aux auditeurs, aux téléspectateurs qui nous regardent,
16:14 vous le dites clairement, il faut taxer davantage les plus riches de notre pays.
16:18 - Mais non, dit comme ça, ça ne va pas parce que... - J'ai fait savoir jusqu'où vous allez !
16:23 - Non, parce que dit comme ça, on pourrait penser que je souhaite qu'on augmente l'impôt sur le revenu,
16:27 ce n'est pas ce que je viens de vous dire, bien au contraire. Donc ce n'est pas ça, mon propos.
16:31 - C'est soit l'immobilier, soit les dividendes, soit les entreprises.
16:34 - Mon propos, c'est quelque chose d'exceptionnel sur les entreprises qui peuvent faire le plus de profits
16:38 ou les actionnaires qui touchent des dividendes exceptionnels, vous en avez rappelé le montant,
16:44 et on peut regarder, et ça se regarde.
16:46 - D'un mot, Yael Brunepivet, vous parlez de justice sociale, vous êtes à l'aise avec l'idée de modifier
16:52 les règles de l'assurance chômage, baisser la durée d'indemnisation ou durcir les conditions d'accès au chômage
16:59 pour faire des économies ?
17:00 - A nouveau, si l'effort n'est pas partagé, je ne suis pas à l'aise, parce qu'on ne peut pas demander
17:06 aux personnes qui sont sans activité en recherche d'emploi d'avoir leur durée d'indemnisation réduite
17:13 si de l'autre côté, on n'a pas cette justice qui fait qu'on ne regarde pas la taxation de ceux qui ont le plus bénéficié
17:20 d'une situation particulière.
17:23 - Ah, donc les deux pour vous sont corrélés ? On ne peut pas toucher à l'assurance chômage si on ne touche pas davantage ?
17:28 - Pour moi, c'est le sens de ce que je dis quand je dis que l'effort doit être partagé par tous.
17:32 Maintenant, sur l'assurance chômage en tant que tel, nous l'avons réformé en 2019, nous l'avons réformé en 2022 et en 2023,
17:40 nous avons déjà réduit la durée d'indemnisation. Il me semble qu'il n'est pas forcément de bonne méthode de réformer aussi
17:49 rapidement à nouveau un point majeur sans qu'on ait pu regarder ni les effets produits par la précédente réforme,
17:58 ni qu'on ait pu l'évaluer.
18:00 - Vous en avez parlé avec le Premier ministre qui fait un râteur sur TF1 la semaine dernière pour annoncer une réforme.
18:05 - Mais je comprends qu'il annonce une réforme et qu'il veuille regarder tous les paramètres et c'est ce qu'il a annoncé,
18:12 sa religion n'est pas faite en la matière.
18:14 - Il a clairement dit qu'il y aurait une réforme cet automne. A vous d'entendre, vous dites que ce n'est pas le moment de faire une réforme.
18:19 - En tout cas, sur la durée, nous venons déjà de le réformer il y a peu de temps. C'est un décret de l'ancien ministre du Travail
18:28 qui a d'ores et déjà abaissé la durée d'indemnisation de 24 mois à 18 mois.
18:33 - On entend des réserves.
18:35 - Il ne faut pas toucher des paramètres aussi importants aussi rapidement sans avoir évalué la réforme précédente.
18:40 - On ne touche pas à la durée, il y a le bronopiliste.
18:42 - On ne touche pas à la durée, à la stabilité de notre législation et de nos règles. Je pense que c'est important.
18:46 Après, j'ai regardé un petit peu les taux de chômage. Lorsque l'on regarde sur le territoire national, effectivement la situation est meilleure.
18:54 Mais ça varie du simple au double. Vous avez des départements qui sont à quasi 5% de taux de chômage.
19:00 Vous avez des départements qui sont encore à plus de 10%.
19:04 Donc il faut faire attention aussi parce que les situations ne sont pas égales sur le territoire.
19:10 Il faut continuer à travailler sur la formation professionnelle, continuer à travailler sur la réindustrialisation de nos territoires,
19:18 sur la reprise économique, sur tout ce qui est autour, le logement, la mobilité, etc.
19:25 Vous voyez, travailler sur le chômage c'est beaucoup plus global que simplement se dire que en réduisant la durée d'indemnisation,
19:32 on va remettre les gens sur le marché de l'emploi. Je pense que la situation est malheureusement beaucoup plus complexe que cela.
19:37 - On a bien entendu votre opposition.
19:39 - On vous retrouve juste après le Fil-Info. Il est déjà 8h53. Mathilde Romagnon.
19:43 - Au moins 7 travailleurs humanitaires étrangers ont été tués dans une frappe israélienne hier dans la bande de Gaza.
19:50 Selon l'ONG américaine World Central Kitchen, elle annonce suspendre ses activités.
19:56 "Il faut que la résolution de l'ONU sur un cessez-le-feu s'applique au plus vite", déclare sur France Info ce matin Yael Brown-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale.
20:06 Opacité et manque de contrôle de financement dans l'enseignement privé, c'est ce que montre un rapport parlementaire.
20:13 Il sera remis aujourd'hui devant la Commission éducation de l'Assemblée nationale.
20:18 Ce rapport pointe le manque de transparence concernant les fonds publics alloués aux établissements scolaires privés.
20:24 Il est envoyé à partir d'aujourd'hui et pendant tout le mois d'avril, le chèque énergie va arriver au domicile de 5 600 000 ménages modestes.
20:32 Une aide de l'État pour payer ses factures de gaz ou d'électricité ou pour faire des travaux énergétiques.
20:38 Le gouvernement lance une campagne de sensibilisation à l'autisme à l'occasion de la journée mondiale consacrée à ce trouble.
20:45 Aujourd'hui, trois clips seront diffusés. On compte en France 700 000 autistes selon la ministre des personnes handicapées.
20:52 Et Yael Brown-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale.
21:03 Vos collègues du Sénat ont rejeté l'accord de libre-échange avec le Canada.
21:06 Cette année, il n'y aura pas de vote dans l'immédiat à l'Assemblée, en tout cas pas avant les européennes.
21:10 C'est ce que souhaite le gouvernement. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
21:14 Oui, on voit que le débat a un peu dérivé sur le sujet.
21:18 Et donc, je pense qu'il est temps de reposer les choses, de mieux objectiver ce qu'il y a dans cet accord,
21:25 les bénéfices et les inconvénients de l'accord pour que les parlementaires dans leur ensemble
21:32 aient des éléments qui leur permettent de s'exprimer en toute objectivité.
21:38 Je pense que ça vaut le coup de mettre un petit peu de pause là-dessus et d'objectiver les choses.
21:43 Et je note qu'il y a notamment une mission qui va être lancée réunissant des parlementaires à la demande du gouvernement
21:49 pour justement regarder cela de plus près, travailler sur les questions des clauses miroirs, etc.
21:55 Je pense qu'il y a beaucoup de fantasmes autour de ce type d'accord.
21:59 On les met souvent tous dans le même sac. Il ne faut pas.
22:02 Cet accord-là, moi, me semble bon. C'est un accord avec un pays allié.
22:06 C'est pas bizarre ce qui se passe quand on sait que cet accord, ce traité, est en application depuis 7 ans maintenant,
22:14 appliqué provisoirement, alors que l'Assemblée nationale n'a pas eu son mot à dire.
22:19 Et là, il y a la possibilité de le faire et on dit non, on repousse.
22:23 Non, mais la plupart des clauses de l'accord sont des clauses qui concernent des compétences exclusivement de l'Union Européenne.
22:29 Donc, en fait, s'il n'y avait pas quelques clauses qui devaient être ratifiées par les parlements,
22:34 l'accord de toute façon s'appliquerait parce que l'accord a été voté par le Parlement européen.
22:39 Donc maintenant, je pense que les débats ont lieu dans tous les États nationaux.
22:44 C'est le cas chez nous. On a vu la façon dont s'est déroulé le débat.
22:48 J'observe quand même, et c'est intéressant, que lorsque le texte a été voté au Parlement européen,
22:54 la plupart des députés européens LR ont voté pour l'accord.
22:59 C'est pour ça qu'il faut réussir à apaiser les choses, à objectiver les choses.
23:07 Moi, je ne veux pas que sur des accords de cette importance qui profitent aujourd'hui à notre agriculture, à notre industrie,
23:15 on l'instrumentalise à un moment où on a une campagne européenne qui fait que les sujets du commerce international sont sur la table.
23:23 Il ne faut pas confondre CETA et Mercosur, il ne faut pas confondre tous les sujets.
23:27 C'est la raison pour laquelle je pense qu'il est bien de faire une pause, d'objectiver les choses et de continuer à travailler.
23:34 Vous êtes présidente de l'Assemblée, Yael Brone-Pivet, il n'y a pas un problème démocratique derrière tout ça.
23:38 Votre tête de liste aux européennes, Valérie Ayé, a expliqué ici même sur ce plateau que même en cas de refus des deux assemblées,
23:45 du Sénat et de l'Assemblée nationale, le CETA pourrait s'appliquer.
23:48 Ça, c'est l'application de la loi.
23:51 À nouveau, je vous indique que la plupart des clauses qui concernent le commerce entre l'Europe et le Canada sont de compétence communautaire.
24:01 Ce ne sont pas de compétence nationale. On est sur d'autres clauses.
24:05 Donc vous acceptez de ne pas pouvoir dire votre mot ?
24:07 J'accepte, c'est la règle. Maintenant, ce que je dis, c'est que le Parlement, évidemment, va se prononcer,
24:13 mais on est dans une procédure et dans un moment d'intensité tel qu'il vaut mieux objectiver les choses.
24:19 Je préfère que les députés votent sur quelque chose qui soit clair et qui soit précis,
24:24 plutôt qu'ils instrumentalisent leur vote à d'autres fins.
24:28 Je pense que ça, c'est dangereux pour notre démocratie.
24:31 Yael Van Pivet, demain, il va se passer quelque chose à l'Assemblée nationale.
24:33 Gabriel Attal inaugure une nouvelle formule de questions au gouvernement,
24:40 questions qui lui seront adressées. Il sera seul face aux députés pendant trois quarts d'heure.
24:45 Vous n'avez pas peur que ça vire à la politique spectacle ?
24:48 C'est une proposition que j'avais faite lorsque j'ai décidé de réformer les questions au gouvernement.
24:53 J'avais proposé plusieurs formats, dont celui-là, que le Premier ministre a accepté.
24:58 Moi, je pense qu'il faut revitaliser cet exercice démocratique majeur que sont les questions au gouvernement,
25:04 où le Parlement interroge le gouvernement, les ministres.
25:08 Je rappelle que le gouvernement est responsable devant le Parlement.
25:12 Ce n'est pas un meeting, ce qu'on va voir demain.
25:13 Ce n'est pas un meeting, c'est justement un moment important, démocratique, de responsabilité.
25:19 Après, il faut voir ce que les parlementaires et le Premier ministre en feront.
25:23 Moi, je ne souhaite pas, évidemment, que ce soit un meeting, mais ce n'est pas l'objectif
25:28 et je ne pense pas que ce soit l'intention du Premier ministre.
25:31 Après, il s'agit vraiment d'une expérimentation. Moi, je suis partisane de cela.
25:36 Testons des choses, évaluons-les et regardons après, collectivement, avec l'ensemble des groupes politiques,
25:42 si cela apporte quelque chose à notre démocratie ou pas.
25:47 Nous verrons bien, mais en tout cas, je suis très enthousiaste à l'idée de tester ce nouveau format des questions au gouvernement.
25:52 Merci Yael Brunpivé, présidente de l'Assemblée Nationale, vous étiez l'invité du 8.30 France Info.