Alors que vient de sortir son nouvel album "A.M.O.U.R", Calogero se confie à Purecharts sur la pression, sa vision de l'amour, son optimisme pour l'avenir, les médias, les maisons de disques ou encore ses enfants qui chantent sur quelques titres. Interview avec un artiste passionné et passionnant.
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00:00 J'ai fait venir tous les gamins en 5 minutes. J'ai dit à Romy "emmène tous tes potes". Ils sont tous mis derrière le micro. Ils ont fait "Ooooooh". Paf ! Merci, au revoir. Ils ont continué leur fête.
00:18 L'étincelle c'était une chanson qui s'appelle A M O U R et juste une chanson. C'était la manière de chanter, la manière de scanner le texte.
00:32 Et c'est ce qui a donné la couleur un petit peu nouvelle. Ma manière de déplacer un peu la caméra sur mes habitudes sur le chant.
00:41 Parce que sinon c'était une humeur, c'était sur un riff de guitare et j'ai mis des mots comme ça. A M O U R c'est une chanson que j'ai co-écrite avec Bruno "Google Enemy".
00:52 Tout de suite il y a des choses qui sont venues à gauche comme ça, en scandant des mots. J'ai balancé n'importe quel mot comme ça, mais avec une autre manière que j'ai de chanter habituellement.
01:08 Après l'album est né autour de ces chansons-là et bien entendu il y a des chansons plus classiques qui sont arrivées.
01:19 Et puis aussi il y a eu le retour de Dominique A avec une chanson qui s'appelle "Rien comme les autres".
01:31 Une chanson très romantique dans la musique en tout cas et qui je pense est l'une des plus belles chansons d'amour.
01:41 Forcément le passé ça laisse des traces, c'est ce qui nous construit. Et pour aller vers l'avant, il faut savoir se réinventer sans redire les choses.
01:58 Moi j'ai jamais voulu faire un deuxième en apesanteur ou un deuxième face à la mer.
02:02 Chaque album j'essaie de surprendre. J'ai jamais fait une chanson funky comme "Done" dans l'album.
02:08 Elle est vraiment très funky. J'ai eu une chanson plus disco avec "Je joue de la musique".
02:11 Il faut se renouveler de toute façon. J'ai un style reconnaissable. C'est ce qui est important je crois.
02:16 Le plus important c'est d'avoir une identité, une signature.
02:25 Je peux me lasser assez rapidement. Il y a beaucoup de formes d'amour.
02:28 L'amour le plus puissant c'est l'amour qu'on a pour ses enfants.
02:32 Il y a des gens qui n'ont pas d'enfants et qui ont un amour extraordinaire pour leurs animaux.
02:36 Moi je crois beaucoup au fait de réinventer. Il y a quelques chansons dans cet album qui voudraient réinventer le schéma classique de l'amour.
02:44 J'aime l'idée par exemple que la distance entre deux êtres, par exemple deux ados qui font leurs études dans des pays différents, qui sont obligés de se séparer.
02:54 Moi ça m'est arrivé. L'amour subsiste, reste quand même. On peut aimer quelqu'un à distance.
03:01 Tous les gens que j'ai aimé dans ma vie, dans les histoires d'amour, je les aimerai toute ma vie.
03:06 La chanson "Dénouement heureux", il faut écouter la fin.
03:14 Il semblerait, même si on fait de notre mieux, qu'il n'y ait pas de dénouement heureux.
03:17 Mais à la fin, est-ce qu'on peut passer pour des fous si on se tient la main alors que c'est fini depuis longtemps nous deux ?
03:24 Ça veut dire que malgré la rupture, il y a des gens qui continuent à s'aimer, qui n'arrivent pas à rester ensemble.
03:32 L'amour c'est tellement complexe. Moi j'ai aucune leçon à donner sur l'amour.
03:36 C'est ce que je trouve très mystérieux. Il n'y a rien de plus mystérieux que l'amour.
03:43 Le lien magique, c'est une vie en fait. Il est inexplicable.
03:50 C'est pas physique, je crois pas. C'est au-delà que ça se passe.
03:56 Le vivre ensemble est tellement important. On est dans un pays extraordinaire.
04:06 Moi je suis très optimiste, je crois qu'on arrive à vivre ensemble de plus en plus.
04:10 Les médias nous montrent beaucoup de choses très moches. Les gens vivent bien ensemble.
04:17 C'est plus des infos, ça devient une série. Quand on regarde le soir, c'est terrible ce qu'on nous montre.
04:25 Et puis c'est en boucle. Pour moi c'est inregardable aujourd'hui.
04:28 La chanson "Donne" elle ne dit que d'avoir. Ça sert à rien puisque de toute façon on ne garde rien.
04:34 C'est un peu inspiré des accords Toltec. Toujours faire de son mieux.
04:39 Les quatre, je ne les retiens jamais. Il y en a un que je retiens, c'est toujours faire de son mieux.
04:43 Parce que les autres, ils sont durs. Ne prend pas les choses personnellement.
04:47 Celle-là, ça c'est dur. Toujours faire de son mieux, c'est possible tous les jours.
04:53 C'est ma vue à Échirol, derrière ma fenêtre de la cuisine.
05:03 On regardait toujours cette vue. On avait un mur et le groupe scolaire Marcel David où on allait à l'école.
05:10 Un mur avec un tag "70's". Et moi je jouais au foot avec mon ballon sur la route.
05:17 Les voitures passaient et je jouais comme ça.
05:20 Mais pour moi cette vue n'était pas moche. C'était ma vue.
05:23 Il y avait ma mur, un attentat dans le bar du coin. C'était chaud.
05:28 Et puis c'est tout avec le texte de Paul Ecole. Son idée est géniale. C'est tout en trois lettres.
05:33 APL, HLM, ULM. C'est surtout les montagnes de Grenoble.
05:38 Grenoble est dans une cuvette. Et les montagnes qui sont magnifiques.
05:44 Mais moi ces montagnes m'ont toujours oppressé.
05:45 Et quand j'ai découvert... Oui, je les voyais comme des murs ces montagnes.
05:49 Je voulais savoir ce qui se passait derrière.
05:51 Et quand j'ai découvert les synthétiseurs...
05:53 C'est pour ça que la chanson "Derrière ma fenêtre" il n'y a que des synthés.
05:55 Quand j'ai découvert "Dépêche-moi" et quand j'ai appris la musique avec Matteo Lupo qui était notre prof de musique.
06:01 Qui était un professionnel qui faisait des disques régionaux un peu comme Jean-Michel Jarre.
06:06 C'était des mélodies aux synthés. C'était un virtuose.
06:09 Il nous a appris la musique et dans sa pièce là où il travaillait il y avait tous les synthés qu'on utilise aujourd'hui.
06:15 Et j'en ai gardé un, le DV-800 que j'utilise partout.
06:19 Que j'ai utilisé sur "Un jour me viendra droit".
06:22 Et en fait pour nous ces synthétiseurs, il y avait le MS-20 Korg.
06:28 Tous ces boutons et tous ces filtres qu'on touchait.
06:31 Pour nous c'était des soucoupes volantes.
06:32 Et du coup quand j'ai découvert ce qu'il y avait derrière les montagnes, j'ai aimé en fait.
06:37 Oui aussi, aussi. Depuis ça a évolué.
06:44 Mais il y a quand même un truc d'horizon un peu fermé.
06:48 Au début on grandit avec la vue qu'on a et c'est très bien.
06:55 Mais après il faut socialement ou pas s'élever.
07:03 Ou alors on a envie de rester là.
07:05 Moi j'avais juste envie de partir.
07:07 J'ai toujours eu envie de partir.
07:08 Et puis j'ai encore envie de partir.
07:10 J'aime parce que j'ai toujours fait mes chansons dans mon coin.
07:16 Et j'ai toujours fait écouter mes albums à la maison de disques à la fin.
07:21 Donc j'ai toujours eu cette chance d'avoir la liberté de création.
07:24 Mais ce que je déplore un peu aujourd'hui, c'est que je trouve ça dommage qu'il y ait des talents aussi costauds.
07:33 Les gamins, le fait qu'ils soient dans leur chambre pour faire leur musique, ils sont plus lâchés.
07:40 Leurs talents s'expriment mieux.
07:41 Parce qu'avant nous, pour aller faire des disques, il fallait aller en studio.
07:45 C'était un horrible studio.
07:46 Moi j'adore aller aujourd'hui en studio pour enregistrer parce que je maîtrise mes enregistrements et j'adore.
07:52 C'est une partie que j'aime, je les pré-emplis, je les touche, etc.
07:55 Mais quand tu ne connais pas, que tu démarres et que tu arrives et que tu as la vitre,
07:58 tu viens chanter derrière le micro, mais c'est horrible en fait ce moment-là.
08:01 Pour moi, c'était vraiment affreux.
08:03 Et quand on a commencé à avoir des home studios dans ta chambre,
08:06 mais bien sûr que ton talent est lâché.
08:09 Et les gamins aujourd'hui, ça s'entend.
08:11 Et ils ont un talent de ouf.
08:12 C'est magnifique la jeunesse musicale.
08:14 Et ce que je déplore, c'est qu'à l'époque, les maisons de disques, ils étaient dingues.
08:17 Ils accompagnaient les artistes.
08:19 Ils étaient passionnés de musique.
08:20 Aujourd'hui, comme forcément les disques marchent moins
08:26 et les streams ne sont pas encore très en place,
08:29 les maisons de disques font des économies.
08:32 Et du coup, ils ne donnent plus les moyens aux artistes.
08:35 Je ne dis pas qu'il faut dépenser l'argent n'importe comment.
08:37 Il faut juste donner les moyens d'accompagner les rêves des artistes.
08:41 C'est ça que je veux dire.
08:42 Et aujourd'hui, dans la musique urbaine, il y a des trucs extraordinaires.
08:47 Mais quand ils viennent faire du live, ils viennent avec deux jacks,
08:50 ils se branchent et la maison de disques, ils sont contents.
08:53 Ça ne coûte rien.
08:54 Sauf que les modes, elles changent.
08:56 Et le jour où les groupes de rock vont revenir, ils vont revenir.
08:59 Parce que c'est toujours tellement jouissif d'aller jouer avec ses potes dans la salle de répète.
09:04 C'est quand même le truc de base.
09:06 Mais comment ils vont faire ces jeunes pour être soutenus ?
09:09 Aujourd'hui, il y a un trop gros décalage entre la créativité, le talent des jeunes
09:14 avec la peur des maisons de disques.
09:16 La prise de risque, il n'y en a plus.
09:17 Et ce ne sont que des études de marketing, ce ne sont que des études…
09:20 Tu as combien de followers ? Tu as combien de mix ?
09:23 Qu'est-ce que c'est que ces histoires ?
09:24 Qu'est-ce que c'est ?
09:25 La musique, ce n'est pas ça.
09:27 Et ce ne sera jamais ça.
09:28 Tu as beau faire toutes les études que tu veux,
09:30 vous remarquerez que celui qui marche, c'est toujours celui qu'on n'attend pas.
09:34 Toujours.
09:35 Le calcul en musique ne marche pas.
09:37 Un jour, un patron de label, enfin un patron de marketing,
09:42 ils sont allés chercher un type qui vendait des pneus.
09:44 Je n'ai rien contre les gens qui vendent des pneus.
09:45 Le gars avait une entreprise de pneus qui marchait hyper bien,
09:48 on est allé le chercher pour le mettre dans l'industrie du disque.
09:51 Mais ça n'a pas fonctionné.
09:53 Parce que ce n'est pas la même chose.
09:54 En fait, j'enregistre chez moi.
10:00 Donc, il y a une musique qui est prête,
10:07 il y a un poulet dans le four, il y a les enfants qui sont là.
10:09 C'est un peu comme ça, un peu bohème.
10:12 Tout le monde est là.
10:15 Un jour, il y a eu une fête.
10:18 Ma fille a organisé une fête chez moi.
10:20 J'étais en train d'enregistrer par choix ou par hasard.
10:24 Il y avait...
10:27 J'ai fait venir tous les gamins.
10:29 Ça a duré cinq minutes.
10:30 J'ai dit à Romy, emmène tous tes potes.
10:31 Ils sont tous mis derrière le micro.
10:33 Ils ont fait...
10:35 Paf, merci, au revoir.
10:37 Ils ont continué leur fête.
10:38 Je trouve ça génial pour ça.
10:39 C'est pour ça que je vous dis que c'est tellement mieux
10:41 d'avoir de quoi enregistrer chez soi
10:44 qu'avant où il fallait en studio.
10:47 C'est Rita qui ouvre l'album.
10:49 *Rire*
10:50 *musique*